Dictionnaire de théologie catholique/ESPRIT-SAINT. II. PROCESSION DU PÈRE ET DU FILS II. D'après les Pères

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 5.1 : ENCHANTEMENT - EUCHARISTIEp. 401-418).

II. D’après les pères.

Anténicéens. —

Il y a des théologiens latins qui, dans les écrits des Pères apostoliques, découvrent les traces du Filioquc, ii doctrine catholique de la procession du Saint-Iisprit du Fils. Huiz, op. cit., diss. LXVII, sect. vi, 1, p. 574. Sans doute, ces Pères mentionnent le Saint-Esprit comme troisième personne de la Trinité ; ils l’appellent l’Esprit du Christ ; ils déclarent que le Saint-Esprit provient de Uieu. De telles assertions, remarque Sprinzl, insinuent la doctrine catholique du Filioque, Die Théologie der aposlolischen Voter, Vienne, 1880, p. 288, mais elles ne l’énoncent pas d’une manière précise, décisive.

Ola ne doit pas nous étonner, car la doctrine officielle de l’Église catholique, développée par le travail de la pcTisée chrétienne, est beaucoup plus claire et plus explicite que la théologie de l’âge apostolique. Les Pères apostoliques énoncent les elementa fidei : l’Église médite sur ces premiers principes et en lire les conséquences. Sprinzl, op. cit., p. 287. Le silence des Pères apostoliques sur la procession du Saint-Esprit du Fils, aussi bien que sur la procession du Saint-Esprit du Père, n’implique donc pas la négation ou l’ignorance d’un dogme qui découle de ce que l’Écriture allirme des relations mutuelles entre les trois personnes divines.

D’ailleurs, il est inutile d’en appeler à ces Pères pour réfuter les théologiens orthodoxes. Ceux-ci, en effet, reconnaissent aujourd’hui que leurs écrits ne renferment aucun témoignage contre la prétendue fausseté de la doctrine catholique du Filioque. Kokhomsky, La doctrine de t’anciennc Église sur la procession du Saint-Fsprit (en russe), Saint-Pétersbourg, 187.Î, p. 3..Nous disons aujourd’hui, parce que le farncux Zoernikav citait parmi les adversaires du Filioque saint Marc l’èvaiigéliste et les apôtres saint Jacques et saint André. lUp’i t/, ; v/.nnci-jrjim ; toO i-io-j Un- :, , , :., Saint-Pétersbourg, 1797, t. i, p.’2-7.

Quant aux Pères et écrivains ecclésiastiques du ii"> et (lu iiie siècle, ils se bornent, en générât, à des allusions imprécises louchant la procession du Saint-Iilsprit du Fils. La raison de cette réserve, nous l’avons iiiiliquée plus haut. La théologie anténicéennc visait presque exclusivement à la défense du Verbe et laissait dans l’ombre la personne du Saint-Esprit. Quant à celle troisième personne, elle se bornait à la simple énoncialioii de la foi catholique, telle qu’elle est exprimée par l’Écriluie. F’ranzelin, De Deo Irino, p. 444. Ix-s Pères du ive siècle sont unanimes à admettre « ju’avant le concile « le Nicèc, les héréliques ne s’étaient pas attaqués à la personne du Saint-Iôsprit, ce qui explique le peu de place qu’il occupe dans la théologie anténicéenne. S. Basile, Epist., cxxv, 3 ; cxl, 2 ; ci.ix, 2, P. G., t. XXXII, col. 549, 589, 620 ; S. Grégoire de Nazianze, Epist., ii, ad Cledonium (en), P. G., t. xxxvii, col. 193.

Les Pères et écrivains du ii « et du 111"e siècle glorifient le Saint-Esprit avec le Père et le Fils, déclarent que le Saint-Esprit procède du Père et reçoit du Fils, qu’il est envoyé par le Père et le Fils. Ces affirmations insinuent, en quelque sorte, que le Saint-Esprit procède du Fils, mais elles n’ont pas la valeur d’un témoignage péremptoire en faveur de la procession du Saint-Esprit ab utroque. Ce dogme de l’Église catholique a suivi, à travers les siècles, les lois du progrès dogmatique, telles qu’elles sont formulées par saint Vincent de Lérins : Ut quod antea simplicilcr eredebatur, hoc idem poslea diligenlius crederctur ; quod antea lenlius prsedieubatur, hoc idem postea instantius pnedicaretur ; quod antea securius colebatur, hoc idem postea sollicitius excoleretur. Commonitorium, xxiii, P. L., t. l, col. 6(J9.

A l’appui de la doctrine catholique du Filioque, quelques théologiens catholiques invoquent l’autorité de saint Justin, qui mentionne le Saint-Esprit comme l’Esprit du Christ, Dial. cum Tryphone, 87, P. G., t. VI, col. 684 ; Costanzi, op. cit., t. i, p. 44 ; et Athénagore, dont on cite les deux textes suivants : « Le Père est dans le Fils, et le Fils dans le Père, par l’unité cl la vertu du Saint-Esprit. » Légal, pro christianis, x, P. G., t. VI, col. 909. Le Saint-Esprit jaillit de Dieu (inàpç^ota) comme la lumière de la flamme. Ibid, , XXIV, col. 945 ; Costanzi, o/j. ciï., p. 44-45. Il est évident que ces passages n’autorisent pas à en tirer un argument en faveur du dogme catlwliquc, de même que les passages de Justin et d’Athénagore, cités par Zoernikav, op. cit., p. 7-9, ne disent absolument rien contre le Filioque.

Origène est le premier parmi les écrivains ecclésiastiques grecs qui, avec une suffisante clarté, énonce la procession divine du Saint-Esprit du Fils. Dans son commentaire de ce texte de saint Jean : Tout par lui a été fait, I, 3, il se pose la question suivante : « Est-ce que le Saint-F’sprit aussi a été l’œuvre du Fils ? Ceux qui ne reculent pas devant cette conclusion sont forcés d’admettre que le Verbe est plus ancien que le Saint-I-lsprit. Mais ceux qui croient à la vérité de l’Évangile reconnaissent que le Saint-Esprit n’a pas été fait ni engendré. Pour ce qui nous concerne, déclare Origène, nous croyons à l’existence de trois personnes divines, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Nous sommes persuadés que le Père seul n’a pas été engendré. Le Saint-Esprit n’est pas dit le P’ils de Dieu, parce que le seul Fils unique, dès le commencement, est fils par nature. Le Saint-Esprit paraît avoir besoin du Fils, parce que le Fils communique à l’hypostase du Saint-i : spnt, non seulement l’être, mais aussi la sagesse, rintelligence, la justice. » In.Joa., 11, 6, P. G., t. xiv, col. 128, 129. Le Saint-Esprit doit donc au Fils ce qu’il est, c’est-à-dire son être et ses attributs divins. Cette communication de l’être divin par le Fils au Saint-Esprit n’est autre que la sipiration active du Saint-Esprit de la part du Fils, spiralion qui implique la procession divine du Saint-i : sprit du Fils. Voir Franzelin, De Deo irino, p. 446, 447.

La même doctrine est formulée jiar Origène dans son commentaire sur l’Épître aux Romains. Le Saint-Esprit est l’Esprit du Christ, parce que l’Évangile allirme qu’il procède du Père et qu’il reçoit du Fils. Si le Saint-I- ; sprit reçoit du Fils, si ce qui est au Fils est en même temjjs au Père, si le Père et le Fils sont très étroitement unis, l’I^sprit de Dieu et l’Esprit du Christ ne forment, en réalité, qu’un seul et même F2sprit. In Lpisl. ad Rom., vi, 13, P. G., t. xiv, col. 1098.

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776 Pour Orif^ùnc donc, le Saint-Esprit est l’Esprit du Père, parce qu’il procède du Père, et il est l’Esprit du Fils, parce qu’il reçoit du Fils ; en d’autres ternies, la locution a Paire procedil est l’équivalent de la locution (le meo accipiel. Le Saint-Esprit est l’Esprit du Père, parce que l’être divin du Saint-Esprit procède du Père, et il est l’Esprit du Fils, parce qu’il reçoit du Fils le même être divin que le Père lui communique. Les dénominations d’Esprit du Père et d’Esprit du Fils, Orifjsène les attribue donc à la même cause, à la communication de l’être divin au Saint-Esprit par Dieu le Père et Dieu le Fils. Vincenzi, De processionc Spirilus Sancli ex Paire Fllioque, Rome, 1878, p. 9, 10.

Les écrivains orthodoxes eux-mêmes ne peuvent pas ne pas reconnaître que la doctrine d’Origène est conforme de tout point à la doctrine catholique. « D’après Origène, remarque Eléonsky, la dépendance du Saint-Esprit du Fils n’est pas semblable à celle des créatures. Le Saint-Esprit serait soumis au Fils au même titre que les créatures dans le seul cas où il serait une créature. Mais Origène repousse énergiquement cette hypothèse. La dépendance du Saint-Esprit à l’égard du Père et du Fils est donc de même nature que la dépendance du Fils à l’égard du Père. La dépendance du Saint-Esprit par rapport au Fils, aussi bien que par rapport au Père, est uniquement une dépendance qui concerne l’existence (l’origine). » Op. cit., p. 167. « Origène déclare que le Saint-Esprit, eu tant cju’il est la troisième personne de la Trinité, doit se distinguer de la seconde personne par le mode de son origine du Père. Cette distinction n’est autre que la procession du Saint-Esprit du Père par le Fils, parce que, si l’on disait que le Saint-Esprit procède immédiatement du Père, il s’ensuivrait qu’il ne se distinguerait plus du Fils, parce que le Fils procède immédiatement de l’essence du Père. » Ibid., p. 165. Le théologien russe ajoute que la doctrine d’Origène sur ce point ne dilïère pas de la doctrine enseignée par saint Grégoire de Nysse, Conlra Eunomium, i, P. G., t. XLV, col. 336 ; saint Épiphane, Ancoratus, 8, P. G., t. xLiîi, col. 29, 32 ; et saint Augustin, De Trinilale, xv, 27, P. L., t. XLii, col. 1080. Il aurait pu ajouter encore qu’elle s’accorde parfaitement avec la doctrine de la théologie catholique, qui contient que le Saint-Esprit ne se distinguerait plus réellement du Fils, s’il ne procédait pas du Fils, ou, selon la formule grecque équivalente, s’il ne procédait pas du Père par le Fils. Le témoignage d’Origène en faveur du Fllioque est donc si évident que Kokhomsky arrive à dire qu’il a été le premier à fausser l’enseignement de l’Évangile sur la procession du Saint-Esprit, à inventer la formule tout à fait nouvelle de la procession du Saint-Esprit du Père par le Fils, et qu’il a obligé l’Église universelle à définir avec la plus grande clarté la procession du Saint-Esprit du Père seul. Op. cil., p. 4.

Nous croyons inutile de prendre en considération les textes d’Origène apportés par Zoernikav, op. cit., p. 10-12, comme contraires à la procession du Saint-Esprit ab uiroqiie. Ces textes déclarent que le Père est la source d’où naît le Fils et procède le Saint-Esprit. Or, la théologie catholique ne nie pas que le Père soit la source primordiale des seconde et troisième personnes divines. Mais la question qui nous occupe consiste à savoir si, par rapport au Saint-Esprit, le Fils est avec le Père le principe, la source de la procession divine du Saint-Esprit, et les passages cités plus haut montrent clairement qu’Origène attribue au Père et au Fils la production du Saint-Esprit.

La doctrine d’Origène sur la procession du Saint-Esprit est affirmée aussi par ses disciples, Denys d’Alexandrie et Grégoire le Thaumaturge. Le premier déclare que le Saint-Esprit est dans les mains du Père et du Fils, qu’il est inséparable du Père qui l’en voie et du Fils qui le porte. S.Athanase, Desc/i/e/i/(a Dionysii, 17, P. G., t. xxv, col. 505. On pourra objecter que l’expression employée par saint Denys n’est pas assez Ihéologique ; mais elle met bien en relief la dépendance du Saint-Esprit par rapport au Père et au Fils. Cette dépendance, exprimée d’une manière énergique par les mots èv -/içiiv/, ne peut se rapporter qu’à la seule relation d’origine. Toute autre interprétation aurait comme conséquence nécessaire, la négation de la divinité du Saint-Esprit.

Saint Grégoire le Thaumaturge qualifie le Christ comme |j.ovo ; Ix rjovo’j, solus ex solo Deo, d’après la version de Rufin. Hahn, Bibliothek dcr Symbole, p. 254. Le Saint-Esprit est présenté par lui comme tenant sa substance de Dieu, comme ayant apparu par le Fils : 5t’l’ioj 7r£ ?r, vô :, ibid., p. 254-255 ; comme n’ayant jamais manqué ni au Père ni au Fils. Ibid., p. 255 ; P. G., t. X, col. 988. Le cardinal Franzelin met bien en relief la force theologique du verbe grec cpaivôdôa’., que Zoernikav, op. cit., t. i, p. 13, entend dans le sens de la simple mission temporelle. Dans le langage des Pères, ce verbe, attribué au Fils, signifie sa génération éternelle de la part du Père, c’est-à-dire une opération immanente de la divinité. Il a donc la même signification lorsqu’il est attribué au Saint-Esprit. Du reste, même si ce verbe exprimait la seule mission extérieure et temporelle du Saint-Esprit, qui, par le Fils, selon saint Grégoire le Thaumaturge, se serait manifesté aux hommes, il prouverait toujours en faveur du Fllioque. La mission temporelle, en effet, présuppose nécessairement la mission éternelle, et le Fils ne pourrait pas envoyer le Saint-Esprit dans le temps, s’il n’était pas avec le Père le principe éternel de la procession du Saint-Esprit. Voir Franzelin, De Deo trino, p. 448, 449.

Parmi les écrivains latins, TertuUien déclare nettement que le Saint-Esprit dérive du Père par le Fils : Spiritum non allunde pulo quam a Pâtre per Filium. Adversus Praxeam, iv, P. L., t. ii, col. 159. Le troisième dans la Trinité est l’Esprit qui procède de Dieu et du Fils, comme le troisième par rapport à la racine est le fruit qui sort de l’arbre. Ibld., viii, col. 163. La connexion du Père dans le Fils et du Fils dans le Père forme trois personnes inséparables, procédant l’unede l’autre de manière que ces trois sont une seule et même chose, mais non pas un seul. Ibid., xxv, col. 188. TertuUien afllrme donc que l’Esprit procède du Père, qui est la source de la divinité, et du Fils : ou, ce qui a la même signification, qu’il procède du Père par le Fils. Freppel, TertuUien, t. ii, p. 318. Pour ce qui concerne la formule exprimant laprocession du Saint-Esprit, TertuUien se rapproche des grecs, et en particulier d’Origène. D’Alès, La théologie de TertuUien, p. 96.

Les quelques témoignages que nous avons glanés dans la théologie anténicéenne attestent donc que le dogme exprimé par le Fllioque, loin d’être rejeté ou tout à fait ignoré par la tradition chrétienne du ii « et du iiie siècle, commence à s’y dessiner avec une certaine clarté.

2° Les Pères grecs du /re siècle. — C’est surtout aux Pères du iv siècle que nous devons demander ce qu’il faut croire touchant la procession du Saint-Esprit ab utroque, car le ive siècle a été l’âge d’or de la théologie du Saint-Esprit. L’autorité de ces Pères est invoquée ; tout particulièrement, par les adversaires du Fllioque. Zoernikav leur consacre une bonne partie de son indigeste compilation sur la procession du Saint-Esprit, op. cit., p. 16-76, et les théologiens orthodoxes qui l’ont suivi, tels que Prokopovitch, Macaire, Sylvestre, Malinovsky, marchent fidèlement sur ses traces. Il est bien regrettable que, dans cette polémique à coup de témoignages et de textes.

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Zocrnikav et ses continuateurs n’aient pas hésité à enfreindre bien souvent les règles les plus élémentaires de la loyauté, à tronquer ou modifier, pour les besoins de leur cause, les textes gênants des Pères. Voir Lœmmer, Scriplorum Grœciæ orthodoxæ bibliotheca sclecta, Fribourg, 1864, t. i, p. 17-76. : Mais ces moyens de combat ne sont plus à la mode et, d’ailleurs, les nombreuses éditions critiques des Pères que nous possédons aujourd’hui n’en permettent plus l’usage.

Les théologiens orthodoxes rangent en plusieurs classes les passages des Pères qui touchent à la procession du Saint-Esprit. Mais nous n’avons pas besoin de les suivre dans leurs classifications, de recueillir, à leur exemple, les textes qui prouvent la procession du Saint-Esprit du Père, ou la mission, éternelle ou temporelle, peu importe, du Saint-Esprit par le Fils. Nous nous proposons seulement de consulter la tradition chrétienne du iv<e siècle, de lui demander si réellement elle ignore le dogme exprimé par le Filioqiie, si elle l’anatliématise comme une nouveauté hércti que, si elle se prononce ouvertement, les théologiens orthodoxes l’affirment, en faveur de la procession du Saint-Esprit du Père seul. Xous laisserons autant que possible les Pères eux-mêmes expliquer leur pensée.

