Dictionnaire des Arts et des Sciences/1re éd., 1694/Lance

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LAN

LANCE. s. f. Arme d’hast ou à long bois, qui a un fer pointu, & est fort grosse vers la poignée. Acad. Fr. Borel derive ce mot de l’Hebreu Lanth, qui signifie la mesme chose, & dit que les Lances sont d’abord appellées simplement, Bois par excellence, & puis Bourdons & Bourdonasses ; mais que celles-cy estoient grosses & creuses, d’où est venu le mot de Bourde, Bâton qui est gros au bout, dont se servent les infirmes.

On appelle, en termes de Manege, Main de la lance, La main droite du Cavalier, & Pied de la lance, Le pied du cheval hors du montoir de derriere, à cause que du temps qu’il y avoit des Compagnies de Lanciers, le tronçon de la lance répondoit à ce pied-là, lors qu’elle estoit à l’arrest. Aujourd’huy on ne se sert plus de Lances que pour les courses de bague ; mais autrefois il y avoit des combats de Lance à outrance, à fer émoulu, & d’autres par divertissement pour montrer sa force & son adresse ; & l’on disoit, Faire un coup de lance, briser la lance, faire voler la lance en éclats. Quand une Lance avoit son fer émoussé, & non pointu, avec un anneau au bout, on l’appelloit Lance courtoise, frettée & mornée. Voicy ce que dit Nicod sur le mot de Lance. Piece des armes offensives que l’homme d’armes porte, laquelle est de bois en longueur de douze à quinze pieds, peu plus, peu moins, grosse à l’empoignure & au bas bout, & allant en amenuisant jusques au haut bout, qui est la pointe d’icelle revestuë d’un fer émolu. Elle est portée par l’homme d’armes, droite sur la cuisse, estant rangé en bataille, & couchée sous l’aisselle en arerst au combat, en latin Lancea, duquel mot il vient, & tous deux du Grec λόγχη. Lance aussi se prend pour l’homme d’armes portant la Lance, comme, Il a une Compagnie de cent Lances, c’est-à-dire, de cent hommes d’armes : Et en cette signification, une Lance contient le nombre de cinq chevaux, dont les deux pour le moins doivent estre chevaux d’armes & de service, le tiers est pour le costiller, & les deux autres pour deux archers, qui est ce qu’on appelloit anciennement Lance fournie, sans deux autres chevaux de moindre taille pour envoyer au fourrage, & servir de sommiers à porter le bagage. De cette signification aussi procede cette phrase ironique, Ha la bonne Lance, ô la hardie Lance, quand on reproche à quelqu’un sa coüardise & sa poltronnie. En matiere de successions Lance en la loy des Anglois, Vverinois ou Thuringeois, au Chapitre des Alluds, est prins pour ligne masculine, tout ainsi que Fuseau, & envers nous Quenoüille pour ligne feminine, disant icelle loy, l’horie estre passée de la Lance au Fuseau, c’est-à-dire, estre tombée en quenoüille.

On dit qu’Un cheval a le coup de lance, pour dire qu’Il a une marque au col ou prés de l’épaule, comme s’il avoit esté percé d’un coup de lance. Cette marque, qui est toûjours le préjugé de l’excellence d’un cheval, est figurée par une espece de trou ou d’enfoncement, & se trouve à quelques chevaux d’Espagne & de Turquie.

On appelle Lance d’étendard, lance de drapeau, Le bâton où est attaché l’étendard.

On dit aussi Lance d’eau. C’est un jet d’eau d’un seul ajustage, & dont la grosseur n’est pas proportionnée à la hauteur.

Lance. Sorte d’outil dont se servent les Ouvriers qui travaillent au stuc. Ils l’appellent aussi Espatule.