Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/D

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Daguesseau (marché).

Situé dans la cité Berryer. — 1er arrondissement, quartier de la place Vendôme.

« Louis, etc… Par nos lettres-patentes du 6 février 1723, nous aurions accordé à notre amé et féal Joseph-Antoine Daguesseau, conseiller-honoraire en notre cour de parlement, à notre amé et féal Gilles Coste de Champeron, aussi conseiller en notre dite cour, et notre amée Hélène-Geneviève de Noïel, sa femme, et à notre amée Elisabeth Billet, épouse séparée quant aux biens de Pierre Lavergne, notre conseiller au Châtelet, la permission d’établir un marché public dans un terrain à eux appartenant au Faubourg-Saint-Honoré, pour l’avantage des habitants dudit quartier, et à la décoration et commodité de notre bonne ville de Paris, mais le d. établissement n’ayant pu être conduit à sa perfection à cause des défenses de bâtir dans les faubourgs, survenues l’année dernière, qui empêchèrent que les environs du d. marché fussent remplis de bâtiments, soit parce que le terrain où il était placé se trouvait trop éloigné de la partie la plus habitée du d. quartier : notre très cher et féal le sieur Daguesseau, chevalier, chancelier de France, commandeur de nos ordres, donataire entre-vifs et héritier sous bénéfice d’inventaire du d. sieur Joseph-Antoine Daguesseau, son frère, et les autres propriétaires du d. marché dans le dessein d’achever un établissement si utile au public, se seraient déterminés à acquérir une place située à l’entrée du d. quartier et appartenant à André Mol de Qurieux, notre conseiller, secrétaire, maison et couronne de France et de nos finances, et avocat en nos conseils, et à Marie-Catherine Paulmier sa femme, lesquels, la leur auraient cédée moyennant entr’autres choses, l’abandon que les d. propriétaires leur auraient fait du quart dans le privilège porté par les d. lettres-patentes ; au moyen de quoi ils nous ont, conjointement avec les d. sieur Mol et sa femme, très humblement supplié de transférer le d. privilège sur la d. nouvelle place, etc. À ces causes avons permis et permettons de faire construire dans le d. terrain six étaux de boucheries et toutes échoppes, baraques ou étalages convenables pour les boulangers, poissonniers, fruitiers et autres et en général pour le débit des denrées et autres marchandises qui pourront être portées dans le d. marché ; pour en jouir par notre très féal chancelier de France le sieur Daguesseau, notre amé et féal conseiller en notre parlement le sieur Coste de Champeron, et sa femme, notre amée Elisabeth-Billet, veuve de Pierre Lavergne, et notre amé sieur Mol de Qurieux et sa femme, chacun pour un quart, à l’instar des autres marchés et étaux de notre bonne ville de Paris, etc. Donné au camp d’Alost, le 16 août 1745 : signé Louis. » — (Archives du royaume, section administrative, reg. E, no 3431). Ces lettres-patentes furent registrées au parlement le 6 septembre suivant et le nouveau marché fut inauguré le 2 juillet 1746.

Daguesseau (rue).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Honoré, nos 58 et 60 ; finit à la rue de Surène, nos 31 et 33. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 175 m. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Elle a été ouverte en 1723, sur les terrains appartenant à Joseph-Antoine Daguesseau, conseiller honoraire au parlement. (Voyez l’article qui précède.) La largeur assignée à ce percement fut de 7 m. 80 c. Cette dimension a été maintenue par une décision ministérielle du 28 brumaire an VI, signée Letourneux. En vertu d’une ordonnance royale du 25 novembre 1836, la moindre largeur de cette voie publique est fixée à 10 m. Les maisons, nos 1, 3, 5, 7 et 9 sont alignées ; le surplus de ce côté est soumis à un retranchement qui varie de 20 c. à 1 m. 20 c. Les constructions du côté opposé devront reculer de 1 m. 10 c. à 2 m. 40 c. — Conduite d’eau. — La superbe chapelle de l’église royale épiscopale d’Angleterre est située dans cette rue, au no 5.

Daguesseau (rue du Marché-).

Commence à la rue Daguesseau, nos 13 et 15 ; finit à la rue des Saussaies, nos 10 et 12. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 153 m. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Elle fut ouverte en 1723, et reçut le nom de rue du Marché-Daguesseau, parce qu’elle conduisait au marché ainsi appelé, dont la formation avait été autorisée par lettres-patentes du 6 février 1723. En 1746, cet établissement ayant été transféré dans l’endroit où nous le voyons aujourd’hui, la rue qui nous occupe fut prolongée jusqu’à la rue des Saussaies, sur l’emplacement de l’ancien marché. La largeur assignée à cette voie publique fut de 7 m. 80 c. Une décision ministérielle, à la date du 29 thermidor an XI, signée Chaptal, maintint cette largeur, qui a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 25 novembre 1836. Toutes les constructions du côté des numéros impairs et celles nos 2, 4, 6, 8, 10 et 12, sont alignées. Le surplus est soumis à un retranchement qui varie de 2 m. 15 à 2 m. 40 c. — Égout du côté de la rue des Saussaies. — Conduite d’eau entre les rues Daguesseau et de Duras.

Dalayrac (rue).

Commence à la rue Méhul, no 4 ; finit à la rue Monsigny, no 2. Pas de numéro impair, ce côté est bordé par le théâtre des Italiens. Le dernier pair est 50. Sa longueur est de 100 m. — 2e arrondissement quartier Feydeau.

Une ordonnance royale, à la date du 26 janvier 1825, avait autorisé les sieurs Mallet frères et Lemercier de Nerville à ouvrir une rue de 12 m. de largeur sur les terrains des anciens hôtels des Finances, de la Loterie et de Radepont, pour communiquer de la rue Neuve-des-Petits-Champs à la rue Neuve-Saint-Augustin. Ce percement ayant été ajourné, une autre ordonnance royale fut rendue à la date du 8 octobre 1826 ; elle renferme les dispositions suivantes : La nouvelle salle de l’Opéra-Comique sera placée dans l’axe de la rue Ventadour, à quarante mètres environ de la rue Neuve-des-Petits-Champs, et sera isolée au-devant par une place d’environ dix-huit mètres de largeur ; à droite, derrière et à gauche, par des rues larges, environ les deux premières de douze mètres, et la dernière de onze mètres. La délibération prise par le conseil municipal à l’effet de contribuer pour une somme de cinq cent mille francs aux dépenses des abords de la nouvelle salle, est approuvée. Cette ordonnance reçut immédiatement son exécution. On construisit en conséquence le théâtre qui est aujourd’hui occupé par les artistes italiens. Les rues aux abords furent tracées aussitôt. Elles reçurent en 1829 les dénominations de Dalayrac, Marsollier, Méhul et Monsigny. La voie publique qui fait l’objet du présent article a 10 m. dans sa moindre largeur. — Égout et conduite d’eau du côté de la rue Méhul. — (Éclairage au gaz (compe Anglaise). — Dalayrac (Nicolas), célèbre compositeur de musique, né à Muret en Cominge, le 13 juin 1753, mourut à Paris le 27 novembre 1809.