1. Saint Athanase n’a pas passé sous silence la controverse du mode d’origine du Saint-Esprit. Sa doctrine sur ce point est d’une importance extrême, parce qu’elle est le substralum de la théologie trinitaire du iv siècle. Xous pouvons la résumer en quelques points principaux, a) Saint Athanase établit d’abord un parallélisme entre les rapports du Père et du Fils d’une part, et du Fils et du Saint-Esprit d’autre part. « Le Saint-Esprit, dit-il, est en même relation d’ordre et de nature avec le Fils, que le Fils avec le Père. » Episl., i, ad Serapionem, 21, P. G., t. xxvi, col. 580. Contre les pneumatomaques, il prouve que le Saint-Esprit est Dieu parce qu’il est dans le ^’erbe comme dans son principe, de même que le Verbe est dans le Père comme dans sa cause : « Telle nous avons connu la propriété du Fils par rapport au Père, telle nous trouverons la propriété de l’Esprit par rapport au Fils. » Episl., 111, ad Serapionem, l, col. 625. Or, quelle est la propriété par laquelle le Fils se rapporte au Père ? Nous ne pouvons supposer que ce soit l’identité de la substance divine, commune au Père et au Fils, parce que le Père et le P’ils sont un quant à l’essence et qu’on ne peut pas, à ce point de vue, parler d’une propriété par laquelle le Fils se rapporte au Père. 11 reste donc que la propriété à laquelle fait allusion saint Athanase est la relation d’origine qui intervient entre le Père et le Fils, relation qui distingue la personne du Père, en tant qu’elle engendre, de la personne du I-’ils en tant qu’elle est engendrée. Si la relation d’origine est la propriété par huiucUe le Père se distingue du Fils et le Fils se rapporte au Père, en vertu du parallélisme établi par le saint docteur, nous pouvons dire aussi que la propriété par laquelle le Saint-I-’sprit se rapporte au Fils et se distingue du Fils est une relation d’origine qui consiste en ce que le Fils est avec le Père le princi|>e de la production du Saint-Esprit et le Saint-Esprit le terme de cette production, b) Saint.thanasc déclare nuiintes fois que le Saint-Esprit, en tant qu’il est l’Esprit du Christ, Episl., 1, ad Serapionem, 2, col. 557, est le proprc de la substance <Iu Fils, de même que le Fils est le propre de la substance du Père. Ibid., 21, col. 580. a Si le Fils, parce qu’il est du Père, est le propre de sa substance, c’est une nécessité que rj’;  ; sprit, qui est dit être de Dieu, soit aussi en substance le propre du l-’ils. » Ibid., 25, col. 588, 580. « Partout, dans l’Ivcriture sainte, nous liouvons que le Saint-Esprit, qui est appelé l’Esprit du Fils, s’appelle aussi l’Esprit de Dieu. Si donc le Fils, à cause de ce qu’il a en propre par rapport au Père, et

parce qu’il est le propre fruit de la substance du Père, n’est pas une créature, mais s’il est consubstantiel au Père, de même l’Esprit-Saint n’est pas une créature (il serait impie de le dire), à cause de ce qu’il a en propre par rapport au Fils, parce qu’il est donne à tous par le Fils et que ce qu’il possède lui vient du Fils. » Episl., iii, ad Serapionem, 1, col. 625, 628. Et la raison pour laquelle le Saint-Esprit est le propre du Fils, ou n’est pas en dehors de la nature du Fils, ibid., 4, col. 461, est que le Fils a reçu du Père tout ce que le Père possède, excepté le caractère personnel du Père. Dans l’Esprit, nous trouvons donc tous les biens du Père par le Fils, de telle manière que l’Esprit appartient aussi au Fils. Episl., iii, 1 ; iv, 3, ad Serapionem, col. 628, 641. Le Saint-Esprit est donc le propre du Fils, i’Siov ToO "wj, c’est-à-dire qu’il est dans l’être intime du Fils, il est dans une dépendance étroite vis-à-vis du Fils. Voir Tixcront, op. cit., t. ii, p. 74. Cette théorie de saint Athanase, qui a été reprise et développée par saint Basile et saint Cyrille d’Alexandrie, de Régnon, op. eil., t. iii, p. 146-149, établit donc entre le Fils et le Saint-Esprit cette union spéciale, cette relation réciproque que nous constatons entre le Père et le Fils.Or, le Fils est uni sans doute au Père par l’identité de substance, mais la raison pour laquelle il est le propre du Père n’est pas cette identité, qui fait des trois personnes divines un seul Dieu. Le Fils est donc le propre du Père, parce qu’il dépend étroitement du Père quant à la commu-I nication de la substance divine qu’il reçoit du Père, ! parce qu’il est par rapport au Père le terme d’une 1 génération divine. De même, le Saint-Esprit est donc i le propre du Fils, parce qu’il dépend étroitement du j Fils quant à la communication de la substance divine, I qu’il reçoit du Fils, parce qu’il est le terme d’une proi cession divine, dont le iirincipe est à la fols le Père (primordiuliler) et le Fils. Remarquons que cette théorie de saint Athanase fait le Saint-Esiirit plus proche du Fils que du Père. « En faisant rentrer le Saint-Esprit dans la substance du Fils, saint Athanase prétend par là même le faire aussi rentrer dans la substance du Père et établir que, pour trouver la source originaire du Saint-t-^sprit, il ne faut pas s’arrêter au Fils, mais remonter jusqu’au Père lui-même. » De Régnon, op. eil., t. iii, p. 13. c). Le Saint-Esprit est uni au Père. Episl., i, ad Serapionem, 31, col. 601. Cette union spéciale rend le Saint-Esprit inséparable du Fils. « Puisqu’il y a dans la sainte Trinité, l’union et l’unité, qui pourrait jamais séparer le Fils du Père, et rEsprit du Fils, ou même du Père’.' » Episl., i, ad Serapionem, 20, coi. 577. Il y a donc entre le Fils et le Saint-Ivsprit une union spéciale correspondant à l’union spéciale du Fils avec le Père. Le b’ils est inséparable du Père, parce que la propriété personnelle du Père suppose nécessairement la propriété personnelle de Fils, c’est-à-dire le ternu> o]iposé à la paternité. Or le parallélisme, établi par saint Athanase, nous autorise à appliquer le même raisonnement au Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est inséparable du Fils, parce cpie, en tant que spiralum, il est le terme d’une spiration, dont le principc, d’après saint.Athanase, est le I*"ils avec le Père. Saint Hasile et saint Cirégoirc de Nazianze ont développé sur ce point la pensée de saint .tlianase. De Régnon, op. eil., t. iii, p. 130-142. d) Le Saint-I- ; sprit est l’image personnelle du Verbe. « Le Fils est dans l’Esprit connue dans sa propre image. Le Saint-Esprit est appelé, et il est réclhnient l’image du Fils. » Episl., 1, ad Serapionem, 20, 24, col. 577, 588. Or, il est évident t|u’il ne peut pas être l’image du Fils en tant qu’il participe à la même essence divine. I ! est donc l’image du l-’ils en tant que le Fils est une pcrsoiuie distincte, (le même que le Fils est l’image du Père en tant que le Père est une personne distincte

Le jnot d’image, appliqué au Saint-Esprit, entraîne donc une certaine dépendance du Saint-Esprit par rai)port au Fils. Cette dépendance, nous n’avons pas besoin de l’expliquer, ne peut être qu’une dépendance d’origine, e) « Le Père nous donne le Saint-Esprit par l’entremise du Fils. » EpisL, iv, ad Serupionem, 0, col. 645. Il produit la sanctification par le Fils dans l’Espril-Saint. Car, de même que le Fils est unique, ainsi le Saint-Esprit, qui est donné et envoyé par le Fils, est unique, iïpis/., i, ad Serupionem, 20, col. 577, 580. Ce texte contient l’argument et la formule du Filioqiie.’LQ Fils envoie, donne le Saint-Esprit. Cette mission temporelle, nous l’avons démontré, présuppose la procession éternelle de celui cjui est envoyé de la part de celui qui envoie. Le Saint-Esprit procède donc du Fils, ou, selon la conception grecque, du Père par le Fils. /) Les attributs divins, selon saint Athanase, sont communiqués au Saint-Esprit par le Fils : « Le Saint-Esprit est immuable, parce qu’il participe à l’immutabilité du Fils. Il demeure toujours immuable avec le Fils, parce qu’il est l’image du Verbe et le propre du Père. « Episl., !, ad Serupionem, 26, col. 59"2. Or, les attributs divins s’identifient avec l’essence divine. Si donc le Fils communique au Saint-Esprit les attributs divins, il lui communique l’essence. Remarquons en passant que le saint docteur donne une force équivalente, une égale valeur aux expressions image du Fils et propre du Père.

2. Saint Cyrille de Jérusalem n’approfondit pas les relations entre le Fils et le Saint-Esprit. Il ne dit du Saint-Esprit que ce qui se trouve dans les Écritures. Si quelque chose ne s’y trouve pas, il ne faut pas le scruter curieusement. C « /., xvi, 2, P. G., t. xxxiii, col. 920. Cependant, ses Catéchèses contiennent deux textes qui expriment clairement la procession du Saint-Esprit ab utroque. « De même, dit-il, que le Père donne au Fils, ainsi le Fils communique au Saint-Esprit. >’Cal., XVI, 24, P. G., t. xxxiii, col. 952. Le Saint-Esprit est vivant et subsistant. Il est toujours présent au Père et au Fils : il n’est pas prononcé comme une parole par la bouche ou les lèvres du Père ou du Fils ; il n’est pas un souftle qui se disperse dans l’air, mais il est une hypostase divine. Cal., xvii, 5, col. 97(j. Ces passages ne demandent pas de longues explications. Saint Cyrille admet que le Père communique au Fils son essence divine, que cette même essence est communiquée par le Fils au Saint-Esprit et que le Saint-Esprit, en tant que personne, se rapporte au Père et au Fils.

3. La procession du Saint-Esprit ab ulroque résulte aussi des principes que saint Basile établit dans sa théologie trinitaire. Les textes nombreux, où le saint docteur reconnaît la dépendance d’origine du Fils visà-vis du Saint-Esprit, sont réunis et commentés dans l’ouvrage de Kranich, Der hl. Basilius in seiner Slellung zani Filioque, Braunsberg, 1882, p. 39-81. Nous nous bornons à citer les plus convaincants, a) « Je sais que le Saint-Esprit est avec le Fils, mais je n’ai pas appris qu’il soit appelé le Fils. Je comprends que son union avec le Père consiste en ce qu’il procède du Père ; jt : comprends aussi qu’il est uni avec le Fils parce que l’Écriture sainte m’atteste que celui qui ne possède pas l’Esprit du Christ n’est pas au Christ. Rom.. VIII, 9..S’il n’était pas uni au Christ, comment pourrait-il unir avec le Christ ? Mais, j’entends aussi du’il est appelé l’esprit de vérité. Or, la vérité est le Seigneur. Mais, si j’entends encore qu’il est l’esprit d’adoption, je me rappelle aussi l’unité qu’il a avec le Père et le Fils par rapport à la nature. Homil. eonlru sabetlianos, 6, P. G., t. xxxi, col. G42. Le saint docteur s’attache ici à défendre contre les sabelliens la divinité du Saint-Esprit. Cette divinité, il la prouve par la procession divine du Saint-Esprit du Père ; mais il

la déduit en même temps de sa consubstantialité avec le l-"ils. Il rappelle la dénomination scripturaire d’Esprit du Christ, dénomination qui ne peut s’entendre que de l’origine éternelle du Saint-Esprit du Verbe. Si l’on admettait, en effet, qu’il n’y a aucune relation d’origine entre le F’ils et le Saint-Esprit et que la seule consubstantialité explique la dénomination d’Esprit du Christ, pourcjuoi ne pas appeler aussi le Christ l’Esprit du Saint-Esprit ? Kranich, » op. cit., p. 43-45.

b) La dépendance étroite du Saint-lisprit par rapport au Père et au Fils quant à l’origine est nettement formulée dans ce passage : « Celui qui pense au Père, en même temps qu’il le conçoit, embrasse le Fils dans le même concept. Celui qui pense au Fils ne sépare pas l’Esprit du Fils, mais il lui conserve son rang d’ordre et il exprime en même temps sa foi dans cette nature qui est une et la même dans les trois. Celui qui nomme l’Esprit seul embrasse dans sa confession celui dont il est l’Esprit ; or, c’est l’Esprit du Christ et il procède du Père, comme dit saint Paul. C’est comme une chaîne, de sorte que celui qui en tient une extrémité tient par là même l’autre extrémité. De même, celui qui attire l’Esprit, selon le prophète, attire en même temps le Père et le Fils. Et celui qui aura embrassé réellement le Fils tiendra d’un côté le Père, de l’autre l’Esprit qui lui est propre. Car on ne peut séparer du Père celui qui est toujours dans le Père et l’on ne peut arracher à son propre esprit celui qui opère tout dans cet esprit, c’est-à-dire on ne peut concevoir le Fils sans le Père, ou le F’ils séparé du Saint-Esprit. » EpisL, xxxviii, 4, P. G., t. xxxii, col. 332. Dans ce texte, le saint docteurétablitun parallélisme entreles expressions Toû XpiuToO To Ttveûp.a et ih Ttvs-jjj.a èv. toO ©eoO. Le Saint-Esprit est l’Esprit venant de Dieu le Père, parce qu’il procède du Père, et l’expression cspr// du Christ répond à l’expression espril procédant du Père, quant aux rapports du Saint-Esprit vis-à-vis du Fils. Le Saint-Esprit est donc appelé l’Esprit du Christ parce qu’il procède du Christ. Remarquons aussi que, dans ce texte, le Saint-Esprit est appelé, comme chez saint Athanase, le propre du Fils, tSi&v, de même qu’il est l’esprit propre du Père. Or, cette désignation à l’égard du Père, dans la théologie trinitaire du iv'e siècle, signifie que le Père est le principe de la spiration du Saint-Esprit. Voir Petau, De Trinilate, VII, 4, 8, op. cit., Paris, 1865, t. iii, p. 291, 292. Elle a donc la même signification à l’égard du Fils. Hcrgenrother, Die Lchrc der gôtllichen Dreieinigkeil, p. 234. Hergenrother remarque aussi, avec raison, que l’exemple de la chaîne, apporté par saint Basile et saint Grégoire de Nazianze, olTre un argument sérieux contre les théories photiennes. Le Saint-Esprit est au bout de cette chaîne, mais, pour y parvenir, nous passons à travers le Verbe. Si le Saint-I^sprit n’avait aucune relation à l’égard du Fils, la continuité de la chaîne serait brisée. Ibid., p. 231 : Kranich. p. 48. On a donc bien raison de déduire de ce texte une liaison essentielle entre l’ordre intime des processions divines et les relations extérieures des divines personnes. De Régnon, op. cit., t. iii, p. 31.

c) Dans la même lettre de saint Basile, on lit un texte qui confirme admirablement la doctrine catholique du Filioque : « Du Père procède le F’ils, par lequel sont toutes choses et avec qui, toujours, le Saint-Esprit est inséparablement connu, puisqu’on ne peut pas penser au Fils sans être illuminé par l’Esprit. Ainsi, d’une part, le Saint-Esprit, source de tous les biens distribués aux créatures, est attaché au Mis avec lequel il est conçu inséparablement : d’autre part, son être est suspendu au Père dont il procède. Par conséquent, la notion caractéristique de sa propriété personnelle est d’être manifesté après le Fils et avec lui et de subsister en procédant du Père. Quant au Fils qui manifeste par

soi-même et avec soi-même l’Esprit procédant du Père, seul il rayonne de la lumière innascible comme Fils unique : c’est là sa notion propre qui le distingue du Père et du Saint-Esprit et qui le signifie personnellement. Quant au Dieu suprême, la notion cminente de son hypostuse est que seul il est Père et qu’il ne procède d’aucun principe. » Epist., xxxviii, 4, P. G., t. XXXII, col. 320, 332. Saint Basile cherche, dans ce texte, la raison de la subsistance divine du Saint-Esprit et il la découvre en ce qu’il procède du Père et en ce que le Fils manifeste le Saint-Esprit avec soi et après soi : S’.' ïx-j-rit /.%’: (J.EÛ’iavTo-j -/wpi :  ; (, ùv. Le Saint-Esprit se manifeste donc par le Fils. Quel est le caractère de cette manifestation ? Si cette manifestation distingue réellement le Saint-Esprit du Fils, elle est une propriété personnelle, yvaipia-Tf/ôv Gr^]j.i’.a-i, qui distingue le Fils du Saint-Esprit, une manifestation qui a lieu dans le sein même de la divinité. Si c’était une manifestation extérieure du Saint-Esprit par le Fils, elle ne serait plus une marque personnelle qui distingue le Fils du Saint-Esprit. D’ailleurs, le verbe yvtopiîerv, chez les Pères, indique une manifestation ou procession éternelle. Franzelin, Examen Macarii, p. 141-142. Mais, en supposant même qu’il ne désigne ici qu’une manifestation extérieure et temporelle, celle-ci ne pourrait pas être un principe de distinction entre le Fils et le Saint-Esprit, si elle n’était pas la conséquence d’une manifestation ou procession ad intra. Kranich, p. 50. L’expression psO’éa-j-ToC est aussi très exacte au point de vue théologique. Le Saint-Esprit se manifeste après le Fils. Bien des fois, saint Basile fait allusion à un ordre de rang dans les personnes divines : àv.’ù.’jViiy. y.a-à TaJiv. Cet ordre nous a été révélé dans la formule du baptême. Liber de Spirilii Sancio, xviii, 47, P. G., t. xxxii, col. 1.53. Le Saint-Esprit est troisième dans cet ordre d’origine, et c’est pour cela que saint Basile déclare qu’il se manifeste après le P’ils. La mention de l’ordre éternel d’origine du Saint-Esprit, après la formule ry.’éa-jrciO, laisse bien voir que celle formule se rapporte à la procession éternelle du Saint-Esprit du Fils et non pas à une mission temporelle.

Ces explications données, on ne saurait que s’étonner de voir ce texte rangé par Zoernikav, op. cit., t. i, p. 27-28 ; Macaire, op. cit., t. i, p. 314 ; Sylvestre, op. cit., t. II, p. 447, 448, au nombre des passages qui contiennent la négation implicite du Eilioqnc. Ces théologiens déclarent que saint Basile y présente le Père comme la source, la cause du Saint-Esprit, ce que personne ne conteste. Mais ils ne tiennent pas compte de ce que saint Basile aflinne que le Fils manifeste l’Esprit, et puisqu’il parle uniquement des processions tlivincs, cette manifestation du Saint-Espril par le I-ils est aussi une manifestation ml intra. une opération immanente et éternelle.

d) Le II< livre contre Eunomius offre, sur le sujet qui nous occupe, un texte frappant : A qui n’apparaîl-il pas évident ((u’aucune opération du I-’ils ne doit être séparèe du Père et qu’il ny a rien absolument qui soit au Fils et demeure étranger au Père ? Car il est écrit : Omiiid mea tua suni, et tua mca. (^oinnu-nt donc Eunomius rapportc-t-il au I-’ils seul la cause de l’Esprit et, pour calomnier la nature de celui-ci, fail-il appel à la puissance créatrice de celui-là ? Si donc Eunomius, pour soutenir son système, supprime deux principes contraires l’un à l’autre, qu’il soit analhème avec Manès et Marcion. S’il reconnaît qu’il n’y a qu’une seule source des êtres, qu’il confesse que provenir du Fils importe une relation à la cause première. C’est ainsi que nous qui croyons que toutes choses ont été amenées à l’existence par le N’erbe de Dieu, nous ne nions pas pour cela t|ue la cause de toutes choses ne soit le Dieu suprême. Comment « loue n’est-il pas évi dent qu’il y a danger à séparer de Dieu l’Esprit ? L’apôtre les unit toujours, disant tantôt l’Esprit du Christ, tantôt l’Esprit de Dieu… De même, le Seigneur l’appelle l’Esprit de vérité et il enseigne qu’il procède du Père. Mais cet homme, pour avilir la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sépare du Père l’Esprit et l’attribue au Fils d’une manière différente pour rabaisser sa gloire. Sans doute par dérision. » Advcrsus Eunomiuni, 1. IL 34, P. G., t. xxix, col. C52. La doctrine catholique du Filioquc ressort clairement de ce texte. Il est évident tout d’abord que, dans ce passage, saint Basile a en vue la procession éternelle du Saint-Esprit, parce que son argumentation vise à en défendre, contre Eunomius, la divinité. Cet hérétique séparait le Saint-Esprit du Père et lui donnait pour unique cause le Fils. Il en faisait aussi une créature et il aboutissait à la négation de la divinité du Fils. Pour Eunomius, le Père est le principe de tous les êtres, excepté le Saint-Esprit ; le Fils est le principe de celui-ci. Ce n’est pas à tort donc que saint Basile lui reproche le dualisme de Manès et de Marcion. Pour le réfuter, le saint docteur commence par rétablir l’unité et l’identité des opérations divines ad e.vtra du Père et du Fils. Si le Père crée, le Fils ne demeure pas étranger à cette création, jiarce que tout ce que le Père possède, il le communique au l-"ils. Le Père et le Fils participent donc à la même essence et opération divine. A l’égard du Saint-Esprit, saint Basile applique le même raisonnement. De même que le Père seul n’est pas le principe de l’acte de la création, parce que le Fils participe à son être et, par conséquent, à son opération ad extra, ainsi le Fils n’est pas le seul et unique principe du Saint-Esprit, parce qu’il possède tout ce qui est au Père, excepté la paternité, le Père possède aussi tout ce qui est au Fils, excepté la fdiulion. Saint Basile renverse donc la formule latine a Putre Filioque, observe le P. de Régnon, pour lui substituer, quant au sens, la formule a Filio Palreque. L’Esiu’it appartient au Père et au Fils, et le saint docteur met bien en relief qu’il n’appartient pas au Fils d’une manière différente de celle dont il appartient au Père. C’est-à-dire, s’il iirocède du Père parce que le Père lui conununique l’être divin, il procède du Fils par la même raison. Cette identité de procession est prouvée par l’équivalence des dénominations scripturaires d’Esprit du Christ et d’I-.sprit de Dieu.

