Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Antonia 1


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ANTONIA, fille aînée de Marc Antoine (A) et d’Octavie [a], fut une dame que sa vertu et sa beauté rendirent un objet d’admiration [b]. Elle épousa Drusus, fils de Livie et frère de Tibère, et en eut beaucoup d’enfans [c] ; mais il n’y en eut que trois qui survécurent à Drusus ; savoir, Germanicus, Claude qui a été empereur, et Liville qui fut femme du fils de Tibère. Antonia, jeune et belle encore dans son veuvage, fut recherchée par de grands partis. Elle les refusa tous, et fut un exemple de continence (B) d’autant plus beau, qu’elle vivait dans une cour extrêmement corrompue. Tibère, dont l’humeur était si farouche, respecta beaucoup cette dame ; ce qui montre qu’elle avait su joindre à sa chasteté une autre vertu qui était un peu inconnue à la chaste Agrippine sa belle fille ; je veux dire, la douceur et la prudence. Ce fut Antonia qui découvrit à Tibère les machinations de Séjan (C) : ce prince ne fut point ingrat après un service de cette importance [d]. Pline nous apprend une chose tout-à-fait singulière d’Antonia, c’est qu’elle ne cracha jamais [e]. Il dit aussi qu’elle aimait fort tendrement un poisson, et qu’elle lui fit porter des pendans d’oreille ; ce qui était cause que plusieurs allaient exprès dans sa maison de plaisance pour voir cette rareté [f]. Cette dame fut malheureuse dans sa famille. À la vérité, Germanicus son fils eut toutes les perfections que l’on pouvait souhaiter dans un héritier présomptif de l’empire, et il était l’amour et les délices de tout le peuple romain ; mais cela même mit le comble à l’affliction d’Antonia, lorsqu’une mort précipitée lui enleva ce jeune prince. Cette mère désolée ne fut pas en état de mener le deuil quand on fit les funérailles de Germanicus (D). Son autre fils lui était si désagréable, et lui paraissait si bête, qu’elle le traitait de monstre (E) et d’ébauche d’homme, et qu’elle en faisant un sujet de comparaison quand elle voulait représenter un gros lourdaud. Sa fille fut une autre sorte de monstre : elle attenta à l’honneur et à la vie de son époux, et poussa jusqu’au bout ses attentats ; car elle fut convaincue d’adultère, et d’avoir empoisonné son mari. Le bras séculier, auquel elle fut livrée, fut sa propre mère, qui l’enferma dans une chambre, et l’y laissa mourir de faim (F). Les enfans de Germanicus qu’Antonia élevait chez elle ne lui donnèrent pas de petits chagrins. Elle veillait sur leur conduite ; mais sa vigilance ne servit qu’à la rendre témoin oculaire de leurs énormes dérèglemens. Elle surprit un jour Caligula en flagrant délit avec sa sœur [g] : ce misérable n’avait pas encore quitté la robe d’enfance, et il s’était déjà souillé d’un inceste capital. Lorsqu’il fut parvenu à l’empire, il fit décerner tout à la fois à son aïeule Antonia tous les honneurs que le sénat avait décernés à Livie [h] ; mais ce ne fut que par boutade, puisque dans la suite il ne tint aucun compte d’Antonia, et qu’il lui refusa une audience particulière. Ces affronts la plongèrent dans un chagrin qui la fit mourir : on a dit même qu’il employa le poison, afin de hâter les mauvais effets du chagrin (G). Il ne rendit aucun honneur à la défunte, et n’assista pas même à ses funérailles [i]. Le temple d’Antonia, dont Pline est le seul qui parle, devait apparemment son nom à cette princesse (H). Elle ne vit point les malheurs de sa (I) petite-fille Antonia, de laquelle M. Moréri n’a point parlé sans se tromper.

  1. Elle était sœur d’Auguste.
  2. Σωϕροσύνῃ καὶ κάλλει περιϐόητον. Castitate et formâ inclytam. Plutarch. in Anton., pag. 955. E.
  3. Suet, in Claud., cap. I.
  4. Joseph. Antiq., lib. XVIII, cap. VIII, pag. 632, C.
  5. Plinius, lib. VII, cap. XIX.
  6. In eâdem villâ (apud Baulos, in parte Baïanâ) Antonia Drusi murænæ quam diligebat inaures addidit : cujus propter famam nonnulli Baulos videre concupiverunt. Plinius, lib. IX, cap. LV.
  7. Ex his (sororibus) Drusillam vitiâsse virginem pretextatus adhuc creditur : atque etiam in concubitu ejus quondàm deprehensus ab aviâ Antoniâ apud quam simul educabantur. Suet., in Caligulâ, cap. XXIV.
  8. Idem, ibid., cap. XV. Voyez aussi Dion, lib. LIX.
  9. Suet., in Caligulâ, cap. XXIII.