Dames de la Visitation Sainte-Marie (rue des).

Commence au passage Sainte-Marie, nos 9 et 11 finit à la rue de Grenelle, nos 92 et 94. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 16. Sa longueur est de 88 m. — 10e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Germain.

Une ordonnance royale du 19 mars 1823 porte qu’il sera ouvert une rue de 9 m. 75 c. de largeur sur l’emplacement de la Communauté des dames de la visitation Sainte-Marie, laquelle voie publique communiquera de la rue Saint-Dominique à celle de Grenelle. Par la même ordonnance, le préfet est autorisé à traiter pour l’acquisition des terrains nécessaires à l’exécution de cette rue, outre ceux que les possesseurs actuels du domaine sont tenus de fournir gratuitement aux termes du contrat primitif. Cette ordonnance a reçu son exécution seulement en ce qui concerne la partie comprise entre la rue de Grenelle et le passage Sainte-Marie. — Conduite d’eau du côté de la rue de Grenelle.

Damiette (passerelle de).

Située entre les quais des Célestins et d’Anjou.

Par acte du 18 juin 1836, M. de Beaumont a été déclaré concessionnaire de deux passerelles à établir entre les quais des Célestins et Saint-Bernard. Commencée en 1836 sous la direction de M. Surville, ingénieur, celle dont nous nous occupons a été livrée à la circulation en janvier 1838. Cette passerelle suspendue en fil de fer est composée de deux travées, l’une de 76 m. 66 c. l’autre de 58 m. Cette dernière du côté du quai des Célestins. Sa largeur entre les garde-corps est de 3 m. Sa dénomination rappelle la prise de Damiette par les Français sous les ordres du général en chef Bonaparte. La dépense des deux passerelles de Constantine et de Damiette est évaluée à 380 000 fr.

Damiette (rue de).

Commence à la cour des Miracles, no 11, et à la rue des Forges ; finit à la rue de Bourbon-Villeneuve, no 18, et à la rue du Caire, no 35. Le dernier impair est 7 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 56 m. — 5e arrondissement, quartier Bonne-Nouvelle.

Des lettres-patentes du 21 août 1781, ordonnèrent la construction « d’une nouvelle halle à la marée et à la saline sur le terrain appelé la cour des Miracles. » Cette halle est indiquée sur le plan de Verniquet. Nous lisons ce qui suit dans un rapport dressé le 8 prairial an VIII : « Le conseil des bâtiments civils consulte de nouveau sur les alignements à suivre pour former le dégagement de l’emplacement sur lequel on avait établi le marché du Petit-Carreau, pense : qu’au moyen de la suppression du corps-de-garde et de sa translation dans un autre local, toute la partie du terrain qu’il occupait, doit rester libre pour la circulation publique ; que la façade de ce carrefour, du côté de l’ancien marché, doit suivre le même alignement que le côté septentrional de la rue du Caire ; que la rue qui circulera au pourtour du reste de l’emplacement du marché, doit avoir 7 m. de largeur parallèle, etc… » Ces dispositions furent approuvées par le ministre de l’intérieur, L. Bonaparte, le 2 messidor an VIII. En 1808, la communication dont il vient d’être parlé et qui se trouve divisée en deux parties par la cour des Miracles, reçut les dénominations de rues de Damiette et des Forges. Les constructions de la rue de Damiette sont alignées, à l’exception de la maison no 3. (Voyez, pour l’étymologie, l’article précédent). — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Damois (passage).

Commence à la place de la Bastille, no 5 ; finit à la rue Daval, no 7. — 8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Il a été bâti par M. Damois vers 1770.

Dany (impasse).

Située dans la rue du Rocher, nos 42 et 44. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 16. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Cette impasse qui n’est pas voie publique, a été formée vers 1821 sur les terrains appartenant à M. Dany.

Dauphin (rue du).

Commence à la rue de Rivoli, nos 18 et 22 ; finit à la rue Saint-Honoré, nos 307 et 311. Le dernier impair est 11 ; le dernier pair, 16. Sa longueur est de 94 m. — 1er arrondissement, quartier des Tuileries.

Cette rue, dont l’existence ne date que du XVIIe siècle, a subi cependant plusieurs métamorphoses. En 1675, on la nommait rue Saint-Vincent. Elle conserva cette dénomination jusqu’au mois de novembre 1744. Vers cette époque le Dauphin avait pris l’habitude de traverser la rue Saint-Vincent, lorsqu’il allait entendre la messe à Saint-Roch. Un jour qu’il se rendait à cette église le peuple profita des instants que le prince employait à la prière pour enlever l’inscription de rue Saint-Vincent et lui substituer celle de rue du Dauphin.

Cette voie publique fut calme et silencieuse jusqu’à l’année 1795. La rue du Dauphin alors figura sur le plan de défense que le jeune Bonaparte improvisa pour sauver la Convention dans la journée du 13 vendémiaire.

Le parti royaliste après la mort de Robespierre avait repris courage. Il se réorganisa bientôt et acquit une telle puissance, que la Convention en dut être effrayée. La constitution de l’an III, soumise à la sanction du peuple, excita dans la capitale un grand tumulte. La section Le Peletier (autrefois des Filles-Saint-Thomas), se mit à la tête du mouvement, se déclara en permanence, puis appela aux armes tous les bourgeois de Paris. Pour augmenter le nombre de ses partisans, elle annonça dans ses proclamations que le pouvoir devait armer les terroristes pour rétablir le régime de Robespierre. La Convention menacée fit choix pour sa défense du général Menou, qui reçut l’ordre d’employer la force pour dissiper les attroupements. Ce général n’obéit qu’avec répugnance et pactisa même avec la révolte. Cette faiblesse accrut l’audace des insurgés qui fermèrent les barrières et s’emparèrent de la trésorerie nationale. La situation devenait critique ; l’assemblée délibérait en tumulte sans prendre un parti. Enfin, à quatre heures et demie du matin, le nom de Barras est prononcé par plusieurs représentants. On lui offre le commandement des troupes dont la Convention peut disposer. Barras accepte et demande pour second le général Bonaparte. Le jeune Napoléon est chargé du soin de la défense. Il expédie en toute hâte le chef d’escadron Murat avec trois cents chevaux à la plaine des Sablons pour en ramener quarante pièces d’artillerie.

