Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Amaseus


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AMASEUS (Romulus), professeur en grec et en latin, à Boulogne, au XVIe. siècle (A), et secrétaire du sénat[a], se rendit célèbre par son érudition[* 1] et par ses emplois. Il était originaire de Boulogne, et natif d’Udine, dans le Frioul. Le pape Paul III l’attira auprès de soi, pour le faire précepteur d’Alexandre Farnèse son petit-fils[b]. On l’employa ensuite à des affaires plus importantes : on le députa à l’empereur et aux princes de l’empire, et à la cour de Pologne. Il n’y avait point de savans à Rome, sous le pontificat de Jules III, qui brillassent plus que lui. Il fut secrétaire de ce pape. Il fit paraître son intelligence de la langue grecque par la Traduction de Pausanias, et par celle d’un ouvrage de Xénophon [c]. Il a fait aussi un volume de Harangues, et Scholas duas de Ratione instituendi. Pour ce qui est des deux livres qu’il avait écrits, où il faisait voir que la langue latine est plus belle que l’italienne, ils n’ont jamais été imprimés[d]. Quelques-uns disent qu’il mourut l’an 1558, à l’âge de soixante-neuf ans (B). Il laissa un fils, qui s’appelait Pompilius, et qui ne dégénéra point ; car ce fut un homme qui sut du grec, et qui se mêla d’en traduire. Il fut même professeur en cette langue à Boulogne [e]. Je crois que ses traductions se bornèrent à deux fragmens du sixième livre de Polybe (C) : il y fit paraître plus de capacité que Perot et Musculus n’en ont témoigné en traduisant cet auteur[f]. Un habile homme ne laissa pas de l’accuser d’avoir passé tous les endroits difficiles, se contentant d’avertir qu’on en pouvait trouver ailleurs l’interprétation[g]. Quant à son père, l’on convient qu’il s’attachait extrêmement à l’élégance et à la clarté : il étendait ce qui était trop concis, et serrait ce qui était trop diffus ; il éclaircissait les endroits obscurs[h]. Sa Traduction de Pausanias a eu besoin de la révision de Sylburgius.

  1. * Leclerc dit qu’il avait quelque réputation à Rome dès 1513.
  1. Voyez la remarque (B).
  2. Et non pas son neveu, comme Du Rier a traduit le mot nepos de M. de Thou.
  3. L’Expédition du jeune Cyrus.
  4. Tiré du XXIe. livre de M. de Thou, p. 432, et des Additions de M. Teissier.
  5. Bumaldus, cité par Baillet, Jugemens des Savans, tom. IV, pag. 400.
  6. C’est le jugement de Casaubon. Voyez Baillet, là même.
  7. Huetius, de Claris Interpret., p. 122, edit. Batav.
  8. C’est le jugement de M. Huët, même.

(A) AMASEUS (Romulus) professeur en grec et en latin... vivait au XVIe. siècle. ] Moréri ne s’était pas trompé dans cette chronologie : il ne fallait donc pas la changer comme on a fait dans l’édition de Hollande, où, au lieu du seizième siècle, on a mis le quatorzième. Il y avait trois choses à corriger dans cet article, que l’on n’aurait pas dû laisser en repos : 1o. Il était trop sec et trop décharné. 2o. Il devait être sous Amaseus, et non pas sous Romulus. 3o. Il fallait dire, non pas qu’Amaseus a traduit les œuvres de Xénophon ; mais qu’il a traduit les sept livres que Xénophon a composés de l’expédition de Cyrus le jeune.

(B) Quelques-uns disent qu’il mourut l’an 1558, à l’âge de soixante-neuf ans. ] M. de Thou s’est trompé en mettant la mort de Romulus Amaseus à l’an 1558. Car ce Romulus était mort dès l’an 1552[* 1]. Nous en avons la preuve dans une lettre de Giovan Antonio Serone, intime ami de Romulus, datée du 20 octobre de cette année-là, et insérée dans le recueil du Turchi, pag. m. 257. Voilà ce que <abbr class="abbr" title="Monsieur">M. de la Monnaie m’a fait la faveur de m’écrire. Au reste, si Amaseus était mort l’an 1558, on aurait raison de dire qu’il vécut soixante-neuf ans, car le jour de sa naissance est marqué dans les figures de Luc Gauric au 24 de juin 1489[1]. J’ai trouvé dans cet ouvrage de Gauric trois ou quatre particularités que j’insérerai ici. Amaseus était maigre, de grande taille, chauve, et avait la tête petite. Il fut secrétaire du sénat à Boulogne, et il enseignait l’éloquence dans la même ville, aux gages de trois cents écus par an. Il enseigna ensuite dans Rome, sous Paul III, et eut pour cela une pension de six cents écus : Nutu Pauli III, ex lecturâ in urbe, habebat 600 aureos. <abbr class="abbr" title="Monsieur">M. de Thou ignorait cela.

(C) Les traductions de Pompilius Amaseus se bornèrent à deux fragmens du VIe. livre de Polybe. ] Pompilius Amaseus, ayant traduit ces fragmens qui traitent de la discipline militaire des Romains, les éclaircit par un Commentaire qui est parmi les manuscrits de la Bibliothéque de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M. de Thou[2]. Ce manuscrit est en italien. L’auteur a traduit tant en latin qu’en sa langue maternelle ces fragmens-là.

  1. * Le Duchat confirme cette date de 1552.
  1. Voyez le folio 72, verso, édition de Venise, en 1552, de ces Figures de Gauric.
  2. Voyez la pag. 453 du Catalogue de cette Bibliothéque.

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