Encyclopédie méthodique/Artillerie/Tome 1

Panckoucke (p. -20).

ENCYCLOPÉDIE

METHODIQUE,

OU

PAR ORDRE DE MATIERES ;

PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES,

DE SAVANS ET D’ARTISTES ;

Précédée d’un Vocabulaire universel, servant de Table pour tout l’Ouvrage, ornée des Portraits de MM. Diderot & d’Alembert, premiers Éditeurs de l’Encyclopédie.
ENCYCLOPÉDIE


MÉTHODIQUE.
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DICTIONNAIRE


DE L’ARTILLERIE,


Par le colonel H, COTTY,


DIRECTEUR GÉHÉRAL DES MANUFACTURES ROYALE8 D’ARMES DE GUERRE, CHEVALIER DE SAINT-LOUIS
ET OFFICIER DE LA LÉGION D’HONNEUR.


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A PARIS,
Chez Mme, veuve Agasse, Imprimeur-Libraire, rue des Poitevins, n°. 6.
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M. DCCCXXII.
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INTRODUCTION.

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L'artillerie est une des parties de l’Art militaire qui exige le plus de talens et de connoissances, car elle a des relations avec presque toutes les sciences, tous les arts et tous les métiers. En effet, l’artilleur a recours aux mathématiques, à la physique, à la chimie, aux arts graphiques, à l’art militaire, etc. ; soit pour diriger les travaux des poudreries, des fonderies, des forges, des manufactures d’armes et des arsenaux de construction ; soit pour détruire les remparts d’une ville, ou pour ruiner les attaques de l’ennemi devant une place ; soit pour faire manœuvrer les bouches à feu qui jouent un rôle si important dans les armées modernes ; soit pour jeter les ponts nécessaires au passage des fleuves, etc. Ainsi on trouvera dans ce Dictionnaire des termes communs à diverses sciences, à divers arts et métiers ; mais ils n’y sont présentés que sous le rapport des travaux de l’artillerie : par exemple, en parlant des métaux employés pour la fabrication des armes, des projectiles, des voitures et des attirails de ce service, on a laissé aux ouvrages de minéralogie à expliquer les moyens de les extraire des entrailles de la terre, de les combiner, de les travailler et d'en rectifier les usages généraux.

J’ai tâché de faire connaître, dans les articles importans, le point de départ de cette science, le chemin qu’elle a parcouru et l’état où elle est maintenant en France.

J’ai consigné aux articles qui en étoient susceptibles, les découvertes qui se sont succédées si rapidement dans ces derniers temps, et qui sont relatives à l’artillerie ; telles que la fabrication de la poudre ronde, la manipulation des poudres fulminantes, l’usage des armes à percussion, etc. Ceux qui viendront après nous, ajouteront leurs connais- sances aux nôtres, rectifieront nos erreurs et légueront à leurs successeurs des matériaux pour faire un meilleur ouvrage : telle est la marche des connaissances humaines.

J’ai puisé dans im grand nombre de sources que j’ai indiquées à fur et à mesure que l’occasion s’en est présentée. Je me contenterai de dire ici que les autres Dictionnaires de l’ Encyclopédie méthodique m’ont été fort utiles, la plupart des arts et des sciences étant liés et dépendant en quelque sorte les uns des autres. L’Aide-mémoire à l’usage des officiers d’artillerie m’a été aussi fort utile en raison des nombreux détails qu’il contient. Les articles concernant les armes portatives, anciennes et modernes, de guerre et de luxe, sont tirés d’un grand ouvrage que je me propose de publier incessamment, mon Mémoire sur la fabrication des armes portatives, imprimé en 1806, étant épuisé. Je n’ai rien donné sur la fortification et les mines ; ces connoissances, d’ailleurs si nécessaires aux officiers du corps royal de l’artillerie, sont particulièrement du domaine du génie militaire. On peut consulter pour ces articles le Dictionnaire de l’Art militaire de l’ Encyclopédie méthodique.

La description des objets qui composent le matériel de l’artillerie, est généralement sèche, aride et minutieuse. La langue des diverses branches de ce matériel est, comme celle de tous les arts mécaniques, très-imparfaite, principalement à cause de la disette des mots propres et de l’abondance des synonymes et des homonymes : il y a des pièces et des outils qui ont plusieurs noms différens, tandis que d’autres n’ont au contraire que le nom générique, sans aucune addition qui les spécifie ; enfin il y en a qui sont désignés par ceux de pièces et d’outijs avec lesquels ils n’ont aucune analogie. J’ai parlé d’une manière succincte dps choses qui ne sont plus en usage, et de celles qui sont de peu d’utilité, afin de traiter plus en détail les articles importans et qui constituent l’artillerie moderne. J’ai employé à la fois les dénominations nouvelles du système métrique et celles des anciennes mesures, parce qu’il est des objets que les artilleurs désignent encore par l’ancien système ; par exemple y on dira encore long-temps un obusier de 6 pouces, au lieu d’un obusier de 0 met. 1624 ; une pièce de 12, au lieu d’une pièce de 5 kilog. 8740.

M. de Pommereul, artilleur d’une grande réputation, avoit entrepris en 1784 de traiter l’artillerie pour l' Encyclopédie méthodique ; mais les événemens ont obligé ce général à abandonner un travail qui, malgré les changemens survenus depuis cette époque, seroit encore aujourd’hui d’un grand intérêt pour le corps.

J’ai essayé de traiter cette partie de l' Encyclopédie méthodique : chargé successivement, à diverses époques, de la direction générale des manufactures royales d’armes, de celle des forges de l’artillerie, des fonctions de commissaire du Gouvernement près l’administration des poudres et salpêtres, de l’examen militaire des élèves d’artillerie à l’École d’application, nommé membre de différens comités d’artillerie, du conseil de perfectionnement de l’École polytechnique, etc., j’aî pris sur tous ces services des notions qui, indépendamment des connoissances pratiques que tout artilleur acquiert à la guerre, sont les élémens de ce Dictionnaire.

Je me suis borné à ne donner, autant que le comporte la nature de cet ouvrage, que des choses de principes, ou fondées sur l’expérience. Heureux si j’ai rempli la tâche que je m’étois imposée, et si mon travail est digne de figurer dans le plus beau et le plus grand monument que les hommes aient élevé aux sciences !


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ERRATA.

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Page 21, colonne 1, ligne 41, baguette, lisez : baguette des armes à feu portatives.

Page 23 9 col. 1, lig. 25 , crevasses, lisez : crasses.

Page 37, col. 2, lig. 12, auparavant, lisez après ce mot : son nom paroît venir du mot grec bombos.

Page 59, col. 1, lig. 21, on n'en faude, lisez : en faude.

Page 61, colonne 2, ligne 43, sont : une hausse, lisez : sont : deux brancards, une hausse.

Page 62, col. 1, lig. 18, bouches, lisez bombes.

Page 64, col. 2, lig. 13, dimensions, lisez : parties.

Page 71, col. 1, lig. 17, une tension, lisez : et une tension.

Page 88 , col. 1, ligne 7, ÉCOTTAGE, lisez : ÉCOLTAGE.

Page 103, col. 1, lig. 36, proposition, lisez : proportion.

Page 159, col. 2, lig. 58, les ponts, lisez : les pontons.

Page 135, col. 1, lig. 28 I l'an ii, lisez : 1816.

Page 465, col. 2, lig. 31, 45', lisez : 45°.

Page 507 , col. 1, lig. 25, YATAYAN, lisez : YATAYAN ou YATAGAN.

A

ACIER. L’artillerie, qui n’employoit dans ses nombreux travaux que de l’acier provenant d’Allemagne & d’Angleterre, ne fait plus usage maintenant que d’acier indigène : l’industrie française ayant créé de belles aciéries en divers lieux du royaume.

On sait que l’acier est du fer affiné & combiné avec du carbone ; qu’il diffère de la fonte par l’absence de l’oxigène, & du fer par la présence du carbone : ainsi l’on peut tirer l’acier de la fonte ou du fer, en privant la première de son oxigèné, en introduisant du carbone dans le second.

On distingue trois espèces d’acier : l’acier naturel, l’acier de cémentation & l’acier fondu.

On obtient l’acier naturel immédiatement de la fonte grise par sa fusion dans des foyers brasqués. C’est le produit des mines spathiques & de quelques mines hématiques, que par cette raison on appelle mines d’acier. La fabrication de l’acier naturel ne diffère de celle du fer forgé qu’en ce qu’on ne détruit de carbone, dans la gueuse qu’on affine, que ce qu’il faut pour qu’il reste acier. L’acier naturel se nomme acier de fusion, de forge ou d’Allemagne, d’où il étoit principalement apporté autrefois.

L’acier de cémentation est celui qu’on obtient avec du fer épuré, bien corroyé & cémenté avec de la poussière de charbon de bois. Pour cette opération on place les fers qu’on veut convertir en acier dans une caisse de ce métal ; on les met par lits en les recouvrant & les entourant de charbon, & on recouvre le tout d’une couche de sable humecté & bien battu pour empêcher le charbon de brûler. On expose cette caisse au feu d’un four à réverbère, aussi long-temps que l’exigent les échantillons de fer qu’on veut convertir en acier. Ces échantillons retirés du cément s’appellent acier poule ; leur surface est boursoufflée & la fracture est lamelleuse. On les chauffe & on les forge de nouveau pour les convertir en acier propre à être employé. Cette espèce d’acier soude avec lui-même & entre deux fers ; elle est propre à faire des outils tranchans, mais elle n’a pas assez de corps pour être employée à faire des ressorts de platines ni des lames de sabres.

L’acier fondu est le produit de la fonte de l’acier naturel, de l’acier de cémentation, & même du fer affiné, avec un flux ; il se coule dans des moules carrés ou octogones en fer forgé ou coulé. On étend cet acier au marteau comme on le fait pour l’acier de cémentation ; mais on le chauffe moins & avec plus de précaution, parce qu’on risqueroit de le briser. La cassure de cet acier coulé ressemble beaucoup à celle de l’acier poule ; il se trouve à sa surface de petites cavités qui paroissent dues au retrait de la matière. Plus il est étiré sous un mince échantillon, plus il devient doux & facile à travailler. C’est d’après cette observation que l’on fait de la tôle d’acier fondu.

On fabrique maintenant en France de l’acier fondu qui se foude bien, est très-flexible & assez facile à travailler. Cet acier est homogène dans toutes ses parties, exempt d’impureté, d’un grain très-fin, susceptible du plus beau poli.

Acier ferreux. C’est celui qui conserve des veines de fer. Quoique le fer & l’acier doivent être distingués par des qualités bien tranchantes, il y a cependant un point de contact où ils se confondent : en effet, l’acier le plus tendre peut être regardé comme un fer très-dur, & le fer dur qui contient une forte dose de carbone se rapproche des propriétés de l’acier. De-là vient qu’on obtient quelquefois de la même fonte des espèces de fer qui sont très-différentes : il suffit pour cela de changer l’inclinaison de la tuyère.

ADENT. Entaille ou emboîture en forme de dent, faite furies faces correspondanles de deux ou de plusieurs pièces de bois, pour assurer leur assemblage & leur liaison. Ces pièces se touchant par des faces qui présentenf des angles rentrans & des angles saillans, sont de forme assortie, & s’endentent de manière à ne pouvoir glisser l’une sur l’autre. Les madriers qui composent les flasques des affûts de place & de côté sont assemblées à adent, ainsi que ceux des affûts marins.

ADOUCIR. C’est, dans la fabrication des armes à feu portatives, ôter avec la lime fine les traits de la grosse lime, pour pouvoir polir l’ouvrage plus aisément & plus exactement. Une pièce d’armes est adoucie & polie quand sa surface ne paroit avoir aucune inégalité. Le poli parfait n’existe pas dans la nature, car tous les corps ont des pores ; leurs surfaces sont composées d’éminences qui sont leurs parties solides, séparées par des intervalles vides qui sont leurs pores.

ADOUCISSEUR ou POLISSEUR. Ouvrier qui, dans les manufactures d’armes, polit l’intérieur des canons de fusil, au moyen du banc de polisserie.

AFFINAGE. C’est la purification des métaux par la scorification & la séparation des matières étrangères qui leur étoient alliées. Voici la méthode employée à la manufacture de Klingenthal pour affiner l’acier brut destiné à la fabrication des lames de sabre. On étire les barreaux en lamelles de o met. 04 (18 lig.) de largeur, sur 0 met. 0045 à o met. 0067 (2 à 3 lig.) d’épaisseur. On jette ces pièces dans l’eau, on les casse en morceaux, & l’on sëpare avec soin celles qui ont la nature de fer, de celles qui ont la nature de l’acier : on sépare encore les parties qui forment de l’acier tendre, de celles qui forment de l’acier dur ; on en fait des paquets ou trousses pesant environ 23 kil. 50 (47 liv.) & composées de 16 à 18 lamelles placées les unes sur les autres, en observant que les deux pièces, qui servent de couverture à la trousse soient d’acier mou. On forge les trousses dans un fourneau destiné à cet usage, & on les étire en barreaux de petits échantillons ; par-là l’acier prend une qualité uniforme.

Affinage de la gueuse. C’est la réduction en fer malléable, dans un creuset ou foyer particulier, de la fonte en gueuse obtenue par la fusion du minerai dans le haut fourneau.

Le fer affiné est ensuite fournis à la percussion du marteau, qui achève de le purifier par le rapprochement plus intime de ses molécules, & qui donne la premiers forme fous laquelle il doit être livré, ou réduit en plus petits échantillons.

AFFINERIE d’acier. C’est l’usine dans laquelle on transforme en acier la fonte ou le fer cémenté propres à celle opération.

AFFUTER. Aiguiser, faire couper outil. Ce mot est peu usité dans l’artillerie. (Voyez les articles Aiguiser & Emoudre.)

Affuter. Ancien mot qui signifie disposer à tirer, mettre en mire, pointer une pièce de canon.

AFFUTS. C’est, en général, un assemblage de pièces en bois & en fer sur lequel on monte une pièce d’àrtillerie pour pouvoir la manœuvrer & la tirer. Il y a des affûts à canons, à obusiers, à mortiers, à pierriers, &c.

Affûts à canons de campagne & de siège. Ce sont des voitures sur lesquelles on place le canon pour le tirer ; ceux de campagne servent aussi pour le transporter. Les affûts sont composés de deux principales pièces de bois appelées flasques ; les flasques des affûts de siége sont assemblées par quatre pièces que l’on nomme entretoises, & qui portent en même temps le nom de l’endroit où elles sont placées : ceux de campagne n’en ont que trois. L’entretoise de volée est celle qui est à la tête de l’affût ; on lui donne ce nom à cause de la volée du canon qui est dans cette partie. L’entretoise de couche est celle qui se trouve sous le centre du canon : il n’y en a point aux affûts de campagne. L’entretoise de mire est nommée ainsi parce que le canonnier se place contre cette entretoise pour pointer (cette entretoise se nomme de support dans les affûts de campagne, parce qu’elle sert à porter la culasse du canon en route).


L’entretoise de crosse assemble les crosses de l’affût ; elle est percée dans son milieu d’un trou dans lequel passe la cheville ouvrière de l’avant-train. On donne plus d’écartement aux crofsses de l’affût qu’à la tête, parce que le canon a plus de diamètre à la culasse qu’aux taurillons, 8 que les flasques doivent être assemblés de façon à être le plus près possible du canon sans le gêner, étant essentiel qu’il ne puisse se déranger dans aucun sens, soit en tirant, soit dans la marche : on l’empêche de reculer & d’avancer sur l’affût, en creusant pour les tourillons sur le dessus des flasques, un enfoncement circulaire dont la profondeur est des deux tiers de leur diamètre. Il faut que le canon, quand ses tourillons sont placés dans ce logement, puisse se mouvoir dans le sens vertical tant en dessus qu’en dessous de l’horizon, afin que l’on ait le moyen de pointer haut ou bas. On se contente de laisser au canon de siége, dont l’affût est supposé sur un plan de niveau, la liberté d’être pointé à sept à huit degrés au-dessous de la ligne horizontale & à treize ou quatorze degrés au-dessus ; ceux de campagne peuvent, par la construction de leur affût, être pointés sous l’angle de quinze degrés au-dessous de l’horizon & de quinze à dix-sept au-dessus.

