Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/761-770

Fascicules du tome 1
pages 751 à 760

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 761 à 770

pages 771 à 780


Barbue. s. f. Poisson de mer, qui est plat & bon à manger, du genre de ceux qu’on appelle rhombes, ou turbots ; mais celui-ci a la chair plus molle. & n’a point de piquans. Rhombus lævis.

Barbue, en jardinage. Sarment avec sa racine, & toutes autres sortes de plantes qu’on tire avec leurs racines, ou chevelures, pour les transplanter. Viviradix. Ce terme n’est pas connu partout.

BARBUQUET. s. m. Ecorchure ou petite gale sur le bord des lèvres. Pustula. Ce mot ne se dit que dans quelques Provinces.

☞ BARBURES. s. f. pl. en termes de fonderie, sont des inégalités qu’on apperçoit sur une pièce fondue au sortir du moule, & qu’il faut réparer au ciseau.

☞ BARBUSINSKOY. ville d’Asie, dans l’Empire de Russie, sur le bord oriental du Lac Baikal, à l’embouchure de la rivière Barbusigga.

BARBUTE. s. m. Vieux mot. Homme armé, que l’on appeloit ainsi, à cause que son habillement de tête avoit une mentonnière.

BARBY. petite ville de la haute Saxe, en Allemagne, sur l’Elbe, entre Deflaw & Magdebourg. Barbium.

Le Comté de Barby, Barbiensis Comitatus, est un petit pays d’Allemagne ; il est dans la haute Saxe, aux environs de l’Elbe. La ville de Barby qui lui donne son nom, en est le seul lieu un peu considérable.

BARC ou BAR. s. m. Nom d’un poisson. On pêche du barc sur la côte de l’Acadie. Voyez Bar.

BARCA. ville d’Afrique, Barca. Elle est à 25 lieues du golfe de Sidra, entre la ville de Cairoan & celle de Bernich.

Le Barca, ou le pays de Barca, est un grand pays d’Afrique plus étendu que le Royaume de Barca, qui n’en est que la partie septentrionale. Il est borné au midi par le Zaara & par la Nubie, au levant par l’Egypte, au couchant par le Royaume de Tripoli & le Biledugérid, au nord parla Méditerranée. C’est ce qu’on appeloit autrefois la Libye propre, que l’on divisoit en Libye extérieure, qui étoit aux confins de l’Egypte ; la Cyrénaïque qui étoit vis-à-vis de la grande Syrie, & vers ce qu’on appelle aujourd’hui le Royaume de Tripoli, & la Marmarique, qui occupoit le milieu. Aujourd’hui Barca se divise en Royaume de Barca, & Désert de Barca, l’un au nord, & l’autre au sud.

Le Royaume de Barca est la partie septentrionale du Barca, qui a environ 230, ou 300 lieues sur la côte de la Méditerranée, & 30 à 40 de largeur du nord au sud. Barbacanum regnum. C’est un pays plein de rochers, & très-peu fertile, surtout dans la partie orientale. La ville capitale est Barca.

Le désert de Barca est la partie méridionale du Barca. Desertum Barcanum. Il a beaucoup plus d’étendue que le Royaume de Barca ; mais ce n’est qu’une vaste campagne de sable habitée par des Arabes & des Bereberes, naturels d’Afrique, les uns & les autres Mahométans.

☞ BARCADE de chevaux. s. f. (Manége) troupe de chevaux qu’on a achetés, & auxquels ou veut faire passer la mer. Encyc.

BARCALLAO. s. m. Espèce de morue tout-à-fait semblable à celle de Terre-Neuve. Elle se trouve dans plusieurs endroits de la mer du sud ; mais la plus grande pêche s’en fait sur les côtes de l’île de Juan-Fernando, sur la côte du Royaume de Chily.

BARCALON. s. m. Terme de relation. C’est ainsi qu’on nomme le premier Ministre du Roi de Siam. Regni Siamensis supremus administer. Le Barcalon a le département de tout le commerce qui se fait, soit au dedans, soit au dehors du Royaume. Il est Surintendant des magasins du Roi, & le Ministre de toutes les affaires étrangères. Le Barcalon reçoit aussi les revenus des villes.

☞ BARCAR. Bonne ville qu’on trouve au-delà de la rivière d’Araba, c’est-à-dire, de l’Ilmont qui a son embouchure à Araba.

BARCE. s. m. C’est une sorte de canons qui sont aujourd’hui de peu d’usage, & qui autrefois étoient fort communs sur mer. Ils ressemblent aux faucons & fauconneaux ; mais ils sont plus courts, plus renforcés de métal, & ont un plus grand calibre.

BARCELONE. Barcino. Ville épiscopale d’Espagne, dans la Catalogne, dont elle est capitale. Antoine Augustin croit que c’est l’ancienne Faventia, & il y applique une ancienne inscription, qui porte COL. F. I. A BARC. qu’il explique, Colonia, Faventia Julia, Augusta Barcino. Elle fut bâtie par Hamilcar 300 ans avant Jésus-Christ. Ce Général surnommé Barca lui donna son nom ; c’est pour cela que Tite-Live l’appelle Barchino ; Mêla, Pline, &c. Barcino ; S. Paulin l’appelle Barcinus ; Jornandez Barcinona ; d’autres Barcelona. Barcelone est un port de mer sur la Méditerranée. Barcelone a été soumise successivement aux Romains, aux Visigoths, aux Sarrasins, & aux François sous Charlemagne. Le siége de Barcelone par le feu Duc de Vendôme en 1697, est un des plus beaux que l’on ait vus depuis long-temps. Louis fils de Charlemagne, ayant pris Barcelone du vivant de son pere, Charlemagne en donna le gouvernement à Bera, ou Bernard, à titre de Comte, & depuis ce temps-là Barcelone a conservé ce titre. Comitatus Barcinonensis.

Sa hauteur est à 19° 54′ 33″ de longitude ; & à 41° 26′ 0″, de latitude. Cassini. Selon M. De la Hire, 20° 51′ 33″ long. & la même latitude. Il y a bien des choses concernant Barcelone dans le Marca Hispanica, imprimé par les soins de M. Baluze.

Barcelone. Bourg de France, en Guienne, au comté d’Armagnac, à une lieue d’Aire.

Barcelone, & suivant le nouveau nom, Barcelonette, petite ville de France, au comté de Nice, capitale de la vallée de Barcelonette, aux pieds des Alpes maritimes.

☞ La vallée de Barcelonette est une contrée de France, bornée au couchant par la Provence & le Dauphiné, an levant par le marquisat de Saluces, le comté de Nice & celui de Beuil ; au nord, du bailliage de Seine. Elle prend son nom de sa capitale. En 1713 Victor Amédée, Duc de Savoie, la céda à la France par le traité d’Utrecht, en échange de la portion du Dauphiné qui est à l’Orient des Alpes.

Barcelone-la-neuve, petite ville de l’Amérique méridionale, dans la nouvelle Andalousie, bâtie par les Espagnols dans le seizième siècle.

BARCELONOIS, OISE. s. m. & f. & adj. Qui est de Barcelone, ou qui appartient à Barcelone. Barcinonensis. Les Barcelonois sont légers, inquiets, remuants, & toujours ennemis du gouvernement auquel ils sont soumis.

BARCELOR. s. m. Ville d’Asie, dans les Indes, sur la, côte de Malabar. Barcelorum. C’est la capitale du Royaume de Canora. Elle est à 13° 49′ 0″, de latitude nord. P. Thomas, Jés.

☞ BARCELOS, pente ville de Portugal, avec titre de Duché, dans la Province d’entre Duero & Minho, sur la Sourille.

BARCKSHIRE ou BERKSHIRE. Province d’Angleterre, dans le Diocèse de Salisbury, dont la capitale est Reading.

☞ BARCKSTIN, ou BERCKSTEIN, petite ville d’Allemagne, dans la Régence d’Amberg, capitale d’un baillage de même nom.

BARCOLONGO ; c’est à-dire, Barque-longue. Terme de Marine.C’est un petit bâtiment, bas, long, pointu, qui n’a point de pont, & qui va à rames & à voiles. Il est fort en usage en Espagne. Harris. Ce nom est espagnol.

BARD. s. m. Voyez Bar.

BARDACHE, de l’italien BARDASSO. s. m. Garçon dont les débauchés abusent. Catamitus, cinœdus. On a accusé César d’avoir été le bardache de Nicomède. Ce terme est proscrit parmi les honnêtes gens.

BARDANE. s. f. ou grand gloutteron. Glitteron, Lappa ou Bardana, Personata. Plante bisannuelle, qui a ses racines plongées fort avant dans la terre, grosses, noirâtres en dehors & blanches en dedans. Elles donnent de grandes feuilles, velues, arrondies, terminées en pointe, vertes en dessus, blanchâtres en dessous, finement dentelées sur leurs bords, & attachées à une queue assez longue. Sa tige est haute de trois à quatre pieds, quelquefois plus branchue, épaisse, moelleuse, velue, lavée d’un peu de pourpre, & garnie par intervalles de feuilles semblables à celles du bas, mais beaucoup plus petites. Les extrémités des tiges & des branches sont terminées par des têtes écailleuses, dont chaque écaille est courbée en crochet ; elles renferment des fleurons de couleur de pourpre, soutenus par des embryons qui deviennent des semences brunes, oblongues, garnies d’une aigrette qui tombe aisément. Les têtes sont fort grosses dans quelques espèces, dans d’autres plus menues, & dans une troisième les écailles des têtes sont entrelacées d’un coton blanchâtre. On appelle petit Gloutteron, Xanthium, une plante qui diffère du grand gloutteron par ses fleurs & par ses fruits. La bardane croît communément le long des chemins, & ses têtes s’accrochent aisément aux habits ; & c’est d’où lui vient le nom de lappa, du grec λαμϐάνειν, prendre ; celui de personata lui a été donné, parce qu’on se couvroit autrefois le visage avec ses feuilles lorsqu’on montoit sur le théâtre, & qu’on ne vouloit point être connu. Sa racine est d’usage en Médecine. Elle est sudorifique, diurétique, bonne pour les maladies de la poitrine. Sa semence est recommandée pour la néphrétique. Henri III, roi de France, fut guéri d’une fièvre quarte avec la décoction de bardane. Son eau distillée entre dans les potions sudorifiques.