Mais saint Basile ne se borne pas à attester l’origine divine du Saint-Esprit du Père et du Fils. Il lient aussi à déclarer que cette spiration n’est jias double. Ce qui provient du Fils implique une relation à la cause première. Le Fils n’est pas de lui-même la source du Saint-lpsprit. Il y a le Dieu de toutes clwses, le Père, qui est la source, Tz-r^yr^, la racine, pi : ^a, de la divinité. Ilomil. contra sabeltianos, 7, P. G., t. xxxi, col. 616. C’est de celle source primordiale, de cette cause I)remièrc et principielle, -pw-r, alria, Trpoixatapy.Tixr, atrca. De Spiritu Sancio, xvi, 38, P. G., t. xxxii, col. 136, que le l’ils reçoit l’êlre divin et qu’il le conimutii que au Saint-F.sprit. Toutes les fois <lonc que saint Basile allirme cpie le Saint-t-]sprit est la source et la racine du Père et du I-’ils, il ne s’ensuit jias, connue le prèlen(l Mgr Sylvestre, qu’il nie la procession du Saint-Ii ; s]irit du Fils, op. cit.. l. ii. p. 438, car le Père est d’une manière distincte la source du l-’ils et du Saint-Esprit. Il est la source du l-’ils innnèdialement, f>.’âxjToO ; il est la.source du Saint-i-^sprit par le Verbe, ôià toj Ao^oj. La théorie de saint Basile, que le Père est la cause suprême du Saint-I-^sprit 51à toO .-yju, exprime clairement que le Père et le Fils sont un seul et même principe de la spiration du Saint-Esprit.

c) Enlre le Père et le Fils d’une part, le Fils et le Saint-Espril de l’autre, saint Basile établit le parallélisme qui revient si fréquemment dans les écrits de 7^3

ESPRIT-SAINT

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saint Athanase : Le Saint-Esprit est au Fils ce qu’est le l-’ils au Père : < ! > ; è’/ei ô Viôç Trpô ; t’ov llxripy., vZ-m npôç TÔv Tibv to llvsûij.a. De Spirilii Sando, xvii, 43, P. G., t. XXXII, col. 148. Ce parallélisine, nous l’avons (lit plus haut, cstuneaffinnation implicite du FilUM/iic. Kranich, op. cit., p. 55-58.

/) A maintes reprises, le saint docteur emploie la formule : Spiritus a Pâtre pcr Filium. « Il y a un seul Esprit-Saint joint à un seul Père par seul Fils, et

par lui-même complétant la glorieuse et bienheureuse Trinité. » De Spirilii Sancto, xviii, 45, P. G., t. xxxii, eol. 152. « La voie pour connaître Dieu va de l’unique Esprit par l’unique Fils vers Punique Père. Et réciproquement, la bonté naturelle et la sanctification naturelle et la majesté royale passent du Père par le Fils vers l’Esprit. » Ibid., 47, col. 153. Ces deux passages, on le voit bien, se rapportent aux processions immanentes en Dieu et montrent que le Saint-Esprit procède du Fils aussi bien que du Père.

g) Un texte fameux et très explicite sur le Filioque est contenu au commencement du 1. III’^ contre Eunomius : « De même que le Fils, quant à l’ordre, est le second après le Père, parce qu’ilen dérive, et aussi par dignité, parce que, en tant que Père, il est son principe et sa cause, et que c’est par lui qu’on s’ouvre la voie vers Dieu et vers le Père ; mais il n’est nullement le second par nature, parce que la divinité est commune au Père et au Fils, aussi le Saint-Esprit n’est pas étranger à la nature du Fils, bien qu’il soit le second après le Fils par ordre et dignité. » Conlra Eiinomium, 1. iii, 1, P. G., t. XXIX, col. 656. Dans les anciens manuscrits, au témoignage de Vekkos, ce texte se poursuivait ainsi : « Il est en dignité le second après le Fils, parce qu’il tient de lui l’être, et il reçoit de lui, et nous l’annonce, et dépend absolument de cette cause. » Marc d’Éphèse, au concile de Florence, rejeta avec acharnement l’authenticité de ce passage. Voir sess. XX et XXI, Mansi, Concil., t. xxxi, col. 768-818. ( ; elle-ci cependant a été reconnue par Hugues Etherianus. De liieresibus grie.eorum, iii, 13-18, P. L., t. ccii^ col. 406-410 ; Jean A’ekkos, qui lui consacre une longi. ie dissertation : Adversus cos qui asserunt magni Basilii dictum, quo afjïrmahir in Filio esse Spiritum Sanctiim, ei rcpetiliir in illius orationc adulleralum esse. De processione Spirilus Saneli, P. G., t. cxli, col. 157212. Voir aussi Ad Siigdiæ episcopum Thcodorum, ii, 1-6, ibid., col. 309-320 ; De unione Ecclesiariim, 59, ibid., col. 136 ; Epigraphæ, i, ibid., col. 613-616 ; Manuel Calécas, Adversus grxcos, i, P. G., t. clii, col. 53-55. Bessarion en a fait l’objet d’un long commentaire. De processione Spiritus Saneli ad Lascarin, P. G., t. CLXi, col. 329-337. L’authenticité a été admise et revendiquée par Vallée, Disserlatio qua expenditur cclebris locus S. Basilii Magni de processione Spirilus Saneli a Paire Filioque, Paris, 1721 ; Maran, Dissertalio de pluribus rébus ad doclrinam S. Basilii perlineniibus, IV, P. G., t. xxxii, col. 33-40 ; Donati, De processione Spirilus Saneli contra græcum schisma, dans Mai, Scriploruni vclerum nova collectio. Rome, 1833, t. VII, p. 110-111 ; Le Quien, Disserlationcs damascenieæ, I, 54-55, P. G., t. xciv, col. 250-252 ; Petau, De Trinilale, vii, 3, 14, 18, t. iii, p. 327, 329. Mais les éditeurs bénédictins de saint Basile en doutent et se bornent à insérer le passage dans une note (79). P. G., t. XXIX, col. 655. Il va sans dire que tous les théologiens orthodoxes considèrent ce passage comme interl )olé. Zoernikav, dans une longue dissertation, accuse les latins de l’avoir fabrique. Op. cil., t. i, p. 233-261. Le métropolite Macaire est du même avis et blâme le P. Perrone de s’y être appuyé. Op. cit., t. i, p. 330-331. Nous n’avons pas ici à prendre part à ces débats. Mais en supposant même que ce fameux passage soit apocryphe, il y a néanmoins des textes en assez grand

nombre qui ne permettent pas de douter de la doctrine de saint Basile touchant le J’ilioque.

4. La doctrine de saint Grégoire de Xyssc sur la procession du Saint-]-3sprit ub ulroque ne dilVèrc point de celle de son frère saint Basile. Voici un premier texte ; « D’une part, il est impossible, suivant l’apôtre, de recevoir vraiment le Seigneur sinon dans le Saintlisprit ; d’autre part, c’est par le Seigneur, qui est le principe de toutes choses, que nous trouvons le principe surèminent qui est le Dieu su))rême, puisqu’il est impossible de connaître l’archétype de tout bien, autrement que lorsqu’il ap))araît dans l’image de l’invisible. Si maintenant, comme dans la course double, nous revenons sur nos pas après avoir touché le but : si, , partant du sommet de la divine connaissance, c’est-à-dire du Dieu siiprême, nous faisons courir notre pensée par la voie continue des caractères propres, nous parvenons du Père par le Fils au Saint-Esprit : £I. toO IlaTpbç Sia TùO Tlo-j tiçj’qz tô IIvsC]j.a àva/wpojiJîv. En effet, après nous être d’abord bien établis dans la considération de la lumière innascible, comme dans un point de départ, nous concevons ensuite par voie de continuité la lumière qui en jaillit, comme le rayon coexistant au soleil. » Conlra Eunomium, i, P. G., t. XLV, col. 416. En continuant ses explications sur les processions divines, saint Grégoire de Xysse considère le Père comme un soleil imiascible, le Fils comme un autre soleil brillant avec le premier, identique au premier en toutes choses, le Saint-Esprit comme une lumière identique, qui n’est séparée par aucun intervalle du temps de la lumière engendrée. Cette lumière qui est le Saint-Esprit brille par la lumière engendrée quiest le Verbe : gi’aJroO ivi £y./, â ; j.7 : ov ; elle tire la cause de sa subsistance de la lumière prototype et elle est nommée après le Père et le Fils et elle conduit les âmes éclairées par la grâce à la lumière qui est dans le Père et le Fils.

Cette doctrine de saint Grégoire de Xysse concorde parfaitement avec l’enseignenient de saint Basile. Conlra Eunomium, 1. II, 25, P. G., t. xxix, col. 6°19. Nous avons d’abord la cause suprême, la cause primordiale de la substance du Fils et du Saint-Esprit. Nous avons ensuite un soleil semblable au Père, duquel il se distingue parce qu’il n’est pas innascible. L’Esprit-Saint est la lumière qui jaillit à la fois du soleil innascible et du soleil engendré. Cette lumière est nécessairement la troisième dans l’ordre des processions divines ; elle est à la fois opposée au Père et au Fils, parce qu’elle conduit au Père et au Fils. Pour ce qui concerne la communication de l’essence divine, le Fils est donc l’intermédiaire entre le Père et le Saint-Esprit, et la formule du saint docteur : èy. toO llarpô ; Sià ToO l’ioj upo ; TO llveOixa exprime la procession du Saint-Esprit ab ulroque. Voir Vekkos, De unione Ecclesiarum, 20, P. G., t. cxli, col. 60, 61. Le rôle d’intermédiaire du Fils entre le Père et le Saint-Esprit explique pourquoi, d’après saint Grégoire de Nysse, le Fils est glorifié par l’Esprit et le Père est glorifié par le Fils : le Fils reçoit la glorification par le Père et il est la glorification du Saint-Esprit ; et pourquoi nous devons glorifier le Fils par le moyen de l’Esprit et le Père par le moyen du Fils. Adversus macedonianos, 22, P. G., t. XLV, col. 1329. Remarquons en dernier lieu que, dans le langage des Pères, le verbe â/./.àaTiEiv, attribué aux personnes divines, signifie les processions éternelles. Vekkos, De unione Ecclesiarum, 32, P. G., t. CXLI, col. 89, 92.

Dans un autre passage, la procession du Saint-Esprit du Fils est prouvée par les liens qui unissent le Père au Fils, par le parallélisme entre le Père et le Fils d’une part, le Fils et le Saint-Esprit d’autre part : CI Comme le Fils est joint au Père et tire de lui son être, sans que son existence soit postérieure, ainsi en

est-il à son tour du Saint-Esprit, par rapport au Fils, qui précède Vhypostase de l’Esprit par la seule raison de causalité (à^ivor. pà-rr, -/.axà tov t’o ; atTiaç "^^^'h^^H au’il V ait place à des intervalles de temps dans cette vie éternelle. Ainsi donc, si l’on excepte la raison de causalité (.0. >.ov.u.r, a. :. ; a :), il n’y '"f " ^"j P"f ^^, distinauer (les personnes) dans la sainte Tr mte » Contra Eunomium, i, P. G., t. xlv, cd 464 La relation d’origine distingue donc le Fils du Père et le Saint-Esprit du Père et du Fils. Il est évident que le Saint-Esprit se rapporte au Père par la raison de causalité, c’est-à-dire par la relation d origine. Or, saint Grégoire établit la même raison de causalité entre le Fils et le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit se distingue donc du Fils par la même raison qui le distingue du Père, c’est-à-dire parce qu il en

(Icrive.

Vn troisième texte de saint Grégoire de Nysse prouve la procession du Saint-Esprit du Fils pari ordre d’ori « ine « H n’y a aucune différence de nature dans la saFnte Trinité, mais un ordre de personnes mtablement subsistantes. C’est l’ordre fourni par l’Evangile, suivant lequel la foi partant du Père aboutit par l’intermédiaire du Fils au Saint-Esprit (ô-.a ij.ïto-j tû-j T'.v :). Puisque le Fib possède tout ce qui est du Père et que tout ce qui constitue la bonté du Fils est contemplé dans l’Esprit, on ne peut trouver dans a sainte Trinité aucune différence de sublimité et de « loire. Il convient donc de concevoir la puissance partant du Père, passant par le Fils (5. ' YUr^ Tip, 'r.ou-Tav) et retournant dans le Saint-Esprit. » Episl. ad Heradmmim, P.G., t. xlvi, col. 1092, 1093. Le Fils est preI sente de nouveau comme l’intermédiaire entre le Père j et le Saint-Esprit : l’essence divine (SOvaij.t.-) est coin- 1 muniquée par le Père au Fils, parce que le Père communique au Fils tout ce qu’il possède, avant de le communiquer au Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est donc le terme d’une procession qui a pour principe le Père et le Fils. Remarquons aussi que le verbe Trpo-.ivat, de même que les verbes -îsxvÉ/a ;, Èy.TrooîvE’rOai, T.r"y.-v-'i' ^Poy-^'Ja-, désigne en Dieu les processions divines. Georoes Métociiite, Contra Manuclem Crclenscm, 13, P G t cxLi, col. 1349-1357 ; Vekkos, De uruone Ecclesiarum, 11, 41, ibid., col. 13-17, 48-57 ; Petau, De Trinilatc, vii, 18, 7-8, t. iii, p. 411-413.

Saint Grégoire de Xyssc ne se borne pas à attribuer au Père et au Fils la spiration du Saint-Esprit. Il marqueaussique le Père et le Fils produisent le Saint-Esprit d’une manière distincte : » La dIfTércncc entre être cause et être causé est la seule chose qui distingue entre elles les personnes divines, la foi nous apprenant qu’il V a un principe et ce qui procède du principe En outre, dans ce qui procède du principe, nous concevons une nouvelle distinction, à savoir, procéder immédiatement du principe (-fo-jE/ô) ; iy. tùj K'.< : >-o-j) et procéder de celui qui procède immédiatement du principe (61à toO TipriTi/w ; iy. toO -f.(.)TO'^). De cette sorte, le nom de Fils unique demeure sans ambiguïté au Fils, et cependant sans conteste l’Esprit procède du Père, la mitoyenneté du Fils(r, toO VioC jj-st ; TEi’a) lui gardant sa propriété de Fils unique et ne privant pas l’Esprit de sa relation naturelle au Père. » Quod nonsinl Irrs dii, ad Ablabiiim, P. G., t. xi.v, col 133. La même doc’rine est exposée dans cConlra Kiinomiiim, i, ibid., col. 33(i. Ce texte d’une clarté frappante semble obscur et indélerminé à la théologie orthodoxe. Ncsmiélov. Le syst<me dogmatique de saint Grégoire de Sysse, Kazan, 1887, p. 280. L'écrivain russe que nous venons de citer est forcé d’admettre que, d’après ce texte, le Saint-Iisjjrit ne dérive pas du Père par vole de génération : Il procède du Père et se manifeste par le Fils. " Pour bien comprendre la doctrine du saint docteur, dit-il, nous devons dis tinguer l'être divin du Fils de sa vie divine. En ce qui^'concerne l'être, il est immédiatement uni au Père duquel il procède ; mais ayant reçu l'être, il ne pourraifguère subsister, s’il n’avait pas des relations intérieures et vitales avec la cause suprême de sa substance, et c’est pour cela qu’il a des relations éternelles avec le Père par le moyen du Fils, » p. 293. Cette interprétation de la pensée de saint Grégoire est fantaisiste et arbitraire. Le saint docteur établit que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils. Or, le l-Us, par rapport au Saint-Esprit, est un principe qui procède immédiatement du principe suprême. On ne peut donc pas dire que le Père soit un principe immédiat du Saint-Esprit par rapport à l'être, parce que cette communication de l'être divin au Saint-Esprit est faite par l’intermédiaire du Fils. En outre, d après Nesmiélov, le Saint-Esprit vit par le Fils. Il dépend donc du Fils quant à sa vie. Mais la vie divine est l'être divin lui-même. Si le Saint-Esprit vit donc par le Fils, il subsiste aussi par le Fils, car sa dépendance par rapport à la vie entraîne une dépendance par rapport à l'être. Selon saint Grégoire de Nysse, le Saint-Esprit se distingue du Père et du Fils parce qu’il est produit par le Père et le Fils : par le Père, en tant que principe suprême, par le Fils, en tant que le Fils procède immédiatement du principe suprême et est un avec lui, excepté la paternité.

Que telle soit la pensée de saint Grégoire de Nysse, HoU lui-même, dont la critique négative range 1 saint Basile parmi les adversaires du Filioqiie, e recon1 naît. Amphilochiiis von Ikoniuni in scinem Verhaltnis 1 ru den grossen Kappadoziern, Tubingue, 1904, p. 140 j 142, 213-215., . ^„.