L’armée conventionnelle ne se composait que de cinq mille hommes. Bonaparte les renforce de quinze cents volontaires organisés en trois bataillons, puis il fait porter des fusils dans le palais des Tuileries pour armer en cas de besoin les représentants eux-mêmes.

À deux heures après midi, les insurgés commandés par le comte de Maulevrier, un jeune émigré nommé Lafond et les généraux Danican et Duhoux commencent les hostilités. Ils forcent les troupes de la Convention, qui occupent le Pont-Neuf, à se replier sur le Louvre. En ce moment Danican somme la Convention de céder aux sectionnaires. Plusieurs députés proposent des mesures de conciliation. Aussitôt Marie-Joseph Chénier, frère de l’illustre poète, s’élance à la tribune : « Point de transaction, s’écrie le courageux représentant, la Convention nationale doit vaincre ou mourir. »

Il était quatre heures et demie. Les insurgés commencent une nouvelle attaque du côté de la rue Saint-Honoré. Un de leurs bataillons, placé sur les degrés de l’église Saint-Roch, engage une vive fusillade. Bonaparte, sans s’inquiéter du feu des révoltés, fait avancer des pièces de canon dans la rue du Dauphin, et couvre les insurgés de mitraille ; puis, sans leur donner le temps de se reconnaître, il débouche dans la rue Saint-Honoré et les disperse. À sept heures du soir le calme était rétabli. Vingt-et-un jours après le triomphe de la Convention, les représentants étaient réunis en séance extraordinaire ; à deux heures et demie, le président se lève et prononce au milieu du calme de l’assemblée la formule suivante : « La Convention nationale déclare que sa mission est remplie et que la session est terminée. »

Peu de temps après le 13 vendémiaire, la rue du Dauphin recevait le nom de rue de la Convention. — Une décision ministérielle du 7 mars 1807, signée Champagny, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. Cette moindre largeur fut réduite à 8 m. par une autre décision du 18 décembre 1808, signée Cretet. En vertu d’un arrêté préfectoral du 27 avril 1814, cette voie publique reprit le nom de rue du Dauphin. Une ordonnance royale du 22 juin 1825 porte que la rue du Dauphin prendra à l’avenir le nom de Trocadéro ; que cette voie publique sera élargie au moyen de l’acquisition et de la démolition des propriétés situées sur le côté gauche de ladite rue dont la dimension est fixée à 11 m. 57 c. À la fin de l’année 1830, cette voie publique reprit le nom de rue du Dauphin. L’ordonnance royale précitée n’a reçu son exécution qu’en 1841. Les propriétés riveraines sont alignées à l’exception des maisons nos 6, 8 et 10, qui devront subir un léger redressement. — Égout. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Honoré jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Dauphine (passage).

Commence à la rue Dauphine, no 38 ; finit à la rue Mazarine, no 29. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

Il a été ouvert en 1825. — Éclairage au gaz (compe Française).

Dauphine (place).

Commence à la rue Harlay, nos 10 et 12 ; finit à la place du Pont-neuf, nos 13 et 15. Le dernier impair est 31 ; le dernier pair 26. Sa longueur est de 121 m. — 11e arrondissement, quartier du Palais-de-Justice.

Sur le terrain occupé par cette place, on voyait autrefois deux îles ; la plus grande s’appelait l’île au Bureau. Elle tirait sa dénomination de Hugues Bureau qui, le 6 février 1462, acheta cet emplacement moyennant 12 deniers de cens et 10 sols de rente annuelle. L’île voisine était moins large, mais plus longue, son nom d’île à la Gourdaine lui venait du moulin dit de la Gourdaine.

« L’an mil six cent sept, Henry, par la grâce de Dieu, etc… Veu le contract cy attaché soub le contr’scel de nostre chancellerie, fait et passé entre les sieurs de Bellièvre, chevallier, chancellier de France, et de Sully, pair de France, et Isaac Arnaud nostre conseiller, pour nous et en nostre nom… d’une part et nostre amé et féal conseiller en nos conseils et premier président en nostre cour de parlement, messire Achille de Harlay… d’autre part ; pour raison de touttes et chacunes les places contenues entre les deux rivières de l’isle du palais de cette ville de Paris à nous appartenant, commençant depuis le bas du jardin du baillage jusques au Pont-Neuf et le long des deux quais qui environnent la d. isle de part et d’autre ; touttes les d. places contenant ensemble 3 120 toises 1/2, pour en jouir par le d. premier président, ses hoirs et ayans causes aux charges et conditions exprimées au d. contract d’adjudication du 10 mars 1607 par Mrs les commissaires du roi ; avons y celui loué, gréé et ratifié ; louons, gréons et ratifions par ces présentes, voulons et nous plait qu’il soit exécutté selon sa forme et teneur, et en ce fesant que mondit sieur premier président, ses hoirs, successeurs et ayans causes jouissent perpétuellement et à tous jours des d. places en plaine propriété avec pouvoir d’en disposer comme de choses à lui appartenantes, en payant à la recette de notre domaine, au jour de la Saint-Jean-Baptiste d’un sol par chacune toise cy dessus de cens et rente foncière annuelle et perpétuelle, iceulz cens et rente portant lods et vente, et en outre à la charge par le d. premier président de faire bastir les d. places cy dessus, suivant le plan et devis qui en a esté dressé, le tout conformément au d. contract. Données à Paris, le 28 mai, l’an de grâce 1607, et de nostre règne le 18e, signé Henry. Régistrées en la cour de parlement le 15 novembre 1607. » — Suivant les plans annexés à ces lettres-patentes, les constructions de la place furent exécutées en pierres et briques, et de même symétrie. Cette voie publique fut appelée Place Dauphine, en l’honneur du dauphin, depuis Louis XIII. En 1792 c’était la Place de Thionville (voir l’article suivant). En 1814 elle reprit sa première dénomination.