(A) Fille aînée de Marc Antoine. ] Suétone et Plutarque sont contre moi : le premier, formellement, et en propres termes [1] ; le second, d’une manière implicite : car il ne fait autre chose à cet égard que parler du mariage de l’une des deux Antonia avec Domitius, avant que de parler du mariage de l’autre avec Drusus [2]. Or, comme Suétone a écrit après Tacite, et qu’il semble même le réfuter quelquefois, ne vaudrait-il pas bien mieux lui donner la préférence, et présupposer qu’il n’a pris le parti contraire qu’à cause qu’il avait vérifié l’erreur de Tacite ? D’ailleurs, n’est-ce rien que l’arrangement des mots de Plutarque ? Que chacun en juge comme il lui plaira : j’ai suivi Tacite, sans prétendre rien contester à ceux qui suivront Suétone. Il y a deux passages de Tacite, l’un au chapitre XLIV du IVe. livre des Annales, l’autre au chapitre LXIV du XIIe. livre des mêmes Annales, où la femme de Domitius est nommée Antonia minor. Je vois que Lipse ne prend nul parti [3], et que Glandorp préfère celui de Tacite à celui de Suétone [4]. Il y a une raison pour Tacite, mais qui n’est pas concluante. On pourrait dire que Drusus, qui, en qualité de fils d’une impératrice toute-puissante, était un des plus grands partis de Rome, eut l’aînée des deux sœurs ; mais on peut répondre que l’Antonia qui lui fut donnée était parfaitement belle. Or c’est un droit d’aînesse beaucoup plus au goût d’un jeune prince (et il n’est pas besoin d’être jeune prince pour avoir ce goût), que celui qui n’est fonde que sur le plus grand nombre d’années. Drusus, en qualité de grand parti, eut apparemment le choix, et sans doute il prit la plus belle des deux sœurs, soit qu’elle fût l’aînée, soit qu’elle fût la cadette.

(B) Antonia, jeune et belle encore dans son veuvage,.... fut un exemple de continence. ] Ce que l’on dit de son mari est encore plus surprenant : c’est qu’il garda la foi conjugale : Drusum etiam Germanicum eximiam Claudiæ familiæ gloriam, patriæque rarum ornamentum, et quod super omnia est operum suorum pro habitu ætatis magnitudine, vitrico pariter ac fratri Augustis, duobus reipublicæ divinis oculis mirificè respondentem, constitit usum Veneris intra conjugis [5] charitatem clausum tenuisse [6]. Qu’à la cour d’Auguste le beau-fils de l’empereur se soit contenté de son ordinaire comme un bourgeois, c’est assurément un cas singulier : et il ne servirait rien de dire qu’Antonia était si jeune et si belle, que Drusus n’aurait su où aller pour trouver mieux. Combien y a-t-il de princes, de grands seigneurs, et d’autres gens pour qui cette raison est tout-à-fait fausse ? Mais revenons à Antonia. Voici comment Valère Maxime continue son discours : Antonia quoque femina laudibus virilem familiæ suæ claritatem supergressa amorem mariti egregiâ fide pensavit : quæ post ejus excessum formâ et ætate florens cubiculum socrûs pro conjugio habuit, in eodemque toro alterius adolescentiæ vigor exstinctus est, alterius viduitatis cxperientia consenuit. La chasteté d’Antonia a trouvé des panégyristes dans la Judée. Josephe mérite d’être ouï : il nous apprend qu’Auguste sollicita cette dame à se remarier ; mais qu’elle persista dans le dessein de n’en rien faire, et qu’elle conserva dans son veuvage toute sa belle réputation. Voilà où est la rareté ; car on trouve assez de grandes dames qui vivent séparées de leurs maris, ou qui ne se remarient point, quoiqu’on les recherche ; mais vivent-elles sans reproche, ne font-elles point parler de leurs commerces, et de leurs galanteries ? C’est là le point : hoc opus, hic labor est. Il y a des médisans qui prétendent qu’il s’en trouve qui pratiquent ce que l’on accuse Luther d’avoir permis aux maris. Si nolit uxor, disait-il, veniat ancilla. On tourne ici la médaille, si nolit, si desit maritus, veniat famulus. On a malentendu les paroles de Luther. Voici les paroles de Joseph touchant Antonia : Τιμία δ᾽ ἦν Ἀντωνία Τιϐερίῳ εἰς τὰ πάντα συγγενείας τε ἀξιώματι, Δρούσου γὰρ ἦν ἀδελϕοῦ τοῦ αὐτοῦ γυνή, καὶ ἀρετῃ τοῦ σώϕρονος, νέα γὰρ χηρεύειν παρέμεινεν γάμῳ τε ἀπεῖπεν τῷ πρὸς ἕτερον, καί περ τοῦ σεϐαςοῦ κελεύσαντός τινὶ γαμεῖσθαι, καὶ λοιδοριῶν ἀπηλλαγμένον διεσώσατο αὐτῆς τὸν ϐίον. [7]. Antonia in magno honore habebatur apud Tiberium, vel propter affinitatem quòd Drusi fratris uxor fuerat, vel propter continentiam, quòd florente etiam tum œtate vidua recusârit alteras nuptias, licet hortante Augusto ad iterandum conjugium, in eoque vitæ genere ommen caverit infamiam.