I Les théologiens catholiques citent aussi de saint Giegoire de Nys’se un fragment d’un sermon in orationcm j dominicam, qui exprime nettement la procession ab ' utroquc. Ce fragment, inséré par Le Quien dans ses I Disscrtaliones damascenicæ, I, 47, P. G., t. xciv, i col 240-241 ; t. xlvi, col. 1109, a été publie inté « ralement par le cardinal Mai. Nova veterum Patrum Inbliotbpca, Rome, 1847, t. iv, p. 40-43. La no : tion de la sainte Trinité, lit-on dans ce fragment, i est une. Elle exclut la confusion des propriétés perI sonnelles et leur changement. On doit ailirmer la j communauté de nature entre les personnes divines et ' en même temps conserver intacte la distinction incommunicable des personnes. De même que n’avoir pas de cause est le propre du Père, qui n’appartient ni au Fils, ni au Saint-Esprit, ainsi en avoir une est la propriété distinctive du Fils et du Saint-Esprit, et celle-ci ne doit pas être attribuée au Père. Car le l-ils engendré provient du Père, d’après le témoignage de i ll’xriture sainte, mais le Saint-Esprit est dit provenir du Père et il est déclaré être du Fils : xai ây. toO Ha ! TOo :), £"£Tai -/.a’t à-I. X'/j l’io- : dix : TrpoTiJ.aprjpst

Les écrivains orthodoxes ne reconnaissent pas l’authenticité de ce texte. Zoernikav, p. 26.5-267. Vekkos le cite, De proccssione Spiritux Sancti, 1, P. G., t. cxli, col. 213-224. Manuel Calécas anirme que la préposition U se trouvait dans les manuscrits les plus anciens et que des mains audacieuses lavaient supprimée. Adversus nrœcos, ii, P. G., t. oui, col. 70. Voir Donati, ap. f17.."iv, 13-14, p. 157-158 ; Franzelin, De Dco Irino, p. 479-480, et surtout yia, Desancti Gregorii Xtjsseni fragmenta in ejus rditionibus desidcralo, dcque parlicula dogmalica U contra schismaticos corniptorcs m ejusdem texlum restilula, Xova vctenim Patrum bibliotheca, t. IV, p. 40-51 : Læmnier, op. cit., t. i, p. 38-45. Ce passage serait interpolé, d’après Le Quien. Disserlalionef ! damascenicæ, I, 47, P. G., t. xciv, col. 240 ; Petau, De Trinitate, vii, 3, 12-13, t. iii, p. 281, 282, et Holl, qui accuse les latins de l’avoir falsifié. Op. al. p. 215. Mais, quoi qu’il en soit de rauthenlicité de ce

texte, la pensée du saint docteur est clairement exprimée dans les passages cités plus haut.

On donne comme contraires à la procession du Saint-Esprit (ib uinxitie deux passages de saint Grégoire de Nysse. Dans le premier, il est dit que c’est une seule et même personne qui engendre le Fils et fait procéder le Saint-Esprit. De commiinibus notionibus, P. G., t. XLV, col. 179-180 ; Macairc, op. cit., t. i, p. 315 ; Sylvestre, op. cit., t. ii, p. 439. Mais ce texte n’a rien de contraire à la doctrine catholique, car le Fére demeure toujours la cause primordiale du Fils et du Saint-Esprit par le Fils. Franzelin, Examen Macarii, p. 145. Dans le second, il est dit que le Saint-Esprit, par sa propriété personnelle (év zm t5tâ !  ; ovTi), procède du Père autrement que le Fils et cju’il est manifesté par le Fils : c, i’a.)-ot ToO TloO 7t£<pT|V£va’.. Co/î/ra Eunomium, i, P. G., t. XLV, col. 336. Mais il est évident que ce texte affirme explicitement la procession ab utroque. En effet, le Saint-Esprit a un caractère personnel (îôià^ov) qui le distingue du Père et du Fils. Il le distingue du Père, parce que le propre du Saint-Esprit à l’égard au Père est de ne pas procéder du Père par voie de génération comme le Fils ; il le distingue du Fils, parce que le propre du Saint-Esprit par rapport au Fils est d’être manifesté par le Fils. Cette manifestation, comme l’indique le verbe Ticç/ivs’vai, est une manifestation éternelle, qui correspond à la procession éternelle du Saint-Esprit du Fils. Vckkos, Ad Theodonim Sugdeæ, i, 7, P. G., t. cxli, col. 301.

5. Saint Grégoire de Nazianze demeure fidèle aux principes de saint Athanase et de saint Basile, principes qui aboutissent à la conséquence logique de la procession ab utroque. Il distingue ainsi les propriétés personnelles des trois hypostases divines : le Père est avap^oç, le Fils àpyr, , le Saint-Esprit [nza. Tî|c àpxô ?- Orat., XLii, 15, P. G., t. xxxvi, col. 47C. Tout ce qui est au Père, le Fils le possède ; tout ce qui est au Fils, l’Esprit l’a aussi. Orat., xxxiv, 10 ; XLI, 9, P. G., t. xxxvi, col. 252, 441. Tout ce qu’a le Père est du Fils. Tout ce qui est au Fils est de l’Esprit, excepté la filiation et l’incarnation. Orat., XXXIV, 10, col. 252. La formule de saint Grégoire de Nazianze est : Un seul Dieu par le Fils engendré aboutissant à un seul Esprit. Exhort. ad virgines, Carmina, i, 3, P. G., t. xxxvii, col. 632, Voir aussi Orat., xxxi, 4 ; xxxiii, 17 ; xl, 42 ; xli, 9, col. 137, 236, 420, 441. Il fait cette belle comparaison, pour expliquer les processions divines : « Une source, une fontaine et un fleuve, voilà peut-être ce qui peut représenter le Père, le Fils et le Saint-Esprit. En effet, ces trois choses ne sont pas séparées dans le temps ; elles forment ensemble un même contenu, bien qu’on puisse les distinguer par leurs caractères. » Oral., XXXI, 31, 32, P. G., t. xxxvi, col. 109. Saint Grégoire de Nazianze établit donc une relation de continuité entre les personnes divines. Le Père est la source, ôçOaXijo ;, qui verse l’eau dans la fontaine, Tz-r^yr^, d’où sort le fleuve, TtoTaaô ;. L’être divin de la source passe à la fontaine, et de la fontaine au fleuve. D’après la théorie photienne, nous n’avons pas de fontaine : nous avons deux fleuves qui jaillissent de la même source, suivent deux voies divergentes et ne se rencontrent pas.

La même conclusion favorable au Filioquc découle d’un autre texte du saint docteur : Le Père est le soleil, le Fils le rayon, le Saint-Esprit la lumière. La théorie photienne supprime le rayon. Le Fils et le Saint-Esprit sont deux lumières identiques. En quoi se distinguent-elles, puisqu’elles procèdent du même soleil ? La théologie orthodoxe esquive toujours la réponse à cette question, parce qu’elle aboutit logiquement à l’identification du Fils avec le Saint-Esprit.

Macaire, op. cit., t. i, p. 314-315, et Sylvestre, op. cit., t. ii, p. 441, 442, citent de saint Grégoire, comme contraires au Fitioque, deux textes où il affirme que le propre du Fils et du Saint-Esprit est de procéder, Orat., xxv, 16, P. G., t. xxxv, col. 1221, et que ce qui est au Fils est au Saint-Esprit, sauf la qualité (lu Fils. Orat., xxxiv, 10, P. G., t. xxxvi, col. 252. Le premier texte, il est inutile de le faire remarquer, ne contient aucune allusion aux personnes c|ui sont le principe de la spiration du Saint-Esprit. Le second, au contraire, est favorable au Fitioque. Saint Grégoire déclare qu’au Fils appartient tout ce qu’a le Père, excepté être cause, tt/TiV tr, ; aî-t’ar. Le mot aÎTi’a du saint docteur répond àlaTipo-z-aTap-xTiz-r, aîria de saint Basile. Il indique simplement que le Père est une cause et un principe sans principe, mais il ne nie pas que le I<"ils soit avec le Père le principe d’une spiration divine. Franzelin, Examen Macarii, p. 159, 160. Quant aux nombreux textes de saint Grégoire que Zoernikav amoncelle contre le Fitioque, op. cit., t. i, p. 40-50, ou ils traitent de la distinction entre les trois personnes divines, ou même ils déclarent que le Saint-Esprit provient du Père comme de la cause primordiale. Il n’y a rien, dans ces passages, qui contredise à la procession du Saint-Esprit ab utroque.

6. Saint Épiphane ne se borne pas à témoigner en faveur de la procession du Saint-Esprit du Père par le Fils. Il adopte aussi la formule qui est l’équivalent de la formule latine : a Pâtre Fitioque. Il établit que le Saint-Esprit procède du Père et reçoit du Fils, scrute les profondeurs de Dieu et annonce celles du Fils. Ancoratus, 7, P. G., t. xliii, col. 23 ; Hier., hær. lxix, 59 ; Lxxiv, 10, P. G., t. xlii, col. 301, 493. Il est l’Esprit du Père et l’Esprit du Fils, non par composition comme en nous l’âme et le corps, mais il est au milieu du Père et du Fils, sortant du Père et du Fils, èv i.iqu> Ilavpô ? /.al l’ioO, iv. toO Ilatpô ; "/.ai xoO VioC. Ancoratus, 8, 71, col. 29, 148. Le Saint-Esprit est éternel, non engendré, non créé. Il n’est ni frère, ni oncle, ni aïeul, ni neveu, mais de la substance identique du Père et du Fils, éx zf^i aJTTiÇ oùaiaz Ilarpô ; -/.a’. VioO. Hær., hær. lxxiv, 12, P. G., t. xlii, col. 497. « Il faut croire du Christ qu’il provient du Père, Dieu provenant de Dieu, et de l’Esprit qu’il provient du Christ, ou mieux de tous les deux, car le Christ a dit : Qui a Paire procedit, et ailleurs, De meo accipiet. » Ancoratus, 67, col. 137. Dieu nomme Fils celui qui tire de lui son origine et Saint-Esprit celui qui procède des deux : tô izxp’às^soTÉpiov. Le Saint-Esprit est l’Esprit de vérité, la troisième lumière du Père et du Fils : 9(7j ; TpsTov Kxoà Flaipô ; y.a Vio-j. Ancoratus, 71, col. 148 ; Schcrmann, p. 240-242. La même doctrine est formulée à la fin de l’A/icora/us. Le Saint-Esprit y est mentionné comme procédant du Père et recevant du Fils : iv. toO IlaTpô ; èx71rjpî’j(>jj.Evov y.al iv. toC Vioû "Ax(j.gavô(ievrjv. Hahn, op. cit., p. 136 ; P. G., t. xliii, coi. 236.

Après CCS témoignages si explicites au double point de vue de la pensée et de l’expression, il est bien étrange que les théologiens orthodoxes fassent de saint Épiphane un adversaire du Fitioque. Zoernikav, op. cit., t. i, p. 50-59, cite un grand nombre de textes d’Épiphane où il est dit que le Saint-Esprit procède du Père. Dans une note sur les élucubrations de Zoernikav, ibid., p. 59-60, Eugène Bulgaris amoncelle les passages où le saint docteur proclame que le Saint-Esprit procède du Père et reçoit du Fils, pour en conclure qu’il procède du Père seul, parce que de meo accipiel se rapporte à la mission temporelle. Macaire. op. cit., t. I, p. 315, cite d’abord un texte de V Ancoratus, où les mots jj^ôvov r’o (lévov Ilvej|ia sont traduits comme s’il y avait [jiivûv âx [xôvoy IlvEC|xa. Franzelin, Examen Macarii, p. 151, 152. Reinar

quons cependant que les éditeurs latins des écrits de saint Épiphane tiennent comme probable cette leçon du texte. Ancoratus, 2, col. 20. L’autre texte mentionne le Saînt-Esprit comme procédant du Père. Hær., hær. lxxvi, 8, P. G., t. xlii, col. 566. S’ensuit-il qu’il ne procède pas du Fils ? Saint Épiphane lui-même répond maintes fois, en déclarant que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.rb ai lov IlvsOna Ttai’àa-fOTs’pwv. //œr., hær. lxxiv, 7, P. G., t. xlii, col. 488.’7. Les écrits théologiques de Didj’me d’Alexandrie contiennent quelques textes en faveur du Filioquc. Didyme commence par établir que le Père est la racine de la divinité, que le Fils est engendré et que l’Esprit-Saint procède. De Trinilate, i, 36, P. G., t. xxxix, col. 441. Après avoir cité le texte : A’o/i loquctur a scmelipso, il en donne le commentaire suivant : Hoc est, non sine me, et sine meo et Patris arbitrio, quia inseparabilis a mea et Palris voluntate, quia non ex se est, sed ex Pâtre et me est, hoc enim ipsum quod subsista et loquitur, a Paire et me illi est. De Spiritu Sanclo, 34, ibid., col. 1063, 1064. ("^e texte est d’une clarté frappante. L’Esprit doit sa subsistance au Père et au Fils. On pourrait objecter que le texte latin que nous citons ne reproduit pas peut-être la véritable pensée de Didyme. Mais les violentes récriminations de saint Jérôme, le traducteur du De Spiritu Sanclo, contre Rufui qui s’était jilu, dans ses versions des écrits d’Origène, à en corriger les sentences erronées, écartent de lui tout soupçon d’avoir interpolé le traité de Didyme pour l’adapter aux conceptions théologiques latines, d’autant plus qu’il n’y avait alors aucune raison d’agir ainsi.

Dans le Liber de Spiritu Sanclo, Didyme reconnaît formellement que la personne divine qui reçoit d’une autre ne reçoit que la suljslance divine : la personne qui reçoit subsiste par la personne qui lui donne : Neque enim quid aliud est Filius, exceplis Iiis quæ ei dantur a Pâtre, neque alla subsl(uilia est Spirihis Sancti, præter id quod datur ei a Filio, 37, col. 1065, 1066. Et plus loin : lvcet a P<dre proced(d Spirilus veritalis et dcl illi Deus Spirilum Sitnctum pelenlibus se, (amen quia omnia quæ luibel Pater, mea sunt, et ipse Spirilus Palris meus est. et de meo accipiel. Ibid.. 38, col. 1060. Dans le même traité, nous avons un texte très explicite : « Il n’est pas possible que le Saint-Esprit, qui est rivsprit de vérité et l’Esprit de sagesse, entende, lorsque le Fils parle, des choses qu’il ignore, puisqu’il est lui-même ce ix est proféré par le Fils, c’est-à-dire procédant de la vérité, consolateur de consolateur. Dieu de Dieu, esprit de vérité par procession. » Yfcif/., 36, col. 1064, 1065 ; De Trinilalc. ii. 10, col. 549. C’est l’Église qui afiirme que le Saint-Esprit est du Père et du Fils : to ôcviov lIvEÔua llarpô : xx’i Y’io’j --jf/i-icvi. Praymenla in Aclus aposloloruni, P.G., t. xxxix, col. 1660.

La comparaison vulgaire même dont il se sert, pour décrire les relations récipr()ques entre les personnes divines, insinue la doctrine du Pilioque. Le F’ils est appelé la main droite, le bras du Père : le Saint-I^sprit est nommé le doigt de Dieu, à cause de sa conjonction naturelle avec le Père et le l’ils. De Spiritu Sanclo, ’21, col. 1051. (L’est donc par le N’erbe. la main, rpic le Saint-Esprit. le doigt, est conjoint au Père dans l’unité de nature. Schermann, op. cit., j). 218223 : IJarjly, Didi/me V Avcuqle, ]i. 98.

Zoernikav cite quelques textes de Didyme comme contraires au l-’ilinquc. Op. cit., t. i. p. 2.3-21. Mais ces passages adirment simplement la procession du Saint-I^sprit du Père, sans nier, jiour cela, la procescion du Salnt-t-^sprlt du T’ils.

8. Saint (Cyrille d’Alexandrie est considéré à bon clroil comme le défenseur le plus éloquent et le plus

autorisé du Filioque au ive siècle. Les polémistes catholiques qui ont réfuté avec le plus d’érudition les théories photiennes, le citent souvent et lui empruntent beaucoup de textes favorables à la doctrine romaine. Vekkos, De processione Spirilus Sancti, xii, 1-12, P. G., t. cxLii, col. 249-201. Allatius lui consacre une bonne partie de son ouvrage : Vindiciæ synodi Ephesinæ et S. Cyrilli de processione ex Paire et Filio Spirilus Sancti, Rome, 1661. Le saint docteur avait à combattre le nestorianisme, qui faisait du Christ un homme sanctifié par la descente du Saint-Esprit sur lui, par l’elTusion de la grâce du Saint-Esprit dans son âme. Pour réfuter Nestorius, saint Cyrille s’attache à mettre en lumière les relations réciproques entre le Fils et le Saint-Esprit, à prouver que, suivant ces relations, ce n’est pas le Fils qui dépend du Saint-Esprit, mais le Saint-Esprit du Fils. Il développe avec ampleur la théologie de ses devanciers du ive siècle, en particulier de saint Athanase et de saint Basile, et il aboutit à cette conclusion, que le Saint-Esprit procède du Fils quant à son origine.

a) Tout d’abord, il afiirme maintes fois que le Saint-Esprit est le propre du Fils : i’Siov toC VioO. « Le Saint-Esprit est la puissance du Fils. » Adversus Kestorium, iv, 1, P. G., t. lxxvi, col. 176. Le Christ possède le Saint-Esprit non par participation, mais comme son bien propre dont il peut disposer, parce que son Esprit est de chez lui, et par lui. C’est pour cela que, projetant l’Esprit de sa propre plénitude comme le Père lui-même, il le donne sans mesure à ceux qui sont dignes de le recevoir. Ibid., col. 173. Saint Jean l’évangéliste atteste partout, dans son Évangile, que l’Esprit est le propre du Fils et qu’il jaillit du Fils quant à sa nature ; il n’est donc pas possil )le de concevoir le Logos sans son propre Esprit. In Joa., II, P. G., t. i.xxiii, col. 209. En parlant de l’Esprit, Jésus l’appelle sien. Ibid., x, col. 421. Le Saint-Esprit est l’Esprit propre du Fils, et comme tel il est en lui, et provient de lui. In Joël., ii, 35, /’. G., t. i.xxi, col. 377. Dans son is." analliémutisme contre Nestorius, Cyrille appelle aussi le Saint-Esprit l’Esjjrit propre du Fils. P. G., t. LXXVI, col. 308 ; Hefele-Leclercq, op. cit., t. ii, p. 275. F : t comme Théodoret de Cyr chicanait sur cette dénomination, le saint docteur, au concile d’Éphèse, insista avec énergie sur sa légitimité : " Le N’erbe unique de Dieu fait homme demeure Dieu. Il est ce qu’est le Père, excepté la seule paternité, et il a comme -son jiropre bien le Saint-Esprit. » Explic(Uio duodecim capitum, P. G., t. lxxvi, col. 308. Cf. In Joa., X, P. G., t. LXXIV, col. 301, 444 ; Tiiesaurus, xxxiv, P. G., t. Lxxv, col. 600, 608 ; De Trinilalc, dial. vii, ibid., col. 1093, 112U.