Les logemens des tourillons doivent être placés le plus près possible de la tête des flasques, en y conservant cependant assez de bois pour que leur devant conserve de la solidité, & que l’essieu, dont ils déterminent la position, soit soutenu solidement contre le recul de l’affût. On place cet essieu près de la ligne verticale qui passe par-derrière le logement des tourillons, pour que les crosses de l’affût ne soient ni trop légères ni trop pesantes. Au moyen de cet emplacement de l’essieu, les roues de l’affût portent presque tout le poids du canon, quoiqu’il devienne une voiture à quatre roues quand il est monté sur son avant-train ; de sorte que la position des tourillons qui, eu égard au tir de ce canon, doit être près de la tête, devroit, quand on considère l’affût comme voiture, se trouver dans le milieu de l’intervalle des grandes & des petites roues. Pour remplir cet objet, on fait pour les tourillons, vers le milieu de la longueur de l’affût, un second logement où l’on place le canon en route ; quoique la manœuvre de cnanger le canon du logement de tir au logement de transport puisse se faire promptement, on le laisse cependant dans celui de tir quand on marche à l’ennemi ou que l’on en est à portée de faire feu.

Il n’y a de logement de transport qu’aux affûts de 12 & de 8 ; on n’en a pas fait à celui de 4 : les canons de ce calibre étant trop légers pour fatiguer les roues. Ces logemens ne sont pas nécessaires dans les affûts de siége, parce qu’ils ne portent jamais leurs canons que du parc à la tranchée, & que l’on a des hnariots particuliers pour les voiturer.

On met des sous-bandes en fer dans le logement des tourillons pour résister à l’effort du recul qui ne tarderoit pas à le détruire : on fait celles des logemens de tir très-épaisses, mais celles des seconds logemens le sont moins, parce qu’on ne s’en sert que pour le transport des canons. On arrondit & relève les crosses des affûts de campagne, pour pouvoir les laisser traîner en manœuvrant à la prolonge.

Les affuts de campagne & toutes les autres voitures à quatre roues ont des timons. Cette façon d’atteler, outre l’avantage qu’elle a de raccourcir la longueur des colonnes, répartit également l’effort du tirage & laisse aussi aux chevaux toute la liberté qu’ils peuvent avoir en marchant : tandis que les chevaux n’étant que sur une seule file avec la limonière, la longueur de l’attelage est double, les chevaux sont plus difficiles à conduire, et la voiture ne peut guère trotter.

Les pièces en bois qui composent les affûts de campagne sont : deux flasques, trois entretoises, deux roues, une femelle mobile. Les pièces principales en fer sont : un essieu, un anneau carré porte-levier, un crochet à tête plate & percée, un crochet à pointe droite, un croohet à fourcbe, deux clous rivés de crosse, un crochet porte-sceau, une vis de pointage & son écrou en cuivre, deux doubles crochets de retraite, deux boûts d’affût, deux recouvremens de talus des flasques, deux sous-bandes fortes, deux chevilles à tête ronde, quatre chevilles à tête plate, deux sous-bandes minces pour les seconds logemens des tourillons aux pièces de 12 & de 8, deux bandes de renfort, deux bandes d’essieu, deux têtes d’affût, quatre liens de flasque, une lunette, une contre-lunette, un anneau d’embrelage, deux grands anneaux de pointage, deux petits anneaux de pointage, un crochet porte-écouvillon, deux anneaux carrés de manœuvre, deux plaques de frottemens de sassoire, deux sus-bandes, une chaîne d’enrayage pour les pièces de 42 & de 8, quatre plaques de garniture pour l’encadrement des essieux, un bandeau de femelle, une calotte de femelle, une plaque de femelle, une charnière de femelle.

Les parties en bois des affûts de siége sont : deux flasques, quatre entretoises, une femelle, deux roues, un essieu. Les parties en fer sont : deux crochets de retraite, quatre plaques carrées de bandeaux d’entretoises, deux bandeaux d’entretoises, deux recouvremens de tête d’affûts, cinq boulons d’assemblage, deux bandes de recouvrement de talus des flasques, deux sous-bandes, deux bandes de renfort, six chevilles à tête ronde, deux chevilles à mentonnet, deux têtes d’affût, deux chevilles à tête plate, quatre liens de flasque, une lunette, une contre-lunette, un anneau d’embrelage, deux boulons, deux sus-bandes, deux chaînettes de sus-bande, deux clavettes, une vis de pointage & son écrou en cuivre, deux équignons, deux brabans d’équi-


gnon, deux anneaux à hupper, deux heurtequins, deux étriers d’essieu.

Affuts des pièces légères, dites à la Rostaing. Ces affûts & leurs pièces sont supprimés depuis long-temps ; mais comme on présente souvent des inventions de ce genre, on croit devoir en faire mention ici. Les pièces qui étoient en bronze tiroient des boulets d’une livre, & elles avoient à peu près vingt calibres de longueur. On donnoit beaucoup de cintre aux flasques, afin de relever les roues, sans quoi le servioe de ces petites pièces eut été incommode. Aux deux côtés des flasques on appliquoit deux bras de limonières par un boulon. Aux crosses, il y avoit deux anneaux pour y passer un levier en travers de l’affût. Ce levier servoit pour la retraite ; il offroit aussi des points d’appui aux limonières, pour élever les crosses lorsqu’on y atteloit un cheval. Le pointement se faisoit avec un coin de mire, qui glissoit dans une coulisse entaillée sur l’entretoise de couche ; le coin étoit mû par une vis dont l’écrou étoit arrêté au-devant de la coulisse. La sus-bande des tourillons étoit fixée par une charnière ; vers la tête de l’affût, elle s’arrêtoit par une cheville fixée au bouton & tournant avec lui. Cet affût & sa pièce étoient d’une grande légèreté ; un seul cheval les trainoit, & on pouvoit, en les démontant, les transporter facilement sur les montagnes ; mais cette pièce étoit sans puissance à cause de la petitesse de son calibre. (Voyez l’article Canon de troupes légères.)

Affuts de côtes. Ils ont la même forme que ceux de place, & les flasques sont assemblés de la même manière : ils sont montés sur des rouleaux à tête percée pour recevoir des leviers. Le canon se trouve encore plus élevé au-dessus du sol de la batterie qu’avec les affûts de place. Ainsi, au moyen de ces affûts on tire par-dessus l’épaulement, en présentant peu de prise aux boulets ennemis, & on les fait mouvoir circulairement, de manière à suivre les vaisseaux qui passent devant la batterie.

Les pièces en bois qui composent l’affût de côte, sont : deux flasques, chacun de trois pièces, assemblées par vingt goujons, quatre échantignolles, deux entretoises, un gros rouleau avec quatre mortaises, un petit rouleau, quatre recouvremens pour les rouleaux, quatre goujons pour les échantignolles. Les ferrures sont : dix boulons, quatre boulons d’assemblage, quatre bandes de renfort, quatre cordons pour le gros rouleau, deux frettes pour le petit rouleau, une vis de pointage & son écrou.

Affuts à échantignolles. Ces échantignolles étoient destinées à élever la pièce. Il y avoit une échantignolle au-dessus de la tête de chaque fiasque, sur laquelle on pratiquoit le logement des tourillons. Il a été abandonné à cause de son peu de solidité.

Affuts à flèche. Ils étoient composés de deux flasques accolés à une pièce de bois qui servoit en effet de flèche quand on vouloit les manœuvrer. Ils n’ont été en usage qu’à l’armée d’Egypte, où le dénuement de bois de longueur les avoit fait adopter. Ces affûts élevoient le canon de cinq pieds neuf pouces au-dessus de la plate-forme, ce qui les avoit fait appeler affûts-chameaux.

Affuts marins. Ils font destinés à manœuvrer le canon à bord des vaisseaux. On en fait usage à défaut d’affûts de côtes pour les pièces en fer. Ils consistent en deux flasques courts, assemblés par des goujons, le dessous dégagé en arc de cercle, & coupés carrément en quatre degrés en arrière pour les alléger. Ils font supportés par quatre roulettes dont les essieux sont en bois.

Ces sortes d’affûts se construisent promptement & à peu de frais, mais ils sont difficiles à manœuvrer & sont peu élevés au-dessus de la plate-forme.

Affuts à mortiers. Ils sont composés de deux flasques en fer, assemblés par deux entretoises & par des boulons ; ces flasques sont coulés à masselotte. On s’est occupé, depuis que les mortiers existent, à chercher la matière la plus solide pour faire leurs affûts. On les a eus tantôt en fer coulé, tantôt en bois, ensuite en fer battu ; on en a fait aussi en bronze, ce qui étoit très-dispendieux.

Les premiers affûts ont été en bois ferré ; on a trouvé qu’ils duroient trop peu & que leurs ferrures coûtoient beaucoup de façon ; on a préféré dans la suite les affûts de fer coulé, parce qu’ils sont moins coûteux & qu’ils durent long-temps quand la fonte est grise, douce & onctueuse (si l’on peut s’exprimer ainsi). Pour s’assurer que la fonte de ces affûts est suffisamment douce, on perce à froid les trous des boulons qui assemblent les flasques, parce que le fer coulé qu’on peut percer avec des forets n’est pas cassant, & il doit résister aux efforts du recul. Toutefois, ces affûts sont lourds, détruisent promptement les plates-formes, & sont difficiles à remettre en batterie quand ils sont d’un gros calibre.

On les éprouve en tirant trois fois de suite avec leurs mortiers respectifs chargés à chambre pleine, le mortier pointé à soixante degrés & l’affût placé sur une plate-forme horizontale. On reçoit ceux qui ont soutenu cette épreuve sans être dégradés ; mais ceux qui manifestent des fentes ou des cavités sont rebutés & cassés.

Les diverses parties, tant en fer qu’en bois, qui composent l’affût à mortier sont : deux flasques en fer coulé, deux entretoises en bois, deux douilles pour tenons de manœuvre, deux tenons de manœuvre, trois boulons d’assemblage & deux seulement pour le mortier de huit pouces, deux sus-bandes, quatre étriers de sus-bande, un coussinet à tourillons, une plaque de renfort au talus du coussinet, deux chevilles à double mentonnet.

Affûts d’obusier. Ils ont à peu près la même forme que ceux des canons. Il n’y a de différence essentielle que dans leur semelle, qu’il a fallu rendre mobile pour pouvoir tirer jusqu’à l’angle de quarante-cinq degrés. On n’a pas fait de seconds logemens des tourillons à ces affûts, parce que leur poids n’est pas considérable & que d’ailleurs ils sont trop courts pour cela. On monte celui de huit pouces sur l’avant-train à canon de douze, & celui de six pouces sur l’avant-train du canon de huit.

Le[s] parties en bois qui composent l’affût d’obusier sont : deux flasques, quatre entretoises, une semelle, un essieu, deux roues. Les ferrures principales sont : deux clous rivés de crosse, un anneau carré porte-levier, un crochet porte-levier, un crochet à pointe droite porte-écouvillon, un crochet à fourche porte-écouvillon, deux doubles crochets de retraite, deux chaînes d’attelage & deux crochets de retraite, six boulons d’assemblage, deux bouts d’affût, deux recouvremens de talus de flasques, deux sous-bandes, chevilles à tête ronde (6 pour l’obusier de 8 pouces & 4 pour celui de 6 pouces), deux chevilles à mentonnet, deux chevilles à tête plate, deux bandes de renfort, deux têtes d’affût, quatre liens de flasques, une lunette, une contre-lunette, un boulon de lunette, un anneau d’embrelage, quatre anneaux de pointage, deux anneaux carrés de manœuvre, deux plaques d’appui de roues, deux plaques de frottement de sassoire, une vis de pointage & son écrou en cuivre, deux sus-bandes, deux chaînettes de sus-bandes, deux clavettes de sus-bandes, deux équignons, deux brabans, deux happes à anneau, deux heurtequins, deux étriers d’essieu.

Affûts à pierriers. Ils sont en fer coulé, ayant la même forme que ceux des mortiers de huit pouces. Ils étoient précédemment en bois. (Voyez l’article Affûts à mortier.)

Affûts de place. Ils font composés de deux flasques formés par trois madriers assemblés, à crémaillère ou à adent, & dont celui de dessous est délardé en arc de rercle. Ils sont montés sur deux grandes roues & une roulette placée sur le devant entre les flasques. Les affûts de place ont l’avantage de porter le canon à la hauteur de 1 met. 62 (5 pieds), au lieu que ceux de siége ne l’élèvent qu’à environ 1 met. 13 (3 pieds 6 pouces) au-dessus du sol de la batterie. Cet objet est essentiel dans une place assiégée, parce qu’il est dangereux de trop ouvrir le parapet, le canon de l’assiégeant pouvant alors inquiéter, à travers les embrasures, les manœuvres qui se font sur le rempart.

Cet affût est placé sur un châssis mobile que l’on fixe toutes les fois qu’on trouve une direction favorable ; ce qui est commode pour tirer pendant la nuit. On reproche à ces affûts d’être trop massifs & trop en prise aux coups de canon de l’ennemi.

Les pièces en bois qui composent l’affût de place sont : deux flasques, deux entretoises, une semelle, deux supports, un essieu en bois, deux roues. Les ferrures font : deux crochets de retraite, quatre plaques à oreilles, dix chevilles, quatre boulons d’assemblage, deux tenons de manœuvre, deux brides pour leviers de manœuvre, quatre boulons de support, deux bandes de renfort de semelle & de support, deux bandes de renfort sous la semelle, deux bandes d’essieu à oreilles, deux étriers d’essieu, deux heurtequins, deux viroles de bout d’essieu, une roulette en fer coulé, un essieu en fer battu pour la roulette, une vis de pointage & son écrou.

Affuts à roues excentriques. Ils ont été proposés pour remplacer ceux de place & de siège, dont ils diffèrent principalement par les roues. Le moyeu des roues de cet affût n’est pas au centre de la roue, & la différence des rayons est de 0 mèt. 37 (14 pouces), le plus grand étant de l met. 10 (41 pouces), & le plus petit de 0 met. 72 (27 pouces) ; en sorte que, quand on veut tirer, on fait porter les roues sur leur plus grand rayon : par ce moyen le canon tire à barbette. Dans son recul les roues tombent sur le petit rayon, le canon s’abaisse & fait que les canonniers sont entièrement couverts par l’épaulement lorsqu’ils chargent : ce qui est un grand avantage.

On objecte contre cet affût, inventé par M. le colonel d’artillerie Lagrange, qu’on éprouve plus de peine pour le mettre en batterie, la difficulté de raccorder les roues en relevant l’affût afin que la pièce ne soit pas inclinée sur le côté, & la nécessité d’avoir des roues concentriques pour faire voyager l’affût.

AGRÈS pour les ponts militaires. On nomme ainsi l’assemblage de toutes les pièces qui servent à la construction d’un pont militaire. (Voyez l’article Équipage de ponts.)

AIGREMORE. Nom donné autrefois, par les artificiers, au charbon de bois tendre écrasé & pulvérisé.

AIGUILLE. Petite verge de fer servant à pratiquer des trous ou des espaces vides dans les artifices de guerre.

AIGUISER. C’est faire un tranchant à une arme ou à un outil. On n’aiguise maintenant les âmes de sabres qu’à meules humides, & l’on a entièrement abandonné l’usage des meules sèches, même pour faire les cannelures étroites de la lame de cavalerie de ligne. Les meules étant employées sèches, il s’en dégage, pendant l’ai-


guisage, une poussière quartzeuse très-ténue, que l’ouvrier aspire, qui vicie ses poumons & le fait périr à la fleur de l’âge.