(C) Ce fut Antonia qui découvrit à Tibère les machinations de Séjan. ] Il y a beaucoup d’apparence que Tacite avait étendu ce fait ; mais par malheur cette partie de ses Annales est perdue. Josephe, si je ne me trompe, est le seul historien qui nous apprenne la part qu’eut Antonia à la découverte de cette conspiration. Il est digne d’être cru, parce que les liaisons de Bérénice, et celles d’Agrippa son fils avec cette dame, et les bons offices qu’elle rendit à Agrippa, la firent connaître dans la Judée, et obligèrent l’historien juif à s’informer exactement de ce qui la concernait. Croyons donc, sur son témoignage, qu’aussitôt qu’Antonia eut été bien informée du complot de Séjan, elle en écrivit exactement les circonstances à Tibère, qui était dans l’île de Caprée, où elle lui dépêcha le plus fidèle de ses domestiques, chargé de sa lettre. La considération que ce prince avait toujours eue pour cette dame devint plus forte depuis un service si important : Ὁ δὲ μαθὼν τόν τε Σηϊανὸν κτείνει, καὶ τοὺς συνεπιϐούλους· τήν τε Ἀντωνίαν, καὶ πρὶν ἀξιολόγως ἄγων, τιμιωτέραν τε ὑπελάμϐανε κἀπὶ τοῖς πᾶσι πιθανήν [8]. Quibus ille (Tiberius) cognitis Sejanum vccidit et socios consilii, Antoniæque jam antè habitæ in pretio majorem etiam in posterum idem habuit per omnia. Je dirai ailleurs [9] que Xiphilin a observé par occasion qu’Antonia écrivit certaines choses à Tibère touchant Séjan.

(D) Elle ne fut pas en état de mener de deuil des funérailles de Germanicus. ] Voyons comment Tacite narre la chose, et comment il la pare de ses réflexions : Tiberius atque Augusta publico abstinuêre, inferius majestate suâ rati si palàm lamentarentur, an ne omnium oculis vultum eorum scrutantibus falsi intelligerentur. Matrem Antoniam non apud auctores rerum, non diurnâ actorum scripturâ reperio ullo insigni officio functam, cùm super Agrippinam, et Drusum et Claudium, cæteri quoque consanguinei nominatìm perscripti sint, seu valetudine præpediebatur, seu victus luctu animus magnitudinem mali perferre visu non toleravit. Faciliùs crediderim Tiberio et Augustâ qui domo non excedebant cohibitam, ut par mæror et matris exemplo avia quoque et patruus attineri viderentur [10].

(E) Elle traitait son second fils de monstre. ] C’est Suétone qui nous l’apprend. Mater Antonia portentum eum hominis dictitabat, nec absolutum à naturâ, sed tantùm inchoatum ; ac si quem socordiæ argueret, stultiorem aïebat filio suo Claudio [11]. À cela peut-on connaître qu’elle se piquait d’esprit et d’habileté ; car une femme du commun ne s’aperçoit pas que ses enfans soient des sots ; ou si elle s’en aperçoit, elle ne prend pas les devans avec un si grand dépit, pour s’en disculper, et pour traiter cela d’une production qui a été négligée à moitié faite.