S’il est donc l’ILsprit propre du Fils, c’est au Fils à exercer son iniluence sur lui, et celle iniluence ne peut s’exercer s’il ne dérive pas du Fils.

b) Le Saint-Esprit n’est pas étranger au F’ils, ou plutôt à la nature du Fils. « Bien que le Saint-Esprit soit dans sa projjre hyposlase, en tant qu’il est Esprit, et qu’il n’est pas le Fils, cependant, il n’est pas étranger au Fils. Car il s’aiipelle l’Iispril de vérité. Or, le Christ est la vérité. Il est épanché donc par le (Christ aussi bien quc par le Père. Ivt. puisqu’il est l’Esprit de celui qui est la vertu et la sagesse du Père, c’est-à-dire du I-’ils, l’Esprit lui-même est la sagesse et la vertu. » l-^pisl. Ci/rilli ad Xcsloriuni (xiii), P. G., t. Lxxvii, col. 117. Hemarciuons qu’au lieu d’i/Ttops-^Exæ le saint docteur fait usage du verbe upciyctra’. pour désigner l’origine du Saint-Esprit de la iiarl du Père et du l-’ils. Mais il tient lui-même à avertir que ce verbe a le même sens que le verbe ixTiopsOsiOai. Kpisl., lv, /’. G., t. Lxxvii, col. 316. Si donc le verbe zpo/tlTac par rapport au l’ère signifie (|ne le Père est le principe dune génération ou procession divine, le même verbe

par rapport au Fils ne peut pas ne pas avoir la même signification. Il s’ensuit que, dans le langage théologique de saint Cyrille, dire que le Saint-lisprit TTpo/-’.Tai TTapà Toj ï’ioO, c’est la même chose que déclarer : le Saint-Esprit procède du Fils.

c) Saint Cyrille emploie l’ancienne formule grecque qui fait du Fils l’intermédiaire entre le Père et le Saint-Esprit quant aux opérations divines. Contre Nestorius, qui semble séparer en Dieu les opérations des trois personnes divines, il s’écrie : « Quelle insanité. Tout a été fait par le Père au moyen du P’ils dans l’Esprit. » Adversus Nestorium, iv, 2, P. G., t. lxxvi, col. 180. Toutes choses proviennent du Père par le Fils dans l’Esprit. Thésaurus, xxxiv, P. G., t. Lxxv, col. 580. L’Esprit n’est pas une créature, lui en qui Dieu opère tout par le Fils. Ibid., col. G17. Si le Saint-Esprit dépend donc du Fils quant aux opérations divines, il en dépend aussi quant à son origine.

d) Il désigne le Saint-Esprit comme l’image du Fils, en tant qu’il est le reflet essentiel du Fils. « Saint Paul appelle céleste Notre-Seigneur Jésus-Christ dont nous portons l’image, à savoir, l’Esprit-Saint et vérificateur qui habite [en nous. » Thésaurus, xxxiii, col. 569, 572. Cette raison d’image, d’après saint (Cyrille, est une preuve de la divinité du Saint-Esprit." D’une part, parce que le Fils est la très exacte image du Père, celui qui reçoit le Fils possède le Père ; d’autre part et par une raison analogue, celui qui reçoit l’image du Fils, c’est-à-dire l’Esprit, possède par lui complètement le Fils et le Père qui est en lui. Si donc l’Esprit est appelé l’image du Fils, il faut l’appeler Dieu et pas autrement. » Ibid., col. 572. Que l’Esprit soit la véritable similitude du Fils, saint Cyrille le déduit du texte de saint Paul : Quos pnvscivit et prædestinavil conformes fleri imaginis Filii sui, hos et voeavit. De Trinilate, dial. vii, P. G., t. lxxv, col. 1089, et parce qu’il est la similitude du F’ils, il nous rend semblables à Dieu. Le Sauveur, en introduisant le Saint-Esprit lui-même dans les âmes fidèles, les réforme par lui et en lui à l’image primitive, c’est-à-dire qu’il leur communique sa propre forme, ou, si l’on veut, leur donne sa propre ressemblance par la sanctification… Car, d’une part, l’empreinte véritable et aussi parfaite en ressemblance qu’on peut la concevoir est le Fils lui-même ; d’autre part, la similitude pure et naturelle du Fils est l’Esprit, de sorte que, prenant sa forme par la sanctification, nous sommes configurés à la forme même de Dieu. Ibid., col. 1089. Cf. Joseph de Méthone, De Spirilu Sanclo, P. G., t. clix, col. 1177. Si Filins, remarque Hugues Etherianus, quia imago Palris cxislil, ex ipso esse habet ; manifestnm quod Spiritus imago Filii cum sil, ex ipso esse habel. De hæresibus græcorum, ii, 7, P. L., t. ccii, col. 202, 203. Voir Bilz, Die Trinilâls-Iclire des hl. Jolianncs von Damaskus, Paderborn, 1909, p. 129-133.

Or, de même que les Pères disent que le Fils est l’image du Père parce qu’il provient du Père, ainsi lorsqu’ils disent que le Saint-Esprit est l’image du Fils, ils signifient qu’il provient du Fils.

e) Les locutions scripturaires : Espril du Fils, Esprit de vérité autorisent saint Cyrille à en déduire la procession du Saint-Esprit du Fils, procession essentielle, qu’il appelle physique. « Jésus-Christ dit : Lorsque viendra l’Esprit de vérité… Voyez comme ce discours éveille la pensée, admirez le choix des mots. Il avait dit d’abord qu’il leur enverrait le Paraclet : ici, il le nomme esprit de vérité, c’est-à-dire son propre esprit, puisque lui-même est la vérité. Pour que ses disciples apprissent qu’ils ne recevraient pas la visite d’une vertu étrangère, mais qu’il se donnerait lui-même d’une autre manière, il appelle le Paraclet Esprit de vérité, c’est-à-dire son propre Esprit. En effet, le Saint-Esprit n’est point étranger à la substance du

Fils, mais il procède physiquement d’elle, il n’est rien autre chose que lui sous le rapport de l’identité de nature, bien qu’il subsiste personnellement. » In Joa., x, P. G., t. Lxxiv, col. 444. ".Jésus appelle le Paraclet : Esprit de vérité, c’est-à-dire son esprit à lui-même, et en même temps il dit qu’il procède du Père. Ainsi, de même que l’Esprit est physiquement le propre du Fils, qu’il existe en lui, qu’il provient de lui, il est de même l’esprit du Père. » Ibid., x, col. 117. Spiritus Filii est, remarque Allalius, qucmadmodum et Palris est : Spiritus ita projunditur ac progreditur per Filium, uli efjunditur et progreditur a Paire : et quia est secundum naturam Palris ex Paire suam cxistentiam habel, et sequali codemquc modo, cum sil naturalitcr Filii, exislenliam Iiabel per Filium. Si paritas et œqualitas est Palris et Filii in ejjiuxii Spiritus, quomodocumque illa sil, cum a Pâtre cxeat essentialilcr, et procédât in hypostasi, essenticdiler etiamexistit et procedil inhypostasipcr Filium et ex Filio. Vindieiæ synodi Ephesinæ, p. 196, 197.

f) La communauté de nature entre le Père et le Fils, excepté les relations d’origine, explique la procession du Saint-Esprit ab ulroque. Puisque le Fils reçoit tout ce qui est au Père, hors la paternité, le Saint-Esprit est dans le Fils de la même manière qu’il est dans le Père. « Il faut croire fermement que le Fils, ayant communication substantielle des biens naturels du Père, possède l’Esprit de la même manière qu’on le conçoit dans le Père… comme chacun de nous contient en soi-même son propre souffle et le répand au dehors, du plus intime de ses entrailles. C’est pourquoi il fit une insufflation corporelle, montrant que, comme le souffle sort corporcUement d’une bouche humaine, ainsi jaillit de la nature divine par un mode divin l’Esprit qui procède de lui. » In Joa., ix, P. G., t. lxxiv, col. 257. Voir Allatius, Vindiciz synodi Ephesinæ, p. 82.

g) Il emploie la comparaison de Didyme pour montrer la dépendance d’origine du Saint-Esprit du Fils : « Le Christ appelle doigt de Dieu le Saint-Esprit, qui, en quelque sorte, bourgeonne de la nature divine et y demeure suspendu comme le doigt par rapport à la main humaine. Car les saintes Écritures appellent le Fils bras et main de Dieu. Donc, comme le bras est naturellement coadapté à tout le corps, opérant tout ce qui plaît à la pensée, et qu’il a l’habitude d’ordre en se servant pour cela du doigt, ainsi nous concevons, d’une part, le Verbe de Dieu, comme surgissant de Dieu et en Dieu, et pour ainsi dire, bourgeonnant en Dieu, et, d’autre part, l’Flsprit procédant naturellement et substantiellement du Père dans le Fils, qui opère par lui toutes les onctions sanctifiantes. Par conséquent, il est évident que le Saint-Esprit n’est pas étranger à la nature divine, mais procède d’elle et demeure en elle naturellement ; puisque le doigt corporel est dans la main et de même nature qu’elle et qu’à son tour, la main est dans le corps, non comme une substance étrangère, mais comme se rapportant à lui. » Thésaurus, xxxi, P. G., t. lxxv, col. 576, 571. La vie donc, et par conséquent l’être du Saint-Esprit, ne procède pas immédiatement du corps, mais par le moyen du bras (le Verbe).

h) Enfin, il y a, dans les écrits de saint Cyrille, un grand nombre de textes où il emploie, à côté de la formule grecque : Le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, In Joa., P. G., t. lxxiv, col. 449, 709, les formules latines : Le Saint-Esprit procède du Père et du F^ils, des deux, ou par les deux. De recla fide, 21, P. G., t. LXXVI, col. 1408 ; Thésaurus, xxxiv, P. G., t. Lxxv, col. 585. « Puisque, d’une part, le Saint-Esprit, venant en nous, nous rend conformes à Dieu et puisque, d’autre part, il procède du Père et du Fils, il est évident qu’il

est de la substance divine, provenant substantiellement d’elle et en elle. » Thésaurus, xxxiv, P. G., t. Lxxv, col. 585. A plusieurs reprises, le saint docteur déclare que le Saint-Esprit procède de la même façon du Père et du Fils. In JocL, P. G., t. lxxi, col. 377 ; In Joa., x, P. G., t. lxxiv, col. 417 ; De Trinitate, dial. vi, P. G., t. lxxv, col. 1009 ; Epist., xvii, P. G., t. Lxxvii, col. 117.

Et parce qu’il procède du Père et du Fils, il est envoyé par le Père et le Fils. Adversus Nesiorium, iv, /-*. G., t. Lxxvi, col. 17.3. La procession divine du Saint-Esprit du Fils est la cause par laquelle le Fils envoie le Saint-Esprit. De recta fide ad Theodosium, 37, P. G., t. Lxxvi, col. 1188-1189.

La doctrine de saint Cyrille sur la procession du Saint-Esprit ab ulroquc est doue exprimée avec une telle clarté qu’il ne serait pas hasardé de dire que le saint docteur prévoit et réfuie d’avance les objections photiennes, lorsqu’il soutient l’identité absolue des deux formules : procedit ab ulroque et proccdil a Pâtre per Filium. n L’Esprit est l’Esprit de Dieu, et en même temps l’Esprit du Fils, sortant substantiellement de tous les deux à la fois, c’est-à-dire épanché du Père par le Fils ; to où’ïioi&ai ; è| àaçoïv, TiYO’jv £7. llaTpô ;, 0’.' rîoO 7 : io/edij.ovov I1v ; v ! j.o. De adoratione in Spiritu et vcritatc, P. G., t. lxviii, col. 148.

Ces textes d’une clarté si frappante n’empêchent pas Zoernikavde consacrer une louf^ue dissertation à prouver que saint Cyrille se range du côté des Orientaux. Op. cit., 1. 1, p. 76-91. Dans les passages qu’il cite, on déclare simplement que le Père est la source primordiale du Fils et du Saint-Esprit, ou même on affirme que le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils. Les théologiens ortiiodoxes modernes se sont montrés à certains égards plus prudents. Macaire n’allègue contre le Filioquc que le seul endroit où saint Cyrille compare le Saint-Esprit au doigt de la main. Mais il ne le cite pas exactement et, par surcroît, il en donne une version fausse. Op. c ; 7., 1. 1, p. 315 ; Franzelin, Examen Macarii, p. 154-157. Mgr Sylvestre s’abstient de citer saint Cyrille parmi les adversaires directs du l’ilioque.

Le différend entre Cyrille et Théodorct au sujet de i.x* unathématisme fournit aussi à la théologie orthodoxe un argument contre le dogme latin. Théodoret de Cyr accuse saint Cyrille d’apolllnarisme pour avoir soutenu que le Saint-Esprit est le propre du Fils. P. G., t. L.xxvi, col. 353. « S’il dit que l’Esjjrit est le propre du Fils, en tant qu’il est consubstantiel et qu’il procède du Père, nous le confessons avec lui et nous tenons cette phrase pour orthodoxe. Mais s’il prétend qu’il en est ainsi, parce que l’Esprit tient son existence ou du Fils, ou par le Fils, nous rejetons cette phrase comme blasphématoire et comme impie. Car nous avons foi au Seigneur, qui a dit : Spirilum qui a Pâtre procedit, et au divin Paul ((ui a dit également : Nos uutem non spirilum mundi acccpimus, sed Spirilum qui ex Deo est. » S. Cyrille, Apolor/cticuni contra TIteodoretum, P. G., t. i.xxvi, col. 432. Il suffit de lire sans préjugés ce passage de Théodoret pour se convaincre d’abord qu’il attribue à saint (^yrille une hérésie fiue celui ne s’est jamais avisé de prendre sous sa tutelle et ensuite qui ! n’a pas nié la procession du Saint-Esprit ab utroquc. Théodoret reproche ù Cyrille la négation de la consubstanlialilé des trois personnes divines, et de la jjrocession du Saint-lCspril du Père. Cyrille lui répond que toute son (ruvre théologique atteste avec combien d’énergie il a défendu les points doctrinaux qu’on lui reproche d’avoir méconnu ?. Il proteste ensuite contre les fausses asserllons de Théodoret et déclare avec force que le Saint-Esprit est le propre du Fils aussi bien que du Père et cque le Père et le Fils opèrent par le Saint-Esprit. Apolo’jclicus contra

Theodoreium, P. G., t. lxxvi, col. 433. Théodoret se vanta d’avoir poussé Cyrille à reconnaître et rétracter son erreur. Epist. ad Johannem Antiochenum, P. G., t. Lxxxiii, col. 1484, 1485. Il est utile de remarquer qu’Allatius et Cotelier n’admettent pas l’authenticité de cette pièce. Ibid., col. 1483, note 21. Mais il calomnie Cyrille, parce que celui-ci a toujours soutenu la doctrine énoncée dans ses anathématismes. Explicatio duodecim capilum, P. G., t. lxxvi, col. 308, 309 ; Apologclicus pro xii capilibus contra Orientales, P. G., t. Lxxvii, col. 356-360. Voir Hugues Etherianus, op. cit., I, 2, P. L., t. ccii, col. 236 ; Bessarion, Declarulio aliquorum quæ in orcdione dogmalica pro unione continentur, P. G., t. clxi, col. 611-614 : Garnier, De fide Tlieodoreli, diss. III, 3-27, P. G., t. lxxxiv, col. 395-401 ; AUatius, Vindiciæ synodi Epliesinæ, p. 3151 ; Franzelin, De Deo trino, p. 476-477.

9. L’autorité de saint Maxime eft bien souvent invoquée par les théologiens orthodoxes contre la procession du Saint-Esprit ab utroquc. Il est vrai que le saint docteur ne traite qu’en passant les questions relatives au Saint-Esprit ; cependant on rencontre dans ses écrits quelques textes, où le Fils est présenté comme la source du Saint-Esprit. « De même que le Saint-Esprit par sa nature et substantiellement est l’Esprit de Dieu le Père, ainsi il est l’Esprit du Fils, puisqu’il procède substantiellement du Père par le Fils engendré et cela d’une façon ineffable. » Quæstiones ad Thalassium, q. lxiii, P. G., t. xc, col. 672. Le cardinal Bessarion compare ce texte à un passage de saint Basile qui exprime la même pensée et il démontre que la préposition otà signifie la cause intermédiaire par laquelle on agit. Oralio dogmalica pro unione, 6, P. G., t. CLXi, col. 570, 571. Dans un autre endroit, saint IMaxime se demande pourquoi on ne peut pas dire le Père de l’Esprit, ou le Christ de l’Esprit, comme, à l’égard du Père et du Fils, on dit également l’Esprit de Dieu et l’Esprit du Christ. Il répond en ces termes : « De même que l’intelligence, voûç, est principe du Verbe, ainsi est-elle principe de l’Esprit, mais par l’intermédiaire du Verbe : 21à hécto-j Sk toO Aoyo-j. » Quirsliones et dubia, xxxiv, P. G., t. xc, col. 813.

Il y a un texte, cependant, de saint Maxime qui a donné lieu à bien des controverses et que les polémistes grecs opposent toujours aux théologiens catholiques. Dans une lettre à Marin, prêtre de Chypre, il raconte que les monothélites reprochaient au. romains leur croyance ; la procession du Saint-Esprit du Père et du Fils. Pour se disculper, les romains présentèrent des textes de Pères latins et du commentaire de (Cyrille d’Alexandrie sur l’i’ivangile de saint Jean. Par ces témoignages, ils déclarent qu’ils ne font pas du Fils le principe du Saint-Esprit, car ils savaient ((ue l’unique principe du Fils et de l’Esprit est le Père, de l’un par génération, et de l’autre par procession. .’Mais leur but était de monfrer que l’Esprit provient du Père par le I-’ils et d’établir par là même l’unité de l’essence et l’égalité parfaite. Epist. ad

Marinum, P. G., t. xci, col. 133, 136. fin peu de mots,

j le cardinal Bessarion explitiue le sens de ce passage : « Saint Maxime a parlé de la sorte pour éviter qu’on ne voie dans le Fils le principe primordial du Saint j Esprit, comme s’il ne tenait pas du Père la vertu suivant laquelle le Saint-Esprit procède de lui. « Oratio dogmalica, 6, /’. G., t. ci.x, col. 584. Voir Vekkos, De deposilione sua, orat. ii, 7, /’. (/., t. cxi.i, col. 980 ; Georges Métocliite. (Montra Manueleni Crrtenscm, ibid., col. 1401 ; Franzelin, De Deo trino, p. 490-494.

10. L’autorité de saint.Ican Danujscène est d’une extrême importance dans la question <|ui nous occupe.

I En elîet, pour ce qui concenu’la théologie trinitaire, il est l’écho fidèle de la trailllion jiatrislique du iv<’siècle. Esprit éniinemmeulsynlhélique, il ne cherchepas

à se frayer des voies nouvelles dans le domaine de la spéculation Liiéologique, car ce domaine a été savamment exploré par les Pères. Mais ceux-ci ont dispersé les résultats de leurs spéculations dans un grand nombre d’écrits, et le mérite de saint Jean Daniascéne est précisément de les avoir recueillis, coordonnés dans les quatre livres De fide orlhodoxa qui, durant des siècles, a été l’unique manuel de théologie des écoles orthodoxes.