La fontaine située au centre de cette voie publique, a été élevée en 1802 sur les dessins de MM. Percier et Fontaine, à la mémoire du général Desaix, tué à Marengo. — Deux décisions ministérielles l’une du 14 floréal an XI, l’autre du 31 août 1819, ont maintenu les dimensions de cette place. Cette voie publique a 68 m. dans sa plus grande largeur. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Dauphine (rue).

Commence aux quais des Augustins, nos 63, et de Conti, no 1 ; finit aux rues Saint-André-des-Arts, no 80, et Mazarine, no 57. Le dernier impair est 65 bis ; le dernier pair, 58. Sa longueur est de 293 m. — Les impairs sont du 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine. Les pairs, du 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

Protégée par Henri IV, une compagnie, dont Nicolas Carrel était le chef, se chargea d’ouvrir une nouvelle rue dans la direction du Pont-Neuf ; en conséquence, elle acheta, en 1606, l’hôtel ou collége de l’abbé de Saint-Denis, une ruelle qui touchait à l’hôtel de Nevers et la maison de Chappes ; le tout moyennant 76 500 livres. On prit du jardin des Augustins, 58 m. 50 c. en longueur, sur 10 m. 75 c. de largeur. Pour estimer ce terrain, on nomma des experts qui allouèrent 30 000 livres tournois à ces religieux. Cette estimation fut faite aux conditions suivantes (dit l’Estoile) « Que les matériaux provenant des démolitions resteraient aux Augustins ; que les murs de clôture des deux côtés de la dite rue, seraient élevés de 3 toises, aux dépens de sa majesté, et qu’il serait fait deux voûtes sous la dite rue, pour communiquer aisément avec les maisons des dits religieux qui sont auprès de l’hôtel de Nevers, toujours aux frais de sa majesté, etc. » — Ces religieux allèrent néanmoins trouver le roi et lui dirent que, par suite de ce projet, ils seraient privés de leur jardin. « Ventre-Saint-Gris, mes pères, répliqua Henri IV en colère, les maisons que vous bâtirez, sur la nouvelle rue, vaudront mieux que le produit de vos choux. » — Le traité avec les Augustins ne fut conclu que le 6 février 1607. La rue fut ouverte immédiatement ; elle avait alors 9 m. 74 c. de largeur — En vertu d’un arrêt du conseil du 24 septembre de la même année, le nom de Dauphine lui fut donné en l’honneur du Dauphin, depuis Louis XIII. — Mais la révolution ne pouvait adopter cette monarchique dénomination.

« Le samedi soir, 27 octobre 1792 (1er de la république française), le conseil général assemblé en la forme ordinaire et présidé par le citoyen Darnaudery, a ouvert sa séance à 6 heures du soir. Le conseil général, jaloux de prouver aux départements le désir qu’il a d’assurer par toutes les marques de fraternité, l’unité de la république, dont toute la force est dans l’union ; le procureur de la commune entendu, arrête que sous huit jours, le ministère public lui présentera quatre-vingt-deux rues qui, choisies dans les sections porteront le nom des quatre-vingt-deux départements ; et voulant encore donner un témoignage éternel de sa reconnaissance aux villes qui ont été les boulevarts de la liberté : arrête en outre que la rue Bourbon s’appellera la rue de Lille, et la rue Dauphine, la rue de Thionville. » (Extrait du registre du conseil général de la commune.) — Une décision ministérielle en date du 29 nivôse an VIII, signée L. Bonaparte, fixa la largeur de cette voie publique à 12 m. En vertu d’un arrêté préfectoral du 27 avril 1814, elle reprit sa dénomination de rue Dauphine. — Une ordonnance royale du 25 octobre 1829, a porté sa largeur à 14 m. Les maisons nos 17 et 19 sont alignées. Les autres constructions de ce côté devront reculer de 1 m. à 1 m. 20 c. Les propriétés du côté des numéros pairs sont soumises à un retranchement de 3 m. 40 c. — Bassin d’égout entre le quai et la rue Christine. — Conduite d’eau dans toute l’étendue. — Éclairage au gaz (compe Française).

Daval (rue).

Commence aux rues Saint-Sabin, no 1, et de la Roquette, no 15 ; finit à la rue Amelot, no 8, 14 et 16. Le dernier impair est 25 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 226 m. — 8e arrondissement. Les numéros impairs sont du quartier du Faubourg-Saint-Antoine ; les pairs, du quartier Popincourt.

« Louis, etc. Ordonnons, voulons et nous plait ce qui suit : Il sera ouvert une nouvelle rue de trente pieds de largeur sur l’emplacement des fossés de la ville, porte Saint-Antoine, dont le comblement a été ordonné par nos lettres-patentes du mois de mai 1777 ; laquelle rue sera nommée rue Daval. Donné à Versailles, le 2e jour du mois de septembre, l’an de grâce 1780, et de notre règne le 7e. Signé Louis. » (Extrait.) Ce percement fut immédiatement exécuté. — Une décision ministérielle du 3 pluviôse an IX, signée Chaptal a maintenu sa largeur primitive. — Égout entre la rue Saint-Sabin et le quai de Jemmapes. — Conduite d’eau entre ce quai et les deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz entre le quai de Valmy et la rue Amelot (compe Lacarrière).

Antoine-François Daval, écuyer, avocat en parlement, conseiller du roi et de la ville, fut échevin de 1777 à 1779, sous la prévôté de Jean-Baptiste-François Delamichodière.

Déchargeurs (rue des).

Commence à la rue des Mauvaises-Paroles, nos 16 et 18 ; finit aux rues Saint-Honoré, no 1, et de la Ferronnerie, no 39. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 106 m. — 4e arrondissement. Tous les numéros impairs et les pairs de 2 à 12 inclusivement sont du quartier Saint-Honoré ; le surplus dépend du quartier des Marchés.

En 1300 et 1313 on la nommait le siège aux Déchargeurs, et depuis rue du Siège et du Viel aux Déchargeurs. Enfin simplement rue des Déchargeurs. Dans la partie comprise entre la rue de la Ferronnerie et l’impasse des Bourdonnais, était une place appelée anciennement place aux Pourciaux, et ensuite place aux Chais. — Une décision ministérielle à la date du 12 fructidor an V, signée François de Neufchâteau, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Cette largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 9 décembre 1838. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Le corps des drapiers avait son bureau dans la rue des Déchargeurs, au no 11. C’était un monument remarquable par la richesse de son frontispice. Il avait été construit vers le milieu du XVIIe siècle, sur les dessins de Libéral Bruant, architecte.

