Dictionnaire de théologie catholique/CANISIUS (Le B. Pierre)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.2 : CAJETAN - CISTERCIENSp. 99-114).

CANISIUS (Le B. Pierre), premier jésuite allcen distingué e( insigne promoteur de la réforme ecclésiastique au xvie siècle. —
I. Notice biographique.
II. Écrits.
III. Caractéristique.

I. Notice biographique.

La vie du saint que fut Canisius comporterai ! des développements qui ne rentrent pas dans le cadre du présent article ; il ri’question que du théologien et de l’apôtre, dans la me m iû li’i' " rôles se compénètrent.

Préparation de l’apôtre, 1521-1548. —

Pierre Canisius naquit à Nimègue, en Gueldre, le 8 mai 1521,

l’année même où Luther brisa définitivement avec Rome, et où le futur fondateur de la Compagnie de Jésus, Ignace de Loyola, blessé sous les murs de Pampelune, dit adieu au monde. Le père du Bienheureux avait été plusieurs fois bourgmestre de sa ville natale et honoré par d’importantes missions à la cour de divers princes. Sur l’orthographe multiple et l’origine incertaine du nom de famille des Canis, voir O. Braunsberger, Reati Pétri Canisii epislulse et acta, t. I, p. 70. Un souvenir d’enfance, rapporté par le Bienheureux au 1. I er de ses Cotifessions, exerça toujours sur son âme une vive impression : sa mère Égidie van Houweningen, sur le point de mourir, adjura les siens de rester invio-Iablement fidèles à la foi de leurs pères. Après avoir reçu d’abord à Bois-le-Duc, puis à Arnheim, une éducation littéraire et religieuse soignée, Pierre, âgé de quatorze ans, alla compléter ses études à l’université de Cologne. Ses études de philosophie eurent pour couronnement le grade de maître es arts, conquis le 25 mai 1540. Ordonné diacre le 20 décembre 1544, il devint, le 26 juin de l’année suivante, bachelier en théologie, et commença dès lors à donner des leçons d’Écriture sainte à l’université ; en même temps il s’exerçait à la prédication et préparait des éditions ou des traductions d’ouvrages théologiques. En juin 1546, il reçut la consécration sacerdotale.

Dans cette vie de Canisius à Cologne, trois circonstances méritent d’être relevées pour l’inlluence qu’elles eurent sur sa formation morale ou la suite de sa vie. D’abord, la direction dévouée et vigilante d’un saint prêtre, Nicolas van Esche, auteur d’exercices de théologie mystique, jointe à des relations intimes avec les chartreux, notamment le prieur Jean Landsperge et le futur hagiographe Laurent Surius. Dans ce milieu, Canisius n’entra pas seulement dans une voie de haute perfection, attestée par le vœu de chasteté perpétuelle qu’il fit le 25 février 1540 ; il s’adonna encore, suivant l’expression de Sacchini, à la théologie mystique. De là son premier ouvrage, une traduction allemande des œuvres de Tauler. Une seconde circonstance fut plus décisive : au début de 1543, Pierre allait trouver à Mayence le B. Pierre Lefèvre, l’un des premiers compagnons de saint Ignace, faisait sous sa direction les Exercices spirituels, et le 8 mai devenait la première recrue de la Compagnie de Jésus en Allemagne. Evénement qu’un auteur protestant considère à bon droit « comme très important pour toute l’Allemagne et son avenir religieux ». P. Drews, Petrus Canisius, der erste deutsche Jesuit, in-8°, Halle, 1892, p. 10. La troisième circonstance est d’un autre ordre ; elle lit faire au Bienheureux un apprentissage de ce qui sera plus tard un de ses plus délicats ministères. Les catholiques de Cologne étaient en lutte ouverte avec leur archevêque, llennann de Wied. circonvenu par les novateurs. Canisius fut chargé à trois reprises différentes de plaider la cause du catholicisme : une première fois, en août 1545, auprès de l’empereur Charles-Quint de passage à Cologne ; une seconde, trois mois [dus tard, auprès du même prince dans les Pays-Bas j une troisième, en décembre 1546 et janvier 1547, auprès de 1 evêque de Liège, Georges d’Autriche, oncle de l’empereur, puis auprès du monarque lui-même, qu’il vil à (Jim. Epist., t. i, p. 162. 164, 234. Le résultai final répondit aux souhaits des catholiques : Charles-Quint confirma la déposition de l’archevêque apostat, et son remplacement par un digne prélat, Adolphe de Schauenbourg.

Canisius ne retourna pas à Cologne. Un personnage, dont l’estime et la protection seront bientôt son plus ferme appui, Othen Truchscss, cardinal d’Augsbourg, le députa au concile de Trente. Il arriva, vers la mi-avril, a Bologne où le concile venait d’être transféré, et prît part aux travaux des théologiens. Son rôle fui secondaire ; il aida les Pères Laynez, Salmcron et Le.lay dans

la préparation de décréta dogmatiques, el dani

régations particulières du 23 avnl ei du 8 mai, émit deux rotes but des ai Li< li i relatif nents

de pénitence et de mariage. Epis t., t. i, p. 684, S. Merkle, Concilii Tridenlini diariorum part prima, Fribi en-Brisgau, 1901, p. 632, 644, 646, 649. Du reste, semblée de Bologne fui bientôt dissoute, el saint Ignace lit venir le Bienheureux à Rome ; il voulait mettre lui-même la dernière main à la formation d’un sujet si in, cieui pour l’avenir de son ordre en Allemagne. Cinq mois après, en mars 1548, il l’envoya enseigner la rhétorique à Messine ; mais dès l’année suivante, il le rappelait, recevait à Rome sa profession solennelle, le | septembre 1549, el comblait enfin ses plus cherdésirs en lui assignant définitivement l’Allemagne comme champ d’apostolat ; il devait se rendre à l’université d’Ingolstadt. Canisius partit, encouragé par la bénédiction du vicaire de Jésus-Christ et portant en son Ame. comme l’attestent ses notes intimes, la terne’conviction d’une grande œuvre à accomplir. Sur le désir de saint Ignace et pour pouvoir se présenter sans désavantage devant les champions humanistes de la Réforme, il subit à Bologne, avec ses deux compagnon-, Salmeron et Le Jay, l’épreuve du doctorat en théologie. Epist., t. i, p. 53, 685.

2° Apostolat de Canisius en Allemagne, 1519-1580. — Ces trente années marquent le point culminant dans la vie du Bienheureux ; elles comprennent tout le temps qu’il passa en Allemagne depuis son arrivée à Ingolstadt, en novembre 1549, jusqu’à son départ pour la Suisse, à la fin de 1580. Années pleines, où Canisius apparaît tour à tour, ou même à la fois, éducateur de la jeunesse. prédicateur et missionnaire, organisateur et soutien de son ordre, conseiller et directeur de princes, champion du catholicisme dans les diètes de l’Empire, nonce des papes, puhliciste. Mais dans cette vie si variée, une idée domine, qui en fit l’âme et l’unité : opposer à la prétendue réforme des novateurs un mouvement de vraie et salutaire réforme religieuse, pour consolider la foi catholique dans les territoires restés fidèles à Borne, et faire de ces contrées un rempart contre le protestantisme qui menaçait d’envahir l’Allemagne entière. Aussi protestants et catholiques ont-ils souvent caractérisé l’œuvre de Canisius en lui donnant le nom de Contreréforme.

L’œuvre était urgente. Quelques années plus tard, dans une lettre au cardinal Truchsess, Canisius émettait cette pensée, en parlant de l’Autriche et de la Bavière : si ces deux pays les plus importants, sinon les seuls où le catholicisme subsiste encore, tombent au pouvoir des hérétiques, c’en est fait de l’Église d’Allemagne. Epist., t. I, p. 596. Et que de sujets île crainte il éprouvait en voyant le terrible contrecoup que la prédication du nouvel Évangile avait eu dans ces pays ! Pour avoir un tableau vivant de l’anarchie morale et religieuse qui régnait dans les centres où s’exerça l’action du Bienheureux, il suffit de parcourir les nombreuses lettres que d’Ingolstadt, de Venue, de Prague, de Cracovie. d’Augsbourg et autres lieux, il écrivit aux généraux de son ordre ou à ces grands cardinaux, Othon Truchsess et Stanislas Hosius, dont il fut le zélé collaborateur et l’intime confident. Banles universités et les écoles, une jeunesse licencieuse el -ans goût pour l’étude ; des maitres imprégnés souvent de luthéranisme ou laissant libre carrière a la dillusion des livres hérétiques. Bans le peuple, la négligence des pratiques les plus vitales du catholicisme, le mépris pour l’autorité des pasteurs et

de l’Église et. comme conséquence, une ignorance profonde il des tendances anticatholiques qui se traduisaient par des demandes impérieuses, comme celle de la communion sous les deux espèces. Dans le clergé, plus de discipline ni de respect pour la lui du célibal ecclésiastique, l’ignorance atteignant la aussi des pro ibles, la rai faisanl que

jp di pai’"’"'

par des prétn - hi n tiqui -’catholiques, menacés par li tirs ennemis pr<

t peu soub nus par la uobl le leurs pro]

États, beaucoup de timidité et d’indécision ; de là une politique louvoyante, tonte de compromis et de i

ins, qui tournait finalement à des

novateurs..Même attitude, ou à ; d in

princes ecclésiastiques, ti m< nt lél

toujours gênés dans leui par l’élément

hétérodoxe de leurs diocèses et la résistance qu’ils trouvaient dans leur clergé,

Voir le résumé des lettredu Bienheureux danpréfaces des Epistulæ, t. I. p. xxxv : t. il, p. xx ; t. ni. p. xix. Cf..lanssens, L’Allemagne et la Réforme, trad. E. Paris, t. iv, p. 101 sq.

Sans s’effrayer de ces difficultés multiples, mais fort de la mission qu’il avait rec ne. Cani-ius se mit a l’œuvre

une confiance sans lorries, et il poursuivit l’i i prise avec une énergie de 1er ; il la pour-uivit surtout avec une intelligence parfaite des circonstances où il vécut et des moyens à prendre. C’est là ce qui mérite de fixer l’attention, beaucoup plus que les détails de sa laborieuse carrii re.

3 u Action.> « / la jeunesse ; réforme des universités, fondation de collèges et de séminaires. — Parmi les moyens propres à consolider ou réveiller la foi des catholiques, Canisius mettait au premier rang la bonne éducation de la jeunesse, tantum facit » " l « i et eatholica educatio. Par là. il entendait la double formation du cœur et de l’esprit, la vertu et la science, vital sinceritos cum sancta éruditions conjuncta. Epist., t. i, p. 326 ; t. il, p. 130. Bans ses lettres au P. Lefèvre, il se plaint de l’insuffisance des études à l’université de Cologne. Les circonstances le servaient à souhait, en lui donnant Ingolstadt pour premier théâtre de son apostolat ; car. en demandant des jésuites à saint Ignace, le duc de Bavière. Guillaume IV. avait eu principalement en vue la réforme de l’instruction publique dans ses États. Tant qu’avait vécu Jean Eck, le grand antagoniste de Luther, l’université d Ingolstadt était restée le boulevard du catholicisme et de l’ancienne formation en Allemagne ; après sa mort, arrivée en 1543, la décadence avait été rapide, pour les études comme pour la discipline. La campagne faite par les novateurs contre la scolastique avait eu pour conséquence l’affaiblissement des études théologiques, alors même qu’elles étaient plus nécessaires que jamais : collapsa nimirvm th, ologise. studia. qux nunc florere polisi : rtneeat.

Et il suffit de lire une lettre que le Bienheureux adressa, le 30 avril 1551, a un professeur de CoK [ pour voir que dans ces éludes il faisait a la scolastique sa bonne place : non omissa eliam illa theologim parte, quam scholasticam appellamus, et hoc tempore m sariam ducimus, ne alioquin hsereticorum sophitmata, g use passim occurrunt, non satis a nobis discerna repellique possint. Epist., t. i. p. 336, 366.

Canisius passa un peu plus de trois ana Ingolstadt, du 13 novembre 1549a la fin de février 1552. Il enseigna la théologie, prêcha en ville et à l’université, fut recteur du 18 octobre au 24 avril 1551, et remplit pendant plusieurs mois les fonctions de pro-cbancelier. Toute son influence tendit a relever les études. <n

même temps que la discipline et la piété, afin d.

parer à l’Église d’Allemagne une génération de pn dignes de ce nom. Voir les tlonumenta Ingolstad Canisii, danEpist., t. i. p. 686 sq. Quand il partit, l’ouvre de la reforme n’était que commencée, mais elle -e poursuivi) sous sa direction et avec - ration.

Les conseils qu’il donna, en particulier une note qu’il rédigea sur la fin de 1555, servirent dans la rédaction des nouveaux statuts de l’université, qui se fit en 1563.

Deux articles trahissent surtout son influence : réintroduire dans l’école la dialectique d’Aristote ; ne pas admettre de professeurs publics qui n’appartiennent à l’ancienne croyance. Ibid., t. i, p. 582 ; t. iii, p. 682 ; cf. C. Prantl, Geschichte der Lvdwig-Maximilians-Vniversitât in Ingolstadt, Landshut, Mùnchen, 2 in-8°, Munich, 1872, t. il, p. 195 sq. ; Pachtler, Ratio studiorum et institutiones scholasticm Societatis Jcsu per Germaniam olim vigentes, Berlin, 1887, 1890, t. I, p. 355 ; t. iii, p. 480.

A Vienne, où il arriva le 9 mars 1552, Canisius porta le même esprit. Attaché à la faculté de théologie comme professeur, puis doyen en octobre 1553, il fut à l’université l’adversaire déclaré de l’hérésie et de ses tenants. Epist., t. i, p. 732 sq. Les documents qui nous restent ne permettent pas de préciser quelle part il eut dans la réforme opérée par Ferdinand I er, alors roi des Romains ; mais il est certain qu’il ne fut pas étranger aux délibérations où le plan de réforme s’élabora, et que parmi les nouveaux statuts publiés le 1 er janvier 1554, quelques-uns témoignent de son influence personnelle ; tels les articles 17 et 18, qui concernent la bonne tenue des maisons d’étudiants et le contrôle des nouveaux livres. Ibid., p. 740 ; R. Kink, Geschichte der kaiserlichen Universitàt zu Wien, in-8°, Vienne, 1854, t. ii, p. 62. L’université de Vienne a conservé le /îom du Bienheureux parmi ceux des personnages qu’elle s’honore plus particulièrement de compter au nombre de ses illustrations.

Le 7 juin 1556, Canisius fut nommé premier provincial de la Compagnie de Jésus pour l’Allemagne, l’Autriche et la Bohême. Cette charge étendait le champ de son influence ; désormais il pouvait poursuivre plus activement et plus efficacement la réforme de l’éducation, en créant dans les pays soumis à sa juridiction des collèges de son ordre. Non qu’il ait tait de cette œuvre, comme on l’a dit, le but de sa vie ; ce n’était qu’un moyen, mais à ses yeux le plus puissant moyen d’action pour son vrai but, le relèvement ou la conservation de la foi catholique en Allemagne : nullum enim subsidium magis idoneum novimus, avait-il écrit d’Ingolstadt à saint Ignace, le 2 novembre 1550. Epist., t. I, p. 340. Ses efforts, favorisés par le crédit dont il jouit auprès des princes séculiers et ecclésiastiques, ne furent pas infructueux. Sous son administration, de 1556 à 1569, des collèges importants et destinés presque tous à un avenir brillant, furent fondés à Ingolstadt, à Prague, à Munich, à Inspruck, à Trêves, à Mayence, à Dillingen, à Spire et à Wurzbourg. Une dizaine d’autres, établis en Hongrie, ou dans les provinces d’Autriche et du Rhin déjà séparées du tronc primitif, ou dans la province même de la Haute-Allemagne sous le gouvernement de son successeur, durent en réalité au Bienheureux leur première origine.