(F) Elle enferma sa fille dans une chambre, et l’y laissa mourir de faim. ] Ceci témoigne encore que c’était une maîtresse femme, qui n’aimait ses enfans qu’autant qu’ils lui faisaient honneur, et qui préférait aux sentimens de la nature ceux de la grandeur romaine. Il y avait deux traditions touchant la mort de Liville : l’une, que Tibère la fit mourir ; l’autre, qu’il lui pardonna son crime, pour l’amour d’Antonia ; mais qu’Antonia la condamna à mourir de faim [12].

(G) Caligula la fit mourir de chagrin : on a dit même qu’il employa le poison pour hâter les mauvais effets du chagrin. ] Suétone et Dion s’accordent sur ce point-là. Per istiusmodi indignitates et tædia caussa extitit mortis, dato tamen, ut quidam putant, et veneno [13]. Dion ne parle pas d’empoisonnement : il se contente de dire que ce barbare, ne pouvant souffrir les censures de sa grand’mère, l’obligea à mettre fin à ses jours [14]. Je n’ai pu trouver en quelle année mourut cette illustre dame ; mais puisque ce fut sous l’empire de Caligula, on peut, ce me semble, placer sa mort à l’an 792 de Rome. Celle de son mari arriva l’an 744. On peut savoir à peu près à quel âge elle commença d’être veuve, et combien elle a vécu ; car elle naquit l’an 714 de Rome, vu qu’Octavia sa mère, qui épousa Marc Antoine, l’an 713 [15], était déjà accouchée d’une fille, lorsqu’il retourna en Grèce l’année suivante [16]. Le poëme intitulé Consolatio ad Liviam Augustam de morte Drusi Neronis [17], représente Antonia fort désolée, et lui donne de beaux éloges. On apprend là, comme dans Valère Maxime, que Drusus n’allait pas à la picorée amoureuse. On y apprend que ses dernières paroles furent pour sa chère femme :

Quid referam de te, dignissima conjuge Druso,
Atque eadem Drusi digna parente nurus ?
Par benè compositum, juvenum fortissimus alter,
Altera tam forti mutua cure viro.
Femina tu princeps, tu filia Cæsaris : illi,
Nec minor es magni conjuge visa Jovis.
Tu concessus amor, tu solus et ultimus illi,
Tu requies fesso grata laboris eras.
Te moriens per verba novissima questus abesse,
Et mota in nomen frigida lingua tuum.

(H) Le temple d’Antonia, dont Pline est le seul qui parle, devait apparemment son nom à cette princesse. ] Il en fait mention dans la liste des tableaux d’Apelles : Ejusdem arbitrantur, dit-il, manu esse et in Antoniæ templo Herculem aversum : ut quod est difficillimum, faciem ejus ostendat veriùs pictura, quàm promittat [18]. Un fort savant commentateur [19] dit sur ce passage qu’il ne sait si ce temple appartenait à l’aînée des Antonia, ou à la cadette, ni en quel endroit de la ville il était bâti : Cujus illud Antoniæ fuerit, majoris, minorisve, quove Urbis situ conditum fuerit, incompertum. Utraque Antonii triumviri filia, major Germanici et Claudii Cæsaris parens : Neronis avia. C’est préférer le sentiment de Tacite à celui de Suétone [20] : c’est donner à Drusus l’aînée ; mais d’ailleurs, ces paroles Neronis avia me font de la peine : je soupçonne que l’imprimeur a oublié pour le moins minor ; car en substituant ce mot, nous verrons que le père Hardouin nous aura dit quelque chose de l’une et de l’autre Antonia : de l’aînée, qu’elle fut mère de Germanicus et de l’empereur Claude ; de la cadette, qu’elle fut aïeule de Néron. Si l’on ne substitue rien, on trouvera une faute, puisque la mère de Germanicus ne fut point la grand’mère de Néron. Recourir à adoption de Néron par Claude serait une mauvaise chicane. Dans un autre lieu [21], ce commentateur avait préféré le sentiment de Suétone à celui de Tacite.