Degrés (rue des).

Commence à la rue Beauregard, nos 52 et 54 ; finit à la rue de Cléry, nos 87 et 89. Pas de numéro. Sa longueur est de 7 m. — 5e arrondissement, quartier Bonne-Nouvelle.

Elle est indiquée sur le plan de Jaillot, mais sans dénomination. Le nom qu’elle a reçu depuis lui vient des degrés ou marches qu’on a construits pour adoucir la pente qui existe entre les rues Beauregard et de Cléry. — Il n’existe pas d’alignement pour la rue des Degrés dont la largeur actuelle est de 3 m. 30 c.

Degrés (rue des Grands-).

Commence à la rue de Bièvre, no 2, et au quai de Montebello, no 13 ; finit à la rue Pavée, no 5, et à la place Maubert, no 1. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 201 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Au XIVe siècle, on la nommait rue Saint-Bernard, en raison de sa proximité du couvent des Bernardins ; ensuite on l’appela rue Pavée. Au commencement du XVIIIe siècle, elle prit la dénomination qu’elle porte des degrés d’un escalier en pierre conduisant à la Seine. — Deux décisions ministérielles, l’une du 20 fructidor an XI, signée Chaptal, l’autre du 5 octobre 1818, ont fixé la largeur de cette rue à 10 m. — Une ordonnance royale du 29 avril 1839 a déclaré d’utilité publique, l’exécution du prolongement du quai de Montebello sur l’emplacement occupé par les maisons nos 2, 4, 6, 8, 10, 12 et 14 de la rue des Grands-Degrés. Cette amélioration a été exécutée en 1842. Les maisons nos 22 et 24 sont alignées. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Delaborde (place).

Située entre la rue du même nom et la petite rue de la Voirie. Le dernier numéro est 20. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Le sol de cette place était occupé autrefois par la voirie dite des Grésillons. — Une décision ministérielle en date du 12 juillet 1816, a déterminé l’alignement de cette voie publique. Toutes les constructions de cette place sont alignées. — Conduite d’eau.

En vertu d’une décision ministérielle du 10 janvier 1837, elle reçut le nom de place Delaborde, en l’honneur de M. Alexandre Delaborde qui avait été préfet de la Seine en 1830. M. Delaborde est mort en 1843.

Delaborde (rue).

Commence à la rue du Rocher, nos 13 et 13 bis ; finit à la rue de Miroménil, nos 40 et 42. Le dernier impair est 29 ; le dernier pair, 32. Sa longueur est de 518 m. — 10e arrondissement, quartier du Roule.

Ouverte en 1788, elle reçut la dénomination de rue des Grésillons, parce qu’elle longeait la voirie dite des Grésillons. — Une décision ministérielle en date du 2 thermidor an X, signée Chaptal, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. Les constructions situées vis-à-vis de la place, sont soumises à un faible retranchement, le surplus est aligné. En 1837, cette voie publique a pris le nom de rue Delaborde (voyez l’article précédent). — Conduite d’eau entre la rue d’Astorg et la borne-fontaine.

Delamichodière (rue).

Commence à la rue Neuve-Saint-Augustin, no 26 ; finit au boulevart des Italiens, nos 25 et 27. Le dernier impair est 29 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 217 m. — 2e arrondissement, quartier Feydeau.

« Louis etc… Ordonnons ce qui suit : — Article 1er. Il sera ouvert et formé une nouvelle rue sous le nom de rue Delamichodière, sur l’emplacement des bâtiments, cours et jardins de l’hôtel de Deux-Ponts, dont un côté aboutira rue Neuve-Saint-Augustin en face de la rue de Gaillon, et l’autre sur le rempart de la ville, près la Chaussée-d’Antin ; la dite nouvelle rue sera alignée dans la direction de celle de Gaillon, dans la moitié environ de sa longueur où elle formera coude et sera continuée jusqu’au rempart dans une direction parallèle au mur qui sépare actuellement le d. hôtel de Deux-Ponts de l’hôtel de Richelieu, sans aucun pli ni coude, sa largeur sera de vingt-quatre pieds, etc. — Art. 3e. Le premier pavé de la d. rue étant fait aux dépens des propriétaires actuels (les héritiers de Christian IV, duc de Deux-Ponts), ou de ceux qui acquerront les emplacements le long de la d. rue, et suivant les conditions du bail du pavé de Paris, sera à l’avenir, pour son entretien et renouvellement, compris en l’état du pavé à notre charge, etc. Donné à Versailles le 8e jour d’avril, l’an de grâce 1778, signé Louis ; et plus bas, par le roi, signé Amelot. » — Ces lettres-patentes furent registrées au parlement le 17 juin suivant, et la rue fut ouverte au mois d’août de la même année. — Messire Jean-Baptiste Delamichodière, chevalier, comte d’Hauteville, etc…, conseiller d’état, exerça les fonctions de prévôt des marchands de 1772 à 1778. — Une décision ministérielle du 28 ventôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Les maisons nos 1, 3 et 23 sont alignées ; celle no 10 n’est soumise qu’à un faible retranchement. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Délassements-Comiques (théâtre des).

Situé boulevart du Temple, no 60. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

En 1768, un théâtre fut ouvert en cet endroit, sous le titre de théâtre des Associés. — Un sieur Beauvisage, qui desservait la foire Saint-Germain et le boulevart, faisait représenter sur cette salle des parades, des comédies et des tragédies. L’arlequin Sallé, qui fut le successeur de Beauvisage, désigna son spectacle sous le nom de théâtre patriotique du sieur Sallé. — En 1795, Prévot, comédien de province, avait la direction de cette entreprise connue alors sous le nom de Théâtre-sans-Prétention. — Le décret impérial de 1807 ordonna la fermeture de ce théâtre qui fut remplacé par le café d’Apollon. — En 1815, Mme Saqui obtint le droit d’y établir une salle de spectacle acrobate et de pantomimes arlequinades. Vers 1830, les danses et voltiges sur la corde furent remplacées par des vaudevilles et des drames. Ce théâtre fut démoli en 1841. Reconstruite dans l’espace de trois mois, la nouvelle salle a été inaugurée sous le titre de théâtre des Délassements-Comiques. On y représente des comédies-vaudevilles. Il contient 1 270 places.

