Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Ajax 2


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AJAX, fils de Télamon[a], était après Achille le plus vaillant capitaine grec (A) qui fût au siége de Troie. Il y commandait les troupes de Salamine[b], et il y fit plusieurs beaux exploits que l’on peut lire dans l’Iliade, dans Dictys de Crète, dans Quintus Calaber, et au XIIIe. livre des Métamorphoses, dans la harangue qu’il fit au sujet de la dispute touchant les armes d’Achille. Il perdit sa cause, car elles furent adjugées à Ulysse son compétiteur ; il en fut si indigné qu’il en devint fou[c]. Il se rua sur des troupeaux, et y fit une grande tuerie, s’imaginant qu’il tuait ceux qui l’avaient offensé en lui disputant les armes d’Achille, ou en les donnant à un autre. S’étant aperçu qu’il n’avait tué que des bêtes, il devint encore plus furieux, et se tua. On a dit que sa fureur fit beaucoup de bien aux assiégeans (B). Il fut condamné, selon quelques-uns, non par les suffrages des princes grecs, mais par la décision des Troyens, auxquels on avait demandé lequel leur avait fait plus de mal, d’Ajax ou d’Ulysse[d]. Le fondement de cette opinion est expressément contenu dans le onzième livre de l’Odyssée. Ajax ressemblait en plusieurs choses à Achille ; il était colère et mal-endurant comme lui[e], et invulnérable par tout le corps, à une partie près (C). On connaîtrait peu la mythologie, si l’on croyait que les causes et les circonstances de sa mort n’ont pas été rapportées en plusieurs manières, dont les unes détruisent les autres (D). Un des caractères d’Ajax était l’impiété (E) : ce n’est pas qu’il crût que les dieux n’avaient pas un grand pouvoir ; c’est qu’il s’imaginait que, les plus lâches pouvant vaincre par leur entremise, il n’y avait point de gloire à vaincre de cette façon. Il ne voulait être redevable de la victoire qu’à son courage. On a feint que son âme, ayant la liberté de choisir un corps[f] pour retourner dans ce monde, préféra celui d’un lion à celui d’un homme : tant elle détestait le genre humain en se souvenant de l’injustice qu’on lui avait faite touchant les armes d’Achille. Nous dirons ailleurs[g] quelque chose de la postérité qu’il laissa, d’où sortit la famille de Miltiade. Les poëtes ont donné à Ajax le même éloge que l’Écriture Sainte donne au roi Saül à l’égard de la taille[h]. Il fut le sujet de plusieurs pièces de théâtre, tant en grec qu’en latin[i]. Le fameux comédien Ésope n’aimait pas à les jouer [j]. Les Grecs rendirent beaucoup d’honneurs à ce brave capitaine après sa mort[k]. Ils lui dressèrent un superbe monument sur le promontoire de Rhétée (F). On a conté quelques aventures miraculeuses touchant ce tombeau (G). La faute que Ronsard crut avoir faite touchant Ajax (H) fut corrigée dans une nouvelle édition.

  1. Voyez, dans la remarque (A) de l’article Télamon, la généalogie d’Ajax, tant du côté paternel que du maternel.
  2. Son père régnait dans cette île. Il donna douze vaisseaux à Ajax. Homeri Iliad., lib. II.
  3. Sophocl. in Ajace. Quintus Calaber, lib. V.
  4. Eustathius, et Scholiastes in Odysseæ lib. XI ; Scholiast. Aristophan. in Equit.
  5. Plutar. Symposiac., lib. I, sub fin., pag. 629. Cicero, de Officiis, lib. I, cap. XXXI.
  6. Plato, de Republ., lib. X, pag. 765.
  7. Dans l’article Tecmesse.
  8. Voyez la remarque (G).
  9. Auguste en avait commencé une. Voyez Suétone, dans sa Vie, chap. LXXXV.
  10. Cicero de Officiis, lib. I, cap. XXXI.
  11. Quintus Calaber, lib. V ; Dictys Cret. lib. V.

(A) C’était, après Achille, le plus vaillant capitaine grec. ] C’est sur le témoignage de plusieurs poëtes, que je fais cette restriction :

Ἀνδ ρῶν δ᾽ αὖ μέy᾽ ἄριςος ἔην Τελαμώνιος, Αἴας,
Ὄϕρ᾽ Ἀχιλεὺς μήνιεν. (ὅ γὰρ πολὺ ϕέρτατος ἦεν.)[1]

Virorum verò longè prœstantissimus erat Telamonius Ajax,
Intereà dùm Achilles in odio permanebat ;
(nam is multò fortissimus erat.)


