Discussion:Anatole
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modifier- dans la muse française [1] par Adolphe de Saint-Valry 1823-1824, édition critique
- 1897 : [2] => publication d'une lettre de Sophie Gay sur son arbitrage amoureux pour l'un des lecteur du roman
- 1839 Eusèbe G*****
……… ANATOLE, 2 vol. in-12, 1815. — L’auteur débute vivement, à la manière de Sterne ; il nous apprend en deux conversations que la marquise Valentine de Saverny, jeune, riche et belle, veuve d’un mari trop vieux pour être éternellement regretté, quitte son château gothique et vient jouir à Paris, avec Mme de Nangis, sa belle-sœur, des avantages de sa position. Rien n’est plus maladroit à une jolie femme que de rapprocher d’elle une autre jolie femme : Mme de Nangis en fit la triste expérience ; jeune, jolie, spirituelle, pleine de grâce et de talent, elle voit bientôt ses attraits éclipsés par ceux de Valentine, et bientôt elle ne tarde pas à redouter les suites de l’impression que cette dangereuse beauté fait sur le cœur du chevalier Démerange, auquel Mme de Nangis prend le plus vif intérêt. Admis dans la société de Valentine, le chevalier en devint en effet éperdument amoureux, mais Valentine ne soupçonnait même pas sa passion ; toutes ses pensées se reportaient sur un bel inconnu qui l’avait sauvée d’un grand danger, un soir où elle faillit être écrasée en sortant de l’Opéra. Valentine brûlait de connaître son libérateur, et commençait à craindre que toutes les perquisitions qu’elle avait faites ne fussent inutiles, lorsqu’on lui apprit que son libérateur se nommait Anatole ; mais on ne voulut rien dire de plus, et on lui déclara même que sa curiosité affligeait ce jeune homme, et qu’un obstacle invincible l’empêchait de se faire connaître. La délicatesse prescrivait à Valentine de cesser toute enquête ; mais quel était donc ce secret ? voilà ce qu’elle se demandait d’autant plus souvent qu’elle avait la certitude d’être aimée de lui. Il ne venait point chez elle, mais il la suivait partout ; elle le rencontrait à la promenade, au spectacle, et toujours il se plaçait de manière à prouver qu’il n’était là que pour elle. Tout ce que le profond incognito dans lequel il s’enveloppait ne lui défendait pas, il le mettait en usage pour lui prouver qu’il était sans cesse occupé d’elle. Billets tendres, surprises agréables, cadeaux ingénieux, Anatole ne négligeait rien ; tous ces soins étaient vivement sentis , jamais deux amants ne s’étaient mieux entendus sans s’être parlé ; il y avait même entre eux jusqu’à des brouilleries et des raccommodements. L’auteur a fait, dans cette partie de l’ouvrage, un véritable tour de force en disposant les incidents de manière à ce qu’on ne se fatigue point de la monotonie d’une telle situation. Cependant l’orage grondait sur la tête de la sensible Valentine ; l’amour du chevalier Démerange n’avait fait qu’augmenter, et la douleur qu’en ressentit Mme de Nangis troubla tellement sa raison, qu’elle se permit de lâches calomnies sur le compte de sa belle-sœur. Valentine, forcée de quitter le monde pendant quelque temps, n’y reparaît que pour apprendre, au milieu d’un cercle de cinquante personnes, le secret d’Anatole. Cette fatale découverte la touche si douloureusement, qu’elle tombe anéantie et comme frappée de la foudre. Peut-être la connaissance de ce terrible secret eût-il refroidi une femme moins tendre, moins courageuse et moins raisonnable ; mais l’amour de Valentine était assez fort pour résister à tout ; elle épousa l’inconnu. — Quel était donc ce grand secret ? Nous engageons les lecteurs à le chercher dans l’ouvrage même, dont la lecture leur procurera, nous en sommes certains, le plus grand plaisir.