En fondant ces centres d’éducation catholique, Canisius n’avait pas seulement en vue la formation des classes élevées ; il songeait aussi au recrutement et à la réforme du clergé. Aussi s’attachait-il avec une constante sollicitude à fournir aux enfants pauvres les moyens d’étudier. Partout où il le put, il obtint pour eux des bourses dans les universités, ou fit annexer aux collèges de son ordre des maisons pour les recevoir. Ainsi en fut-il à Vienne, à Ingolstadt, à Munich, à Inspruck, à Dillingen et à Wurzbourg. A Prague, eu 1559, il fit imprimer un écrit pour amener les Bohémiens à fonder un établissement de ci’genre, et deux ans plus tard, il plaida personnellement la même cause auprès de l’archiduc Ferdinand II. A la diète d’Augsbourg, il se fit quêteur et put prendre à sa charge jusqu’à deux cents étudiants pauvres qu’il réunit sous un même toit. Quand le concile de Trente eut recommandé l’érection de séminaires ecclésiastiques, Canisius fut auprè di évoques l’apôtre de cette grande œuvre, qu’il estimait

nécessaire pour le maintien et le progrès de la religion en Allemagne. Le peu de zèle qu’il rencontra chez un certain nombre l’attrista beaucoup. « Sans de bons séminaires, les évêques ne parviendront jamais à remédier au mal actuel, » écrivait-il encore en 1585 dans un mémoire adressé au P. Aquaviva.

Ce fut dans le même esprit que Canisius soutint de tout son pouvoir, par les aumônes qu’il recueillit et plus encore par les sujets d’élite qu’il lui envoya, le Collège germanique, fondé à Rome par saint Ignace en 1552. Il fit plus ; ce furent ses conseils, joints à ceux du cardinal Truchsess, qui déterminèrent Grégoire XIII à assurer l’avenir de ce collège en le dotant de revenus fixes et suffisants pour une centaine d’élèves. Cardinal Steinhuber, Geschichte des Collegium Gennanicum Hungaricumin Rom, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1895, t. i, p. 87 sq. Le même pape réalisa des idées chères au Bienheureux quand il fit ouvrir des séminaires pontificaux à Dillingen, à Fulda, à Prague, à Olmutz, à Braunsberg, à Vilna et jusque dans les nouvelles chrétientés de l’Inde et du Japon, tandis que par ses soins, les collèges des Anglais, des Grecs, des Maronites, s’élevaient à Rome même et rivalisaient avec le Collège germanique.

En 1879, les catholiques allemands et Rome ont rendu hommage à ce grand apôtre de l’éducation catholique : ceux-ci, en fondant une Société du Bienheureux Canisius, Canisius-Verein, destinée à promouvoir la formation de la jeunesse allemande ; Rome, en approuvant cette fondation et en lui donnant officiellement le Bienheureux pour protecteur. Voir J. Knabenbaucr, S. J., Der selige Canisius und die Schulfrage, dans Stimmen ans Maria-Laach, 1879, t. xvii, p. 352 sq.

4° Action sur le peuple ; apostolat de la parole. — A l’éducation de la jeunesse, Canisius joignit dès le début, à Ingolstadt comme à Vienne, un ministère qui lui permettait d’atteindre non pas seulement une classe d’individus, mais la masse même du peuple. Partout où les devoirs de son état et les grands intérêts de la religion le firent résider ou simplement passer, à la ville ou à la campagne, dans les milieux les plus modestes comme à la cour des princes ou dans les diètes de l’Empire, il exerça le ministère de la prédication ; il l’exerça pendant près d’un demi-siècle, avec un zèle infatigable et sans y chercher jamais autre chose qu’un moyen d’instruction et de réforme religieuse. Calme, net et logique dans l’exposition de la doctrine, animé d’une conviction intime et pénétrante, sachant faire de l’Écriture et de la tradition un heureux et continuel usage ; instruit des erreurs protestantes, mais modéré dans la réfutation et attentif à saisir les occasions, celle d’un jubilé par exemple, pour donner et expliquer la vraie pensée catholique, Epist., t. iii, préf., p. xxxiii sq., il eut sur ses auditeurs une puissance que rehaussait encore la vénération inspirée à tous par son caractère et sa sainteté. Sa parole se fit entendre, et porta fruit dans la plupart des grandes cathédrales de l’Empire, Vienne, Prague, Ratisbonne, Worms, Cologne, Strasbourg, Osnabruck, Wurzbourg et surtout Augsbourg, où il fut, pendant plusieurs années, prédicateur ordinaire. Cette ville, la première de l’Empire à cette époque, était dans un tel étal de décadence religieuse, que l’année même où le Bienheureux commença d’y prêcher, on compta tout au plus huit cents communions à Pâques, et vingt personnes présentes à la procession de la Fête-Dieu. Le prédicateur n’eut au début qu’une cinquantaine d’auditeurs ; mais bientôt le nombre s’accrut, et des auditeurs, et des pratiquants ; des conversions éclatantes se produisirent, en particulier dans la noble et puissante famille des Fugger. La renaissance catholique provoquée par le zèle de Canisius fut telle, qu’au siècle suivant un évéque d’Augsbourg consignai) celle note (lins le compte rendu de sa visiti de 1629 :

o tagsbourg doit le reconnaître pour son apôtre, et ., |. randi mi ni redevable i nvers lui. - Der telige Cani kurze Lebi hte, mU betonderer

Berùcksichtigung teinet Wirketu in Augsburg, in-16, Augsbourg, 1865, p. 53.

A | a prédication de Canisius se rattache son enseignement catéchétique, di ne d une mention spi ! „, , ,, . | a, , mde qu’il eut dana son action sur

les catholiques. L ij nora ii use qu’il voyait ré gner parmi eux excitait toul à la fois sa pitié et son zèle ; de ] constant d’enseigner la doctrine chrétienne

au peuple, aux enfants surtout. On l’a représenté le cati chisme en main, entouré d’enfants. Ce fut la lil partout où il demeura, partout où il donna des missions, en Autriche, en Bavière, dans la liesse, en Alsace, en Souabe, dans le Tyrol, plus tard en Suisse. De ce zèle pour l’instruction religieuse des catholiques est sortie cette Summa doctrinæ christianæ, qu’il composa à Vienne, de 1552 à 1554, le plus célèbre sans contredit et le plus populaire de ses ouvrages, celui qui mit le plus en émoi les théologiens protestants du xvie siècle, et qui perpétua le plus l’influence du Bienheureux.

5° Action sur les princes catholiques ; diètes, legations. — Une des forces de Canisius fut dans l’appui que lui prêtèrent les princes de l’Empire, surtout trois souverains qui pouvaient faire beaucoup pour le maintien de la foi catholique, Ferdinand I" r d’Autriche et les ducs de Bavière, Albert V et Guillaume Y. La position de ces princes était difficile ; le Bienheureux s’en rendait compte, comme on le voit par une lettre du 17 janvier 1556, où il énumère judicieusement tous leurs sujets de préoccupation. Epist., t. i, p. 596. Il n’en restait pas moins convaincu qu’une politique timide et louvoyante, comme celle de l’Intérim, était contraire aux vrais intérêts du catholicisme. Tous ses efforts tendirent à encourager ces souverains, à exciter leur zèle. à leur raire réaliser dans leurs États le plan de réforme qu’il avait exposé, le 14 mars 1555, à un conseiller du duc Albert : Per nostros catholicos principes exturbentur pestes, tollantur errorum magislri, dissensionum stmlia sopiantur, agnoscatur Christi vicarius et Eccle-six pastor, ac tamdiu desiderata nubis pax redeat Ecclesiarum. lbid., p. 518.

En Bavière, les résultats répondirent aux vœux de Canisius. Pendant quelques années, le duc Albert suivit une politique de concessions ; mais, vers 1563, il changea d’attitude et entra résolument dans une ligne de conduite qui fut toujours ensuite de plus en plus conforme au programme du Bienheureux. E)>ist., t. iii, préf., p. xx. La Bavière devint le centre de la contreréforme, et Janssens, op. cit., t. iv, p. 457, a pu dire d’Albert V et des deux princes qui lui succédèrent, qu’ils furent « les patrons, les guides temporels de l’Allemagne catholique » . Kn Autriche, l’intluence de Canisius, sans être aussi décisive, fut considérable. Son zèle apostolique, ses solides prédications à la cour de Vienne, son ardeur à combattre l’hérésie, son désintén émeut lui gagnèrent très vite l’estime et la confiance , lu roi les Romains, Ferdinand 1°, dont il devint le conseiller écouté dans les affaires les plus importantes. C’est à peine si, fidèle à l’esprit de sa vocation, il put réussir à se soustraire à la dignité épiscopale. Adminislra-t-il réellement en 1554, comme on l’avait cru jusqu’ici, le diocèse de Vienne, c’est un point nus en question par le D r X. Paulus dans Zeitschrift fur hatholische Théologie, Inspruck, 1898, t. xxii, p. 712 sq. Le Bienheureux profita de son influence pour suggérer

au roi des Romains diverses mesures en faveur du catholicisme ; il ne craignit pas d’entrer en lutte ouverte avec Sébastien l’bauser. prédicateur luthérien de Maxirailien, fils aîné de Ferdinand, ni même d’attirer l’attention de celui-ci sur les sympathies que son futur héritier semblait avoir pour les doctrines nouvelles. Epist.,

I. i. p. 529 sq. ; t ii, p. 10’» : cf. Hopfen, Kaiser Ma Kompromis*liatltolizumtu, in

Munich, 180

Bientôt les circonstances donnèrent à l’action du Bienheureux une portée plus i e. I erdin

et le cardinal d’Augsbourg voulurent qu’il prêchât à Ratishonne pendant la diète de 1550-1557, ou il d< être question d’une entente enti rs partis reli gieux. Les protestants demandi rent un ci lloque. I dinand. désireux d’obtenir des subsides pour combattre les Turcs en Hongrie, et suivant du reste en cela -a politique de conciliation, soumit la demande à une commission composée de deuxévêqui inq thé-o logiens, dont le premier fut Canisius. Convaincu ; sonnellement que ces sortes de discussions n aboutiraient à rien et qu’un concile général pouvait porter remède à la situation, le Bienheureux se prononça résolument contre la demande des protestants et justifia par écrit son sentiment. £/.’"'> t. H, p. 40. Le colloque avant été’néanmoins résolu, les mené catholiques de la diète nommèrent Canisius parmi les six principaux théologiens qui devaient soutenir leur cause à Worms, contre un nombre égal de luthériens. Les princes protestants désignèrent Mélanchthon, Brentius et quatre autres coryphées du parti, tous fermement décidés à ne rien céder de leurs prétentions doctrinales et chantant victoire avant même d’avoir commencé ja lutte. Jbid., p. 03, 83, 127. Canisius ne s’inquiétait guère de ces bravades, mais bien plutôt de l’indolence et de la pusillanimité des catholiques. hostem nondum visum metuunt. Il lit beaucoup prier, se prépara soigneusement au combat, releva le courage de ses compagnons et se préoccupa surtout d’obtenir l’entente dans l’action.

Le colloque s’ouvrit à Worms le Il septembre 1 sous la présidence de Jules Pflug, évoque de Naumbourg. La discussion devait s’engager, d’après le recez de Ratisbonne. sur la base de la Confession d’Augsbourg. lies la première séance, Mélanchthon s’emporta contre les catholiques et leurs abus, contre « les décrets impies du prétendu concile de Trente et le livre intitulé Intérim » . Les catholiques proposèrent vingt-trois arti disposés à peu près dans l’ordre de ÏAugnstana et dont on possède une liste, Index articulorum controversorum, écrite de la main même de Canisius. Epist., t. n. p. 7Î>5. Quand on en vint à la discussion, l’accord ne put se faire sur des principes communs, les théologiens luthériens n’acceptant pas le canon intégral des saintes Écritures, tel qu’il était en usage dans l’Église depuis mille ans, ni le consentement des Pères et de l’ancienne chrétienté comme règle d’interprétation en matière douteuse. Canisius parla le 10 et le 20 septembre, dans la cinquième et la sixième session ; il releva les écarts de Mélanchthon qui. sans tenir compte du programme tracé, s’était emporté en invectives contre P. catholique, puis rappelant que le colloque devait se faire sur la base de la Confession d’Augsbourg. il demanda qu’en face des graves divergences qui se manifestaient parmi les partisans de cet !, - Confession, on s’en tint au texte primitif de 1530, et il leur proposa de condamner les sectes qui professaient des doctrines opposées. Cette demande jeta dans le désarroi les théologiens protestants, divisés d’opinion sur des ; de première importance : ils se querellèrent, et la majorité, inspirée par Mélanchthon. finit par exclure du colloque ceux qui voulaient accéder à la proposition faite par Canisius et les catholiques. I désormais irrégulière, l’assemblée fut interrompue, puis dissoute le S décembre. Sur tonte cette question, TOir le rapport rédigé par Canisius et ses collègues le t ! décembre, la lettre écrite le même jour par le Bienheureux au P. Laynei et les Monumenta vormatt relatifs aux actes du colloque. Epist., t. II, p. 160, 171.

71 » 5 sq. ; cꝟ. 1°. Fornerus, ilistona îuictenm m’imita colCANISIUS

1516

loquii Wormatensi, an. mtiLVH, Ingolstadt, 1621 ;.Tanssens, op. cit., t. iv, p. 23 sq.

Les novateurs ne manquèrent pas de rejeter sur les catholiques, et sur Canisius en particulier, la responsabilité de cet avortement. Tel était le sens d’un écrit qui parut à Francfort-sur-le-Main, d’abord en allemand, puis en latin sous ce titre : Scriplum collocutorum Atigustanse Confessionis qui in urbe Vangionum fuerunt, donec adversarij colloquium abruperunt, anno 1557. Canisius répondit, au mois de mars de l’année suivante, par un contre-récit intitulé : Vom Abschiedt des Colloquii zu Wormbs. M. D. LVII. Walirlia /Jtiger gegrnbericht auff das Bùchlin zu Frankfurt am Mein den IV. Decembris ausgangen. Epist., t. il, p. 181, 893. Mais cette victoire sur les théologiens protestants, jointe à ses autres succès et surtout au bien fait par la Summa doctrines christianse, valut à ce lerrible canis auslriacus une haine implacable, qui se traduisit dès lors et plus tard par toute une littérature de pamphlets injurieux, parfois ignobles. Ibid., p. 800, 802, 915 ; t. iii, p. 800 sq. ; cf. Janssens, op. cit., t. iv, p. 444 sq. Dans le camp catholique, au contraire, l’autorité du Bienheureux grandit, et le gain fut considérable : beaucoup furent fortifiés dans leur foi ; les princes restèrent convaincus qu’il ne fallait rien attendre de sérieux de ces sortes de colloques, et comprirent quelle force ils trouveraient dans l’union. Canisius profita surtout de la circonstance pour exciter leur zèle : utinam non limeremus imbecilles, écrivait-il au roi Ferdinand. Ibid., p. 173. Deux mois après, en février 1558, il visitait à Nuremberg ce prince, inquiet alors et presque désespéré : encouragé par le Bienheureux, Ferdinand se rendit à la diète de Francfort où, le 24] dn même mois, il fut proclamé empereur.