La doctrine de saint Jean Damascène sur la procession du Saint-Esprit comprend deux séries de textes. Jl y a des textes qui déclarent explicitement que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils ; il y en a d’autres qui semblent insinuer que le Saint-Esprit procède du Père seul.

Examinons d’abord les textes de la première série. Saint Jean Damascène décrit les notes caractéristiques des trois personnes divines. Le Père est le voOç, l’abîme du Logos, le générateur du Logos, et par le Logos le producteur de l’Esprit. Le Fils est la seule puissance du Père et la vertu primordiale de toute création. Quant au Saint-Esprit, il est la puissance manifestatrice du Père manifestant le secret de la divinité, puissance procédant du Père et du Fils. Le Père est l’aï-iov, le principe ; le Fils est le terme engendré, aiTiarbv yewr, -TÔv ; le Saint-Esprit est le terme procédant, aÎTic/rôv âxitopEuTÔv. Le Père est la source et le principe du Fils et du Saint-Esprit, Père du Fils seul et prolateur du Saint-Esprit. Le Fils est le Logos, la sagesse, la puissance, l’image, la splendeur, le caractère du Père, tenant son origine du Père. Le Saint-Esprit n’est pas Fils du Père. Il est l’Esprit du Père, comme procédant du Père, car il n’y a aucun mouvement sans l’Esprit. Il est en même temps l’Esprit du Fils, non pas qu’il tire du Fils son origine, mais parce qu’il procède du Père par le Fils. Car, seul, le Père est le principe. De fide orlhodoxa, i, 12, P. G., t. xciv, col. 848, 849. Le saint docteur déclare que le Père ne peut pas être aÀ5-, ’oç, sans logos : il a donc un Verbe, qui est sa sagesse et sa puissance. Or, leVerbe, la parole, n’est pas dépourvu de soufïle (uvejaa). Le Verbe a donc un esprit. Ibid., i, 6, col. 804, 848. Le Verbe n’a jamais manqué au Père, ni l’Esprit au Verbe. Ibid., i, 7, col. 805. Le Fils est l’image du Père et l’Esprit du Fils, par le moyen duquel le Christ habitant dans l’homme donne à celui-ci d’être l’image de Dieu. Ibid., 13, col. 656. Cf. de Régnon, op. cit., t. iii, p. 155-158. Le Saint-Esprit tire son origine du Père, procédant par le Verbe, mais non par filiation. De hijmno Irisagio, P. G., t. xcv, col. 60.

Mais à côté de ces textes, il y en a d’autres qui semblent exclure le Fils de la spiration du Saint-Esprit. « Nous ne disons pas que le Père tire son origine de quelqu’un. Mais nous disons qu’il est Père du Fils. Nous ne disons pas que le Fils soit principe du Père ; mais nous disons qu’il tire son origine du Père et qu’il est le Fils du Père. Quant au Saint-Esprit, nous disons qu’il tire son origine du Père et nous le nommons l’Esprit du Père. Nous ne disons pas que l’Esprit tire son origine du Fils, mais nous le nommons l’Esprit du Fils. …De plus, nous confessons que c’est par le Fils qu’il a été manifesté et qu’il nous est connnuniqué. » De fide ortliodoxa, i, 8, P. G., t. xciv, col. 832, 833. Et ailleurs : « Le Saint-Esprit n’est pas Fils du Père. II est l’Esprit du Père en tant qu’il procède du Père, car il n’y a aucun clan sans l’Esprit. Il est aussi l’Esprit du Fils, non pas comme d’un principe originaire, mais en tant que par lui il procède du Père. En effet, le seul principe est le Père. » Ibid., i, 12, col. 849. Nous avons un seul Dieu, le Père, son Verbe et son Esprit. Le Verbe est subsistant, engendré : c’est pour cela qu’il est Fils. Le Saint-Esprit est subsistant, procédant et projeté. Son origine est le Père ; il est du Fils, mais il n’a pas le

ImIs pour origine, puisqu’il est le souffle de la bouche du Père, manifestant le Logos. £>e Itymnu Irisagio, P. G., t. xcv, col. 60. (x’s derniers textes, d’après la théologie orthodoxe, contiennent la condamnation pércmptoire du dogme latin. « Dans ses lignes générales et dans ses traits particuliers, la doctrine de saint Jean Damascène sur la procession du Saint-Esprit est conforme à l’enseignement de l’Église orthodoxe, et exclut le Filioque. C’est une doctrine cpii professe toujours la procession du Saint-Esprit du Père seul. En parlant des rapports entre le Père et le Saint-Esprit, le saint docteur déclare que ces rapports expriment un état de dépendance du Saint-Esprit vis-à-vis du Père, considèrent le Père comme la cause de l’être du Saint-Esprit. La procession du Saint-Esprit du Fils est ouvertement niée par saint Jean Damascène, qui n’admet pas que le Saint-Esprit reçoive son être du Fils. La relation éternelle du Saint-Esprit au Fils est autre que la relation éternelle du Saint-Esprit au Père. La première n’est pas une relation de dépendance quant à l’origine, mais une relation d’unité éternelle dans l’être, ou dans la substance éternelle. En d’autres termes, le vSaint-Esprit procède du Père au même moment où le Fils est engendré. » Bogorodsky, La doctrine de saint Jean Damascène sur la procession du Saint-Esprit, Saint-Pétersbourg, 1879, p. 158.

La manière dont le saint docteur s’exprime parut si étrange aux docteurs latins du moyen âge qu’ils n’hésitèrent pas à la considérer comme entachée d’hérésie. Saint Thomas d’Aquin reproche à saint Jean Damascène des tendances nestoriennes. II l’excuse cependant, parce qu’il ne nie pas formellement la procession du Saint-Esprit du Fils. Sum. theol., l-i, q. XXXVI, a. 2. Cette même raison est donnée par saint Bonaventure pour écarter du saint docteur le soupçon d’hérésie. In IV Sent., 1. I, dist. II, q. i, a. 1. Allatius remarque que l’ignorance de la terminologie théologique des grecs a suggéré ces critiques sévères. Vila Georgii Cijprii, ii, 0, P. G., t. cxlii, col. 117, 118. En effet, les polémistes latins, qui étaient versés dans la connaissance des Pères grecs, pouvaient dire de saint Jean Damascène ce que disait de lui, au xiie siècle, Hugues Etherianus : Non discordât Iiic sanctus a latina veritate : hoc ad consueludinem Ecclesiæ grsecorum rejerendo, quæ non esse Spiritum ex Filio confitetur usque in hodiernum. De hæresibus græcorum, iii, 21, P. L., t. ccii, col. 394. Et au concile de Florence, le cardinal Bessarion n’hésitait pas à affirmer que les passages cités plus haut de saint Jean Damascène apportaient de nouvelles preuves en faveur de la doctrine catholique.

Pour bien saisir la véritable pensée du saint docteur, nous devons répondre à deux questions : a) Est-ce que la formule a Paire per F’ûmm. s’oppose, pour ce qui concerne le Fils, à la formule a Pâtre FiIioque ? b) Est-ce qu’il est conforme à la saine théologie catliolique d’avancer que le Père seul est la cause, le principe du Saint-Esprit /

a) Quant à la première question, il est hors de d utc que, chez les Pères grecs, la formule a Paire per Filium est employée à côté de la formule a Paire Filioque (Didyme, saint Épiphane, saint Cyrille d’Alexandrie). Et si quelques polémistes grecs ont aflirmé arbitrairement que saint Cyrille s’est laissé inlluencer, en l’eniployant, par les écrits de saint Augustin, cette échappatoire serait ridicule à l’égard de Didyme et de saint Épiphane. Allatius, Vindiciæ si/nodi Ephesinæ, p. 608, 609. Les théologiens orthodoxes contestent l’identité de signification des deux formules et appuient leur négation sur l’autorité de saint Jean Damascène. Bogorodsky, qui a le mieux résumé, sur ce point, l’argumentation de la théologie orthodoxe, déclare que la formule a Paire per Filium exprime la simultanéité de

la génération du Verbe et de la procession du Samt-Esprit par Dieu le Père. Op. cit., p. 43, 44. Lorsque saint Jean Damascène affirme que le Père produit le Saint-Esprit, it’YioO, il nous montre qu’il produit le Saint-Esprit au même moment où il engendre le Verbe, et il le produit de telle manière que le Saint-Esprit demeure dans le Verbe engendré. Ibid., p. 45, 46. Cette interprétation, dit-il, est confirmée par des textes très explicites de saint Jean Damascène. En effet, le saint docteur déclare que le Père engendre le Fils et produit le Saint-Esprit en même temps, ay.a, De fide orthodoxa, i, 8, col. 824 ; il déclare que le Père, par la même force, vertu, produit le Fils et le Saint-Esprit. Exposilio fidei, P. G., t. xcv, col. 421, 422.

Ces textes, nous n’avons pas besoin de le dire, ne ; nous donnent pas la vraie signification de la formule a, Pâtre per Filium. Si l’interprétation orthodoxe était vraie, il aurait suffi de dire que le Saint-Esprit procède du Père, de même que le Fils est engendré par le Père. Mais en disant que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, les Pères grecs marquent bien que le 1 Fils n’est pas étranger à la procession du Saint-Esprit. Les latins sont d’accord avec les grecs lorsque ceux-ci déclarent quela préposition Sti, per, n’exprime pas une priorité de temps dans l’ordre des processions divines ; mais ils n’admettent pas avec eux que cette préposition exclut même une priorité logique. Supprimer cette priorité, ce serait supprimer l’ordre des processions divines, l’a/.oÀrvjfjt’a y.yzk Tiï’.v de saint Basile, et identifier le Père avecle Fils. Si on refusait d’admettre cette priorité logiciue, on ne comprendrait plus cette mitoyenneté du Fils entre le Père et le Saint-Esprit, par laquelle le Saint-Esprit procède bien du Père, j mais par l’entremise du Fils.

Les tiiéologiens orthodoxes donnent à la prépositit n 61à le sens de simiil. C’est là une interprétation arbitraire. La préposition 5tà indique la cause, l’instruj ment par lequel on opère.’IvI. et Sti, d’après les Pères grecs, ont la même signification. Par Dieu et de Dieu ne diffèrent pas, quant au sens, dit saint Basile. De Spiritu Sancto, v, P. G., t. xxxii, col. 77-86. Allatius cite de nombreux textes des Pères qui affirment cette identité de signification entre les deux prépositions. Vindiciie synodi Epitesinæ, p. 381-391. Voir Hugues Etherianus, J)e haresibus f/nvcorum, ni, 20, P. L., t. ccii, col. 389-303 ; Joseph de Méthone, Krfulalio Mfirci Ephesini, P. G., t. clix, col. 1072-1073 ; Id., De Spiritu Sancto, ibid., col. 1123-11.34. « Si la formule per Filium, argumente Allatius, ne signifiait pas ex Filio.H y aurait un intervalle de temps entre les processions divines. A moins d’itre liérétique, personne ne nie que le Fils et le Saint-Esprit proviennent en même temps du Père. Les saints Pères ont fait usage de l.i formule per Filium non pas pour établir entre le Fils et le Saint-Espritun intervalle de temps, mais pour exprimer la mitoyenneté essentielle du Fils dans la subsistance du Saint-Esprit par le Père. On n’offense donc pas la piété si on allirnic que le Saint-Esprit procède du Père en même temps que le Fils, parce que le Fils est en même temps que le Père, bien qu’il dérive du Père. Le Fils subsiste simul avec le l’ère et procède du Père, de même ri : sprit subsiste simul avec le Fils et il est du Père par le Fils, sans intervalle de temps. Le Fils est simul avec le Père et cependant il présuppose le Père par la relation d’origine, parce qu’il provient du Père. De même le Saint-Esprit est simul avec le Fils eu sortant du Père, et cependant il présuppose le Fils par la relation d’origine, parce que le Saint-I^sprit procède du Père par le Fils. » Vindiciæ synodi ephesinie, p. 391, 392.

Il n’y a donc pas de différence, quant au sens, entre les deux formules grecque et latine, l^lles expriment le uiênic concept, mais d’une manière diverse, plus

compréhensive chez les grecs, plus imprécise chez les latins. « Les latins, remarque le cardinal Bessarion, se sont attachés de préférence à marquer l’identité de la puissance productrice du Saint-Esprit dans le Père et le Fils, en d’autres termes, l’unité de la spiration divine. Les s-.recs, à leur tour, ont eu à cœur de bien mettre en relief l’ordre suivant lequel le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. La préposition o : â indique que, par rapport à la procession du Saint-Esprit, le Fils est le coopérateur du Père, et non réciproquement. Pour donner un exemple, toutes les créatures proviennent du Fils, iv. -oO YWZ, mais les Pères grecs n’emploient pas cette expression. Ils préfèrent la formule Stà ToO Vio :. Ils visent l’ordre avant tout, et cet ordre est bien établi par la préposition cii. » jDc processione Spiritus Sancli, P. G., t. ci.xi, col. 400.

Loin donc d’exclure la formule latine, la formule grecque et à tg-j l’îoO la complète, ainsi que le remarque Scheeben, « parce qu’elle présente le Père et le Fils comme deux principes agissant l’un dans l’autre et non à côté l’un de l’autre ou séparés. Elle fait ressortir la position spéciale qu’occupent le Père et le Fils à l’égard du Saint-Esprit. Le Fils ne paraît que comme principium de principio, tandis que le Père figure comme principe sans principe et produit le Saint-Esprit comme prineipium principii. Ce que la formule ex Paire et Filio ne contient que matériellement et ce que les latins ont dû compléter par ces mots : tanquam ab uno principio, et licet pariter ab utroque, a Pcdre principaliter, eUe le dit d’elle-même. » La dogmatique, n. 876, t. ii, p. 594. Cf. Bilz, op. cit., p. 164-166, 168-171.

b) Ces explications données, nous pouvons répondre à la deuxième question et comprendre pourquoi les Pères grecs, et saint Jean Damascène en particulier, réservent exclusivement au Père les épithétes d’aîrla, ip/Y, , TtriYv « Nous avons, dit saint Jean Damascène, un seul principe, une seule cause physique du Fils et du Saint-Esprit. » Diuloqus contra manichivos, 4, P. G., t. xciv, col. 1512. Le Fils et le Saint-Esprit se rapportent au Père comme à leur cause. De hymno trisagio, 7, 1 P. G., t. xcv, col. 40. D’après les théologiens orthodoxes, ces textes prouveraient que le Fils et le Saint-Esprit dépendent du Père quant ; leur origine et que l’opération immanente ciui communique l’être au Saint-Esprit s’attribue au Père seul. Bogorodsky, op. cit., p. 123, 121. Cette conclusion est absolument fausse et elle trouve sa meilleure réfutation dans l’emploi, fait par saint Jean Damascène, de la formule grecque a Paire per Filium. Les théologiens orthodoxes ne veulent pas entendre parler d’une cause primordiale. Mais cette expression n’est pas latine par son origine. Nous la trouvons employée par saint Basile : Tioo/.aTao/.Tixr, (xiria, de même que nous trouvons ciiez les Pères grecs du iv » siècle que le Père est un principe sans principe. Saint Jean Damascène donne aux mots grecs 7Tr, -.v% iy/y., a’.Tiov, le même sens qu’ils I ont dans la théologie grecque du iVe siècle. Les grecs, I déclare-t-il, ne disent pas que le Saint-Esprit soit du Fils, c’est-à-dire n’emploient pas cette manière de s’exprimer. Mais, ajoutc-t-il, le Saint-Esprit est l’Esprit du Fils, c’est-à-dire il dépend du Fils quant à son origine, l^n d’autres termes, il ne renonce pas à la terminologie traditionnelle grecque, mais il ne nie pas la dépendance d’origine du Saint-Esprit par rapport au Fils. Bilz, op. cit., p. 158, 159.

Comme cause primordiale des processions divines, le Père est réellement le seul principe, la seule cause du Fils et du Saint-t-^sprit, de même qu’il est appelé la seule al-t’x de la création, bien que le Fils et le Saint-Esprit y coopèrent, comme une seule cause avec lui.

De ce que nous avons dit, il résulte que le langage théologique de saint Jean Damascène est exact et

n’implique pas la négation du Filioque. Nous pouvons bien dire, avec Niccpliore Bleniinydes, que le Père est la seule cause, tj.6vo ; alxioç, de la procession du Saint-Esprit et que le Fils n’est pas la cause principielle, aiTiov àp/ixôv. De processionc Spiritns Sancti, orat. I, 23, P. G., t. cxlii, col. 557. Cf..Joseph de Méthone, Rejulalio Marci Epliesini, F. G., t. clix, col. 1085. Pater una est causa, dit Allatius, liim Filio, tum Spiritiii Sanclo : ca ralione quod in Paire, velul in fonte, qui non est ex alio, virtus rcperitur spiraliva. Hœc ulique una et eadem Filio etiam inest : sed a Paire communicala. Ilinc Spiritus Sanctus suam habet existentiam ex Paire, lanquam ex fonte : que eam modo non habet ex Filio. Al quoniam in Filio spiraliva virtus inest a Paire communicala : ideo per Filium et ex Filio Spiritus Sanctus emanarc dicitur, non dicitur esse. Vila Georgii Cijprii, diss. II, 5, P. G., t. cxlii, col. 116 ; Id., ’Ey/cipiSiov, p. 180-184.

La raison de cause primordiale n’exclut donc pas, d’après les principes théologiques des Pères grecs, qu’il y ait un coopérateur de cette cause, principe unique avec elle du Saint-Esprit. Mais, tout en reconnaissant la participation du Fils à la spiration du Saint-Esprit de la part du Père, l’ancienne théologie grecque ne dit pas que le Fils est l’alTi’a du Saint-Esprit pour éviter qu’on pût croire que le Fils soit un principe substantiellement distinct du Père, qui est le principe primordial des processions divines. Scheeben, op. cit., n. 880, p. 597. Nous pouvons donc conclure avec le cardinal Bessarion : « Si les latins, les Pères occidentaux et un bon nombre d’orientaux disent que le Saint-Esprit estèxllarpô ; /.ai l*toj, ilsne prétendent pas que le Fils soit cause primordiale, mais ils affirment l’identité de vertu. Quant au Damascène, visant surtout l’ordre, il écarte la cause primordiale, en tant qu’elle est signifiée par èv., et il emploie Sià lorsqu’il dit que le Saint-Esprit procède Scà -oO "l’ioO éx llaTpbc. Mais par cette formule qui signale l’ordre entre le Père et le Fils, il ne prétend pas nier l’égalité ou l’identité de la vertu de tous les deux. » De processionc Spiritus Sancti, P. G., t. clxi, col. 400. Cf. "Vekkos, De processionc Spiritus Sancti, 17, P. G., t. cxLi, col. 268, 269 ; Id., 7n Camateri animadversiones, 134-142, ibid., col. 581-597 ; Id., In lonuim Cyprii et novas ejusdem hxreses, orat. i, 7-10, ibid., col. 873880 ; là..De deposilione sua, orat. ii, 20, ibid., col. 996997 ; Constantin Méliténiot, De processionc Sancti Spiritus, orat. ii, 36, ibid., col. 1244-1248 ; Manuel Calécas, Adversus (jrœcos, 1. III, P. G., t. clii, col. 159163 ; Georges de Trébizonde, De processionc Spiritus Scmcli, 13, P. G., t. clxi, col. 792, 793 ; Allatius, De perpétua consensione, ii, 2, 7-12, col. 492-517 ; Vincenzi, op. cit., p. 64-71 ; de Régnon, op. c//., t. iri, p. 193-202 ; Bilz, op. cit., p. 164-175.

