Dictionnaire des Arts et des Sciences/1re éd., 1694/Tome 1

DICTIONNAIRE

DES ARTS

ET DES SCIENCES

Par M.D.C. de l’Académie Françoise

TOME PREMIER

A - L

A PARIS

Chez la Veuve de JEAN BAPTISTE COIGNARD, Imprimeur du Roy,

& de l’Académie Françoise, ruë S. Jacques, prés S. Severin, au Livre d’Or.

Chez JEAN BAPTISTE COIGNARD, Imprimeur & Libraire prdinaire

du Roy, & de l’Académie Françoise, ruë S. Jacques, prés S. Severin, au Livre d’Or.

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M. DC. LXXXXIV.

AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTE’.

PREFACE.

E Dictionnaire qui fut imprimé en Hollande en 1688. ayant fait voir le goust du Public pour la connoissance des termes des Arts, quelques Particuliers de l’Académie Françoise n’ont pû souffrir ce que publioient les partisans de l’Auteur, qu’avec quelque exactitude qu’elle fist le sien, il seroit tousjours moins recherché, parce qu’il ne contient que les mots de l’usage ordinaire de la langue, au lieu que l’autre est universel, & qu’outre ces mesmes mots, il explique fort au long les termes des Arts. Ainsi on commença à examiner ce Dictionnaire, & en cherchant le mot Barometre, on eut de la peine à le trouver, parce qu’on le cherchoit dans son ordre naturel aprés Barlong, & avant Baron, qui est l’endroit où il devroit estre. Cependant l’Auteur l’a placé aprés Barriere, & a écrit Barrometre, sans faire reflexion qu’il vient du Grec βάροζ, Poids, qui n’a point un double ρ.

Cela ne donneroit pas sujet de conclure que la langue Grecque luy fust inconnuë, si lors qu’il explique Estiomene, terme de Medecine, il n’avoit dit que c’est un mot que l’on a pris de l’Arabe. Jamais terminaison ne fut moins Arabe. Estiomene est un mot Grec, Εσθιομɖνοζ participe passif d’έσθιɖν, Manger, devorer.

Il a confondu de mesme la langue Espagnole & l’Italienne, en disant que Media noche est un terme venu depuis peu d’Italie. C’est un mot entierement Espagnol, & on dit Mezza notte en Italien. En parlant de Vare, sorte de mesure d’Espagne, il écrit Varre, & place ce mot aprés Varlope, sans songer qu’il vient du mot Espagnol Vara, Verge, baguette, qui s’écrit seulement avec une r.

On veut bien passer par dessus ces fautes  ; mais il y en a quantité d’autres qui embarrassent beaucoup davantage. Voicy par exemple ce qu’il dit sur le mot Thonnine. Chair de Thon coupée & salée. La Thonnine la plus maigre est la meilleure. Dans les Jours caniculaires il fait dangereux d’en manger, à cause que les Thons sont alors picquez d’un certain aiguillon, comme une mouche, qui les rend si furieux, qu’il les fait quelquefois sauter dans les Vaisseaux. Personne n’a pû comprendre comment la Thonnine, qui est de la chair de Thon qu’on aura coupée & salée fort long-temps avant les Jours Caniculaires, peut devenir dangereuse à ceux qui en mangent pendant ces jours-là. Il a confondu ce que Matthiole a dit des Thons, & non pas de la Thonnine, que durant les Jours Caniculaires les Thons ont un certain aiguillon qui les agite, comme celuy des Taons tourmente les boeufs, ce qui les oblige quelquefois à se lancer hors de l’eau & à se jetter dans les Vaisseaux  ; qu’alors ils sont venimeux, & qu’il seroit fort dangereux d’en manger. Cela n’a rien de commun avec la Thonnine, qu’on peut manger en tout temps sans aucun peril.

Quelle méprise n’a-t-il point faite quand il a parlé du Tamarin, qui est un petit fruit aigrelet, ou une sorte de datte sauvage qui vient des Indes, & dont on se sert à divers usages dans la Medecine ? Voicy ce qu’il en a dit, en citant Dioscoride. Fruit à noyau que porte un arbre des Indes, semblable aux dattes. Il croist dans les eaux mortes. Il porte son fruit comme une fleur cotonnée. Il y en a de domestique & de sauvage. Le domestique porte son fruit comme une noix de galle. Dioscoride a dit tout cela, à l’exception de Fruit à noyau que porte un arbre des Indes, semblable aux dattes  ; mais il l’a dit du Tamarisc qu’il dit estre un arbre vulgaire, & connu de tous, & non pas du Tamarin, dont il n’a parlé en aucune sorte. Tamarin & Tamarisc sont deux choses differentes, & l’Académie Françoise les a tres-bien distinguées dans son Dictionnaire, en disant que le Tamarin est une sorte de datte sauvage qui vient des Indes Orientales, & le Tamarisc une sorte de plante, ou de petit arbre, dont le fruit, le bois & l’écorce servent à divers usages dans la Medecine. Ainsi le Tamarin n’est ny comme une fleur cotonnée ny comme une noix de galle, ce qui ne convient qu’au fruit du Tamarisc, comme l’a marqué Dioscoride. Les Tamarins, que l’on appelle aussi Tamarindes, sont des fruits qui viennent sur de grands arbres branchus dans des gousses brunes & tannées, & puisque Dioscoride n’en a rien dit non plus que de la Casse & des Girofles, il y a grande apparence que de son temps, qui estoit celuy d’Antoine & de Cleopatre, dont on tient qu’il fut le Medecin, le commerce dans les Indes n’estoit pas commun.

On seroit trop long si on rapportoit les autres fautes qu’on a remarquées dans cet Ouvrage, comme de dire que la Zedoaire est une graine, quoy que ce soit une racine, ainsi que tous les Auteurs en conviennent. Tant de personnes s’en sont apperceuës, qu’on en parleroit inutilement. Les plaintes qui en ont esté faites, & quantité de matieres traittées imparfaitement, ayant fait connoistre l’avantage que le Public pourroit recevoir d’un Dictionnaire des Arts & des Sciences qui fust & plus ample & plus correct, on resolut de s’appliquer sans aucun relâche à ramasser tout ce qui en a esté écrit jusqu’icy de plus curieux, afin que ceux qui souhaiteroient cette sorte de supplément à l’Ouvrage de l’Académie, eussent sujet d’estre satisfaits. C’est dans cette veuë qu’on a travaillé, & l’on peut dire qu’il n’y a point de matiere que l’on n’ait pris soin d’étendre, en y ajoûtant une infinité d’articles nouveaux qu’on ne trouve point dans le Dictionnaire, pretendu Universel.

On n’a rien cité d’aucun Auteur, qu’on n’ait consulté l’original, & c’est dans la source que l’on a puisé tout ce qu’on a dit des Plantes dont Dioscoride & Matthiole ont écrit. On ne s’est pas contenté d’en faire la description, on a crû devoir marquer quel en est l’usage, afin que l’utilité se trouve jointe au plaisir de la lecture, ce qui ne se trouve pas dans l’autre Dictionnaire. Le mesme motif a fait qu’on s’est étendu sur la Medecine, & le sçavant Ettmuller en a fourny de longues remarques.

On s’est aussi attaché à donner comme un abregé de l’histoire naturelle des animaux, des oiseaux & des poissons, non seulement de ceux qui nous sont connus, mais encore de quantité d’autres que les Voyageurs ont veus dans les pays les plus éloignez.

Tous les Ordres, tant Religieux que militaires, sont icy decrits avec le temps de leur institution, & ce qui leur est ordonné par leurs Statuts. On a suivi la mesme methode pour tous les Heresiarques, afin de contenter ceux qui veulent sçavoir l’origine & le progrez des diverses heresies qui ont affligé l’Eglise. On n’a pas oublié les Dignitez & les Charges tant anciennes que modernes, & on en a fait connoistre les diverses dependances.

Comme la lecture des livres du vieux langage, est une lecture qui plaist à beaucoup de gens, on a expliqué un fort grand nombre de vieux mots, à quoy on a ajousté des exemples, ou du Roman de la Rose, ou des plus anciens Poëtes.

Quand on a parlé de mots qui appartiennent à l’Anatomie, comme Coeur, Cerveau, & autres semblables, ou qu’il a esté question de quelques termes qui ont leur principale signification dans l’usage commun de la Langue, comme Buisson, Noyau, Ouye, on s’est servi des definitions de l’Académie sans y ajouster aucun exemple, pour en donner une premiere notion  ; & afin de faire connoistre qu’elles sont tirées du Dictionnaire de l’Académie, aux sentimens de laquelle on s’attache entierement, on les a fait imprimer en caractere Italique avec ces lettres Capitales, Acad. Fr. Outre quantité de livres qu’on a leus exprés avec grande attention sur les diverses matieres dont ce Dictionnaire est composé, on s’est servi des lumieres de plusieurs Académiciens, & des plus habiles dans chaque art. On a suivi pour les termes de Chymie un petit Dictionnaire manuscrit de feu Monsieur Perrault, Docteur en medecine de la Faculté de Paris, & l’un des plus grands ornemens de l’Académie des Sciences. L’excellent ouvrage de Monsieur Felibien sur l’Architecture, la Sculpture & la Peinture, a esté aussi d’un fort grand secours, quand il a fallu parler des termes qui dépendent de ces Arts. Enfin on n’a épargné ny soins ny peines pour ne laisser rien à souhaiter au lecteur de ce qu’il pourroit apprendre dans tous les autres Dictionnaires, & mesme dans les plus anciens, dont on a conservé les termes, parce que le langage que l’on parloit du temps de Nicot n’est pas encore aujourd’huy sans grace.

Cependant on ne peut se défendre d’avouër que quelque application que l’on ait euë dans ce grand travail, il est impossible qu’on ne soit tombé dans quelques fautes, soit pour n’avoir pas assez bien compris les termes de certains Arts, soit pour n’en avoir pas donné des idées assez nettes, & qui puissent empescher qu’on ne tombe dans l’erreur, soit mesme parce que les Auteurs qu’on a suivis ont pû se tromper eux-mêmes. Comme il n’y a que le Public qui sçache tout bien parfaitement, c’est au Public à donner les corrections & les augmentations qu’il jugera à propos qu’on fasse. On asseure que toutes celles qu’on voudra bien envoyer au Sieur Coignard seront receuës avec beaucoup de reconnoissance, & qu’on se fera une gloire de faire connoistre qu’on en aura profité, si on fait une seconde édition de ce Dictionnaire.


DICTIONNAIRE

UNIVERSEL

DES TERMES DES ARTS ET DES SCIENCES.

ABA

BADA, s. m. Animal farouche du pays de Benguela, dans la basse Ethiopie. Il est gros comme un poulain de deux ans. Sa queuë est semblable à celle d’un boeuf, quoiqu’elle ne soit pas si longue, & il a du crin comme un cheval, auquel il ressemble par la teste, l’ayant toutefois plus plate & plus courte. Son poil est plus épais & plus rude  ; ses pieds sont fendus comme ceux du cerf, mais beaucoup plus gros. Il a deux cornes, l’une sur le front, l’autre sur la nuque. Celle du front est unie, longue de trois, ou de quatre pieds, épaisse vers la racine comme la jambe d’un homme, pointuë par le bout, & droite quand l’Abada est encore fort jeune  ; mais à mesure qu’il croist, elle se recourbe en devant comme les défenses d’un Elephant. On dit que cet Animal la plonge dans l’eau de temps en temps pour en chasser le venin qui pourroit y estre. La corne qu’il a sur la nuque est plus courte & plus plate que celle du front. La couleur en est noire ou d’un brun enfoncé, & la limure blanche. Quoique l’Abada coure fort legerement, il ne sçauroit toûjours éviter les traits des Negres qui le poursuivent pour avoir sa corne, qu’on estime un tres-bon preservatif. Il y a de ces cornes qui agissent avec plus d’efficace les unes que les autres, selon l’âge qu’ont ces animaux quand on les tuë. On fait un cataplasme de leurs os, reduits en poudre & meslez avec de l’eau, & on l’applique sur les parties où l’on sent quelque douleur. Ce remede attire au dehors les impuretez


qui causoient le mal, & quand le corps en est tout à fait purgé, ce mesme onguent referme les ouvertures qu’il a faites.

ABADIR. Nom que les Mythologistes donnent à une pierre qu’on presenta à Saturne enveloppée dans des linges, & qu’il avala croyant manger un fils dont sa femme Ops venoit d’accoucher. Il ne vouloit point élever d’enfans, à cause qu’il avoit sceu du Destin que l’un d’entr’eux le déthroneroit. Lactance Firmien dit que la pierre Abadir étoit le Dieu Terminus. Hesichius est du mesme sentiment, & Pausanias rapporte qu’on la gardoit à Delphes dans le Temple d’Apollon. Selon Papias le mot Abadir a autrefois signifié Dieu.

ABAISER. v. a. Vieux mot. Appaiser.

Pallas qui la noise abaisa.

ABAISSE. s. f. Terme de Patissier. Paste dont on fait le dessous d’une piece de patisserie.

ABALOURDIR. v. a. Vieux mot. Abrutir, estourdir, rendre stupide.

ABANDONNER. v. a. On dit en termes de Fauconnerie, Abandonner un oiseau, pour dire, Le mettre libre en campagne.

On le dit aussi d’un oiseau qu’on laisse aller quand on veut s’en défaire entierement.

ABAQUE. s. m. Terme d’Architecture. On appelle ainsi la table quarrée, qui fait le couronnement du chapiteau des colonnes, & qui dans celles de l’ordre Corinthien, represente cette espece de tuile quarrée, qui couvre la corbeille ou le panier qu’on feint environné de feuïlles. Il signifie aussi un bufet sur lequel on arrange les vases dans un festin. Ce mot vient du Grec αβαξ ou άβακιον.

ABASSI. s. m. Sorte de monnoye qui a cours en Orient, & qui vaut environ deux réales d’Espagne.

ABATEIS. s. m. Vieux mot. Forest.

ABAT-JOUR. s. m. Sorte de fenestre embrasée de haut en bas, par laquelle on reçoit un jour d’enhaut, qui éclaire les lieux bas, tels que sont les offices sous terre, & d’autres endroits où l’on ne peut recevoir le jour par des croisées faites à l’ordinaire.

On appelle aussi Abat-jours Certaines fenestres de Marchands, qui par un faux jour qu’ils font venir dans leurs magazins, font paroistre sur leurs étofes un lustre qu’elles n’ont pas.

ABALOURDIR. v. a. Vieux mot. Abrutir, estourdir, rendre stupide.

ABAZÉE. s.f. Certaine feste des Payens qu’on pretend que Denis, fils de Caprio Roy d’Asie, ait instituée. Ce nom, qui veut dire Taciturre, luy fut donné à cause que pour satisfaire à la Religion, il falloit la celebrer dans le silence, & y paroistre melancolique. On appelle aussi cette feste Sabazie.

ABB

ABBAISSER. v. a. Terme de Fauconnerie. On dit Abbaisser l’oiseau, pour dire, Retrancher à un oiseau qui devient trop gras, quelque chose du past qu’on a accoûtumé de lui donner, afin de le mettre en estat de bien voler.

On dit en termes de Jardinage, Abbaisser une branche, pour dire, La couper proche du tronc.

ABBAISSÉ, ée. adj. On dit en termes de Blason, Vol Abbaissé, en parlant du vol des Aigles, & en general du vol des oiseaux, lorsque le bout de leurs ailes, au lieu de tendre vers les angles ou le chef de l’écu, descend vers la pointe, ou que les ailes sont pliées.

On dit aussi, Pal abbaissé, Chevron abbaissé, Bande abbaissée, lorsque la pointe finit au coeur ou au dessous de l’écu sans monter plus haut.