Au mois de mai, Canisius était à Borne pour l’élection d’un nouveau général. Le pape Paul IV venait de décider l’envoi d’un nonce, Camille Mentuati, à la diète polonaise de Piotrkow ; il désigna le Bienheureux pour l’accompagner comme théologien. Le triste état où se trouvait le royaume de Pologne, gouverné par un prince indolent, la faveur que prêtait aux hérétiques une noblesse hostile aux évêques et défiante à l’égard de Rome, l’impuissance ou le manque de zèle dans le clergé lui-même, paralysèrent l’action du nonce et de son compagnon ; ils empêchèrent du moins qu’on ne prit aucune mesure contre l’Église et qu’on no fit aucune innovation en matière religieuse. Personnellement, Canisius obtint davantage des évêques ; il sema des germes féconds pour la réforme du clergé, et reçut plusieurs demandes de collèges. Epist., t. il, p. 340, 302, 820 sq. De retour en Allemagne, il eut un rôle délicat à remplir, Une nouvelle diète allait s’ouvrir à Augsbourg dans des circonstances difficiles, à cause du conflit survenu entre Paul IV et Ferdinand I er. Blessé de ce qu’on avait agi sans le consulter dans l’élection de Francfort, le pape refusait de reconnaître le nouvel empereur, et les princes hérétiques cherchaient à profiter de l’occasion pour semer la discorde. P’ar ses prédications, par les lettres qu’il adressait à Borne, surtout par son action personnelle sur Ferdinand et les membres catholiques de la dicte, Canisius fut réellement l’ange de la paix. L’empereur fit taire ses ressentiments, ferma l’oreille aux -lions des novateurs et s’engagea avec les évêques dans le plan de réforme que le Bienheureux patronnait. Ibid., p. W9, 502. Le conflit avec Rome s’aplanit à l’avènement de Pie IV, élu pape le 25 décembre 1559. Si la conduite de l’empereur Ferdinand à l’égard du Baint-siège ne fut pas toujours irréprochable, s’il compritet voulut réalisera sa manière la réforme de l’Église,

, i ne peut douter qu’il n’ait conservé dans ses projets, souvent utopistes, un sincère attachement à la religion catholique.

0° Action pour lu réforme du clergé et de l’Église ;

DICT. DE TIILOL. CATIIOL.

concile de Trente ; conférences d’inspruck. — Canisius employa toute son influence auprès des évêques, comme auprès des princes, pour exciter leur zèle et les encourager. Il leur montrait, Epist., t. i, p. 597, les loups à écarter du troupeau, les écoles et les bibliothèques à assainir, les ministres du sanctuaire à préparer, plutôt bons que nombreux, en un mot la réforme à opérer, celle de leurs Eglises et de leur clergé sans doute, mais la leur aussi et d’abord. De là un écrit De officio et reformalione episcopi, composé à Ratisbonne, vers la fin de 1556, sur les instances du cardinal Truchscss. Ni la vénération qu’il portait aux premiers pasteurs, ni l’amitié » dont plusieurs l’honorèrent, ne firent faiblir sa voix, quand il crut devoir parler ; témoin cette lettre apostolique qu’il écrivit au même cardinal, pour lui rappeler l’obligation de la résidence épiscopale et la prohibition portée contre la pluralité des bénéfices. Epist., t. il, p. 228. Il obtint beaucoup des évêques, mais non pas tout ce qu’il aurait voulu : Despcrata cleri consilia, ubi de reformatitme agitur, morbos fatentur, pharmaca respuunt, écrivait-il d’Augsbourg le 20 mai 1559. Ibid., p. 419. Aussi, plus le temps avançait, plus sa pensée allait au concile œcuménique, necessarium Ecclesioi remedium. On suit en lisant sa correspondance les divers sentiments par où il passa, désirs ou regrets, joie ou tristesse, suivant que les obstacles qui en différaient la reprise paraissaient s’aplanir ou s’aggraver. Personnellement il s’appliqua si bien à les faire disparaître, que, dans une lettre pastorale de 1865 sur le Bienheureux, le cardinal Rauscher, archevêque de Vienne, n’a pas craint d’attribuer en grande partie à son influence le succès final. Der selige Canisius, Vienne, p. 46.

Quand le concile se rouvrit, le 18 janvier 1562, Canisius était à Augsbourg, où sa présence semblait indispensable. Mais les légats, Ilosius surtout, insistèrent tellement auprès du cardinal Truchsess qu’il dut leur céder momentanément l’apôtre de son diocèse. Epist., t. iii, p. 753 sq. Des questions allaient se traiter à Trente, qui concernaient particulièrement l’Allemagne, et faisaient partie de tout un ensemble de mesures réclamées par l’empereur Ferdinand : communion sous les deux espèces, mariage des prêtres, mitigation de diverses lois positives, comme celles de l’abstinence, du jeûne et de l’index, réforme de la cour romaine, etc. Ces vues avaient été exposées d’abord dans un écrit présenté le 20 juin 1560 à Hosius, nonce apostolique à Vienne, puis dans un Libellas refomiationis, remis le 7 juin 1562 aux présidents du concile. Résumé dans Havnaldi, Annales, an. 1560, n. 55 ; an. 1562, n. 59, Lucques, 1756, t. xv, p. 86, 234. Texte complet du mémoire de 1560 dans Sickel, Zur Geschichte des Concils von Trient, Vienne, 1872, p. 55 sq. ; du Libellus, dans Archiv fur ôsterreic/tische Geschichte, Vienne, 1871, t. xi.v, p. 35 sq.

Canisius arriva à Trente le li mai. Il n’y resta guère plus d’un mois, mais ce temps lut utilement employé. Sans compter de fréquents entretiens avec le premier orateur impérial, Antoine Brus de Muglitz, archevêque de Prague, et surtout avec le cardinal Hosius, le Bienheureux se trouva mêlé à deux discussions d’inégale importance. Il fut annexé au comité d’évéques et de théologiens chargé d’examiner et de réformer l’index de Paul IV. Son opinion personnelle est connue par ses lettres ; il désirait beaucoup qu’on mitigeât les règles relatives à la lecture des livres hérétiques, Epist., t. iii, p. 27, 490. Beaucoup plus importante fut la discussion de cinq articles sur l’eucharistie, proposés le 6 juin à l’examen des théologiens. Ibid., p. 163. Le 2e et le 3e articles touchaient directement aux questions brûlantes que Ferdinand I" avait soulevées, car on y demandai ! ceci : « Les raisons qui mil amené l’Église à restreindre à une seule espèce la communion « les laïques, excluent-elles la possibilité de toute concession

II. - 48

1517

CANISIUS

1518

du calice ? S’il paraissait expédient de faire quelque concession de ce genre, faudrait il 1 accompagner de quelques conditions, et de quelles conditions ? Cani si us lit le 15 piin un discours dont le résumé se t r-u 1 1 -. < dans Massarelli, Acta genuina ss. œcumenicx coi Tridentini, édil. Theiner, Agram, 1-^7 V. t. ii, p. 16. Cf. Epis t., t. m. p. 742. Il posait en principe qu’il dallait se montrer difficile a concédi r le calice aux laïques. On n, - devait pas l’accorder aux hérétiques, ne tanctwn detur canibus. Restait a considérer sérieusement s’il niserait pas expédient de le permettre a certains catholiques entourés d’hérétiques et chancelant dans la fui. au cas où ce serait le seul moyen de lis maintenir dans l’orthodoxie, et surtout aux Bohémiens que l’abseno de préires avait l ait tomber dans quelques erreurs, et qu’on pourrait ainsi ramener à la foi en tout le reste. Cet avis du Iiienheureux ne passa pas inaperçu ; les théologiens de l’empereur essayèrent même de s’en faire une arme contre le 1’. Laynez, dont la décision fut plus intransigeante. Epis t., t. iii, p. Toi sq.

De retour à Augsbourg, Canisius ne cessa pas de s’intéresser aux travaux du concile. Dans ses lettres au cardinal Hosius, il encourage ce légat et l’instruit des bruits qui courent ; le 3 août, il lui envoie un écrit De abusibus missa 1 ; il insiste pour qu’on s’occupe de la réforme du clergé’. Ibid., p. 470, 474, 485. Aussi regretta-t-il la très vive discussion qui s’éleva parmi les Pères sur l’origine de la juridiction épiscopale. Ce n’est pas qu’il méconnût l’importance de la question, ou désapprouvât la doctrine brillamment soutenue par le P. Laynez dans un discours resté célèbre ; sa correspondance prouve le contraire, ibid., p. 527, 537, 551 ; mais il voyait là un retard apporté à l’œuvre plus urgente de la réforme ecclésiastique. Il craignait aussi le mécontentement qui se manifestait à la cour de Vienne. Quand la question du calice des laïques eut été, le 17 septembre, renvoyée au pape par les Pères du concile, l’empereur soumit à plusieurs théologiens ces questions : Faut-il persévérer dans la demande faite précédemment ? Faut-il la renouveler auprès du concile ou auprès du pape, et comment procéder ? Canisius répondit d’Augsbourg, le 53 octobre, par un mémoire important, accompagné d’une lettre où il rappelait la gravité de l’affaire et la nécessité d’éviter à tout prix ce qui semblerait une atteinte aux droits de l’Église et à ses institutions. Dans ce mémoire, le Bienheureux donnait en substance les mêmes conclusions qu’à Trente, mais avec beaucoup plus de développements et de précision. Rien ne s’oppose, en principe, à la concession du calice, mais c’est au pape de décider s’il est expédient de l’accorder. L’empereur peut demander cette faveur pour une partie de ses sujets ; non pour les hérétiques, qui réclament le calice comme un droit appuyé sur l’autorité divine, ni pour les bons catholiques, à qui cette concession serait plutôt nuisible, mais pour les catholiques peu fermes dans la foi, qu’on a l’espoir, assez faible du reste, de retenir ainsi dans l’Église. Cette laveur doit être accompagnée de conditions propres à écarter les fausses interprétations et à distinguer les catholiques des hérétiques. Qu’on ait soin, en outre, de bien instruire les fidèles de tout ce qui concerne la sainte eucharistie et la primauté du pontife romain. Epist., t. iii, p. 419-513.

Telle était la théorie ; mais une lettre du 7 novembre au cardinal Hosius montre que le Iiienheureux était préoccupé’des conséquences pratiques qui pourraient résulter d’un changement de discipline. Ibid., p. 528. La conduite de Ferdinand [’augmenta ses appréhensions. Au mois de janvier 1563, Georges Draskovicz, évoque de Pecs (Funfkirchen) et ambassadeur au concile pour le royaume de Hongrie, rédigea un nouveau mémoire, Ca/ùta qumdam ad fructuosam concilii <<lebrationem, où il demandait a l’empereur de veiller à

la liberté di s Pères et di’il I Dur qu’on enta mât enfin sérieusement l’œuvre de la réformi tique, dans le sens du programme impérial. Sicl I Zur

. J7 sq. Au début

de février, Ferdinand envoya le mémoire à Trenl convoqua près de lui à [nspruck, sous La président Draskovicz, une commission de théologiens, qui furent chargés d’examiner dix-sept articles, ou question latives à la continuation ou à la suspension, à la lil I la direction et aux travaux du concile, aux coi sions précédemment réclamées, et a la réformi l’Église dans son chef comme dans sis membres. Ibid., p. 131.

Canisius faisait partie de la commission, il en était même le membre le plus influent ; au jugement nonces Commendon et Delfini, présents à Inspruck, l’issue dépendait en grandi partie de sa prudence et de son habilité..1. Pogiani. EpistoUe et ora lianes olim collecte ab Antonio Maria Gratiano…, Rome, 1756, t. iii, p. 232 ; Archiv. Va tic, Concilia </i Trente, t. xxx. fol. 28. Le Bienheureux, qui dis son premier entretien avec Ferdinand avait compris que l’autorité du concile et du saint-siège était en jeu, marcha de concert avec les nonces. Dans son avis du 22 février, il se prononça fortement contre toute ingérence du pouvoir laïque dans l’ordre spirituel ; le concile devait continu, r. mais pleinement indépendant dans sa sphère propre ; c’était au pape à nommer les légats et à diriger l’assemblée conciliaire ; à lui aussi de décider la réforme de la cour romaine et de l’appliquer. Pour le reste, les choses devaient se traiter à l’amiable ; il ne fallait pas reprendre à Trente la question du calice, mais s’adresser au pape lui-même. I)u reste, que ne travaillait-on d’abord à l’amendement des mœurs dans les individus ? Cela fait, la plupart des mesures qu’on proposait n’auraient plus de raison d’être. Le résultat des délibérations au conseil d’État fut qu’on entrerait en relations avec le souverain pontife, pour obtenir la réforme désirée. Deux instructions de l’empereur à ses représentants au concile témoignent également d’une attitude plus conciliante. Sickel, op. cit., p. 416, 456. La conduite du Bienheureux satisfit pleinement les légats. Pogiani, loc. cit. ; Archiv. vatic. op. cit., fol. 38. 41.

Les conférences, interrompues à l’époque du carême, reprirent au mois d’avril. Quatorze nouveaux articles furent soumis, le 24, à l’examen de la commission, augmentée de plusieurs membres ; rédigés sous une forme différente et plus mesurée, ils portaient presque tous sur la liberté et la direction du concile, la manière de proposer les questions, les matières à traiter ou à omettre. L’article 3° ramenait le point délicat de 1 forme du pape et de sa cour : le concile devait-il intervenir ou laisser l’affaire à l’initiative pontificale.’Malgré’les efforts de Canisius. les conclusions de la majorité’se ressentirent des idées qui de plus en plus s’affirmaient à la cour impériale : avant de se dissoudre, les Pères du concile devaient à tout prix procéder à I forme de l’Église dans son chel et dans ses mem Bucholtz, Geschichte der Regierung Ferdinand des Ersten, Vienne. 18 : 18, t. viii, p. 51."> sq.. note. En désespoir de cause, le Bienheureux recourut à l’empereur ; après lui avoir présenté ses observations contre l’avis de la majorité, il lui montra les inconvénients de la voie où l’on s’engageait, et rappella celle qu’il fallait prendre : ne point imposer au vicaire de Jésus-Christ la réforme de sa personne sacrée et de sa cour en erlu d’un prétendu droit qu’il ne pourrait pas reconnaître, mais agir de concert avec lui pour la réforme générale et particulière de l’Église. Ce franc langage poil fruits Ferdinand promit d’examiner la chose de plus [ires, et d’en conférer avec le nonce et surtout avec le cardinal Morone, venu de Trente à Inspruck. H tint parole, lit reloucher plusieurs fois le rapport de la

commission et agréa les modifications proposées par le cardinal. Sickel, op. cit., p. 498 sq. Pie IV, instruit de tout ce qui s’était passé, exprima sa satisfaction de la conduite du Bienheureux et l’en fit remercier.

Une nouvelle discussion, que provoqua une requête présentée par les utraquistes de Bohême dans le dessein d’obtenir la communion sous les deux espèces et le mariage de leurs prêtres, mit encore une fois Canisius en lutte avec les autres membres de la commission. Seul contre tous, il ne craignit pas de désapprouver une concession qui, dans les conditions où se faisait la demande, lui paraissait entraîner de graves inconvénients. Il comprit bientôt que l’empereur trouvait son opposition importune et ne lui témoignait plus la même confiance qu’auparavant. L’avis définitif de la commission, ou Liber in matériel reformationis, du 5 juin, contenait plusieurs points qu’il avait combattus. Sickel, op. cit., p. 520 sq. Après de nouvelles consultations faites à Vienne, Ferdinand s’adressa enfin au pape. Au mois d’avril 1561, Pie IV accorda, non le mariage des prêtres, mais l’usage du calice pour l’Autriche, la Bohême et divers diocèses d’Allemagne. L’expérience prouva que le Bienheureux ne s’était pas trompé dans ses appréhensions ; les désordres et les abus furent tels que, trois ans plus tard, le saint pape Pie V se voyait contraint de révoquer la concession faite par son prédécesseur.