BARDARIOTE. s. m. Bardariota. Les bardariotes étoient des soldats de la garde de l’Empereur de Constantinople ; ils étoient armés de bâtons & de baguettes, pour écarter le peuple quand l’Empereur passoit, ils portoient à leur ceinture des fouets pour punir ceux qui étoient condamnés. Ils étoient gardes des portes du Palais. Dans les cavalcades que faisoit l’Empereur, ils marchoient devant lui, le bâton haut, pour faire ranger le peuple & le tenir dans l’ordre. Ils étoient originairement Persans. Un Empereur, que Codin ne nomme point, les avoit transportés de Perse sur le fleuve Bardarius, d’où ils avoient pris leur nom de bardariotes. Nicétas les nomme aussi βαρδουχους, Porte-verges, ou porte-bâtons, & Μαγκλάϐιτας, Manclavites, du nom grec de leurs verges ou bâtons, μαγκλάϐια. A l’armée ils avoient leur poste au septentrion de la tente impériale, auprès de laquelle ils faisoient garde. Je ne sais où un Auteur moderne a pris ce qu’il dit, que leur Commandant s’appeloit Primivergius. Codin dit seulement qu’ils ont un Primicerius ; qu’ils obéissent au Primicerius de la Cour. Cedrenus l’appelle χόρτου Κόμητα, le Comte de la Cour ; & Μαγκλαϐίτην, Manclabite. Je ne lui trouve point jusqu’ici d’autre nom. Il n’est pas même sûr que ce soit lui que Cedrenus désigne par le premier, quoique le P. Goar le croie. Les bardariotes étoient vêtus de rouge, & portoient un bonnet à la persanne nommé augurot, qui au lieu de rebord, ou du retroussé, étoit bordé d’un drap de couleur de citron. Voyez Codinus de Off. Const. C. 5, n. 51, 53, 54, & Boulanger. Charles Macri croit que les bardariotes sont les mêmes que les barbutes.

☞ BARDASHIR. Ville de Perse, dans la Cormanie.

BARDE. s. m. Vieux mot qui signifioit autrefois l’armure d’un cheval de gens d’armes, ou armés de toutes pièces.

☞ Elle étoit faite de lames de fer pour couvrir le poitrail & les flancs du cheval. Laterarium ac pectorale equi tegmen, equi armatura. Il n’est plus en usage. La Crusca dit que barda è armatura di cuoio cotto, ò di ferro, con laquale s’armava la groppa, il colto, el petto di cavalli.

Barde, est aussi une longue selle qui n’a ni fer, ni bois, ni arçons, qui est faite de grosse toile piquée & de bourre. Ephippium. On l’appelle en quelques endroits panneau.

Barde, se dit aussi d’une tranche de lard qu’on met sur les volailles, au lieu de les larder pour les rôtir. Lardum in osellas fectum.

BARDEAU. s. m. Petit ais dont on se sert au lieu de tuiles pour couvrir les maisons. Scandulæ. On en fait souvent des douves, ou d’autres ais aussi minces. On les appelle autrement aissis en plusieurs endroits, comme qui diroit des ais sciés. Les Romains pendant 470 ans n’eurent leurs maisons couvertes que de chaume, ou bardeau. Vigen.

BARDÉES d’eau. s. f. pl. Terme de Salpêtrier. Ce sont trois demi muids d’eau que l’on jette dans les cuviers pour faire le salpêtre, ou pour le raffiner. On en jette jusqu’à quatre pour le raffinage en plusieurs fois.

BARDELLE. s. f. Selle en ferme de selle a piquer. Ephippium. Elle n’est faite que de toile & de paille & il n’y entre ni cuir, ni fer, ni bois. Le vieux Grison, & plusieurs Auteurs italiens, veulent qu’au manége on se serve pour les poulains d’une bardelle, qui est une selle de paille à mettre sur leur dos, & d’un cavesson de corde sur leur nez, qui est une invention qui ne sert qu’à perdre le temps. Newc.

BARDENOCHE. s. f. Espèce d’étoffe, dont il est parlé dans le tarif de la Douane de Lyon. Les Marchands de Paris ne la connoissent pas.

☞ BARDENWIK. Voyez Bardewick.

BARDER, v. a. Mettre une barde à un cheval. Equum tegere, armare, munire. Les anciens Chevaliers faisoient barder leurs chevaux. Voyez Barde.

Barder, signifie aussi, mettre une barde, ou une tranche de lard sur un chapon, ou autre volaille. Lardo in osellas secto altilia tunicare. Il y a des gens qui aiment mieux les viandes bardées que lardées.

Barder, signifie aussi l’action de charger des pierres sur un charriot, sur un bar. Voyez Bar.

BARDÉ, ÉE. part. pass. & adjectif. Armé de bardes. Cataphractus, armatus, tectus, a, um. Cheval bardé. Equus tectus, munitus, armatus.

Dix Pages les suivoient sur des chevaux bardés. P. le M.

On appelle, en termes de Blason, un cheval bardé, lorsqu’il est paré.

BARDES. s. m. pl. Parmi les anciens Gaulois, c’étoient les Chantres, ou Musiciens & Poètes, ou faiseurs de romans, qui chantoient les louanges des Héros. Bardi. Leurs poësies servoient ou à enseigner la vertu, ou quelquefois à encourager, & quelquefois aussi à terminer le différent des armées au moment qu’elles alloient combattre. D’autres Savans qu’on appeloit Vates, nom que les Latins semblent avoir emprunté des Gaulois, étoient occupés des auspices des augures, & des autres espèces de divination. De Remy, Hist. litt. de la France. On a conservé dans la Bretagne beaucoup de mots anciens gaulois. On y appelle encore aujourd’hui Bardes, les joueurs de vièle & de violon, qui vont chanter par les villages. Merc. Dec. 1735. Barde, selon Festus, Hesychius & Strabon, est un chanteur en gaulois. Ils chantoient, dit Feftus, les louanges des grands hommes. M. le Gendre ajoute qu’ils les chantoient au son des musettes ; Strabon, qu’ils étoient aussi poëtes, Βάρδοι μὲν ὑμνηταὶ καὶ ποιηταὶ ; & Lucain dit que leurs vers transmettent la mémoire des grands hommes à la postérité.

Ces divins enchanteurs, de qui les puissans charmes
font revivre un héros abattu sous les armes,
Qui transmettent sa gloire à la postérité,
Et trouvent dans sa mort son immortalité :
Les Bardes entonnant leurs cantiques célèbres,
Rappellent leurs guerriers du milieu des ténèbres.

Brebeuf.

C’est de-là, dit M. le Gendre, dans les Mœurs & Cout. des Fr. p. 262, que venoit la Coutume, qui étoit encore en usage au commencement de la troisième race, de ne point donner de combat que dix ou douze grosses voix n’eussent chanté de toutes leurs forces la chanson dite de Rolland, afin d’animer les troupes par le récit des hauts faits d’armes de ce Héros. Chorier prétend que c’est la terre des Allobroges qui leur a été ouverte presque la première ; que c’est là où ils ont commencé à s’établir, et d’où enfin ils se sont répandus dans toutes les Gaules. Il le prouve, parce qu’encore aujourd’hui les peuples qui habitent à l’occident du Rhône, nomment Bardouz ceux qui habitent au-delà, le long de son rivage oriental qui leur est opposé. C’est croire bien légèrement, que de se rendre à cette preuve. Bardouz n’auroit-il point une origine moins avantageuse ? Il y avoit aussi des Bardes dans l’île de la Grande-Bretagne. Ils étoient, à ce que prétend Larrey, ce qu’étoient les Druides dans les Gaules ; c’est-à-dire, les Prêtres & les Docteurs des Celtes qui s’y établirent. Bodin, dans sa méthode, p. 365, remarque aussi qu’ils étoient Prêtres dans les Gaules ; sa raison est qu’en allemand Barde signifie Prêtre. Cependant les Bardes paroissent fort différens des Druides. Ceux-ci étoient les Prêtres & les Docteurs de la nation, & ceux-là en étoient seulement les Poëtes & les Ecrivains. Jamais les Anciens, qui en ont parlé, ne leur donnent d’autre qualité. On peut voir Posidonius dans Athénée, Liv. VI. Diodore de Sicile, Liv. V. Ammien Marcellin, Liv. XV, ch. 9. Feltus & Hésychius sur ce mot. La raison de Bodin est très-foible ; car sans que les Bardes fussent Prêtres, on a pu dans la suite donner leur nom aux Prêtres, parce que sans être sacrificateurs, ils étoient cependant ministres de la religion. Larrey ajoute, en copiant à son ordinaire les histoires fabuleuses, que les Bardes étoient comme les Druides, la postérité de Samothès fils de Japheth. D’autres les font venir de Bardus, Druide, Ve Roi des Celtes, que quelques-uns font fils de Dyris, & non pas Denys, comme a mis Larrey. Voyez Picard dans sa Celtopédie, p. 72, 73, où il dit que ce Barde l’ancien (car il y en eut un autre qui ne fut que le VIIe Roi des Gaulois) institua une Académie de Poëtes, de Musiciens, de Rhéteurs. On prétend avec plus de fondement que Larrey, que Druide étoit un nom général, qui comprenoit les Vaceres, ou Prêtres, les Eubages ou Augures, les Sarronides, qui étoient les Juges du peuple, & les instructeurs de la jeunesse, & les Bardes ou Poëtes. On croit que les Bardes demeuroient sur une montagne de l’Aunois en Bourgogne, appelée Mont-Bart, ou Montbarri, & que c’est d’eux qu’elle a pris ce nom.

Pasquier, qui écrit Bardées, sans qu’on en voie la raison, dit que des Bardées & des Druides, qui manioient & la théologie & la philosophie des Gaulois, la philosophie avoir pris sa première source & origine ; & les autres, que les Grecs même avoient emprunté d’eux leurs caractères. Il ajoute qu’une chose lui déplaît en eux, c’est qu’ils n’aient rien écrit, donnant leurs secrets de main seulement, dont, dit-il, les Grecs & puis les Romains surent fort bien faire leur profit à nos dépens.

Cluvier, Germ. Ant. Lib. I, pag. 199, donne encore aux Bardes le titre d’Orateurs, & il prétend que les anciens Germains avoient aussi leurs Druides & leurs Bardes, quoique les anciens n’en disent rien. Il se fonde sur ce que Tacite, De Morib. Germ. & Annal. II, parle de leurs poësies, & des chansons qui contenoient leurs histoires,

Bochart dit que ce mot vient de l’hébreu parat, qui signifie chanter. Chorier souscrit à cette étymologie de Bochard. Cambden dit en son Britannia, p. 14, que Barde signifie Chantre, comme nous l’apprend Festus, & que c’est un ancien mot breton tout pur. Picard, dans sa Celtopédie, p. 72, 73, prétend que cette étymologie est suspecte à quelques gens, qui croient que ce mot est grec ; qu’il est certain dans César, que les Gaulois ont parlé grec ; que βραδὺς, & par métathèse βαρδὺς, signifioit originairement un homme ingénieux, un sage ; & que c’est de-là que s’est formé Bardus ; qu’à la vérité ce mot dans la suite a pris une signification toute contraire, & s’est dit pour pesant, stupide ; mais que c’est un changement qui est arrivé à bien d’autres mots, & qui ne prouve pas que la première signification de ce mot n’a point été celle que ces Auteurs soutiennent. Mais il paroît qu’il vaut mieux s’en tenir à ce que disent Festus, Strabon & Hésychius. Il conjecture encore, p. 169, que l’habit des Bardes étoit le Bardocucullus, que tout le monde convient être un mot gaulois, & que quelques-uns disent avoir été un habillement de tête, qui avoit beaucoup de poil ; & d’autres, une robe ou habit dont les soldats & les gens de la campagne se servoient pendant la pluie.

