Dictionnaire historique de Feller/Nlle éd., Pérennès, 1848/Ariston (de l’île de Chio)

ARISTON de l’île de Chio, surnommé Sirène, et disciple de Zénon, abandonna son premier maître, dont la rigueur des principes stoïques le rebutait, et s’attacha à Palémon, dont la morale s’accommodait très bien avec sa douceur naturelle. Il se fit une doctrine particulière ; il disait qu’un sage ressemble à un bon comédien, qui fait également bien le rôle d’un roi et celui d’un valet. Le souverain bien, selon lui, était dans l’indifférence pour tout ce qui est entre le vice et la vertu. Il comparait ingénieusement les argumens des logiciens aux toiles d’araignée, fort inutiles, quoique faites avec beaucoup d’art. Il rejetait la logique, parce que, disait-il, elle ne mène à rien ; et la physique, parce qu’elle est au-dessus des forces de notre esprit. Quoiqu’il n’eût pas absolument rejeté la morale, il la réduisait à peu de chose. Il ne reconnaissait qu’une seule vertu qu’il appelait santé, et à laquelle toutes les autres devaient se rapporter. Aussi finit-il par la volupté, après avoir commencé par la philosophie : sort commun à tous ceux qui ne sont philosophes que par ostentation et pour le vain plaisir de débiter des maximes sonores. Il florissait vers l’an 236 avant J.-C. On dit qu’il était fort chauve, ce qui lui fit donner le surnom de Phalantus, et qu’ayant été frappé à la tête d’un coup de soleil, cet accident fut cause de sa mort.