La mort de Ferdinand I", survenue le 22 juillet 1564, livra le pouvoir à son fils Maximilien, dont la politique n’était pas celle que prêchait Canisius. L’œuvre que celui-ci avait commencée en Autriche continua à s’y faire par les membres de son ordre, mais son influence personnelle s’exerça désormais ailleurs, surtout en Bavière et dans le Tyrol, où ses prédications à la cour de l’archiduc Ferdinand II portèrent d’heureux fruits et contribuèrent beaucoup à la sanctification des cinq archiduchesses, sœurs de ce prince. Mais la plus belle récompense que ménagea la providence à celui qui avait eu tant de zèle pour le concile de Trente, fut de le choisir comme instrument pour en compléter l’œuvre en Allemagne. Venu à Rome en 1565 pour l’élection d’un nouveau général, Canisius fut créé par Pie IV nonce apostolique, avec mission de promulguer les décrets du concile et d’en promouvoir l’exécution. Augsbourg, Cologne, Nimègue, Osnabruck, Mayence, Trêves, plus tard Wurzbourg et Strasbourg furent les principales étapes de ce voyage apostolique, où le Bienheureux n’obtint assurément pas tout ce qu’il aurait désiré, mais ce qu’on pouvait attendre dans les circonstances difficiles où se trouvaient les Eglises qu’il visita. Cette mission eut comme son couronnement dans la diète d’Augsbourg de 1566, où Canisius assista comme théologien du cardinal Commendon. Les décrets du concile de Trente y furent acceptés par les catholiques, et le Bienheureux y contribua une fois de plus à l’entente commune. Cette grave question ayant été posée : « La confirmation de la paix d’Augsbourg est-elle contraire aux droits de l’Église ? » il n’hésita pas avec deux autres théologiens de son ordre à donner une réponse négative, et prévint ainsi une rupture désastreuse entre catholiques et protestants. Éclairé lui-même par le cardinal Commendon, l’empereur Maximilien revint à de meilleurs sentiments envers la Compagnie de Jésus.

7° Action littéraire ; apostolat de la plume. — depuis treize ans Canisius dirigeait son ordre en Allemagne. Le nombre des sujets ei des maisons augmentant, deux rejetons s’étaient détachés du tronc primitif : la province d’Autriche-IIongrie, en 1562, et la province de la Basse-Allemagne ou du Rhin, en. 1564. Le Bienheureui était resté à la tête du tronc primitif, appelé désormais province de la Haute-Allemagne. Gouvernement d’une durée anormale dans la Compagnie de Jésus, mais nécessaire pour la consolidation de l’œuvre commencée. Souvent

Canisius avait supplié ses supérieurs de le décharger d’un fardeau qui pesait lourdement sur ses épaules. Ce fut à Pâques de 1569 seulement qu’ils lui permirent enfin de confier sa province au P. Paul Iloffée. Mais Canisius n’en resta pas moins en Allemagne, suivant la juste expression de Janssens, op. cit., t. v, p. 198, « l’âme de la Compagnie de Jésus. »

Un autre motif avait augmenté son désir d’être déchargé du gouvernement. Saint Pie V l’avait choisi en 1567 pour réfuter les erreurs et les faussetés accumulées par les auteurs des Centuries de Magdebourg dans la grande histoire ecclésiastique qu’ils avaient commencé de publier en 1559. Le Bienheureux souhaitait vivement de pouvoir se donner tout entier à cette tâche ; il le souhaitait non seulement par un sentiment d’obéissance filiale au souverain pontife, mais parce qu’il voyait là un fécond apostolat. Il comprenait toute la puissance de la presse sur la direction des esprits, et voulait que, sur ce terrain comme ailleurs, on s’opposât vigoureusement aux adversaires de l’Eglise catholique. Il alla jusqu’à se demander s’il ne ferait pas bien de laisser le ministère de la prédication, pour se consacrer à l’apostolat de la plume. Epist., t. ii, p. 397. Plus l’attaque et l’erreur se multipliaient, plus il trouvait urgent d’organiser la défense et de servir aux fidèles le contre-poison. Dans les grands centres où il vécut, il se mit en rapport avec les imprimeurs et les libraires, pour leur faire publier et répandre de bons livres ; il dota la ville d’Augsbourg de plusieurs imprimeries catholiques. Il encouragea et aida de tout son pouvoir ceux qui (’clivaient pour la défense de la foi. Ses lettres nous le montrent attentif à leur envoyer les ouvrages dangereux qui paraissaient, ou à les leur signaler, à louer leurs travaux et à les recommander eux-mêmes à la bienveillance des princes catholiques. Pour plusieurs, pour Hosius surtout, il alla jusqu’à la collaboration.

Dans son ordre il excitait ses subordonnés à composer des ouvrages appropriés, pour le genre et pour le style, aux exigences des temps, ou à publier des textes critiques, comme les Actes du premier concile d’Éphèse. Epist., t. iii, p. 31, 402 sq. A plusieurs reprises, il conçut et soumit à ses supérieurs, à saint François de Borgia en 1574, au P. Aquaviva en 1583, le projet d’une société d’écrivains, qui se composerait de sujets capables et réunis de dill’érentes provinces pour travailler de concert à la composition d’ouvrages de controverse et à la réfutation des erreurs courantes. Idée heureuse et féconde qu’il ne lui fut pas donné de réaliser, mais qui lui survécut. Enfin il écrivait lui-même dans la mesure où ses autres occupations le lui permettaient ; la liste de ses écrits en fournira la preuve. Personne n’était plus attentif à saisir l’occasion favorable de lancer ces publications de circonstance qui orientent l’opinion ou l’empêchent de s’égarer. A Worins, à peine les protestants ont-ils fait paraître leur récit fantaisiste du colloque si brusquement interrompu, que le Bienheureux leur oppose son « véridique contre-récit » . A Piotrkow, il voit combien la question de la communion sous les deux espèces et celle du mariage des prêtres préoccupent les esprits ; aussitôt il s’empresse de faire imprimer les Dialogi d’Hosius sur ces deux sujets. Epist., t. il, p. 339, 897 sq. En 1561, les novateurs impriment à Nuremberg la Supplication des prolestants de France au roi Charles IX ; Canisius leur oppose la Supplication der Catholischen au même roi. Ibid., t. iii, p. 780 s.j. Aux légats du concile à Trente il suggère l’idée, favorablement accueillie, d’intéresser le public et de relever le crédit de l’auguste assemblée par quelques publications, où pourraient figurer les discours les plus remarquables. IbitL, p. 325 sq.

Déchargé du provincialat, Canisius s’était retiré au collège de Dillingen, dont son frère Thierry étail alors recteur ; il s’y consacra pleinement à la réfutation des

Centuriateura. Ln 1571 parut le premier volume de ce grand ouvrage sur les altérations de La parole divine, Dr corruptclis uerbi Dei, volume dont l’objet apécial est sain) Jean-Baptiste. Divers empêchements retardi rent | a composition du second : la nomination du Bienheureux comme prédicateur de l’archiduc Ferdinand a [nspruck ; une mission auprès du duc de Bavière et autres princes dont il (ht chargé par Grégoire XIII au début de 1573 ; un voyage à Rome à la suite de cette mission, voyage d’une portée exceptionnelle pour l’avenir de l’Allemagne catholique, à cause des mesures déjà signalées que prit le pape après ses entretiens avec le cardinal Truchsesset Canisius. De retour à Inspruck, ce dernier partagea sa vie entre le travail de la prédication et celui de la composition. Mais en 157(>, il dut encore accompagner le cardinal Morone à la diète de Ratisbonne. L’empereur Maxi milieu étant mort le 14 octobre, l’assemblée fut dissoute, et le Bienheureux put se rendre à Ingolstadt, où, après un travail opiniâtre, il publia enfin, dans l’été de 1577, le second volume de son ouvrage, De Maria Yirçpne incomparàbili.

Il avait en projet un troisième volume, et même plusieurs autres, mais il dut s’arrêter devant une opposition formelle. L’obstacle ne vint pas de Rome, mais du P. Hoffée, dont les motifs sont nettement exprimés dans une lettre encore inédite du 21 janvier 1578 au P. Éverard Mercurian : la contention que le Bienheureux mettait au travail et les recherches énormes qu’entraînait la préparation de ses livres, remplis de références et de citations, créaient un gravesujet d’inquiétude pour sa santé ; le besoin qu’il avait d’aides et de reviseurs pour un travail qu’il relouchait indéfiniment et dont il n’était jamais satisfait, devenait un embarras sérieux pour le provincial ; les inconvénients seraient encore plus grands dans le volume que projetait Canisius, où il s’agirait de l’Église et du pape, matière grave et difficile ; Userait plus utile d’employer le Père au ministère actif et à des publications de propagande en langue allemande qu’à ces grands ouvrages doctrinaux en langue latine. Canisius fut relevé du mandat qui lui avait été confié pa-- Pie Y, et fut pris par Hoffée pour compagnon dans ses visites et dans l’administration de la province, jusqu’au moment où il partit pour sa dernière étape. En 1580, le nonce Bonoinio, évêque de Verceil, visita les cantons catholiques de la Suisse ; il demanda et obtint la fondation d’un collège à Fribourg. Le Bienheureux fut désigné pour exécuter ce projet

7° Canisius en Suisse ; vieillesse et mort, 1581-1597.

— Arrivé à Fribourg le 10 décembre 1580, Canisius fut présenté par le nonce aux magistrats « comme une relique, un objet sacré » qu’ils devaient garder avec soin, « sûrs d’avoir en lui un apôtre, un docteur, un père tout dévoué’. » Et telle fut la réalité. Après avoir passé à un autre, en I582, le soin du gouvernement, le vieil athlète se consacra désormais à une vie toute de dévouement apostolique. Pendant huit ans, il prêcha encore en allemand, les dimanches et fêtes, dans la cathédrale de Saint-Nicolas. Dans le courant de la semaine, toute sorte d’ouvrés se succédaient : le catéchisme aux enfants, l’instruction des pauvres et des ouvriers, la visite des prisonniers et des malades, etc. En I581 et L582, il fonda sous le vocable de la T. S. deux congrégations d’hommes et île femu.es, qui furent

affiliées.< la Prima primaria de Home. Y. Aiei. s., l..

Le Bienheureux Canisius, Paris, !  ! « ;.">, p. 331, note sur la premier.’institution des congrégations de la T. S. Vierge "t la pari qu’v a prise Canisius. L’appui des autorités ecclésiastiques et civiles lui permit de reformer des abus invétérés et de fonder, en 1587, des écoles pour le peuple. Non seulement il y eut préserva. ion totale île l’hérésie, mais ce fut dans le canton de fribourg comme une renaissance du catholicisme.

Quand la maladie eut force le Bienheureux, en 1588,

a ne plut prêcher, il consacra le n I’cet apostolat de la plume qu il jugeait si fructueux ; toute une

appartiennent a cette époque. Des personnages, comme saint François de sales, recouraient Le

I’. Aquaviva le pria de mettre pai écrit tout < : qui expérience lui suggérerait de remarques utiles aux ouvneis de la Compagnie, pour leur propre sancti^ lion, la conversion des hérétiques et la bonne formation des élevés du Collège germanique ; de la un mémoire précieux, dont Janssens a résumé les grandes lignes, op. : il., t. v, p. 205 sq., ei qui sera publié intégralement danles EpittuUe ri acta. Il donna encore au prévôt du chapitre de Fribourg. vers 1589, d’excellente » observations sur la manière d’étudier la théologie, De ratione studiorum theologicorum qusedam notatione » . Voir Pachtler, liatto ttudiorum et institutiones scliolastiese Societatis Jesu per Cermaniam olim vigentes, Berlin, 1887, t. ii, p. 51 i. Ainsi fut féconde, comme tout le reste de sa vie, la vieillesse de Canisius. Après quatre mois de grandis souflrances, il mourut le 21 décembre 1597. A sa mémoire s’attacha une renommée de sainteté que les miracles obtenus par son intercession accréditèrent. Aussi des 1025 et les années suivantes, des procès se firent à Fribourg en vue de sa béatification, mais la cause ne fut introduite à Rome que beaucoup plus tard. Interrompue par la suppression de la Compagnie de Jésus et reprise sous Grégoire XVI. elle s., termina sous Pie IX qui. le ii juin 186L donna â ce grand serviteur de Dieu le titre de bienheureux fête se célèbre le 27 avril. Le troisième centenaire d mort, célébré en 1897 et consacré par une lettre encyclique de Léon XIII. a montré quels sentiments de vénération et de gratitude régnent au cceur des catholiques d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse pour celui que. dans cette encyclique du lr août 1897. Léon XIII a nommé alterum post Bonifacium Gennanix apostolum. Cf. Epist., t. ii, préf.. p. v.

I. Documents.

1’EpistuUr et acta, comprenant les œuvres autobiographiques de Canisius, ses lettres, rééditées eu inédites, et de riches citations de documents contemporains. — 2* Monumenta historica Soc. Jesu, en cours de publication à Madrid depuis 18’J4 ; on trouve des lettres et de précieux matériaux relatifs à Canisius dans presque tous les volumes parus. Voir les Ind au mot Canisius aa Kany s : Chronit - - du P. Potaneo,

t. i-vi, de 1491 à 1500 : Lilterse quadrimestres, t. l-iv, de 1516 à 1556 ; Epistol.v mi.rtr. t. i-v. de 1537 à 1556 ; Enistolæ P. Hieronymi JS’adal, t. i-m. de 13’iC. à 1577 ; Monumenta psedagogica ; Monumenta Ignatiana ; Epistote PP. Paschasii Broèti, Claudii Jaji, etc. p. 334-374, passim. — 3- Lettres nombreuses de Canisius ou relatives à Canisius dans les ouvrages suivants : J. Haiisen. Rheinische Akten tur GeschichU des Jesuitenordens, t548-1582, in-8-, Bonn, 1896 ; E. S. Cyprian, Tabularium Lcclesite Roman » SBCuli tri, in-i-, Francfort et Leipzig. : Stanislai Hosii S. H. E. cardinalis… et qu.x ad eum script* sunt epistolx, Cracovie, 1879, 1886, t. i. n. Peur les lettres minées dans divers livres, voir Sommervogel. Bibliothèque, t. II. col. 683 ; t viii, col. 198 images généraux Bit

Societatis Jesu, par les PP. Orlandini, Sacchini et P.ssinc. Home. lt’.lô, etc., part I-V ; J. Agricole, s J., Historia protrineU / « su Germanim Superioris, t. i, n ; K. Retffenberg. S..1.. Historia Soc. Jesu ad Rhenum inferioren G, « lT61. t. i : lier, S. J., Historia provinci i vienne,

1740, part, i : -t. Scamidt, s. J., Historia prwnneim

Bohemise, Pragu<. 1 T’i 7. part. 1 : Imago primi ssxuli t sq., 915 sq. ; M. Tan » - Suoiatai

apostolorum imitatrix, Prague, 1694, part 1n. Ouvrages spé< iaux, à consulter pour l’étude des di

périodes de la vie, 1e Canisius : L. Kimen..Y es v Orschichte

der Stadt ii, >in. Cologne, ts :  ; >. t. i ; C. Warrentrap, ffen Wied und scia Reformationsversuch in I

Leipzig. 1878 ; L. Delplace, s..1.. L’établissement de

.’., Jésus dans les Pays-Bas, in*, Brui t 3 I. N.