Les chansons de ces Poëtes avoient aussi le nom de Bardes, comme les Poëtes mêmes, au rapport d’Athénée. Chorier. Selon le P. Pezron Barde est un mot pris des Celtes, qui disent bardd, pour signifier un Poëte : il veut dire aussi un devin. Barddoueg est chez eux la même chose que poesis, carmen, poësie, poëme.

Bardes, s’est dit aussi d’une compagnie de Banquiers Florentins établis autrefois en Dauphiné, sous le nom de la Compagnie des Bardes. Chorier, p. 815.

BARDESANITE, ou BARDESANISTE. s. m. Nom de secte, Bardesanistæ, Bardisanistæ. C’est le nom qu’on donne aux hérétiques sectateurs de Bardesanes. Cet hérétique étoit de Mésopotamie : d’abord il fut chrétien, & il se distingua par la connoissance qu’il avoit de la philosophie ; ensuite il renonça à la religion catholique, pour suivre les erreurs de Valentin, auxquelles il en ajouta quelques autres, comme de dire que les actions des hommes dépendent du destin. Voyez S. Augustin & S. Jean Damascène. Bardesanes laissa des Sectateurs qui s’appelèrent Bardesanistes, qui inventèrent de nouvelles rêveries. God.

☞ BADESEY, ou BARDSEY. Petite île d’Angleterre, sur la côte du pays de Galles & du Comté de Camarwan.

BARDEUR. s. m. Homme de journée qui sert dans les ateliers à porter le bar, ou la civière. Cratis bracchiatæ bajulus. Il faut dans un tel atelier tant de bardeurs, & tant de Halebardiers.

On appelle proprement bardeur l’ouvrier qui travaille dans les ateliers de maçonnerie, particulièrement quand les bâtimens se construisent avec de la pierre de taille. Les bardeurs sont employés à porter le bar, ou à traîner sur les binards les pierres, à mesure qu’elles sortent de la main du tailleur de pierre.

☞ BARDEWICK, BARDEMWIG, BARDONWIG & BARDENWICK. Bardorum vicus, Bardejucum & Barderopolis. Ancienne & fameuse ville d’Allemagne, dans la Basse-Saxe. Ce n’est plus aujourd’hui qu’un bourg à trois lieues de Lawenbourg.

☞ BARDI. Petite ville d’Italie, dans la Lombardie, au Duché de Parme.

BARDIN. Pomme de bardin ; c’est celle qu’on nomme autrement courpendu. Voyez ce mot.

BARDIS. s. m. Terme de Marine. Bâtardeau fait de planches qu’on éleve sur le bord du vaisseau, pour empêcher que l’eau n’entre sur le pont, lorsqu’on couche le vaisseau sur le côté pour caréner.

BARDIT. s. m. Chant des anciens Germains en allant au combat ; récit de certains vers. Barditus. Ils chantent en allant au combat. Ils ont encore parmi eux certains vers par le récit desquels (nommé bardit en leur langue) ils s’échauffent le courage, & de leur propre chant ils tirent un augure du succès du combat à venir. Harlay, dans Tacite, sur les mœurs des Germ. c. 3.

Il ne faut point douter que ce mot ne vienne de ce que ces vers étoient composés par les Bardes qui animoient & donnoient de l’émulation par le récit des belles actions de ceux de leur nation.

BARDOT. s. m. Petit mulet. Mulus pusillus. On dit, passer pour bardot ; c’est-à-dire, passer franc & sans payer, parce que le muletier ne paye rien pour le bardot qui le porte.

On appelle figurément bardot, dans une compagnie, celui sur qui les autres se déchargent de leur tâche.

Bardot, se dit en termes de Librairie, des exemplaires d’un livre qui restent incomplets, & auxquels on a recours pour changer ou prendre les feuilles dont on a besoin pour parfaire d’autres exemplaires moins défectueux. Il manque une feuille à ce livre, il faut voir si elle est dans les bardots, ou dans les deffets. Voyez Deffets.

☞ BARDT. Petite ville d’Allemagne, dans la Poméranie citérieure, au bord de la mer Baltique, qui y forme un port.

BAREDGES. La vallée de Baredges. Baredgina vallis. Vallée de Gascogne, dans les Pyrénées à la source de l’Adour. Baredges. Bourg dans cette vallée, célèbre par ses bains, & ses eaux minérales.

☞ BARENTIN. Bourg de France, en Normandie, au pays de Caux

☞ BARENTON, gros bourg de France, dans la Basse-Normandie, près de Mortain, Diocèse d’Avranches.

BARER. Terme de Chasse. Voyez Barrer.

BARESCATH, ville d’Asie, dens l’Alshash, contrée du Mawaralnahr.

BARETTE. s. f. Terme d’Horlogerie. Voyez Barrette.

☞ BARENTH, BAREITH & BARENT. Petite ville d’Allemagne, dans le haut Burgraviat de Nuremberg.

☞ BARFLEUR, que quelques-uns appellent Val de Cere. Ville de France, en Normandie, dans le Cotentin, autrefois bon port de mer. Vallis cereris.

BARFOUL. s. m. Sorte d’étoffe qui se fait dans le royaume de Cantor, situé sur les bords de la rivière de Gambie. Les barfouls servent d’habits aux Nègres qui se nomment des Pagues.

BARGACHE. s. m. Espèce de moucheron. Culex. Une nuée de certains petits moucherons noirs, nommés bargaches, parurent sur le champ, où six cens pavillons d’Arabes s’étoient retirés, auxquels ils firent une telle guerre, qu’ils penserent tous étouffer avec leur bétail ; car lorsqu’ils vouloient respirer, ces animaux entrant par la bouche & les narines, leur ôtoient la liberté de prendre leur haleine. Pour s’en garantir ils mirent le feu aux herbes, afin que la fumée étouffât ces moucherons, ou les contraignît de passer ailleurs P. Roger.

BARGAINE. s. f. Vieux mot. Cérémonie, façon.

☞ BARGALONE, ou BARGELONE. Rivière de France, dans le Quercy, qui passe à Moncuq, reçoit ensuite une autre rivière nommée aussi Bargalone à Montesquiou, & se perd dans la Garonne.

BARGAMACHE. s. m. Il y a une Confrérie à Rome, que l’on nomme la Confraternité des Bargamaches. Voyez le P. Hélyot. T. VIII, p. 264.

☞ BARGAME, ou BAHARGAMO. Province d’Ethiopie, dans l’Abissinie, bornée au Nord par le royaume de Wed ; à l’Orient, par le royaume de Fatagar, & par la province de Guma ; & à l’occident, par celle de Sugamo.

☞ BARGARA. C’est un des plus considérables basars de la côte de Malabar, à deux lieues de Mealy.

BARGE. s. f. C’est le nom d’un oiseau qu’on appelle en latin limosa. Son bec est noirâtre de tous côtés. Le dedans de ses ailes est diversifié de taches de plusieurs couleurs, le reste de la partie de dessus est blanchâtre. Elle a des taches au cou. Les dernières pennes des ailes qui sont jointes aux côtés, sont aussi longues que l’extrémité de la queue ; ses pieds sont plus longs que ceux du corlieu : ils sont de couleur d’eau, ou d’un cendré verdâtre. Son cou est long d’une palme ; son bec de même. La barge est moins grosse que le corlieu, & quasi de même couleur ; son bec n’est pas si long ni si voûté, mais il est quelque peu crochu par en haut. L’on fait cas de cet oiseau sur les tables. Il est beaucoup plus fréquent dans les pays maritimes. Ce mot doit être du genre masculin.

Barge. s. m. Poisson qui ressemble fort au carlet. Il est plat comme lui, mais il a le museau moins long.

Barge. s. f. C’est le nom qu’on donne à un monceau, pile ou meulon de foin que l’on entasse ainsi dans les basse-cours, quand on n’a pas assez de feuils. Il y a dix charretées de foin dans cette barge. Le menu bois en bourée se met aussi en barge.

Barge. s. f. Bargia. Ce mot de la basse latinité se trouve souvent dans la même signification que celui de barca, une barque. Anciennement le mot de barge s’est pris pour un bâtiment considérable. Navem magnam quam Bargam vocant : in Diplom. an 1080. ap. Mirœnum in Diplom. Belg. p. 295. Je crois après tout que ces barges n’étoient autre chose que de grandes barques armées, telles apparemment que celles dont on se sert aujourd’hui pour faire des descentes.

Barge, ou Berge. s. f. Petit bateau, petite barque, espèce de gondole. Cymba. Anne de Boulen fut arrêtée au sortir de sa barge, comme elle revenoit de Greenwich. Larrey. Voyez Barge qui précède.

☞ BARGEAC, ou BARJAC. Petite ville de France, en Languedoc, au Diocèse d’Usès avec titre de Baronnie.

BARGELACH. s. m. Oiseau de Tartarie, qui se trouve dans des lieux déserts, où il est la nourriture des faucons. Il est de la grosseur d’une perdrix : il a la queue comme l’hirondelle & les pieds semblables à ceux du papeguay. Il vole très-rapidement. Ramuzio. T. II, p. 15.

☞ BARGEMON, ou BARGAMON. Petite ville de France, au Diocèse de Frejus, dans la Viguerie de Draguignan.

☞ BARGENY. Ville de l’Ecosse méridionale, Capitale de la province de Carrick. C’est le Berigonium des Anciens.

BARGNAGE. s. m. Vieux mot. Corps de la Noblesse. Ce mot vient de Baronage, autre vieux mot, qui veut dire la même chose. On dit aussi bernage & barnage.

☞ BARGUETTE. s. f. Sur les rivières ; espèce de bateau de quarante pieds de long ou environ, qui sert à passer les chevaux, & à porter des cordages pour la manœuvre de la rivière. Encyc.

BARGUIGNAGE. s. m. Mot familier, pour signifier irrésolution, où mauvaises raisons que l’on donne pour se défendre de quelque chose. Animi fluctuatio. Voilà bien du barguignage. Point tant de barguignage.