Delatour (rue).

Commence à la rue des Fossés-du-Temple, nos 38 et 40 ; finit à la rue Folie-Méricourt, nos 25 et 27. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 257 m. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

Cette rue a été ouverte en 1783 sur les marais du Temple appartenant au grand prieuré de France. Les lettres-patentes qui autorisent et dénomment cette voie publique sont à la date du 13 octobre 1781 ; elles furent registrées au parlement le 26 février suivant, et fixèrent à 5 toises (9 m. 74 c.) la largeur de la nouvelle rue. Sa dénomination est celle de M. Roëttiers Delatour (Jacques-Nicolas), qui fut échevin de la ville de Paris de 1775 à 1777, sous la prévôté de M. Delamichodière. — Une décision ministérielle du 28 fructidor an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. Cette dimension a été réduite à 9 m. 82 c. par une autre décision du 5 août 1823. Les constructions riveraines sont alignées sauf redressement. — Conduite d’eau entre les rues des Fossés-du-Temple et de Malte. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière). — (Voyez Angoulême-du-Temple, rue d’).

Delaunay (impasse).

Située dans la rue de Charonne entre les nos 121 et 123. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 69 m. — 8e arrondissement, quartier Popincourt.

Elle s’appelait originairement impasse de la Croix-Faubin. Elle devait cette dénomination à un petit hameau qui a été réuni au faubourg Saint-Antoine. Son nom actuel lui vient de M. Mordant Delaunay, l’un des propriétaires riverains. — Une décision ministérielle à la date du 8 mai 1811, signée Montalivet, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. En vertu d’une ordonnance royale du 6 mai 1827, cette dimension est portée à 8 m. Les maisons nos 11 et 2 sont alignées.

Delorme (galerie).

Commence à la rue de Rivoli, no 12 ; finit à la rue Saint-Honoré, no 287. — 1er arrondissement, quartier des Tuileries.

Elle a été construite en 1808 par M. Delorme.

Delta (rue du).

Commence à la rue du Faubourg-Poissonnière, nos 109 et 109 bis ; finit à la rue Rochechouart, nos 60 et 62. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 203 m. — 2e arrondissement, quartier du Faubourg-Montmartre.

Cette rue a été ouverte sur les terrains appartenant à MM. Lambin et Louis Guillaume. Sa largeur est de 12 m. L’ordonnance royale d’autorisation est du 2 février 1825, et a imposé à ces propriétaires les conditions suivantes : — de supporter les frais de premier établissement du pavage et de l’éclairage de la nouvelle rue ; — d’établir de chaque côté des trottoirs de 1 m. 50 c. de largeur, ce qui laissera une largeur de 9 m. à la chaussée réservée aux voitures ; — de se conformer aux lois et règlements sur la voirie de Paris, etc… — Cette ordonnance fut immédiatement exécutée, et la rue nouvelle reçut, en vertu d’une décision ministérielle du 16 août 1825, la dénomination de rue du Delta, afin de rappeler l’emplacement sur lequel ce percement a été effectué. (Le jardin du Delta était un établissement où l’on donnait des fêtes dans le genre de celles qui eurent tant de vogue au jardin de Tivoli.)

Delta (rue Neuve du).

Commence à la rue du Faubourg-Poissonnière, nos 103 et 105 ; finit à la rue Rochechouart, nos 56 bis et 58. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 18. — 2e arrondissement, quartier du Faubourg-Montmartre.

Cette rue, qui n’est pas reconnue voie publique, a été ouverte en 1839 sur des terrains appartenant au sieur Poirier.

Delta-La-Fayette (rue du).

Commence à la rue des Magasins, no 17 ; finit à la rue du Nord. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 113 m. — 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière.

Cette voie publique a été ouverte en 1827, sur les terrains appartenant à MM. André et Cottier. L’ordonnance royale qui autorise ce percement est à la date du 31 janvier 1827. (Voyez Abattoir, rue de l’). Sa largeur est de 12 m. Elle se prolonge comme impasse dans la rue des Magasins, sur une longueur de 26 m. On a donné à cette rue le nom du Delta, parce qu’il existe à son débouché, dans la rue du Nord, une petite place ayant la forme d’un Δ (delta). — Éclairage au gaz (compe Française).

Denis (barrière Saint-).

Située à l’extrémité de la rue du Faubourg-Saint-Denis.

Elle est décorée d’un bâtiment à quatre façades, d’un attique et d’un couronnement. (Voir l’article Barrières).

Denis (boulevart Saint-).

Commence aux rues Saint-Martin, no 315, et du Faubourg-Saint-Martin, no 1 ; finit aux rues Saint-Denis, no 402, et du Faubourg-Saint-Denis no 2. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 32. Sa longueur est de 210 m. — Les numéros impairs sont du 6e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis. Les numéros pairs dépendent du 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

L’établissement et la plantation de ce boulevart ont été ordonnés par lettres-patentes du mois de juillet 1676. — Une décision ministérielle, du 28 messidor an X, signée Chaptal, détermina l’alignement de ce boulevart. La largeur de la chaussée est de 18 m. — En 1826 on a exécuté de grands travaux de nivellement. — Une ordonnance royale du 6 mai 1836 a fixé définitivement pour cette voie publique un nouvel alignement d’après lequel les constructions du côté gauche sont alignées à l’exception de celle qui forme l’encoignure de la rue Saint-Martin. Les maisons situées sur le côté opposé sont soumises à un retranchement considérable. Elles dépendaient de la rue Neuve-d’Orléans qui, plus basse que le boulevart, en était séparée par un mur de soutènement. Cette rue existait dès le XVIe siècle. Lors du nivellement le mur fut détruit, et l’on réunit la rue Neuve-d’Orléans au boulevart Saint-Denis. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Denis (chemin de ronde de la barrière Saint-).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Denis et à la barrière Saint-Denis ; finit à la rue du Faubourg-Poissonnière et à la barrière Poissonnière. Pas de numéro. Sa longueur est de 715 m. — 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière.

Voir l’article Chemins de ronde.

Denis (passage Saint-).

Commence à la rue Greneta, no 2 ; finit au passage Basfour, no 17. — 6e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis.

Ce passage n’est point tracé sur le plan de Verniquet. Il doit sa dénomination à la rue Saint-Denis, dont il est voisin.

Denis (porte Saint-).