On dit encore dans le Blason, qu’Une piece est abbaissée, lorsqu’elle est au dessous de la situation où elle doit estre, comme le chef ou la fasce. Le chef qui a accoûtumé d’occuper le tiers de l’écu le plus haut, peut estre abbaissé sous un autre chef de Concession, de Patronage, de Religion, &c. & la fasce peut estre abbaissée de mesme quand on la place plus bas que le tiers du milieu de l’écu, qui est sa situation ordinaire.===

ABBAISSEUR. adj. Les Medecins appellent Muscle abbaisseur, le second muscle des yeux qui les fait mouvoir en bas.

ABBATANT. s. m. Terme de Marchand de drap. Maniere de dessus de table qu’on éleve au fond d’une boutique & à chaque bout des magazins, & qui s’éleve ou s’abbat selon le jour que l’on veut donner au lieu où l’on vend la marchandise.

ABBATÉE. s. f. Terme de Marine. On s’en sert en parlant du mouvement d’un Vaisseau en pane, qui arrive de luy-mesme jusqu’à un certain point, aprés quoy il revient au vent.

ABBATIS. s. m. Il signifie generalement plusieurs choses abbatuës ou demolies, & on dit en ce sens, Abbatis d’arbres, abbatis de maisons.

Abbatis. Signifie en termes de chasse les petits chemins que les jeunes loups ont accoûtumé de faire, lorsqu’en allant souvent aux lieux où ils sont nourris, ils abbatent l’herbe. Salnove dans sa Venerie Royale dit que quand la louve & le loup chassent ensemble, ils font un plus grand abbatis de bestiaux  : ainsi il entend par Abbatis, les bestes tuées par les vieux loups. On dit aussi qu’Un Chaßeur a fait un-grand abbatis de gibier, pour dire, qu’il en a tué beaucoup.

Les Bouchers appellent Abbatis les cuirs, graisses, tripes & autres menuës choses des bestes qu’ils ont tuées. C’est environ dans le mesme sens qu’on dit, Faire des potages d’abbatis d’agneau, de poulet d’inde, &c. pour dire, Les faire avec des issuës, des bouts d’ailes, des foyes, &c.


Abbatis signifie encore les pierres que ceux qui travaillent aux carrieres détachent & font tomber.

ABBATRE. v. a. On dit parmi les Bouchers, Abbatre le cuir d’un boeuf ou d’une autre beste, pour dire, Luy oster, luy enlever le cuir avec un couteau.

Abbatre. Terme de Marine. Deriver. On dit qu’Un Vaisseau abbat, quand la force des courans ou des marées l’écarte de sa vraye route.

On dit aussi d’un Pilote, qu’Il abbat son Vaisseau d’un quart de rumb, lorsque pour changer sa course, il gouverne sur un autre rumb que celuy de sa route.

On dit, Faire abbatre un Vaisseau, pour dire, Le faire obéïr au vent lorsqu’il est sur ses voiles, ou qu’il presente trop le devant au lieu d’où vient le vent. Le Vaisseau abbat, c’est-à-dire, Le Vaisseau obéït au vent pour arriver.

On dit aussi, Le Vaisseau abbat, pour dire que L’ancre a quitté le fond, & que le Vaisseau arrive au vent.

On dit encore Abbatre un Vaisseau, pour dire, Le mettre sur le costé lorsqu’il y a quelque chose à faire à la carene ou à quelqu’autre endroit qu’il faut mettre hors de l’eau pour y travailler.

ABBAT-VENT. s. m. Charpente que l’on couvre ordinairement d’ardoise, & que l’on met dans les ouvertures des clochers, afin d’abbatre le vent, & de renvoyer le son des cloches en bas, qui sans cela se dissiperoit en l’air.

ABBATURES. s. f. p. Terme de Venerie qu’on employe pour signifier les foulures d’un cerf  ; c’est-à-dire, le menu bois, la fougere & les broussailles que le cerf qui passe abbat du bas de son ventre. On connoist par où le cerf a passé en voyant ses abbatures.

ABBEC. s. m. Viande, ou autre appast que les Pescheurs attachent à l’hameçon pour attirer les poissons. Il est vieux.

ABBECHER. v. a. Donner la bechée à un oiseau qui ne peut encore manger de luy-mesme.

On dit aussi en termes de Fauconnerie, Abbecher l’oiseau, pour dire, Le mettre en appetit en luy donnant une partie du past ordinaire, afin de le faire voler un peu aprés.

ABBÉE. s. f. Ce mot n’est en usage que dans quelques Provinces, & signifie l’Ouverture par où l’on fait couler l’eau d’un ruisseau ou d’une riviere, pour faire moudre un moulin, & que l’on ferme pour la détourner quand il n’est plus necessaire que la rouë tourne.

ABD

ABDOMEN. s. m. Ce mot est Latin, & les Medecins s’en servent pour signifier la partie interieure du bas ventre, qui est depuis les cuisses jusqu’au diaphragme.

ABDUCTEUR. adj. Les Medecins appellent Muscle abducteur le quatriéme muscle des yeux qui les fait mouvoir en dehors, en sorte qu’on regarde de costé comme par mépris. On donne aussi l’epithete d'Abducteur aux muscles du pouce, & d’autres parties du corps qu’on peut mouvoir en dehors. Ce mot vient du Latin Abducere, Emmener.

ABE

ABEILLE. s. f. Grosse mouche qui vole, & qui a un aiguillon fort piquant. C’est elle qui fait la cire & le miel. Le Roy des Abeilles est femelle, & on tient qu’il jette environ six mille oeufs par an. Il a les jambes courtes, les ailes droites, & est deux fois plus gros que les autres. Le gouvernement des Abeilles, aussi-bien que leur oeconomie, passe pour une des merveilles de la nature. Elles ne piquent jamais, qu’elles ne laissent leur aiguillon dans la playe, ce qui est cause de leur mort, parce que l’effort qu’elles font, rompt leurs intestins. Il y en a de sauvages, & ce que rapporte le Pere du Tertre, Missionnaire Dominicain, dans son Histoire des Antilles, en est une preuve. Il dit qu’il a fait ce qu’il a pû pour en apprivoiser en ce Pays-là, sans qu’il ait pû en venir à bout. Il fit scier le tronc d’un arbre où il y avoit une ruche ; il la mit sur une souche qu’il environna de cendres pour la garantir des Fourmis ; mais tout cela ne servit de rien. Elles ne demeurerent dans la ruche qu’autant de temps qu’il leur en fallut pour enlever tout ce qui estoit dedans, & quand elles l’eurent vuidée, elles l’abandonnerent entierement. Il ajoûte que ces Abeilles sont la moitié plus petites que celles de France, & qu’elles n’ont point du tout d’aiguillon. Elles font leur petit ménage dans des arbres creux, & leur miel se trouve dans de petites bouteilles de cire, grosses comme des œufs de pigeon. Chacune de ces bouteilles tient un peu plus qu’une demy-once de miel fort clair & bien épuré. Sa couleur est d’ambre, & il a un goust fort aromatique. Les plus abondantes ruches ne rendent que cinq ou six livres de miel, & environ trois livres de cire noire, plus molle que celle de l’Europe, & qui ne sçauroit estre blanchie, quelque industrie que l’on y puisse apporter. Ceux qui ont écrit de l’Ethiopie, rapportent qu’il s’y trouve un tres-grand nombre d’Abeilles, sur tout de petites Abeilles noires, qui font d’excellent miel, & dont la cire est d’une blancheur extraordinaire. Elles n’ont point d’aiguillon, ce qui fait que manquant d’armes pour se défendre, elles se cachent dans des creux de la terre, où elles entrent par de petits trous qu’elles ont l’adresse de boucher sitôt que quelqu’un paroist. Pour cela elles se mettent quatre ou cinq au trou, & ajustent leurs restes en sorte qu’estant à niveau l’une de l’autre, & avec la terre, on ne les découvre point. Nicod fait venir Abeille du Latin Apes ou apicula, & les Latins ont donné le nom d'Apes aux Abeilles, parce qu’elles naissent sans pieds.

ABELIENS. s. m. Heretiques d’Afrique dans le Diocese d’Hipponne. Ils furent ainsi nommez, parce qu’ils suivoient la doctrine d’un certain Abel, qui disoit que la solide vertu consistoit à se marier, & à demeurer ensuite dans la continence. Ils tenoient aussi pour illegitimes tous les enfans qu’on n’adoptoit pas. On leur fit connoistre l’erreur & la superstition de leur creance, & ils rentrerent dans le sein de l’Eglise. On leur donna aussi le nom d'Abelonites.

ABELISER. v. a. Vieux mot. Charmer, ravir.

Si m’abelisoit & féoit.

ABERHAVRE. s. m. Vieux mot. Emboucheure de riviere. C’est delà qu’est venu le mot de Havre.

ABI

AB-INTESTAT. Terme de Jurisprudence. On appelle Heritier ab-intestat, Celui qui herite d’un homme qui est mort sans avoir fait de testament.

ABL

ABLAB. s. m. Arbrisseau de la hauteur d’un seps de vigne, dont les rameaux s’étendent de mesme. Il croist en Égypte & subsiste un siecle, également vert en hiver & en esté. Ses feüilles ressemblent à celles de nos Feves de Turquie, & ses fleurs, qu’il porte deux


fois l’année, au Printems & en automne, n’en different pas beaucoup. Cette plante a pour fruit des feves noires, rougeatres, marquetées de brun, qui sont bonnes contre la toux, & contre la retention d’urine. Elles sont renfermées dans des gousses longues & larges, & servent de nourriture aux Egyptiens.

ABLAIS. s. m. On appelle ainsi dans quelques Coûtumes la dépoüille des bleds ; & dans les lieux qui y sont assujettis, il faut donner caution au Seigneur des droits qu’il a sur les fruits & ablais saisis avant qu’il soit permis de les enlever. On fait venir ce mot du Latin Ablata, Choses emportées.

ABLE. s. m. Petit poisson de riviere, environ de la grandeur d’un doigt. Il a le dos vert, & le ventre blanc. On l’appelle aussi Ablette, & en Latin Alburnus. Quelques-uns font venir ce mot d'Albus, Blanc, en transposant les deux lettres b & l.

ABLERET. s. m. Terme de pesche. Sorte de filet quarré que l’on attache au bout d’une perche, & avec quoy on pesche des Ables, & d’autres petits poissons de cette nature.

ABLUTION. s. f. Ce terme est particulier aux Religieux qui portent des habits blancs, & il se dit de l’action de les nettoyer & de les blanchir.

On appelle aussi Ablution, en termes de Medecine, La preparation qui se fait d’un medicament ; afin de le purger des mauvaises qualitez qu’il pourroit avoir.

ABO

ABOILAGE. s. m. Vieux mot qui se trouve encore dans quelques Coustumes, & qui signifie Un Droit de Seigneur sur les Abeilles. On a dit aussi Aboile, pour dire, Abeille.

ABONNER. v. a. Vieux mot. On a dit Abonner un heritage, pour dire, Y mettre des bornes. Cela est venu de ce qu’on disoit autrefois Bonnes pour Bornes.

ABONNIR. v. a. Terme de Potier. On dit Abonnir le carreau, pour dire, Le secher à demy, le mettre en estat de rebattre.

ABORDAGE. s. m. Terme de Marine dont on se sert en parlant d’un Vaisseau qui en heurte un autre, ou par accident, ou exprés, pour tâcher de l’enlever.

ABORDER. v. a. Terme de Marine. On dit Aborder un Vaisseau de bout au corps, pour dire, Mettre l’éperon dans le flanc d’un Vaisseau, & on dit de deux Vaisseaux qui s’approchant en droiture s’enferrent par leurs éperons, qu’Ils s’abordent de franc étable.

On dit en termes de Fauconnerie, Aborder la remise sous le vent, Lorsque la perdrix poussée par l’oiseau a gagné quelque buisson, & cela se fait afin que les chiens puissent mieux sentir la perdrix qui s’est cachée dans la haye.

ABORENER. v. a. Vieux mot. Dédaigner, hair.

ABORIGENES. s. m. Nom qui fut donné à d’anciens peuples d’Italie, comme estant sans origine. Il y a diverses opinions là-dessus. Selon Genebrard, c’estoient de ces Peuples infidelles chassez par Josué de la terre de Chanaan. D’autres pretendent qu’ils sont venus d’Arcadie, & qu’on les nomma Aborigenes, comme ayant esté les Auteurs de leur race. Quelques-uns leur donnent Saturne pour leur premier Roy, & il y en a qui disent que Janus avant Saturne, ayant gardé ceux de ses sujets qui avoient de la vertu, renvoya les autres qu’il appella Aborigenes, comme gens qu’il abhorroit. Ceux-cy vinrent au-delà du Tybre, & furent nommez Latins, du nom de leur Roy Latinus. Ils prirent le parti d’Enée ·lorsqu’il vint en Italie, & qu’il combattit Turnus, & l’on pretend que Rome ait esté bastie dans le pays mesme qu’ils habitoient.

ABOUEMENT. s. m. Terme de Menuiserie. On appelle Aßemblage d’Abouëment, Celui où la plus grande partie de la piece est quarrée, & la moindre partie à onglet.

ABOUGRI. adj. On appelle Bois abougri, Certains bois qui sont de mauvaise venuë, & dont le tronc est court, raboteux & plein de noeuds. Le bois abougri n'est pas propre à estre employé dans les ouvrages. On dit aussi rabougri.

ABOUQUEMENT. s. m. Ce mot n'est en usage qu'en fait de salines. On fait un abouquement lorsque dans le temps qu'il reste encore du sel dans la masse, on met sur ce vieux sel le nouveau sel qu'on délivre.

ABOUQUER. v. a. Faire une addition de nouveau sel sur le vieux.

ABOUT. s. m. Terme de Charpenterie. Le bout & l'extremité de toutes les pieces que les Charpentiers ont mises en oeuvre. On appelle About des liens, Tournices, Guettes & Esperons, Le bout du tenon qui est tant soit peu coupé à l'équerre, suivant la pente du joint ou l'épaulement du tenon.

ABOUTE', e'e. adj Terme de Blason. Il se dit de quatre hermines, lorsque les bouts se repondent & qu'ils se joignent en croix. D'argent à quatre queues d'hermines en croix, & aboutées en cœur.

ABOUTIR. v. a. On dit en termes de Plombier Aboutir une corniche ou quelqu'autre saillie d'Architecture & de Sculpture de bois, pour dire, La revestir de tables minces de plomb blanchi. Il y en a qui disent Amboutir. On se sert pour cela de coins & autres outils, mais de telle sorte que l'épaisseur du métal n'empesche pas que le profil ne se conserve.

ABOUTISSANT. s. m. On dit en termes de Palais, Donner une déclaration d'heritages par tenans & aboutissans, pour dire, En désigner les bornes & les limites de tous costez.

ABOUTISSEMENT. s. m. Terme de Cousture. On dit, Mettre un aboutissement à une piece d'étoffe, pour dire, Coudre un morceau d'étoffe avec un autre, qui n'estoit pas assez long pour aller jusqu'où l'on vouloit.

ABOYEUR. adj. Terme de Chasseur. On appelle Chiens aboyeurs, Une sorte de Chiens qui aboyent devant le Sanglier, sans qu'ils l'approchent.

ABR

ABRAXAS. Nom que quelques Heretiques donnoient à Dieu. Ils tiroient des erreurs fort ridicules des sept lettres de ce mot, lesquelles forment dans le Grec le nombre de trois cens soixante & cinq. Ils se vantoient d'avoir reçû leur doctrine des Apostres, & disoient que Jesus-Christ n'avoit pas fait le monde ; mais qu'il estoit venu sur la terre comme un fantosme, y ayant esté envoyé par cet Abraxas. Saint Augustin en refutant leurs abominables opinions a fait voir tout le mystere des sept lettres dont ce nom est composé. C'est delà sans doute qu'est venu le mot barbare Abracadabra, qui se trouve dans les Lettres de Voiture. On pretend que c'estoit une inscription qui servoit de caractere pour guerir differentes maladies, & pour chasser les demons. L'Auteur de ce Caractere vivoit du temps de l'Empereur Adrien. C'estoit un Heretique qui reconnoissoit un Dieu souverain qu'il appelloit Abracax, & dont il faisoit dépendre plu-


sieurs autres Dieux & sept Anges qui presidoient aux sept Cieux. Il leur attribuoit autant de vertus qu'il y a de jours dans l'an, & debitoit d'autres resveries de mesme nature.