☞ On trouve ce mot dans Montagne, Edit. de Rouen 1642, p. 230, où il signifie l’action de marchander sou à sou ; il n’est presque plus en usage en ce sens.

☞ BARGUIGNER, v. n. Marchander sou à sou, avoir de la peine à se déterminer quand il est questiob d’un achat. Cette femme barguigne toujours, ne fait que barguigner. Ce mot est ancien. Vaugelas dit qu’il est de la lie du peuple, & qu’il est si bas & si abject, qu’il feroit difficulté de s’en servir en écrivant à son fermier. Il veut qu’on dise, sans tant marchander, sans hésiter, au lieu de dire, sans barguigner. Mais tout ce que M. Vaugelas veut substituer en la place de barguigner, n’en exprime point tout le sens, & il faut le retenir pour la conversation. Ménage.

Ménage le dérive de barcaniare, qui se trouve dans les Capitulaires de Charles le Chauve dans la même signification ; & Scaliger, d’un vieux mot latin bargenna. On disoit autrefois bargagner, pour signifier marchander. En anglois on appelle Bargain, un marché, une convention : & To Bargain marchander. Froissart dit que les Gascons voulant surprendre la ville de Montferrant, dirent entr’eux maintenant nous la bargagnons, une autrefois nous l’achèterons. On le trouve dans les libertés de la ville de la Pérouse, si hom astranges bargine aver à la Paerose. Et dans le Roman d’Aubery nous lisons ces vers,

Je suis pucelle, jonette & eschavie,
Si dois bien i estre des homes bargignie.

Les statuts des Mégissers de Paris, portent, nul ne puisse berguigner peaux de boucherie au Dimanche, ne aux Festes solennelles, &c. On trouve ce mot écrit comme aujourd’hui dans Joinville, & dans Huon de Mery, en son Tournoy de l’Antechrist. Quelques Auteurs latins ont dit barguignare dans le même sens que nous disons barguigner ; & l’on n’a fait que donner la terminaison françoise au mot latin.

Barguigner, se dit figurément des irrésolutions d’esprit, ☞ & signifie, avoir de la peine à se déterminer à quelque chose, faire paroître de la difficulté à se résoudre, à prendre un parti, à conclure une affaire. Hæsitare, cunctari. Il a barguigné long-temps avant que de se résoudre. A quoi bon tant barguigner pour dire votre avis ?

BARGUIGNEUR, EUSE, s. m. & f. Cunctator. Qui barguigne, qui marchande trop, qui est irrésolu & indéterminé. Tous ces mots sont du style familier.

BARI. s. m. Barium, Barum, Bario, Baretum. Ville archiépiscopale d’Italie, dans le Royaume de Naples, au 41° 12′ de longitude, & 41° 5′ de latitude. Bari est capitale d’une petite Province qu’on appelle la terre de Bari, qui est une partie de la Pouille. Elle est sur le golfe de Venise. C’est à Bari que les Rois de Naples avoient coutume de se faire couronner. Il y a une histoire de Bari en Italien par un Jésuite nommé Barese, in-4°. à Naples en 1657.

BARICAVE. s. f. Vieux mot, qui signifie une fondrière, précipice aux pieds des montagnes. Alta fovea, præcipitiorum horrendit proclivitates. Mézerai s’en est servi.

BARICOT. s. m. Le breuvage des habitans de Madagascar vient, dit-on, d’un fruit gros quatre fois comme une citrouille qu’ils nomment Baricot. Il croît à un arbre gros à peu près comme les clochers de Notre-Dame de Paris, & beaucoup plus haut. Ses feuilles ont du moins une toise de largeur, & une toise & demie de longueur. Cette liqueur est à peu près comme le cidre en Normandie, de couleur jaune & doucereux ; mais assez agréable quand on y est accoutumé. On appelle Baricotier l’arbre qui porte des baricots. Furetiriana.

BARJESU. s. m. Nom d’un faux Prophète, dont il est parlé dans les actes des Apôtres, c. 12. v. 6.

BARIGA de more. Terme de commerce. Sorte de soie que les Hollandois apportent des Indes Orientales sur les vaisseaux de la Compagnie.

BARIGEL, ou BARISEL. s. m. A Rome le Barisel, Barigello, est un Officier dont le soin est de veiller à la sûreté publique, en faisant arrêter & punir les bandits & les voleurs. C’est le chef ou le Capitaine des Sbires, qui sont des Archers. Le Barigel suivi de la plus grande partie de ses gens, alla dans la place de Sienne, pour prendre un bandit, qu’il poursuivit & qu’il arrêta jusque dans le palais Ursin. Il trouva, en le menant en prison, les Seigneurs Raymond Ursin, Sylla Savelli, & Octavien Rusticucci, avec deux ou trois autres de leurs amis, suivis de plusieurs domestiques, qui revenoient de la promenade à cheval. Ursin commanda au Barigel de laisser aller ce misérable, qu’il n’avoit pas dû arrêter dans un Palais qui avoit droit d’asile. Le Barigel n’ayant pas voulu obéir, Rusticucci s’emporta, & lui donna un coup de canne. Le Barigel enragé d’avoir été frappé, cria à ses gens de faire main basse, qui firent en même temps une décharge de coups d’arquebuses, dont ces trois pauvres jeunes Seigneurs furent mortellement blessés. Rusticucci y mourut sur le champ, & fut entraîné mort par son cheval. Les deux autres, qui furent emportés tout couverts de coups, ne vécurent que jusqu’au lendemain. Vie du Pape Sixte V.

BARIL, ou BARRIL. Le premier est le plus usité. s. m. Petit vaisseau de bois rond en forme de tonneau. Cadus. On met le vinaigre, le verjus dans des barils.

Ménage dérive ce mot de l’italien barigle, qui a été fait du latin varra, à cause des petites barres qui sont aux barils. Du Cange le dérive de l’Anglois baril. On a dit aussi barille & barillus dans la basse latinité. Bollandus, Act. Sanct. Janu. T. II. p. 1068, ne prend point barile pour un mot latin, mais pour un mot italien : il vient de l’espagnol barril qui signifie proprement un vaisseau de terre, qui a un grand ventre & un cou étroit. On trouve βαρέλι, dans le Glossaire de M. Du Cange dans la même signification.

Un baril de Tamaris, est un baril fait de bois de Tamaris, dans lequel on met de bon vin dont on fait sa boisson ordinaire quand on est sujet au mal de rate. Pomey. Il y a au Tonkin des roseaux si gros, que de l’espace qui est entre chaque nœud on en fait un baril. Kirker. Chin. illust. p. 185.

Le baril de Rome, selon Vigenère, Annot. sur Tit. T. I. p. 1533, tient quatre congies, pese 170 livres, 10 onces ital. des nôtres 118, & tient 76 pintes.

Baril, en italien Barile. C’est la seconde des mesures dont on le sert à Florence pour les liquides. Il faut trois barils pour faire un star, & vingt fiasques pour le baril.

Baril, se dit aussi de plusieurs choses contenues dans un baril. Un baril de poudre à canon. Un baril de moutarde de Dijon. Un baril d’olives. Baril de plomb. Baril d’anchoies. Baril de harengs. Le Viceroi lui envoya deux barils d’un vin très-exquis. Bouh.

Baril à bourse, est un baril couvert de cuir, & qui se ferme comme une bourse, & où le canonier met de la poudre fine.

Baril du quart, est baril de galère, que l’on donne le soir rempli d’eau à ceux qui font le quart de la nuit.

Baril de trompe. Terme d’Artificier. C’est un assemblage de plusieurs artifices appelés trompes', enfermés dans un baril ou fourreau de toile goudronnée, pour les faire partir de dessous l’eau, où on les fait enfoncer jusqu’au collet, par le moyen d’un contrepoids.

Barils foudroyans, sont des tonneaux ordinaires, que l’on remplit d’artifices, et que l’on fait rouler sur les travaux de l’ennemi, pour les brûler & l’éloigner du lieu qu’il veut attaquer.

BARILLAGE, ou BARRILLAGE. s. m. Terme de Finances. Le barillage est défendu par l’Ordonnance des Aides ; c’est-à-dire, de faire arriver du vin en bouteilles, cruches, barils, ou vaisseaux contenant moins qu’un huitième du muid, à la réserve des vins de liqueur venant en caisse.

BARILLAR, ou BARRILLAR. s. m. Officier qui a soin du vin & de l’eau sur les vaisseaux. Vini & aqua præfectus. Barrilar étoit aussi autrefois un Officier dans la maison de nos Rois, appelé en latin barillarius. C’étoit lui qui avoit soin des caves, ou des tonneaux, ou barils de vin qui étoient pour la bouche du Prince. C’est de ce dernier nom qu’il avoit pris le sien. Il est parlé du Barillar dans une Ordonnance de S. Louis de l’an 1261. On a dit aussi bariller.

☞ BARILLES ou VARILLES. Petite ville de France en Languedoc, entre Foix & Pamiers, sur l’Ariège.

☞ BARILLET. s. m. Doliolum, se dit en général de tout vaisseau qui a la forme du baril, & qui est plus petit.

BARILLET ou BARRILLET. s. m. Petit baril d’argent, d’ivoire, pour mettre des parfums, ou autres choses précieuses. Doliolum, barillatum, bariola. Il est hors d’usage en ce sens.

Barillet, se dit encore d’une espèce de billette. Voyez Billette.

Barillet. Terme d’Horlogerie. Petite boîte cylindrique. Barillet double, celui qui a une roue à chaque bout. Barillet tournant, celui qui porte une roue. Barillet fixe, celui qui a une roue mobile à son centre.

Barillet, se dit aussi de la partie de la montre où est enfermé le ressort.

On appelle aussi Barillet un tambour qui sert à faire jouer une orgue toute seule, ou un clavecin, par le moyen de plusieurs pointes ou crochets arrangés sur sa surface avec un ordre convenable, qui accroche les touches, & qui se meut par le moyen d’un poids, d’un ressort, ou d’une manivelle.

Barillet, en termes d’Hydraulique, est le tuyau où le piston agit, en haussant & baissant.

BARILLIER, ou BARRILLIER. s. m. Barillarius. C’est la même chose que barillar. Dans l’état des Officiers de l’Echansonnerie du temps de S. Louis en 1261, il en est parlé. Dans un autre statut du siècle suivant, il est dit, il y aura devers la bouche trois barilliers, & mangeront à Cour. Dans un autre statut du même temps on lit, deux barilliers, qui mettront les deux sommiers de l’Echansonnerie.

BARILLO. s. m. Les Portugais qui font le commerce des soies dans les Indes Orientales, nomment ainsi les soies de la moindre qualité : les plus fines s’appellent Cabeça.

BARIOLAGE. s. m. Assemblage de diverses couleurs mises sans ordre. Confusa colorum varietas. Voila un étrange bariolage. Il est du style familier, ainsi que les mots qui suivent.

