Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Avertissement

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AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS

SUR LA VINGT-CINQUIÈME ÉDITION

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La refonte du Dictionnaire universel d’histoire et de géographie en a renouvelé le succès. Depuis la publication de cette refonte, plusieurs tirages sont devenus nécessaires. Dans cet intervalle, M. Bouillet nous a été enlevé, mais son œuvre lui survit : elle n’a besoin que d’être revisée et mise au courant des faits qui se produisent chaque jour. Ce soin a été confié à un neveu de l’auteur, M. Chassang, désigné par M. Bouillet lui-même et depuis longtemps initié à son travail. Sa parenté avec l’auteur est un gage de réserve pieuse dans la révision, ses titres, une garantie d’aptitude à remplir la tâche difficile de continuateur du Dictionnaire. Après s’être entouré de tous les secours nécessaires, journaux, annuaires et revues, biographies ou notices sur les hommes célèbres du jour, il a mis le Dictionnaire d’histoire et de géographie au courant des faits accomplis jusqu’en mars 1874, et il a rédigé sur les personnages morts depuis l’apparition de la vingtième édition plusieurs articles nouveaux, qui ont été, soit insérés dans le corps de l’ouvrage, soit mis dans le Supplément.

En même temps que cette nouvelle édition, nous signalons au public un ouvrage que M. Bouillet considérait comme le complément indispensable de son Dictionnaire : l’Atlas universel d’histoire et de géographie.

Le Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts en est un autre complément des plus utiles. M. Bouillet lui-même y a renvoyé, en divers endroits du présent Dictionnaire ; il faut y recourir pour tous les articles relatifs aux institutions et aux usages qu’on ne trouverait pas dans le Dictionnaire d’histoire et de géographie, et que M. Bouillet avait réservés pour son autre ouvrage.

L. HACHETTE ET Cie.

AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR

SUR LA VINGTIÈME ÉDITION

(ENTIÈREMENT REFONDUE)

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Il y a près de vingt-cinq ans que ce livre a paru pour la première fois. Dans ce quart de siècle, la face du monde a été pour ainsi dire renouvelée. Des parties du globe qui avaient été regardées jusque-là comme inaccessibles ont été abordées et explorées ; des contrées désertes ont été tout à coup, grâce à la découverte des métaux précieux, envahies par des flots de population, et ont vu s’élever comme par enchantement des villes florissantes ; partout ailleurs, la population s’est accrue, et, en plusieurs endroits, elle a plus que doublé ; les guerres ou les traités ont modifié les circonscriptions d’un grand nombre de pays, donnant aux uns, retirant aux autres ; les voies de communication ont été en grande partie transformées par l’invention des chemins de fer et par leur substitution aux routes ordinaires ; par suite, les distances entre les divers lieux, bien qu’invariables dans la nature, ont subi de notables changements dans nos supputations ; les personnages qui avaient joué le rôle le plus important dans la première moitié de ce siècle, si fécond en événements, ont presque tous disparu de la scène du monde ; plusieurs trônes ont été renversés par des révolutions intérieures, et d’anciennes dynasties ont été remplacées par des dynasties nouvelles. Dans le même laps de temps, d’importants travaux d’histoire et d’archéologie étaient exécutés ; des monuments énigmatiques, muets pendant des siècles, prenaient enfin la parole pour nous révéler leur secret ; des trésors d’érudition, exhumés des archives où ils dormaient depuis le moyen âge, venaient changer sur plusieurs points la face de l’histoire. La philologie, cultivée avec une ardeur non moins grande, éditait en les commentant de précieux écrits, restés inconnus jusque-là, remettait en honneur des auteurs injustement négligés, ou éclairait d’une lumière nouvelle et inattendue des ouvrages sur lesquels on croyait que le dernier mot avait été dit.

Ce renouvellement presque intégral des choses exigeait un renouvellement analogue dans un livre qui doit être le miroir fidèle de la réalité. Longtemps nous nous sommes efforcé de suivre le mouvement universel de transformation à l’aide de suppléments et de corrections introduites dans le texte ; mais un moment est venu où tous ces expédients ont été reconnus insuffisants, et où il est devenu nécessaire de refondre entièrement l’ouvrage afin de le mettre au niveau des événements et de le rendre plus digne de la faveur dont un public empressé l’a constamment entouré.

Nous ne nous sommes pas dissimulé les difficultés d’une pareille entreprise : il s’agissait en effet, non pas seulement d’intercaler dans le texte les articles du Supplément, mais de remanier le tout de manière à conserver à chacune des parties une juste proportion ; de conduire l’histoire de chaque pays jusqu’au moment actuel ; de changer partout, d’après les documents les plus exacts et les plus authentiques, les divisions territoriales ; les populations, les distances ; de combler les lacunes qu’une expérience de vingt-cinq années nous avait fait découvrir dans le texte primitif ; d’indiquer pour chaque auteur et pour chaque personnage historique les travaux nouveaux dont il avait pu être l’objet, éditions, traductions, mémoires ; enfin de rectifier les erreurs de détail que nos recherches personnelles ou de

bienveillantes communications avaient pu nous révéler[1]. C’était, on le voit, un travail immense, presque égal à celui de la première rédaction.

Dans notre ardent désir de répondre à la confiance toujours croissante du public, nous n’avons pas hésité, bien qu’achevant notre douzième lustre, à entreprendre une œuvre qui eût exigé toutes les forces d’un jeune homme, et, après un travail assidu de six années, il nous a été donné, par une faveur de la Providence, de pouvoir la mener à bonne fin. Nous n’avons rien négligé pour que, dans cette nouvelle édition, entièrement refondue, notre livre atteignît une exactitude qui lui permît de faire autorité, pour qu’il fût au courant des événements et au niveau de la science, pour qu’il devînt, dans les limites où il devait se renfermer, aussi complet qu’il pouvait l’être ; en un mot, pour qu’il fût en état de satisfaire aux besoins de ceux qui veulent bien le consulter. C’est maintenant au lecteur à juger si nous avons réussi.

M.-N. BOUILLET.
Paris, le 1er juillet 1864.

  1. Parmi les personnes auxquelles nous devons le plus, nous nous faisons un plaisir de citer notre savant collègue et excellent ami M. A. Danton, qui nous a signalé plusieurs lacunes et qui plus d’une fois a pris la peine de les combler lui-même ; M. Fleutelot, de regrettable mémoire, qui unissait à un goût exquis l’érudition la plus étendue et la plus sûre ; M. Tamizey de Larroque, jeune savant déjà connu honorablement par des recherches originales dans lesquelles il s’est attaché à combler plusieurs lacunes de l’histoire ou à rectifier des erreurs consacrées ; M. O’Keenan, jeune écrivain irlandais, qui a bien voulu nous aider à rectifier l’histoire si mal connue de son pays.