Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APOLLINAIRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 410-411).

APOLLINAIRE. adj. Du latin apollinaris. D’Apollon, du Dieu Apollon. Voulons que l’Académie Françoise punisse comme crime de léze-Majesté Apollinaire, ceux qui corrompront la pureté de la langue. Ordonnance d’Apollon, art. 14, p. 155 du Parnasse réformé.

Apollinaire. Il se dit de certains jeux qui se faisoient tous les ans à Rome, à l’honneur d’Apollon. Ludi apollinares. Les jeux apollinaires furent institués sous le consulat de Q. Fulvius Flaccus III, & d’Appius Claudius Pulcher, & par conséquent l’an de Rome 541. Ce fut sur certains vers ou prophéties d’un Poëte ou Devin nommé Martius, qu’on les institua. On crut y trouver clairement prédit le malheur des Romains à la journée de Cannes, & cela fit qu’on donna de la croyance aux prédictions de ce Prophète. Après ce qui regardoit la bataille de Cannes, dont on crut voir toutes les circonstances dans les vers de Martius, il disoit aux Romains que s’ils vouloient chasser l’ennemi de leurs terres, il leur conseilloit de faire vœu de célébrer tous les ans des jeux à l’honneur d’Apollon. Hostem, Romani, si expellere vuitis, vomicamque quæ gentium venit longè, Apollini vovendos censeo ludos, qui quotannis comiter Apollini fiant, cùm populus dederit ex publico partem : privati uti conferant pro se suisque. Iis ludis præerit Prætor is, qui jus populo plebique dabit summum. Decemviri Græco ritu hostiis sacra faciant. Hæc si rectè facitis, gaudebitis semper, fietque res vestra melior, &c. Après l’examen de ces vers, le Sénat fit un sénatus-consulte ou ordonnance pour l’établissement de ces jeux. C’étoit comme l’on voit, le Préteur de Rome qui en avoit la charge, & P. Cornélius Sylla qui l’étoit l’an de Rome 541, fut le premier qui les fit célébrer. Jusqu’en l’année de Rome 545, sous le consulat de M. Claudius Marcellus V, de Titus Quinctius Crispinus, il n’y eut point de jour fixe pour les célébrer. Cette année-là P. Licinius Varus, Préteur de Rome, eut ordre de proposer au peuple une loi qui en fixât le jour. La loi fut portée, & le jour marqué au 4e de devant les Nones de Juillet, c’est-à-dire, au 4e de ce mois : ce qui fut observé depuis. Voyez Tite-Live, Liv. XXV, & Seb. Corradus, dans ses notes sur le Brutus de Cicéron, n. 78.

Apollinaire. s. m. Nom propre d’homme. Apollinarius.