Pindare appelle Ajax κράτιςον, Ἀχιλέος ἄτερ, μάχᾳ[2] ; strenuissimum, excepto Achille, in pugnâ. Sophocle en dit autant[3]. Horace n’en dit pas moins : Ajax Heros ab Achille secundus [4]. Plutarque rapporte comme une tradition qui ne recevait point de difficulté, qu’Ajax était le plus beau, le plus grand, et le plus vaillant de tous les Grecs, après Achille[5]. Cela est bâti sur ces paroles d’Homère :

Αἴανθ᾽ ὁς περὶ μὲν εἶδος περὶ δ᾽ ἔργα τέτυκτο

Τῶν ἄλλων Δαναῶν μετ᾽ ἀμύμονα Πηλεΐωνα[6].

Ajacem, qui eximius et formâ et rebus gestis fuit,
Inter alios Græcos post Achillem, in quo nihil desiderabatur.


Plutarque fonde là-dessus l’objection qu’il fait à Platon, qui a feint que l’âme d’Ajax ne fut enrôlée que la vingtième : Τί οὖν (εἶπεν) οὐ δευτεραῖα μὲν ὁ Αἴας κάλλους καὶ μεγέθους καί ἀνδρείας ἀεὶ ϕέρεται μετ᾽ ἀμύμονα Πηλείωνα. Quid (inquit) nonne Ajax semper ab Achille secundus habetur pulchritudine, magnitudine, et fortitudine ? M. Moréri rapporte ce passage tout falsifié ; voici ses paroles : Plutarque remarque en ses Questions de table, pour quelle raison Platon ne donne après Achille que la vingt-deuxième place à l’âme d’Ajax, qui était estimé le premier en beauté, en force et en courage ; et il fait voir que ce philosophe se jouait par la différente signification des noms.

(B) Sa fureur fit beaucoup de bien aux assiégeans.] On aurait néanmoins grand tort d’en conclure que le vrai courage a besoin d’un tel secours. Les utilités du vice n’empêchent pas qu’il ne soit mauvais. Je vous renvoie à ce beau passage de Cicéron. Non igitur desiderat fortitudo advocatam iracundiam : satis est instructa, armata parata, per sese. Nam isto modo quidem licet dicere utilem vinolentiam ad fortitudinem, utilem etiam dementiam, quod et insani et ebrii multa faciunt sæpé vehementiùs. Semper Ajax forus, fortissimus tamen in furore.

Nam facinus fecit maximum, quùm, Danais inclinantibus,

Summam rem perfecit manus, prælium quùm restituit insaniens.


Dicamus igitur utilem insaniam[7].

(C) Il était invulnerable par tout le corps, à une partie près.] Voici l’origine de cette singularité. Hercule, voyant Télamon fâché d’être sans enfans, pria Jupiter de lui donner un garçon qui eût la peau aussi dure que celle du lion de Némée, et autant de courage que ce lion[8]. Il vit une aigle, après avoir cessé de prier, et la prenant pour un bon augure, il promit à Télamon un fils tel qu’il venait de lui souhaiter, et ordonna que cet enfant fût nommé Ajax, à cause de l’aigle[9] qui avait fourni le présage. Il revint voir Télamon, après la naissance d’Ajax ; et se faisant donner cet enfant tout nu, il l’enveloppa de la peau de son lion de Némée : d’où il arriva que tout le corps d’Ajax devint invulnérable, excepté la partie qui se trouva sous le trou qui était dans cette peau, à l’endroit où Hercule portait son carquois[10]. On n’est point d’accord touchant la partie qui se trouva sous ce trou : les uns la mettent sous l’aisselle[11], d’autres au cou[12], d’autres au côté[13], d’autres à la poitrine. Tzetzès sur Lycophron se range à ce dernier sentiment ; et Ovide paraît en être au XIIIe, livre des Métamorphoses, vers. 391 :

Dixit, et in pectus tùm denique vulnera passum,
Quà patuit ferro lethalem condidit ensem.