- par Sainte-Beuve
……… Son troisième roman, Anatole (1815), est encore du même ton et a eu peut-être plus de célébrité, bien que je préfère Léonie. Anatole est de l’espèce des romans anecdotes dont la donnée repose sur une infirmité ou une bizarrerie de la nature : ainsi, Ourika de madame de Duras, Aloïs de M. de Custine, le Mutilé de M. Saintine. Anatole, le beau silencieux, est un sourd-muet de naissance, mais on ne le sait pas d’abord, et c’est là qu’est le secret. Un soir, au sortir de l’Opéra, il sauve la vie de Valentine, de madame de Saverny, qui allait être écrasée sous les pieds des chevaux ; lui-même est blessé et disparaît. Celle qu’il a sauvée, jeune veuve, pleine de beauté et d’une rare délicatesse de sentiments, le fait chercher sans le découvrir d’abord, et pendant longtemps elle ne le connaît qu’à demi et dans un mystère qui l’empêche d’avoir la connaissance de son infirmité. Quand elle le sait, il est trop tard, elle l’aime ; mais, comme bien peu de personnes ont le secret de cet amour, on la croit près d’épouser un chevalier d’Emeranges, fat spirituel, qui jusqu’alors semblait enchaîné par madame de Nangis, belle-sœur de Valentine, et qui lui est devenu infidèle. La jalousie de madame de Nangis, qui se croit sacrifiée à une rivale, produit des scènes assez belles et assez dramatiques, dans lesquelles la pauvre Valentine, poussée à bout par sa belle-sœur, en présence du mari de celle-ci, n’aurait qu’un mot à dire pour écraser la coupable et pour se venger ; mais ce mot, elle ne le dit pas, et prend sur elle tous les torts. De son côté, Anatole, le bel Espagnol, doué de tous les talents et de tous les charmes, et à qui il ne manque que la parole, se croit également sacrifié, et il est disposé à s’éloigner pour toujours, lorsqu’un soir à l’Opéra (car sans Opéra point de roman), Valentine, qui a voulu le revoir, et à qui il croit aller faire du regard un éternel adieu, lui adresse de loin un signe qui veut dire : Restez ! Il n’ose comprendre, il regarde encore, quand un second signe, toujours dans la langue des sourds-muets, vient lui dire : Je vous aime. C’est à étudier cette langue de l’abbé Sicard et de l’abbé de L’Épée que Valentine a consacré ses matinées durant les trois derniers mois : « Lorsque j’ai senti, dit-elle, que rien ne pouvait m’empêcher de l’aimer, j’ai voulu apprendre à le lui dire. »
- Mme de Genlis prétend que le roman Anatole est plagié sur son travail.
On a pris beaucoup d’autres choses dans mes ouvrages, sans compter les plagiats. Je n’ai jamais relevé que celui du roman de Madame Cottin, intitulé Malvina, entièrement calqué sur les Vœux téméraires. J’ai passé sous silence ceux de madame Gay, qui a fait un roman de deux de mes contes ; l’un qui se trouve dans les Souvenirs de Félicie, dont le héros est un muet ; et l’autre intitulé les Rencontres. Si je voulais revendiquer tout ce qu’on m’a volé, il faudrait ajouter un volume de plus à ces Mémoires.
Statistiques
modifier- environ 61 289 mots soit environ 4 heures de lecture (à 250 mots/mn)
Vocabulaire — orthographe
modifier- siége, complétement
- au delà
- remercîment
- nommez-le moi ! (à corriger ?)
- Mais, répondez-donc,… (à corriger ?)
- interprêtée
- Rhétel ou Réthel
- ingénuement,
- protége
- manéges
- dénoûment
- poëte
- piéges
Citations
modifier- — Et cette parente a-t-elle un mari, des enfants, une gouvernante ? Faudra-t-il servir tout ce monde-là !
— Grâce au ciel, elle est veuve ; et je pense qu’elle est riche, car son mari était, je crois, aussi vieux que son château ; et l’on n’épouse guère un vieillard que pour sa fortune.
- — Ah ! tout cet embarras ne sera pas éternel, madame s’en lassera bientôt, surtout s’il est vrai que madame de Saverny soit aussi belle qu’on l’assure ; ne savez-vous pas Richard, que deux jolies femmes n’ont jamais demeuré bien longtemps ensemble ?
Les remarques philosophiques de mademoiselle Julie furent interrompues par le retour du carrosse de madame de Nangis.
- Je vous connais ; la beauté a sur vous un empire absolu ; votre admiration pour elle va jusqu’au délire. C’est avec cet amour du beau en général, que vous avez trompé tant de jolies femmes qui se croyaient tendrement aimées, lorsqu’elles n’étaient que passionnément admirées.
- Après deux ans de soins et de résignation, elle est devenue la riche héritière d’un mari trop vieux pour être longtemps regretté ; et M. de Nangis profite sans scrupule de l’injustice de son père.
- …je consacrai tous mes instants au soin de prouver à Mélanie que je ne vivais que pour elle. Son cœur me devina bientôt, et répondit au mien. Modestie à part, je ne puis expliquer cette préférence que par l’excès de mon amour ; car, dans le nombre de mes rivaux, il y en avait de très-séduisants ; et je crois que s’ils avaient pu se résoudre à s’aimer un peu moins eux-mêmes, ils auraient été plus aimés que moi.
Comparaison entre éditions 1815-1872 sur chapitre I
modifier- Les dialogues sont sous forme de répliques et non plus dans le paragraphe. Le texte est aéré.
- Les majuscules surnuméraires dans le texte ont été supprimées. (exp. : à la Cour)
- corps-de-logis => corps de logis
- Grace au ciel => Grâce au ciel
- par-tout => partout ; long-temps => longtemps
- cloîtrée => cloitrée ?
- Un jour, mon beau-père lui fit part du projet qu’il avait de sacrifier l’existence de sa fille à la fortune de son fils. =>sa fille,
Textes des chapitres I très proches entre les deux éditions, à part une virgule et une erreur manifeste de l'édition de 1872 corrigée.