AIGUISERIE. Usine où l’on aiguise des pièces d’armes. Elle est ordinairement mue par l’eau.

Les meules qu’on emploie pour émoudre les lames de sabres & de baïonettes peuvent être rangées en trois classes :

1o. Les grandes meules en grès, d’une moyenne dureté, de 1 met. 94 à 2 met. 27 (7 à 8 pieds) de diamètre, de 0 met. 09 à 0 met. 11 (4 à 5 pouces) d’épaisseur à la circonférence & 0 mèt. 21 à 0 mèt. 24 (8 à 9 pouces) au centre. Ces meules sont démontées pour en faire de petites, lesquelles sont réduites au diamètre de 1 met. 29 (4 pieds).

2o. Les meules moyennes de 0 met. 80 à 0 mèt. 85 (2 pieds 7 à 8 pouces) de diamètre ; ces meules sont très-tendres, cannelées comme il convient pour l’usage auquel on les destine.

3o. Les petites meules de différens diamètres, depuis 0 met. 16 à 0 met. 18 (6 à 7 pouoes) jusqu’à 0 met. 27 (1 pouce) & au-dessous ; ces meules sont de diverses efpèces de grès, & proviennent assez souvent des débris des grandes meules.

Les grandes meules, qui servent particulièrement à dégrossir & à blanchir toutes les parties planes & saillantes des lames, sont toujours mouillées, en sorte qu’il ne s’en dégage aucune poussière pendant l’aiguisage ; mais ces meules, à raison du défaut d’homogénéité dans toutes leurs parties, perdant assez leur forme circulaire à la circonférence, on est obligé de la leur rendre en les taillant à grands coups de hachoir.

La position habituelle des aiguiseurs, aux grandes meules, est d’être assis vis-à-vis de la circonférence, le corps penché vers la meule ; ils tiennent des deux mains la lame soutenue, sur une de ses faces, par un morceau de bois nommé support, & ils appuient, très-fortement l’autre face sur le champ de la meule, en s’aidant souvent des genoux, qui sont à cet effet, garnis de genouillères en cuir. On sent que pour ce travail il est indispensable qu’ils prennent cette position ; s’ils étoient placés de côté, ne tenant dans ce cas la lame que par une extrémité, ils ne pourroient pas l’appuyer assez fortement sur la meule, qui ne mordroit pas suffisamment & n’enleveroit pas assez de matière ; d’ailleurs, dans cette posture, ils ne pourroient appuyer à volonté, plus fortement, sur la meule, une partie déterminée de la lame : ce qui est absolument nécessaire. Enfin, dans cette position, la lame n’étant pas soutenue par son extrémité antérieure, elle épronveroit sur la meule un sautillement continuel, qui rendroit l’aiguisage & la conservation des dimensîons impossibles.

Il arrive encore que les aiguiseurs se placent debout contre le côté de la même meule quand, faute de place à une meule moyenne, ils veulent se servir de la grande pour mettre les lames à la longueur & en ébaucher le tranchant ; pour cela ils ne font pas usage du champ, mais de la partie plane du côté de la meule, contre laquelle ils appuient leurs lames des deux mains. Cette opération ou la précédente peuvent se faire simultanément avec la première qu’on a décrite, en sorte que deux aiguiseurs travaillent ensemble à la grande meule.

Les meules moyennes, en grès tendre, servent à aiguiser en long les pans creux des lames de sabres & de baïonnettes, au moyen des cannelures qu’on y pratique, d’une épaisseur analogue à la largeur des pans creux. Les aiguiseurs se placent sur le côté de la meule, & tenant d’une main la lame vers la soye ou vers la douille, & de l’autre vers la pointe, ils la promènent en long sur les cannelures, en avançant fortement le haut du corps au-dessus de la meule. Dans cette position ils courroient de grands dangers si la meule se rompait ; mais celle-ci étant d’une grande épaisseur & d’un diamètre médiocre, elle a beaucoup de solidité.

AIGUISEUR, Ouvrier qui travaille à l’aiguiserie d’une manufacture d’armes, soit pour aiguiser les lames de sabres, soit pour émoudre les canons de fusils.

AIRAIN. Métal aigre, cassant & sonore. C’est improprement qu’on donne au bronze le nom d’airain. L’airain est le métal de cloche qui est composé, suivant Thomson, de 80 parties de cuivre, 10,1 d’étain, 5,6 de zinc et 4,2 de plomb ; tandis que le bronze est composé de 200 parties de cuivre & 12 d’airain.

L’airain et le bronze, exposés long-temps à l’humidité de l’air, se couvrent d’un vernis de couleur olivâtre très-dur, qu’on nomme patine.

AJUSTER. C’est diriger une arme à feu portative sur l’objet qu’on veut frapper.

Ajuster une pièce d’arme. C’est la mettre en harmonie avec les autres pièces, de manière quelle produise l’effet auquel elle est destinée.

ALAISES. Languettes de bois minces qu’on mettoit précédemment dans les fourreaux des sabres pour les soutenir ; on y a ensuite substitué un fut qui a également été supprimé. (Voyez l’article Fourreaux de sabres.)

ALCRET, ALECRET on HALLÆCRET. Cuirasse légère, recouverte de lames de fer, destinée aux piétons sous François Ier.

ALIDADE. C’est, dans une machine employée à rayer les carabines, une espèce d’aiguille qui sert à indiquer à l’ouvrier, lorsqu’il a fait une


rayure, de combien il doit tourner le canon pour que la rayure qu’il va commencer soit éloignée de la précédente d’une quantité donnée, laquelle est la même pour toutes les spires.

ALLEZER. C’est diminuer l’intéreur de l’ame des canons pour les mettre en calibre.

ALLEZOIR. Outil destiné à allezer les canons. Ceux dont on fait usage pour les armes portatives s’appellent foret. (Voyez le mot Foret & l’article Bouches à feu.)

ALLEZURES. On appelle ainsi de petits copeaux & des parcelles de fer ou de bronze que détache l’allezoir.

ALLIAGE. Mélange des métaux qui s’emploient pour former le bronze dont on coule les bouches à feu (Voyez l’article Bouches a feu). L’alliage pour garnitures des pièces en cuivre des armes portatives est composé de 80 parties de cuivre, 17 de zinc & 3 d’étain.

ALLONGNE. On appeloit ainsi un cordage qu’on employait autrefois pour les ponts militaires. Elle servoît particulièrement à affermir les pontons. Sa longueur étoit d’environ trente-cinq toises, & sa grosseur ou diamètre d’un pouce.

ALLUMELLE. Nom que l’on donnoit anciennement aux épées longues & minces.

AMARRER. C’est attacher & lier fortement avec un cordage, un bateau, des agrès, une pièce de canon, &c. Amarrer un cordage à un piquet, c’est l’y fixer par un nœud quelconque.

AMARRES. On donne ce nom à quelques cordages employés dans la construction des ponts militaires. L’amarre du bateau d’équipage sert à fixer le premier & le dernier bateau aux piquets plantés vers les culées, & fait fonction de traversières pour les autres bateaux.

AMBOUTIR ou EMBLOUTIR. C’est façonner un métal à coups de marteau sur un moule ou dans une matrice. Les cuirasses sont embouties.

AME. C’est la partie vide & cylindrique des grandes & petites bouches à feu, par où l’on fait entrer leur charge & qui la contient dans celles qui n’ont pas de chambre.

Ame des soufflets. Soupape qui se lève pour permettre l’entrée de l’air dans l’intérieur d’un soufflet.

AMORCE. Poudre qu’on met dans le bassinet d’une arme à feu portative pour enflammer la charge.

Amorce ou Traînée. Poudre que l'on sème sur un banc d'épreuve, dans la direction des lumières, pour communiquer le feu à tous les canons des armes portatives.

Amorce. Portion de fer qu'un forgeur amincit au bout d'une pièce qu'il doit souder à une autre pièce. Dans la lame à canon de fusil, c'est la partie amincie en biseau suivant la longueur ; on l'appelle aussi lèvre.

AMORÇOIR. C'est un outil en fer employé par les charrons & les charpentiers : il ressemble à la gouge & sert à commencer les trous.

AMOUR. Les ouvriers forgeurs appellent ainsi la masselotte de la baïonnette. (Voyez Masseliotte de baïonnette.)

AMPLITUDE de tir. C'est la ligne courbe que trace en l'air un projectile, depuis sa sortie de l'ame de la pièce jusqu'à l'endroit de sa chute.

AMPOULETTE. Nom qu'on donnoit autrefois au bois des fusées à bombes & à grenades. (Voyez l'article Fusées à bombes)

AMUSETTE. Petit canon en fer de 1 mèt. 62 (5 pieds) de long & de 0 mèt. 04 (18 lig.) de calibre, se chargeant par la culasse, porté par un affût composé d'une pièce de bois adaptée à l'essieu d'un rouage ayant 1 met. 10 (3 pieds 6 pouce») de hauteur : son boulet en plomb étoit 0 kil. 24 (8 onces). Ce canon a été proposé par le maréchal de Saxe ; il estimoit sa portée de quinze à seize cents toises, & croyoir que trois hommes devroient pouvoir le mener partout, en portant mille coups, & tirer deux cents coups par heure. L'influence du maréchal de Saxe avoit fait adopter cette arme, qui a été abandonnée à sa mort : on n'en trouve plus dans les arsenaux, où il y en avoit un assez grand nombre.

ANALYSE des poudres, des bronzes, des artifices, &c. C'est l'art de déterminer la nature & les proportions des principes constituans de ces substances. Cet art, qui a fait d'immenses progrès depuis la fin du siècle dernier, donne aux officiers d'artillerie le moyen de reconnoitre avec une grande exactitude le dosage de la poudre, l'alliage des bouches à feu, la composition des artifices, &c.

Analyse de la poudre. Le procédé dont on se sert ordinairement, consiste à lessiver la poudre avec de l'eau, pour séparer le nitre, & à traiter le résidu par la potasse qui dissout le soufre & laisse le charbon. Quoique ce procédé paroisse facile, il présente des difficultés qu'on n'apprécie bien qu'en l'exécutant ; nénmoins on ne peut en condamner l'emploi, & il seroit même indispensable


d'y avoir recours si l'on vouloit obtenir directement la quantité de charbon contenue dans la poudre. Dans le cas où l'on voudroit en faire usage, il conviendroit de prendre deux portions de poudre : l'une seroit lessivée pour avoir le nitre, on sècheroit le résidu & on en prendroit le poids ; l'autre portion seroit mêlée immédiatement avec une quantité égale de potasse & un peu d'eau, & on ohaufferoit le mélange : le soufre se dissoudroit rapidement, & on laveroit ensuite jusqu'à ce que l'eau n'eût plus de saveur sulfureuse, ou mieux, ne précipitât plus en noir l'acétate de plomb. Le charbon seroit séché & posé. Le soufre s'obtiendroit en retranchant du poid» de la poudre employée & supposée bien sèche, celui du nitre & du charbon qu'on auroît obtenus ; & les résultats de l'analyse pourroient être vérifiés, en comparant le poids du soufre & du charbon laissés par la première portion de poudre, avec celui donné par la seconde.

En suiyant ce procédé, la détermination du charbon laisse de l'incertitude, qui se répète ensuite sur la proportion du soufre, & par conséquent, si l'on pouvoit déterminer directement le poids du soufre, l'analyse de la poudre en deviendroit beaucoup plus exacte. C'est pour parvenir à ce but que l'on va décrire le procédé suivant, dont l'exactitude est déjà coostatée par un grand nombre d^épreuves.

On commence par dessécher une certaine quantité de poudre, pour connoître le degré d'humidité qu'elle contient, & pouvoir déterminer avec plus de certitude la proportion du charbon, qu'on n'obtient dans ce procédé que par sosutraction. On évalue le nitre en lessivant la poudre, évaporant l'eau de lavage, & faisant fondre le résidu salin.

Pour obtenir le soufre, on mêle cinq grammes de poudre avec un poids égal de sous-carbonate de potasse pur, ou au moins ne contenant pas d'acide sulfurique ; on pulvérise exactement le mélange dans un mortier, & on ajoute ensuite cinq grammes de nitre & vingt de chlorure de sodium.

Le mélange étant rendu bien intime, on l'expose dans une capsule de platine sur des charbons ardens ; la combustion du soufre se fait tranquillement, & bientôt la masse devient blanche. L'opération est alors terminée ; on retire la capsule du feu, & quand elle est refroidie on dissout la masse saline dans de l'eau, on sature la dissolution avec de l'acide nitrique ou de l'acide hydro-chlorique, & on précipite l'acide sulfurique qu'elle contient par le chlorure de barium.

Il y a deux manières de faire cette précipitation : la première, qui est généralement suivie, consiste à metre dans la dissolution un léger excès de chlorure de barium, & à recueillir le sulfate de baryte produit. Ce procédé exige de nombreux lavages qu'on ne peut faire qu'à de longs intervalles, parce que le sulfate de baryte ne se dépose que lentement, surtout vers la fin de l’opération, époque à laquelle ce sel reste souvent en suspension, & passe même à travers les filtres le plus épais. Si on lave le sulfate de barite sur un filtre, nouvel inconvénient, il faut détacher le sulfate du filtre ou les peser ensemble, & dans l’un ou l’autre cas on peut commettre facilement une erreur, surtout si l’on n’est pas très-exercé.

L’autre manière de précipiter l’acide sulfurique, que l’on propose ici d’adopter, consiste à prendre une dissolution titrée de chlorure de barium, c’est-à-dire, dont on connoît la proportion exacte en poids de chlorure de barium & d’eau, & de verser cette dissolution dans celle qui contient l’acide sulfurique, jusqu’à ce qu’il ne se fasse plus de précipité. Quand la précipitation approche de son terme, on doit ajouter le chlorure de barium par gouttes seulement ; on attend que le liquide soit éclairci avant d’en ajouter une nouvelle quantité ; ou bien, si l’on veut accélérer l’opération, on filtre une portion de la liqueur dans une petite éprouvette très-nette, & l’on verse une goutte de chlorure de barium dans la liqueur filtrée. Le même filtre peut servir pendant toute l’opération. Il n’est pas à craindre ici que le sulfate de barite passe à travers le filtre ; cela n’a lieu que lorsque l’eau ne contient plus en dissolution, ou presque plus, de matières salines ; car les sels s’excluant, en général, les uns les autres de la même dissolution, le sulfate de barite se trouve exclus du liquide, & précipité, quand celui-ci contient une certaine quantité de substances salines. La plupart des sels peuvent servir pour cet objet ; mais quand on doit peser le sulfate de barite, il faut prendre un sel volatil qu’on puisse expulser par la chaleur, comme le nitrate ou l’hydro-chlorate d'ammoniaque.

La quantité d’acide sulfurique, & conséquemment celle du soufre, est donnée par le poids du chlorure de barium employé ; car le nombre équivalent, ou le poids de l’atome du soufre, étant 20,116, & celui du chlorure de barium cristallisé 152,44, il suffira de faire cette proportion 162,44 : 20,116 :: le poids du chlorure de barium employé est à un quatrième terme, qui sera la quantité du soufre cherchée. Ce procédé, qui peut être généralisé, & dont l’utilité se fera facilement sentir dans le cas où le sulfate de barite, ou tout autre précipité entraine avec lui quelque substance étrangère, peut donner un résultat exact à un cinq centième près, & même à un millième ; mais comme on doit verser la dissolution de chlorure de barium goutte à goutte, & qu’avec un flacon cela est très-difficile, d’autant plus que les bords du goulot resteroient chaque fois mouillés de la dissolution, il est nécessaire de se servir d’une pipette formée par une petite boule portant deux tubes droits opposés, & dont l’un est effilé, pour qu’on puisse modérer plus facilement l’écoulement du liquide, en appliquant l’index sur l’ouverture de l’autre tube. Le tube effilé traverse un bouchon de liège destiné à fermer le petit flacon qui contient la dissolution, afin d’empêcher toute évaporation ; on remplit la pipette par aspiration, on applique aussitôt le doigt sur son extrémité supérieure, & on la retire avec la précaution de ne jamais lui faire toucher le goulot du flacon, pour ne pas y déposer du liquide : le flacon contenant la dissolution doit être léger, & ne contenir au plus que le double de la quantité de dissolution présumée nécessaire pour opérer la précipitation, afin de moins charger la balance qui doit en faire connoître le poids, & obtenir par conséquent plus de précision. On pèse le flacon avec sa pipette & son bouchon avant la précipitation, & on le pèse de nouveau après. On ne doit pas compter la dernière goutte, & on doit même prendre la moitié de celle ajoutée avant, & qui a terminé la précipitation. Pour faire cette correction, on fait tomber de la pipette cinquante gouttes, par exemple ; on en prend le poids, & on le divise par cinquante pour avoir celui d’une goutte.