Située à la jonction des boulevarts Bonne-Nouvelle et Saint-Denis. — 6e arrondissement.

Sous le règne de Louis XIV, la France offrait un magnifique spectacle : ses poètes, ses artistes, ses généraux remplissaient l’Europe. À ces époques de grandeur où la sève est si puissante, parfois il arrive qu’un double génie rayonne au front de quelques privilégiés qui tracent pour l’honneur de leur patrie un double sillon de gloire. François Blondel fut un de ces élus. Sa bravoure chevaleresque, ses talents militaires l’élevèrent au rang de maréchal des camps et armées du roi ; son chef-d’œuvre de la porte Saint-Denis l’a placé parmi les plus grands artistes.

Nous parlerons à l’article de la rue Saint-Denis des portes qui furent successivement construites dans cette voie publique. En 1671, les prévôt des marchands et échevins décidèrent qu’on érigerait un arc de triomphe en mémoire des glorieux exploits de Louis XIV, dans la Flandre et la Franche-Comté. François Blondel s’exprime ainsi dans son Cours d’architecture publié en 1698 : « Dans la construction de la porte Saint-Denis, qui est peut-être un des plus grands ouvrages qui soient de cette nature au reste du monde, sa masse ayant plus dfe 23 m. 40 c. de hauteur et autant de largeur, avec une ouverture de plus de 7 m. 80 c. dans le milieu, je me suis principalement appliqué à la rendre plus considérable par la justesse des proportions qu’elle a, du tout à ses parties et de ses parties entr’elles, que par la quantité d’ornements dont elle aurait pu être chargée. J’ai même recherché avec soin que le peu d’ornements dont elle est parée fut extraordinaire et choisi parmi ceux qui ont eu et ont encore le plus de réputation dans les ouvrages des anciens. Et comme tout le monde tombe d’accord qu’il n’y a rien de plus beau parmi les restes de l’antique que la colonne Trajane, que les obélisques qui ont été transférés d’Égypte en la ville de Rome, et ce reste de la colonne rostrale que l’on voit encore au Capitole, j’ai voulu que l’ornement de la porte Saint-Saint-Denis fut composé de parties copiées sur ces beaux originaux. Pour cet effet j’ai placé deux pyramides aux côtés de l’ouverture de la porte, que j’ai engagées suffisamment dans le mur du massif et qui, posées sur des piédestaux semblables à celui de la colonne Trajane, s’étendent avec leur amortissement jusqu’au-dessous de l’architrave du grand entablement, et tiennent pour ainsi dire la place des colonnes, sans être néanmoins obligées de rien porter, parce que l’entablement n’a de saillie que ce qui lui en faut pour être distingué du massif sur lequel il est entièrement assis. Pour donner plus de grâce aux pyramides, je les avais fait accompagner de trois rangs de rostres, c’est-à-dire de proues ou de pouppes de galères antiques semblables à celle de la colonne rostrale, et faisant face de trois côtés dans chaque rang, c’est-à-dire sur le devant de la pyramide… Mais la rapidité des conquêtes du roi dans son voyage de Hollande, et ce fameux passage du Rhin à Tholus, qui arriva dans l’année que la porte Saint-Denis fut commencée, nous obligea de prendre d’autres mesures. Messieurs les prévôt des marchands et échevins crurent que l’on ne pouvait point accompagner la porte Saint-Denis d’autres ornements, ni plus heureux, ni plus magnifiques que de ceux qui pourraient servir de marques de ces grandes actions et de ces victoires. J’ai cru que je ne pouvais mieux faire que d’attacher sur les pyramides et aux distances où j’avais voulu placer les rostres des galères, des masses de trophées antiques, pendues à des cordons noués à leur sommet, entremêlés de boucliers chargés des armes des provinces et des villes principales que le roi avait subjuguées. J’ai même fait asseoir des figures colossales au bas des mêmes pyramides, à l’exemple des excellents revers de médailles que nous avons d’Auguste et de Titus, où l’on voit des figures de femmes assises aux pieds des trophées ou des palmiers, et qui marquent ou la conquête de l’Égypte par Auguste ou celle de la Judée par Titus. C’est ainsi que d’un côté j’ai fait mettre une statue de femme affligée assise sur un lion demi-mort qui d’une de ses pattes tient une épée rompue et de l’autre un trousseau de flèches brisées et en partie renversées, et de l’autre la figure d’un fleuve étonné. Et dans l’espace qui se trouve entre le haut de l’arc de la porte et l’entablement, j’ai trouvé place pour un grand cadre de bas relief où j’ai fait tracer cette action si surprenante du passage du Rhin à Tholus. »

La ville de Paris fit les frais de cette construction. Ils s’élevèrent à 500 122 fr. Les sculptures, commencées par Girardon et d’après les dessins donnés par François Blondel, furent achevées par Michel Anguier. Cet arc de triomphe a été restauré en 1807 par M. Cellerier.

Denis (rue de la barrière Saint-).

Commence à la rue de La Fayette ; finit à la rue de l’Abattoir. Pas de numéro. Sa longueur est de 192 m. — 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière.

Elle a été ouverte en 1827 sur les terrains appartenant à MM. André et Cottier. L’ordonnance royale qui autorise ce percement est à la date du 31 janvier 1827 (voyez Abattoir, rue de l’). Sa largeur est fixée à 15 m. Elle se prolonge comme impasse dans la rue de l’Abattoir sur une longueur de 28 m. Cette voie publique a reçu la dénomination de rue de la Barrière-Saint-Denis, parce qu’elle se dirige vers cette barrière. — Portion d’égout du côté de la rue de La Fayette.

Denis (rue du Faubourg-Saint-).