(I) M. Moréri n’a point parlé d’Antonia sa petite-fille, sans se tromper. ] Elle était fille de l’empereur Claude, et d’Ælia Petina ; mais elle était née avant qu’il fût empereur. Il la maria premièrement à Cneius Pompeius Magnus [22], et puis à Faustus Sylla. Elle vit périr de mort violente ses deux maris. Le premier fut mis à mort par les ordres de l’empereur Claude [23] ; le second fut massacré à Marseille par des gens que Néron y envoya pour cet effet [24]. Elle refusa d’épouser ce prince qui voulut en faire sa femme après la mort de Pompée [25]. Néron la fit mourir, sous prétexte qu’elle se trouva mêlée dans une conspiration. Je crois que ce fut dans celle de Pison. Un historien a dit que Pison devait mener avec lui Antonia dans le camp des gardes prétoriennes [26]. Tacite le rapporte sans y trouver une grande vraisemblance [27]. Il ne trouve point apparent qu’Antonia eût voulu s’exposer à un grand péril, sans espérer de devenir l’épouse de Pison. Or cette espérance n’avait aucun fondement ; car Pison était connu par toute la ville pour un mari fort amoureux de sa femme. Tacite n’avait garde de s’arrêter là : il y joint une restriction à sa manière : si ce n’est, dit-il, que la passion de dominer soit la plus violente de toutes. Par-là, il redonne au narré de Pline la vraisemblance qu’il lui avait ôtée. Antonia aura pu croire que Pison répudierait sa chère femme, afin de s’ouvrir le chemin du trône, en épousant la fille de l’empereur Claude : Interim Piso apud ædem Cereris opperiretur, undè eum præfectus Fenius et cæteri accitum ferrent in castra, comitante Antoniâ Claudii Cæsaris filiâ ad eliciendum vulgi favorem, quod C. Plinius memorat. Nobis quoquo modo traditum non occultare in animo fuit, quamvis absurdum videretur, aut inani spei Antoniam nomen et periculum commodavisse, aut Pisonem notum amore uxoris alii matrimonio se obstrinxrisse : nisi si cupido dominandi cunctis affectibus flagrantior est [28]. Les fautes de M. Moréri sont : 1o. Que Tacite nomme Cornelius Salvus le second mari d’Antonia. Il le nomme Cornelius Sulla [29] 2o. Qu’Antonia fut long-temps veuve. Son mari Sylla fut tué l’an 815 ; la conjuration de Pison éclata l’an 818 ; Poppée mourut la même année : il y a beaucoup d’apparence qu’Antonia fut recherchée peu après, et que son refus obligea Néron à faire revivre les procédures contre elle en particulier. En tout cas, sa viduité n’a point pu être fort longue, puisque Néron, qui la fit mourir, mourut en l’année 821. 3o. les auteurs cités par M. Moréri ne disent point que Néron contraignit Antonia de se tuer.

  1. Germanicus C. Cæsaris pater, Drusi et minoris Antoniæ filius. Suet., in Calig., cap. I. Vide etiam in Claud., cap. I. Ex Antoniâ majore patrem Neronis procreavit (Domitius) Sueton., in Nerone, cap. V.
  2. Plutarch., in Marc. Anton., pag. 955.
  3. Lips., in Tacit. Ann., lib. XII.
  4. Glandorpii Onomast., pag. 87.
  5. Voyez les vers de la remarque (G).
  6. Valer. Maximus, lib. IV, cap. III.
  7. Joseph. Antiquit., lib. XVIII, cap. VIII, pag. 632, C.
  8. Idem, ibid.
  9. Dans l’article Vespasien, à la remarque (F).
  10. Tacit. Annales, lib. III, cap. III, ad ann. 773 ; c’était l’an 20 de grâce.
  11. Suet., in Claudio, cap. III.
  12. Dio, lib. LVIII.
  13. Sueton., in Caligulâ, cap. XXIII.
  14. Dio, lib. LIX. Vide etiam Sueton., in Caligulâ, cap. XXIX.
  15. Calvisius, ad ann. mundi 3910.
  16. Plut., in Antonio, pag. 930, E. Voyez aussi pag. 931. D.
  17. Consol. ad Liv., vs. 299 et seqq. On l’imprime avec les Œuvres d’Ovide, et plusieurs le croient d’Ovide.
  18. Plinius, lib. XXXV, cap. X, pag. 213.
  19. Le père Hardouin.
  20. Voyez ci-dessus la remarque (A).
  21. In Plin., lib. VII, cap. XIX, tom. II, pag. 38.
  22. Il lui redonna ce surnom, que Caligula lui avait ôté. Dio, lib. LX.
  23. Suet., in Claud., cap. XXVII.
  24. Tacit., Annal., lib. XIV, cap. LVII.
  25. Suet., in Nerone, cap. XXXV.
  26. Plin., apud Tacitum, Annal., lib. XV, cap. LIII.
  27. Tacit., Annal., lib. XV, cap. LIII.
  28. Là même.
  29. Tacit., Annal., lib. XIII, cap. XXIII, (et non pas, cap. V, comme dans Moréri,) et XLVII. Moréri a cité mal, lib. XIV, cap. XVI ; il fallait citer lib. XIV, cap. LVII, et n’a point cité tous les endroits quel fallait citer.

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