Le nitre & le soufre étant déterminés l’un & l’autre avec précision, on obtient le charbon en retranchant leur poids de celui de la poudre soumise à l’analyse.

On a conseillé d’employer le carbonate de potasse, parce qu’il se pulvérise & se mêle mieux avec la poudre ; mais on peut aussi se servir de la potasse caustique. Dans ce cas, il est nécessaire d’ajouter un peu d’eau pour la dissoudre, & de chauffer doucement jusqu’à ce que cette eau soit évaporée, afin d’éviter les jets qui pourroient faire perdre un peu de matière. Enfin, on peut aussi employer, au lieu de capsule de platine, une capsule, un matras & même un tube de verre : à la vérité le verre se fend presque toujours par le refroidissement, mais il n’en résulte aucune perte. (Extrait des Annales de Chimie & de Physique, année 1821.)

Analyse du bronze. Comme on doit toujours faire précéder l’analyse d’un alliage de quelques essais, pour reconnoître la présence des métaux étrangers qui l’altèrent assez souvent, voici la marche qu’on pourra suivre à l’égard du bronze.

1°. On reconnoîtra la présence du cuivre par l’ammoniaque, qui a la propriété de colorer les dissolutions nitriques & sulfuriques du cuivre, en beau bleu céleste.

2°. Celle de l’étain, par l’acide nitrique, qui l’oxide avec rapidité. On distinguera l’étain de l’oxide d’antimoine, en ce que la dissolution muriatique du premier ne précipite pas par l’eau, pourvu qu’il y ait excès d’acide.

3°. Celle du zinc, par la propriété qu’il a d’être précipité en blanc par les alcalis de ses dissolutions sulfurique, nitrique & muriatique. Un excès d’alcali redissout ces précipités.

Les prussiates & les hydrosulfures les précipitent également en blanc.

4°. Celle du plomb, par l’acide sulfurique, qui le précipite en poudre blanche, à l’état de sulfate de sa dissolution nitrique.

5°. Celle du fer par l’aiguille aimantée.

6°. Celle de l’arsenic, par l’acide nitrique, qui fera passer ce métal à l’état d’acide arsenique. On saturera avec la potasse, & on versera de l’acétate de plomb dans la liqueur, où il se formera un arséniate de plomb insoluble.

7°. Celle de l’antimoine, par l’acide nitrique, qui oxide également l’étain en poudre blanche ; mais on distingue facilement ces deux oxides en les traitant au chalumeau : celui d’étain y est fixe, & celui d’antimoine, au contraire, se volatilise en répandant une forte odeur d’ail.

On ne peut confondre l’antimoine qu’avec le bismuth ; mais il est aisé de reconnoître ce dernier par la rapidité avec laquelle il se dissout dans l’acide nitrique, tandis que l’antimoine ne fait que s’y oxider, & demande l’eau régale pour se dissoudre.

8°. Enfin, les dissolutions de bismuth & d’antimoine précipitent par l’eau, après avoir rapproché la liqueur & dégagé l’excès d’acide. Il n’y a que ces deux métaux & le tellure, qui aient cette propriété ; mais le bismuth précipite en noir par l’hydrogène sulfuré, l’antimoine en jaune orangé, & le tellure en jaune doré.

Nota. On fera toutes les dissolutions à froid & à chaud dans de petits matras de verre à longs cols, & l’on se servira de capsules de porcelaine ou d’argent pour les évaporations, selon le cas. L’on n’emploira que des réactifs très-purs, & de l’eau distillée ou de pluie qui ne précipite pas par le nitrate d’argent ni par l’oxalate de potasse.

On sépare les précipités des dissolutions qui les contiennent, par la filtration. A cet effet, on se sert de deux filtres de papier non collé ; ils doivent être exactement de même poids, afin que celui extérieur puisse servir de tare, & l’on doit laver à petites eaux le précipité que le filtre intérieur contient, jusu’à ce que la liqueur qui passe soit insipide & incolore.

La dessiccation des précipités doit toujours se faire à une chaleur de 60 à 70 degrés centigrades. Avant de faire la dissolution d’un alliage, on doit le réduire, avec un ciseau ou un laminoir, en morceaux les plus minces possibles.

Procédé d’analyse. On considéra d’abord le cas le plus simple, c’est-à-dire, celui où l’alliage ne contient que du cuivre, de l’étain & du zinc.

A. On traitera 10 à 20 grammes de l’alliage, par l’acide nitrique à 22 degrés environ. Il se formera des nitrates de cuivre & de zinc solubles, & l’étain restera à l’état d’oxide dans le matras.

On filtre ensuite, on lave le précipité contenu dans le filtre, jusqu’à ce que la liqueur qui passe ne soit plus colorée par l’ammoniaque ; on fait


sécher dans une étuve ou dans une capsule, & le poids de l’oxide fait connoître celui de l’étain, sachant que 140 d’oxide représentent 100 de métal.

B. Pour séparer le cuivre du zinc, on fera chauffer la dissolution dans une capsule de porcelaine, & l’on en précipitera le cuivre par une lame de zinc qu’on aura pesée avec soin. On filtre, on lave & l’on sèche, & le poids du cuivre fera connoître celui du zinc.

C. On peut aussi avoir le zinc en le précipitant des eaux de lavage (où il est resté à l’état de nitrate), par le carbonate de soude ou de potasse. On filtre, on lave & on sèche, & le poids du carbonate de zinc (déduction faite de celui qu’on a employé pour précipiter le cuivre) donnera celui du métal, sachant que 130 de ce sel représentent 100 de zinc métallique.

Cas dans lequel l’alliage contiendroit du plomb. — Nota, On reconnoît à la cassure les cuivres jaunes où il entre du plomb ; celle de laiton, qui n’en contient pas, ne perd rien de son éclat métallique, au moins pendant quelques semaines ; tandis que la cassure de celui qui en renferme même un ou deux centièmes, noircit bientôt après avoir été faite, & passe d’un jaune citrin assez beau, à celui d’un jaune sale.

D. Après avoir séparé l’étain, comme il a été dit en A, on versera la liqueur de l’acide sulfurique en excès, pour tout convertir en sulfate ; le sulfate de plomb seul se précipitera, & son poids, après avoir été filtré, lavé & séché, fera connoître celui du métal. (139, 5 de sulfate de plomb bien séché, représentent 100 de plomb métallique.)

E. On séparera ensuite le cuivre du zinc, en se servant d’une lame de fer bien décapée & pesée avec soin, ou bien comme il a été dit B & C ; mais on précipite plus facilement le cuivre, des dissolutions sulfuriques que de celles nitriques, & ce dernier moyen est préférable quand on veut déduire de suite la quantité de zinc de celle du cuivre trouvé.

Cas dans lequel il y aurait, outre le cuivre, le zinc & l’étain, du plomb & du fer. On connoît la manière de séparer les cinq premiers métaux ; on pourroit aussi obtenir le fer de la dissolution nitrique, comme on le verra plus bas ; mais il paroît plus simple d’en déterminer les proportions par la méthode suivante.

F. On fera dissoudre une portion de l’alliage dans l’acide nitro-muriatique. Une grande partie du plomb se sépare, on précipite le reste par l’ammoniaque mis en excès, pour redissoudre le cuivre, le zinc & l’arsenic (s’il y en a) ; on obtient ainsi un précipité qui ne contient plus aucun de ces métaux. On le traite par l’acide nitrique à 22° mis en excès, pour empêcher l’oxidation du fer, & on filtre pour séparer l’étain. On fait bouillir ensuite la dissolution à plusieurs reprises, pour oxider fortement le fer, & le précipiter en poudre rouge. Quand tout le fer est ainsi séparé, on le lave, on le sèche & on le pèse. (100 d'oxide de fer, par l'acide nitrique, donnent 55,75 de fer métallique.)

G. Comme il se rencontre quelquefois des alliages plus compliqués que ceux dont on vient d'indiquer l'analyse, on a cru devoir donner une méthode générale, au moyen de laquelle on pourra déterminer la composition de tous ceux en usage dans l'artillerie, quel que soit le nombre de métaux étrangers qu'ils contiennent.

Alliage contenant huit métaux, savoir : cuivre, zinc, étain, plomb, fer, antimoine, bismuth & arsenic. H. On traitera d'abord par l'acide nitrique à 22°, & lorsque cet acide n'aura plus d'action sur l'alliage, on trouvera au fond de la dissolution, l'étain & l'antimoine oxidés, & une portion de fer & de bismuth à l'état d'arséniate. (100 d'oxide d'antimoine par l'acide nitrique, représentent 62,8 de ce métal, & 100 d'oxide de bismuth, 89,88.)

I. On traitera par l'acide muriatique ce qui n'aura pas été dissous par l'acide nitrique.

K. La présence de l'arsenic oblige à reprendre une nouvelle quantité d'alliage, que l'on traite par la potasse nitratée dans un creuset d'argent. On filtre & on lave pour séparer l'arséniate de potasse ; on sature l'excès de potasse par de l'acide nitrique, afin de séparer une petite quantité d'oxide d'étain, d'antimoine, de zinc & de plomb, que cet excès de potasse auroit pu dissoudre. On versera de l'acétate de plomb dans la dissolution, & il se précipitera un arséniate de plomb, qui, lavé & séché, représente 19, 15 d'arsenic pour 100.

Il faut bien prendre garde de ne pas mettre d'acide nitrique en excès, car il se formeroit du nitrate de plomb, & par suite de l'arséniate de ce métal.

L. Si l'on examine maintenant la dissolution muriatique I, on verra qu'elle contient l'antimoine, l'étain & le fer ; on rapprochera la liqueur pour en dégager un peu d'acide, si elle en contenoit un trop grand excès, & l'on précipitera l'antimoine par leau ; il se précipitera aussi un peu d'étain avec, à cause de leur affinité.

M. Pour séparer le muriate d'étain de l'oxide d'antimoine, oxide qui retient un peu d'acide muriatique, on le fera passer au maximum par l'acide nitrique, & alors on sublimera. Le muriate d'antimoine seul se sublimera, parce que le muriate d'étain, au maximum, n'est pas volatil.

N. Quant au fer & à l'étain, qui sont dissous dans l'acide muriatique, on les précipite par l'ammoniaque & on les sépare par l'acide nitrique, ou mieux encore, par la potasse caustique qui dissout seulement l'étain.

O. Reste la dissolution nitrique H, qui contient le bismuth, le zinc, le cuivre, le fer & le plomb.

P. On précipitera le bismuth par l'eau ; le plomb, par l'acide sulfurique, dont on mettra un excès pour faire passer à l'état de sulfate ; on précipite le cuivre par une lame de fer bien décapée & bien pesée ; & le zinc & le fer, par la potasse caustique, dont un excès redissout le zinc. seulement ; enfin, on précipite celui-ci par le carbonate de potasse, après avoir saturé la solution dans cet alcali.

Cette analyse a été extraite par M. Duffaussoy, chef de bataillon d'artillerie, des cours & expériences de MM. Vauquelin, Thenard, Gay-Lussac & d'Arcet. (Voyez, pour plus de détails, le beau Traité de Chimie par M. Thenard.)

ANCRE. Machine en fer qu'on jette au fond des fleuves pour fixer les ponts militaires ; elle se compose d'une barre de fer nommée verge, de deux bras ou pièces courbes soudées au bout de la verge, formant un arc de cent vingt degrés, dont le centre est au tiers de la verge & dont les extrémités sont soudées avec une patte ou morceau de fer plat de forme à peu près triangulaire & la partie supérieure de la verge est percée d'un trou pour recevoir l'organeau ou anneau auquel on amarre le cordage. Deux jumelles en fer, nommées jas, embrassent le sommet de la verge. Elles sont réunies par six chevilles en quinconce & par deux frettes fixées par des caboches à trois pouces de chaque bout. La direction du jas est perpendiculaire à celle des bras. La longueur du cordage d'ancre doit être telle que la tension contre l'organeau agisse de haut en bas.

Pour éprouver une ancre, on l'arrête solidement dans le sens où elle doit faire effort, & l'on tire dessus avec un cabestan, au moyen d'un cordage ayant les mêmes dimensions que celui dont on doit faire usage pour l'emploi de l'ancre. On tend ce cordage autant qu'il est possible, sans le faire rompre ; si l'ancre résiste à cet effort & qu'elle ait d'ailleurs les dimensions prescrites, elle est reçue pour le compte de l'artillerie.

ANGE ou BOULETS RAMÉS. Demi-boulets joints par une barre de fer, en usage dans la marine pour détruire les mâts, les cordages & les manœuvres des vaisseaux ennemis. {Voyez Boulets à deux têtes, boulets barrés ou ramés, Boulets coupés ou séparés, &c.)

ANGLE de mire. C'est l'angle que fait la ligne de mire avec la ligne de tir, ou l'axe prolongé de la pièce. {Voyez l'article Tir des armes a feu.)

ANGON ou CORSÈQUE. Javelot à trois fers, l'un droit, les deux autres recourbés en dehors, unis sur la douille par une clavette.

ANGUILLES. Pièces de bois placées en avant & en arrière des radeaux, servant à maintenir leur écartement lorsqu'on en forme des ponts. (Voyez le mot Traversière.)

ANIME. Sorte de cuirasse ancienne. (Voyez le mot Brigandine.)

ANISOCYCLE. Machine de forme spirale comme le ressort d'une montre, qui, en se débandant, lançoit des flèches au loin.

ANNEAU. On donnoit ce nom à une figure de serpent que l'on passoit au fer de la lance pour le tournoi, & à la boucle fermant une courroie.

Anneaux de fil de fer. Ils servent à suspendre le sabre de cavalerie au ceinturon, & le mousqueton au porte-mousqueton. Il y en a deux à chacune de oes armes.

ANSES des pièces d'artillerie. Ce sont des anneaux en forme d'étrier, dans lesquels on passe des leviers ou des cordages pour manœuvrer les pièces. Les canons & les obusiers en bronze ont deux anses ; les mortiers du même métal n'en ont qu'une, & les pièces en fer n'en ont pas. Les bombes ont aussi des anses pour aider à les placer dans le mortier. (Voyez ie mot Bombe.)

ANSPET ou ANSPECT. Pince ou levier en fer, dont on se sert sur les côtes pour la manœuvre des bouches à feu.

APPELER. Se dit du son que rend la platine d’un fusi. lorsqu’on la fait jouer.

APPROVISIONNEMENS d’artillerie. Ce sont les armes & les munitions de guerre que l'artillerie confectionne, soit pour son service, soit pour celui des autres corps de l'armée.

L'approvisionnement d’une place consiste dans la quantité de bouches à feu, d'armes portatives & de munitions qui sont nécessaires pour soutenir un siége.

Les approvisionnemens des places sont fixés, au commencement de la guerre, en défensive,

Sur les frontières continentales :

Première ligne, au pied complet de siége.

Seconde ligne, au demi, idem.

Troisième ligne, au tiers, idem.

Et sur les frontières maritimes :

Les places des îles adjacentes à a côte, au complet.

Les places de la côte, au tiers, à cause des ressources que les magasins de la marine & du commerce offrent en cas d'urgence.