☞ BARIOLER. v. a. Peindre de diverses couleurs distribuées d’une manière bisarre, assembler des couleurs mal assorties. Inepta colorum varietate inficere. Barioler un lambris, une cheminée. On faisoit autrefois des chandelles bariolées, dont on se servoit le jour des Rois. Habit bariolé.

Ce mot vient de varius.

BARIOLÉ, ÉE. part. Variis coloribus infectus. Marqué de diverses couleurs. Cruche bariolée, féve bariolée.

BARJOLS. Ville de France, en Provence, à cinq lieues de Suez. Barjollum.

BARIQUE, ou BARRIQUE, s. f. Tonneau ☞ fait de douves, cerclé de cerceaux de bois, liés avec de l’osier, propre à contenir différentes marchandises, principalement des liquides, du vin, de l’huile, de l’eau-de-vie. Cadus, dolium. Une barique de vin. Il faut quatre bariques pour faire le tonneau de vin à Bourdeaux, ou trois muids de Paris.

Barique foudroyante, ou Baril à feu. C’est ainsi que l’on appelle des futailles de diverse capacité, où l’on met des pots à feu parmi quantité de filasse arrosée d’huile de pétrole, & trempée dans de la poix noire & de la poix grecque. Ignea munitionis cadi, dolia. Cela sert à défendre des brèches.

☞ BARIQUESIMETO. Province de l’Amérique méridionale, dans le pays de Venezuela.

BARIQUOT, s. m. se dit quelquefois de certaines petites futailles, ou tonneaux, dont les grandeurs ne sont point réglées. C’est un petit baril.

BARISEL. Voyez Barigel.

BARITONISER. v. a. Vieux mot. Chanter.

Pan onques mieux ne baritonisa
Diapason au son de ses musettes.

☞ BARKAN. Ville de Hongrie, qui n’est proprement qu’un faubourg au bout du pont de Gran, devenu fameux par les deux victoires que les Chrétiens remportèrent sur les Turcs en 1664 & en 1683.

☞ BARKLEY, ou BERKLEY. Ville d’Angleterre, en Glocestershère, entre Glocester & bristol.

BARLANC. s. m. Vieux mot. Jeu de berlan.

☞ BARLENGA. Ville d’Espagne, dans la vieille Castille, au gouvernement de Soria. On l’appelle aussi Berlanga.

BARLERIA. s. f. Ce nom a été donné à une plante par le P. Plumier, en l’honneur de Jacques Barelier, Jacobin, un des plus fameux Botanistes de Paris. Elle n’a point de nom en notre langue, mais les Anglois de la Jamaïque l’appellent Snap-Dragon. Elle a une fleur en gueule, composée d’une seule feuille, dont la lèvre ou crête supérieure est droite, & l’inférieure divisée en trois parties. Il s’élève du calice dans la partie postérieure de la fleur un pistil qui se change en un huit quadrangulaire, oblong & membraneux avec une capsule, dans laquelle sont renfermées des semences rondes & plates : on ne lui attribue aucune propriété médicinale.

☞ BARLETTE. Barulum, & Barolum. Ville du royaume de Naples, dans la Pouille & dans la province de Bari.

BARLINS. s. m. C’est dans les manufactures en soie, le nom d’un nœud qu’on fait au commencement & à la fin des pièces, pour les tordre, nouer, ou remettre. Encyc.

BARLONG, GUE, adj. en langage ordinaire se dit seulement des habits, qui au lieu d’être également ronds, ont plus de longueur d’un côté que d’autre. Longior quàm latior. Ce manteau est barlong. Cette jupe est barlongue. Afin que les pièces deviennent barlongues & plus gracieuses à l’œil. Jardins de propreté, p. 20. Forme barlongue. Traité de Conchyliologie.

Barlong, en Géométrie, désigne un carré long, un parallélogramme à quatre côtés, dont il y en a deux plus longs que les deux autres.

BARLUE. Voyez Berlue.

BARNABÉ, s. m. Nom d’homme. C’est le nom propre d’un Apôtre qui accompagna quelque temps S. Paul dans ses voyages. Barnabas. Ce mot, suivant son origine, veut dire fils de Prophète, venant de בר, bar, fils, & נביא nabi, Prophète. Barnabé, Cyprien de nation, quitta un héritage très-considérable. Gamaliel l’avoit instruit dans la Loi avec Étienne & Saul. God. L’Evangile de S. Matthieu fut si estimé dès le temps de sa publication, que S.Barnabé en portoit un exemplaire dans tous ses voyages. Id. La tradition la plus assurée est que S. Barnabé a fondé l’Église de Milan. Il fut martyrisé en chypre sous l’Empire de Néron.

Voyez M. Godeau, Histoire de l’Eglise, Liv. I, pag. 64 & suiv.. & 70, 45.

BARNABITES. s. m. Sorte de Religieux, qu’on nomme Clercs Réguliers de la Congrégation de S. Paul. Barnabitæ. Ils sont vêtus de noir, & ont retenu les habits que les Prêtres portoient du temps de leur établissement. Ce fut en 1535, qu’ils furent établis par les Bulles expresses du Pape Clément VII. Leur occupation est d’instruire, de catéchiser & de servir dans les Missions. Ils ont, pour fondateur Antoine-Marie Zacarie. On les appelle Barnabites à cause de l’Eglise de S. Barnabé de Milan. Le peuple de Paris dit Bernabites, mais mal. Le P. Bouhours dit dans la Vie de S. Ignace que l’Archevêque de Gènes souhaita fort d’unir la Congrégation des Barnabites de Milan à la Compagnie de Jésus.

☞ BARNACLE, BARNAQUE, & plus communément BERNACLE. s. f. Espèce d’huître, de moule. Coquillage dont la coquille est composée de cinq pièces. On les trouve adhérentes aux rochers & aux vaisseaux. On en trouve particulièrement dans les Îles qui sont à l’occident de l’Ecosse. On croyoit autrefois qu’il sortoit de ce coquillage une espèce de canard. Voyez Les Transact. philos, t. II p. 850 & 851.

☞ On donne encore ce nom à un oiseau aquatique que Boyer appelle l’oie d’Écosse. Voyez Macreuse.

BARNAGE. s. m. Vieux mot François, qui signifie les Grands, les Seigneurs, les Gentilshommes qui composent la cour du Prince. Aulici, Palatini, Proceres, Nobiles.

San soi repantir de l’outrage,
Pourquoi le Roi & son Barnage,
Lui présent qui por se manderent,
D’accord commun le commanderent.

Guillaume Guiard

Li Cuens Rolland & ses Barnages.

Philippes Mousk.

Ce mot se trouve souvent dans nos anciennes Histoires & dans nos vieux Romanciers.

Barnage, est aussi un droit qui se payoit au Roi & aux Seigneurs, à raison des feux, dont les Nobles & les Ecclésiastiques étoient exempts. Barnagium. Voyez de Laurière, Ragueau, &c.

BARNARD. s. m. Nom d’homme. Bernardus. Bernard, ou Bern-hart, vulgairement dit Barnard, issu d’une des bonnes Noblesses du Lyonnois, fut fait en 810 Évêque de Vienne. Baillet.

BARNE. s. f. Terme des salines de Salins, qui signifie le lieu où la muire est conduite pour faire le sel, où la chaudière pour cuire est dressée, le fourneau pour la cuite façonné, & où les bois nécessaires sont conduits pour cuire les muires. Officina Salaria. Voyez Gollut. Mémoires des Bourguignons, Liv. II, chap. 26. Il y avoit de son temps huit barnes dans la grande Saulnerie de Salins.

☞ BARNEVILLE. Bourg de France, en basse Normandie, diocèse de Coutances, sur la côte de la mer.

☞ BARNSTABLE, petite ville d’Angleterre, en Devonshire. C’est un port de mer.

☞ BAROCHE. Ville de l’Indoustan, au Royaume de Gusurate, sur la rivière de Nerdaba.

BAROCO. Terme de Dialectique ou de Logique. Mot technique, qui désigne le quatrième mode de la seconde figure du syllogisme. Un syllogisme en baroco a la majeure universelle affirmative, & les deux autres propositions particulières négatives, & par la propriété générale de la 2e figure, son moyen terme est deux fois attribut.

BA Toute vertu chrétienne & méritoire du salut éternel doit être fondée sur la foi.
RO Quelques vertus ne sont pas fondées sur la foi.
CO Donc quelques vertus ne sont ni chrétiennes, ni méritoires du salut éternel.

BAROIS. Voyez Barrois.

BAROMÈTRE, s. m. ou BAROSCOPE. Instrument de Mécanique & de Physique, qui sert à connoître & à mesurer la pesanteur ou la légèreté de l’air. Barometrum. Ce mot a été fait du grec. Il est composé de βάρος, pondus, pesanteur, & de μετρεῖν, metior, mesurer. Le baromètre simple est composé d’un tuyau de verre, ayant environ quatre pieds de long, & la quatrième partie d’un pouce de diamètre dans la cavité. Il est scellé hermétiquement par le bout d’enhaut : & par celui d’enbas, qui est recourbé & percé, on l’emplit de vif argent. Après en avoir chassé tout l’air grossier, l’on plonge le bout percé dans d’autre mercure exposé à l’air; & le mercure qui tâche à s’échapper du tuyau, y demeure suspendu à la hauteur d’environ vingt sept pouces, plus ou moins, selon que l’air, qui appuie sur le mercure expose à l’air extérieur, est plus léger ou plus pesant, laissant la partie supérieure du tuyau vide. On voit les degrés de cette élévation marqués sur une platine de cuivre clouée sur le bois qui sert à le soutenir. Depuis on a trouvé l’invention de faire le bout d’en bas en forme de phiole, qui tient lieu de cet autre vaisseau de mercure exposé a l’air, dont on s’étoit servi dans les premières expériences : & enfin l’on a fait le baromètre double par le moyen d’un autre tuyau fort menu, qu’on a ajouté à cette phiole ou bouteille. L’une des branches de ce nouveau baromètre est fermé hermétiquement par l’une de ses extrémités. L’autre est couverte par en haut, & pleine d’eau seconde & colorée, ou de quelque liqueur qui ne gèle point en hiver. A côté de ce tuyau, on marque les divisions de la platine, qui marquent la pesanteur & la légèreté de l’air. Or comme le mouvement de la liqueur qui est dans ce second canal ouvert est comme de 14 à un, à l’égard du vif-argent, il s’ensuit que les changemens de l’air sont beaucoup plus sensibles dans cette espèce de baromètre que dans ceux où il n’y a que du mercure, dont les mouvemens ne sont pas si imperceptibles. Ce baromètre est d’autant plus commode, qu’il se peut transporter facilement. C’est M. Huygens qui l’a inventé. Cette suspension du mercure a été inventée en Italie par Galilée & Torricelli, d’où vient qu’on l’appelle quelquefois Experimentum Torricellianum. Mais la première idée en est dûe sur-tout à Toricelli, Mathématicien du Duc de Florence. Il remplit de vif-argent un tuyau de quatre pieds, & remarqua que le vif-argent ne demeuroit suspendu qu’à la hauteur de 27 à 28 pouces ; d’où l’on conclut qu’une colonne d’air de la grosseur du tuyau, & de toute la hauteur de l’air, pese 27 à 28 pouces de vif-argent. On en fit l’expérience en France pour la première fois en 1646. Elle a été beaucoup perfectionnée depuis par les sieurs Petit & Paschal, par le Père Mersenne, & par M. Huygens. Le baromètre nous a fait découvrir que la colonne d’air pèse 28 pouces de mercure, & 32 pieds d’eau. On a fait à l’Observatoire de Paris un baromètre d’eau. Voyez Baroscope.

