Dictionnaire des proverbes (Quitard)/George

george. — Laissez faire à George, il est homme d’âge.

On croit que ce proverbe est un mot que répétait souvent Louis XII, pour exprimer sa confiance dans l’habileté du cardinal George d’Amboise son ministre ; non que ce ministre fût réellement un homme d’âge, puisqu’il mourut à cinquante ans, mais parce qu’il déployait dans l’administration des affaires publiques une expérience comparable à celle des plus sages vieillards. Être homme d’âge signifiait alors, être homme d’expérience. — Le cardinal George d’Amboise, dit Montesquieu, trouva les intérêts du peuple dans ceux du roi, et les intérêts du roi dans ceux du peuple.

Être monté comme un saint George.

Être monté sur un cheval fort bon ou fort beau. — Saint George était né en Cappadoce, pays renommé, chez les anciens, pour les chevaux. Il est toujours représenté, suivant l’usage de l’église romaine, monté sur un cheval de bataille, armé de toutes pièces, et terrassant un dragon de sa lance. C’est ainsi qu’on le voit sur le collier de l’ordre de la jarretière, dont il est le patron. Les empereurs d’Orient l’avaient fait peindre de la même manière sur l’un des douze étendards portés dans les grandes cérémonies. Les armoiries de Russie furent aussi un saint George à cheval jusqu’en 1482, où le grand-duc Iwan III, qui avait épousé la princesse Sophie, petite-fille de Manuel II Paléologue, les quitta pour prendre celles de l’empire grec, renversé par Mahomet II, c’est-à-dire, l’aigle noir à deux têtes.

Rendre les armes à saint George.

« Les légendaires racontent que saint George, après divers voyages, s’arrêta à Silène, ville de Lybie (quelques-uns disent à Melitène, ville d’Arménie), qui était infestée par un dragon épouvantable. Ce cavalier, armé de pied en cap, attaqua le dragon et lui passa un lien au cou. Le monstre se soumit à lui par l’effet d’une puissance invisible et surnaturelle, et se laissa conduire sans résistance ; de sorte qu’il rendit, pour ainsi dire, les armes à saint George. Ce fait miraculeux est cité sous l’empire de Dioclétien, en l’année 299 de l’ère chrétienne. » (M. Viollet Le Duc, Comment. de Regnier.)

Brave comme saint George.

Expression employée par plusieurs auteurs, notamment par Regnier (sat. vii). — Les chevaliers avaient choisi saint George pour patron, et ils recevaient leurs grades au nom de Dieu et de monsieur saint George. Ceux qui devaient se battre en duel prenaient à témoin saint George le bon chevalier dans les serments qu’ils fesaient. Le cri de guerre des Anglais était saint George, comme celui des Français était saint Denys. L’historien Guido rapporte que Robert, comte de Flandre, qui se signala parmi les premiers croisés, fut appelé filius Georgii, fils de saint George, à cause de sa grande vaillance. L’église romaine avait coutume d’invoquer saint George, avec saint Maurice et saint Sébastien, dans les expéditions des chrétiens contre les ennemis de la foi. Le nom de Géorgie, donné à une province de l’Asie, est venu de ce que les habitants de cette province, en combattant les infidèles, se plaçaient toujours sous la protection de saint George, en qui ils avaient une confiance particulière. Gautier de Metz rappelle ce dernier fait dans les vers suivants, extraits de son roman intitulé La mappemonde.

Celle gent sont boin crestien,
Et ont à nom Georgien,
Car saint George crient toujours,
En bataille et ès estours
Contre payens, et si l’aourent
Sur tous outres et l’honnourent.