ABREGE' . s. m. Terme d'Organiste. Il se dit d'une certaine reduction des touches du clavier de l'Orgue, afin que chaque touche qui n'a que deux pieds de long, se rapporte à chaque soupape des sommiers, qui ont depuis quatre pieds jusqu'à six pieds de longueur. Cela se fait par plusieurs barreaux, pointes & chevilles, & par la une marche du clavier fait souvent parler un tuyau fort éloigné. Quand le clavier est tardif à donner le vent aux tuyaux, & qu'il faut enfoncer beaucoup les touches, c'est une marque que les Abregez ne sont pas bien faits.

ABREVIATEUR. s. m. Terme de Banque. On appelle ainsi un Officier du second banc de la Chancellerie de Rome, qui dresse la minute des Bulles & des Signatures qui s'écrivent avec des mots abregez.

ABREUVER. v. a. Terme de Vernisseur. Faire boire. On dit dans ce sens que La premiere couche de vernis ne se met que pour abreuver le bois.

ABREUVOIR. s. m. Terme de Maçons. Ils donnent ce nom à certaines ouvertures qu'ils laissent entre les joints des grosses pierres de taille, pour y faire entrer du mortier.

ABRI. s. m. Terme de Marine. Mouïllage à couvert du vent.

ABRICONER. v. a. Vieux mot. Charlataner, flater pour obtenir quelque chose. Il est dit dans un vieux Poëte en parlant d'Ulisse qui obligea Clytemnestre à consentir que sa fille fust sacrifiée,

Bien sot la mere abriconer.

ABRICOT. s. m. Sorte de fruit moins rond qu'ovale, & d'un goust fort agreable. Il y en a de plusieurs sortes, qui different toutefois plutost en grosseur qu'en espece, ce qui arrive quelquefois par la bonté du terroir ou par artifice : car plus un abricot est enté, plus il devient gros. Tous abricots jaunissent en meurissant, ce qui, au rapport de Matthiole, les fait appeller à Rome Chrysomele, comme qui diroit, Pommes d'or. Ils meurissent au mois de Juin, & pour cela les Latins les appellent Mala præcocia, Fruits hastifs. Galien dit qu'ils ne different guere des Pesches ni en espece ni en proprieté, & qu'ils ne se corrompent pas si-tost dans l'estomach, quoique l'experience ait montré le contraire aux modernes Medecins. L'arbre qui les porte, & que l'on appelle Abricotier, devient rarement bien grand. Ses feuïlles sont semblables à celles du Tremble, pointuës quelque peu au bout, & dentelées en leur circonference. Elles sortent quatre à quatre, ou cinq à cinq. L'Abricotier jette des fleurs blanches, ainsi que le Cerizier. C'est de la que sort le fruit qui a un peu de rouge d'un costé quand il commence à meurir. Au dedans il a un os dans lequel est un noyau, qui en quelques uns se trouve amer comme aux pesches, & en d'autres doux comme aux amandes. L'huile qu'on en tire est bonne aux ardeurs & aux inflammations des hemorroides. Elle guerit aussi les enflures des ulceres & appaise les douleurs des oreilles. Quelques-uns font venir Abricot du Grec άβροζ, Mol, délicat.

ABRIER. v. a. Vieux mot. Proteger, défendre.

ABRIEVER. v. n. Vieux mot. Arriver.

ABROTONE. s. f. Herbe ou plante qui rend de l'odeur & qui est fibreuse. Elle vient mieux dans une terre maigre & seche que dans une autre. Il y a de deux sortes d'Abrotone, le masle & la femelle. Selon Theophraste, c'est une herbe qui est toûjours verdoyante. M. Callard de la Duquerie fait venir le mot d' Abrotone du Grec άβρωτον, formé de la particule privative a, & de βρώσκειν Manger, pour signifier, Qui ne se mange point, à cause qu'on ne se sert point de cette herbe dans les mets.

ABS

ABSCONSER. v. a. Vieux mot. Cacher, du Latin Abscondere, d'où les Italiens ont fait Nascondere, pour signifier la mesme chose.

ABSIDES. s. m. p. Terme d'Astronomie. Ce sont les deux points de l'orbite d'une planete appellez Apogée & Perigée. Le diametre qui joint l'un à l'autre, & qui passe par le centre de l'orbite de la planete & par le centre du monde, s'appelle La ligne des Absides.

ABSINTHE. s. m. Plante medicinale. Il y a de quatre sortes d'Absinthe, le Santonique, le Marin, autrement Seriphium, le vulgaire qui est le grand Pontique, & le petit, qui est le petit Pontique. Quelques-uns croyent que le vulgaire est le Pontique des anciens, & par consequent le Romain. Celuy-là a sa tige fort branchuë. Ses feuïlles sont blanches & découpées, & ses fleurs dorées & petites. Sa graine est ronde, & disposée comme une grape de raisin. L'absinthe, qu'on appelle Santonique, est semblable à l'Aluine, mais il a bien moins de graine. Comme il a beaucoup d'astriction, on s'en sert pour fortifier les visceres affoiblis. Outre son amertume, la nitrosité dont il participe est cause qu'il purge la matiere bilieuse contenuë au ventricule & au foye. Il tuë les vers, mesme en l'appliquant exterieurement. On fait du vin d'Absinthe & de l'eau d'absinthe. Tout absinthe incise & attenuë, déterge, resiste aux venins, est apperitif, provoque les mois, les urines & les sueurs, & tout cela avec quelque astriction. C'est pourquoy il est fort bon pour le foye, pour la ratte & pour l'estomach. On ne se sert que des feüilles & des sommitez de cette plante. On fait venir le mot Absinthe de la particule privative a, & de psinthos Délectation, comme qui diroit sans délectation, à cause que cette plante est extrémement amere.

ABSOLUTION. s. f. Terme de Breviaire. Courte priere que dit celui qui officie, à chaque Nocturne des Matines, avant les Benedictions & les Leçons.

On appelle aussi Absolutions, Les encensemens & les aspersions d'eau-benite qu'on fait sur les corps des Princes, & autres personnes d'une dignité éminente, qu'on enterre avec de grandes ceremonies.

ABSTERGER. v. a. Les Medecins & les Chirurgiens se servent de ce mot lorsqu'ils parlent d'une playe, pour dire, Nettoyer.

ABSTERSIF, Abstersive. adj. On appelle en Medecine, Medicament abstersif, purgation abstersive, Un medicament, une purgation qui nettoye. Du Latin Abstergere, Nettoyer.

ABSTINENS. s. m p. Heretiques qui s'éleverent dans les Gaules & en Espagne, tandis que les Empereurs Maximien & Diocletien faisoient de si grandes persecutions à l'Eglise. On les appelloit ainsi à cause de l'abstinence qu'ils faisoient du mariage & de l'usage des viandes qu'ils pretendoient venir du demon. Ils nioient que le Saint-Esprit fust Dieu, & ils le mettoient au rang des creatures. Cette secte d'Abstinens que le Cardinal Baronius semble croire estre les mesmes que les Hieracites, estoit sortie de l'abominable assemblée des Gnostiques & des Manichéens.



ABSTRACT. s. m. Terme de Philosophie opposé à Concret. C'est ce qu'on détache de toute autre chose par la pensée, afin de pouvoir le connoistre par luy-mesme. Ainsi la rondeur est un Abstract quand elle est considerée en elle-mesme sans estre attachée à aucun corps. Ce mot vient du Latin, Abstrahere, Retirer.

ABSUS. s. m. Herbe qui croist en Égypte à la hauteur d'une paume ou de quatre doigts. Ses feuïlles ressemblent à celles du triolet, & ses fleurs blanches & d'un jaune pasle, produisent une semence noire, renfermée dans de petites cellules.

ABU

ABUTER. v. n. Vieux mot. Viser, comme qui diroit, Tirer au but.

ABY

ABYSME. s. m. Terme de Blason. Le Pere Menestrier dit qu'Abysme est le milieu & le centre de l'écu, quand on suppose que l'écu est rempli de trois, quatre ou plusieurs figures, qui estant élevées en relief, font de ce milieu une espece d'Abysme, & qu'autant de fois que l'on commence à blasonner par d'autres figures que par celles du milieu, celle qui est au milieu est dite, Estre en abysme. On voit par là que le milieu de l'écu n'est appellé Abysme, que quand il y a d'autres pieces, au milieu desquelles une plus petite est abysmée, comme le baston alezé de Bourbon.

Abysme, A une signification particuliere chez les Chandeliers, qui donnent ce nom à un Vaisseau fait en prisme triangulaire renversé. Ils fondent leur suif dedans, & font leur chandelle en y trempant plusieurs fois leur méche.

ACA

ACACALIS. s. m. Fruit d'un Arbrisseau qui croist en Égypte, & qui est semblable à la graine de Tamarisc. Dioscore dit que son infusion entre dans les medicamens qu'on ordonne pour éclaircir la vûë, mais Mathiole ne connoist point cette graine.

ACACIA. s. m. Arbre fort haut, qui a la feüille menuë & un peu longue, & dont les fleurs sont blanches, & jettent une odeur fort agreable. Il n'y en a point qui pousse plus de bois & en moins de temps. Depuis environ quarante années qu'on l'a mis en vogue en France, on en fait de belles allées dans la pluspart des Jardins. Il y a un autre Acacia, de la semence duquel on tire le suc, & c'est ce que les Apothicaires nomment Suc d'Acacia. Il en est de deux sortes, Le vray Acacia & l'Acacia Germanique. Le vray Acacia est un suc tiré par expression d'un arbrisseau épineux qui croist en Égypte, & qui porte le nom d'Acacia. Lorsqu'on a seché ce suc à l'ombre, il est noirastre si on l'a tiré d'une semence qui fust meure, & rougeastre ou bien jaunastre si elle n'estoit pas meure. Quelques-uns tirent ce suc des feüilles & du fruit ensemble. L' Acacia Germanique est un suc tiré par expression des prunelles sauvages, & reduit, soit au feu ou au soleil, en consistance d'électuaire solide. On garde ce suc mis en tablettes, pour le substituer dans le besoin au vray Acacia, qui est celuy qui doit entrer dans la composition de la Theriaque, toutes les fois qu'on ordonne simplement l'Acacia. Ce vray Acacia pour estre bon, ne doit pas estre tout à fait noir, mais d'un rouge assez beau, quoyqu'un peu haut en couleur, d'une substance facile, compacte & pesante. Il faut cependant qu'on puisse la rompre facilement en frappant dessus avec un marteau, & que ce qui se rompt paroisse au dedans luisant, net & beau. Quelques-uns tirent le mot d' Acacia du Grec άκάζειν. Estre aigu en forme de pointe, ou de άκή pointe d'une chose aiguë, à cause que l'Acacia qui croist en Égypte est fort épineux.

ACADEMIE. s. f. Lieu où s'assemblent des gens de lettres ou d'autres personnes qui font profession de quelqu'un des Arts Liberaux, comme la Peinture, la Sculpture, &c. On donna ce nom d'Académie à une Maison où Platon enseignoit la Philosophie dans un des Fauxbourgs d'Athenes, à cause qu'elle estoit l'heritage d'un Athenien appellé Academus, qui vivoit du temps de Thesée. Plutarque le nomme Echedemus, & dit que l'Ecole de Platon fut nommée Echedemie, & que Cimon l'embellit par des fontaines qu'il y fit venir, & par des boccages & des allées d'arbres qu'on y dressa pour la commodité des Philosophes, qui furent nommez Académiciens. Speusippus, neveu de Platon, enseigna sa doctrine aprés sa mort dans la mesme Ecole, & Xenocrate, Polemon, Cratés & Crantor ses successeurs, n'y changerent rien, mais Arcesilas qui les suivit y reforma quelque chose, & fonda par sa reforme ce qu'on appella La seconde Académie. Son Disciple Lacidés en fut le chef, & Carneades qui vint aprés luy, prit une partie de ses sentimens. Depuis Platon, tous les lieux où se sont assemblez des gens de Lettres ont esté nommez Académies, & ce fut ainsi que l'on nomma une Maison de Campagne qu'avoit Ciceron prés de Puteole. Il y écrivit les Questions qu'il appelle Académiques. Le Fauxbourg d'Athenes où étoit la celebre Ecole de Platon, fut appellé indifferemment le Ceramique, & le Fauxbourg de l'Académie. Comme dans ce siecle chaque Estat travaille à faire refleurir les beaux Arts & les Sciences, il s'est étably quantité d'Académies en Europe, & sur tout en Italie, où il y en a dans un grand nombre de Villes sous differens noms.

ACAJOU. s. m. Arbre de l'Amerique qui croist jusqu'à une telle grandeur, qu'on tire communement de son tronc des canots ou petites barques toutes d'une piece, larges de cinq à six pieds, & longues de plus de quarante. Son bois est rouge, sans aubier, leger, plus tendre que le sapin, & ne coule pas au fond de l'eau, comme la pluspart des bois de ce pays-là. Il ne laisse pas de durer aussi long-temps ; le ver ne s'y attache jamais, & comme il ne se pourrit pas aisément dans l'eau, on en fait de l'essente dont on couvre les maisons. Son écorce ressemble à celle du Chesne, & quand on l'incise en temps sec, il en sort de la gomme semblable à la gomme Arabique. Il porte de grands bouquets de fleurs ligneuses au milieu desquelles est une espece de gland canelé, dont les Perroquets font leur nourriture. Quand ils ont mangé de cette graine, leur chair a le goust de l'ail. Ses feüilles sont faites comme celles du Fresne. Cet arbre s'appelle Acajou rouge. Il y en a un autre qu'on appelle Acajou blanc, à cause que son bois est blanc. Il est fort tendre quand on le coupe, mais dés qu'il est sec, il devient si dur que le marteau a peine à y faire entrer un clou. Il est sujet au ver, & dure moins que l'Acajou rouge. Il ne croist que dans des lieux humides, & il y en a de plus gros que le corps d'un homme. Ces arbres ne portent point de fruit.

Il y a aussi un Acajou qui en porte. Ce fruit qui est jaune & rouge par les endroits où le soleil a donné, est fait en façon de petite poire, & a la grosseur d'un oeuf. Tout le dedans n'est qu'une filasse spongieuse, & remplie d'un suc si acre & si astringent qu'il prend à la gorge quand il est vert,


mais lorsqu'il a atteint sa maturité, il est tres-délicieux. Il n'y a aucune graine dedans ; mais au bout du fruit on voit une maniere de noix, faite comme un roignon de liévre, & de la mesme grosseur. Sa couleur est de gris cendré, & elle est couverte d'une double écorce, dont l'entre-deux est une matiere poreuse, pleine d'une huile caustique. On s'en sert pour guerir les dartres, & elle est encore bonne à faire tomber les corps des pieds. Le noyau de cette noix est gros come une amande, & fortifie l'estomac lorsqu'il est mangé à jeun. Le vin qu'on fait de ce fruit est délicieux, & soulage les maux de rate. Il est blanc comme du lait estant fait nouvellement, & lorsqu'il a boüilly de soy-mesme quelque-temps dans le vaisseau, il devient tres-agreable. Le suc qui sort de ce fruit quand il est vert, a cela de particulier, que les taches qu'il fait sur le linge, ne peuvent s'oster que quand l'arbre pousse de nouvelles fleurs. Alors ces taches se dissipent d'elles-mesmes. Cette sorte d'Acajou n'est qu'un petit arbre dont les branches panchent un peu vers la terre. Elles ont de grandes feüilles qui approchent de celles du Noyer, mais qui sont plus larges, plus rondes, plus fortes & plus luisantes, & rendent une odeur plus agreable. Celle de ses fleurs est ravissante quand elles s'ouvrent le matin. Elles sont petites, d'une couleur purpurine & ramassées en bouquets.