Mederer, Annales tngolstadiensis Academisr, Ingolstadt,

, , ! [ y - de l’université

dlngolstadt.i In-fl. Paris, 18J

oertitàt und ikre Gelehrten <t. ni de GeschichU der Wiener 152^

CANISIUS

1524

Univcrsitât), in-8° Vienne, 1888, p. 90 sq., 145 sq. ; R. Perkmann, Zur Geschichte der Wiener Univcrsitât, in-8° Leipzig, 1865, p. 88 sq. ; A. Wappler, Geschichte der theologischen Facilitât der K. K. Universitat zu Wien, in-8° Vienne, 1884 ; J. B. von Bucholtz, Geschichte der Regierung Ferdinand des Ersten, Vienne, 1838, t. viii, ix ; Th. Wiedemann, Gescliiclite der Reformalion und Gegenreformation im Lande unter der Enns, in-8% Prague, 1879, 1880, t. i, u ; P. Braun, Geschichte der Bischbfe von Augsburg, Atigsbourg, 1814, t. m ; A. Steichele, Archiv fur die Geschichte des Disthums A ugsburg, Augsbourg, 1859, t. u ; Th. Sickel, Zur Geschichte des Concils von Trient, in-8% Vienne, 1872 ; A. Eichhorn, Der ermldndische Bischof und Cardinal Stanislas Hosius, 2 in-8° Mayence, 1854, 1855 ; M. Rader, S. J., Bavaria pia, in-fol., Munich, 1628, p. 142 sq. ; F. J. Lipowsky, Geschichte der Jesuiten in Baiern, in-8° Munich, 1816 ; Id., Geschiclite der Jesuiten in Tyrol, in-8° Munich, 1822 ; L. Rapp, Kônigin Magdalena von Œsterreich, Stiftering des kiinigl. Stiftes zu Hall in Tirol, in-8° Inspruck, 1858, contient les règles données, vers 1566, par Canisius à la communauté de Hall ; J. Hirn, Erzherzog Ferdinand II von Tirol. Geschichte sciner Regierung und sciner Lànder, Inspruck, 1885, 1. 1 ; H. Murer, Helvetia sancta, in-fol., Saint-Gall, 1750 ; P. G. Bovet, cordelier, Le B. Pierre Canisius et le canton de Fribourg, Fribourg, 1865 ; Revue de la Suisse catholique, 1891, t. XXII, p. 361 sq. : Le B. Pierre Canisius et l’université de Fribourg, par D. Jacquier ; 1894, t. XXV, p. 304 sq., 361 sq., sept lettres du nonce J. F. Bonomio au Bienheureux, de 1581 à 1584, publiées par le P. J.-J. Berthier, 0. P.

III. Biographies et études biographiques.

1* Biographies principales ou faisant souche : M. Rader, S. J., De vita Pétri Canisii, in-12, Munich, 1614, la plus ancienne, mais peu développée ; F. Sacchini, S. J., De vita et rébus gestis Pétri Canisii, in-4% Ingolstadt, 1616 ; J. Dorigny, S. J., La vie du B. Pierre Canisius, in-12, Paris, 1707 ; J. Boero, S. J., Vita del Beato Pietro Canisio, in-8° Rome, 1864 ; F. Riess, S. J., Der selige Petrus Canisius, in-8° Fribourg, 1865 ; A. Kross, S. J., Der selige Petrus Canisius in Œsterreich, in-8° Vienne, 1878. Ces trois derniers biographes ont utilisé de nouvelles sources et beaucoup enrichi la vie de Canisius.

2’Biographies subsidiaires, qui se rattachent aux précédentes comme traductions ou comme adaptations, avec plus ou moins d’additions : F. Juligatti, S. J., Vita del P. Pietro Canisio, in-8° Rome, 1649, abrégé de Rader ; Lcben des Elirwùrdigen P. Pétri Canisii, in-4° Dillingen, 1621, trad. de Rader et de Sacchini ; F. de Smidt, Leven van R. P. Petrus Canisius, Anvers, 1652, tirée de Sacchini ; Longaro degli Oddi, Vita del Venerabil servo di Dio il Padre Pietro Canisio, in-4° Naples, 1755, trad. libre de Sacchini ; P. Python, S. J., Vita R. P. Pétri Canisii, in-8% Munich, 1710, trad. latine de Dorigny ; Leven van den Ecweerden Vader Petrus Canisius, in-8° St. Nicolæs, 1830, trad. flam. du même ; D. Schelkle, Lebensgeschichle des Ehrivurdigen Vaters P. Canisius, 2 in-12, Vienne. 1837, trad. allem. du même ; E. Seguin, S. J., Vie dit B. Pierre Canisius, in-12, Paris, 1804, s’inspire de Dorigny et de Boero ; R. Garcia, S. J., Vida del Beato Pedro Canisio, in-12, Madrid, 1865 ; Daurignac, Histoire du B. Pierre Canisius, in-12, Paris, 1866, rdaptationde Boero ; L. Michel, S. J., Vie du B. Pierre Canisius, apôtre de l’Allemagne et de Fribourg, d’après le P. J. Boero et des documents inédits, in-4° Lille, 1897 ; E. Marcour, Der selige Petrus Canisius, der erste deutsche Jesuit und ztveiter Apostel DeutsclUands, in-8° Fribourg-cn-Brisgau, 1881, biographie populaire qui s’appuie sur Riess.

3* Notices biographiques très nombreuses, mais qui ne sont en général que des vulgarisations des principales vies du Bienheureux ; quelques-unes méritent pourtant une mention spéciale : P. d’Outreman, S. J., La vie du Vén. P. Pierre Canisius, composée en espagnol par le H. P. Jean Eusèbe Niercmbcrg, in-8° Douai, 1642 ; J. Jouvancy, S. J., De vita H. Pétri Canisii… comtnentarius, i n - 1 <’, . Rome, 1864, trad. franc, par le P. Deynoodt sous le titre i’Esquis3e biographique du Vén. serviteur de Dieu Pierre Canisius, in-12, Bruxelles, 1865 ; H. Racmy de Bi rtigny, s. J., Le /’Pierre Canisius… fondateur du collège de Fribourg, in-16, Fribourg, 1865 ; P. C. Bovet, Vie et apostolat du n Pierre Canisius, 2e édit., Fribourg, 1881 ; J. B. Monter, Der selige Petrus Canisius, ein deutschei Glaubensheld, in-16, nne, l 90 ; A. Knôppel, Der selige Canisius, zweiter l Deutschlands, in-16, Mayence, 1897, volume de la collection Lebensbilder katholischer Erzieher, éditéo par Vf. K. IlubciL

II. Ecrits.

Canisius a laissé de nombreux écrits, mais tous n’ont pas la même importance ni le même caractère. Au premier rang se placent les ouvrages doc trinaux, qui ont établi la réputation théologique du Bienheureux. Viennent ensuite les publications d’édilication ou de propagande religieuse, qui secondèrent son action apostolique ou la propagèrent. Sous un troisième groupement, très artificiel, se rangeront les œuvres dont Canisius ne fut qu’éditeur ou traducteur. Sous un quatrième, les écrits autobiographiques et quelques pièces inédites qui méritent d’être signalées. Les brochures do circonstance déjà citées ne seront pas rappelées.

I. ouvrages doci’MXAUX. — Ce sont les catéchismes, le grand ouvrage contre les Centuriateurs et, dans une certaine mesure, les notes sur les Évangiles.

1° Summa doctrinx christianse. Per quæstiones tradita, et in usum christianse pueritiæ mine primum édita. Jussu et aulhorilate sacratissimx Rom. Hung. Bohem. etc. Regix Majest. Archiducis Austrix, etc. Une traduction allemande parut à Vienne dès 1556. Epist., t. I, p. 537, Cil. En 1566, le Bienheureux publia une nouvelle édition, considérablement augmentée et imprimée à Cologne sous ce titre : Summa doctrines christianse, per quæstiones luculenter conscripta.

Cette Summa est le plus grand des trois catéchismes que composa successivement Canisius, celui que, dans un fragment autographe, il appelle major, par opposition aux deux autres, minor et minimus. Epist., t. I, p. 61. La l re édition parut à Vienne, sans nom d’auteur et sans date. Un édit de Ferdinand I er, du 14 août 1554, qu’on lit au début du livre, en avait fait reporter la publication à cette même année, mais le P. Braunsberger, Entstehung und erste Entwicklung der Catechismen des seligen Petrus Canisius, p. 27 sq., a établi que la Summa n2 parut en réalité qu’au mois de mai 1555. Point qui a donné lieu à une discussion entre le D r Fijalek et le P. Kneller, S..T., dans l’Historisehes Jahrbuch de Munich, 1896, 1897, t. xvii, p. 801 sq. ; t. xviii, p. 632 sq. L’ouvrage répondait au désir exprimé par le roi Ferdinand d’avoir un bon exposé de la doctrine catholique qu’on pût opposer aux nombreux manuels de religion que les protestants faisaient circuler dans ses États. On décida de diviser la tâche en trois parties, qui comprendraient une somme théologique pour la jeunesse académique, un manuel de pastorale pour le clergé et tin catéchisme pour le peuple. Divers obstacles arrêtèrent ceux qui avaient été chargés des deux premières parties ; la dernière seule fut menée à bonne fin par Canisius. Très satisfait du résultat, Ferdinand prit la publication sous son patronage et en procura la dill’usion de tout son pouvoir. Il proposa même le catéchisme du Bienheureux au concile de Trente comme l’un de ceux dont il serait bon de prescrire l’usage aux curés et dans les écoles. Les Pères de Trente décidèrent bien la rédaction d’un catéchisme ; mais celui de Canisius ne fut alors ni approuvé ni désapprouvé. Epist., t. iii, p. 729, 782 sq. La sanction de Borne devait venir en son temps. Dans le bref de béatification, Pie IX a fait l’éloge de ce pelit livre « composé avec tant d’exactitude, de clarté et de précision, qu’aucun ouvrage n’est plus propre à instruire les peuples dans la foi chrétienne » . Dans son encyclique de 1897 sur le Bienheureux, Léon XIII a pareillement loué « cet ouvrage nourri et serré, écrit dans un beau latin et d’une façon qui n’est pas indigne des Pères de l’Eglise » , densum opus ac pressum, nitore latino excellons, Ecclesix Patrum stylo non indignum.

2° Summa doctrinx christianse, per quæstiones tradita, etad caplum ruiliorum acçommodata, — Édition princeps du plus petit, minimus, des trois catéchismes, imprimé d’abord à la suite des Principia grammatiecs de Canisius, Ingolstadt, 1556. Epist., t. r, p. 592. Il l’ut traduit presque aussitôt en allemand, et publié, probablement à Ingolstadt et l’année suivante, sous ce titre : Gatechismus oder die Summa Christlicher Leer fur die ainfelligen in frasgtuch ges telle t, Tbid., p. 840 sq. ; t. ii, p. 885 sq. C’est du même qu’il s’agit dans les édi1525

CANISI1 S

lions suivantes, parues à Dillingen : Der klain Catechisvitis tampt kurtten gebetlen fur die ainfâltigen, 1558 ; Catechismusm Trag und Antwort gestellt fur diegemeine Leyen und Kinder, 1568 ; Kleiner Catechitmu* Pétri Canisii, 1598.

8* Parvus catechitnuu catholicorum, sans nom d’auteur, Cologne, 1558. Epiet., t. ii, p. 890 sq. C’est le catéchisme moyen on minor, dans le sens ci-dessus indiqué. Des éditions postérieures portent îles titres différents, par exemple les deux suivantes, qui sont d’Anvers : Catechismut catholicus juventuti formandm hoc useulo quam maxime necessarius, 1559 ; Institutions chrvstianæ pietatis, 1566. Comme les deux autres catéchismes, il fut vite traduit en allemand, la première fois, semble-t-il, en 15(>0, à Dillingen. lbid., p. 898 sq.

Canisius a donc fait paraître trois catéchismes, tous en latin d’abord, puis en allemand. Mais ces trois livres ne constituent en réalité qu’une seule et même œuvre ; ils ne contiennent qu’une seule et même doctrine, présentée avec plus ou moins de développements et adaptée aux diverses classes de fidèles que le Iîienbeureux avait en vue. Le petit catéchisme, minimus, était pour les enfants qui débutent et pour les gens sans instruction ; il formait comme le pendant du petit catéchisme de Luther. La Summa primitive correspondait au grand catéchisme de l’hérésiarque ; elle était destinée aux universités et, dans les collèges, aux classes supérieures. Moyen terme, le Calecliismus parvus catholicorum s’adressait aux étudiants des classes inférieures et aux jeunes gens de même portée.

Aux trois catéchismes de Canisius il convient d’ajouter l’ouvrage que composa et publia le P. Pierre Husée ou Iiuvs, d’abord sous ce titre : Authoritatum sacrée Scriptural et sanctorum Palrum, qusc in Stmima doctrinal christianæ D. Pétri Canisii, theologi Societatis Jesucittuitur, ’tin-i°, Cologne, 1569 sq. ; puis sous cet autre titre, plus connu : Opus catechisticum, sive de Summa doctrinal christianæ D. Pétri C.anisii, theologi Socielatis Jesu, præclaris divines Scriptural testimoniis, sanctorumque Patrum sententiis sedulo iUustratum, in-fol., Cologne, 1577, etc. L’ouvrage, sans être de Canisius lui-même, complète son œuvre et n’en diffère pas pour le fond, puisque ïOpus catechisticum n’est pas autre chose que le grand catéchisme du Bienheureux, mais avec le texte intégral des références que la 2e édition portait en marge, c’est-à-dire environ deux mille citations scripturaires et douze cents passages de Pères. On a parfois appelé cet ouvrage le catéchisme des théologiens ; c’est le principal de ces nombreux commentaires qui ont eu pour objet la Summa de Canisius. Il a été traduit en français par l’abbé A.-C. Peltier, sous ce titre qui peut paraître équivoque : Le graml catéchisme de Canisius, ou précis de la doctrine chrétienne, appuyé de témoignages nombreux de l’Écriture et des Pères, G in-8°, Paris, 1856, etc. Voir col. 1265-1266.

Canisius ramène la doctrine chrétienne aux deux idées générales de sagesse et de justice. Eccli., i, 33. Quatre chapitres développent la première idée : de la foi et du symbole ; de l’espérance et de l’oraison dominicale ; de la charité’et du décalogue, auquel se rattachent les préceptes de l’Église et l’Église elle-même ; des sacrements. Le c. v se rapporte à la justice chrétienne, qui consiste à fuir le mal et à faire le bien ; ce qui amène l’auteur à traiter d’abord du péché, puisdes bonnes œuvres, des vertus, des dons et fruits du Saint-Esprit, îles conseils évangéliques. Le tout couronné par la doctrine des quatre tins dernières. D’un boul à l’autre du livre. Jésus-Christ apparaît comme le commencement, le principe et le terme de notre justification. <À’qui n’empêcha pas les théologiens protestants de crier bien fort que la justice enseignée dans le

catéchisme du jésuite était une justice païenne et que les

mérites du Sauveur étaient annihilés. Aussi le Bienheureux s’atlacha-t-il, dans l’édition de 1560, à mettre encore

[dus vivement et plot wuvent en relief l’efficacité du

Christ et i.i nécessité absolue de la gi H ajouta en outre, tous forme d’appendice, la doctrine du concile de Trente sur la chute et la justification de l’homme.

La méthode générale dont se sert Canisius est connue : il procède par demandes et par beaucoup plus

nombreuses dans le grand catéchisme que dans le moyen et surtout le petit. Le grand catéchisme en tient, en effet, 2Il dans la I" édition et 222 dans I édition de 1566 ; le moyen, 122 ; le petit, 59 seulemenl demandes sont très courtes ; les réponses plus < ! loppées, parfois assez longues d.ms la Sumnui ; quelques-unes y atteignent jusqu’à quatre ou cinq pages, et n davantage. Le cas se présente surtout, quand l’auteur se trouve en présence de dogmes rejetés par les hérétiques de son temps ; il s’attache alors à les bien établir et expliquer sous la double lumière des saintes Écritures et des anciens Pères. Mais il évite toute attaque diret cela par principe ; car il était convaincu qu’en se bornant à exposer simplement la doctrine catholique, il obtiendrait de bien plus grands et de meilleurs résultats que par les discussions et la polémique. Aussi ce qui frappe dans son petit livre, ce n’est pas seulement la netteté du plan et de l’exposition, la richesse de la doctrine jointe à la concision du style, la saveur scripturaire et patristique ; c’est aussi cette belle sérénité dans l’enseignement qui mérite d’autant plus d’être remarquée qu’elle contraste davantage avec le ton de polémique amère dont ses adversaires luthériens étaient coutumiers.