En offensive, en avant de la frontière.

Première ligne, au pied complet de siége.

Seconde ligne, au tiers pour le plus grand nombre des objets, mais au complet pour ceux dont le l’assemblement est long & difficile.

Les places de grand dépôt qui se trouveroient sur la seconde ligne, aux deux tiers.


Troisième ligne, aucun approvisionnement pour le cas de siége.

L'armement en artillerie sera :

Pour les places de premier ordre, de cent à cent cinquante bouches à feu.

Deuxième ordre, de soixante-dix à quatre-vingt-dix.

Troisième ordre, de quarante à soixante.

Pour les forts & postes, de douze à quarante.

L'armement d'un front d'hexagone régulier sans extension de dehors, est fixé à quarante-huit canons, dont moitié de gros calibre.

Si la place est susceptible de deux attaques simultanées, il y aura une augmentation de moitié en sus pour le canon de place.

Quelque soit le nombre des attaques présumées, il sera joint à cet armement douze pièces de bataille.

Bases des approvisionnemens d’artillerie dans une place, supposée hexagonale, sans extension de dehors, & attaquable sur un seul front.

Quarante-huit pièces de canon de place, dont moitié des gros calibres (un quart à un sixième en pièces de 24, le reste en pièces de 16), & l'autre moitié des trois petits calibres, à peu près en égal nombre de chacun.

Douze pièces de bataille, dont les deux tiers de 4, qui seront employées dans les sorties & dans les chemins couverts.

Mortiers, pierriers, obusiers, moitié du nombre de canons, dont un demi en mortiers de gros calibre, un quart ou six pierriers, & un quart ou six obusiers.

Armes portatives, fusils de rempart, foixante.

Fusils d'infanterie, un par fantassin pour rechange.

Mousquetons, cent pour rechange.

Paires de pistolets, vingt-cinq pour rechange.

Sabres d'infanterie, deux de rechange pour cent hommes de la garnison.

Sabres de cavalerie, un cinquième du nombre des cavaliers.

Affûts & armemens, affûts à canon, quatre pour trois pièces.

Avant-trains, au cinquième du nombre des pièces.

Châssis de plate-forme, autant que d'affûts.

Châssîs de transport, autant que d'avant-trains.

Affûts à mortiers de gros calibre, un & demi du nombre des mortiers.

Affûts de petits calibres & de pierriers, un & quart du nombre de ces bouches à feu.

Affûts d'obusiers, trois pour deux obusiers.

Plates-formes des bouches à feu, autant que d'affûts.

Armement & assortiment des bouches à feu, autant que d'affûts.

Projectiles, boulets, neuf cents par pièce de place, dont moitié en boulets creux par pièce de 24. Projectiles, boulets, quatre cents par pièce, de bataille.

Bombes, cinq cents par gros mortier.

Idem, six cents par petit mortier.

Obus, cinq cents par obusier.

Paniers & plateaux de pierriers, de chacun mille quarante par pierrier.

Pierres pour pierriers, huit toises cubes par pierrier.

Cartouches à balles pour canons, trente par pièce de 24 & de 16.

Idem, soixante-quinze par pièce de 8 & de 4 de place.

Idem, deux cents par pièce de bataille.

Idem, quinze par obusier.

Trois mille grenades de rempart.

Vingt mille grenades à main.

Fusées à projectiles creux, un quart en sus du nombre de ces projectiles.

Plomb pour balles de fusil, trente livres par arme à feu portative de rechange.

Pierres à fusil, cinquante par arme à feu portative de rechange.

Poudre pour canons, un tiers du poids des boulets & des cartouches.

Pour gros mortiers, cinq kil. par bombe.

Pour petits mortiers & obusiers, un kil. & demi par bombe, obus & cartouche.

Pour pierriers, six cent kil. pour chaque pierrier.

Pour grenades de rempart, un kil. & trois quarts par grenade.

Pour grenades à main, un quart de kil. par chacune.

Pour armes à feu portatives, sept kil. & demi par chacune.

Pour mines, artifices & déchet, un dixième de la somme des quantités précédentes.

Voitures, chariots à canon, un par dix pièces.

Caissons pour pièces de campagne, un par pièce.

Charrettes, une par quatre bouches à feu.

Camions, un par six mortiers de huit, pour pierriers & obusiers.

Tombereaux à bras, huit.

Traîneaux, quatre.

Triqueballe, un par seize pièces.

Forges approvisionnées, deux.

Brouettes ordinaires, vingt-quatre.

Brouettes à bombe, dix-huit.

Civières, vingt -quatre, des trois espèces également.

Engins à lever & à peser, chèvres, cinq.

Crics, quatre.

Cabestans, quatre.

Leviers, dix par pièce, outre l'armement.

Romaines, deux.

Cordages, câbles de chèvre, six pour cinq chèvres.


Prolonges doubles, deux par chèvre.

Prolonges simples, six par chèvre, & une de rechange par deux canons de bataille.

Traits à canon, six par chariot à canon.

Traits de manœuvre, huit par chèvre.

Traits de paysans, autant que des deux autres espèces ensemble.

Menus cordages, cinquante kil. par soixante-douze bouches a feu.

Bois de remontage, paires de flasques, une pour deux pièces.

Heurtoir de châssis, un pour quatre pièces.

Semelle de châssis, une par pièce.

Paires de roues en blanc, une pour deux pièces.

Paires de moyeux, une pour quatre pièces.

Rais, dix par pièce.

Jantes, cinq par pièce.

Semelles d'affûts, une par six pièces.

Essieux en bois, un par quatre pièces.

Bois pour chapiteaux, portières, &c., six cents mètres.

Manches d’outils, deux tiers du nombre de leurs outils respectifs.

Bois à sabots pour les obus & pour les boulets.

Fers, essieu de fer, un par trois pièces de bataille.

Vis de pointage d'affût de bataille, deux pour chacun des calibres qu'on a.

Idem, d’affût de place, une par six pièces.

Ecroux pour vis, moitié du nombre des vis.

Roues ferrées, une pour quatre affûts.

Hausses de pointage de rechange, une pour dix bouches à feu, de celles qui en ont.

Flasques de mortiers, un par six affûts.

Rechange des armes à feu portatives, bois d’armes à feu portatives, cent par mille de ces armes.

Platines pour idem, cent par idem.

Pièces assorties non limées, quatre mille, idem.

Matières & artifices, salpêtre, huit cent kil. par soixante-douze bouches à feu..

Soufre, un tiers du salpêtre.

Poix noire, idem.

Poix blanche, idem.

Goudron, vingt tonnes par soixante-douze bouches à feu.

Cire, autant que de soufre.

Suif, un demi du poids du soufre.

Térébenthine, huiles de lin, d'afpic, dix kil. de chacune.

Borax, cinq kil.

Camphre, trois kil.

Ustenfiles d'artifices, l’approvisionnement de deux caissons.

Ustensiles à boulets rouges, deux assortimens.

Artifices préparés, mèches, cinquante kil. par bouche à feu, & par trente jours de siége & d'investissement.

Balles à feu, trois cents. Tourteaux goudronnés, huit mille six cent quarante.

Fusées de signaux, cent.

Roche à feu, vingt-cinq kil.

Carcasses (six par pierrier), trente-six.

Torches, cent.

Assortiment d’outils, outils à pionniers, six cents, dont cinquante pics à roc, cent cinquante pics à boyaux, & quatre cents pelles, tant rondes que carrées.

Niveaux, cent (un & un quart du nombre des bouches à feu).

Dames, deux cents.

Masses, deux cents.

Outils d'ouvriers d'artillerie, le double de l'assortiment nécessaire à une escouade d'ouvriers.

Outils d armuriers, un assortiment pour huit platineurs & quatre monteurs.

Outils tranchans, un par canonnier, dont un tiers en haches & deux tiers en serpes.

Scies de différentes espèces, un dixième du nombre des canonnière.

Métaux, fer neuf 9 mille kil.

Ecroux, un sixième de fer neuf.

Clous, un sixième de fer neuf.

Acier, un tiers du poids des clous.

Tôle, vingt feuilles.

Fer-blanc 9 deux cent cinquante feuilles, & plus, si l’on tire à boulets ensabottés.

Ustensiles à couler les balles de plomb, chaudières pour fondre le plomb, deux, & le double, s'il est en saumons.

Cuillers de fer, trois par chaudière.

Moules à faire une livre de balles, six par chaudière.

Cisailles pour ébarber, deux, idem.

Cribles pour les balles, dits passe-balles, deux dans tous les cas.

Barils pour rouler les balles, deux, idem.

Approvisionnemens divers, une machine à remettre les grains de lumière.

Une étoile mobile, & un chat pour la vérification des pièces.

Charbon de terre, cent quintaux par forge.

Sacs à terre, cinq cents par pièce.

Papier, une feuille par coup de canon, de mortier, d'obusier, de pierrier ; & pour cartouches à fusil, deux mains par cinquante cartouches.

Réchauds de rempart, deux par pièce.

Tour à tourner les sabots.

Menus achats, un assortiment comme pour un équipage de siége, dans les objets qu'on ne pourra au besoin trouver dans la place.

Saucissons, gabions, &c, Saucissons, dix par canon, s'ils sont sur affûts de place, quatorze, s’ils sont sur affûts de siége, dix par mortier, obusier & pierrier.

Gabions, trente-deux par traverse, dix traverses par quarante-huit canons.


Piquets, non compris ceux des gabions, cinq par saucisson, huit par bouche à feu pour pateformes.

Claies, deux par saucisson, manquant au nombre nécessaire à l'artillerie.

(Voyez à l'article d'Équipages d’artillerie, les approvisionnemens nécessaires pour la guerre de campagne, de siége & de montagne, ainsi que pour les ponts militaires.)

ARBALÈTE, arme de trait. C’est en quelque sorte un arc composé, portant plus loin & plus juste qu'un arc simple. Elle étoit principalement composée d'un arc en acier, monté sur un fût en bois appelé arbrier, d'une corde, d'une noix & d'une détente. Il falloit un grand effort pour la bander : ce qui avoit lieu au moyen d'un levier en fer ou d'un tourniquet, &c.

Il y avoit différentes fortes d'arbalètes, par rapport à leur forme, à leurs proportions & à la manière de les bander. L'arc des arbalètes de main avoit depuis 0 met. 64 (2 pieds) jusqu'à 1 met. 13 (3 pieds 6 pouces) de longueur ; mais celles destinées à la défense des places avoient jusqu'à 4 met. 86 (15 pieds). (Voyez le mot Ribandequin.)

On en faisoit usage à la guerre & à la chasse. Il paroit qu'elles n'étoient pas connues des peuples de l'antiquité, quoiqu'ils en eussent le type dans la baliste, & l'on ne sait pas l'époque où l'on a commencé à en faire usage en France ; mais il est fait mention d'arbalétriers dans la vie de Louis-le-Gros, mort en 1137.

Les traits quon lançoit avec les arbalètes à main, ne différoient guère de ceux qui servoient pour les arcs. On lançoit aussi des cailloux, des balles en plomb & en fer, avec des arbalètes qu'on appeloit à jalet.

L'usage des arbalètes se conserva encore longtemps après l'invention des arquebuses, même lorsqu'elles eurent été perfectionnées & rendues plus maniables qu'elles ne l’étoient dans l'origine. Ce ne fut que vers la fin du seizième siècle que cette arme fut entièrement abandonnée en France. L'ignorance de ces temps, dans les arts mécaniques, fut cause qu'on ne reconnut pas alors la supériorité des armes à feu sur celles dont on faisoit usage. « Montaigne a dit que les armes à feu sont de si peu d’effet, sauf l'étonnement des oreilles, à quoi chacun est désormais apprivoisé, qu'il efpère qu'on en quittera l'usage. »

ARBALÉTRIER. On appeloit ainsi un fantassin ou un cavalier armé d'une arbalète. Il y avoit autrefois, dans chaque ville, des compagnies d'arbalétriers bourgeois patentés, s'exerçant au tir des arbalètes. Elles ont été remplacées par des compagnies d'arquebusiers, quoique dans quelques pays elles aient existé long-temps ensemble ; mais tous ces jeux ont insensiblement disparu, & il n’existe plus en France de compagnies d'arquebusiers organisées comme elles l’étoient anciennement.

ARBRE DE LA NOIX. Cest le pivot rond qui entre dans le corps de la platine ; son extrémité qui porte le chien est carrée.

Arbre du noyau des projectiles creux. Il a trois parties distinctes, 1°. la partie supérieure ou la queue, qui est arrondie & d'une longueur indéterminée, portant, à une distance du bourrelet à peu près égale à la hauteur de la barette, une mortaise destinée à recevoir une clavette. Elle est aplatie à son extrémité, pour donner prise au carré de la manivelle, qui sert à lui imprimer le mouvement de rotation dans la formation du noyau ; 2°. le bourrelet pareil à celui de l’arbre du modèle ; 3°. la partie inférieure ou la tige, de forme carrée & d'une longueur égale à la distance de l'ouverture extérieure de l’œil au culot moins 0 mèt. 009 à 0 met. 011 (4 à 5 lig.), sur laquelle sera formé le noyau. Cette dernière partie a dans sa longueur une ou deux mortaises, dans lesquelles on a introduit des morceaux de bois ou de petites plaques de fer minces, pour soutenir la terre de ce même noyau lorsqu'il doit être d'une certaine grosseur. Elle conserve à son extrémité l’enfoncement conique de la pointe du tour. Le bourrelet de l'arbre & une longueur de 0 met. 027 (1 pouce) environ du côté de la queue doivent être tournés. Il y a en outre, dans la longueur de cet arbre, une rainure assez profonde, d'une ligne & quelques points de largeur, qui passe sous le bourrelet & se prolonge jusqu'au bout de la tige. Cette fente est destinée à contenir un fétu de paille, dont une partie se trouve enveloppée par la terre du noyau, & qui, consumé lors du recuit, prépare entre le centre de ce noyau & l'air extérieur une communication dont le but est de favoriser l’issue des vapeurs, & d'éviter par ce moyen les soufflures.

ARBRIER. Bois sur lequel portoit le trait de la baliste ou de l’arbalète.

ARC. C’est une des premières armes employées par les hommes, d'abord en bois élastique, puis en acier. Il est formé par une branche légèrement courbée, dont une corde, ordinairement à boyau, réunit les deux bouts.

Les Anciens fabriquoient leurs arcs avec du bois d'if ; & de tout temps ce bois a été préféré aux autres, pour cet usage, à cause de sa roideur & de son élasticité. A son défaut ils faisoient usage du cormier, de l'ormeau, du frêne, de l'érable & du mûrier. Il y en avait de diverses dimensions, suivant la force & la taille des hommes. Homère parle d'arcs qui avoient en longueur seize largeurs de main, un peu plus de 1 mèt. 62 (5 pieds).


Le chanvre & la soie étoîent les matières le plus ordinairement employées pour faire la corde ; cependant on se servoit aussi de cordes à boyaux & de celles de crins de cheval. Quant aux flèches elles se faisoient de toutes fortes de bois, & quelquefois de roseau. (Voyez le mot Flèche.)

De tous les peuples de l'Europe, les Anglais sont ceux qui ont fait le plus long-temps usage de l'arc, comme arme de guerre & comme arme de chasse. Ils avoient encore des archers au siége de l'île de Ré, en 1627. Enfin, pendant la campagne de 1814, les baskirs de l'armée russe se servoient d'arcs contre l'armée française.

ARCHET ou PETIT ARÇON. Instrument d'acier, de fer ou de baleine, servant, au moyen d'une corde qu'on attache à chaque bout, à faire tourner les forets lorsqu’on veut faire des trous.

ARCO. Cuivre jaune, synonyme de laiton dans les manufactures d’armes ; mais proprement l'arco est le métal qu'on extrait des cendres & des crasses dans les fonderies de laiton.

ARÇON. Outil en acier servant aux armuriers à percer des trous au moyen de la boite à foret.

