Du traitement de l’hypospadias/Symptomatologie

G. Carré et C. Naud (p. 25-27).

SYMPTOMATOLOGIE


On conçoit d’ores et déjà combien les troubles qui résultent de ces anomalies seront sous la dépendance de la nature et de la complexité de la variété observée. — On peut les diviser en : Troubles fonctionnels : miction, érection, copulation, éjaculation ; Troubles généraux : phénomènes uro-pathiques, hypochondrie. Troubles secondaires : infections dues au défaut de résistance aux micro-organismes qui envahissent facilement l’urèthre et vont déterminer des cystites, des pyélonéphrites (cas de Kirmisson, d’Englisch). On sait, en outre, que les hypospades sont plus aptes à contracter la blennorrhagie.

Troubles de la miction. — L’émission de l’urine n’éprouve d’autre gêne que celle qui résulte de la situation anormale de l’ouverture uréthrale et de la disposition de la verge. On conçoit que le sphincter membraneux et le col vésical n’étant jamais atteint il n’y ait aucun trouble d’incontinence. — De plus l’urine est lancée avec force, mais sort dans une direction vicieuse. Un pertuis trop étroit peut provoquer les mêmes complications locales et générales qu’un rétrécissement : rétention d’urine. Le siège de l’ouverture joue surtout un rôle important : les hypospades balaniques urinent à peu près normalement ; mais, s’ils sont atteints de verge palmée ou coudée, ils sont comme les hypospades péniens obligés de relever fortement la verge, et plus l’orifice est rapproché du scrotum plus la miction devient difficile. Quant aux hypospades péno-scrotal et surtout périnéo-scrotal le jet vient se briser contre la verge et ils sont obligés pour uriner de s’accroupir comme les femmes sous peine d’inonder leurs vêtements ; l’urine s’écoulant en nappe sur le scrotum y détermine un érythème très gênant.

Troubles de la génération. — Si les fonctions urinaires, simplement gênées, s’accomplissent en somme facilement, il n’en est plus de même pour les fonctions génitales.

Nuls chez les hypospades balaniques, à moins de complications, les troubles existent dans les autres formes.

Chez les péniens et les péno-scrotaux, au moment de l’érection, la verge, au lieu de se redresser et de prendre une direction rectiligne, s’incurve à sa partie inférieure, se double, pour ainsi dire, de sorte que le gland se porte en bas, tandis que la portion qui se porte véritablement en avant est formée par la plus grande saillie de la verge incurvée. L’érection est rendue douloureuse et la copulation quoique rendue difficile et imparfaite est néanmoins possible. Quant à l’efficacité du coït les opinions des auteurs varient ; mais, d’une façon générale, on doit admettre que la fécondation est possible lorsque l’urèthre s’ouvre sur un point de la verge qui pénètre dans le vagin.

Pour les hypospades périnéo-scrotal et chez les sujets à verge menue et incurvée toute tentative de coït est , et, s’il y a une malformation du côté du reste de l’appareil génital, on conçoit que la fécondation, à son tour, soit impossible, il y a même stérilité du sujet.

Bouisson a résumé tous ces symptômes, en disant :

Cas où il y a possibilité de coït avec fécondation.

Cas où il y a possibilité de coït sans fécondation.

Cas où le coït et la fécondation sont impossibles.

Signalons pour terminer que des troubles nerveux peuvent apparaître chez les individus porteurs de forme péno-scrotale ou périnéo-scrotale ; que du côté de l’état général on peut noter un certain degré d’infantilisme en rapport avec l’arrêt de développement qui a pu porter sur tout l’individu.

L’on voit ainsi combien il importe de pouvoir remédier à ces besoins et quel service la chirurgie a rendu à ces malheureux malades.