Le succès fut extraordinaire. « Aucun ouvrage peut-être, la Bible exceptée, n’a eu plus de réimpressions et de traductions dans toutes les langues de l’Europe, » a dit un auteur protestant, P. Rouffet, article sur Canisius. dans l’Encyclopédie des sciences religieuses, Paris, 1878, t. ii, p. 376. On compte, en effet, en moins d’un siècle et demi, quatre cents éditions ; Rader pouvait déjà dire, en 1615, que ce livre avait été traduit en allemand, en slave, en italien, en français, en espagnol, en polonais, en grec, en bohémien, en anglais, en éthiopien, en indien et en japonais. Les fruits furent proportion !  : la diffusion. « Pendant trois siècles, Canisius fut regardé comme le maître des catholiques allemands, et, dans le langage populaire, connaître Canisius et conserver la vérité chrétienne étaient deux locutions synonvmes. » Ainsi parle Léon XIII dans son enevelique de 1897. Tous les écrivains protestants, qui ont étudié la question de sang-froid, reconnaissent et la valeur réelle du livre et l’influence qu’il exerça ; plusieurs n’ont pas hésité à dire que le catéchisme de Canisius fut son arme la plus efficace dans l’œuvre de la conlre-rélorme religieuse qu’il provoqua et dirigea. Voir, par exemple, P. lirevvs, op. cit., p. 55 ; G. Erûger, Petrus Canisius m Geschichte und Légende, Giessen, 1898, p. lu sq. ; Benrath, art niants, dans Realencyklopàdie fur protest. Théologie und Kirclie, 3’édit., Leipzig. 1897, t. ni. p. 709. Cf. dans le même sens, Epistulx et acla, t. I, préf., p. xvin sq.

4° Commentariorum de verbi Dei corruptelis Uhcr primus : in quo île tanctissimi prsecursoris Donitni Joannis Baptistm historia evangelica, cum advenue alios hujus (emporta tectarios, tum contra novos eedesiasticm historia consarcinatores luriatore »

pertractatur, in-i°. Dillingen, 1571, puis 157-2.

5° De Maria Virgine incomparabili, et Ihi Génitrice tacrosancta, libri quinque : atque lue secundus liber est Commentariorum de vertu Dei corruptelis. adversus novoa et veteres sectariorum er r o re s nunc primum éditas, in-fol., Ingolstadt. 1577. — Inséré dans la Summa aurea de lauilibus beatissimm virginis Marias, Paris, I8)’J, t. vin. col. 613 sq. ; t. ix. col. 9 sq.

Les deux ouvrages furent réunis ensuite en un seul volume, sous ce titre : Commentariorum de verbi Dii

eorruptelis tomi duo. Prior de venerando Christi Domini prsecursore Joanne Daplisla, posterior de sacrosancta Virgine Maria Deipara dissent, et utriusque personæ historiam omnem aduersus Cenlurialores Magdeburgicos aliosque catholicæ Ecclesiæ hostes diserte vindicat, in-fol., Ingolstadt, 1583 ; Paris et Lyon, 1581.

Les Centuriateurs de Magdebourg avaient attaqué l’Église romaine non seulement sur le terrain du dogme et de la discipline, mais encore sur celui de l’histoire, en dénaturant beaucoup de faits au profit des nouvelles doctrines. Canisius n’entreprit pas de les suivre sur le terrain historique, ce fut l’œuvre du cardinal Baronius ; il voulut seulement opposer aux erreurs les plus fondamentales des théologiens luthériens une justilication des croyances et des usages catholiques prise dans la sainte Écriture et dans l’histoire évangélique. Et de là vient ce qu’il y a de caractéristique dans son plan général, à savoir s’attacher aux personnages qui ont eu le plus de rapport avec Notre-Seigneur, et grouper autour d’eux une partie des vérités que les novateurs rejetaient. Ainsi dans saint Jean-Baptiste se personnifierait en quelque sorte la conception catholique de la pénitence et de la justification. A la Vierge Marie, considérée sous la lumière des saintes Écritures et de l’antique tradition, se rattacheraient les doctrines de l’Église romaine sur la virginité, le célibat, le culte des saints et la divinité même de Jésus-Christ. Avec saint Pierre, ce serait la notion même de l’Église catholique et la primauté de son chef qui apparaîtraient. Viendraient ensuite, dans une quatrième partie, l’apôtre des gentils et, dans une cinquième, les apôtres saint Jean et saint Jacques. Tel était du moins le plan primitif de Canisius, d’après un volume manuscrit qui se conserve à la bibliothèque du lycée de Dillingen.

Le Bienheureux n’acheva et ne publia que les deux premières parties. Dans l’ouvrage sur saint Jean-Baptiste, il suit invariablement une méthode que la préface du I er livre fait connaître. Toutes les fois qu’il commence un chapitre, il énonce un ou plusieurs textes évangéliques se rapportant au saint précurseur, par exemple Luc, I, 41, 80, où il s’agit de son enfance et de sa sanctification ; Matth., iii, 4, où il s’agit de sa vie au désert. Suit le commentaire des Centuriateurs cité textuellement. Puis vient la Censura, c’est-à-dire la discussion, où le Bienheureux s’attaque aux erreurs de ces théologiens luthériens, comme à toutes celles qui en découlent ou s’en rapprochent. La méthode n’est pas sans inconvénients pour la marche du récit, qui se trouve ralentie, et pour le développement des preuves parfois interrompu ; mais elle répond au but apologétique de l’auteur. Un très grand nombre de questions agitées entre catholiques et protestants interviennent de la sorte dans les quatorze chapitres dont le volume se compose : la sanctification des adultes et des enfants, la vie érémitique et monacale, le jeûne et l’abstinence, les rapports entre la loi ancienne et la nouvelle, le baptême de saint Jeun et celui de Jésus-Christ, la mission du saint précurseur et sa dignité, les bonnes œuvres, méritoires ou satisfactoires, la notion de la justice chrétienne et de la foi. L’ouvrage se termine par la réfutation des objections soulevées par les novateurs contre la sépulture, les reliques, les miracles et l’invocation de saint Jean-Baptiste. Toutes ces questions sont traitées avec une ampleur digne du sujet. Le Bienheureux y fait constamment preuve de qualités solides ei appropriées à sa tâche : intime familiarité’avec la sainte Écriture ; vaste érudition patristique et théologique ; grande connaissance de la littérature protestante. Aussi l’œuvre mérita le uGTrnge ! déjuges tels que Salmeron et Stanislas llosius. Le pape s ; iint Pie V fut satislait et le fit savoir à l’auteur.

Dans l’autre volume, Dr Varia Virgine inromparabili, Canisius, tenant compte de conseils reçus, divisa

davantage son sujet et s’abstint de mettre en tête des chapitres les textes de la sainte Écriture qui devaient étayer sa doctrine et ceux des hérétiques qu’il avait à combattre. L’ouvrage renferme cinq livres et cent douze chapitres. Le Bienheureux traite d’abord du nom de Marie, de ses parents, de sa conception immaculée qu’il défend, c. v-vin, avecautant de solidité que de décision, de sa naissance, de son éducation et de l’admirable vie qu’elle mena jusqu’à l’Annonciation. Le IIe livre est consacré tout entier à la perpétuelle virginité de Marie ; saint Joseph n’y est pas oublié, c. XIII. L’auteur explique ensuite la salutation angélique, et établit largement la maternité divine de Marie. Au IVe livre, il discute les textes dont les novateurs abusaient pour rabaisser la Mère de Dieu ; à cette occasion, il développe heureusement l’antithèse traditionnelle de la première et de la seconde Eve, c. xvi : De Marias et Evse jxtsta collatione, sicut veteres illani tradiderunt. Le Ve livre a pour objet les dernières années de la Vierge, sa mort et son entrée triomphante au ciel ; il se termine par une histoire apologétique du culte qu’on a toujours rendu dans l’Église à l’auguste Mère de Dieu. Le Bienheureux défend les épithètes, incomprises des protestants, dont la piété chrétienne honore Marie, en particulier celle de médiatrice, c. XII. Mais il sait aussi craindre l’abus, et dislingue nettement la dévotion saine et catholique de l’aveugle superstition ou des pratiques idolâtriques ; pour s’en convaincre, il suffit de lire la dernière partie du c. xv.

Parmi les théologiens d’un ordre où l’on a beaucoup écrit en l’honneur de la Mère de Dieu, Canisius est le premier qui ait traité de la mariologie en un corps de doctrine aussi bien coordonné que largement construit, où se trouve réuni tout ce qui jusqu’alors avait été dit à la louange de la Vierge. Il y réfute, soit à part, soit en groupes, plus de cent adversaires de Marie ; il évoque en sa faveur plus de quatre-vingt-dix Pères et docteurs orthodoxes des huit premiers siècles ; pour les temps postérieurs il met à contribution les travaux d’environ cent dix écrivains. Aussi n’est-on pas étonné que, dans une lettre adressée de Rome au Bienheureux le’25 janvier 1578, le cardinal Hosius l’ait félicité de s’être mis par son Opus Marianum au nombre de ceux qui ont le plus honoré la très sainte Vierge, ut vix quisquam sit a quo niagis fuerit illustrala. Mais il serait excessif d’ajouter qu’il « est impossible de rien désirer de plus » : pour ne citer qu’un point, l’érudition de Canisius, remarquable pourtant pour son époque, n’échapperait pas, sous le rapport de la critique, aux rigueurs d’une science mieux informée et plus exercée. L’œuvre n’en reste pas moins un beau monument élevé à l’honneur de la Mère de Dieu, et c’est à bon droit qu’un théologien récent l’a nommée « une apologie classique de toute la doctrine catholique sur Marie » . Scheeben, Handbuch der katltolisclic Dogmalik, Fribourg-en-Brisgau, 1882, t. iii, p. 478. A quoi l’on peut ajouter que Canisius, docteur de la Vierge, fut aussi pendant toute sa vie l’apôtre infatigable de son culte. Voir dans le compte rendu allemand du Congrès mariai de Fribourg, 1903, p. 355 sq., une étude spéciale du P. Braunsbcrger : Derselige Petrus Canisius. Seine Arbeiten fur die Verteidigung des Cidtus der seligslen Jungfrau im xvi Jahrhv.nd.crt.

6° Noix in evangelicas lectiones, qnæ per totum annum dominids diebus in Ecclesia catholica recitantur, 2 in-4°, l’un Dedominicis, l’autre Defestis, Fribourg, 1591, 1593. - Nombreuses réimpressions, el plusieurs traductions allemandes, dont la dernière et principale est celle du D’llai.l : Pétri Canisii Homilien oder Bemerkungen ûber die evangelischen Lesungen, etc., 5 in-8°, Augsbourg, 1844 sq.

Sous ce litre modeste de Notes sur l’Évangile, Ca DÎsiUS a caché’le fruil principal île sa laborieuse vieil

lesse. Quand la maladie l’eut empêché de monter en chaire, il songea, sur les conseils de ses amis, à revoir ÔJ0

lea sermons qu’il avait prêches, mais an lieu de les publier simplement, il crut préférable d’en extraire la substance, afin d’être plus utile au clergé paroissial et aux missionnaires. Epist., t. ii, préf., p. uv. En dehors du texte même des i pitres et « les Évangiles, l’ouvrage contient résumés Buccincts et îles paraphrases ou développements qui rappellent l’homélie ; d’où le titre d’Homvlien dont s’est servi le H r Raid dans son édition. Maintenant encore les Nota in evangeliccu lectionet peuvent être d’un réel Becourspour la prédication pastorale, au jugement du D r Keppler, Beitrâge sur Entwieklungsgeschichte der Prediglanlage, dans Theologische Quartalschrift, Tubingue, 1892, p. 99. Cf. Riess, Der selige Pétrit* Canisius, Fribourg, 1865, p. 485 sq. Le Bienheureux avait préparé une 2e édition qui est restée manuscrite. Sommervogel, Bibliothèque, t. ii, col. 684.

II. 0BVBAGB8 D’ÉDIFICATION BT DB PROPAGANDB RBLIt u i SB. — Tous ces écrits, en eux-mêmes secondaires, ont néanmoins leur place marquée dans l’apostolat de Canisius, dans l’influence qu’il exerça sur les catholiques de son temps et d’après. Par ce coté, le Bienheureux se rapproche des docteurs de l’Eglise, qui ne furent pas seulement des théologiens de haute volée, mais au>si des écrivains populaires comme saint François de Salis et saint Alphonse de Liguori. Les ouvrages seront donnés par ordre chronologique de puhlication.

1° De consolandis œgrotis, præsertim ubi de vitx periculo agi tur, in usuni sacerdotum et ministrorum, qui circa segros versantur in hospitali Begio Viennæ Austriassalularis formula, in-i°, Vienne, 1554. — Le titre de l’ouvrage en indique suffisamment la nature. La préface est de Canisius. Est-il l’auteur de tout le livre ? Plusieurs l’affirment ; en tout cas, il y eut une grande part. Epist., t. i. p. 718.

2° Lectionet et precationcs ecclesiasticæ. Opus novum et frugiferum plane, in usuni scholarum catliolicarum, omniumque pietatis verse studiosorum, in-8°, Ingolstadt, 155(5 et 1557. — Manuel de piété pour les étudiants. Il contient les épilres et les évangiles des dimanches et des fêtes, avec un court sommaire qui aide à les comprendre, puis les prières ordinaires du chrétien et divers morceaux tirés des livres liturgiques, collectes, hymnes, antiennes, etc. Epist., t. I, p. 5 ( J2 ; t. ii, p. 889.

3° Belbuch, Dillingen, 1560. — Petit livre de prières qui fut d’ahord imprimé avec la l re édition allemande du l’arvus catechismus catholicorum, et peut-être dès lors tiré à part. Il a été souvent réimprimé sous le même titre, ou ceux de Betbûchlein, Catholisch Betbuchlein, etc. Beau recueil de prières où la naïveté’et la tendresse s’unissent à la doctrine et à l’onction, et qu’on a fort heureusement appelé « une Heur posthume de la mystique allemande du moyen âge » . Il plut singulièrement a l’empereur Ferdinand qui en demanda une traduction latine de verbo ad verbum ; mais on ne connaît aucun exemplaire certain de cette traduction. Epist., t. i, p. 76(1, >N’.)8 sq. ; t. iii, p. 785.

ifiSélecta preces, publié entre 1558 et 1562. — Choix de prières latines dont il est question dans une lettre adressée au Bienheureux par le cardinal llosius, le 10 février 1562, selectas preces quas eili curas ti. Au concile de Trente, les légats pontificaux en tirent réciter publiquement des extraits avec les litanies du carême. Epist, , t. iii, p..’{7.5. 785. lus biographes de Canisius, comme les PP. Sacchini et Boero, ont vu dans ces prières la traduction latine du Belbuch, mais cette identification n’est nullement certaine. Dans une note bien documentée, Zeitschrift fur katholische Théologie, Inspruck, 1902, p. 574 sq., le D r X. Paulus a montré que les prières récitées au concile se rattachent au livre suivant, dont Canisius aurait été l’éditeur : Preces spéciales pro salute populi christiani, ex sacra Scriptura et Ecclesiæ usu a Reverendiss, i aire D. l’etro a Solo

pro collegialibus addita est b’tana, cusn’meutalibus

oralionibus lingua germanica /<- uaiia

divina, contra imminentia pericula cont i

gm…, aima 1558. L’auteur de la note conclut dr ce fait, qu’on doit au Bienheureux l’introduction en Allen, di-^ Litanies de Loretta.

Notons ici l’habitude fréquente chez Canisius d’int à la suite de ses ouvrages, surtout des prières ou d’autres exercices de piété. Ainsi ! ’chisnvus calholicus, imprimé à Anvers en 1561, contient cet appendice : Preces Iwraria entia

Jesu Christo Domino noslro, cum piis quib christianis exercitalionibus. Epist., t. ii, p. 721. Parmi ces pieux exercices se trouvaient sept méditations sur les vertus de Jésus-Christ, dont la lecture contribua en partie à l’entrée de saint Louis de Gonzague dans la Compagnie de Jésus. J. Agricola, S. !.. Uistoriaprt cim Societalis Jesu Germanise Superioris, Augsbourg, 1729, t. ii, p. 221 sq. ; Acta sancto l’uni, Anvers, 1707, junii t. iv. p. 897.