ARÊTE de lame de sabre. Partie éminente de la lame du sabre suivant sa longueur.

Arêtes vives. Pour ne pas déchirer les vêtemens des soldats dans le maniement des armes, on arrondit, à la lime, les têtes des vis qui ne sont pas à tête noyée & les arêtes vives des pièces de garniture qui ne sont pas encastrées dans le bois.

ARGILE. Substance terreuse, très-réfractaire & la plus convenable pour servir de base à la pâte dont on fait le moule des bouches à feu : humide, elle a le liant nécessaire pour recevoir les formes qu'on veut lui donner : mise au feu, elle devient compacte & très-dure, mais elle y prend trop de retrait & s'y gerce : on, mêle, 1°. du fable pour diminuer son liant & son retrait, parce que le sable divise & est incoercible au feu ; 2°. du crotin de cheval servant à lier les couches d'argile & à diminuer par-là les gerçures ; 3° de la bourre (fubstance animale) pour servir aussi à la liaison des terres.

L'argile & le sable n'ayant pas toujours au même degré leurs propriétés générales, à cause des substances qui sy trouvent mêlées, il ne faut les combiner que d'après des expériences ; & dans leur choix, il convient de rejeter l'argile & le sable qui contiennent des substances métalliques qui pourroient, en leur servant de fondant, opérer la fusion des moules. Il faut aussi rejeter les sables. limoneux, parce qu'ils ne diviseroient pas assez l'argile.

ARGOULET. Ancien cavalier armé. On nomme ainsi, dans les fabriques du pays de Liége, des fusils de pacotille qu’on destinoit à la traite des nègres.

ARMEMENT. On nomme ainsi toutes les armes des soldats, prises collectivement, & ce qui sert à les contenir, comme fourreaux de sabres & de baïonnettes. (Voyez l'Encyclopédie méthodique, Art militaire.)

Armement des bouches à feu. On donne ce nom à l'ensemble de toutes les pièces nécessaires au service des bouches à feu. Ces armemens sont le boute-feu, le dégorgeoir, le doigtier, l'écouvillon, le refouloir, le tire-bourre, la lanterne, les leviers, le porte-lance, le chasse-fusée, le crochet à bombes, la curette, les éclisses, le quart de cercle, la spatule, le tire-fusée. (Voy, ces mots.)

Armement d'honneur. On donnoit, dans les quinzième & seizième siècles, le nom d’armement d’honneur aux pièces de l'armure d'un guerrier, à la perte desquelles le déshonneur étoit attaché. Celui qui perdoit par lâcheté dans un combat, ou son épée ou son bouclier, étoit noté d'infamie. Les pièces qui composoient l’armement d'honneur étoient données à celui qui les recevoit pour la première fois, avec beaucoup de pompe au milieu d'un cérémonie publique. Elles étoient de même arrachées, avec des cérémonies humiliantes, à celui qui avoit mérité d'être dégradé.

ARMES. Instrumens de différentes formes & de différentes espèces, dont on se sert, soit pour attacher, soit pour se défendre. La nécessité où les hommes se sont trouvés de se défendre contre les animaux féroces, ou contre leurs semblables, a fait imaginer les armes. D'abord on s'est servi de bâtons, puis de massues ; on a aiguisé les premiers pour percer, on a chargé l'extrémité des secondes pour assommer. Les pointes & les massues ont été formées de différentes substances, parmi lesquelles les métaux ont occupé le premier rang, & parmi ceux-ci on a donné au fer une préférence que ses propriétés & ses qualités lui ont méritée.

Rompre une branche pour s'en faire un bâton, frotter une pierre pour la rendre tranchante & s'en faire une hache, s'en servir pour couper & écorcer du bois, écorcher un animal, en prendre les nerfs, faire une corde de ces mêmes nerfs, l'attacher à un bois dur & flexible & se servir du tout comme d'un arc, sont des actes qu'un homme en solitude peut exécuter sans être aidé de ses semblables : mais l'origine des armes faites avec des métaux purs ou alliés est inconnue, & on ne pourroit donner, que pour les temps modernes, l’histoire des révolutions quelles ont éprouvées. En effet, plus de vingt siècles avant l'ère chrétienne, suivant la Polyorcétique de M. Dureau de la Malle, les Egyptiens avoient des armées de


terre & de mer, régulièrement diciplinécs & pourvues d'armes offensives & défensives. Sous Ozias, 810 ans avant Jésus-Christ, les machines de trait, balistes, catapultes, &c., sont décrites positivement, quoiqu'il soit probable que l’invention en soit plus ancienne.

Les historiens sacrés & profanes, en parlant des héros de l'antiquité la plus reculée, s'accordent assez sur la beauté de leurs armes & sur le soin qu'ils prenoient de les embellir. Les armes de luxe de nos jours sont enrichies de pierreries, de métaux précieux & d'ornemens de toute espèce. Les armes ordinaires des troupes sont faites de fer, d'acier, de cuivre, de bois pour fûts & de cuirs pour fourreaux.

Armes d'hast. Armes offenfives, composées d'un fer tranchant ou pointu, monté sur un hampe longue, en bois léger. La pertuisane, la lance, la hallebarde, &c., sont des armes d'hast.

Armes blanches. On nomme ainsi toutes les armes dont les lames ont un tranchant ou une pointe. Le sabre & la baïonnette sont les seules armes blanches dont on fait maintenant usage à la guerre, indépendamment de l’épée. (Voyez ce mot.),

Armes défensives. Elles servent à couvrir & à défendre des coups de l'ennemi. La cuirasse, le casque & le bouclier sont des armes défensives.

Armes à feu portatives. Toute espèce d'armes composées principalement d'un tube, d'une platine & d'un fût, dont l'obiet est, avec le concours de la poudre & d'une balle, de frapper un but à d'assez grandes distances, se nomme arme à feu portative.

Armes des gardes du corps du Roi. Elles se composent d'un fufil, d'une paire de pistolets & d'un sabre.

Le fusil, modèle de 1816, est à canon tordu, long de 1mèt. 28 (38 pouces) ; calibre de 0 met. 017 (7 lig. 9 points) ; épaisseur au tonnerre 0 mèt. 03 (13 1ig. 9 points) ; platine du mousqueton, modèle de l'an 9, avec bassinet à cylindre & batterie ayant un léger retroussis ; garniture en cuivre rouge (similor ou or de Manheim, composé de 92 parties de cuivre rosette, 7 de zinc & 1 d’étain) ; pièce de détente à ailette ; pièce de pouce en cuivre, aux armes de France, portant l’inscription Gardes du corps du Roi ; baïonnette ordinaire ; longueur de l'arme, non compris celle la baïonnette, 1 mèt. 42 (52 pouc. 3 lig. 6 points) ; poids total 3 kil. 79 (7 liv. 12 onc. 4 gr.) ; prix total, 53 fr. 37 c., non compris la pièce de pouce qui est payée 0 fr. 60 c.

Le pistolet, modèle de 1816, est à canon tordu, long de 0 mèt. 207 (7 pouc. 5 lig.) ; calibre de 0 mèt. 016 (7 lig. 7 points) ; épaisseur au tonncrre 0 mèt. 025 (11 lig. 8 points) ; platine du pistolet de cavalerie, modèle de l’an 13 ; garniture en cuivre ; sous-garde comme au modèle de 1763, la pièce de détente étant à ailette ; calotte de forme elliptique, portant trois fleurs de lys en relief ; longueur de l’arme 0 mèt. 41 (14 pouc.) ; poids total 1 kilog. 12 (2 liv. 5 onc.) ; prix total de la paire, 55 fr. 26 c.

Le sabre, modèle de 1816, est à lame dite à la Montmorenci, mais de dimensions moins fortes, longue de 0 mèt. 93 (34 pouc. 5 lig.), portant sur le plat extérieur l’inscription Gardes du corps du Roi ; garde à quatre branches, portant les armes de France, avec poignée de peau de rouflette noircie, & d’un filigrane ; fourreau en tôle d’acier, avec garniture en cuivre doré ; longueur totale 1 mèt. 08 (41 pouc.) ; poids total 1 kilog, 65 (3 liv. 6 onc. 3 gr.) ; prix total, 76 fr. 84 c.

Armes de guerre. Ce sont celles dont les troupes anciennes & modernes ont été ou font armées. Les armes actuelles des troupes françaises sont le fusil, le mousqueton, le pistolet, le sabre & la lance. (Voyez ces mots.)

Armes d’honneur. Armes des modèles de guerre, garnies en argent & données en récompense d’action d’éclat avant la création de la Légion-d’honneur.

Armes de luxe. Ce font celles dont les particuliers se servent pour leur défense & pour la chasse. Ces armes font en général du même système que celles de guerre, mais elles sont beaucoup plus légères, n’étant pas destinées à faire un service aussi long, aussi habituel, ni à résister à d’aussi grands efforts.

Les armes de luxe de nos jours sont les fusils de chasse, les espingoles, les carabines, les pistolets de poche, d’arçon & de combat, les épées & les couteaux de chasse. Elles varient de formes suivant le goût des artistes & des amateurs.

Armes offensives. Elles servent à attaquer l’ennemi : le fusil, le sabre, l’épée, sont des armes offensives.

Armes à percussion. On entend par arme à percussion celles de chasse, dans lesquelles on fait usage, pour poudre d’amorce, d’un composé de muriate sur-oxigéné de potasse ou d’argent fulminant, &c. Il, en a de divers mécanismes, mais dans toutes l’amorce s’enflamme par le choc & communique rapidement le feu à la charge, ce qui est un grand avantage.

On n’emploie qu’un grain de cette poudre pour amorcer, & on ne s’en sert jamais pour la charge à cause de ses redoutables effets, si la quantité étoit un peu considérable. Cette charge est donc toujours en poudre ordinaire.

L’arc & l’arbalète ont été remplacées en France par les fusils à mèche & à rouet. Ceux-ci l’ont été


par les fusils à silex, & ces derniers le feront peut-être à leur tour par des fusils dits percutans. Il a été imaginé, dans ces derniers temps, plusieurs espèces de ces fusils, très-ingénieux, & dont les formes sont très-belles. On en a présenté pour modèle de guerre ; mais les conditions à remplir quant à la poudre d’amorce, font qu’elle n’oxide pas les armes, qu’elle ne soit pas d’une préparation difficile, qu’elle soit sans danger dans l’usage & le transport, & qu’elle ne soit pas susceptible de prendre facilement l’humidité. Le temps & le génie des artistes pourront remédier à ces inconvéniens ; il restera encore celui d’être obligé d’employer deux espèces de poudre pour la même arme. (Voyez Fusil a percussion.)

Armes pneumatiques. Les armes pneumatiques sont celles dont le canon se charge d’air, & dans lesquelles l’élasticité de ce fluide fait l’office de la poudre. Elles sont dangereuses dans la société, ce qui en fait proscrire l’usage. (Voy. Fusil a vent.)

Armes qui se chargent par le tonnerre. Depuis l’origine des armes à feu portatives, il en a existé de diverses espèces que l’on chargeoit ainsi ; toutes les nations en ont fait usage & les ont successivement abandonnées, malgré les avantages que comporte cette construction ; lesquels consistent dans la suppression de la baguette, dans une diminution de la charge, dans un recul moindre, & surtout dans la justesse & une supériorité de portée, attendu que l’on fait usage de balles qui, ayant un diamètre plus grand que le calibre, sortent forcées.

Les inconvéniens que présentent ces armes consistent principalement dans le défaut de solidité & dans un jet de feu nuisible à l’arrière du canon. (Voyez l’article Fusil de rempart.)

Armes tranchantes en cuivre. Les Grecs, les Romains, les Gaulois ont fait long-temps usage de cuivre pour leurs armes tranchantes : ils lui donnoient, au rapport de Pline, une trempe semblable à celle que nous donnons maintenant à l’acier. M. d’Arcet, célèbre par ses belles découvertes en chimie appliquée, m’a montré une lame de couteau de ce métal, qui est aussi dure & aussi élastique qu’une lame d’acier. Ayant fait des recherches sur la trempe du cuivre, ce chimiste a trouvé que si l’on fait rougir au feu du bronze en lame, & qu’on le jette dans l’eau froide, le métal devient mou & ductile ; & qu’en le faisant ensuite rougir & le laissant refroidir lentement, comme cela arrive après la coulée dans les moules de sable, il prend une grande dureté. Ce phénomène est précisément l’inverse de ce qui se passe dans la trempe de l’acier.

Le même chimiste ayant analysé des lames de sabres antiques, a trouvé, 1°. qu’elles ont été faites d’un alliage de 86 à 88 parties de cuivre & de 14 à 12 parties d’étain ; 2°. qu’elles ont la dureté, la pesanteur spécifique & toutes les autres propriétés du même alliage fait aujourd’hui ; 3°. que les Anciens rendoient le tranchant de leurs armes de bronze encore plus dur en l’écrouissant au marteau, ainsi que le font les faucheurs à l’égard des faux d’acier, ce qui est prouvé par l’empreinte du martelage & par l’augmentation de pesanteur spécifique qu’ont les tranchans de ces lames. La trempe dont parlent Pline & d’autres auteurs anciens, ne peut donc s’entendre que de l’art de durcir le cuivre par l’alliage & le martelage.

M. de Humboldt dit dans son Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne, tom. II, pag, 288 (en parlant du Mexique), que le cuivre étoit, de tous les métaux, celui qui étoit employé le plus communément dans les arts mécaniques. Il remplaçoit, jusqu’à un certain point, le fer & l’acier. Les armes, les haches, les ciseaux, tous les outils étoient faits avec le cuivre tiré des montagnes de Zacatollan & de Cohuixco. Un ciseau des anciens Péruviens a donné à l’analyse de M. Vauquelin 94 parties de cuivre, 6 d’étain. Sa pesanteur spécifique étoit de 8,815.

ARMET. Casque de fer, de la forme de celui appelé heaume, mais plus léger que celui-ci.

ARMONS. Ce sont, dans les avant-trains, deux pièces en bois encadrées dans le corps de l'essieu & dans la sellette qu’elles traversent, & qui vont en avant, en se rapprochant, jusqu’à ce qu’elles ne laissent entr’elles que l’espace nécessaire pour y loger la tête du timon ou le têtard de la limonière.

ARMURE, appelée quelquefois harnais par les anciens auteurs. C’est tout ce qui garantissoit le corps des coups de l’ennemi. Elle comprenoit le casque, le hausse-col, la cuirasse, les épaulières, les brassards, les goussets, les gantelets, les tassettes, les cuissards, les genouillères, les grêves. Le Musée de l’artillerie à Paris possède celles de François Ier., de Louis XIV, de Godefroi de Bouillon, de Jeanne d’Arc, &c.

ARMURIERS. Ouvriers qui fabriquoient autrefois les armures. On appelle encore ainsi quelquefois ceux qui fabriquent ou vendent des armes à feu portatives, c'est-à-dire, les arquebusiers. Enfin, on appelle armuriers les ouvriers qui entretiennent & réparent les armes dans les régimens. Ils sont ordinairement au nombre de trois dans un régiment d’infanterie, dont un maître & deux compagnons. Il n’y a qu’un maître & un compagnon dans un régiment de cavalerie.

La création des armuriers dans les régimens de l’armée française date de 1776. C’est une heureuse idée, car quand on fait chaque jour les réparations des armes, elles sont moins considérables & moins


coûteuses ; mais pour mieux remplir le but, il faudroit que les armuriers fussent eux-mêmes intéressés à bien faire ces réparations, & pour cela, il faudroit faire avec eux un abonnement, au moyen duquel les réparations seroient à leur compte, sauf celles qui proviendroient de défaut de soin & de la mauvaise volonté des soldats. Avant de les recevoir dans les corps, il faudroit exiger qu’ils fissent leurs chefs-d’œuvre de platine & de monteur-équipeur, qu’ils connussent l’art de tremper les pièces par cémentation & à la volée, &c.

