Dictionnaire de théologie catholique/JÉSUS-CHRIST I. Jésus-Christ préparé et prédit . 2. Les Livres Sapientiaux

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 8.1 : ISAAC - JEUNEp. 571-572).

IL JÉsrs Christ et ils Livres Sapiientiaux. — Les livres sapientiaux n’offrent que quelques rares traits généraux relatifs à l’espérance messianique. En ie anche, la doctrine de la Sagesse » et de la t Parole

de Dieu y préparent déjà la théologie néotestamentaire du Verbe, en entrant plus avant dans les réalités divines. Les prophéties messianiques préparent la

venue de l’envoyé de Dieu, mais laissent plus ou moins dans l’ombre sa divinité ; les livres.sapientiaux. au contraire, nous font entrevoir, dans un demi jour

mystérieux, le Verbe de Dieu qui doit se faire homme

cl devenir le Messie.

La I lléologle de la Sagesse et de la Parole, l’étude des relations entre la Sagesse, la Parole, le Fils de Dieu, le

Messie et l’ange de Jahvé, oui élé exposées à l’ail.

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l’as de Dieu, col. 2367-2372. Il suffira de s’y reporter : nous devons nous contenter ici d’en résumer brièvement les conclusions générales.

1° Les descriptions de la Sagesse (Urine, avec des allures de personnification purement métaphorique, se rencontrent dans Job, . 7-8 ; xxviii, 12-28 et dans Baruch, iii, 9 iv, 9. Cf. Prov., iii, 13-22 ; Eccli., i, 1-27 : xv, 1-10 ; mit. 21 sq. : Sap., vi. 12-vn, 21 : viii-ix. Mais au cœur de ces trois derniers livres, nous avons trois discours qui nous élèvent jusqu’à la conception d’une réalite divine, d’allure personnelle. Dans les Prov.. vin. 1-36, la Sagesse nous apparaît comme la pensée même de Dieu, distincte à la fois et identique ; lire surtout les versets 22-31, relatifs à son origine divine. Au v. 22 le mot ïy.-’.oz des Septante a pu faire supposer à nombre « le Pères et d’interprètes qu’il s agissait ici dune Sagesse divine crtiE, c*est à dire du Verbe incarné. Mais cette traduction doit être abandonnée ou tout au moins entendue dans le sens plus vague et plus général de « former », « engendrer ►. Voir Incarnation, t. vu. col. 1 18 1. La même doctrine, avec plus d’insistance sur le rôle joué par la Sagesse dans le monde physique et religieux, se retrouve dans l’Ecclésiastique, xxiv. 1-27. Dans ce chapitre la Sagesse nous apparaît également comme une réalité d’apparence personnelle, créée, c’est-à-dire engendrée par Dieu de toute éternité. Mais c’est surtout dans le livre de la Sagesse de Salomon, vii, 21-29. que la personnification de la Sagesse nous apparaît en réalité comme une hypostase. La Sagesse, en effet, y est décrite comme < le souille de la puissance de Dieu, une pure émanation de la gloire du Dieu tout-puissant ; … le resplendissement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, et l’image de sa bonté. » L’épître aux Hébreux, pour décrire l’origine éternelle du Fils de Dieu, ne trouvera rien de mieux que de citer Sap., vii, 26, eum sit splendor gloriie et figura substantix ejus. Dans ces passages, la Sagesse sans doute se distingue de Dieu ; mais elle n’a peut-être pas encore tout le relief d’une personnalité vivante. Cependant c’est là que nous trouvons le pressentiment le plus net du dogme chrétien du Verbe, et l’interprétation authentique de l’auteur de l’épître aux Hébreux y fera apparaître en pleine lumière la théologie du Verbe que l’on n’y peut distinguer qu’obscurément.

2° La doctrine de la Parole divine est moins nettement accusée que celle de la Sagesse. Souvent la parole divine n’est qu’une métaphore pour exprimer l’efficacité de la volonté divine relativement aux effets de la création. Gen., i, 3 ; Ps., xxxii, 6-9 ; cxlviii, 8 ; Os., vi, 5 ; Ez.. xxxvii, 4 ; Eccli., xlii, 15 ; xliii, 26 ; lxviii, 3 ; Sap., ix, 1. Souvent aussi la parole divine est représentée (toujours métaphoriquement) comme le messager des ordres divins. Is., ix, 7 : Ps., evi, 20 ; cxlvii, 15, 18 ; Zach., v, 1-4, et surtout Is., i-v, "11 : Sap., xviii, 15-16. Mais c’est surtout dans Sap., ix, 1 ; xviii, 14, que s’accuse la personnification de la Parole, en regard de la Sagesse elle-même à laquelle la Parole est intimement reliée. « On ne peut nier ici un enchaînement remarquable de textes : Prov., viii, en parlant des origines de la Sagesse, se référait a la parole créatrice de la Genèse ; à sa suite, de plus en plus clairement, l’Ecclésiastique et In Sagesse, développent cette orientation que reprendra saint Jean exposant sa théorie du Logos, les yeux fixés lui aussi sur la première page de la Genèse. 1-n.s de Dieu, col. 2371.

3° Ni la Sagesse, ni la parole n’ont étédans l’Ancien Testament rapprochées du Messie : et leur théologie n’a pas enrichi le messianisme. D’après les textes pris dans leur sens formel, nous suivons i deux voies cl au terme de chacune d’elles se trouve un Fils de Dieu

unique par le rang, le Messie et le Logos ; mais l’Ancien I. stament ne nous a pas fourni le point de jonction. » C’est l’apparition de Jésus-Christ qui fera la lumière et nous conduira à cet aboutissant où courent toutes les oies de l’alliance préparatoire. Id., col. 2372.