Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Althusius


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ALTHUSIUS (Jean), jurisconsulte d’Allemagne, florissait vers la fin du XVIe. siècle. Il a fait un livre de politique. Quelques jurisconsultes de son pays s’emportent étrangement contre lui, parce qu’il a soutenu que la souveraineté des états appartient aux peuples (A). Il a fait un Traité de Jurisprudentiâ romanâ, un autre de Civili Conversatione, un autre qu’il intitule Dicæologia, etc.

J’oubliai de dire, dans les deux premières éditions, qu’il était de la religion protestante ; qu’après avoir été professeur en droit à Herborn, il eut à Brême la dignité de syndic, et que les jésuites, en répondant à l’Anti-Coton, le mirent dans le catalogue des protestans qui ont mal parlé de la puissance royale (B).

(A) Quelques jurisconsultes… s’emportent étrangement contre lui, parce qu’il donne la souveraineté des états aux peuples. ] Boëcler soutient que le principe d’Althusius n’est propre qu’à rompre tous les liens de la société civile ; et que son ouvrage, bien loin de mériter qu’on le recommande aux étudians, comme font plusieurs, est digne du feu : Omnes reges nihil aliud esse quàm magistratus… Althusio inter solennia carmina placet ; cujus Politica non tradit sanè, quî civitatis finis et felicitas et tranquillitas obtineri debeat, sed quibus modis omne vinculum societatis ac salutis civilis dissolvi ac everti possit. Demagogica appelles meritò ; et tamen, quia jurisconsulti nomen præfert, et quædam subindè in ostentationem ejus scientiæ jacit, commendari juventuti academicæ audimus librum orco damnandum judicio eorum qui venena à cibis distinguere didicerunt[1]. Voici le jugement qu’en fait le docte Conringius : Fundamentum doctrinæ suæ politicæ collocat in eo quod summa Reip. cujusvis jure sit penes solum populum : qui error pestilens est et turbando orbi aptus[2]. Un autre écrivain allemand s’est exprimé avec plus de force. In classem istam, dit-il [3], referendi sunt illi politicorum, qui majestatis πρῶτον δεικτικὸν populum faciunt, indè politici populares, et quia jugulum omnium principum ac regum petunt, monarchomachi dicti. Horum hominum nefanda dogmata refertìm habet Althusius in suâ Politicâ, Vulcano publico edicto consecrandâ.

(B) Les jésuites... le mirent dans le catalogue des protestans qui ont mal parlé de la puissance royale. ] Voici les paroles de celui qui présenta à la reine mère une réponse apologétique à l’Anti-Coton : « Après Hotoman, dit-il [4], adjoustons les enseignemens et propres paroles de Jean Arthusius [5], docteur ès droits, en sa Politique méthodiquement digérée, imprimée à Herborn, l’an 1603, au chapitre des Éphores, où, pour ne rien dire du surplus, il escrit entre autres choses, qu’il est loisible d’oster le tyran de sa charge, le priver de l’administration qui lui a y esté commise, voire mesme le mettre à mort, si autre remède ne se trouve, et en substituer un autre à sa place. »
Voici les propres termes d’Althusius [6] : Ejusmodi tyrannum ab officio removere, administratione demandatâ privare, imò etiam, si aliter contra vim se defendere non possunt, interficere, et alium in ejus locum substituere possunt.

  1. Boëcler. in Grotium de Jure Belli, lib. I, cap. III, num. 8, pag. 235.
  2. Conring. de Civ. Prudent., cap. XIV.
  3. Meyer. in Analys., lib. III Polit. Arist.
  4. Réponse Apologétique à l’Anti-Coton, pag. 185, 186.
  5. Il fallait dire, Althusius.
  6. Althusii Politica methodicè digesta, cap. XIV.

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