ACANTHE. s. f. Plante que l'on appelle autrement Branche Ursine, ou Branque Ursine, & dont la tige qui est lissée & de la grosseur d'un doigt, a deux coudées de hauteur. Ses feüilles qui sont grasses, lissées & noirastres, sont plus larges & plus longues que les feüilles des Laituës. Elles en a par intervalles auprés de sa cime de petites qui sont en façon de coquille, longuettes & piquantes. Sa teste est comme une houppe ou un bouquet. Il y a de deux sortes d'Acanthe, la Domestique qui est cultivée & sans épines, & la Sauvage, qui est épineuse. Sa qualité qui est chaude & seche, la fait mettre au rang des herbes émollientes. On ne se sert que de ses feüilles dans la Medecine, & l'usage en est plus externe qu'interne. Le mot d'Acanthe est venu du Grec ακή, pointe, épine.

Acanthe est aussi un terme d'Architecture, & l'on nomme ainsi un ornement qui a la figure de l'Acanthe qu'on met dans le chapiteau de la colonne Corinthienne. Ainsi on dit qu' Un chapiteau est taillé à feüilles d'Acanthe, pour dire, qu'On y a representé les feüilles de cette plante. Cela est venu de ce qu'un Architecte en ayant vû une autour d'un panier ou d'une corbeille, s'avisa d'en faire l'ornement d'un chapiteau. On tient que les Sculpteurs Grecs se sont servis de l'Acanthe domestique pour faire les ornemens de leurs Ouvrages, & que les Sculpteurs Gothiques ont imité l'Acanthe sauvage dans les Chapiteaux de leurs colonnes.

ACAPATLI. s. m. Plante de la nouvelle Espagne qui porte le poivre long. Elle a son tronc contourné à la façon des sarments, & ce tronc a des feüilles qui ressemblent à celles du poivre blanc, mais plus longues & aiguës. Elles sont odorantes, d'un goust piquant & acre, chaudes & seches au troisiéme degré. Son fruit est rond & long, & sa graine ne meurit jamais assez sur la plante, ny ne vient à la perfection qu'il faudroit pour estre propre à estre semée. Cela est cause qu'on la cuëille si-tost qu'on voit qu'elle commence à rougir. On la met au Soleil, où elle meurit, & on la garde de cette maniere. On la mange seche & verte, & elle donne un bon goust aux viandes, pourveu qu'on ne les approche pas du feu aprés qu'on l'y a meslée, car si on les en approche, elle perd son goust & sa vertu.

ACC

ACCASTILLAGE. s. m. Terme usité dans la Marine, quand on parle des chasteaux qui sont sur l’avant ou sur l’arriere du Vaisseau.

ACCASTILLÉ, ée. adj. On appelle Un Vaisseau acastillé, Celuy qui a un chasteau sur son avant & un autre sur son arriere.

ACCEPTILATION. s. f. On ne se sert de ce mot qu’en expliquant la Jurisprudence des Romains. Il signifioit parmy eux une declaration par laquelle un creancier renonçoit à demander jamais rien de ce que luy devoit son debiteur.

ACCIDENT. s. m. Ce mot, dans l’usage commun, veut dire, Malheur, ce qui arrive de fâcheux ; mais en termes de Medecine il veut dire Symptome, c’est à dire, ce qui arrive de nouveau à un malade, tant en bien qu’en mal.

Accident est aussi un terme de Philosophie, & signifie ce qui n’est pas essentiel à la substance, ce qui peut estre ou n’estre pas dans un sujet, sans qu’il cesse d’estre ce qu’il est. Ainsi la blancheur & la rondeur sont des accidents d’une substance, parce qu’elle peut estre ce qu’elle est sans estre blanche ny ronde.

ACCLAMPER. v. a. Terme de Marine. Fortifier un mast en y attachant des pieces de bois, afin qu’il resiste davantage au vent.

ACCOINTER. v. a. Vieux mot qui a esté dit pour, Hanter quelqu’un, faire societé avec luy. C’est de là qu’a esté fait ’’Accointance’’. M. Ménage fait venir ce mot d’Adcomitare.

ACCOLADE. s. f. Ceremonie qui a donné le nom à la plus ancienne de toutes les Chevaleries, & qui consiste à embrasser les Chevaliers quand on les reçoit. Pour en connoistre l’ancienneté, il ne faut que lire Gregoire de Tours, qui rapporte que lorsque les Rois de France de la premiere race donnoient le baudrier & la ceinture dorée aux Chevaliers, ils les baisoient à la jouë gauche, en proferant ces paroles, Au nom du Pere & du Fils & du S. Esprit. Aprés l’Accolade le Prince donnoit un petit coup du plat d’une épée sur l’épaule du Chevalier, qui entroit par là dans la profession de la guerre, & estoit appellé Chevalier d’armes. Les éperons qu’il portoit estoient dorez, à la difference de l’Ecuyer, qui ne les avoit qu’argentez.

ACCOLÉ, ée. adj. Terme de Blason. Il a un fort grand usage dans le Blason ; & le Pere Menestrier remarque qu’on le prend en quatre sens differens. Le premier est, quand on parle de deux choses qui sont attenantes & jointes ensemble, comme les écus de France & de Navarre, qui sont accolez sous une mesme couronne pour les armoiries de nos Rois. Les fusées, les lozanges & les macles sont aussi censées estre accolées, quand elles se touchent de leurs flancs ou de leurs pointes, quoy qu’elles ne remplissent pas tout l’ecu. Le second sens d’accolé est quand on le dit des chiens, des vaches ou autres animaux qui ont des colliers, ou des cygnes & des aigles qui ont des couronnes passées dans le col. Le troisiéme est quand on parle d’une chose qui est entortillée à une autre, comme d’un sep de vigne à un échalas, d’un serpent à une colonne ou à un arbre ; & le quatriéme sens où accolé peut estre employé, c’est quand on parle des clefs, bastons, masses, épées, bannieres, & choses pareilles qui sont passées en sautoir derriere l’écu.

ACCOLER. v. a. Terme de pratique. Marquer par un


trait de plume en marge d’un compte, d’une declaration de despens, qu’on doit comprendre divers articles sous un mesme jugement, dans une mesme supputation.

On dit aussi Accoler, en parlant des seps de vigne qu’on lie autour des échalas ou des branches d’arbre que l’on attache à des espaliers.

ACCOMPAGNÉ, ée. adj. Terme de Blason. Il se dit de quelques pieces honorables, comme la croix, le chevron, la fasce, le pairle, lors qu’elles ont d’autres pieces en séantes partitions. On dit que La croix est accompagnée de quatre étoiles, de seize alerions, de vingt billettes, quand les quatre cantons qu’elle laisse vuides dans l’écu, sont également remplis de ces choses. Le chevron peut estre accompagné de trois croissans ou de trois roses, deux en chef, & une en pointe ; la fasce de deux losanges, l’une en chef, & l’autre en pointe, ou de quatre aiglettes, deux en chef & deux en pointe ; le pairle de trois pieces semblables, une en chef & deux aux flancs ; & le sautoir de quatre, la premiere en chef, la seconde en pointe, & les deux autres aux flancs.

ACCOMPAGNEMENT. s. m. Ornemens qu’on met autour de l’écu, comme les supports, le cimier, le pavillon.

ACCON. s. m. Petit bateau à fond plat, fort connu dans le pays d’Aunis, où l’on s’en sert pour aller sur les vases, aprés que la mer s’est retirée.

ACCORDER. v. n. On dit en termes de marine, Accorde, & c’est un commandement qu’on fait quand on veut obliger l’équipage de la chaloupe à nager ensemble.

ACCORDOIR. s. m. Petit instrument dont on se sert pour accorder une orgue ou un clavessin. Lors qu’on veut faire descendre les tuyaux d’une orgue à de certains tons, on les affuble en les pressant avec l’accordoir, qui est fait en forme de petit cone, jusqu’à ce qu’on les ait rendus assez étroits pour cela ; & l’on pousse la pointe du cone dans le tuyau ; quand on le veut élargir & le faire monter. L’accordoir du clavessin est une maniere de petit marteau.

ACCORDS. s. m. p. On appelle ainsi en termes de marine deux grandes pieces de bois qui servent à soustenir un navire, tant qu’il demeure dans le chantier où on le construit.

ACCORER. v. a. Terme de marine. Soustenir quelque chose qu’il est necessaire d’appuyer.

ACCORNE’, e’e. adj. Terme de Blason. Il se dit de tout animal qui est marqué dans l’écu, quand ses cornes sont d’autres couleurs que l’animal, Testes de vache de sable accornées d’argent.

ACCOSTE’, e’e. adj. Terme de Blason, dont on se sert en parlant de toutes les pieces de longueur mises en pal, c’est-à-dire, occupant le tiers de l’écu de haut en bas par le milieu, ou mises en bande, ce qui veut dire, occupant diagonalement le tiers de l’écu de droite à gauche, quand elles ont d’autres pieces à leurs costez. Le pal est dit accosté de six annelets, quand il y en a trois d’un costé, & autant de l’autre ; & la bande est dite accostée, quand les pieces qui sont à ses costez sont couchées du mesme sens, & qu’il y en a le mesme nombre de chaque costé. Lorsqu’on employe des besans, des tourteaux, des roses, des annelets, qui sont des pieces rondes, on peut dire accompagné, au lieu d’accosté.

ACCOSTER. v. a. Terme de mer. Approcher une chose d’une autre. Accoster une manœuvre. On dit, Accoster les huniers, accoster les perroquets, pour dire, Faire toucher les coins ou les pointes des huniers, des perroquets, à la poulie qui est mise pour cela au haut des vergues. On dit, Accoste à bord, quand on veut obliger un petit vaisseau à s’approcher d’un plus grand.

ACCOTAR. s. m. Terme de marine. Piece de bordage que l’on endente sur le haut du Vaisseau entre les membres, afin d’empescher que l’eau n’y tombe.

ACCOTOIR. s. m. Morceau de bois plat attaché dans les Confessionnaux, pour servir d’appuy au Confesseur. Il y en a aussi dans les chaises des Porteurs, pour appuyer ceux qui se font porter en chaise.

ACCOUDOIR s. m. Les Architectes employent ce mot pour signifier, Appuy. On fait ordinairement des Accoudoirs entre les Piedestaux.

Accoudoir se dit aussi de l’endroit inferieur de l’ouverture d’une fenestre sur lequel on peut s’appuyer, & qui ne passe guere la hauteur de la ceinture.

ACCOUPLE', ée. adj. On appelle en termes d’Architecture, Colomnes accouplées, Les colomnes qui sont deux à deux, & qui se touchent presque par leurs chapiteaux & par leurs bases. Il y a aussi des Pilastres accouplez.

ACCROCHER. v. a. Terme de marine. Arrester un Vaisseau en y jettant le grapin pour venir à l’abordage.

ACCROUPI, ie. adj. Terme de Blason. On s’en sert en parlant du lyon & des autres animaux sauvages, quand ils sont assis. Il se dit aussi des lievres & des lapins qui ne courent pas, & qui semblent avoir le corps ramassé. D’azur au dragon accroupi d’argent.

ACCULE', ée. adj. Terme de Blason. On dit, Cheval acculé, quand il est cabré en arriere & sur le cul.

On dit aussi que Deux canons sont acculez, quand leurs culasses sont opposées l'une à l'autre.

ACCULER. v. n. Terme de manege. M. Guillet dans ses Arts de l’homme d’épée, fait voir qu’en disant qu’Un cheval acoule, s’accule, on n’entend pas dans les Académies un cheval, qui s’arrestant lors qu’on le tire en arriere, se jette & s’abandonne sur la croupe avec desordre, mais un cheval qui maniant sur les voltes, ne va pas assez en avant à chacun de ses mouvemens ; ce qui fait que ses épaules n’embrassent pas assez de terrain, & que sa croupe s’approche trop du centre de la volte.

ACCULS. s. m. p. On appelle Acculs, en terme de chasse, les bouts des forests & des grands bois.

ACE

ACEPHALES. s. m. Heretiques, qui s’éleverent vers l’an 482. On tient qu’ils suivirent les erreurs de Pierre Mogus, Evesque d’Alexandrie, & que lors qu’il eut feint de souscrire au Concile de Chalcedoine, qui avoit condamné ceux qui nioient comme eux qu’il y eust deux natures en Jesus-Christ, ils l’abandonnerent. Ce mot est Grec, ακεφαλοι, & vient de la particule privative a, & de κεφαλή, Teste, comme qui diroit sans teste. Ils eurent ce nom, à cause qu’ils s’éleverent sans avoir de Chef.

ACERBE. adj. Qualité sensible au goust. Ce mot est latin, & les Medecins s’en servent pour dire ce qui est mitoyen entre l’aigre, l’acide & l’amer. Ainsi l’on peut dire que tous les fruits sont acerbes, quand ils ne sont pas parvenus jusqu’à leur maturité. On appelle aussi Vin Acerbe, celuy qui a esté fait de raisins qui n’estoient pas encore meurs. La saveur Acerbe, selon Mesvé est l’une des trois saveurs froides. Elle est engendrée d’une substance terrestre & aqueuse, environ le troisiéme degré.

ACERER. v. a. Terme de Taillandier. Mettre de l’acier avec du fer. Acerer un burin, c’est mettre de l’acier à la pointe. Acerer un couteau, c’est y en


mettre au tranchant ; & Acerer une enclume c’est couvrir d’acier toute une enclume.

ACESINE', ée. adj. Vieux mot. Qui est bien en embonpoint. Belle gente & acesinée.

ACESMEMENT. Vieux mot. Ornement. Il vient d'Acesmer, Orner, autre vieux mot.

La pucelle au corps acesmé,
Quand m’eust l'huys defermé.

On a dit aussi Acesmes, aschenes, aschesmes & achemes, pour dire, des atours de femme. Quand la Deesse eut mis bas ses habits & achemes, qu’elle eut deffeublé coiffe, guimple, atour, & autre accoustrement de feste.

ACETABULE. s. m. Terme de Medecine. Cavité d’un os, ou emboucheure, dans laquelle est receuë la teste d’un autre os.

ACETABULUM s. m. Sorte de plante, appellée autrement Umbilicus Veneris. Il y en a de deux sortes, l’une dont les fuëilles sont creuses, & tournées comme un acetabule ou une coupe. Sa graine est dans de petites tiges qui sortent du milieu de ces feüilles, & sa racine est ronde comme une olive. L’autre jette une tige menuë, & produit des fleurs semblables à celles de Mille-pertuis. Cette plante a les feüilles larges, grasses, fort épaisses, entassées vers la racine, & faites en forme de cueiller. Sa graine, qui est un peu grasse, a les mesmes proprierez que la Joubarbe.

ACH

ACHE. s. f. Espece de persil, dont les fleurs sont blanches. Il y en a de quatre sortes. L’Ache de Macedoine, l’Ache de jardin, qui est le persil ordinaire, l’Ache de montagne, & l’Ache qu’on appelle de marais, parce qu’elle y croist parmy la Berle. Cette derniere est celle des Apotiquaires, & que l’on doit employer, lors qu’on ordonne simplement l’Ache. On se sert moins ordinairement des feüilles, que de la racine & de la semence. La racine est mise au rang des cinq racines aperitives majeures, & sa semence est l’une des quatre semences chaudes mineures. Leur usage est plus pour l’interieur que pour l’exterieur ; & comme les feüilles ont moins de vertu que la racine, la racine en a moins que la semence. On fait venir le mot d’Ache du Latin Apium, & on veut qu’Apium vienne d’Apex, sommet, à cause que les anciens mettoient des couronnes d’Ache sur le sommet de la teste ; ou d’Apes, Abeille, parce qu’on croit que les Abeilles se plaisent à succer cette herbe. Ache Royale. Plante qui fleurit tous les ans, & qui pousse une fleur blanche ou jaune au bout de sa tige.