(D) On a rapporté des circonstances de sa mort, dont les unes détruisent des autres. ] Car il y a des auteurs qui veulent qu’il se soit donné la mort, dans la fureur qui le transporta, après avoir perdu le procès des armes d’Achille : d’autres disent qu’il n’eut point de démêlé avec Ulysse touchant ces armes ; mais touchant le palladium qu’on avait enlevé de Troie au saccagement de la place. Ces deux narrés sont incompatibles, vu que les armes d’Achille furent adjugées à Ulysse avant la prise de Troie, et qu’Ajax se désespéra peu après l’adjudication. Quoi qu’il en soit, Dictys de Crète raconte qu’Ulysse remporta le palladium sur Ajax, par le jugement des chefs, et qu’Ajax, transporté de colère, menaça de tuer ceux qui lui avaient fait cette injustice ; mais que le lendemain il fut trouvé mort dans sa tente, transpercé d’un coup d’épée[14]. Ulysse, soupçonné de cet homicide, et voyant les murmures de l’armée, s’embarqua, et mit à la voile le plus promptement qu’il put. Suidas [15] et Sédrenus avouent bien qu’Ajax et Ulysse disputèrent le palladium ; mais non pas que les juges aient prononcé en faveur de l’un ou de l’autre. Ils disent qu’on se sépara, avant qu’il y eût rien de décidé, et que la nuit suivante Ajax fut trouvé raide mort. Il y en a qui veulent que son combat avec Pâris lui ait été aussi funeste qu’à son adversaire : il y reçut une blessure dont il mourut[16], et il y tua Pâris[17]. D’autres disent que les Troyens, avertis par un oracle, que le fer ne pouvait rien sur son corps, et que, si on voulait le faire mourir, il fallait l’accabler de boue, le firent périr de cette façon[18].

(E) Un de ses caractères était l’impiété. ] Quand il partit pour l’armée, son père lui recommanda de joindre toujours à la force de son courage l’assistance du bon Dieu. Ajax lui répondit que les poltrons même sont souvent victorieux avec une telle assistance ; mais que pour lui, il s’en passerait, et qu’il était assuré de vaincre sans cela :

Τέκνον, δορὶ
Βοὺλου κρατεῖν μὲν, σὺν θεῷ δ᾽ ἀεὶ κρατεῖν.
Ὁ δ᾽ ὑψικόμπως κᾀϕρόνως ἠμείψατο,
Πάτερ, Θεοῖς μὲν κἂ ὁ μηδεν ὢν ὁμοῦ
Κράτος κατακτήσαιτ᾽· Ἐγὼ δὲ καὶ δίχα
Κείνων, πέποιθα τοῦτ᾽ ἐπισπάσιν κλέος[19].

........Mi fili, inquit, virtute
Velis vincere, sed auxiliante Deo semper velis vincere.
Ipse verò superbè ac stultè respondebat,
Adjuvante Deo, inquit, etiam ignavi
Vincere solent. Ego verò, vel absque
Auxilio divino, confido me istam attracturum esse gloriam.


On trouve encore un passage tout semblable dans le même auteur.

Εἰ δέ τις θεῶν βλάπτοι, ϕύγοιγ᾽ ἂν χῷ
κακὸς τὸν κρείσσονα[20].

Sed cùm Deus adversatur, tunc etiam ignavi
effugiunt è manibus virorum fortium.


