Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFICHE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 139).
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AFFICHE. s. f. Placard attaché en lieu public, pour rendre une chose connue à tout le monde. Libellus publicè affixus. Affiche de Comédie.

Au Palais, on nomme affiches, les proclamations que l’on attache aux places publiques, pour procéder à un bail judiciaire. Tabula publicè proposita. De même on appelle l’affiche de quarantaine, de quinzaine, celles qui se font avant l’interposition du décret ; & tout cela pour avertir les créanciers de faire trouver des enchérisseurs. La première affiche doit contenir une enchère. Ces deux affiches doivent être publiées au Prône, & apposées aux portes des Eglises, & autres lieux publics. En matière criminelle, on donne assignation à l’accusé par affiche à la porte de l’Auditoire.

Affiche, en termes de Collège, est une solennité que font les Ecoliers, où ils exposent leurs compositions au jugement les uns des autres. Solemnes litterariarum lucubrationum proscriptiones. Elles sont écrites dans des images, ou cartouches, qui ont divers ornemens. On propose des énigmes & des prix à ceux qui les expliqueront pendant les affiches. Ce mot en ce sens ne se dit jamais qu’au pluriel. Les affiches sont d’une grande utilité pour donner de l’émulation aux Ecoliers. Il se dit au singulier, quand il se prend en particulier pour une de ces images ou cartouches dans lesquels chacun écrit sa composition. Mon affiche de prose n’a point été piquée. J’ai repris ou piqué un solécisme dans ton affiche de vers. L’affiche grecque d’un tel a été déchirée. Les Ecoliers le disent aussi de l’ouvrage qu’ils écrivent dans le cartouche : J’ai fait mon affiche de vers, elle est sans faute ; mais je n’ai pas encore achevé l’affiche du Grec. Il n’y avoit que les Jésuites qui fissent de ces sortes d’affiches.

Affiche. Terme de Finance & appliqué aux Fermes. C’est une feuille écrite ou imprimée, qu’on met dans les carrefours ou autres lieux, pour avertir le public du jour qu’on doit faire les publications, les enchères & les adjudications des fermes.

Les affiches sont aussi anciennes, & l’on peut certainement ajouter autant & plus nécessaires, que les publications, pour instruire le public des loix qu’il doit observer. Tous les peuples qui ont acquis le plus de réputation par la sagesse de leur gouvernement, ont suivi cette méthode des affiches, pour rendre leurs loix publiques. Les Grecs les écrivoient sur des rouleaux de bois plus longs que larges, & les exposoient dans les places publiques. Ils nommoient ces rouleaux, selon Aristote, Cyrbes. D’autres disent que ce nom n’étoit donné qu’aux tables qui contenoient les loix des Sacrifices, & qu’ils nommoient Axones les autres tables. Les Romains affichoient leurs loix gravées sur des tables d’airain. Cet usage passa dans les Gaules avec la domination des Romains. Il fut conservé par nos Rois après leurs conquêtes. François I. le confirma par son édit du mois de Novembre 1539. De la Marre.

Affiche. Terme de maîtres Pêcheurs. C’est un des engins dont ils se servent, lorsqu’ils veulent aller tendre leur verveux. L’affiche est une sorte pointe de fer d’environ deux pieds de longueur, emmanchée d’une perche de dix ou douze pieds. On s’en sert pour arrêter le bateau, en la fichant & enfonçant profondément dans le sable ou la vase de la rivière. Elle est différente du croc.

Affiche de Paris. On appelle ainsi une feuille qui paroît toutes les semaines, dans laquelle on annonce les biens à vendre ou à louer, les nouvelles découvertes, les spectacles, le cours & le change des effets commerçables, &c.