ACHEMENS. s. m. p. Terme de Blason. Lambrequins ou chaperons d’étofe découpez, qui enveloppent le casque & l’écu. Ils sont d’ordinaire des mesmes émaux que les armoiries.

ACHEMINE', ée. adj. Terme de manege. On dit qu’Un cheval est acheminé, quand on luy voit des dispositions à estre dressé, & qu’il a déja esté monté, dégourdy & rompu.

ACHETIFVER. Vieux mot. Captiver.

ACHEVE', ée. adj. On dit en termes de manege, qu’Un cheval est achevé, pour dire, qu’Il est dressé & confirmé dans un air particulier, en sorte qu’il ne manque point à faire un certain manege.

ACHIOTL. s. m. Arbre de la nouvelle Espagne, que quelques-uns nomment Changuarica, & d’autres Pamagna. Cet arbre, selon François Ximenes, ressemble en grandeur, en tronc & en forme, à l’oranger. Ses feüilles ont la couleur & l’aspreté de celles de l’orme, & il a son écorce, son tronc & ses branches d’un roux tirant sur le vert. Ses fleurs sont grandes, d’une couleur blanche pourprine, & distinguée en cinq feüilles en façon d’étoile. Son fruit est de la grandeur d’une petite amande verte, quadrangulaire, & s’ouvre estant meur. Les grains qu’il contient sont comme ceux des raisins, mais beaucoup plus ronds. Les Sauvages font grand cas de cet arbre, & le plantent autour de leurs habitations. Il demeure verd toute l’année, & porte son fruit au Printemps. C’est en ce temps qu’on a de coustume de le tailler, à cause du feu qu’on tire de son bois, comme d’un caillou. Son écorce est bonne à faire des cordes, qui sont plus fortes que celles que l’on fait avec du chanvre. Sa semence est propre à faire de la teinture cramoisi rouge, dont non seulement les Peintres se servent, mais aussi les Medecins, parce qu’elle est de qualité froide. Beuë avec quelque eau de la mesme qualité, ou appliquée au dehors, elle tempere l’ardeur de la fiévre, & arreste la dyssenterie. On la mesle fort utilement dans toutes les potions refrigerantes.

ACHITH. s. m. Plante qui croist dans l’Isle de Madagascar, & qui traisne par terre, comme le sep de la vigne, dont elle est une espece. Ses feüilles toûjours vertes, & qui ne tombent jamais, sont rondes, aiguës au bout & dentelées comme celles du lierre. Elle porte un fruit que ceux du pays appellent Voachits. Il meurit au mois de Decembre, de Janvier & de Février, & est gros comme un raisin qui n’a pas encore atteint sa maturité.

ACHOISON. s. f. Vieux mot. Occasion, loisir. On a dit aussi Achaison. Ainsi on trouve dans Patelin,

Vous ne voudriez jamais trouver d'autre Achaison,
De venir boire en ma maison.

Il a signifié aussi, Vexation, tribut injustement imposé.

ACHRONIQUE. adj. Terme d’Astrologie. Il se dit d’un Astre, ou d’un point du Ciel, qui se trouve opposé au Soleil, ou dans son lever, ou dans son coucher, en sorte que l’un se leve quand l’autre se couche. Ce mot vient de la particule privative a, & de khronos, Temps, comme qui diroit sans temps.

ABS

ACIDE. s. m. Terme de Chymie. Sel piquant, feu potentiel & dissolvant, qui donne l’estre aux mixtes, & qui est dans tous. En ce sens il est opposé à l’Alkali. On fait venir ce mot du Grec ακιζ, Pointe, à cause que les acides piquent la langue.

ACIER. s. m. Fer affiné, & celuy de tous les metaux qui est susceptible d’une plus grande dureté. M. Felibien en fait connoistre de cinq sortes ; le Soret ou Clamecy, l’acier de Piemont, l’acier d’Allemagne, l’acier de Carme & l’acier de grain.

Le petit Acier commun, appellé Soret, le Clamecy ou Limosin, se vend par carreaux ou billes de quatre pouces de long, ou environ ; & pour estre bon, les carreaux en doivent estre nets, sans pailles ny surchauffures, en sorte que dans la casse que l’on en fait par enhaut, il paroisse net, & ait un grain blanc & délié.

L’Acier qui vient de Piémont est un peu plus gros que le Clamecy. Il doit estre clair & net, & sans veines noires, avoir le grain menu & blanc, & se casser aisément par le bout qui est trempé, lors qu’on frappe contre quelque piece de fer, ou contre un autre carreau d’acier. Quand il a ces marques de bonté, il est propre à faire des outils pour couper du pain, de la chair, de la corne, du bois, du papier, & autres choses semblables. Il vient


aussi de Piémont un Acier artificiel, fait avec de menuës pieces de fer. On les met lit sur lit dans un grand creuset, ou pot de terre, avec un couvercle par dessus, si bien luté, qu’aucune fumée n’en puisse sortir. On met ce pot dans un fourneau qui n’est fait que pour cela, & on se sert d’un charbon de bois pilé & fraischement fait. Il faut affiner deux fois cet acier pour le rendre bon, & alors il est propre à travailler à la terre, & à acerer des marteaux & autres outils dont on travaille avec violence.

L’Acier qui vient d’Allemagne est par petites barres quarrées de sept à huit pieds de long. Quand il est sans pailles, surchauffures, veines noires, fourures de fer, on peut se tenir seur qu’il est bon. On en fait des ressorts de serrures, d’arquebuses, & autres ressorts, des arcs d’arbalestes & des épées.

L’Acier de Carme, ou à la rose, vient encore d’Allemagne. On en apporte aussi de Hongrie. On peut s’asseurer de sa bonté lors qu’il est souple à la main tout le long des barres, sans pailles ny surchauffures, & qu’en le cassant on y découvre une tache presque noire tirant sur le violet, qui traverse presque la barre de tous costez. Il doit encore avoir le grain fort délié & sans pailles ny apparence de fer. Cet acier, qui est le meilleur qu’on employe en France, est propre pour faire des ciseaux à couper le fer à froid, des burins, des ciselets, des faux, des outils à couper la pierre, la corne, le papier, le bois, &c.

L’Acier de grain, autrement Acier de Motte ou de Moudragon, est un Acier par grosses masses en forme de grands pains plats que l’on apporte d’Espagne. Ces masses ont quelquefois plus de dix-huit pouces de diametre, & depuis deux jusqu’à cinq pouces d’épaisseur. Cet Acier est bon, lors qu’en le cassant on voit qu’il est sans veines noires ny apparence de fer, & qu’il a le grain délié & de couleur presque jaune. Estant bien affiné, il est bon à faire des ciseaux pour couper le fer à froid. On en peut aussi acerer des marteaux & autres outils avec lesquels on travaille à des ouvrages penibles, comme à couper le marbre & la pierre.

Outre ces cinq sortes d’Acier, dont parle M. Felibien, il y a encore celuy que l’on appelle Acier de Damas, parce qu’il vient de Damas, ville de Syrie. Son grain est si fin, qu’il coupe le fer sans estre trempé.

ACO

ACŒMETES. s. m. Religieux, dont la Congregation fut instituée à Constantinople en 499. sous l’Episcopat de Gennade. Ce mot est Grec, ακοιμήτοζ, & veut dire, Qui ne dort point, de la lettre a, particule privative, & de κοιμαώ, Je dors, ou je fais dormir. Le nom d’Acœmetes leur fut donné, à cause qu’ils avoient estably une priere perpetuelle pendant la nuit, qu’ils passoient entiere à chanter les loüanges de Dieu, en se succedant les uns aux autres dans cette pieuse fonction. Ils s’opposerent avec beaucoup de courage à Acacius de Constantinople, qui par un motif d’ambition s’estoit revolté contre l’Eglise. Dans le sixiéme siecle ils embrasserent les sentimens des Nestoriens, & l’Empereur Justinien les fit condamner à Constantinople. Cela fut cause qu’ils envoyerent deux de leurs Moines à Rome, où ils creurent devoir estre mieux traitez ; mais le Concile que le Pape Jean II. fit assembler en 532 definit tout le contraire de l’opinion qu’ils soustenoient.

ACOLALAN. s. m. Petit insecte qui se trouve dans l’Isle de Madagascar, moins puant qu’une punaise, mais qui luy ressemble. Il se multiplie en peu de temps, & devient enfin de la grosseur du pouce. Quand il est en cet état il prend des ailes. Les petits se tiennent en grand nombre dans les maisons & dans les cabanes, & se glissent dans les armoires, où ils rongent tout ce qu’ils rencontrent, & principalement les habits.

ACOLYTHES. s. m. p. Nom qui fut donné par les Grecs à ceux que rien n’estoit capable de retirer d’une resolution, quand ils l’avoient prise. C’estoit par cette raison que les Stoïciens estoient nommez Acolythes, comme estant inébranlables dans leurs sentimens. Ce mot vient du Grec άκολυθέιν, qui veut dire, Suivre. On a depuis nommé Acolythes, ceux qui se consacroient à Dieu, & qui avoient dans l’Eglise un des moindres Ordres des sept qui sont nommez dans les Actes du Concile de Rome. Aujourd’huy on nomme encore Acolythe, celuy qui fait la fonction du premier des quatre Ordres mineurs, comme de porter les chandeliers, la navette où est l’encens, &c.

ACOMAS. s. m. Sorte d’arbre des plus gros & des plus hauts qu’il y ait dans les Antilles, & le meilleur pour les bastimens. Il ne croist guere que dans les terres sablonneuses ; & des Voyageurs rapportent qu’ils en ont veu des poutres de dix-huit pouces en quarré & de soixante pieds de longueur. L’écorce de cet arbre est grise & tachée de blanc en plusieurs endroits, & ressemble en épaisseur à celle du chesne. Son bois, qui ne coule point à fond, quoy qu’il soit dur & pesant, est beau & jaune comme le boüis nouvellement travaillé ; mais le temps le fait souvent ternir & le rend blanchâtre. Ses feüilles sont longues & larges, & separées d’une petite coste blanche par le milieu. Le fruit qu’il porte est jaune comme de l’or, & ressemble à une olive, mais le noyau en est plus gros. Quoyque ce fruit soit amer au goust & desagreable, les ramiers ne laissent pas d’en estre friands. Il y a de deux autres sortes d’Acomas ; l’un qu’on appelle Acomas bastard, & qui croist à la capsterre de la Guadeloupe. Il n’est ny si beau ny si haut que le premier, & on s’en sert moins dans les bastimens ; & le second, qui se trouve aux environs de la grande ance, ne differe du plus haut, qu’en ce qu’il a le cœur rouge comme du bois de Bresil.

ACOMMICHER. v. a. Vieux mot. Communier. On lit dans Froissard, Et fit le Roy dire grand planté de Messes, pour acommicher ceux qui devotion en avoient. Ce mot veut dire proprement, Manger ensemble de la mesme miche, ou du mesme pain.

ACOMPARAGER. Vieux mot. Comparer.

ACONIT. s. m. Herbe venimeuse, dont la tige est longue d'un empan, & la racine semblable à la queuë du scorpion. Sa semence est un poison ; elle est enfermée dans son sommet, qui a la forme d'un heaume. Il y a de deux sortes d'Aconit venimeux. On appelle l'un Pardalianches, c'est à dire, qui fait mourir les Pantheres & les leopards. L'autre est appellé Cynoctomum & Lycoctonum, c'est-à-dire, qui tuë les chiens, les loups & les renards. Cet Aconit estant chaud & sec au-delà du quatriéme degré, il ne se peut qu'il ne cause de tres-dangereux effets, quand il est pris interieurement. Aussi s'il arrive quelquefois qu'on s'en serve en medecine, c'est comme septique & toûjours exterieurement.

Il y a aussi un Aconit salutifere, qu'on nomme Anthora, comme si c'estoit le contrepoison d'une plante venimeuse appellée Thora. Ses qualitez sont d'estre chaud & sec, mais moins que l'autre Aconit. Il est cordial & amer au goust, & sa principale ver-


tu est de resister aux maladies malignes, à la peste mesme, & aux piqueures & morsures des bestes venimeuses. Quelques uns font venir Aconit du nom d'une Ville de Bithinie appellée Acone, aux environs de laquelle l'Aconit se trouve en abondance.

ACONTIAS. s. m. Espece de serpent, long de trois pieds, & qui a un peu plus d'un pouce de grosseur. Il y en a quantité en Calabre & en Sicile. Sa teste est fort grosse & d'une couleur cendrée. Celle du reste de son corps est assez obscure à l'exception du ventre qui ne l'est pas tant. Il s'entortille sur un arbre, & s'élance de là sur un homme avec tant de violence, qu'il semble égaler la vistesse d'une fleche. C'est de là qu'il a pris le nom d'Acontias, du Grec ακοντιον, qui veut dire Javelot.

ACORUS. s. m. Il y a de deux sortes d’Acorus, le vray & le faux. Le vray Acorus est une racine qu’on nous apporte de Lithuanie ou de Tartarie. Les feüilles en sont longues, & ressemblent à celles de l’Iris. Cette racine, qui est fort noüée, & de la grosseur du petit doigt, rampe presque à fleur de terre, & cherche sa nourriture par des filamens qu’elle a au-dessous. Sa couleur est blanche, tirant sur le rouge. Elle est d’une substance fort rare & legere, d’un goust un peu acre, & rend une odeur assez agreable, quoy qu’elle soit forte. Les Apothicaires l’appellent Calamus aromaticus, qui est un roseau, parce que le vray Acorus est mis souvent en sa place. Le faux Acorus n’est autre chose que le Glayeul aquatique, dont les fleurs sont jaunes, & qu’on appelle par cette raison Gladiolus luteus. La difference est fort grande entre les deux. Le faux desseche sans échauffer, & est astrigent. C’est pourquoy il faut bien prendre garde à ne s’en pas servir au lieu du vray, qui estant aperitif, fortifie l’estomac, le foye & la rate, rompt la pierre, & corrobore les nerfs & les jointures.

ACOUTI. s. m. Petit animal des Isles de l’Amerique, dont le poil est roux & rude comme celuy d’un cochon de trois mois, & qui a le corps, l’agilité & les dents d’un lievre, mais la queuë pelée & plus courte. Sa teste approche de celle d’un rat, & ses oreilles sont courtes & arrondies. Il a six orteils onglez aux jambes de derriere, qui n’ont aucun poil, & à celles de devant il n’en a que quatre. Il se retire dans des arbres creux, & se nourrit de racines d’arbres. La femelle porte deux ou trois fois l’année, & n’a jamais que deux petits à la fois. Elle leur fait sucer son lait deux ou trois jours dans un petit lit d’herbes ou de mousse, qu’elle a soin de dresser sous un buisson, quand elle sent qu’elle est preste à mettre bas. Ensuite elle les transporte dans ces creux d’arbres où les Acoutis vont passer la nuit, & leur apporte dequoy s’y nourrir, jusqu’à ce qu’ils soient en état d’en aller chercher eux-mesmes. Ces animaux sentent fort la venaison, & ont la chair extrémement dure. Les habitans des Isles où ils se trouvent, ont presque tous de petits chiens qu’ils dressent à les chasser. Ces chiens les poursuivent jusque dans le creux des arbres, où les chasseurs les enfument. Ce petit animal s’apprivoise. On luy apprend à marcher sur les pates de derriere, & à prendre avec celles de devant, la viande ou le fruit qu’on luy presente, & il mange ce qu’on luy donne à la maniere des Singes.

A C O

ACQUERAUX. s. m. p. Instrumens de guerre dont on se servoit autrefois pour jetter des pierres.

A C R

ACRIDOPHAGES. s. m. p. On a appellé ainsi certains peuples d’Ethiopie, du Grec άκρίζ, Sauterelle, & de φανέιν, Manger, à cause qu’ils ne vivoient que de ces insectes. Diodore de Sicile dit que rien n’égaloit la legereté qu’ils avoient dans la course, mais qu’ils ne vivoient jamais au-delà de leur quatriéme année.

