Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Sabéus


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SABÉUS (Fauste), né au pays de Bresce en Italie, se fit tellement estimer par son savoir, que Léon X l’appela à Rome pour le faire garde de la bibliothéque vaticane [* 1]. Il travailla utilement à l’augmentation de cette bibliothéque, ayant fait dans cette vue plusieurs voyages longs et pénibles. Il en fut très-mal récompensé, et il murmura hautement de cette disgrâce (A) ; mais ses plaintes ne firent point d’impression sur l’esprit de quatre autres papes qui l’arrêtèrent à leur service. Ils ne l’avancèrent point, et ils lui donnèrent sujet de renouveler ses murmures contre le mauvais état de ses affaires. Il mourut à Rome, âgé de quatre-vingts ans, sous le règne de Paul IV [a]. On a quelques livres de sa façon (B). J’ai dit en un autre lieu [b] la part qu’il eut à la première édition d’Arnobe.

  1. * Leclerc et Joly demandent une preuve de ce fait, qui soit tirée de quelques monumens. La chronologie des bibliothécaires du Vatican ne laisse point de place à Sabéus sous le règne de Léon X. Quand ce pape monta sur le trône du serviteur des serviteurs de Dieu, le bibliothécaire du Vatican était Thomas Phédre Inghirarni (que Joly n’appelle que Phèdre), qui mourut en 1516 (et non 1518, comme on lit dans Joly par faute d’impression) ; à Inghirami succéda Ph. Béroalde, mort en 1518, et dont le successeur fut Z. Acciaioli, mort en 1520 (ou plutôt le 29 juillet 1519), et auquel Léon X donna un successeur le jour même de la mort. C’était Jérôme Aléandre, qui survécut à Léon X.
  1. Tiré della Libraria bresciana nuovamente aperta, de Leonardo Cozzando, parte I, pag. 108, 109. Ce livre fut imprimé à Bresce, l’an 1685. Ghilini a fourni tout cela à Cozzando.
  2. Dans la remarque (E) de l’article Arnobes, tom. II, pag. 431.

(A) Il en fut très-mal récompensé, et il murmura hautement de cette disgrâce. ] Voici des paroles italiennes qui me serviront de preuve : Di che egli agramente si querela e duole. Il che pure gli successe sotto quattro altri pontefici, quali con molta sua sinistra fortuna infelicemente servi [1].

(B) On a quelques livres de sa façon. ] Cinq livres d’épigrammes latines, qu’il fit imprimer à Rome l’an 1556, et qu’il dédia à Henri II, roi de France. Cette dédicace lui fut assez bien payée en argent et en habits : E ne riportò da quella maestà una collana d’oro, duecento scudi del sole, e una giubba di velluto pavonazzo. Il fit un livre de cosmographie, et il a beaucoup de part au recueil qui fut imprimé à Francfort, l’an 1580, sous le titre de Picta Poësis Ovidiana : Thesaurus propemodùm omnium Fabularum poëticerum Fausti Sabæi Brixiani aliorumque clarorum virorum tam veterum quàm recentiorum epigrammatis expositarum [2].

  1. Leonardo Corrado, Libraria bresciana, tom. I, pag. 109.
  2. Tiré de Leonardo Cozzando, della Libraria bresciana aperta, part. I, pag. 109. Voyez aussi le Théâtre de Ghilini, tom. I, pag. 51.

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