5° Instituliones et exercitamenta christianse pietatis, in-16, Anvers, 1566. Une quinzaine d’autres éditions. — Ce volume renferme le Parvus catecliismus, un choix de textes scripturaires qu’il est hon d’avoir toujours sous la main pour répondre aux hérétiques, trois sentences remarquables de saint Augustin, puis les Lectiones et precationes dont il a été parlé au n. 2. — Réimprimé sous divers titres, spécialement sous celui de Paient ra hominis catholici, in-12, Douai, 15 (.19.

6° Beicht und Communion Bûchlein, in-10. Dillingen, 1567. — Opuscul d’instruction catéchétique sur la manière de se préparer à la réception des sacrements de pénitence et d’eucharistie, souvent n’imprimé avec le petit catéchisme, ou séparément sous des titres un peu modifiés.

7° Christenliche und xvolgegrûndte Predig ven den vier Soulagea im Advenl, auelt von den heiligen Christag, in-i°, Dillingen, 1569, 1570 ; Ingolstadt, i 1 1591. — Recueil de serinons sur les évangiles des dimanches de l’Avent et des fêtes de Noël, où le Bienheureux parle des quatre venues du Christ.

8° Epistolse et Evangelia qux dominicis et festis bus de more catholico in templis recilantur, in-16. Dillingen, 1570 ; puis une quinzaine d’éditions en latin, et une dizaine en allemand. — Cet ouvrage n’est, à proprement parler, qu’une reproduction partielle ou une édition abrégée des Lectiones eccleniaslicse (n. 2). Dans la 1e édit.on, les Évangiles étaient suivis du Pttrous catechisnius.

9° Zwei und neunzig Beohaclitungen und Gebelt des gottseligen Einsiedlers Brader Clausen von Vmeruatden, sa))tj>l seine » Lehren, Spruchen und Weissagutsgen, von seinen thun und wesen, in-4°, Fribou

—.Méditations, prières, enseignements, maximes et prédictions du Bienheureux Nicolas de 1 lue. appelé par les Suisses frère Colas d’Unterwald. Le volume fut réimprimé l’année suivante à Ingolstadt, avec addition d’une notice biographique sur les saints Beat et Meinrad.

10° Manuale catholicorum in usuni pie p rec a n d i, in-16, Fribourg et Ingolstadt, I587. — Manuel de prière. composé sur la demande des religieuses de Hall dans le Tyrol, Nombreuses éditions en divers pays. Traductions en allemand, Catholisch Handbûchlein, Gebctbuch fur Katholiken ; en français, Le manuel catholiques, Anvers, 1589, etc. ; en flamand, en anglais.

11 » W’ahrhaftige und grïtndliclie Historié vont Ltbett und Sterben des hl. Einsiedels tind Martyres Si. Meinradis, ln-4*, Fribourg, 1587. — Biographie de saint Meinrad, le fondateur de Notre-Dame -d. (Einsiedeln).

12" Wahrhaftige Historié van dem berûmbten Abbt St. Fridolins und seinen wunderbarlicJicn Thaten, ni

4°, Fribourg, 1589. — Biographie de saint Fridolin, abbé de Seckingen, premier missionnaire de cette ville et de Glaris.

13° Zwo wahrhafte, lustige, recht Christliche Historien. .. Die erste von déni Uralten Apostolischen Mann S. Beato ersten Prediger im Schweitzerland, die mider von dem berûmien Abbt S.’Fridolino, in-4°, Fribourg, 1590. — Canisius a réuni dans ce volume deux des biographies précédentes : celle de saint Fridolin et celle de saint Béat, donné par les traditions suisses pour le premier apôtre de l’Helvétie et pour un disciple de saint Barnabe.

14° Kurze Beschreibung der Gottseligen Frauen S. Yta, Grâfln von Kirchberg, in-8°, Fribourg, 1590 ; Constance, 1612. — Courte biographie de sainte Ida ou Yde, comtesse de Kirchberg et de Tockembourg, en Suisse, célèbre par la vie de réclusion qu’elle mena.

15° Wahrhafjte Christliche Historié von Sanct Moritzen. .. und seincr thsbaisc/ien Légion. Auch insonderheit von Sanct Urso… und von andem thebaischen Cliristi Blulzeugen die in der alten Stadt Soloturn gelitten, in-4°, Fribourg, 1594. — Histoire de saint Maurice et des soldats de la légion thébéenne qui souffrirent avec lui le martyre près de Martigny, dans le Valais ; de ceux aussi qui subirent leur passion avec saint Ours à Soleure. Canisius réimprima cet ouvrage en 1596, avec quelques additions et en lui donnant pour premier titre : Kriegsleut Spiegel, Le miroir du soldat. Aux officiers et aux soldats qui guerroyaient alors contre les Turcs, il voulait montrer des modèles, en même temps que des protecteurs, dans les glorieux martyrs de la légion thébéenne.

Toutes les biographies qui précèdent, composées de 4586 à 1596, se rapportent à des saints patrons de la Suisse. Elles furent faites, comme le remarque justement le P. fiiess, op. cit., p. 488 sq., pour l’édilication des simples fidèles, et non pour les savants. On lit dans une lettre du Bienheureux, adressée à un bénédictin d’Einsiedeln, le 1 er juin 1588, la pensée qui les inspira : « Je voudrais qu’on publiât les biographies de tous les saints qui ont travaillé à sauver les âmes, et en particulier de ceux qui se sont le plus signalés par leurs vertus, afin que leurs exemples fussent plus connus et plus aimés, sinon des hérétiques, du moins des catholiques… riùt à Dieu que nous eussions un évêque qui eût à cœur de faire rechercher, dans les différents couvents, ce qui a été dit et fait sur les saints patrons de la Suisse ! » L. Michel, S. S., Vie du B. Pierre Canisius, Lille, 1897, p. 398.

16° Miserere. Das ist : Der 50 Psalm Davids, Gebettsweiss. .. aussgclegt, in-12, Munich et Ingolsladt, 1591.

— Exposition, sous forme de prière, du psaume Miserere, pour exciter les chrétiens pieux à la conliance, à la pénitence et à l’amendement de leur vie.

17° Andachtige Betrachtungen auff aile Tage in den Wochen, in-16, Thierhaupten, 1595. — Pieuses méditaions pour tous les jours de la semaine. Béimpriméos à Fribourg en 1607, sous ce titre : Pétri Canisii Belrachtung dure h die ganzle Wochen.

18° Catholisch Handbûchlein, das ist ausserlesene Spruch nette » und allés Testaments, in-8°, 1598. — Petit manuel catholique, ou recueil de textes, tirés du Nouveau et de l’Ancien Testament, et pouvant servir utilement aux catholiques en ces temps extraordinaires.

19° Enchiridion itinerantium, in-16 ou in-32, Anvers, 1899, 1618. — Manuel du voyageur, contenant divers exercices de piété.

20° Enchiridion pietatis quo ad precandum Dcnm instituitur princeps catholicus… a P. Petro Canisio Socielatis Jesu theologo olini conscription. Nunc prinum in luceni edituni, petit in-8°, s. I., 1751. — Manuel de piété composé-, comme l< litre complet l’indique, pour l’archiduc Ferdinand II d’Autriche, in usum Sercnis-,

simi Archiducis Austrise Ferdinandi junioris. Canisius en écrivit la dédicace à Fribourg, le 1 er octobre 1592. Traduction allemande ms. à la bibliothèque de Vienne, Calai, mss., t. vii, n. 11758.

21 » Beati Pétri Canisii S. J. exhortationcs domestiese collectée et disposilx a Gcorgio Schlosser, c/usdem Socielatis presbytero, in-16, Buremonde, 1876. — Becueil d’exhortations prôchées par Canisius aux religieux de son ordre. Elles ont pour objet les règles et divers points qui s’y rapportent, les fêtes de l’année, l’oraison dominicale, le renouvellement des vœux ou quelques autres matières de circonstance. Aux p. 435 sq., se trouvent les sept méditations sur les vertus de Jésus-Christ dont il a été question au n. 4. L’éditeur a clos le volume par une note sur la dévotion du Bienheureux au Sacré-Cœur de Jésus.

/II. ÉDITIONS ET TRADUCTIONS FAITES PAR LE B. CA-NISIUS. — 1° Des erleucliten D. Johannis Tauleri, von eym waren evangelischen Leben, Gôlliche Predig, Leran, Epistolen, Cantilenen, Propltetien, in-fol., Cologne, 1513. — Édition allemande des sermons et autres ouvrages ascétiques du célèbre dominicain et mystique Jean Tauler. C’est le premier livre qui ait été publié par le Bienheureux, et même par un jésuite. La dédicace, où l’auteur explique comment il fut amené à faire cette édilion et donne son jugement sur Tauler, se trouve reproduite, et accompagnée de notes instructives, dans les Epistulse, t. I, p. 79 sq.

2 » Divi Cyrilli archiepiscopi aleocandrini openim omnium, quibus nunc præter alia complura nova, recens accessereundecimlibri in Genesim, nunquam anlea in lucem sedili, 1. 1, n ; Epistolæ et synodicæ conslitutiones, prxsertim adversus Nestoriuni hæresiarcham : quibus et alia pleraque nunc recens adjecta, summoque studio restituta cotisèrent, 3 in-fol., Cologne, 1516. Epist., t. i, p. 176, 182, où se trouvent les deux dédicaces de l’auteur. — Le travail était présenté comme une édition plus correcte des œuvres de saint Cyrille déjà imprimées, et de plus enrichie de parties jusqu’alors inédites, en particulier de onze livres sur la Genèse. Cette nouvelle édition, incomplète elle-même et souvent défectueuse, semble avoir été fort peu connue.

3° D. Leonis papse hujus nominis primi, qui summo jure Magni cognomentum jam oiim obtinet, opéra, quæ quidem extant, omnia, in-fol., Cologne, 1516. Epist., 1. 1, p.215sq. —Dans une lettre du 20 juin 151-6 à Frédéric Nausea, évêque de Vienne, Canisius parle du travail considérable qu’il a dû faire pour rétablir « le texte mutilé et fautif » des écrits de saint Léon, lbid., p. 205. Le succès fut sensible, puisqu’on compta quatre rééditions à Cologne, Vienne et Louvain, de 1517 à 1573, sous le titre de Sernwncs et homiliæ. Le P. Qucsnel, passant en revue les éditions des œuvres de saint Léon, a dit du travail de Canisius : Laudanda viri adhuc tum junioris diligentia ; non laudandus ubique successus. P. L., t. liv, col. 51. La Vita sancti Leonis, mise par le Bienheureux au début de son édition de 1516, a été insérée par les bollandisles dans les Acta sanctorum, Anvers, 1675, aprilis t. il, p. 17.

Plus tard, Canisius recueillit encore de nombreux et importants matériaux pour une nouvelle édition des œuvres de saint Cyprien ; mais il abandonna son projet, quand il sut que d’autres s’occupaient activement du même travail. Epist., t. iii, p. 110 sq., 781 sq.

1° Principia grammatices, petit in-8°, Ingolsladt, 1551), 1568 ; Dillingen, 1561. — Cet ouvrage n’est qu’une adaptation, à l’usage des écoliers allemands, de la grammaire latine élémentaire du I’. Ânnibal Codret, dont Canisius s’était servi pendant son professorat de Messine. C’est à la suite de cette grammaire que parut l’édition princeps du petit catéchisme. Epist., t. i, p. 592 sq. ; t. iii, p. 771 sq. Ci. Braunsberger, Entstehvmg, p. 100 sq.

JJreviariuni Auguslanuni.

Canisius travailla, en

octobre 1559, i une révision du bréviaire d’Augsbourg ; i>- ision (|ni, vraisemblablement, eut quelque rapport avec la nouvelle édition de ce livre qui se lit è Rome i d 1570. Epiêt., t. il p. 522, 541, 897.

(I EpUtolæ B. Hieronymi… in Xibrot très dislributa. Nuncprimum opéra D. Pétri Canisii selecta, magnoque tludia in ordinem redactse, petit in-8°, liillingen, 1562. - Édition nouvelle et pratique des lettrés de saint Jérôme, que le Bienheureux voulait opposer à celle d’Érasme. Epist., t. iii, p. 119, 283 sq., 783 sq. L’ouvrage fut dédié à l’université de Dillingen. Ibid., p. 274.-m., 288 sq. Il eut beaucoup de vogue ; on compte une quarantaine de réimpressions en divers pays.

7° Martyrologium. DerKirchen Kalender, petit in-4°, Dillingen, 1562, 1573, 1583 ; Vienne, 1032. — Canisius n’est pas l’auteur de ce martyrologe, composé d’abord en latin, puis traduit en allemand par Adam Walasscr ; mus la traduction allemande se lit et se publia sous son influence, il y contribua personnellement par une ample étude sur le culte des saints. Epist., t. iii, col. 391, Cil » , 791 sq.

8° De justificatione doctrina nniversa… authore jR-P. et præstanti theologo Andréa Ycga, in-fol., Cologne, 1572. — Ouvrage réimprimé d’après les conseils de Canisius ; la préface, qui a seize pages, est de lui.

9° Das Leben unsers erledigers Jesu Christi, in-8°, Dillingen, 1575. — Canisius aurait donné une nouvelle édition de cette vie de notre Sauveur Jésus-Christ, publiée à Nuremberg, en 1514, par Jean Stucbs. Arehiv fur ôsterreichische Geschichte, Vienne. 1873, t. l, p. 251.

10" D. Stanislai Hosii… opéra omnia in duos divisa tonws, in-fol., Cologne, 1584. — Canisius fut l’éditeur de ces deux volumes des œuvres du cardinal llosius et probablement l’auteur de la dédicace, signée par l’imprimeur. Agricola, op. cit., t. II, p. 228. Auparavant, en 1557 et en 1558, il avait déjà collaboré à la première publication de divers ouvrages réimprimés dans cette édition de 1584, et traduit en allemand plusieurs écrits d’Ilosius. Ibid., p. 424, 888, 894.

11° Varia. — En lisant la correspondance de Canisius, on rencontre les titres de quelques livres dont il n’est pas l’auteur, mais qui paraissent avoir été réédités sous son inlluence. Tels, VEnchiridion de Jean Eck, Ingolstadl, 1556 ; Ein edel Kleinot der Seelen, Dillingen, 1562 ; Der Seelen Garlen, trad. allemande de VHortulus animas, Dillingen, entre 1560 et 1563. Epist., t. i, p. 593 ; t. iii, p. 773, 785.

IV. ÉCRITS AUTOBIOGRAPHIQUES ET ŒUVRES INÉDITES.

— 1° Confessiones. — Mémoire intime que le Bienheureux composa, vers 1570. à Dillingen ou à Inspruck, sur le modèle des Confessions de saint Augustin. On n’en possède plus que le I er livre et quelques autres fragments, reproduits intégralement dans les Epistulx et acia, t. i, p. 5 sq. La Société frihourgeoise du B. Pierre Canisius en a publié une traduction française, œuvre du 1’. Alet.

Testanientuin.

Testament spirituel du Bienheureux, rédigé à Fribourg, en 1596 ou 1597. Acta, ibid., p. 31 sq. Trad. franc., en appendice, dans la Vie du JS. Pierre Canisius, par le 1’. Michel, p. 162 sq. Le Testament et les Confessions constituent deux documents d’une grande importance pour l’histoire de Canisius ; ils fixent sur beaucoup de points la trame de sa vie extérieure, mais jettent surtout une vive lumière sur sa vie intime.

Epistulir.