ACROTERE. s. m. Terme d’Architecture. Petits piedestaux posez sur le milieu & aux deux extremitez d’un fronton, & sur lesquels des figures sont posées. M. Felibien dit que ceux des costez doivent avoir de hauteur la moitié de celle d’un fronton, & celuy du milieu une huitiéme partie de plus. Il ajoûte que le mot Grec ακροτήριον signifiant generalement toute extremité, veut dire dans les bastimens les amortissemens des toits, de mesme que dans les navires les éperons, qu’on appelloit Rostres.

Acroteres signifie aussi les Promontoires ou lieux élevez qu’on voit de loin quand on est sur mer.

A C T

ACTION. s. f. On donne en termes de manege l’Action de bouche à un cheval ; & cette action de bouche n’est autre chose que l’agitation de sa langue & de sa machoire, lors qu’en maschant le mords, il se tient la bouche fraische.

A C U

ACUDIA. s. m. Petit animal des Indes Occidentales, dont il est fait mention dans l’histoire d’Herrera. Il est un peu plus petit qu’un moineau, & fait comme un escargot. Il rend une fort grande clarté par le moyen de quatre étoiles qu’il a ; deux proche des yeux, & deux autres sous les ailes. Il y a de l’humidité dans ces étoiles ; & si quelqu’un s’en frotte la main ou le visage, il paroist brillant tant qu’elle dure. Les Indiens, qui avant l’arrivée des Espagnols n’avoient point l’usage des chandelles de suif, ny de cire, se servoient de cette humidité pour s’éclairer la nuit dans ce qu’ils avoient à faire.

ACUITZEHUARIRA s. m. Plante fort considerable des Indes Occidentales dans la Province de Mechoacan. Ses feüilles sont semblables à la Parelle, & viennent de la racine mesme. Ses jettons sont hauts d’une paume & demie & fort tendres, & il y naist au sommet de petites fleurs d’un blanc rougissant, assemblées en rond. Sa racine, qui est ronde, ressemble à une petite pomme de coing, & est blanche au dedans, & d’un jaune doré au dehors. On s’en sert principalement en Medecine. Elle est d’une faculté temperée, tirant un peu au froid & à l’humide, & d’un goust doux & agreable. L’eau qu’on en extrait, beuë en telle quantité qu’on veut, amortit l’ardeur des fiévres, fortifie le cœur, & est un excellent antidote contre les venins, & contre la morsure des animaux dangereux, comme scorpions & autres. Elle appaise aussi la douleur des reins & de la poitrine, dissout les tumeurs du gosier, & tempere l’acrimonie de l’urine. Quelques-uns appellent cette plante, Chipahuatzil & Zozotaquan, & les Espagnols l’appellent l’Ennemie des venins, à cause de sa vertu singuliere.

ACUT. adj. Ce mot n’a d’usage que dans l’Imprimerie, où l’on dit un é acut, pour dire un é marqué d’un accent aigu, comme dans aimé, pour le distinguer de l’e final d’aime, où il ne faut point d’accent sur l’e, qui n’est point ouvert.

A D A

ADAMITES, ou ADAMIENS. s. m. p. Here-


tiques qui ont pris leur nom d’Adam, dont ils voulurent imiter la nudité avant le peché, pretendant qu’ayant esté reparé par la mort de Jesus-Christ, les hommes devoient estre rétablis dans l’état de l’innocence originelle. Ils suivoient en cela les erreurs de Prodicus, qui les portoit à commettre les actions les plus detestables. Ils estoient tout nuds dans leurs Temples, où ils se permettoient les plus honteuses prostitutions. Ils rejettoient la priere, & avoient beaucoup d’opinions de la Secte des Gnostiques. Un nommé Tandeme ayant renouvellé l’heresie des Adamites à Anvers, il y fut suivy d’un grand nombre de soldats, qui donnant le nom de choses spirituelles à des actions brutales, faisoient toutes sortes de violences aux filles & aux femmes. Elle fut portée en Boheme par un appellé Pikard, qui quitta la Flandre, & qui se faisant nommer le Second Adam, fit embrasser ses opinions à quantité de personnes de l’un & de l’autre sexe. On tient qu’il y a encore de ces malheureux en Pologne, aussi-bien qu’en Angleterre, où ils ne s’assemblent que de nuit, & n’apprennent que ces mots, Jure, parjure, & ne découvre point le secret.

ADARCA. s. f. Ecume salée qui s’amasse dans les marais au temps de secheresse, & qui s’attache aux herbes & aux roseaux. Cette drogue est seche & tellement chaude, qu’elle a une vertu caustique. Comme elle a les mesmes proprietez que la moutarde, elle produit les mesmes effets.

A D D

ADDEXTRÉ, ée. adj. Terme de Blason. On le dit des pieces qui en ont une autre à leur droite. Pal addextré d’un lyon, c’est à dire, qui n’a qu’un lyon sur le flanc droit.

ADDITION. s. f. La premiere regle de l’Arithmetique, par laquelle on apprend à trouver la somme totale de plusieurs nombres assemblez. Il y a une Addition simple & une Addition composée. La simple est la maniere d’ajouster ensemble plusieurs choses d’une mesme espece, comme des livres avec des livres, & des sols avec des sols ; & la composée est la maniere de trouver la somme de plusieurs choses qui ne sont pas de la mesme espece, comme lors qu’on ajouste des livres, des sols & des deniers à des livres. Ce mot vient, du Latin, Addere, Ajoûter.

ADDITIONNER. v. a. Ne faire qu’une somme de plusieurs sommes. Ainsi en additionnant on trouve que ces quatre nombres 2. 5. 8. & 9. estant mis ensemble, font une somme totale de 24.

ADDONNER. v. n. Terme de Marine. On dit que Le Vent addonne, lors qu’ayant esté contraire, il commence à devenir favorable.

ADDOSSÉ, ée. adj. Terme de Blason. Il se dit de deux animaux rampans, qui ont le dos addossé l’un contre l’autre. Lyons addossez. On le dit generalement de tout ce qui est de longueur, & qui a deux faces differentes. Clefs addoßées, c’est à dire, qui ont leurs pannetons tournez en dehors, l’un d’un costé, & l’autre de l’autre. Haches addoßées, marteaux addossez.

On appelle en termes d’Architecture, Colomne addoßée, une colonne qui tient au mur par le tiers ou par le quart de son diametre.

ADDUCTEUR. adj. Les Medecins appellent Muscle adducteur le troisiéme muscle des yeux, qui les fait mouvoir du costé du nez, comme les amenant de ce costé là. Ce mot vient du Latin Adducere, Amener.
12 ADE ADI ADR ADV
ADE

ADENT. s. m. Mot dont les Menuisiers & les Charpentiers se servent, & qui signifie certaines entailles ou emboëtures, faites en forme de dents, pour mieux lier & assembler des pieces de bois.

ADÉS. adv. Vieux mot. Aussi-tost, incontinent.

Et tout adés le regardant.

ADESSENAIRES. s. m. p. Heretiques qui s’éleverent au siecle passé. Leurs erreurs estoient sur le Sacrement de l’Eucharistie, mais ils ne s’accordoient pas entr’eux dans ce qu’ils pensoient. Les uns tenoient que le Corps de Jesus-Christ estoit au pain ; les autres qu’il estoit avec le pain ; quelques-uns qu’il estoit à l’entour du pain, & d’autres qu’il estoit sous le pain.

ADI

ADIANTUM. s. m. Sorte de plante, dont il y a de deux sortes. Le blanc qui est le commun, & le noir qui est le meilleur. C’est un des cinq Capillaires, & on doit entendre le noir quand on met simplement le mot d’Adiantum. Il ne differe du blanc qu’en ce qu’il a ses petites branches plus noirastres & ses feüilles plus vertes. Ses qualitez sont d’estre chaud & sec, mais modérement. Les Arabes luy attribuënt une petite faculté purgative, qui consiste en son humidité aqueuse, subtile & superficielle, participante d’un peu de chaleur, ce que l’Adiantum blanc n’a pas. Ce dernier est encore appellé Salvia vita, ou ruta muraria, & le noir, Capillus veneris officinarum. En Grec adianton de la particule privative a, & de diainein, Humecter, à cause que ses fleurs paroissent toûjours seches, quoy qu’on ait versé de l’eau dessus.

ADIAPHORISTES. s. m. Nom qui fut donné vers l’an 1525. à ceux qui suivoient les opinions de Melancton, & en 1548. à certains Lutheriens relâchez, qui en soustenant la creance de Luther, ne laissoient pas de s’attacher aux décisions de l’Eglise & aux constitutions des Conciles & des Papes. Ce mot vient du Grec adiaphorein, Estre indifferent.

ADIEU-VA. Terme de Marine. On s’en sert lorsque voulant faire virer le Vaisseau pour changer de route, on en donne avis à l’équipage.

ADIM-MAIN. s. m. Sorte d’Animal privé qu’on trouve en Afrique. Il est de la grandeur d’un moyen veau, & ressemble à un mouton.

ADIPEUX, euse. adj. Les Medecins se servent quelquefois de ce mot pour dire, Gras, & ils disent dans ce sens, Membrane Adipeuse.

ADIRER. v. a. Vieux mot. Egarer. Les rames de la barque estoient adirées. Il s’est dit aussi pour Rayer. Son nom est adiré de l’état des Officiers.

ADITION. s. f. Terme de Jurisprudence. Acceptation d’une heredité. L’adition d’heredité est necessaire pour la validité de certains actes. Ce mot vient du Latin Adire, Aborder, aller trouver.

ADIVE. s. f. Animal qui naist en Afrique. M. d’Ablancourt qui en parle dans son Marmol, dit qu’il est un peu plus grand qu’un Renard & de mesme poil, & qu’il en a les finesses. Il hurle comme un chien, & le lion ne le peut souffrir.

ADO

ADOUCIR. v. a. On employe ce mot en Peinture pour dire, Mesler les couleurs avec un pinceau fait de poil de porc, de chien, ou de blereau, & qui est sans pointe. On dit, Adoucir un dessein la-

vé & fait à là plume, pour dire, En affoiblir la teinte. On dit encore, Adoucir, lorsqu’on change quelque trait trop rude, pour donner plus de douceur à l’air d’un visage.

ADOUCISSEMENT. s. m. Terme de Peinture. On dit qu’il y a de l’adoucissement dans un visage, lorsque les couleurs sont bien noyées les unes avec les autres, qu’il n’y a point de rudesse dans les traits, & qu’ils ne sont pas tranchez.

ADOUÉES. adj. Terme de Fauconnerie. On dit que Les Perdrix sont adoüées, quand elles sont pariées & accouplées.

ADOULÉ, ée. adj. Vieux mot. Dolent, triste.

ADR

ADRIANISTES. s. m. p. Nom qui fut donné à des Heretiques qu’infecterent les erreurs de Simon le Magicien, ou de ses Disciples. On donna ce mesme nom dans le dernier siecle aux sectateurs d’Adrien Hamstedius, qui enseigna en Zelande & ensuite en Angleterre, que le Sauveur n’avoit fondé la Religion Chrestienne que dans de certaines circonstances, & qu’on pouvoit garder les Enfans quelques années sans les baptiser. Il recevoit toutes les erreurs des Anabaptistes. Ceux qui ont donné dans les sentimens d’Adrien de Bourg, Ministre Calviniste en Hollande, ont aussi eu le nom d’Adrianistes.

ADV

ADVENTIF. adj. Terme de Jurisprudence. On appelle particulierement Biens adventifs, Les biens qui arrivent à une femme pendant son mariage ; c’est-à-dire, qui sont au-delà de ses deniers dotaux.

ADVERTANCE. s. f. Vieux mot. Avertissement.

ADVERTIN. s. m. Vieux mot. Fantaisie, boutade.

ADVEST. s. m. Vieux mot. Fruits pendans par les racines. Ce mot se trouve dans la Chronique de Flandre. On a dit aussi, Advesture.

ADVISEMENT. s. m. Vieux mot. Avis.

Je suis de cet advisement,

Que loyauté leur soit gardée.

AEG

ÆGIPTIAC. s. m. Drogue excellente pour nettoyer les vieux ulceres, en oster la pourriture, & ronger la chair morte. On l’appelle ainsi à cause de sa couleur noire.

AEO

ÆOLIPYLES. s. m. Boule d’airain qui est creuse, & qui n’a qu’un petit trou par lequel on fait entrer autant d’eau qu’elle en peut contenir, aprés qu’on l’a chauffée pour rarefier l’air qui est dedans. On la remet ensuite devant le feu, où si-tôt qu’elle est échauffée, elle envoye un vent impetueux qui sert à le souffler & à chasser la fumée.

AER

ÆRE. s. f. Quelques-uns écrivent Ere. Terme de Chronologie. Il a esté introduit par les Auteurs Espagnols pour marquer le temps où est arrivé quelque chose d’extraordinaire ou de remarquable. On tient que ce qui donna occasion à l’Ære que l’on appelle d’Espagne, fut un tribut que

ÆS ÆT AF AFF 13

l’Empereur Auguste imposa aux Espagnols, & que le mot Ære, fut formé du mot Latin ære. L’Edit de ce tribut fut publié à Tarragone en Espagne trente-huit ans avant la naissance du Sauveur, ce qui est cause que l’Ære d’Espagne precede de ce mesme nombre d’années l’Ære Chrestienne. On s’en est servi generalement en ce Royaume, jusqu’à l’an 1351. que l’on commença à y compter par les années de Jesus-Christ. Les autres Æres dont les Chronologues font le plus de mention, sont celle de Nabonassar, premier Roy des Chaldéens ou des Babyloniens, depuis le démembrement de l’Assyrie, & celle des Grecs Seleucides. La pluspart mettent la premiere le 26. Février de l’an 3306. du monde, & l’autre est fixée en l’an 442. de Rome.

AES

ÆSIER. v. a. Vieux mot. Réjoüir. C’est de là qu’est venu Aise.

ÆSMER. v. a. Vieux mot. Comparer.

Ains le pooit on æsmer,

A chant de Serene de mer.

Il a esté aussi employé comme neutre dans le sens de Présumer, conjecturer, & on trouve dans Villehardoüin. Qui dit & æsmerent qu’il y avoit quatre cens Chevaliers.

ÆS-USTUM. s. m. Cuivre brûlé. On en fait entrer dans la composition de la couleur verte, & il sert à plusieurs usages dans la Medecine. Le cuivre se brusle en le calcinant, ce qui se fait de deux sortes. Ou bien on le calcine en crocus comme le fer, en le reduisant en limaille & le mettant sur une tuile bordée, où il faut le tenir sept ou huit jours au feu de reverbere, ou bien on le calcine en le reduisant en lamines & le stratifiant avec du souffre en poudre dans un pot qu’on ne craigne point que le feu casse. Ce pot doit avoir un trou au milieu de son couvercle, afin que le souffre puisse s’exhaler.

AET

ÆTHIOPIS. s. f. Plante dont les feuïlles sont semblables au Bouïllon, veluës, fort épaisses, & disposées en rond vers la racine. Sa tige est quarrée & aspre, & ressemble à celle de la Melisse, estant toute garnie de concavitez & d’ailes. Sa graine est grosse comme celle d’Orobus, & croist toûjours double dans une mesme bourse. L’Æthiopis jette plusieurs racines, qui viennent toutes d’un mesme tronc. Elles sont longues, massives, visqueuses & pasteuses au goust. Dioscoride dit que cette plante croist abondamment au mont Ida prés de Troye, & qu’elle est bonne à ceux qui crachent le sang, aux sciatiques & aux pleuresies.

