Dictionnaire des proverbes (Quitard)/diseur

diseur. — L’entente est au diseur.

Unusquisque verborum suorum optimus interpres est. Celui qui parle est toujours censé le plus habile à comprendre et à expliquer ce qu’il dit, lors même qu’il lui est impossible de le faire ; ce qui n’est pas aussi rare qu’on pourrait l’imaginer, car il y a bon nombre de discoureurs auxquels cela ne manque pas d’arriver, parce qu’une sotte vanité les engage à débiter inconsidérément des phrases sur tout, quand ils n’ont des idées sur rien. On peut dire d’eux, avec Sterne, que leur tête creuse est comme le tourne-broche que la fumée seule fait aller.

Le philosophe Phavorin adressait à un bavard de cette espèce l’apostrophe suivante, rapportée par Aulu-Gelle : An scire atque intelligere neminem vis quæ dicas ? Quidni, homo inepte, ut quod vis abunde consequaris, taces ?

Si ton esprit veut cacher
Les belles choses qu’il pense,
Dis-moi, qui peut t’empêcher
De te servir du silence ?

(Maynard.)

Spéron-Spéroni, écrivain italien du xvie siècle, explique très bien comment des gens qui s’énoncent clairement pour eux-mêmes, dans leurs discours ou leurs écrits, sont obscurs pour les auditeurs ou les lecteurs. C’est, dit-il, que ces gens vont de la pensée à l’expression, tandis que les autres vont de l’expression à la pensée.

Diseur de bons mots, mauvais caractère.

Mot de Pascal, répété par La Bruyère, et passé en proverbe, pour blâmer ces mauvais plaisants qui cherchent à faire briller leur esprit aux dépens de leur cœur, et qui aiment mieux perdre un ami qu’un bon mot.

Les grands diseurs ne sont pas les grands faiseurs.

Ceux qui se vantent le plus, qui promettent le plus, sont ordinairement ceux qui font le moins. Nous disons encore : Grand vanteur, petit faiseur.

Chi e largo di bocca e stetto di mano, qui est large de bouche est étroit de main. (Proverbe italien.)

La lengua luengua es senal de mano corta, la langue longue est signe de main courte. (Proverbe espagnol.)

Great cry and little wool, grand cri et peu de laine. — Proverbe anglais, qui est venu de ce que, dans plusieurs mystères, le diable était représenté tondant les soies de ses cochons.