Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Ajournement

Henri Plon (p. 12).
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Ajournement. On croyait assez généralement autrefois que, si quelque opprimé, au moment de mourir, prenait Dieu pour juge, et s’il ajournait son oppresseur au tribunal suprême, il se faisait toujours une manifestation du gouvernement temporel de la Providence. Le mot toujours est une témérité, car on ne cite que quelques faits à l’appui de cette opinion. Le roi de Castille Ferdinand IV fut ajourné par deux gentils hommes injustement condamnés, et mourut au bout de trente jours. Énéas Sylvius raconte, et c’est encore un fait constaté, que François Ier, duc de Bretagne, ayant fait assassiner son frère (en 1450), ce prince, en mourant, ajourna son meurtrier devant Dieu, et que le duc expira au jour fixé[1].

Nous ne mentionnerons ici l’ajournement du grand maître des templiers, que l’on a dit avoir cité le pape et le roi au tribunal de Dieu, que pour faire remarquer au lecteur que cet ajournement a été imaginé longtemps après le supplice de ce grand maître. Voy. Templiers.


  1. Voyez, dans les Légendes des Femmes dans la vie réelle, l’ajournement de la femme du comte Alarcos, et la légende de l’ajournement dans les Légendes des Vertus théologales et cardinales.