Les Transactions Philosophiques, n. 236, p. 3. au Tom. II, pag. 10, & M. Harris, dans son second tome, au mot baromètre, donnent la description d’un baromètre portatif, ou la manière de rendre un baromètre portatif sans qu’il y ait danger de répandre le mercure de la phiole, ou de laisser entrer l’air au fond du tube, ou du mercure enfermé dans le tube, en rompant l’extrémité du tube par le mouvement que le transport doit causer en dedans au mercure. Pour prévenir les deux premiers inconvéniens, il faut que le tube ait au-dessus de la phiole un cou, ou un creux rond tout au tour, par le moyen duquel on puisse y attacher bien ferme un morceau de cuir mouillé, pour le boucher. On remédie au dernier en deux manières, 1o. en pressant le mercure jusqu’au bout du tube, en-sorte que dans le transport étant toujours plein, le mercure ne puisse s’agiter. La 2e. manière est que le tube par en haut à un doigt de l’extrémité aille en rétrécissant ; de sorte qu’il se termine en cône, ou par un canal fort étroit, & moins large qu’une paille : on amortit par-là la force du mercure, qui frappe contre le haut du tube. Au même endroit des Transactions Philosophiques & pp. suiv. on trouvera beaucoup d’observations curieuses sur le baromètre. Le Docteur Piacencini a fait deux dissertations sur le baromètre. Les Anglois appellent le baromètre, la balance de l’air. Harris.

On a remarqué que la pesanteur de l’air varie considérablement dans les mêmes lieux en différens temps ; qu’il est ordinairement plus pesant dans un temps clair & serein, & qu’il est plus léger dans un temps nébuleux & chargé de vapeurs. Un grand nombre d’expériences faites en Espagne, en Italie, en Angleterre, & comparées avec celles que nous avons faites en même temps à l’Observatoire, nous font connoître que le baromètre y varie dans les mêmes circonstances de temps ; & ce qu’il y a de considérable, ces variations arrivent le plus souvent les mêmes jours, principalement celles qui sont promptes & subites. On a trouvé que les variations qui arrivent au baromètre, sont plus grandes dans les pays septentrionaux que dans les méridionaux. On a observé qu’en Suède elles sont la troisième partie de la plus grande hauteur du baromètre, qu’elles y sont plus grandes qu’en France, où elles ne sont que la dix-septième partie ; qu’en France elles sont encore beaucoup plus grandes qu’entre les Tropiques, & vers l’Equinoctial, où elles n’arrivent point à la cinquantième partie. On a aussi observé que le baromètre situé à une petite hauteur sur la surface de la mer, est toujours resté plus bas dans les observations faites proche de l’Equinoctial qu’en Europe ; de sorte que si on suppose que la hauteur de l’air sur la surface du mercure soit proportionnée à la suspension dans le baromètre, la hauteur de l’atmosphère seroit plus grande vers le pôle septentrional que proche de l’Equateur. Maraldi, Acad. des Sc. 1703. Mem. pag. 235, 236.

Le baromètre peut servir à mesurer la hauteur des montagnes. Voyez ce que M. Cassini & M. Maraldi ont dit sur cela. Acad. des Sc. 1703. Hist. p. 11, & Mém. p. 229. Le baromètre baisse d’une ligne quand on le porte à 60 pieds ou environ au-dessus du niveau de la mer. Ib. Hist. p. 11.

Baromètre à roue, est un instrument qui se fait par l’application d’un Index au baroscope commun. C’est une invention de M. Hock Anglois. M. Harris le décrit fort exactement.

Baromètre marin, est un instrument de l’invention de M. Hook, décrit fort au long par le même M. Harris.

BAROMÉTRIQUE, adj. m. & f. Qui appartient au baromètre. Barometricus, a, um. Observations barométriques. Brémond.

BARON, BARONNE, s. m. & f. Degré de Noblesse qui est au-dessus des Gentilshommes & des Châtelains. Baro. Il y a un très-grand nombre de Barons en Allemagne. On croyoit à la Cour les Barons trépassés, dit le Baron de la Crasse. Le mot de Baron est fort ancien parmi les Bourguignons, & se trouve dans Grégoire de Tours, environ l’an 580 de J. C. Il ne paroit pas sitôt en Angleterre, ni dans les lois des Anglo-Saxons ; la première fois qu’il s’y trouve, c’est dans un fragment des lois de Canut, Roi des Anglois et des Danois ; mais ce titre n’a point été établi en Angleterre avant les lois de Guillaume le conquérant ; c’est l’opinion de Cambden, pag. 121. Bientôt après la conquête, tous les Barons vinrent au Parlement, & eurent séance dans la Chambre Haute comme les Pairs : mais comme ils étoient alors en très-grand nombre, il fut réglé qu’aucun Baron n’auroit droit d’y venir, si le Roi ne l’y appeloit par écrit, & cet écrit n’avoit force que pour cette fois-là. Dans la suite ils obtinrent du Roi des Patentes, & on les appela Barons par Patentes, ou par création, par érection. Les Grands Vassaux de la Couronne, fussent-ils Ducs, Comtes, ou Vicomtes, étoient autrefois indifféremment appelés Pairs, Princes, & Barons. Pairs, comme égaux entre eux ; Princes, comme Seigneurs des lieux de leur dépendance ; & Barons, comme les premiers & les plus puissans du royaume. Cette dernière qualité passoit au XIIe siècle, & bien avant dans le XIIIe, pour si noble & si relevée, qu’on quittoit le titre de Prince pour prendre celui de Baron. C’est ce que fit le Sire de Bourbon environ l’an 1200, quoique ses ancêtres eussent porté pendant plus de trois cens ans le nom de Comtes & de Princes. C’est en imitant cet ancien usage, qu’une illustre Princesse prend dans ses ingénieux divertissemens le titre de Baronne de Sceaux.

Baron, étoit autrefois un nom général que l’on donnoit à tous les gens illustres, tant dans l’Eglise que dans l’Etat, comme aujourd’hui celui de Seigneur. De-là vient qu’une ancienne traduction françoise des histoires de Guil. de Tyr dit, Venu étoit li mois de Mars quand li Barons & hauts Homs, &c. Frédégaire dit, Burgundiæ Barones, tàm Episcopi, quàm cæteri leudes, & Orderic. Lib. II, Hist. AC. 1109. Pro tantorum itaque transitu Baronum videtur ipse mundus lugere. Il parle de S. Anselme Archevêque de Cantorberi, & de Guillaume Archevêque de Rouen. Froissard a donné ce titre à S. Jacques, vol. 3, ch. 30, 33. Or eurent ils affection d’aller en pélerinage au Baron S. Jacques. Et encore, & fit ses vœux devant le Benoît corps Saint, & Baron S. Jacques. C’est ainsi que le peuple a dit, & dit encore quelquefois, monsieur S. Jacques. Mais proprement les Barons étoient des Gentilshommes qui tenoient leurs fiefs immédiatement du Roi. Voyez Hauteserre, De Duc. & Comitib. c. 5. Voyez aussi les Notes du même Auteur sur Grégoire de Tours, p. 383, & du Tillet, Recueil des rangs, p. 11.

En Bretagne, il semble que pour être créé Baron, il falloit être parent du Duc. Voyez les titres rapportés dans l’Hist. de Bret. Tom. II, p. 1145, 1146, 1147. Il est dit dans les mêmes Actes, qui sont des Créations de Barons, faites par le Duc Pierre en 1451 que les anciens Barons de Bretagne n’étoient que neuf. D’Argentré conclut d’une lettre Patente d’Alain le Long de l’an 689, qu’en ce temps la dignité de Baron n’étoit point encore en usage dans la Bretagne, parce que nul de ceux qui y ont souscrit, n’ont pris ce titre.

Ménage dérive ce mot de Baro, qui signifioit parmi les Romains un homme fort & vaillant, & aussi un brutal & féroce : & parce que les Rois avaient auprès d’eux les hommes les plus forts & les plus vaillans & qu’ils les récompensoient de plusieurs fiefs & Seigneuries, on a depuis appelé Barons, ces Nobles qui les avoient obtenus ; desorte que ce n’est pas merveille si dès le temps même de S. Augustin on a appelé Barons, les gens les plus considérables de la Cour & de l’armée. Hirtius même, dans l’histoire de la guerre d’Alexandrie, en fait mention.

Quelques autres dérivent Baron de l’allemand bawer, qui se dit en un contre sens, & qui signifie paysan. Dans la basse latinité on a appelé Barons, des gens de journée, de peine & de travail, parce qu’ils doivent être forts & robustes, comme dans Isidore, qui dit que ce mot vient du grec βαρύς, qui signifie gras, & fort. Papias est aussi de ce sentiment, aussi bien que le Port-Royal, qui dit que baro parmi les Latins signifioit un homme vaillant, ou même un homme féroce ou brutal. Cambden entend par ce mot des soldats mercénaires, p. 121. C’est d’Isidore qu’il a pris cette interprétation. C’étoient, dit Chifflet, de braves soldats à qui l’on donnoit la paye. Ainsi nos Barons ont pris leur nom d’une dignité militaire. Si l’on en croit encore le Port-Royal, ce mot vient de βαρος qui se prend pour autorité, puissance. En ancien gaulois on appeloit Varons, les valets des soldats, qui étoient extrêmement lourds & stupides, & qui d’ailleurs résistoient à la fatigue. Et comme cette espèce de gens étoient fort brutaux & fort méchans, on donnoit le nom de Baron au Diable & aux Lutins. Cicéron, pour signifier un homme lourd & stupide, se sert du mot de baro. Dans les anciennes lois d’Allemagne, on dit, souffleter un Baron ; pour dire, donner un soufflet à un vilain. On appelle aussi en Italien un gueux Baroné ; & on dit baronare ; pour dire, gueuser.