Minerve se voulut mêler un jour de lui donner des avis ; il lui repondit fièrement : Ne vous mettez point en peine de mon poste ; j’en rendrai bon comple : vous n’avez qu’à garder vos bons offices pour les autres Grecs[21]. Une autre fois, elle s’offrit à conduire le chariot d’Ajax dans la mêlée : il ne le voulut point souffrir[22]. Il fit même effacer de son écu la chouette qu’on y avait peinte[23]. Il craignit apparemment que cette peinture ne fût prise pour un acte de dévotion envers Minerve, et pour une défiance de ses propres forces. On ne serait pas équitable, si l’on n’apprenait ici aux lecteurs qu’il n’est pas si indévot dans Homère ; car, s’il n’y prie pas Jupiter en se préparant au combat contre le vaillant Hector, il demande pour le moins que d’autres fassent des prières à ce Dieu, ou tout bas, de peur que les Troyens ne l’entendent, ou même tout haut ; car, ajoute-t-il, je ne crains personne[24]. Il n’y a pas là de quoi le donner pour un modèle de dévotion, comme on le fait dans le Commentaire sur les Emblèmes d’Alciat. Rectè Ajax apud Homerum qui Deos invocat sese ad arma componens ; neque enim putat sibi felicius rei benè gerendæ auspicium capere posse quàm ab invocatione numinis [25]. C’est mal rapporter le fait ; le passage du XXVIIe. livre de l’Iliade, vers 645, ne sert de rien ici. Il ne veut pas que les Troyens sachent qu’on prie Dieu pour le bon succès de ses armes ; cela peut recevoir deux explications : il craignait peut-être que les Troyens ne prissent cette invocation de Dieu pour une marque qu’on se défiait de sa valeur ; ou bien, il craignait que les Troyens, avertis des vœux que les Grecs feraient pour lui, n’en fissent de semblables, ou même de plus ardens, pour leur Hector. La première de ces deux explications lui laisse une vanité fort injurieuse à Dieu : la seconde lui laisse beaucoup de persuasion du pouvoir céleste. Mais, à quoi sert cela, puisqu’il consent qu’on prie tout haut ; qu’il y consent, dis-je, par la confiance qu’il met en sa force et en son adresse ; en un mot, par la raison qu’il ne craint rien, et qu’il se soucie peu que les Troyens fassent des contre-prières, ou qu’ils n’en fassent pas ? Est-ce là un exemple de piété que le commentateur d’Alciat doive proposer ? Un homme disait l’autre jour que les princes catholiques font fort mal de laisser mettre dans les gazettes les pèlerinages de Lorette, les offrandes, les vœux, les prières de quarante heures, qu’ils ordonnent pour obtenir une glorieuse campagne ; car, dès que leur ennemi le sait, il ordonne les mêmes choses chez lui, et promet encore plus de largesses aux saints et aux saintes. On lui répondit que cela montrait la bonne foi de ces princes : ils ne veulent pas surprendre les arrêts du ciel ; ils ne veulent pas, comme Ajax, ôter à leur adverse partie la connaissance de leurs requêtes, et les moyens de se pourvoir contre : ce serait vouloir qu’on prononçât sans avoir ouï les deux parties.

(F) Les Grecs lui dressèrent un superbe monument sur le promontoire de Rhétée. ] Ce fut un de ceux qu’Alexandre voulut voir et honorer[26]. Nous disons ailleurs[27], qu’on a tort d’accuser Pline d’avoir ignoré la vraie situation de ce tombeau. Mais, s’il est vrai que les Grecs aient érigé ce monument, que veut dire Horace, quand il censure Agamemnon d’avoir laissé Ajax sans sépulture ?

...Cur Ajax heros ab Achille secundus
Putrescit, toties servatis clarus Achivis,
Gaudeat ut populus Priami Priamusque inhumato,
Per quem tot juvenes patrio caruêre sepulcro [28] ?


Je réponds que ce poëte ne fait qu’employer un des incidens de la tragédie d’Ajax : c’est celui où Sophocle feint qu’Agamemnon ne voulait pas consentir qu’Ajax jouît des honneurs de la sépulture. Il céda enfin aux fortes instances de Teucer. Remarquez qu’il y a des auteurs qui disent que l’on ne brûla point le corps d’Ajax, et qu’il y en a qui disent que l’on le brûla. Dictys de Crète et Quintus Calaber sont de ce dernier parti : Philostrate est du premier. Il dit que Calchas déclara que la religion ne souffrait pas que l’on brûlât ceux qui se tuaient eux-mêmes[29]. Voyez dans le même Philostrate comment les Athéniens se distinguèrent à honorer ce héros. Pausanias nous apprend que l’une de leurs tribus portait le nom d’Ajax[30], et que les honneurs qu’ils décernèrent, tant à lui qu’à Eurysaces, son fils, subsistaient encore[31]. Ceux de Salamine avaient bâti un temple à Ajax [32]. Toute la nation grecque l’invoqua quelque temps avant la bataille de Salamine[33], et lui consacra ensuite, comme une partie des prémices destinées aux Dieux, l’un des vaisseaux qu’on prit sur les Perses dans cette mémorable journée[34].

(G) On a conté quelques aventures miraculeuses touchant son tombeau. ] Ulysse, ayant fait naufrage sur les côtes de la Sicile, perdit, entre autres choses, les armes d’Achille. Le bouclier sortit ensuite de dessous les ondes auprès du sépulcre d’Ajax, et y fut appendu ; mais, le lendemain, il fut frappé de la foudre. Voilà ce que Ptolomée fils d’Hephestion rapporte [35]. Pausanias dit, en général, que la tempête porta sur le tombeau d’Ajax les armes d’Achille, après le naufrage d’Ulysse[36] La matière était trop belle et trop féconde en moralités pour n’être pas empaumée par les poëtes. Voyez dans l’Anthologie ce que les Grecs ont chanté sur ce sujet[37]. Alciat en a tiré l’un de ses emblèmes [38]. Quant aux prodiges, ou aux merveilles, qui firent parler d’Ajax après sa mort, voyez Pausanias, à la page trente-quatrième du premier livre. Ne finissons point cette remarque, sans dire que les vagues, ayant entr’ouvert le tombeau d’Ajax, on fut curieux d’y regarder, et l’on remarqua qu’un os du genou était aussi grand qu’un de ces disques ou palets dont on se servait dans les jeux de prix [39]. L’homme qui le racontait à Pausanias [40] voulait qu’il jugeât par-là quelle avait été la taille d’Ajax. Homère la lui donne tout-à-fait avantageuse.