Jusqu’à ces derniers temps, les lettres de Canisius n’avaient pas été réunies ; on en trouvait seulement un certain nombre dans les biographies du Bienheureux et dans divers ouvrages historiques. Le

projet île publier une collection complète, formé par le

1’. Biess, a été réalisé par le P. Braunsberger dans les Heati Pétri Canisii epistulse "<’" don ! il a été fait si souvent usage au cours de cet article. Trois volumes ont déjà paru, en 1896, 1898 et 1901 ; le i’va de i.v.1 à

1558, le ii* de 1556 à 1560, le m* de 1561 à 15 L’œui i nd les lettres du Bienheu elle »

qui lui ont été adressées, d< plicatives qui

accompagnent le texte et, a La fin « le chaque volume, des Monumenta, ou documents historiques propn éclairer l’action du Bienheureux dans les diverf ou elle s’exerça. Travail énorme, qui a mérité d’être appelé, dans les Analecta bollandiana, 1897, t. xvi.p.l c un splendide monument d’histoire ecclésiastique, civile et littéraire. »

i De corruptelis verbi D<’i. — Deux fragments n se rapportant à ! a continuation du grand ouvrage contre les Centuriateurs de Magdebourg. Tous deux portent le titre de Liber tertius : l’un, De Jesu Christo mundi redemptore, 10-2 p. ; l’autre, De Petro aposlolorum pnni ipe, -250 p. Ces manuscrits, comme les deux qui suivent, se conservent aux archives de la province d’Allemagne. 5 » Contiones. — Sermons pour l’avent, le carême, les dimanches et fêtes, prêches surtout dans la cathédrale d’Augsbourg. Voir la description des manuscrits, et des extraits de ces sermons dans les Epistulse, t. il, pr !.. p. i.vi sq.. 388 sq. ; t. iii, prêt’., p. lxii sq., 615 sq.

6° Liber argumentornni. Loci communes, in-4 1’, de 592 p., contenant des preuves et des pensées en matière de controverse religieuse.

70 Commentaria in Epistoîam B. Patdi apostoli ad Romanos, in-4°, signalé dans le catal. lxxx de Rosenthal, 1892, n. 629.

l’aria.

Plusieurs mémoires ou avis du Bienheureux, sur les affaires religieuses d’Allemagne et les moyens de propager le catholicisme en ce pays, n’ont pas encore été publiés ou ne l’ont été que d’une façon incomplète. Sommervogel, « II. cit., t. 11, col. 672. 687 ; t. viii, col. 198-2 ; V. E. SchwarU, Zehn Gutachten ùber die Loge der katolischen Kirche in Deutschland, in-8°, Paderborn, 1891, p.’29 sq. La plupart, sinon tous, se trouveront dans les volumes des Epistulse qui restent encore à paraître.

VoirC. Sommervogel, Bibliothèque de la O de Jésus, ° édit, Bruxelles et Paris, 1891, 1898, t. ii, col. 617-68", et append., p. v " ; t. viii, col. 1974-1983 ; O. Braunsberger, S. J., notes et documents des Epistulæ et acta ; ld., Streiflichter auf das schriftsteUerische Wirken des seligen Petrus Canisius. dans Zettscltrift fur katholische Théologie, Inspruck, 1890, L xiv, p. 720 sq. Diverses publications du Bienheureux ou relatives au Bienheureux ont paru dans les Annales du B. Pierre Canisius ou les Canisius-stiinmen, organe de la Société du B. Pierre Canisius. Canisius-Verein, à Fribourg.

Sur les catéchismes en particulier : C. Sommervogel, op. cif., t. 11, col. 619 sq., pour les traductions, éditions, comment critiques et apologies ; O. Braunsberger, Entstehung i<mi erste Entwicklung der Katechismen des seligen Petrus Cor in-8*, Fribourg-en-Brisgau, 1897, paru d’abord dans les Enjauzungshefle zu de » 1 Stimmen ans Maria-Laach » . n. 1 vu. monographie qui épuise à peu près la matière, mais que l’auteur a corrigée sur quelques peints de délai : liblij graphiques des Epistul.r et acta ; J. B. Rieser, R. Petrus Canisius als Katechet in Wort und Schriften, 2° edit., in-U'>. Mayence, 1882 ; C. Moufang, Katholische Katechismen dJahrhunderts in deutscher Sprache, in-8-. Mayence, 18M ; F. X. Tbalhofer, Entwicklung des katholischen Katechismus in Deutschland von Canisius bis Deharbe, exposition critic, -historique, in-S-, Fribourg-en-Brisgau, 1899 ; Ronrbactær, Histoire universelle de VÉglise catholique, 2- edit.. Paris. 18.VJ. t. wiv, p. 264 sq., plan d’ensemble et extraits du catéchisme de Canisius.

111. Caractéristique kt rôle de Camsitjs. — La doctrine de Canisius ne donne pas lieu à une étude spéciale : c’est la doctrine traditionnelle de 1 tholique, exposée avec clarté dans le catéchisme, défendue avec dignité dans le grand ouvrage contre les Centuriateurs et propos notion à la pratique des fidèles dans les livres d’édification et de propagande religieuse. Lepoints de doctrine que les circonst amenèrent le Bienheureux à mettre plus particulièrement en relief ressortent suffisamment « les deux prem parties de cet article. Un seul exige quelques mois 153 ;

CANISIUS

1536

d’explication. Dans le camp protestant on n’a pas craint d’avancer que le principal obstacle à la continuation de l’ouvrage contre les Centuriateurs fut une certaine défiance qu’auraient éprouvée les supérieurs de Canisius à le voir traiter de la primauté de saint Pierre et des pontifes romains, à cause de ses tendances épiscopalistes. Drews, op. cit., p. 133 sq. Supposition de pure fantaisie, dont la fausseté est pleinement démontrée par les lettres qui s’échangèrent, dans l’occasion, entre le P. HofTée et les généraux de l’ordre. Au reste, il suffit d’ouvrir la Summa doctrinse christianse, aux articles qui concernent les préceptes de l’Église. Qu’on lise l’art. 9 : Age vero quid est Ecclesia Dei ? et l’art. Il : Perquos tandem nos docet Spiritus in Ecclesia veritatem ? et l’on se convaincra facilement que les supérieurs de Canisius n’avaient pas à se défier de sa doctrine sur le siège romain, hanc Pétri cal hedram, hune Ecclesiæ primatum, ni sur l’autorité suprême des pontifes romains, pênes quos de sævis de/iniendi suprema sempev potestas fuit. Cf. Braunsberger, Entstehung, p. 87 sq. Qu’on lise encore le Testament du Bienheureux, YAuthoris confessio placée à la fin du livre De Maria Virgine, sa correspondance où la préoccupation de sauvegarder la primauté du pape dans toute son intégrité revient si souvent, où il souhaite de voir se former un ordre de vrais chevaliers de saint Pierre, composés de savants, de nobles et de grands, qui se dévoueraient sans réserve à la défense du pontife romain. Epist., t. il, p. 368. Canisius marcha toujours de concert avec les évêques dans l’œuvre de la réforme religieuse, c’est vrai ; mais quel rapport y a-t-il entre cette conduite et Yépiscopalisme protestant ? Borne ne s’y est pas trompée ; elle a dit du Bienheureux dans le bret de béatification : « Son attachement et son dévouement au souverain pontife ne connaissaient point de bornes. Il avait consacré aux successeurs de Pierre tous ses tslents, ses efforts, ses peines, sa vie tout entière. »

Si la caractéristique de Canisius n’est pas dans la doctrine, où la trouver ? Dans l’ordre pratique ; il fut surtout, et il fut à un degré éminent un homme d’action. L’esquisse faite de sa vie l’a prouvé. Les rapports que ses premières fonctions lui créèrent avec les deux principales universités de Bavière et d’Autriche ; les ressources dont il disposa comme fondateur et premier provincial de son ordre en Allemagne ; l’inlluence qu’il acquit bientôt sur les princes catholiques, séculiers ou ecclésiastiques ; la part qu’il prit aux diètes de l’Empire ; sa présence, si courte qu’elle fut, au concile de Trente ; les ministères qu’il exerça dans les plus grandes villes, tout convergea vers le même but pratique : développer parmi les catholiques un mouvement de foi active cl militante, et opposer ainsi au protestantisme une résistance efficace.

Son apostolat littéraire, dogmatique ou populaire, porte le même cachet. S’il fallait, suivant l’antique usage, donner à ce docteur un titre, aucun ne lui conviendrait mieux que celui de Doctor praticus, en ce double sens qu’il portait les autres à l’action, et qu’il ne s’arrêtait pas lui-même à la pure spéculation ! Bien de plus évident pour la série de ses écrits qui tendent directement à l’instruction et à l’édification spirituelle de ses coreligionnaires. Parmi les autres ouvrages, tel qui, à première vue, semblerait plutôt rentrer dans l.i ligne de l’érudition critique, a, d ; ms la pensée du Bienheureux, une tout autre signification ; par exemple, l’édition des œuvres de saint Cyrille d’Alexandrie ou celle di’s œuvres de saint Léon le Grand. On a justement l’ait observer que le choix de ces personnages ne fut pas chose indifférente pour l’éditeur ; ses préfaces montrent que dans l’enseignement de ces deux illustres docteurs de l’Eglise, il voulait offrir aux catholiques d’irréfutables arguments contre l’hérésie, mais qu’en même temps il les proposait eux-mémei aux évéques de

I son temps comme des modèles à imiter, quales si profeclo haberemus episcopos. Epist., t. i, p. 378.

Il serait inutile d’insister sur le côté pratique des écrits publiés par Canisius contre le protestantisme. Avec quelle netteté et quelle profondeur il comprit l’essence même et la portée de cette hérésie, on peut en juger par les notes autographes, encore inédites, dont parle le P. Biess, op. cit., p. 449 sq. En face de la tausse liberté évangélique, que prêcha Luther, le premier jésuite allemand se fit l’apôtre de la vraie, celle qui délivre réellement les âmes de l’erreur et du péché ; de là son rôle de réformateur vis-à-vis des siens, de contreréformateur vis-à-vis des autres.

Parce qu’il combattit pour Borne, on lui a reproché parfois de n’avoir pas été véritablement Allemand. G. Kruger, op. cit., p. 4 sq. Assurément, il ne fut pas Allemand à la manière de ceux qui font de l’opposition à l’Église romaine un article de leur charte patriotique ; il ne voulut pas l’être ainsi, pas plus qu’il ne voulut dans son ordre d’un nationalisme étroit. Stat apostolica semper sententia : In Christo Jesu non est Judsens ; neque Grœcus, non est barbarus, neque Scliylha, etc. Epist., t. I, p. 326. Il fut Allemand comme l’avaient été ses ancêtres, il aima l’Allemagne catholique comme ils l’avaient aimée ; c’est cette Allemagne des ancêtres qu’il rêva de voir revivre. Mais toute sa correspondance, et particulièrement les relations qu’il envoyait à Borne et dont beaucoup passèrent sous les yeux des papes, montrent combien il aima l’Allemagne de son temps, avec quel dévouement et quelle constance il se fit l’avocat de sa nation auprès du saint-siège, avec quelle indulgence il jugeait et excusait les égarés de son peuple, avec quelle insistance il suppliait de traiter les Allemands doucement et délicatement : Memores nos esse oportet delicatiores esse Germanos. Epist., t. iii, p. £52 ; cf. Janssens, op. cit., t. iv, p. 409 sq. C’est dans le même esprit qu’au concile de Trente, il conseilla et persuada de faire précéder d’une exposition de la doctrine les canons dogmatiques où seraient condamnées les erreurs relatives à la communion sous les deux espèces et à la communion des enfants. Epist., ibid., p. 735 sq.

Cette mansuétude et cette délicatesse, il les voulait en tout, même dans la polémique. En 1557, il écrivait à un ami, Guillaume van der Lindt (Lindanus) : « C’est la modération jointe à la gravité du langage et à la force des arguments, que tous aiment et recherchent… Ouvrons les yeux aux égarés, ne les exaspérons point. » Epist., t. ii, p. 75, 77. Ce n’était pas faiblesse ; Canisius devait stigmatiser l’erreur et, quand il le fallait, les coryphées de l’erreur et leurs œuvres de destruction. Ibid, , p. 267, 670. S’il s’agissait de préserver la foi de sujets catholiques contre le venin de l’hérésie, il n’hésitait point, on l’a vii, à sanctionner ni même à conseiller la répression des apôtres de l’erreur. En cela pourtant il faudrait distinguer ce qu’il admettait en principe avec tous les théologiens de son temps, et ce que les souverains d’alors se croyaient en droit de faire suivant la législation courante. Epist., t. I, p. 462 ; Janssens, op. cit., t. v, p. 484.

Si maintenant nous passons de l’œuvre aux résultats, le jugement, ou plutôt la constatation est facile. Maint auteur a fait le tableau de cette contre-réforme religieuse ou renaissance catholique dont Canisius fui, non pas le seul ouvrier, l’œuvre fut collective et de longue durée, mais le promoteur et l’apôtre. C’est un fait que le catholicisme se maintint et relleuril dans les pays où s’exerça son apostolat ; des évêques et beaucoup d’autres personnages qualifiés ont souvent exprimé’l’intime conviction qu’il fallait en grande partie en savoir ^re a Pierre Canisius. Voir dans les Actes de la béatification, Positio siipcrvirtutibus, in-fol.. Rome, 1833, la série des Elogia ou Encomia. Summarium, S 123 sq. Sur ce point, d’ailleurs, catholiques et protestants sont d accord. Apres

avoir parlé i<’l’action du Bienheureui en Bavière, en Autriche et en Bohême, l’auteur de l’article Cani d.ms la Realencyklopûdie fur proteitantùche Théologie und Kirche, conclut : i Non seulement ila imposé à la marche en avant du protestantisme un arrêt définitif, mais il a en partie préparé, en partie achevé le plein triomphe du catholicisme en ces contrées. « De son côté, I’. Drews ne se contente pas de proclamer « que jamais l’Église catholique a a eu de champion plus infatigable ; il ajoute plus loin : « On « luit reconnaître que <lu point de vue romain, il mérite le nom d’apôtre de l’Allemagne, i Op. < it-, p. 80, 103.

Et tel est bien le glorieux titre dont la reconnaissance des catholiques a honoré le zèle apostolique de Canisius ; tilre qui domine parmi tant d’éloges, rapportés dans les Actes de sa béatification, loc cit. Titre officiellement consacré par l’Église dans les leçons de sa fête, et solennellement rappelé par Léon XI 11, dans l’encyclique du troisième centenaire : huminem sanctissimum, alterum post Bonifacium Germanise aposlolum.

Le caractère et le rôle de Pierre Canisius ont été appréciés dans la plupart des biographies citées précédemment ; il suffira d’ajouter quelques études d’ensemble ou articles de circonstance. A. Werler, Leben ausgezeichnete Katholiken, in-8°, Schaffhouse, 1852, t. h ; II B. Pietro Canisioe i tetnpi moderni, dans la Civiltn cattolica, 1864, 5- série, t. xii, p. 385 sq. ; card. 0. Rauscher, Der selirje Petrus Canisius, lettre pastorale, Vienne, 1865 ; V. Alet, S. J., Le B. Canisius et son œuvre, trois articles dans les Études religieuses, 3’série, Paris, 1805, t. VI, puis brochure déjà citée ; O. Baumgartner, S. J., art. Canisius, dans Kirchenlexikon, 2’édit., Fribourg-en-Brisgau, 1883, t. ii, col. 1796 sq. ; C. Germanus (IL Grisar, S. J.), Reformatorenbilder. Historische Vortràge, in-8’, Fribourg-en-Brisgsu, 1883, p. 1Il sq. ; O. Braansberger, S. J., Zum dritten Centenarium des sel. Petrus Canisius, dans Stimmen ans Maria-Laach, Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. Lit, p. 1 sq. ; Id., Der selige Petrus Canisius und die deutsche Welt-und Ordensgeistlichkeit seiner Zeit, dans Theologisch-praktische Quurtalschrift, Linz, 1897, p. 509 sq. ; E. Portalié, Le troisième centenaire du BCanisius, dans les Études religieuses, Paris, 1897, t. i.xxiii. p.759sq. Desdiscours, où l’apôtre de l’Allemagne etdeFribourgest envisagé sous des points de vue multiples, ont été imprimés dans le Cauisius-bote, journal des fêtes du troisième centenaire, publié à Fribourg et contenant dix numéros, du 17 août au 23 septembre 1897.

X. Le Bachelet.