Dictionnaire des Arts et des Sciences/1re éd., 1694/Leucacantha

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LEUCACANTHA. s. f. Herbe dont Dioscoride dit que la racine est semblable à celle du souchet, solide, bien nourrie & amere. Elle appaise la douleur des dents quand on la masche. Sa decoction faite en vin & prise en breuvage, est fort bonne aux douleurs interieures des flancs & aux sciatiques, & sert aux rompures & aux spasmes. Ce mot est composé de leukê, Blanche, & de akanthê, Epine, comme qui diroit Epine blanche. Cependant Matthiole blasme fort Ruellius, d’avoir confondu la Leucacantha & l’Epine blanche, comme si c’estoit la mesme plante. Il dit que Dioscoride ny Pline n’ayant fait aucune description des feüilles, de la tige, de la fleur ny de la racine de la Leucacantha, il seroit mal-aisé entre tant de plantes épineuses, d’en choisir une qui representast veritablement la Leucacantha, quoy qu’il pense qu’il ne seroit pas hors de propos de prendre pour cette plante ce chardon piquant que l’on appelle en quelques endroits Chardon de Nostre-Dame. Il en donne pour raison, qu’on pourroit l’avoir appellé Blanche épine, à cause des taches blanches dont ses feüilles sont toutes semées, outre que l’amertume & la dureté de sa racine la rend en quelque façon conforme à celle du souchet, quoy qu’elle ne soit pas semblable. Il ne veut point pourtant asseurer que le chardon Nostre-Dame soit la vraye Leucacantha.