Ἀνὴρ ἠΰς τε μέγας τε
Ἔξοχος Ἀργείων κεϕαλήν ἤδ᾽ εὐρέας ὤμους[41].

........ Vir latusque magnusque,
Procerissimus Argivorum tum capite tum latis humeris.

(H) Ronsard crut avoir fait une faute touchant Ajax. ] Il avait mis Ajax parmi les braves qui prirent Troie ; mais il l’en ôta dans la deuxième édition de sa Franciade, ayant été averti par Florent Chrétien, qu’Ajax se tua avant la prise de cette ville [42]. Apparemment, il ne savait pas que, selon quelques auteurs, ce grand capitaine ne mourut qu’après le saccagement de Troie : car, s’il l’avait su, il aurait dit à Florent Chrétien qu’il n’ignorait pas ce que Homère, Sophocle, Ovide, et quelques autres ont raconté ; mais qu’il savait aussi ce que d’autres avaient dit, et qu’il avait mieux aimé se conformer à Dictys de Crète qu’à Homère : et ainsi, il n’eût point fait l’aveu d’une faute. C’est un aveu très-mal plaisant à un poëte, et même aux autres auteurs.

  1. Homer. Iliados lib. II, vs. 768.
  2. Pindar. Nem. VII.
  3. Sophoc. in Ajace.
  4. Horat. Sat. III, lib. II, vs. 193.
  5. Plutar. Symposiac., lib IX, quæst. V, pag. 740, A.
  6. Homeri Odysseæ lib. XI, vs. 549 ; vide etiam vs. 468.
  7. Cicero Tuscul., lib. IV, cap. XXIII et XXIV.
  8. Pindar. Isthmic. Ode VI. Apollodor., lib. III.
  9. Les Grecs nomment l’aigle Ἀιετὸς.
  10. Suidas in Ἀσϕαδάςῳ ; Scholiastes Sophoclis in Ajacem ; Scholiast. Homeri in Iliados lib XXIII ; et Tzetzes in Lycophr.
  11. Suidas in Ἀσϕαδάςῳ.
  12. Apud Tzetzen ; item Scholiastes Homeri in Iliados lib. XXIII.
  13. Scholiast. Sophoclis in Ajacem.
  14. Dict. Cret., lib V.
  15. Suidas in voce. Παλλάδιον.
  16. Dares Phryigius et Scholiast. Sophocl. in Argument. Ajacis.
  17. Dares Phrygius.
  18. Apud Scholiast. Sophocl, ibid.
  19. Sophocles in Ajace, pag. 80, 81.
  20. Ibid., pag. 51.
  21. Ibid., pag. 81.
  22. Scholiastes Sophoclis.
  23. Idem.
  24. Homeri Iliad., lib. VII, vs. 196.
  25. Comment. in Emblem. CXXVII Alciati, pag. 547.
  26. Diodor. Sicul., lib. XVII.
  27. Dans la remarque (K) de l’article Achille.
  28. Horat. Satir. III, liv. II, vs. 193.
  29. Philostrat. in Heroïcis.
  30. Pausan., lib. I, pag. 33. Plutarch. Sympos., lib. I, quæst. X, pag. 628. Herodot., lib. V, cap. LXVI.
  31. Pausan., ibid, pag. 33.
  32. Id. ibid.
  33. Herodot., lib. VIII, cap. LXIV.
  34. Id. ibid., cap. CXXI.
  35. Apud Photium, pag. 484.
  36. Pausanias, lib. I, pag. 74.
  37. Anthol., lib. I, cap. XXII, initio.
  38. C’est le XXVIIIe.
  39. Pausanias, lib. I, pag. 34.
  40. Voyez dans la remarque (D) de l’article précédent, quelques fautes concernant ce passage de Pausanias.
  41. Homer. Iliad., lib. III, vs. 226.
  42. Voyez les Notes de Florent Chrétien sur le Philoctète de Sophocle.

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