ÆTITE. s. f. Pierre qui se trouve souvent dans les nids d’Aigle, & que par cette raison on appelle Pierre d’Aigle, du Grec ætos Aigle. Selon Pline il y en a de quatre sortes. La premiere qui naist en Afrique, & qui est plus molle & plus petite que les autres, renferme dans sa cavité une terre blanche & argilleuse. Il appelle celle-là femelle. Celle qu’il appelle masle, & qui est plus dure & plus grosse que la premiere, est rougeastre & se trouve en Arabie. Elle renferme une autre pierre fort dure, & ressemble presque à une noix de galle. La troisiéme est fort tendre, & se trouve en Chypre. Elle est semblable à l’Ætite femelle ; mais un peu plus grosse. La derniere qui a pris le nom de Taphycata du lieu d’où elle vient, est ronde, blanche & fort molle, & resonne fort quand on la remuë,


à cause d’une autre pierre qu’elle contient, & qu’on nomme Calinus. La proprieté de cette sorte de pierre, c’est d’avancer l’accouchement si on l’attache à la cuisse d’une femme, & de le retarder en la luy mettant dans le sein.

ÆTIENS. s. m. Heretiques qui suivoient les sentimens d’Arius & d’Aëce, surnommé l’Athée, & qui furent appellez Purs Ariens. Ils eurent le nom d’Eunoméens, à cause qu’ils embrasserent l’impieté d’Eunome, le plus insigne disciple d’Aëce. Celuy de Dissemblables qui leur fut aussi donné, vint de ce qu’ils croyoient que le Fils estoit dissemblable à son Pere en essence & en tout le reste. Ils tenoient leurs assemblées dans des lieux secrets, & leur Secte n’ayant trouvé aucun appuy à la Cour, elle s’éteignit en peu de temps.

AF

AFEULER. v. a. Vieux mot. Retrousser, empoigner avec violence.

Il prend son chapeau, & l’afeule.

AFEURER. v. a. Vieux mot. Mettre à certain prix, taxer, estimer. On a dit aussi Aforer, du Latin Forum, Marché.

AFICHIER. v. n. p. S’afichier ou s’aficher. S’asseurer, se confier.

Celuy qui en tresors s’affiche.

AFLUBER. v. a. Vieux mot. Couvrir, revestir d’habits. On dit aussi Afeubler & Afibler, du Latin Infulare.

AFF

AFFAITAGE. s. m. Terme de Fauconnerie. Soin qu’on se donne pour bien dresser un oiseau de proye.

AFFAITER. v. a. Apprivoiser un oiseau sauvage, le rendre familier, & faire en sorte qu’il revienne sur le poing ou au leurre quand on l’a laissé voler. On dit aussi Affaiter un Oiseau, pour dire, L’introduire au vol, le curer, & en avoir tous les soins qu’il faut pour le tenir en santé.

AFFAITIER. v. a. Vieux mot. Racommoder. Et luy demandez de ce cuir qu’il emporte, & vous dira qu’il en veut ses soliers affaitier quand il seroit dépeciez. On a dit aussi s’affaitier, pour dire, S’instruire, se rendre sçavant, car de plusieurs langues s’estoit fait affaitier, d’où vient qu’on a dit Affaitié, pour Bien appris, bien élevé.

Jean li Nivelois fut moult bien affaitiez.

AFFALER. v. a. Terme de Marine. On dit Affaler une manœuvre, pour dire, La faire baisser. Ainsi Affale est un commandement qu’on fait quand on veut qu’on abaisse quelque chose. On dit qu’Un Vaisseau est affalé à une coste, sur la coste, pour dire, que La force du vent le contraint de se tenir prés de terre, ou que faute de vent il ne sçauroit s’élever au large.

AFFEBLOYER. v. a. Vieux mot. Affoiblir.

AFFERENTE. adj. f. Terme de Palais. On appelle Part afferente, La part qui appartient à un Heritier dans une succession qu’on partage en plusieurs lots. Ce mot vient du Latin Afferre, Apporter.

AFFERIR. v. n. Vieux mot. Appartenir. On a dit, Ce qui luy affiert, pour dire, Ce qui lui convient.

AFFICHER. v. a. Terme de Cordonnier. Couper les extremitez du cuir quand il est sur la forme. On dit dans ce sens, Afficher une paire de semelles.

AFFIER. v. a. Terme d’Agriculture. Planter, provigner des arbres en sion ou en bouture ; c’est-à-dire, en bouts de plantes ou d’arbres mis dans la terre pour prendre racine.

B iij

AFFINER. v. a. Tuer. Vieux mot. On trouve dans un ancien Poëte en parlant d’Achille,

Il ne pooit estre affinez,

Fors par la plante seulement.

On dit parmi les Cordiers, Affiner le chanvre, pour dire, Passer le chanvre par l’affinoir, afin de le faire devenir plus fin. Ce mesme mot est en usage parmi les Relieurs, & ils disent, Affiner le carton, pour dire, Le renforcer.

On dit sur la mer, que Le temps affine, pour dire, qu’Il n’est plus si sombre, & que l’air commence à s’éclaircir. En ce sens il est neutre.

AFFINOIR. s. m. Terme de Cordier. Seran dont les bouches sont petites, & prés à prés. On fait passer le chanvre au travers pour l’affiner.

AFFOLE, ée. adj. On appelle en termes de mer, Boussole affolée, aiguille affolée, Une Aiguille défectueuse, & qui a esté touchée d’un aiman qui ne l’anime pas. Comme cet aiman ne luy donne point sa veritable direction, elle indique mal le Nord, quoique dans le parage où est le Vaisseau, il n’y ait point de variation.

AFFONDER, S’affonder. v. n. p. Vieux mot. S’enfoncer.

S’il peut se plonge & affonde,

Souventesfois en mer profonde.

AFFORAGE. s. m. Prix d’une chose venale mis par autorité de Justice. Ce mot se trouve dans une Ordonnance de la ville de Paris, où il est dit que le prix des vins étrangers doit estre fixé par les Eschevins avant qu’on le puisse vendre, & qu’il faut qu’on en fasse mention dans l’acte d’Afforage.

Il signifie aussi le Droit Seigneurial qu’on paye au Seigneur, afin de pouvoir vendre du vin ou quelque autre liqueur dans son fief, en quoy on est obligé de se regler sur la taxe que ses Officiers en font.

AFFOUAGEMENT. s. m. L’estat ou departement qui se fait dans les Pays où les Tailles sont réelles, afin de faciliter la levée des impositions, en reglant le nombre des feux de chaque Paroisse. Une telle Vignerie est comptée pour tant de feux dans cet affouagement.

AFFOURCHER. v. a. Jetter une ancre à la mer dans une telle distance, que son cable fasse une maniere de fourche avec le cable d’une premiere ancre qu’on y a déja jettée. Ainsi on appelle Ancre d’affourche celle qui est jettée de cette sorte aprés la premiere.

AFFOURRAGER. v. a. Donner de la paille aux moutons, aux bestiaux pour vivre, leur donner du fourrage. On dit aussi Affourrer.

AFFRETEMENT. s. m. Terme de Marine qui est en usage sur l’Ocean, pour signifier le prix que l’on paye pour le loüage de quelque Vaisseau. Ainsi Affreter, signifie donner une certaine somme au Proprietaire du Vaisseau pour s’en servir pendant un voyage, & on dit Affreteur, pour dire, Celuy qui affrete.

AFFRIANDER. v. a. Terme de Fauconnerie. On dit, Affriander un oiseau, pour dire, Le faire revenir sur le leurre à force de luy donner de bons pasts.

AFFRONTÉ, ée. adj. Terme de Blason. On dit, Lions affrontez, pour dire, Deux Lions qui sont opposez de front. Il se dit aussi d’autres Animaux. De gueules à deux levretes affrontées d’argent.

AFFUST. s. m. Sorte de chariot étroit & renforcé dont on se sert à pointer le canon quand on le tire, ou à conduire les pieces d’Artillerie quand on les transporte. M. Guillet qui explique les choses avec une entiere précision, dit que l’Affust n’est monté que sur deux rouës quand il est logé sur une


batterie ; mais que quand on le fait marcher en campagne on y ajoûte deux autres roües sur le devant plus basses que les deux rouës de derriere. Ces sortes d’affusts consistent en deux fortes & longues pieces de charpente qui en font les costez, & qui sont entretenuës l’une avec l’autre par d’autres pieces de bois mises de travers & assemblées par des mortaises. Vers l’extrémité où l’on place le canon, sont deux ouvertures où l’on emboiste les deux especes de bras de canon, qui sont vers la moitié de sa longueur. Les quatre rouës sur lesquelles on monte l’Affust des mortiers, sont chacune d’une seule piece, & n’ont point de rais.

On appelle Affust de bord, L’affust d’un canon qui sert sur les Vaisseaux.

Affust se dit encore en termes de Chasse, d’Un lieu caché, où l’on se met pour attendre le gibier, avec un fusil tout prest à tirer.

AFFUSTAGE. s. m. Soin qu’on prend de tout ce qui regarde le canon pour le braquer, & pour le disposer à tirer. Il se dit aussi des pieces que l’on applique aux fontaines jallissantes lorsqu’on en veut diversifier le jet.

Affustage, signifie aussi chez les Ouvriers, La fourniture de toutes sortes d’outils necessaires, & en ce sens on dit qu’Un Affustage est complet, pour dire, qu’Il n’y manque rien.

AFFUSTER. v. a. On dit, Affuster un canon, pour dire, Le mettre en état de tirer. Les Ouvriers disent, Affuster leurs outils, pour dire, Les aiguiser. On dit qu’Un Ouvrier est bien affusté, pour dire, qu’Il a tout son affustage, tous ses outils prés de luy. Quelques Peintres se servent de ce mesme mot dans le mesme sens, & disent ; Affuster un crayon, pour dire, L’aiguiser.

AGA

AGACE. s. f. Nom qu’on donne à une espece de Pie dont les plumes sont plus noires que celles des autres.

AGALLOCHUM. s. m. Sorte de bois qu’on nous apporte des Indes, seulement par petites pieces, car il est rare qu’il en vienne en France de gros morceaux. Il est marqueté de plusieurs couleurs, odorant, & a quelque acrimonie pour le goust. La solidité de sa substance fait qu’il est malaisé à brusler, & quand on le brusle il en sort beaucoup de suc. Ce qui le couvre se peut plustost appeller une peau qu’une écorce. Il est tres-bon pour les maladies de cœur. On l’appelle communement Bois d’Aloës.

AGAPES. s. f. p. Nom qui a esté donné aux festins que les Chrestiens faisoient dans la primitive Eglise, en memoire de la derniere Cene que le Fils de Dieu avoit faite avec ses Disciples. Il vient du Grec agapê, qui signifie Amitié, dilection, parce que ces Festins estoient comme des festins d’amour & de charité. On les faisoit dans les Eglises aprés qu’on avoit receu la sainte Communion. La dépense en estoit faite par les riches, qui y convioient les pauvres. Les abus qui s’y commirent, obligerent les Prelats à les défendre dans les Eglises, & ensuite ailleurs. Tertullien, & d’autres des anciens Peres parlent fort souvent de ces Agapes, qui s’observoient principalement dans les naissances, dans les mariages & dans les funerailles.

AGAPETES. s. f. p. Nom de Vierges qui vivoient ensemble dans la primitive Eglise, comme estant unies par la charité. On les appelloit Religieuses, quoy qu’elles ne fissent point de vœux ; & comme elles tenoient des Maisons où elles recevoient les passans sous un faux pretexte d’hospitalité, les abus que l’on reconnut qui se glissoient dans cette association, furent cause que le Concile General de Latran, abolit cette assemblée de Vierges sous Innocent II.

On donna ce mesme nom d’Agapetes à une secte d’Heretiques, sortie d’une femme d’Espagne nommée Agape, qui vivoit avec un certain Elpidius dans toutes sortes de desordres, sous couleur d’une association spirituelle. Les crimes où plusieurs autres personnes entroient sous ce mesme pretexte, ayant esté découverts, firent bien-tost abolir cette malheureuse secte.

AGARIC. s. m. Maniere de Champignon ou de Potiron qui naist sur le tronc de l’arbre que l’on appelle en François, Melese. C’est le seul qui soit propre à estre pris interieurement, car cette mesme excroissance se trouve sur les Sapins, sur la Torche, & sur la Pesse sauvage. L’Agaric vient dans la Province de Sarmatie, nommée Agarie, qui luy a donné son nom. Il y en a de deux sortes, le masle, qui est ordinairement jaunastre, massif, pesant, compacte & tenace, & la femelle qui est beaucoup meilleure que le masle, pourveu qu’elle ne ressemble point à du bois, & qu’elle ne soit ny longue, ny dure, ny pesante. Pour estre bonne, il faut qu’elle soit bien blanche, legere, friable, douce au goust d’abord, & un peu aprés amere. Outre l’Agaric de Sarmatie, on en trouve de fort bon sur les Montagnes de Trente, & sur celles du haut Dauphiné. C’est un des plus excellens purgatifs de la Medecine, quoy qu’il n’ait pas grande force, & qu’on ne le donne jamais seul.

AGATE. s. f. Pierre precieuse ordinairement de couleur rouge, sur laquelle la nature semble avoir pris soin de graver plusieurs choses differentes qui y paroissent. On voit des forests dans quelques-unes, des hommes ou des chevaux dans les autres, & plusieurs choses semblables. On tient qu’on luy a donné le nom d’Agate, sur ce qu’on a trouve la premiere auprés du fleuve Achates dans la Sicile. Elle est un fort bon remede contre les piqueures des scorpions & des araignées ; & on dit que par un instinct naturel les aigles en mettent dans leurs nids, afin que par là leurs aiglons soient garantis de toutes sortes de poisons. On pretend aussi que cette pierre fortifie la veuë.

Agate est encore un instrument de tireur d’or. On l’appelle ainsi, à cause que dans le milieu de cet instrument il y a une Agate qui sert à rebrunir l’or.

AGE

AGE. s. m. La durée ordinaire de la vie. Acad. Fr.

Age se dit aussi du cheval dont on connoist le progrés de ses premieres années, soit par le nom bre de ses dents, selon le changement que l’on y remarque, soit par des marques noires qui viennent dessus, ou par les nœuds de sa queuë, sur lesquels pourtant on ne peut juger avec une entiere certitude. Un cheval qui pousse les pinces doit avoir deux ans & demy. Celuy qui met les dents mitoyennes, fait connoistre qu’il approche de quatre ans. Quand il pousse les crochets, c’est une marque assurée qu’il en a quatre ; & dés qu’on luy voit les coins trop longs & décharnez, on peut s’assurer qu’il passe sept ans. Quand il cesse de marquer, on dit qu’il n’a plus d’âge.

Age se dit encore des cerfs ; & M. de Selincourt dit dans son Parfait Chasseur, qu’on juge du nombre de leurs années, non seulement par l’ouverture de la teste, par la grosseur du marrein, par les rayeures plus creuses, par les perlures plus grosses,


par les andoüilliers, quand ils sont plus prés des meules, par la largeur du talon du pied de devant, & par la petitesse du pied de derriere, mais encore par le méjuger, c’est à dire, quand le pied de derriere n’entre point juste dans celuy de devant.

AGH

AGHAIS. s. m. Vieux mot. Acquest. On a dit aussi Aghaister, pour dire, Faire acquest. On trouve dans quelques Coustumes, Profiter d’un marché à aghais, c’est à dire, que Ce marché se faisoit de telle maniere, que le vendeur devoit livrer sa denrée dans un certain temps, & l’acheteur les deniers de son achat dans le même tems. Ainsi le vendeur & l’acheteur devoient aghaister, c’est-à-dire, observer le jour du terme, afin de ne le pas laisser écouler sans que le vendeur eust livré, si c’estoit luy qui vouloit profiter du marché à aghais, ou que l’acheteur eust payé, s’il trouvoit le marché avantageux ; & au refus de la partie, on consignoit en justice, & on faisoit signifier cette consignation.

AGN

AGNATION. s. f. Terme de Jurisprudence purement Latin, qui signifie, selon le Droit Romain, Le lien de parenté en ligne masculine.

