Dictionnaire de l’administration française/ARCHITECTE

ARCHITECTE. 1. La mission de l’architecte est de concevoir la forme et la disposition des constructions, d’en diriger l’exécution et de veiller à ce que la qualité des matériaux employés soit conforme aux ordres qu’il a donnés.

Il est encore chargé de régler les mémoires des entrepreneurs et des ouvriers.

Comme il serait difficile d’ajourner le paiement des fournitures et des salaires jusqu’à l’achèvement complet des travaux, l’architecte fixe, sur des états de situation, les à-compte à payer proportionnellement à l’état de leur avancement.

2. On appelle entrepreneur celui qui se charge à ses risques et périls de l’exécution des travaux.

Lorsqu’il s’agit de constructions pour le compte de particuliers, la double qualité d’architecte et d’entrepreneur est souvent confondue dans la même personne.

3. La loi a imposé aux architectes et aux entrepreneurs une sérieuse responsabilité pour les travaux qu’ils dirigent ou qu’ils exécutent.

Par exemple, si l’édifice construit à prix fait ou débattu sur règlements de mémoires périt en tout ou en partie par le vice de la construction, même par le vice du sol, l’architecte et l’entrepreneur en sont solidairement responsables pendant dix ans.

L’architecte est encore responsable des travaux dont il a donné le plan et surveillé l’exécution, s’ils périssent pour cause des vices de ce plan.

Vis-à-vis des ouvriers et des fournisseurs, l’architecte, lorsqu’il est entrepreneur, représente le propriétaire ; il est donc personnellement responsable des ordres qu’il donne et des commandes qu’il fait.

4. Lorsqu’un architecte s’est chargé de la construction à forfait d’un bâtiment, d’après un plan arrêté et convenu entre lui et le propriétaire, il ne peut demander aucune augmentation de prix, ni sous le prétexte de l’augmentation de la main-d’œuvre ou de matériaux, ni sous le prétexte de changements ou augmentations faits sur ce plan, si ces changements ou augmentations n’ont pas été autorisés par écrit, et le prix convenu avec le propriétaire. (C. civ., art. 1793.)

5. Les architectes et les entrepreneurs ont un privilége sur les bâtiments qu’ils ont construits ou réparés, pourvu que la construction ou la réparation ait été précédée d’un état des lieux et suivie d’une expertise pour la réception des travaux.

6. Les honoraires des architectes peuvent être réglés de gré à gré entre les parties. Toutefois, en l’absence de convention contraire, on suit un arrêté du conseil des bâtiments civils du 12 pluviôse an VIII, qui fixe les honoraires à 5 p. cent.

Les vacations des architectes employés comme experts sont tarifées par décret du 10 février 1807 ; la taxe varie suivant la résidence et suivant la distance à parcourir.

L’action des architectes, en paiement de leurs honoraires, se prescrit, selon les uns par six mois, selon les autres par un an. (Art. 2271 du C. civ.) Mais comme les architectes ne sont pas nommés dans cet article, nous ne croyons pas devoir juger par voie d’assimilation et nous adoptons l’avis de Troplong, Dalloz et autres qui fixent le délai de prescription à trente ans. Il nous semble d’ailleurs peu logique qu’il soit responsable pendant dix ans envers le propriétaire, tandis que le propriétaire ne le serait envers lui que pendant un an.

Quant aux rapports des architectes avec l’État, voy. Bâtiments civils, Édifices diocésains et Organisation communale.

bibliographie.

Code des architectes et entrepreneurs de constructions ou Législation et jurisprudence civiles et administratives sur les constructions et les objets qui s’y rattachent, par M. Frémy-Ligneville. In-8o. Paris, Carillan-Gœury. 1836. 2e édit. 1848.

Lois des bâtiments, ou le Nouveau Desgodets, contenant, etc., par P. Lepage. 2 vol. in-8o. Paris, Yonnet. 1840. 2e édit. 1843.

Code des constructions et des contiguïtés, par L. M. Perrin. 3e édition. In-8o. Bordeaux, Faye ; Paris, les principaux libraires. 1844.

Code des architectes, des ouvriers en bâtiments, etc., par M. Minier. In-18. Nantes, impr. d’Hérault. 1843.

Manuel de droit et de jurisprudence spéciale pour les architectes, les entrepreneurs, ouvriers et propriétaires, par C. F. Brunet-Debaines. In-16. Paris, Charpentier, Videcoq, Durand, l’auteur. 1841.