Les Pères latins.

« Lequel de nos saints et glorieux

Pères, dit Photius dans la Myslaç/ogie, a jamais enseigné que le Saint-Esprit procède du Fils ? >- n. 5, P. G., t. cil, col. 284. Il faisait allusion sans doute aux Pères grecs, lorsqu’il lançait cette audacieuse assertion. Nous avons vu qu’elle est démentie par les témoignages nombreux de la théologie trinitaire grecque du iv^ et du v*e siècle. Mais Photius n’a pas été si aflirmatif au sujet des Pères latins. Il a reconnu que les plus illustres docteurs de l’Église latine, tels que Jérôme, Augustin, Ambroise, n’ont pas anatliématisé le Filioque. Mais « qui nous assure, dit-il, qu’après une si longue série de siècles, leurs écrits n’aient pas été interpolés et altérés ? » Myslagogia, 71, 78, 81, col. 352, 360, 365. Marc d’Éphèse répétait les mêmes accusations et déclarait qu’il ne fallait pas en appeler à l’autorité des Pères latins pour résoudre la controverse du Filioque, parce que les écrits de ces Pères n’ont pas été traduits en grec, n’ont pas été approuvés par les con ciles et enfin parce qu’ils sont apocryphes et interpolés. Grégoire Maminas, Apoloi/ia contra Epitesii confessionem, P. G., t. clx, col. 69. Bessarion n’hésitait pas à qualifier d’absurde et ridicule cette échappatoire des théologiens de Byzance, serrés de près par les théologiens latins. Mansi, Concil., t. xxxi, col. 960. Piiotius, remarque justement Allatius, latinorum veliemens accusalor nusquam id tacuissel, si expositione vel unius codicis confirmare poluisset, romanos dicta de processionc Spiritus Sancti in Auqustini vel uliorum Putrum codicibus inscruisse. Et tamen per ilta tempora pleraque Auyusiini et aliorum in Oriente prostabant tum græce, tum latine. Hottingerus fraudis et imposluræ manifeste convictus, Rome, 1661, p. 308, 309. Cf. De Ecclesise occidenlalis utquc orienlalis perpétua consensione, Cologne, 1648, col. 886-902.

De nos jours, les théologiens orthodoxes reconnaissent que « saint Augustin, saint Fulgence et quelques autres écrivains latins au v^ et au vie siècle ont pu croire en réalité que le Saint-Esprit procédait du Père et du Fils, mais ils n’exprimaient qu’une opinion particulière, non pas la doctrine oflicielle de l’Église. » Macaire, op. cit., t. i, p. 341.Bieliæv cite saint Paulin, évêque de Noie, et saint Léon le Grand parmi les défenseurs de la procession du Saint-Esprit ab utroque. De l’union des Églises (en russe), Saint-Pétersbourg, 1897, p. 74. Mgr Sylvestre avoue que cette procession a été exposée de la manière la plus explicite par saint Augustin. Le Filioque serait, à son avis, une théorie augustinienne. Op. cit., t. ii, p. 546, 547, 549. Katansky partage l’opinion de ce savant théologien russe. La procession du Saint-Esprit, dans Khristianskoe Tchtenie, 1893, t. i, p. 401-425. Il suffirait de ces aveux pour nous dispenser de citer ici, à l’appui du dogme latin, les textes des docteurs et écrivains de l’Occident. Mais il est utile de les recueillir, parce que la théologie orthodoxe recule au ive siècle les origines du conflit doctrinal entre grecs et latins et s’efforce d’établir une opposition formelle entre les anciens docteurs de l’Église latine et ceux de l’Église grecque. Il est vrai, sans doute, que les Pères latins professent plus explicitement que les Pères grecs la procession du Saint-Esprit ab utroque, mais la formule ex Paire Filioque qu’ils emploient est grecque d’origine, et on saitque, pour ce qui concerne le Saint-Esprit, les Pères grecs ont été les maîtres des Pères latins. P. de Régnon, op. cit., t. iii, p. 99.

1. Les témoignages de saint Hilaire touchant le Filioque ne sont pas très nombreux, mais ils ont le mérite d’être très explicites. Le saint docteur affirme que le Père et le Fils sont les auteurs du Saint-Esprit : Spiritus Sanctus, Paire et Filio aucloribus, confilendus est. De Trinitate, ii, 29, P. L., t. x, col. 69. Pour le prouver, il cite les textes scripturaires qui nous présentent le Saint-Esprit comme l’Esprit de Dieu et l’Esprit du Fils ou du Christ. Rom., viii, 9, 11 ; Gal., IV, 6 ; Eph., iv, 30 ; I Cor., ii, 12. Le Saint-Esprit est l’Esprit de celui per quem omnia et de celui ex quo omnia. De Trinitate, xii, 55, col. 469. L’Esprit-Saint provient du Père et est envoyé par le Fils ; il provient du Père par le Fils unique. Ibid., 57, col. 472. Hilaire explique pourquoi la mission suppose l’origine éternel e de la personne envoyée de la part de la personne qui envoie. Advocatus véniel, et hune millet Filius a Paire, et Spiritus veritalis est qui a Paire procedit. Qui mitlit potestatem suam in eo quod mitlit ostendit. Ibid., viii, 19, col. 250. Ce pouvoir ne peut pas s’entendre en ce sens que le Saint-Esprit dépende du Fils comme une nature inférieure dépend d’une nature supérieure. Le Saint-Esprit dépend donc du Fils uniquement par son origine du Fils.

D’après saint Hilaire, Dieu n’a pas laissé les hommes dans l’incertitude touchant la question si le -801

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Saint-Esprit procède du Père ou du Fils. L’Écriture enseigne que l’Esprit-Saint reçoit du Fils : n Et je me demande, dit le saint docteur, si ce n’est pas la même chose, recevoir du Fils et procéder du Père. Car, si on croit qu’il y a une différence entre recevoir du Fils et procéder du Père, on sera au moins forcé de croire que même recevoir du Père et recevoir du Fils sont une seule et même chose. Ce que le Saint-Esprit recevra, que ce soit la puissance, ou la vertu, ou la doctrine, le Fils déclare que le Saint-Esprit le recevra de lui, et il déclare en même temps qu’il recevra aussi du Père. En effet, lorsqu’il affirme qu’il possède tout ce qui est au Père, il affirme qu’il recevra de ce qui est à lui, et il affirme aussi que tout ce qu’on recevra du Père, on le recevra aussi de lui, parce que tout ce qui est au Père lui appartient. Ce qui est donné par le Père est donc attribué au Fils, comme étant donné par le Fils, et ce que l’Esprit de vérité recevra du Père, le Fils déclare qu’il le recevra de lui-même. » De Triniiate, viii, 20, col. 250, 252. Le dogme de la procession du Saint-Esprit ail uiroque est contenu d’une manière explicite dans l’argument suivant : Quidquid Spiritus Sanctus accipiet, (i Filio accipiet ille millendiis, quia Filii sunt uniuersa quse Patris sunt. Ibid., col. 252. Cf. ix, 31, 73, col. 305, 340 ; Beck, Die Triiuldlslehre des hl. Hilarius von Poitiers, p. 243-246.

2. Un contemporain de saint Hilaire, Victorin l’Africain, dont la terminologie trinitaire laisse à désirer, voir de Régnon, op. cit., 1. 1, p. 236-241, affirme à plusieurs reprises la dépendance du Saint-Esprit du Fils par rapport à l’origine. « Jésus dit : Si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas sur vous. Il y a donc deux personnes, le Saint-Esprit qui provient du Fils et le Fils qui provient conrationalilcr du Père. » Aducrsus Arium, i, 12, P. L., t. viii, col. 1046. « Nous avons d’abord la vie, et de celui qui est la vie, jaillit l’intelligence. Orle Christ est la vie, et l’Esprit l’intelligence. L’Esprit reçoit donc du Christ, le Christ du Père, et par conséquent aussi l’Esprit du I*ère. » Ibid.,

14, col. 1048. Le Saint-Esprit parle par le Fils, a Filio loquitur, ibid., 55, col. 1082 ; c’est l’Esprit provenant du Christ, « Christo Spiritus, ibid., 15, col. 104) ; il reçoit tout ce qu’il a du Fils de Dieu, a Dei Filio omnia habet. Ibid., 16, col. 1050. Ces passages ne laissent aucun doute sur la pensée de Victorin. Le Saint-Esprit no procède pas immédiatement du Père. La vie divine, l’être divin passent en lui par l’intermédiaire du Fils.

3. Saint Ambroisc explique aussi d’une manière favorable au Filioque le texte de meo accipiet. « Ce quc le Fils a reçu par l’unité de nature, par la même unité le Saint-Esprit le reçoit du I-’ils. » De Spiritu Sancto, n, 12, 134, /’. L., t. XVI, col. 803. Voici encore un autre texte plus explicite : Sicul Pater jons vihe est, ila etiani Filium plcriquc jontem vitic memorarunt sir/ni pcalum ; co quod, apud te, inquil, Deus omnipotens, Fitius tuus Ions vitae sit, hoc est, fons vitæ Spiritus Sancti. Ibid., i,

15, 152, col. 769. Et dans le même livre : Spiritus quoque Sanclus, cum procedita Pâtre et Filio, nonseparatur a Pâtre, non separatur a Filin. Ibid., i, 11, 120, col. 762, 763. Il est vrai que ce rkTnicr texte se rapporte à la mission temporelle du Saint-Esprit, mais celle-ci ne saurait se concevoir sans la processioii éternelle. Remarquons que saint Ambroise emploie la même expression que saint.Mhanase : Le Fils csl la source de la vie du Saint-Esprit. S’il est la source de la vie du Saint-Esprit, il est aussi la source (avec le Père) tic son être.

4. Les textes de saint Augustin sur la jirocession du ^aint-Esprit ab utroque sont si nombreux fjue, pour éviter des redites, il faut se borner à citer les plus iniportanls. Ces textes n’exposent pasunsinijjle axiome cl ne sont pas simplement l’énoiuialion d’une vérité tirée <le l’Écriture sainte. Ils se rattachent à tout le système

liICT. DE TIIÉOL. CATIIOL.

trinitaire de saint Augustin, à un ensemble de spéculations qui tendent, autant qu’il est donné à nos forceintellectuelles, à éclairer le mjstère de la sainte Trinité. De Triniiate, ii, 5, 8, P. L., t. xlii, col. 824, 825. Mais on se tromperait fort si de ces spéculations, qui par nécessité logique aboutissent au Filioque, on voulait déduire que le dogme latin est une opinion théologique de saint Augustin. Le saint docteur distingue bien, dans la contemplation de la Trinité, le domaine des recherches personnelles, où il est obligé pcr quædam densa et opaca viam carpere, ibid., ii, 3, 6, col. 823, et le domaine de la foi immuable, du dogme révélé. La procession du Saint-Esprit ab utroque n’est pas pour lui une question de libre discussion : elle appartient au trésor de la foi, et de même qu’on doit croire que le Fils est engendré par le Père, on doit croire aussi que le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils. « La doctrine de la foi catholique touchant la Trinité est que le Saint-Esprit est à la fois l’Esprit du Père et du Fils. » Ibid., ii, 4, 7, col. 824 ; Episl., ccxxxviii, II, 14, P. L., t. xxxiii, col. 1043. C’est sur les données révélées que la théologie fonde cette profession de foi trinitaire : Pater principium non de principio ; Filius principium de principio, scd ulrumque sinnil, non duo, sed unum principium. Ncc Spiritum Sanclum ab utroque procedentem negabo esse principium. Contra Maximinum, xvii, 4, P. L., xlii, col. 7 84, 785. Il faut bien se garder cependant de croire que la profession de la foi catholique sur les processions divines rende clairs les mystères de la vie intime de Dieu. Nous avons une insurmontable difficulté à comprendre les textes qui se rapportent à la procession divine du Saint-Esprit, In Joa., tr. XCIX, 1, P. L., t. xxxv, col. 1886 ; nous ne sommes pas à même de saisir la différence entre naître et procéder en Dieu, et il serait téméraire de chercher à rendre claire notre ignorance. Ibid., 4, col. 1888. Maximin, évêciue arien, lui posait cette objection : « Le Fils est de la substance du I ère ; le Saint-Esprit aussi. Pourquoi n’. vous-nous donc pas un seul Fils ? » Que tu comprennes ou non, lui répond saint Augustin, voici mon explication. Le I ils provient du Père et le Saint-Esprit aussi : le Fil ? est engendré et le Saint-Esprit procède. Par conséquent, le Fils est le Fils du Père qui l’a engendré, le Saint-Esprit est l’Esprit de l’un et de l’autre, quoniam de utroque procedit. Le Père est l’auteur de la procession du Saint-Esprit, parce qu’il a engendré un tel F’iis, et en l’engendrant il lui adonné aussi le pouvoir de produire le Saint-Esprit : f/igncndo ei dedit ul eliam de ipso procederel Spiritus Sanclus. Contra Ma.timinum, xiv, 1, P. L., t. XLII, col. 770, 771 ; De fuie et sijnibolo, ix, 19. P. L., t. XL, col. 191.

Au point de vue de la spéculation théoiogiquc, saint Augustin ne cesse de répéter que le Saint-Esprit est l’Esprit du Père et du Fils, de tous les deux : Spiritus Sanclus non csl unius eoruni Spiritus, scd amborum. In Joa., tr. XCIX, 6, P. L., t. xxxv, col. 1888 ; Conira Muximinum, xiv, 1, P. L., t. xi.ii, col. 770 ; De Triniiate, XV, 26, 45, ibid., col. 1092. Il est l’esprit des deux, parce qu’il est l’amour, la dilection mutuelle du Père et du 1-ils, socielas dilcctionis, De Triniiate, iv, 9, 12, col. 896 ; unitas, sanctilas, c iritas canborum, ibid., vi, 5, 7, col. 928 ; communis cluiritas Patris et Filii, ibid., xv, 17, 27, col. 1080 ; communia quxiam consubstantiatis Patris et Filii, ibid., 27, 50, col. 1097 ; communilas Patris et Filii, Serm., lxxi, 12, 18, /’. L., t. xxxviii, col. 45 1 ; a Paire bono et Filio bono cfjusa bonilas, ibid., col. 454 ; socielas Patris et Filii. Ibid., 20, 33, col. 463, 464. Saint Augustin conçoit donc le Saint-Esprit comme l’amour mutuel du Père et du l’ils, il le considère comme le lien qui unit le Père et le Fils, re qui ramène î^i proclamer la dépendance d’origine du Saint-Esprit du Père et du Fils.

V. - 26

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Cette théorie du Saint-Esprit qui procède du Père et du Fils, parce qu’il est l’amour consubstantiel du Père et du Fils, est a|)puyéc par saint Augustin sur de nombreux passages du Nouveau Testament. li faut croire à la procession du Saint-Esprit ab ulroque, parce que l’Écriture ainrme que le Saint-Esprit est l’Esprit du Pèi-e et du Fils. « Le Fils est le Fils du seul Père ; le Père est le Père du seul Fils ; le Saint-Esprit n’est pas l’Esprit d’un seul, mais de tous les deux. Nous devons donc croire que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. » In Joa., tr. XCIX, 6, P. L., t. xxxv, col. 1888, 1889. Cf.Z>f (ii’ilale Dci, xr, 24, P. L., t. xli, col. 337 ; Serm.. ccxiv, 10, P. L., t. xxxviii, col. 1071.

Il est l’Esprit du Fils, parce cju’il ne parle pas de lui-inênic, mais il annonce ce qu’il entend de la part du Fils : Ab illo amlivil, audit et audiet a quo est : ab illo est a quo procedil. In Joa., tr. XCIX, 5, col. 1888. Inde audit, unde procelil. Contra sermonem arianorum, xxiii, 20, P. L., t. XLii, col. 700.

Le Saint-Esprit est l’Esprit du Fils, parce qu’il possède tout ce qui est au Père et par conséquent reçoit la vie du Père. « Le Saint-Esprit ne procède pas du Père dans le Fils, et du Fils dans le monde pour le sanctifier. Il procède en même temps de l’un et de l’autre : simut de utroquc procéda, bien que le Père ait accordé au Fils que le Saint-Esprit procède de lui, comme il procède de soi-même. Car nous ne pouvons pas aflirmer que le Saint-Esprit ne soit pas la vie, puisque le Père est la vie et que le Fils est la vie. Mais puisque le Père possède la vie en soi-même, il a aussi accordé au Fils d’avoir la vie en lui-même, et il est la cause qui fait que la vie du Saint-Esprit procède du Fils, comme elle procède de lui-même. » In Joa., tr. XCIX, 9, col. 1890. Ce texte a été inséré dans le XVf^ livre De Trinitate, Tl, 48, P. L., t. xLii, col. 1095. Si le Père n’avait pas donné au Fils une partie de ce cju’il possède, Jésus-Christ nous aurait trompés en disant cjue tout ce qu’a le Père est ù lui. Le Père a donc donné au Fils d’être le principe de la vie du Saint-Esprit. Contra Maximinum, XIV, 7. 9, col. 774, 770. Si quidquid habet, de Pâtre liabcl Fitius, de Pâtre habet ulique, ut et de itto procédât Spirilus Sanctas. De Trinilalc, xv, 26, 47, P. L., t. XLii, col. 1094 ; Contra sermonem arianorum, xxxiv, 32, ibid., col. 706 ; Coltatio cum Ma.vimino, 11, 13, ibid., col. 714, 710, 717.