ARQUEBUSE a croc. C’est la plus ancienne des petites armes à feu. Il falloit deux hommes pour l’exécuter. C’étoit un canon de la forme de celui d’un fusil, mais plus long, plus renforcé & d’un plus grand calibre. Il étoit porté par un chevalet en nois & retenu par un croc. On y mettoit le feu avec un boute-feu. Il y en avoit de i mèt. 29 (4 pieds) & de i mèt. 71 (5 pieds 4 pouc), pesant de 24 à 48 kilog. (de 50 à 100 liv.)

Arquebuse à mèche. Cette arme étoit principalement composée d’un fût, d’un canon & d’une platine. La platine étoit d’un mécanisme très-simple ; elle portoit, à son extrémité inférieure, un chien nommé serpentin, à cause de sa forme, entre les mâchoires duquel s’assujettissoit une mèche. En pressant avec la main une longue détente, on faisoit jouer une espèce de bascule intérieure qui abaissoit le serpentin, garni de sa mèche allumée, sur le bassinet où il mettoit le feu à l’amorce. Comme cette arquebuse étoit encore fort pesante, le soldat qui en étoit armé portoit en même temps un bâton ferré par le bas, pour le fixer en terre, & garni par le haut d’une fourchette ou béquille, sur laquelle il appuyoit son arme pour ajuster. Cette arquebuse, rendue plus portative, s’appela dans la suite mousquet.

Arquebuse à rouet. Elle ne différoit de la précédente que par son poids, qui étoit moindre ; & par la platine où l’on avoit adapté un chien tenant une pierre entre ses mâchoires. Cette pierre, lorsqu’on appuyoit sur la détente, frottoit sur un rouet d’acier cannelé, & produisoit des étincelles qui mettoient le feu à l’amorce. On avoit au Musée d’artillerie une superbe collection d’arquebuses de différentes espèces, parmi lesquelles un très-grand nombre étoient d’un travail précieux.

ARQUEBUSERIE. C’eft l’art de fabriquer toutes sortes d’armes à feu portatives.

ARQUEBUSIERS, nommés autrefois artillers, fabricans d’armes à feu portatives. On donnoit aussi ce nom à des soldats armés d’arquebuses ; il y en avoit à pied & à cheval. (Voyez, dans l’Encyclopédie méthodique, les Statuts & Usages de l’ancienne communauté des arquebusiers.)

ARRÊT. Pièce en fer, fixée autrefois perpendiculairement sur le côté droit de la cuirasse pour soutenir la lance dans une position horizontale.

ARRÊTOIR. C’est la partie de la virole de la baïonnette qui sert à borner le mouvement de cette pièce, en battant contre l’étouteau, lorsqu’on la tourne à gauche.

Arrêtoir. C’est, au bout des leviers de pointage des canons, une petite pièce en fer, prismatique, mince, longue & saillante sur le bois, servant à empêcher les leviers de sortir des anneaux de pointage. Les anneaux ont un soulèvement pour laisser passer l’arrêtoir.

ARRIÈRE-BEC de bateau. C’est l’extrémité du bateau qui est en arrière lorsqu’on navigue, & où l’on place le gouvernail : le côté opposé est l’avant-bec ; il doit être plus étroit & plus relevé.

ARROSAGE. C’est l’eau qu’on met dans les mortiers pour faire la poudre, soit la première fois, soit dans les rechanges ; il est pour la première fois, dans la fabrication ordinaire, égal à un dixième du poids des matières.

ARSENAL. Lieux & bâtimens disposés & construits pour y fabriquer & conserver les machines dont on fait usage à la guerre. Ils doivent contenir des ateliers pour les ouvriers en fer & pour les ouvriers en bois, des magasins pour les matières premières, &c., suivant l’importance ou la destination de l’arsenal.

ARTIFICES de guerre et de réjouissance. On donne ce nom, en général, à toutes les compositions qui se font avec de la poudre à canon, ou avec les trois matières qui entrent dans sa fabrication. Tous les artifices se conservent assez long-temps lorsqu’ils sont au sec. Il en est que l’on peut garder des années, & qui ne se dénaturent pas quand ils sont bien embarillés & garantis de l’humidité. Le transport des artifices se fait dans des barrils où on les arrange avec des étoupes, pour qu’ils ne se brisent pas dans le trajet qu’ils ont à faire, & que l’humidité ne les attaque point.

On lit dans Frezier, que long-temps avant la découverte de la poudre, on faisoit des feux d’artifice où il y avoit des serpenteaux, des girandoles & même des espèces de fusées volantes qu’on ne pourroit faire aujourd’hui sans le secours de la poudre.

Dans la description que Claudien fait des fêtes dpnnées au public sous le consulat de Théodose (qui vivoit au sixième siècle, c’est-à —dire, environ 800 ans ayant que la poudre ne fût connue en Europe), après avoir parlé des machines & des décorations peintes qu’on avoit élevées dans le cirque, il dit « qu’on y voyoit des feux qui couroient en serpentant par-dessus les planches, sans les brûler ni les offenser, & formoient, par des tours & détours, différentes circonvolutions en forme de cercle ou globe de feu, par leur extrême vitesse. »

Il est difficile de concevoir comment on a pu faire de pareils feux d’artifice sans avoir eu connoissance des effets du mélange du salpêtre, du soufre & du charbon. (Traité des feux d’artifices, pag. 22 du Discours sur l’origine des feux de joie, édit. de 1747.)

Artifices incendiaires. On entend par artifices incendiaires, les balles à feu, les carcasses, les tourteaux, les barils foudroyans, &c.

ARTIFICIER. On appelle ainsi tout ouvrier qui travaille aux feux d’artifices de guerre ou de réjouissance. Ce sont des canonniers qui chargent les bombes, les obus, les fusées de ces projectiles, &c.

ARTILLERIE. C’est l’art de construire toutes les machines de guerre, de les conserver & d’en faire usage. Son origine, si l’on prend ce terme dans son acception la plus étendue, remonte à la plus haute antiquité. L’usage des machines de guerre, telles que balistes, catapultes, arcs, &c., propres à lancer des pierres, des traits & des matières combustibles, prit naissance plusieurs siècles avant l’ère vulgaire, & se perpétua jusqu’à l’époque où la poudre à canon fut employée. Le mot artillerie a servi à désigner dans la suite les canons, les mortiers, les pierriers & les obusiers qui sont les armes actuellement en usage. Peu de temps après l’invention de la poudre (voyez son origine à l’article Poudre), on imagina des pièces d’artillerie qu’on appeloit bombardes : l’on en construisit ensuite beaucoup d’autres qui portoient les noms d’animaux dangereux dont la figure étoit représentée sur les anses de la pièce ; comme ceux de couleuvrine, de basilic, de serpentine, de scorpion, à l’imitation des Anciens, dont les machines de guerre avoient de semblables noms : les Espagnols leur donnèrent dans la suite des noms de saints : Charles-Quint en fit fondre douze à Malaga pour son expédition de Tunis, qu’il fit nommer les douze apôtres. Louis XI appela du nom des douze pairs de France, douze pièces du calibre de 45. On a, dans la suite, rendu le mot canon commun à toutes les bouches à feu dont la forme est longue : ce nom avoit été celui d’une pièce dont le calibre étoit d’environ trente-trois livres de balles ; L’on donne aussi, surtout en France, des noms particuliers aux canons, qui n’ont aucun rapport avec leur calibre ; comme le tonnant, le terrible, le foudroyant.

On n’est pas d’accord sur l’époque de l’usage du canon ; mais il paroît qu’on en tira pour la première fois, au siége de Clodia Fossa, que les Vénitiens firent contre les Génois en 1366, où des Allemands leur apportèrent deux petites pièces d’artillerie avec des boulets en plomb : cependant le Père Daniel, dans sa Milice française, assure que l’on s’en servoit en France sous Philippe de Valois, en 1338.

Les premières pièces furent construites avec de la tôle que l’on entouroit de cercles de fer, mais leur défectuosité ayant été bientôt reconnue, on en fit successivement en fer battu & en fer coulé : celles-ci étant sujettes à d’autres inconvéniens, on imagina l’amalgame du cuivre & de l’étain, qui forme la composition des bouches à feu dont on se sert encore ; mais comme le fer coulé est moins coûteux, on a conservé l’usage de pièces de ce métal pour le service de la marine, où l’on ne s’en sert ni aussi fréquemment, ni aussi long-temps de suite que dans les combats sur terre.

L’on a varié pendant bien des années sur le calibre & la longueur des canons : les premiers ont d’abord été très-petits ; mais comme on songea, dès le commencement, à produire avec le canon le même effet qu’avec les balistes pour ruiner les édifices, & que de petits boulets ne remplissoient pas cet objet, on chercha à en augmenter le poids en leur donnant un plus grand diamètre.

Les boulets de pierre que l’on a trouvés en différens endroits du royaume, dont quelques-uns pesoient jusqu’à cent quatre-vingts livres, font une preuve de cette assertion. La grosseur des boulets a été augmentée au point que Louis XI, le premier des rois de France sous lequel l’artillerie a commencé à être un peu considérable, fit fondre un canon qui portoit un boulet de cinq cents livres depuis la Bastille jusqu’à Charenton (cette bombarde, qui fut fondue à Tours par Jean Mangné, creva au deuxième coup, & les éclats tuèrent le fondeur & plus de vingt personnes). La difficulté de manœuvrer de telles bouches à feu fit diminuer peu à peu leur grosseur : cependant, sous François Ier. l’on en avoit dont le boulet pesoit cinquante livres. Comme elles étoient encore trop pesantes, on les réduisit, sous Louis XIV, à de moindres dimensions, & on les fit différentes de longueur & de calibre, selon qu’elles étoient destinées pour la guerre de campagne ou pour la guerre de siége.

Livrée dans les premiers temps à une aveugle routine, on étoit loin de penser que l’artillerie moderne put être guidée dans la pratique par des règles scientifiques : deux cents ans s’étoient écoulés depuis sa naissance, avant qu’on pût imaginer qu’elle pouvoit dépendre d’une théorie fondée sur la géométrie. On a à présent des données suffisantes pour résoudre le problème le plus important de la balistique ; celui par lequel, connoissant la force de la poudre, on propose de diriger une pièce de canon de manière que le boulet aille frapper un but de position connue ; & le savant Lombard a calculé des tables qui en présentent la


solution dans tous les cas : mais c’est surtout au général Gribeauval qu’est due la supériorité de l’artillerie française sur celle de toutes les autres nations. Cet homme de génie, en créant un nouveau matériel, avoit presque tout calculé, tout prévu & tout pesé, en sorte qu’il ne reste plus guère qu’à l’améliorer par des corrections & des modifications que le temps & l’expérience de la guerre ont provoquées.

L’artillerie actuelle peut être divisée en trois parties ; savoir : l’artillerie de campagne, l’artillerie de siége & de place, & l’artillerie de montagne. L’artillerie de campagne est composée de pièces de 12, de 8, de 4 & d’obusiers de 6 pouces. Elle est attachée aux divisions de l’armée, & elle a une réserve destinée pour les remplacemens & les consommations. La quantité de ces bouches à feu est proportionnée à la force des troupes & à la nature des pays dans lesquels on fait la guerre.

L’artillene de siége est composée de pièces des calibres de 24 & de 16, d’obusiers de 8 pouces & de mortiers de 10 pouces & de 8 pouces. Le nombre de ces bouches à feu varie en raison de la force des places qu’on se propose d’assiéger. Les pièces servant à la défense des places sont des mêmes calibres que celles employées à l’attaque ; mais on y joint des pièces de bataille, soit pour les sorties, soit pour la défense du chemin couvert & des ouvrages avancés, (voyez l’article Approvisionnement d’artillerie.

L’artillerie de montagne se compose de pièces légères, pour le transport desquelles on fait ordinairement usage de traîneaux. Les affûts sont portés à dos de mulet, lorsqu’on ne se sert pas d’affûts-traîneaux. (Voyez l’article Système d’artillerie.

ARTILLEUR. La partie la plus importante de son art consiste à diriger, en présence de l’ennemi, le tir des bouches à feu, à jeter des ponts pour le passage des fleuves & à construire des batteries dans les siéges. Chacune de ces opérations ne peut être exécutée avec discernement qu’autant qu’elle est éclairée par la théorie ; mais c’est surtout dans la construction de son matériel que l’artilleur doit réunir de grandes connoissances en mathématique, en chimie, en physique, en minéralogie & dans les arts graphiques. En effet, comment dirigera-t-il la fabrication de la poudre ? s’il ne sait pas, à l’aide de la chimie & de la physique, assigner par de justes proportions à chacune des matières qui la composent, la part qu’elle peut avoir à ses effets, & le développement des ressorts qui constituent sa force. Comment dirigera-t-il les fonderies de bouches à feu ? s’il ne connoît, à l’aide de ces sciences, le rapport entre la puissance & la résistance, la meilleure forme de fourneaux de fusion, l’alliage qui peut le mieux convenir à chaque calibre, & la justesse des procédés mécaniques par lesquels on parvient à la précision des dimensions. Comment





dirigera-t-il dans une forge les travaux & les diverses opérations qui font passer le fer, depuis la mine où il prend naissance, jusqu’à la forme qui le rend propre aux divers usages de l’artillerie ? s’il n’a fait une étude particulière de la minéralogie & des différens procédés en usage. Comment décidera-t-il que des fers remplissent leur destination ? s’il n’a pas acquis les moyens d’en connoître les qualités particulières & relatives.

Pourra-t-il diriger la fabrication des armes portatives ? s’il ignore la nature & les qualités des matériaux à employer, l’art de les analyser, les épreuves que doivent subir les armes, quelles doivent être les propriétés de chacune des parties qui les composent, & s’il n’aperçoit pas les défauts qui doivent les faire rebuter.

Dirigera-t-il avec intelligence les travaux des arsenaux pour la construction des voitures & attirails ? s’il ne trouve dans la science des machines & du mouvement, & dans l’art du dessin, tout ce qui peut contribuer à simplifier les procédés & à vaincre les difficultés qui se présentent continuellement dans des travaux de ce genre.

L’artilleur s’occupe pendant la paix à acquérir des connoissances dans toutes les branches de son arme, à perfectionner son art, à se mettre en état de rendre pendant la guerre les services les plus signalés, soit à la tête de ses troupes, soit dans les travaux de siége, soit en approvisionnant les corps des armes & des munitions qui leur font nécessaires.

Enfin la création de l’artillerie légère, destinée particulièrement à suivre les mouvemens rapides de la cavalerie, a répandu un nouvel éclat sur l’artilleur.

ARZEGAYE. Arme d’hast dont le fut, long d’environ douze pieds, étoit garni à ses extrémités d’un fer pointu. C’étoit l’arme des Estradiots. Ils s’en servoient très-adroitement contre la cavalerie, & frappoient avec l’une ou l’autre pointe lorsqu’elle n’étoit pas fichée en terre.

ASPIC. Nom qu’on donnoit autrefois aux pièces de 12 pesant 2081 kil. (4250 livres).

ASSAISONNÉ. Pour faire les arcs & les flèches, le bois devoit être assaisonné, c’est-à —dire, trempé dans l’eau pendant un certain temps & ensuite passé au feu.

ASSIETTE. Partie de la batterie, dans la platine, qui recouvre le bassinet : on l’appelle aussi table, assise, entablement.

ASTRAGALE du collet. C’est une moulure en demi-rond, avec un listel de chaque côté, placée sous la tulipe au bout de la volée des canons.

ATELIER de rhabillage. Lieu où, dans une


manufacture d’armes, on met les pièces en harmonie. Les équipeurs-monteurs sont ordinairement chargés de faire marcher la platine avant & après la trempe, & de coordonner convenablement les pièces entr’elles ; mais comme tous ces ouvriers ne sont pas en état de faire ce travail avec la perfection nécessaire, on a établi dans quelques manufactures un atelier de rhabillage où des ouvriers achèvent, sous la direction d’un contrôleur, l’ouvrage des équipeurs-monteurs. Ceux-ci se bornent à présenter, avant la trempe de la platine, les armes aux réceptions.

