Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Apointer, apointement

Éd. Garnier - Tome 17
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APOINTER, APOINTEMENT[1].

(termes du palais.)

Ce sont procès par écrit. On apointe une cause ; c’est-à-dire que les juges ordonnent que les parties produisent par écrit les faits et les raisons. Le Dictionnaire de Trévoux, fait en partie par les jésuites, s’exprime ainsi : « Quand les juges veulent favoriser une méchante cause, ils sont d’avis de l’apointer au lieu de la juger. »

Ils espéraient qu’on apointerait leur cause dans l’affaire de leur banqueroute[2], qui leur procura leur expulsion. L’avocat qui plaidait contre eux trouva heureusement leur explication du mot apointer ; il en fit part aux juges dans une de ses oraisons. Le parlement, plein de reconnaissance, n’apointa point leur affaire ; il fut jugé à l’audience que tous les jésuites, à commencer par le père général, restitueraient l’argent de la banqueroute, avec dépens, dommages et intérêts. Il fut jugé depuis qu’ils étaient de trop dans le royaume ; et cet arrêt, qui était pourtant un apointé, eut son exécution avec grands applaudissements du public.


  1. Questions sur l’Encyclopédie, seconde partie, 1770. (B.)
  2. Voyez le chapitre lxviii de l’Histoire du Parlement. La phrase du Dictionnaire de Trévoux, que Voltaire cite un peu plus haut, existe dans les éditions de 1704, 1732, 1743, 1752 ; mais elle a été supprimée dans l’édition de 1771, publiée depuis la remarque de Voltaire. (B.)


Apointé, désapointé

Apointer, apointement

Apostat