Chorier prétend que le mauvais sens que les Latins donnent au mot Baron, qu’il croit être un mot gaulois, n’est point sa véritable signification ; qu’il y a apparence que chez les Gaulois il signifioit un jeune homme seulement, & que celui de garçon en est venu ; qu’on sait que les Barbares, qui ont inondé si souvent la France, y ont introduit avec eux la coutume de prononcer le V comme le G, & le G comme le V. D’autres dérivent le mot de Baron d’un vieux mot gaulois Ber, ou Bers, qui signifioit Haut-Seigneur, d’où on a fait le fief Haut Ber. Bouteiller, en sa Somme rurale, & de S. Julien en ses Antiq. de Bourg, ch. 34, disent que Ber & Baron sont synonymes. Et Etienne Guichard dérive bar de l’hebreu גבר, gever, ou geber, qui signifie homme, Seigneur, Prince ; en retranchant le ג, ou g hébreu.

Quelques-uns l’ont fait venir de barrus, qui signifie éléphant, à cause que les Barons sont ceux qui ont le plus de pouvoir.

Mais l’opinion la plus probable, est qu’il vient de l’espagnol varo qui signifie un homme vigoureux, vaillant & noble. D’où vient que quelques Coutumes ont appelé un mari, Baron, ce que les femmes appellent leurs hommes. Une femme ne peut contracter, ni appeler sans l’autorité de son Baron ; d’où vient que les Princes ont appelé Barons, leurs vassaux, qu’on appelle encore aujourd’hui leurs hommes & feudataires. Et dans les lois Saliques & Ripuaires, le mot de Baron signifie généralement un homme. Le vieux Glossaire grec & latin de Philoxène traduit baro par ἀνήρ. Dans les lois des Lombards baro est pris par tout pour vir ; de même dans les lois Saliques. Voyez Tit. 34, & elles l’opposent à mulier ingenua, comme si baro étoit vir ingenuus. Encore à présent, dit Chifflet, dans son Gloss. Saliq. au mot baro, les Walones appellent leur mari, mon Baron. Dans les lois Allemaniques & Ripuaires baro est aussi opposé à fœmina ; il en est de même dans les lois d’Angleterre, dit M. Harris ; & les Espagnols disent encore varom pour homme. Ainsi M. de Marca, Marca Hisp. Lib. III, cap. 8. §. 6, croit que ceux qui tirent ce mot du latin, se trompent, puisqu’il y a un sens fort different ; mais qu’il vient de l’Allemand bar, un homme. Cependant Lymnæus, Jur. Imp. Lib. IV, cap. 5, conclut des lois que nous venons de citer, que Baron ne signifioit qu’un valet comme en latin, parce que dans les lois des Allemands il n’y a que la même peine pour donner un soufflet à un Baron, ou le donner à une servante. Il ajoute que dans les lois Ripuaires, Baron est pris pour un Commis qui lève les droits ou tributs. Voyez cet Auteur, qui a ramassé plusieurs choses sur les Barons.

D’autres disent que c’est un mot françois, & la même chose que par-hommes, c’est-à-dire, hommes égaux en dignité. Quelques Jurisconsultes Anglois veulent qu’il signifie Bobora belli, dans Cambden, p. 121. Quelques Allemands le tirent de banner-haires, c’est-à-dire, enseigne porte-enseigne. Alciat prétend qu’il vient d’une ancienne nation d’Espagne, qui s’appeloit Bérons. Cambden préfère, p. 121, l’opinion qui le fait venir de bar, qui en allemand signifie un homme libre & indépendant.

Waserus le dérive de l’hébreu bar, pur, net, pour montrer la pureté & la noblesse de l’origine des Barons ; Martinius du mot allemand bar, prompt, qui est présent, qui paroît ; parce que les Barons étoient toujours auprès de la tente du Roi, pour le garder & le défendre. Ebrard de Bethune en donne ces étymologies, qui sont sans fondement :

Est Bares, fortis, Baroque monstrat idem.

Et en un autre endroit :

A gravitate Baro sertur, quod monstrat imago
Ejus ; nam Græcè Bares id quod grave signat.

En grec βαρὺς, gravis.

Jean de Garlande dit quelque chose de semblable dans ce vers,

Baro, Baronis, gravis aut authenticus est vir.

Icquez dit que bar dans la langue des Francs, & vair dans la langue gothique, veulent dire homme, celui qui a quelque chose de mâle, & que c’est de-là qu’est venu le mot de Baron : & Baron, selon cet Auteur, veut dire l’homme du Roi, qui est obligé de le défendre, de le servir à la guerre, de garder ses châteaux. Parce qu’on trouve farro, ou faro, ou pharro dans Grégoire de Tours, Hist. Franc. Lib. II, cap. 42 ; & Burgundiæ farones dans la Chronique de Frédegaire n. 41, où un manuscrit de la Bibliothèque de M. Colbert, & quelques éditions mettent Barons. Dom Ruinart dérive le nom de baro de faro, & faro de fara, qui signifie, dit-il, génération, branche, ligne de famille, comme il paroît par les lois des Lombards, Liv. III, tit. 14 ; & Paul Diacre Hist. des Lombards, Liv. II, ch. 9. On pourroit ajouter que fara vient de l’hébreu פרה, pharâ, qui signifie porter du fruit, & engendrer des enfans, produire, laisser lignée. Dieu s’en sert, Gen. I, 28 & IX, i, quand il ordonne aux hommes de produire & de multiplier. Mais il n’y a pas de nécessité de le tirer de si loin.

On a appelé Barons Châtelains, ceux qui avoient des châteaux. On appelle aussi Barons en France, ceux qui étoient les Pairs dans les Justices. On appelle Barons en Arragon, ceux qui ont plusieurs vassaux, qu’on nomme autrement Ricos humbres. En Angleterre, on distingue aussi des Barons par écrit, ou par brevet, & des Barons par Patentes, ou par création, par érection. Cambden rapporte l’origine de ces Barons par brevet à Henri III. Les Barons par Patentes commencerent au temps de Richard. Quelques-uns ajoutent une troisième espèce de Barons, qu’ils appellent Baron by tenure. Ce sont les Evêques, qui tiennent à titre de Baronnie quelques terres annexées à leur Evêché, & qui leur donnent séance dans la Chambre haute. Ils sont appellés les Lords spirituels. Harris, Tom. II.

On a appelé aussi Barons, les premiers Bourgeois de la ville de Londres.

Barons d’un Comté, Barones Comitatûs, en Angleterre sont les premiers vassaux d’un comté. Les Barons Aumôniers, Barones Eleemosynarii, sont encore en Angleterre les Ecclésiastiques, comme Archevêques, Evêques, Abbés ou Prieurs qui tiennent du Roi des biens d’Eglise à titre de Baronnie. Les Barons des cinq Ports dans la même île sont les cinq Barons qui demeurent dans les cinq principaux ports d’Angleterre, du côté de France ; qui sont Hasting, Dover, Hih, Rumnen & Sandwic ; & dans les bourgs adjacens, surtout à Rye, & à Winchelsey. Les Barons du Roi sont les Seigneurs de la Cour, ou ceux qui tiennent des terres immédiatement du Roi. Les Barons de l’Echiquier, sont les Juges de l’Echiquier, dont le principal est appelé le Lord Chef Baron, & les trois autres ses Assistans. Les Barons Terriers, Barones Terrarii, dans Guillaume de Puits-Laurent, sont tous ceux qui ont de grandes terres & beaucoup de fiefs. Quelques anciennes Notices les appellent Barons des Châteaux, Barones Castellorum, ou Castellenses. Barons du Parlement, sont les Lords du Parlement, qui ont droit d’y assister.

On a appelé Hauts-Barons, ceux qui tenoient une des quatre notables Baronnies de France, qui sont Coucy, Craon, Sully & Beaujeu. Les Hauts-Barons de France tenoient les terres en la même franchise que font présentement les leurs les Princes de l’Empire. Ils avoient droit de battre monnoie ; & dans les premiers temps c’étoit toujours un Haut-Baron qui présidoit au Parlement. Le Gendre. Mais il n’entend pas par Hauts-Barons seulement les quatre qu’on vient de nommer, mais les Ducs, les Comtes, & même quelques Vicomtes privilégiés.

Du Chesne dit que les Seigneurs de Montmorenci ont été appelés les premiers Barons de France.

Baron, se disoit autrefois des grands du Royaume de France. Quand le Roi tenoit les Etats, ou des Conseils d’importance, il assembloit ses Barons, qui ont changé souvent de degrés & de qualités, selon le temps & les lieux. Il falloit autrefois pour être Baron, avoir sous soi trois ou quatre Châtellenies, & trois Maladreries. La Coutume de Tours dit en l’article 71, avant qu’aucun se puisse dire Seigneur Baron, il convient qu’il ait sous lui plusieurs Châtellenies, ou deux pour le moins. Henri III, par son Ordonnance de 1579, veut que la Baronnie soit composée de trois Châtellenies pour le moins, qui seront unies & incorporées ensemble, pour être tenues à un seul hommage du Roi. On disoit autrefois par manière de proverbe, nul ne doit seoir à la table du Baron, s’il n’est Chevalier. Cela fait connoître combien les Barons étoient distingués. Voyez de S. Julien, Antiq. des Bourguign. ch. 34, & la Somme rurale de Boutillier.

On appelle communément en Espagne Baron, un homme illustre, mâle, ou vigoureux ; & quelquefois c’est un nom qu’on donne à un mari.

BARONAGE. s. m. Etat, qualité de Baron. Baronis conditio, dignitas. Ce mot ne se diroit que dans le style familier, burlesque, ou comique, & marque du mépris. Que veut ce fanfaron, avec son baronage ? en parlant d’un homme qui diroit qu’il est Baron, & qui prendroit des airs de qualité. Le Baronage d’Angleterre est une histoire de la Noblesse d’Angleterre, écrite en anglois par Guill. Dugdale.

BARONET. s. m. Diminutif de Baron. Baronettus. On appelle en Angleterre Baronet, celui que nous nommons en France Banneret. On lit dans un statut de Richard II, Roi d’Angleterre, soit-il Archevêque, Evêque, Abbé, Prior, Duc, Comte, Baron, Baronet, Chivaler de Countée, Cittizen de Citté, &c.

