Dictionnaire portatif de peinture, sculpture et gravure/AZUR

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AZUR, il y en a de pluſieurs ſortes. Les Chinois en tiroient autrefois de naturel de Nankin-Chequiam, & de l’Iſle de Haman. On y en trouve encore aujourd’hui, mais en ſi petite quantité, qu’il eſt devenu extrêmement rare.

L’Azur factice, eſt un verre bleu réduit en poudre. Lorſque cette poudre eſt broyée ſubtilement ſur le porphyre, on l’appelle émail. Quand elle eſt groſſiere, elle ſe nomme azur à poudrer. La premiere nous vient communément àde Hollande, & la ſeconde d’Allemagne. Celle-ci eſt moins chere, parce qu’elle eſt moins travaillée, & que ſa couleur n’approche pas tant de celle de l’Outremer. Voyez le recueil des Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1737, P. 228. On trouve encore la maniere de le faire dans les tranſactions Philoſophiques. no 393.

Anſelme Boetius de Boot, donne une maniere de faire un bel Azur avec la pierre Armene, appellée en Allemand Berglau, & dit que ſa couleur eſt auſſi belle que celle de l’Outremer, & ſe conſerve autant, pourvû qu’on la fixe en delayant cet azur avec de l’huile de petrole. Voyez ſon traité des pierres précieuſes, ch. 142. & suiv.

On fait peu d’uſage de l’Azur ordinaire dans la Peinture, excepté dans les endroits expoſés à l’air, tant parce que ſa couleur devient verdâtre dans la ſuite du tems, qu’à cauſe de ſa dureté qui le rend peſant, difficile à être rompu avec les autres couleurs ; il ne change cependant pas tant que le bleu de Pruſſe, & la cendre bleue. Il s’employe aſſez bien dans la Peinture à la cire. Voyez Émail.