ATRE. Partie de la forge où l’on fait le feu. Il est contenu dans les forges des hauts fourneaux par des plaques en fonte.

ATTACHES. Bandelettes de fer, inégales en longueur, & un peu convexes en dehors, placées vis-à-vis l’une de l’autre dans la douille du fer de la lance, & dans le sabot, servant à les fixer à la hampe au moyen de quelques vis.

ATTIRAILS. Expression collective des objets composant le matériel de l’artillerie.

AUBES des roues. Bouts de planches attachés à angle droit sur les biais des roues, & qui reçoivent l’impulsion de l’eau qui fait mouvoir celle-ci.

AUBIER. C’est la partie blanche & molle d’un arbre, qui se trouve entre le bois fait & l’écorce. On doit avoir soin qu’il ne reste pas d’aubier dans les bois destinés aux constructions de l’artillerie, parce qu’il se pourrit facilement, à cause de son peu de consistance, & qu’il n’a pas toute la dureté nécessaire pour pouvoir résister à l’humidité. Il doit être surtout soigneusement retranché des madriers en noyer qui doivent servir à la monture des armes à feu portatives.

AUGE d’affinerie. Petit bassin de bois, plein d’eau, placé près des feux d’affinerie.

AUGET. Partie du châssis de l’affût de place, en arrière, qui supporte la roulette de l’affût & la dirige dans le recul.

AUTEL. Partie du fourneau des fonderies par où passe la flamme, sortant de la chauffe, pour s’introduire dans le fourneau.

AVALER. Cest brasser la fonte de fer, la ramener devant la tuyère.

AVANT-TRAIN. Espèce de chariot monté sur deux roues qui se joint à l’affût d’un canon, par exemple, au moyen de la cheville ouvrière que l’on fait entrer dans la lunette percée dans

Panckoucke (p. 44).

BRUNIR. C’est donner un poli vif au fer, à l’acier, au cuivre, au moyen d’un outil en acier fin bien trempé, nommé brunissoir, avec lequel on frotte fortement ces métaux. Ce procédé ne doit point s’employer dans les manufactures d’armes ; il donne un éclat superflu & sert à cacher les défauts. Limer & polir doivent suffire.

BRUNISSOIR. Outil qui sert à brunir les métaux.

BUCHILLES. Petits copeaux de bronze détachés des bouches à feu par les forets ou les allésoirs. On les refond.

BUFFLE. Bande de peau de buffle collée sur un bois, ferrant à polir les pièces d’armes au moyen d’éméri ou de briques pilées.

BUFFLETERIE. On entend par ce mot, tout ce qui sert au soldat pour porter ses armes, son fourniment, & généralement toutes les courroies.

BURETTES. Pièces en bois du fond du chariot à munitions, des charrettes & du camion. C’est sur les burettes qu’on pose la charge de ces voitures.

BURIN. Outil d’acier tranchant, de forme triangulaire, servant à creuser les métaux. Dans la platine, on pique au burin l’intérieur des mâchoires du chien, pour mieux assurer la pierre.

BUSC ou BUSQUE. Coude de la crosse des fusils & des mousquetons ; les pistolets n’ont pas de buse, parce que la poignée est courbe.

BUSE ou BUZE. Partie du soufflet qui sert de canal au vent.

BUT-EN-BLANC. Les deux points où la ligne de mire coupe la ligne de tir d’une bouche à feu, sont les deux but-en-blanc de cette bouche à feu. Le but-en-blanc primitif est le plus éloigné de ces points, dans la position où la ligne de mire se trouve horizontale, & la bouche à feu tirée à sa charge de guerre. Il n’y a point de but-en-blanc pour le fusil de guerre. (Voyez l’article TIR DES ARMES A FEU.).

BUTTE. Elévation de terre des polygones, contre laquelle on tire le canon. Il y a dans les manufactures d’armes une butte pour les épreuves des canons de fusil, où les balles se logent, & d’où elles sont retirées & ensuite refondues. On retire également les boulets des buttes des polygones.

C

CABAS. Grand bouclier de la forme de celui nommé panier.

CABASSET. Ancien casque petit & léger, affecté à l’infanterie. Il étoit sans visière ni gorgerin.

CABESTAN. Machine composée d’un châssis & d’un treuil sur lequel s’enveloppe un câble, & qu’on fait tourner avec des leviers. On s’en sert dans l’artillerie pour tendre les cinquenelles des ponts, &c. Le treuil dont l’axe est vertical se nomme ordinairement vindas, & celui dans lequel il est horizontal prend le nom de cabestan.

Les pièces en bois d’un cabestan sont : deux flasques, deux épars, quatre clavettes, un treuil, ses tourillons, leurs embases, les quatre mortaises.

Les ferrures sont : huit clous rivés, huit contre-rivures, quatre liens de flasques, quatre frettes de treuil, une plaque à oreilles, une cheville à la romaine, une clamette.

CABLE. Gros cordage servant aux manœuvres


de chèvre, à l’établissement des ponts militaires, &c. Sa longueur & son diamètre varient comme les objets auxquels il est destiné.

CABOCHES. Espèces de clous plats & sans tête, servant à retenir en place les frettes, les. cordons de roues, &c. Il y en a de trois numéros pour les travaux de l’artillerie. (Voyez l’Aide-mémoire.)

CABRIOLET. Petit chariot, servant dans les fonderies à transporter les bouches à feu sur le banc de forerie. Il est porté sur quatre roulettes ayant o met. 37 (14 pouces) de diamètre ; leurs deux essieux sont encastrés de chaque côté, entre deux femelles placées l’une sur l’autre, & fortement boulonnées ; les deux femelles d’en bas débordent le plan des roulettes : par ce moyen, le cabriolet, portant par ses roulettes sur le bord des poutres parallèles disposées à cet effet, est contenu, par les deux femelles saillantes du bas, & ne peut tomber ; quatre petites roulettes en bronze, mises sur le côté des semelle, empêchent le frottement

Panckoucke (p. 137).

sur ce gril qu’on place le bois pour chauffer le fourneau : les barres carrées portent, par leur angle, sur trois grands barreaux qui les soutiennent ; elles ont 0 met. 022 (10 lig.) d'intervalle entr'elles, & 0 met. 081 (3 pouc.) d'épaisseur de l’autel à la grille de la chausse ; il y a 1 met. 35 (4 pieds 2 pouc.) de profondeur ; la voûte qui couvre l’autel va, en s'elevant un peu, couvrir le haut de la chauffe ; & l’espèce de canal coudé que forment la chauffe & l'autel, va en diminuant toujours jusqu'au fourneau, pour accélérer la flamme. Cette voûte, dans la partie au-dessous de la chauffe, a un trou carré de 0 met. 216 (8 pouc.), par lequel on jette le bois pour alimenter le feu, & qu'on ferme de fer : six soupiraux, dont deux sont entre l'autel & les portes, & quatre entre les mêmes portes & le tampon, servent de passage à la flamme dans la voûte. La hauteur de la grande voûte, au-dessus du sol du fourneau, est de 1 met. 29 (4 pieds) ; la pente de ce sol de l’autel au tampon, est de 0 met. 175 (6 pouc. 61ig.). Les portes servent aussi à faciliter le chargement du fourneau ; de leur seuil, à 0 met. 81 (30 pouces) de terre, est une pente vers l'intérieur du fourneau, en pierres de taille ferrées. On fait arriver sur le seuil d’une porte les matières trop pesantes pour être portées, au moyen d'un plan incliné, de rouleaux & d'un cordage qu'on y amarre, & qui, traversant ensuite le fourneau, est équipé à l'autre porte sur un treuil ou cabestan qu'on y manœuvre.

Les matières à fondre se déposent sur le sol ou pavé du fourneau, contre l'autel, laissant un espace de 0 met. 016 (6 pouc.) environ entr'elles & les murs, pour les mieux exposer à la chaleur ; les plus difficiles à fondre fsont les plus rapprochées de l'autel ; si elles font en grand nombre, on les met sur deux rangs : si ces deux rangs ne suffisent pas, on les place vis-à-vis des soupiraux placés à droite & à gauche du tampon. Des plaques de fer forgé ferment à volonté ces portes, au moyen de chaînes & de leviers de fer qui les soulèvent & les baissent, dans une cheminée pratiquée au-dessus de chacune d'elles. Le cuivre neuf, le bronze en buchilles, l'étain, ne sont mis dans le fourneau que lorsque les autres matières sont en fusion, même vers la fin du travail, suivant leur degré de fusibilité.

Lorsqu'on veut couler, on ouvre le tampon au moyen de la périère, & le métal en fusion coule par des rigoles dans les moules placés & enterrés dans la fosse, en avant du fourneau. Des ouvriers, en tenant des quenouillettes un peu plongées dans le haut de la rigole, près du trou où le métal entre dans les moules, empêchent les crasses qui flottent en dessus de s'y jeter.

Fourneau pour le fer, ou Haut-fourneau. (Voyez ce mot.)

FOURNIMENT. Étui en bois, en corne ou en

cuivre, dans lequel les soldats portoient autrefois la poudre destinée à charger leurs armes. (Voyez le Dictionnaire de l’Art militaire de l’Encyclopédie méthodique.)

FOURRAGÈRE. Châssis en bois, à claire-voie, qu'on fixe en campagne à l'arrière des brancards des voitures, au moyen d'un boulon autour duquel ce châssis tourne, & peut s'ouvrir à volonté, pour recevoir & soutenir le fourrage que viennent manger les chevaux de l'attelage.

FOURREAU. C'est la pièce dans laquelle on loge la lame des armes blanches, & qui la garantit des chocs & des frottemens. Les fourreaux des sabres de cavalerie sont maintenant faits en tôle d'acier : ceux des sabres d'infanterie d'artillerie & de baïonnette sont en cuir.

La tôle destinée à la fabrication des fourreaux doit avoir, étant limée & polie, 0 met. 0014 (8 points) d'épaisseur dans toute l'étendue de la feuille. En roulant la lame pour former le fourreau, elle se crique si elle n’a pas l'élasticité nécessaire : & si l'acier en est aigre ou brûlé, elle se casse. La tôle pailleuse est aussi de mauvaise qualité, & les cendrures qui peuvent s'y trouver nuisent à la solidité de l'ouvrage & le déparent. Pour éprouver les feuilles de tôle, on les plie légèrement pour s'assurer qu'elles sont élastiques : on plie fortement l'un des angles de quelques-unes, pour voir si elles n'éclatent pas ; & on casse un angle de quelques autres, pour reconnoître si l'acier en est doux & nerveux. Dans le cas où on auroit quelque doute sur la nature de la tôle employée, on feroit usage d'acide nitrique pour reconnoître si elle est d'acier ou de fer. (Voyez, au mot Etotte, le procédé à suivre pour cette opération.)

On éprouve les fourreaux en tôle d'acier au moyen d'une machine à déclic, dont la pièce principale est un poids en fer, tombant verticalement & uniformément sur le plat des fourreaux d'une hauteur de o met. 541 (20 pouces) au-dessus de la surface supérieure du plateau. On les éprouve ainsi en différens endroits de leur longueur, en dessus & en dessous. S'ils résistent à la chute de ce poids, on les marque du poinçon de réception.

Le cuir employé à la fabrication des fourreaux de sabres & de baïonnettes a subi l'opération du tannage ; cependant, comme ces fourreaux doivent être plutôt flexibles que durs, l'une des qualités essentielles que donne le tannage, on préfère le cuir où le tannage n'a pas été entièrement terminé. Voici comment on le reconnoit :

A mesure que le tan pénètre, la peau change de couleur ; le tannage gagne du dehors au dedans ; & quand la combinaison est complète, la tranche de cuir est d'une couleur de muscade ; mais le travail n'est pas terminé, on aperçoit dans le milieu de la tranche une petite ligne blanchâtre ; c'est ce

Panckoucke (p. 507-508).

W

WURST. C’étoit un caisson, plus petit & plus léger que le caisson à munitions ordinaire, destiné à transporter promptement l’approvisionnement des bouches à feu & les canonniers nécessaires au service de ces pièces. Le corps du caisson ëtoit suspendu pour ne pas secouer les munitions & évitet leur dégradation ; le dessus étoit arrondi & couvert de cuir pour y placer huit hommes ; deux tablettes de chaque côté de la longueur du wurst, leur servoient d’étriers. Ce caisson a été abandonné lors de la création de l’artillerie à cheval, en 1792.

Dans le nouveau système d’artillerie de campagne des Anglais, une pièce & son caisson portent huit hommes sus des espèces de wurst ; savoir : deux qui sont placés sur l’avant-train de la pièce, quatre sur le caisson proprement dit, & les deux autres sur l’avant-train de ce caisson.

Il y a avoit des wursts pour le canon de 8 & l’obusier de campagne. Voyez ci-après le nombre des coups qu’ils contenoient & la manière dont ils étoient divisés.

Wurst de 8. Il étoit partagé en travers en quatre grandes divisions. Chaque division étoit


partagée en trois séparations dans le sens de la longueur du caisson. Chaque séparation étoit divisée en cases carrées ; la première & la quatrième contenoient chacune quinze cases. La deuxième & la troisième contenoient chacune dix-huit cases, ce qui faisoit des cases pour soixante-six coups. Les armemens se plaçoient en dedans & en dessus des munitions.

Wurst d’obusier. Il étoit partagé en travers par quatre grandes divisions. Chaque division étoit partagée en deux séparations dans le sens de la longueur de la voiture. Chacune de ces divisions étoit séparée en cases carrées. La première & la quatrième contenoient chacune six cases. La deuxième, à commencer du devant, contenoit dix cases, & la troisième en contenoit huit, ce qui faisoit des cases pour trente coups.

La première, la troisième & la quatrième divisions étoient recouvertes par des volets, comme un caisson d’infanterie ; le reste du chargement & l’assortiment se plaçoient sur ces volets.

La nomenclature des pièces en bois & en fer qui composoient le wurst, est analogue à celle des autres caissons à munitions.

Y

YATAYAN. On appelle ainsi un poignard turc, à lame droite ou courbe, pointue, tranchante des deux côtés, & fortifiée vers le milieu par une arête qui règne dans la longueur, & sans évidement. Cette lame est ordinairement en damas. La poignée & le fourreau sont, comme ceux des peuples de l’Orient, enrichis de pierreries & d’ornemens.

Z

ZAGAIE. C’est une espèce de lance en usage chez quelques peuples d’Afrique, & particulièrement chez les Maures, qui s’en servent en combattant à cheval. Ils la lancent comme le javelot. La zagaie est aussi en usage parmi les sauvages de la Nouvelle-Hollande. Elle consiste, chez ces sauvages, en une hampe armée d’une pierre dure, aiguë &


rendue trachante, fixée à l’une des extrémités par le moyen de cordés à boyau : (Voyez l’ouvrage de Péron, ayant pour titre : Voyage de découvertes aux Terres australes.)

ZINC. Ce métal étoit employé autrefois dans la fonte des bouches à feu, où il entroit dans la proportion d'un dixieme. Il en est rejeté maintenant. (Voyez l'article Bouches a feu.) On l’admet dans la fonte des pièces de garniture des armes portatives, où il entre dans la proportion de dix-sept parties pour cent, ce qui, comme on fait, augmente la densité du cuivre & le rend moins oxidable. Le zinc étant susceptible de s’étendre en feuilles minces & flexibles par la pression égale & graduée du laminoir, on a essayé son emploi pour couvrir


les caissons d’artillerie. (Voyez le mot Caissons). Réduit en lames très-minces, le zinc prend feu à la flamme d’une bougie, & brûle en donnant une couleur d’un bleu mêlé de vert : cette facilité de s’enflammer l’a fait admettre dans les artifices de réjouissance, où il produit, étant combiné avec d’autres substances, des étoiles blanches & brillantes.


FIN.