AGNOITES. s. m. p. Heretiques, dont il y a eu de deux sortes en deux divers temps. Les uns s’éleverent vers l’an 370. sous le Pontificat de Damase, & suivoient les erreurs de Theophrone de Cappadoce. Elles consistoient particulierement à dire que Dieu n’avoit rien de fixe dans sa science, ne pouvant connoistre le passé que par memoire, & n’ayant que la prescience pour le futur ; ce qu’ils appelloient une connoissance vague. Les autres à qui l’on donna ce mesme nom d’Agnoïtes, à cause qu’ils croyoient que le Fils de Dieu ignoroit le jour du jugement, s’éleverent dans le sixiéme siecle. Themiste, Diacre d’Alexandrie, dont ils suivoient les erreurs, & qui les fit aussi appeller Themistiens, se fondoit, pour les soustenir, sur ce que nostre Seigneur dit dans saint Marc, que Personne ne sçait ces choses - là, hormis le Pere. L’explication que saint Ambroise & saint Augustin donnent à ce passage, c’est que le Fils de Dieu ne les vouloit pas apprendre aux Apôtres. Le mot d’Agnoïtes vient du Grec agnœin, Ignorer.

AGNUS-CASTUS. s. m. Arbrisseau qui devient arbre quand il est cultivé, & qui produit de petits scions pliables, aussi malaisez à rompre que le saule. Ses feüilles sont semblables à celles du franc osier, mais elles rendent une odeur plus agreable. Il y en a de deux sortes ; le grand, qui devient arbre comme le Saule, & qui jette une fleur blanche meslée d’un peu de couleur de pourpre ; l’autre, qu’on appelle le petit, a ses feüilles plus blanches & plus veluës ; & pour la fleur, elle est entierement de couleur de pourpre. Sa semence, qui est toute ronde, ressemble au petit Cardamome. Elle est d’usage dans la Medecine, aussi-bien que les fleurs & la feüille ; & l’on tient que ceux qui s’en servent interieurement ou exterieurement, conservent leur chasteté avec moins de peine ; ce qui luy a fait donner le surnom de Chaste.

AGO

AGONALES. s. f. p. Festes qui se celebroient chez les Romains à l’honneur de Janus dans le mois de Janvier, appellées ainsi du mot Grec agôn, qui veut dire Combat ou jouste. Il y en a qui croyent qu’elles se faisoient pour les Dieux Agoniens, que les Payens avoient accoustumé d’invoquer dans les entreprises importantes. D’autres pretendent qu’on les celebroit au mont Agon, nommé depuis Quirinal, d’où elles ont eu le nom d’Agonales.

AGONYCLITES. s. m. p. Heretiques que Sanderus dit s’estre élevez dans le huitiéme siecle. Ils pretendoient qu’il ne falloit point se mettre à genoux pour prier Dieu ; & c’est de là qu’ils ont pris leur nom, de la particule privative a, de gonu, Genou, & de klinein, Plier, flechir.

AGORANOME. s. m. Magistrat qui chez les Atheniens donnoit ses ordres, afin que tout ce qui se debitoit dans les marchez, y fust vendu avec poids & mesure. Ce mot est Grec, agoranomos, & est fait de agora, Marché, & de nemein, Distribuer.

AGRAFE. s. f. C’est un mot dont se servent les vaniers, & qui signifie l’osier tortillé qui tient le bord d’une hotte.

AGR

AGRAIRE. adj. f. Nom qui fut donné à une Loy des Romains, que Spurius Cassius publia, touchant le partage des terres qui estoient prises sur les ennemis. La Loy Agraire. Jule Cesar & Nerva en publierent deux autres, qu’on nomma aussi Loix Agraires, & qui furent faites seulement pour les limites des champs. Ce mot vient du Latin Ager, Champ.

AGREER. v. a. Terme de Marine. Agréer un Vaisseau, c’est le mettre en état de faire voyage, en y plaçant toutes les manœuvres, poulies, & autres choses dont il doit estre garny. Les Marchands disent aussi entr’eux, Agréer un Navire, pour dire L’accepter.

AGREEUR. s. m. Celuy qui fournit à un Vaisseau tout ce qu’il luy faut pour le mettre en mer. C’est aussi celuy qui a soin de mettre tout en ordre, tant pour les cordages, que pour les voiles, poulies, &c.

AGRESTE. adj. Il se dit du sel de certains fruits verts & acres, qui ont un goust sauvage, c’est-à-dire desagreable & fâcheux. Ce mot vient du Grec agrion, dans le sens que ta agria, c’est-à-dire, les choses vertes & acres sont opposées, tois êmerois, aux choses douces. C’est par cette raison que les Latins appellent Le verjus, Agresta.

AGREZ. s. m. p. Tous les cordages, toutes les voiles, & autres choses qui sont necessaires pour garnir un Vaisseau. On dit aussi Agreils.

AGRIER, ou Agriere. s. m. Droit que les Seigneurs prennent sur les terres labourables. Droit d’Agriere. On l’appelle ainsi en de certaines Coustumes, & Droit de Champart en d’autres.

AGRIOTE. s. f. Sorte de cerises qui ne sont pas si douces que les cerises communes, & qui sont plus grosses.

AGRIPAUME. s. f. Plante presque semblable à l’ortie, excepté qu’elle a ses feüilles plus chiquetées tout à l’entour, & celles d’en bas plus rondes. Sa tige, qui est quarrée, les produit deux à deux par certains intervalles. Ses fleurs sont rouges tirant sur le blanc, & ressemblent à celles de l’ortie puante. Elles sont neanmoins plus petites, & sortant du pied des feüilles, elles environnent la tige, ainsi qu’on voit au Marrube. Sa racine, dont il en sort plusieurs autres, est rouge & blafarde. Cette herbe croist par tout le long des chemins & des hayes, & autour des murailles des Villes. Matthiole dit qu’elle est si amere au goust, qu’on la peut juger chaude au second degré & seche au troisiéme. Quelques Modernes la tiennent singuliere pour les ma-


ladies du cœur, d’où elle a pris le nom de Cardiaque, ou Cardiobotanum ; mais sa puanteur fait que plusieurs doutent qu’elle soit cordiale. Elle est bonne aux spasmes, aux paralysies, & aux opilations qui viennent de causes froides. Elle evacuë les flegmes qui sont dans la poitrine, fait mourir les vers & provoque l’urine & les mois. Reduite en poudre, & beuë avec du vin, elle facilite l’accouchement. On l’appelle Agripaume, comme si on disoit Acripalma.

AGU

AGUAPA. s. m. Sorte d’arbre des Indes Occidentales, dont l’ombre est si dangereuse, que s’il arrive qu’un Espagnol s’endorme dessous, il enfle d’une maniere extraordinaire ; & si c’est un Negre nud, il creve. C’est-ce que Laët en dit.

AGUILLANNEUF. s. m. Mot composé de plusieurs, & qui est venu de la superstition des anciens Druides, qui aprés avoir cuëilly le Guy du Chesne avec grande ceremonie, le consacroient & le distribuoient au peuple le premier jour de l’année, en criant, Au guy l’an neuf ; ce qui estoit annoncer la nouvelle année. On a dit de là Aguillanneuf, & l’on crioit-ce mot autrefois le premier jour de l’année, pour se réjoüir d’estre entré heureusement dans une nouvelle année.

AGYNNIENS. s. m. p. Sorte d’Heretiques qui pretendoient que Dieu n’avoit pas permis l’usage des viandes & du mariage. Ils s’éleverent dans le septiéme siecle, tandis que le Pape Servius tenoit le S. Siege. Ce mot vient de la particule privative a, & du Grec gunê, Femme, comme qui diroit, Sans femme.

AHA

AHANABLE. adj. Vieux mot. On disoit autrefois Terre ahanable, pour dire, Terre labourable, & Ahaner la terre, pour dire, La labourer.

AHE

AHERDRE, s’aherdre. v. n. p. Vieux mot. S’attacher :

Ceux qui ne s’y voudront aherdre,

La vie leur conviendra perdre.

On a dit aussi Aherder, du Latin Adhærere. On écrivoit aussi Ærder & ærdre, sans h.

AHEURTÉ, ée. adj. Vieux mot. Obstiné, opiniastre.

AHO

AHONTER. v. a. Vieux mot. Faire affront. On a dit aussi, Ahonté, pour dire, Qui est sans honte.

Car lecherie est tant montée,

Que trop pourroit estre ahontée.

AHOUAI. s. m. Arbre du Bresil qui sent si mauvais quand on le coupe, qu’à peine en peut-on supporter l’odeur. Il est de la grandeur d’un poirier, a les feüilles toûjours vertes, semblables à celles de nos pommiers, & porte un fruit gros comme une chastaigne, qui en figure approche fort du D des Grecs. Le noyau de ce fruit est fort venimeux, la coque en est fort dure & sonnante. Les Sauvages s’en servent au lieu de sonnettes, & s’en environnent les bras & les jambes pour ornement. Ils attachent ces mesmes fruits à leurs haches, massues & autres instrumens.

AHU

AHURIR. v. a. Vieux mot. Mettre quelqu’un en peine, le rendre interdit en l’étonnant.

AIA

AIABUTIPITA. s. m. Arbrisseau du Bresil, de la hauteur de cinq ou six palmes. Il porte un fruit noir, semblable aux amandes, dont on tire une huile de mesme couleur. Les Sauvages se servent d’ordinaire de cette huile pour frotter les membres de ceux à qui quelque mal a osté les forces.

AID

AIDANCE. s. f. Vieux mot. Aide, secours.

Et vous li serez en aidance.

AIDE. s. m. Il se dit de celuy qui soulage quelqu’un dans son employ ; & on le dit en diverses fonctions. Dans l’Art Militaire on appelle Aide de Camp, Celuy qui reçoit & porte les ordres des Officiers Generaux, selon les diverses occasions où il est necessaire de se servir de luy dans le Camp. On appelle Aide-Major, Celuy qui soulage le Major dans ses fonctions, ou qui les remplit en son absence. Il n’y a qu’un seul Major pour les quatre Compagnies des Gardes du Corps, & il a sous luy deux Aides-Majors. Il en est de mesme de chaque Place de guerre, qui n’a qu’un Major, à qui plus ou moins d’Aides-Majors répondent, selon qu’elle est plus ou moins importante. Les Regimens de Cavalerie n’ont qu’un seul Aide-Major, & ceux d’Infanterie en ont deux, c’est-à-dire, un Aide-Major pour chaque Regiment de Cavalerie, & deux pour chacun de ceux d’Infanterie. Le Regiment des Gardes en a quatre.

Aides. s. f. p. Terme de manege. Les secours & les soustiens que le cavalier tire des effets doux & moderez de la bride, de l’éperon, du caveçon, du poinçon, de la gaule, de l’action des jambes, du mouvement des cuisses, & du son de la langue. Ce sont les termes dont M. Guillet se sert pour expliquer ce que c’est que les Aides. Ainsi on dit d’un cheval, qu’Il connoist, qu’il prend finement les Aides, qu’il obéit, qu’il répond aux Aides.

On dit aussi qu’Un cheval a les Aides fines, pour dire, qu’Il prend les Aides avec beaucoup de facilité & une grande vigueur.

On dit encore qu’Un Cavalier donne les Aides extrememnt fines, pour dire, qu’Il anime le cheval à propos, & qu’il le soustient à point nommé, pour luy faire marquer ses temps & ses mouvemens avec justesse.

AIDER. v. a. C’est encore un terme de Manege, qui signifie, Soustenir ou secourir un cheval, pour contribuer à le faire travailler à propos, en sorte qu’il marque ses temps avec justesse. On dit dans ce sens, Aider un cheval du talon droit, de la resne droite, de la jambe droite.

AIE

AIE. s. f. Vieux mot. Aide

Que ja ne vous faudroit d’aie.

AIG

AIGLE. s. f. Oiseau de rapine, grand & fort, & qui vole avec beaucoup de rapidité. Les Aigles ont les jambes jaunes, courtes & couvertes d’écailles. Leur bec est long, noir par le bout, bleüastre par le milieu, & crochu comme leurs ongles qui sont fort grands. Elles ont ordinairement leur plumage chastain, brun, roux & blanc, & regardent fixement le Soleil ; ce qui est cause qu’on appelle de bons yeux, des yeux d’Aigle.

AIGLE-BLANC. Ordre de Chevalerie de Pologne. Uladislaüs V. surnommé Lokter, l’institua en 1325. lors qu’il maria son fils Casimir le Grand avec Anne fille du Duc de Lithuanie. Ceux qui estoient de cet Ordre, portoient une chaisne d’or à un Aigle couronné d’argent, & pendant sur l’estomac. Ce qui obligea de prendre l’Aigle pour enseigne de cet Ordre, fut un nid d’Aiglons que trouverent les premiers Rois de Pologne, en faisant creuser les fondemens de la Ville de Gnesne.

AIGLETTES. s. f. p. Terme dont on se sert dans le Blason, quand il y a plusieurs Aigles dans un écu. Elles y paroissent avec bec & jambes, & sont fort souvent becquées & membrées d’une autre couleur, ou d’un autre metal que le gros du corps.

AIGLURE. s. f. Terme de Fauconnerie. Taches rousses semées sur le dessus du corps de l’oiseau, & dont son plumage est tout bigarré.

AIGRE de cetre. s. m. Breuvage aigret qu’on fait avec du citron & du sucre.

AIGREFIN. m. Espece de gros merlan, qui est un poisson de mer. On l’appelle en Latin Jecorarius.

AIGREMOINE. s. m. Plante fort connuë, qu’on nomme dans les Boutiques Agrimonia ou Eupatoria, à cause de son Inventeur, qu’on appelloit Eupator. Elle a d’excellentes qualitez, qui font qu’on s’en sert dans les tisanes. Elle est abstersive, ouvre les obstructions du foye, & remedie à toutes sortes de flux de ventre, & aux ardeurs d’urine.

AIGRETTE. s. f. Espece de petit Heron blanc dont la voix est aigre, & qui frequente le bord des rivieres. Belon qui a fait la description de cet oiseau, dit qu’il a le bec long, droit & pointu, que son col est long & courbé, que ses jambes, qu’il a longues, sont de couleur cendrée & ses pieds noirs & grands, & que sur le dos & à costé des ailes, il a des plumes blanches, fines & déliées. Ces plumes-là sont fort cheres.

AIGU. adj. Il se joint à Angle en terme de Geometrie ; & quand on dit Angle aigu, on entend un angle qui a moins de quatre-vingt-dix degrez. On appelle aussi Triangle aigu, le triangle dont les trois angles sont aigus.

AIGUADE. s. f. Vieux terme de Marine, qui a esté en usage, pour signifier le renouvellement de provision d’eau douce, quand dans un voyage de long cours on pouvoit descendre enquelque lieu propre pour le faire. Ce n’est plus qu’en Levant qu’on dit encore, Faire aiguade, pour dire, Faire de l’eau.

Aiguade se dit aussi du lieu où les Vaisseaux envoyent l’équipage faire de l’eau.

AIGUAIL. s. m. Parmy les Chasseurs, c’est la rosée qui tombe le matin dans les bois, dans les prez & dans les campagnes sur la verdure. Ainsi l’on dit que les chiens d’Aiguail ne valent rien dans le haut du jour, & que les chiens du haut jour ne sont pas bons dans l’Aiguail.

AIGUE. s. f. Vieux mot. Eau.

AIGUE-MARINE. s. f. Pierre precieuse qui naist le long des Costes, & à laquelle le flux & reflux donne sa couleur, qui est d’un vert de mer. Cette pierre est aussi dure que l’Ametyste Orientale.

AIGUILLE. s. f. Terme de Marine. Partie de l’éperon d’un Vaisseau, qui est comprise entre la Gorgere & les Porte-vergues. C’est aussi la partie qui fait une grande saillie en mer.

On appelle Aiguilles de Tré ou de Trevier, les aiguilles dont on se sert pour coudre les voiles. Il y en a de trois sortes. Aiguilles de cousture, c’est-à-dire, de ce qu’on a calfaté dans la distance qui se