Chevaliers Baronets. C’est une Classe de Nobles entre les Barons & les simples Chevaliers. Jacques I, Roi d’Angleterre, institua l’Ordre des Chevaliers Baronets en 1611, & les substitua aux anciens Volvasseurs, les plaçant entre les Chevaliers & les Barons. Il ordonna qu’ils précéderoient tous les Chevaliers, excepté ceux de la Jarretière, & qu’ils auroient le privilége de charger leurs écus sous des armes d’Ulster, qui sont d’argent à une main de gueulles, à condition qu’ils défendroient la Province d’Ulster en Irlande, l’une des plus exposées aux rebelles, & d’entretenir pour cela trente soldats trois ans durant. Leur nombre fut réglé d’abord à deux cens ; mais dans la suite il augmenta. Larrey, Tom. II. p. 696. Il paroît par le statut de Richard II, que les Baronets sont plus anciens en Angleterre que Jacques I.

D’Argentré blâme ceux qui disent Baronets ; il prétend qu’il faut dire Bannerets : cela est bon pour la France, mais non pour l’Angleterre.

BARONNIE. s. f. Terme qui donne la qualité de Baron à celui qui la possède. Baronatus, Baronia. La Baronnie de Beaujollois a quatre villes & quatre-vingts villages. La Baronnie de Gentilly n’est que d’un seul village.

Baronnie a signifié quelquefois la première Seigneurie après la souveraine, ayant toute Justice, & droits mouvans de la Couronne : ce qu’on appeloit Fiefchevel ou tenu à chef. Voyez Du Tillet. Aujourd’hui c’est une dignité moindre que celle de Comte, & plus grande que celle de Seigneur Châtelain. Suivant l’ancienne définition, Baronnie est une terre où il y a toute justice, marché, Châtellenie, péage & lige ostage, meurtre, rapt, & encis. Voyez les Etablissemens de France, Liv. I. Pour ce qui est du droit de tenir Baronnie, le même Auteur dit, nus ne tient de Baronnie se il ne part de Baronnie par partte ou par frerage, ou se il n’a le don dou Roi sans rien retenir que fors le ressort & qui a marché, &c.

En Angleterre une Baronnie doit comprendre treize fiefs & un tiers de fief d’un Gentilhomme. Par le Registre de Philippe-Auguste publié par M. d’Hérouval, il semble qu’en Normandie il suffisoit de cinq fiefs pour une Baronnie. On a aussi donné ce nom à des terres que des Prélats tenoient du Roi. C’est à ce titre que les Evêques en Angleterre ont séance au Parlement. On trouve aussi que sous Edouard I. les maisons qu’occupoient les principaux Bourgeois de Londres, sont appelées Baronnies.

Le P. Ménestrier, Hist. de Lyon, pag. 284, prétend que Baronnie est aussi un terme général pour toutes sortes de dignités, duché, marquisat, comté, vicomte, &c. & il s’étonne que les Avocats qui ont fait des Factums contre le Chapitre de Lyon, aient voulu lui disputer le titre de comté, sous prétexte que dans les Traités de Philippe le Bel le comté de Lyon est souvent appelé Boronnie.

L’Auteur du Grand Coutumier écrit qu’au Royaume de France il n’y avoit autrefois que trois Baronnies, Bourbon, Coucy, & Beaujeu.

Baronnies (les) contrée de France, dans le Dauphiné, ainsi nommée parce qu’elle est composée de deux grandes Baronnies, de Meuvillon, medullio, dont le Buy est capitale, & de Montauban, qui a Nyon pour capitale.

BAROQUE. adj. de t. g. Terme de Joaillier, qui ne se dit que des perles qui ne sont pas parfaitement rondes. Gemmæ rudes & impolitæ. Collier de perles baroques.

Baroque, se dit aussi au figuré, pour irrégulier, bisarre, inégal. Un esprit baroque. Une expression baroque. Une figure baroque. Il n’y a point de langue si baroque qui n’ait trouvé des partisans zélés. Mém. de Trév.

☞ En peinture, un tableau, une figure d’un goût baroque, où les règles des proportions ne sont pas observées, où tout est représenté suivant le caprice de l’Artiste.

BAROSANÈME, ou Pése-vent, s. m. Machine inventée pour savoir la pesanteur du vent. Ce mot est composé du grec βάρος, εος, pesanteur, & ἄνεμος, vent Saverien.

BAROSCOPE. s. m. C’est la même chose que Baromètre. C’est M. Bayle & les Journaux des savans d’Angleterre, qui l’ont appelé Baroscope, qui signifie un instrument propre à faire voir ou connoître la pesanteur de l’air ; de Βάρος, pondus ou poids, σκοπέω, video, considero, je vois, je considère. En France le mot Baroscope n’a pas fait fortune, quoiqu’on l’ait employé dans quelques livres ; Baromètre a pris le dessus Voyez ce mot.

Wolphius dans son Aërométrie distingue le baroscope du baromètre. Le baromètre est selon lui, un instrument avec lequel on peut mesurer la pesanteur de l’air, & le baroscope un instrument avec lequel on mesure confusément les différences de la pesanteur de l’air. Il remarque que l’on confond communément ces deux instrumens ; mais il prétend qu’il est plus à propos de les distinguer, parce que c’est autre chose de connoître que l’air est plus pesant en un temps qu’en un autre, que de savoir que la pesanteur de l’athmosphère est plus grande aujourd’hui qu’elle n’étoit hier. Or on le fait, dit-il, si l’on mesure la pesanteur de l’air. Au reste on ne fait plus aujourd’hui de baroscope qui ne soit baromètre, c’est-à-dire, qui ne fasse voir les variations de la pesanteur de l’air par des degrés ou divisions qui sont placées le long du tuyau ; ce qui fait toute la différence du baromètre au baroscope.

BAROT. s. m. Terme de Marine & de Charpenterie. On appelle barots, ou baux, les pièces de bois qui traversent d’un bord à l’autre du navire dans l’épaisseur des membres, & servent à porter les planchers que l’on nomme ponts. Tignum navis, ou navale transversum, Caron.

☞ BAROTER ou BARROTER ; terme de Marine : v. a. remplir en partie, ou en totalité la cale d’un vaisseau jusqu’aux barots, du premier pont, de manière qu’il n’y puisse plus rien entrer.

BAROTÉ. part. & adj. Un vaisseau baroté, est un vaisseau dont le fond de cale est rempli jusqu’aux barots.

BAROTIN. s. m. Diminutif de barot. On appelle quelquefois les barotins demi-barots : ce sont des pièces de bois de moindre grosseur que les barots, qui traversent la largeur des ponts ; ils sont de deux pièces, & sont soutenus par des arc-boutans ou traversins, à cause des ouvertures d’écoutilles, caillebotis, passage des mats, & autres baies servant pour l’utilité du vaisseau, Tigillum transversum navis. Caron.

BARQUE. s. f. Bâtiment de mer qui n’a que des voiles latines, au nombre de deux ou trois pour le plus. Navicula. La voile d’avant ou de proue se nomme le trinquet ; celle du milieu la maîtresse ; celle de poupe, la voile d’artimon, ou la meiane. Il y en a qu’on nomme les barques de rous, & en grec μονόξυλα, qui ne sont faites que d’un arbre creusé, auquel on ajoute quelques pièces de côté & d’autre, & qui sont néanmoins capables de 50 rames.

Ménage dérive ce mot de barca, latin ; le Pere Fournier, de Barcé ville d’Afrique ; & Rodéricus Tolétanus, de Barcelonne ; d’autres, entre lesquels est Saumaise, de βάρος, mot grec, qui signifie un édifice fait en rond, qu’on a étendu aux barques, à cause qu’elles sont courbées. Jules Scaliger le dérive de βάρος, ab oneribus gerendis. Il vient plus vraisemblablement de barga, ou barca, terme fréquent dans les lois Saliques, pour dire un bateau. De Laurière. Barca se trouve en effet non-seulement dans les Auteurs de la basse latinité, mais aussi dans S. Paulin, poëme 13 ad Cytherium. Isidore, Orig. L. XIX. c. i. dit que c’est la barque qui porte à terre les marchandises d’un vaisseau, & qu’en pleine mer la barque se met dans le vaisseau, ne pouvant soutenir les flots. C’étoit donc ce que nous appelons aujourd’hui chaloupe. Mathieu Paris, Abbon, & plusieurs autres, & entre les Mordernes, Vossius Lib. II. de vitiis serm. cap. 3. & les Bollandistes en plusieurs endroits, comme Jan. Tom. II. p. 830. Fébr. Tom. II. pag. 731. A.

Barque, se dit aussi d’un fort petit bâtiment de mer, ou navire sans hune, qui sert à porter des munitions, à charger, ou à décharger les navires qui sont à la rade dans les lieux où les grands vaisseaux ne peuvent pas aborder, & à plusieurs autres usages. Cymba. Une barque d’avis, est celle qu’on envoie porter quelques nouvelles, soit d’un vaisseau à un autre, soit dans un lieu éloigné.

Barque, se dit aussi d’un petit bateau qui sert à passer une rivière, ou à y voiturer des marchandises en petite quantité. Il est arrivé une barque d’huîtres à l’écaille. Une barque de Pêcheur.

Une barque en fagot, c’est tout le bois taillé pour faire une barque, qu’on porte dans un vaisseau pour l’assembler quand on est parvenu aux lieux où on en a besoin, & pour remonter dans les rivières.

On appelle aussi barque longue, ou double chaloupe, les bâtimens qui sont de bas-bord, & ne sont pas pontés. Quelques-uns appellent barque, tous les vaisseaux qui n’ont point de hune.

Barque droite. Terme de Marine. C’est un commandement que l’on fait, pour avertir ceux qui sont dans une chaloupe de se placer également, afin qu’elle soit droite sur l’eau, sans pencher plus d’un côté que d’un autre.

Droit de Barque, Barganaticum, est une remise de tous tributs & péages à cause de ce qui sera conduit par eau ou par terre. Ce droit fut accordé par Charles le Chauve à l’Abbé & aux Religieux de S. Denis en France, pour les choses qui leur appartenoient. Voyez De Lauriere sur Ragueau.

On appelle poëtiquement la Barque de Caron, la prétendue nacelle dans laquelle les Poëtes ont feint que les ames passoient aux Enfers. Cymba Charontis.

Cependant Eurydice au pouvoir de la Parque,
Déjà froide passoit dans la mortelle barque.

Sarras.

Le nocher de la Parque
Dans une même barque.
Passe indifféremment le vice & la vertu.

Maucr.

La barque de Caron, la barque fatale, se prend figurément pour la mort. Malherbe même a mis la barque simplement pour la mort.

Barque, se dit figurément de la barque de S. Pierre ; pour dire, l’Eglise. Être hors la barque, c’est être Hérétique, ou Schismatique.

On le dit encore pour conduite, événemens bons ou mauvais, &c. Il faut vouloir ce que Dieu veut, & tous nos efforts & nos inquiétudes ne nous tireront point de la tempête, tant qu’il lui plaira que nous y demeurions ; abandonnons-lui le soin & le