Le Saint-Esprit procède du Fils, parce que le Fils le donne aux apôtres : Accipite Spiritum Sanctuni. « Pourquoi ne devrions-nous pas croire cjue le Saint-Esprit procètle du Fils, puisqu’il est l’Esprit du Fils ? S’il ne l>rocédait pas du Fils, après sa résurrection, il n’aurait pas apparu aux apôtres et ne leur aurait pas dit, soufflant sur eux : Recevez l’Esprit-Saint. Joa., xx, 22. Cette action de souffler nous indique ciue le Saint-Esprit procède du Fils. » 7/i Joa., tr. XCIX, 7, P. L., t. xxxv, col. 1889. Par ce souffle, il montrait ouvertement ce qu’il donnait par sa spiration.dansle secret de la vie divine : aperte ostendebat flando, quod spirando dabal occulte. Contra IIa.viminum, xiv, 1, P. L., t. XLii, col. 770. Lorsque le Fils dit cpie l’Esprit procède du Père, il déclare aussi qu’il procède de ulroque. Car il dit aussi : Recevez le Saint-Esprit. De Trinilate, XV, 26. 45, ibid., col. 1093.

Il procède du Fils, parce qu’il est donné, envoyé par le Fils aussi bien cjue par le Père : missus ab ulroque. Serm., ccxii, 1, P. L., t. xxxviii, col. 1059. En tant qu’il est accordé aux apôtres comme un don de Dieu, il présuppose son origine du Père et du Fils, De Triniicde, V, 15, 10, col. 921, sempiierne Spirilus donum, temporalilcr autem donatum. Ibid., col. 912 ; xv, 13, 36, col. 1086.

La mission temporelle ne peut se concevoir sans la procession éternelle. « Du Père seul on lit qu’il n’est p.is envoyé, parce que le Père seul n’a pas de cause,

de principe qui l’ait engendré, ou de qui il jirocèdc. Par conséquent, du seul Père on dit qu’il n’est pas envoyé. » Contra sermonem arianorum, P. L., t. xlii, col. 686. Si le Saint-Esprit est envoyé par le Fils, il se rapporte au Père et au Fils, comme l’Esprit de tous les deux, Episl., ccxxxviii, 15, P. L., t. xxxiii, col. 1044 ; De Trinilate, iv, 20, 29, P. L., t. xlii, col. 208, nous devons en conclure quod a Pâtre procedil et Filio. Ibid., col. 908 ; In Joa., tr. XCIX, G. col. 1889.

A l’exemple des Pères grecs, tout en aflinnant la procession du Saint-Esprit du Fils, saint Augustin proclame que le Père est la cause primordiale de cette procession, que le Saint-Esprit procède principaliler du Père. " J’ai ajouté principalement, dit-il, parce que le Saint-Esprit procède aussi du Fils. Mais le Père lui a donné cela même, non comme à quelqu’un exis tant déjà et ne possédant pas encore ce pouvoir, mais comme tout ce cfu’il a donné au Verbe Fils unique, c’est-à-dire par l’acte même de la génération. Il l’a donc tellement engendré, que du Fils aussi procèd le I don commun et cjue le Saint-Esprit est à la fois l’Esj prit de tous les deux. » De Trinilate, xv, 17, 29, col. ! 1081. Spirilus Sanctus principaliler de illo procedil de quo natus est Filius et cum quo illi communis est idem

Spirilus. Serm., lxxi, 16, 26, P. L., t. xxxviit, col.

459.

! Enfin, saint Augustin prévoit et réfute à plusieurs reprises l’objection qui, depuis Photius.est ressassée par tous les théologiens orthodoxes : Si le Suint-Espril procède du Fils aussi bien que du Père, nous aurions deux principes distincts dans la Sainte Trinité. « Le Père et le Fils, répond saint Augustin, ne sont pas deux principes du Saint-Esprit, mais un seul principe. De même que le Père et le Fils sont un seul Dieu et par rapport aux créatures un seul créateur et un seul Seigneur, ainsi, par rapport au Saint-Esprit, ils ne sont qu’un seul principe et, par rapport à la création, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu’un seul créateur et un seul Seigneur. » De Trinilate, v, 13, 14, col. 920 ; Encurcdio in ps. t /.v, 13, P. L., t. xxxvii, col. 1457.

Cette riche moisson de textes, auxquels on pourrait en ajouter beaucoup d’autres, nous dispense de prendre au sérieux les objections de Zoernikav, qui range saint Augustin au nombre des adversaires du dogme latin. Op. cit., p. 357-375.

5. Un fidèle disciple de saint Augustin, saint Fulgence de Ruspe, n’est pas moins explicite que son maître, touchant la procession du Saint-Esprit du Fils. Cette procession est pour lui une vérité de la foi catholique, une vérité que nous devons professer avec la plus grande fermeté : Firmissime Icnc et nulUdenus dubites eumdem Spiritum Sanclum, qui Pcdris et Filii unus Spirilus est, de Paire et Filio proccdere. De flde ad Petrum, 9, 52, P. L., t. lxv, col. 696. Elle s’appuie sur les témoignages de l’Écriture : Is., xi, 4 ; Joa., xiv, 6 ; XV, 26 ; II Thés., ii, 8 ; Apoc, i, 16. Elle appartient au trésor de la foi, et ce qui est contraire à ce trésor doit être évité comme la peste : tanquam pestem fuge. Ibid., 44, 85, col. 705. L’Esprit-Saint procède du Père et du Fils, et ce serait une folie, démentis est dicere, qu(î de nier cette vérité. De Trinilate, ii, ibid., col. 499. Le Saint-Esprit ne procède pas du Père seul, ni du Fils seul ; il procède de ulroque, Contra Fabicmum, xxvii, ibid., col. 783 ; il procède naturellement du Fils. Ibid., XXIX, col. 797. Totus de Paire procedil et Filio. Ep : st. ad Ferrcmdum, 28, ibid., col. 418. Il procède du Père qui engendre et du P^ils engendré ; il n’est ] as né du Père, et il n’a pas engendré le I-’ils, sed a Paire Filioquc processit. De incarmdione Filii, 3, 4, ibid., col. 5 5. Et le Fils est l’auteur du Saint-Esprit avec le Père, parce qu’il est en tout semblable au Père, Contra Fabiamim. XVIII, col. 770, 771 ; parce que le Saint-Esprit reçoit de

lui et entend de lui : hoc est Spiritai Sanclo aiidire, quod est de natura Patris Filiique procederc. Ibid., xxv, col. 780, 781 ; xxvii, 781-784. S’il est envoyé par le Père et le Fils, nous pouvons dire qu’il procède du Père et du Fils : Spirilus Sanctus a Pâtre et Filio legitur missus, quia a Paire Filioque procedit. Ibid., xxix, col. 797. Le Saint-Esprit se rapporte donc au Père et au Fils. Epist. ad Ferrandum, 9. col. 400. Le Père est l’auteur (cause primordiale) du Fils et du Saint-Esprit, mais le Saint-Esprit procède toujours du Père et du Fils : de Paire Filioque procedil. Contra Fabianum, XXXV, col. 824. Il est aisé de voir par ces passages que saint Fulgence, à la fin du Vsiècle, parlait exactement le langage théologique de l’Église romaine de nos jours. N’est-il donc pas étrange de rejeter le Filioque comme une nouveauté de la scolastique latine ?

G. Saint Eucher de Lyon enseigne, au V^sièclc, que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, velut quædam Patris Filiique concordia. Instructiones ad ^alonium, I, P. L., t. L, col. 774.

7. D’après saint Léon le Grand, le Saint-Esprit est commun au Père et au Fils. Serm., lxxv, 3, P. L., t. Liv, col. 402. Il est l’Esprit du Père et du Fils. Serm., Lxxvi, 2, col. 404. Dans les manuels de théologie catholique, on cite un autre passage très explicite, tiré de la lettre xv « de saint Léon ad Turribium Asturicensem : Spirilus qui de utroque processiꝟ. 1, ibid., col. 681. Mais il est à peu près sûr aujourd’hui que cette pièce est apocryphe et qu’elle a été fabriquée en Espagne en 503. Kunstle, Anlipriscillianu, p. 117-126.

8. Dans le 1. l, De ecclesiasticis dogmatibus, Gennade de Marseille déclare que le Saint-Esprit n’est pas le Fils, parce qu’il n’est pas engendré ; qu’il n’est pas le Père, parce qu’il n’est pas inengendré ; qu’il n’est pas une créature, parce qu’il n’a pas été tiré du néant. Il procède de Dieu le Père et de Dieu le Fils : ex Dec Paire, et Deo Filio Deus procedens. P. L., t. lviii, col. 981.

9. Saint Avlt, évêque de Vienne en Dauphiné, a écrit un ouvrage De divinitate Spirilus Sancli, dont quelques fragments sont insérés dans la P. L. Ils se rapportent à la procession du Saint-Esprit. A’os dicimus, déclare le saint évêque, Spirilum Sanclum a Filio et Paire proccdere. La foi catholique enseigne cette procession. Le Saint-t-lsprit est l’Esprit du Père et du Fils : c’est pour cela qu’il est envoyé par le Père et le Fils. /’. L., t. lix, col. 385, 386. Voir t. i, col. 2042.

10. Dans un de ses poèmes à saint l’éli.v de Xole, saint Paulin, évêque de la même ville, alllrme que .Jésus-( ; iirist répand ses dons célestes, le Saint-Iîsprit ((ui procède du Fils unique et du F^èrc : Spirilum ab unif/ena sanctum, et Paire procedenlem. Carmen, xxvii, 93, /’. L., t. Lxi, col. 650.

11. Paschasc diacre (vie siècle) est l’auteur d’un traité sur le Saint-Esprit, où il écrit : Spirilus Scuiclus et Pilris et Filii esse Spirilus dcclaratur. et mcrilo proccdere ex utroque dignoscitur. De Si>irilii.Siuiclo, i, 10. /’. L ; t. i.xii, col. 21 : « , col, 17. Le Père par le Fils répand l’crrusion du Saint-Esprit, qui est envoyé par le Père et le Fils et procède de la substance de tous les deux. Ibid-, 11, 12, col. 22, 2.3.

12. Dans le traité sur la Trinité de Vigile de Tapse, on aflirnie l’équivalence des deux passages seripturaires : De Paire procedil, et De mco accipiel. De Trinilale, i, P. L., t. i.xii, col. 241.

1 i. Dans une lettre de saint Horniisdas. pape, à l’empereur Justin, le Saint-Esprit estdil procéder du Père et du Fils sub una subslnnlia deitalis. FpisL, Lxxix. ad Juslinum, P. L., t. Lxiri. col. 51 1.

14. Dans son livre sur)a Trinité. Boèce écrit : lia cogilrmiis processisse quidem ex Dca Paire Filium Dcum et ex utrisquc Spirilum Scmclum. De Trinilale,

V. P. L., t. Lxiv, col. 1254. Le Saint-Espilt est l’Esprit du Père et du Fils : le Père et le Fils ont à l’égard du Saint-Esprit la même relation. Ibid., vi, col. 1255.

15. Agnel de Ravenne affirme que le Fils provient du Père et que le Saint-Esprit ex Pcdrc et Filio procedil ; qu’il est la vertu procédant du Père et du Fils. De ralione fldei ad Armenium, P. L., t. lxviii. col. 383.

16. Saint Grégoire le Grand fournit un bon nombre de textes, où il est question de la procession du Saint-Esprit du Fils. Le Saint-Esprit est l’Esprit utrorum. Moral., XXX, 4, P. L., t. lxxvi, col. 534 ; Jé.sus-Christ répand dans le cœur de ses disciples le Saint-Esprit, qui a se procedil. Ibid., i, 22, P. L., t. lxxv, col. 541. Le Saint-Esprit profertur per substantiam ex Clirislo. Ibid., II, 56, 92, col. 599. Il procède du Père et reçoit du Fils. Ibid., v, 36, 65, col. 715. Le saint pape définit en ces termes la mission du Saint-Esprit : Missio Spirilus Sancli processio est qua de Paire procedit et Filio. Homil. in Evang., ii, 26, 2, P. L., t. lxxvi, col. 1198. Le 1. II des Dialogues du saint docteur renferme un texte très explicite : Paracletus Spirilus a Pcdre semper procedit et Filio. Dial., ii, 38, P. L., t. lxxvi, col. 204. On sait que cet ouvrage a été traduit en grec par saint Zacharie, pape. Dans la version grecque, les mots pro’cedil et Filio ont été remplacés par les mots : èv tû Yùô v.3.i.iMii. Ibid., col. 203. Jean Diacre accuse les grecs d’avoir supprimé ce témoignage : Astuta græcorum perversiliis, in commemorationc Spirilus Sancli <i Paire procedentis, nomen Filii suaplim radens abstulit. Vila S. Gregorii Magni, iv, 75, P. L., t. lxxv, col. 225 ; t. Lxxvii, col. 145, 146.

17. La divinité, déclare Cassiodore, appartient au Père, qui, dès le commencement, avant les siècles, a engendré le Fils ; elle appartient au Fils, qui a été engendré par le Père, naturaliter ; elle a])partient au Saint-Esprit, quod a Paire et Filio procedil. Expositio in ps. L, P. L., t. Lxx, col. 366, 367.

18. D’aprèssaint Isidore de Séville.leSaint-Espritest appelé Dieu, quia ex Paire Filioque procedit et substantiam eorum habct. Etym., vii, 3, 1, P. L., t. lxxxii, col. 268. Ce texte a été inséré par saint Ildefonse de Tolède dans son Liber de cognitionc baptismi, 55, P. L., t. xcvi, col. 134.

Conclusion. — Les textes que nous avons cités montrent à l’évidence que, depuis TcrLullicn jusqu’à la fin du VII'e siècle, la théologie latine n’a point subi de variations dans sa croyance à la procession du Saint-Esprit du Fils. Cette proccssion n’a pas été pour elle une opinion tliéologique, qui soulevait les discussions des théologiens. Ses docteurs les plus illustres en parlent comme d’une vérité de la foi catlioli((ne, la théologie Irinitaire grecque du iv siècle leur fournissait les arguments pour arriver à cette conclusion. Cette identité de doctrine entre les Pères grecs et les Pères latins nous perniet d’adirmer le caractère dogmatique de la procession du Saint-Esprit ab utroque. Il faut se rappeler, dit le cardinal Dessarion, que les Pères ne professent pas des opinions discordantes. L’uniformité de floctrine est nécessaire pour le bien de l’Église, et nous ne serions plus chrétiens, nous ne pourrions plus sauvegarder les principes de la foi catholique, s’il y avait désaccord entre les Pères. Les Pères latins professent de la manière la plus claire et la plus explicite que le Saint-Esprit procède du Fils et qu’il a, comme principe unique, le Père et le Fils. Les Pères orientaux aussi bien que les occidentaux soutiennent la même doctrine, car ils professent que le Saint-Esprit procède du Père par le i-"ils, qu’il procède du Père et du Fils et de tous les deux. En disant cela, ils sont donc d’accord avec les Pères latins et ils expriment la même vérité, parce que les uns et les autres parlent sous l’inspiration d’un seul et même Esprit, Oral, dogmalica, ix, /’. G., t. CLXi, col. 606, 007.

807 ESPRIT-SAINT 808

Ce qui résulte du ti’inoifinage de ces Pères est avant tout raucienneté du dogme latin. Les thiéologiens ortliodoxes paraissent l’oublier, lorsqu’ils appellent le Filioqiie une nouveauté hérétique : v.atvotouia aip£Ti/.r, . Palinieri, Theokxjia doymatica orlhodoxa, Florence, 1911, t. i, p. 340. Ki toutefois cette nouveau^était commune en Orient et en Occident plusieurs siècles avant que Pholius prit à cœur d’informer le monde grec que l’Église latine était décline de la vraie foi catliolique. Et il faut ajouter qu’elle n’avait pas soulevé de protestations de la théologie trinitaire grecque depuis le iv jusqu’au viii'e siècle. Pour la rejeter, les théologiens grecs qui vécurent avant Photius, de même que ses partisans, auraient dû renier les textes explicites des Pères, qui, d’après Nealy, sont favorables aux Latins, A hislorij of the holij castern Church, Londres, 1850, t. II, p. 1131, et en même temps condamner les principes théologiques des Pères grecs du ivsiècle.

Il existe, nous le reconnaissons, une manière différente de s’exprimer entre les Pères grecs et latins au sujet de la procession du Saint-Esprit. Par conséquent, une étude approfondie de la controverse théologique du Filioque exige au préalable une connaissance exacte de la terminologie trinitaire grecque. La pensée des Pères grecs du ive siècle gagnerait à ttre développée à la lumière des principes qui sont la base de leur théologie trinitaire. Mais une étude pareille n’entre pas dans le cadre d’un article du Dictionnaire, et d’ailleurs, elle serait plus à sa place dans un travail scientifique sur la Trinité. Nous nous sommes donc borné à suivre la méthode des adversaires du Filioque, et les témoignages que nous avons puisés dans les écrits des Pères suflisent largement à montrer que l’Église latine n’a point innové, en définissant que le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils.

Théodiilphe d’Orléans (ix’siècle) a été le premier à recueillir les textes des Pères grecs et latins favorables au dogme catholique du Filioque. De Spiritu Sanclo, P. /.., t. cv, col. 239-276. Une riche moisson des textes des Pères grecs et de quelques Pères latins est contenue dans deux écrits du patriarche Vekkos : Rejiilationes adversiis Andronici Camaieii super scripto tradilis testimoniis de Spirilu Saneto animadversiones, P. G., t. CXLI, col..’J95-f)12 ; Epigraphse sive priescriplioiies in dicta ac sententias sanctorum Patrum a se collectas de processione Spiritus Sancti, ibid., col. 613-724. Voir Petau, De Trinitatc, vii, 3-18, Dogmala théologien, Paris, 1865, t. iii, p. 274-414 ; Thomassin, Dogmata tlieologiea. De Trinitate, 29-31, Paris, 1868, t. v, p. 48U510 ; Klee, Katholische Dogmedil ;, JMayence, 1844, t. i, p. 177185 ; Franzclin, De Dca trino, Rome, 1895, p. 444-482 ; Heinrich, Dogmalisclie Théologie, Maycnce, 1885, t. iv, p. 389415 ; de Régnon, Études de tliéologie positive sur la sainte Trinité, Paris, t. iii, p. 3-283 (nous lui avons emprunté la traduction française de plusieurs textes des Pères). Pour les théologiens orthodoxes, l’arsenal des te.xtes contraires au Filioque est l’ouvrage de Zoernikav, traduit en grec ; et annoté par Eugène Roulgaris : Tli’A t ;  ;  : Iz-oçiOtriu ; t.ù Hiia-j IlvciiiaToç £x (Jiovoj Toû ic-f, , :, Saint-Pétersbourg, 1797, t., i, p. 1-397. Voir aussi Prokopovltch, Traclatus de processione Spiritus Sancti, Gotha, 1772, p. 39-151 ; Macaire, Pravos. lavno-dogmatitcheskoe bogosloide, Saint-Pétersbourg, 1895, t. I, p. 302-343 ; Sylvestre, Opy/ pravos Uwnagodogmatitchestiago bogosloviia, Kiev, 1892, t. ii, p. 438-489.