Dictionnaire des Arts et des Sciences/1re éd., 1694/Lavande

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LAV

LAVANDE. s. f. Plante que Matthiole rapporte entre les especes d’Aspic, & que plusieurs appellent femelle, & l’Aspic, masle. Les feüilles du masle qui est l’aspic, sont plus larges, plus longues, plus grosses, plus fermes, & plus blanches que celles de la femelle qui est la Lavande. Toutefois l’une & l’autre produit beaucoup de rejettons, & est aussi feüilluë que le Rosmarin. Du milieu des feüilles sortent de petites tiges gresles, quarrées, & qui en longueur passent douze doigts. A leur sommet est une fleur épiée de couleur purpurine, quoy que la Lavande ne produise pas les fleurs d’une si haute couleur & qu’elles soient plus épanoüies & odorantes que ne le sont celles de l’aspic. On se sert de ces fleurs pour faire une huile, qu’on appelle Huile d’aspic, par corruption pour huile de spic, Oleum de spica, la Lavande s’appellant en Latin Spica fœmina ou Spica communis. Cette plante est de parties tenuës, & d’un goust un peu acre & un peu amer. Elle est fort cephalique & nevritique, & bonne particulierement dans les caterres, dans la paralysie, le vertige, la lethargie, & le tremblement de membres. Elle est propre encore à faire uriner, & à faciliter l’accouchement. On l’employe aussi exterieurement dans les lessives qu’on fait pour la teste & pour les membres, & en masticatoire pour dessecher les caterres, & attirer les humeurs par le trou du palais, afin de les empescher de tomber sur les poumons.