Commence aux boulevarts Bonne-Nouvelle, no 2, et Saint-Denis, no 32 ; finit aux chemins de ronde des barrières Saint-Denis et des Vertus. Le dernier impair est 193 bis ; le dernier pair, 224. Sa longueur est de 1 672 m. — Les numéros impairs sont du 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière ; les numéros pairs, du 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

On ne peut préciser l’époque de la construction de cette rue. Ce n’était dans l’origine qu’un chemin qui conduisait à la ville de Saint-Denis. Presque toutes les grandes communications des faubourgs de Paris doivent leur origine à des abbayes célèbres. De la maison Saint-Lazare à la barrière, cette voie publique porta les noms de rue du Faubourg-Saint-Lazare et du Faubourg-de-Gloire. En 1793, on la nomma Franciade, ainsi que la ville de Saint-Denis. — Une décision ministérielle, à la date du 26 brumaire an XI, signée Chaptal, et une ordonnance royale du 22 août 1837, ont fixé la moindre largeur de la rue du Faubourg-Saint-Denis à 14 m. 60 c. Les maisons ci-après ne sont pas soumises à retranchement : 37, 39, 41, 43, 49, 79, 101, 113, 127, 133, de 143 à 191 inclusivement, et 193 ; 24, 46, 48, 62, 70, 76, 78, 80, 84, 92, 94, 96, 100, 102, 104 bis, 106, 108, 110, 112, 122, de 142 à 158 inclusivement, et de 162 à la fin. — Égout entre les boulevarts et la rue de Paradis. — Conduite d’eau depuis les boulevarts jusqu’à la rue Saint-Laurent. — Éclairage au gaz (compe de Belleville).

Au no 112 est situé l’hospice Dubois. Cet établissement a été construit sur une partie de l’emplacement de la communauté des filles de la Charité. Supprimée en 1792, cette maison religieuse devint propriété nationale et fut vendue en plusieurs lots. Nous en tracerons l’historique à la rue de la Fidélité cette voie publique ayant été ouverte sur la plus grande partie des terrains dépendant de cette communauté.

Denis (rue Neuve-Saint-).

Commence à la rue Saint-Martin, nos 303 et 305 ; finit à la rue Saint-Denis, nos 386 et 388. Le dernier impair est 29 ; le dernier pair, 42. Sa longueur est de 215 m. — 6e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis.

Un plan de 1560 indique six maisons dans cette rue. Elle prit le nom des Deux-Portes sous Charles IX, en raison des portes Saint-Denis et Saint-Martin qui furent placées à cette époque aux-deux extrémités de cette voie publique. Ces portes ayant été reculées au milieu du XVIIe siècle, la rue quitta cette dénomination pour prendre celle de rue Neuve-Saint-Denis. — Une décision ministérielle du 23 prairial an VII, signée François de Neufchâteau, et une ordonnance royale du 21 juin 1826, ont fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Les maisons nos 3, 5, 7, 9, 21, 25 ; 12, 12 bis, 18, 20 et 40, ne sont pas soumises à retranchement. — Éclairage au gaz (compe Française).

Denis (rue Saint-).

Commence à la rue Pierre-à-Poisson, no 2, et à la place du Châtelet, no 3 ; finit aux boulevarts Bonne-Nouvelle, no 1, et Saint-Denis, no 19. Le dernier impair est 393 ; le dernier pair, 402. Sa longueur est de 1 349 m. — Du no 1 à 23, 4e arrondissement, quartier du Louvre ; de 25 à 145, 4e arrondissement, quartier des Marchés ; de 147 à 295, 5e arrondissement, quartier Montorgueil ; de 297 à la fin, 5e arrondissement, quartier Bonne-Nouvelle ; le no 2 est du 4e arrondissement, quartier du Louvre ; de 6 à 202, 6e arrondissement, quartier des Lombards ; de 204 à la fin, 6e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis.

L’ancien village nommé Catalocum prit la dénomination de Saint-Denis, lorsque le saint martyr qui avait prêché la foi chrétienne dans les Gaules y fut inhumé. Son tombeau vénéré attira bientôt un immense concours de fidèles. Le chemin qui conduisait à ce mausolée se couvrit bientôt d’habitations. Dès 1134 une rue remplaçait le chemin, elle aboutissait à la rue d’Avignon ; en cet endroit on voyait une porte de ville qui faisait partie de la deuxième enceinte de Paris. Vers 1197, la rue Saint-Denis atteignait la rue Mauconseil où se trouvait une porte de la troisième enceinte de Paris commencée en 1188, par ordre de Philippe-Auguste. En 1418, cette voie publique était presqu’entièrement bordée de constructions jusqu’à la rue des Deux-Portes, aujourd’hui Neuve-Saint-Denis ; là, s’élevait une porte qui faisait partie de la quatrième enceinte construite sous les rois Charles V et Charles VI ; enfin, sous Louis XIV, la rue Saint-Denis était bâtie dans toute l’étendue qu’elle occupe encore aujourd’hui. Quant aux dénominations qu’elle a successivement portées, des actes nous apprennent que la partie située entre la place du Châtelet et la rue de la Ferronnerie, s’appelait en 1284 la Sellerie de Paris ; en 1393, la Sellerie de la Grand’rue en 1311, la Grand’rue des Saints-Innocents ; elle prit ensuite dans toute son étendue le nom de la Grant-chaussée de Monsieur Saint-Denis, puis celui de Grant-rue Saint-Denis, et enfin simplement la dénomination de rue Saint-Denis. — Une décision ministérielle du 22 prairial an V, signée Benezech, et une ordonnance royale du 31 janvier 1837, ont fixé la moindre largeur de cette voie publique à 13 m. Les maisons ci-après ne sont pas soumises à retranchement : nos 1, 67, 75, 77, 105, 107, 109, 111, 177, 183, 193, 199, 201, 203, 205, 207, 225, 227, 229, 237, 245, 247, 263, 271, 273, 275, 277, 279, 281, 283, 285, 293, 297, 299, 301, 303, 313, 331, 337, 339, 341, 343, 355, 379, 393 ; 2, 22, 122, 124, 126, 128, 130, 136, 148, les deux propriétés à l’encoignure gauche de la rue de Rambuteau, 158, 164, 192, 224, 226, 240, 242, 244, 264, 266, 268, 270, 272, 320, 322, 342, 344, 356, 358, 360, 384, 400 et 402. — Égout, 1o entre la place du Châtelet et la rue du Caire ; 2o depuis la rue Sainte-Foy jusqu’aux boulevarts. — Conduite d’eau entre la place du Châtelet et la rue des Filles-Dieu. — Éclairage au gaz (compe Française).

C’était, par la rue Saint-Denis que les rois et les reines entraient solennellement dans Paris. Toutes les rues, sur leur passage, jusqu’à la cathédrale, étaient tapissées d’étoffes de soie et de draps camelotés. Des jets d’eau de senteur embaumaient l’atmosphère ; le vin, l’hypocras et le lait coulaient de toutes les fontaines. Les députés des six corps de marchands portaient le dais royal ; les corps des métiers suivaient, représentant en habits de caractère, les sept Péchés mortels, les sept Vertus et la Mort, le Purgatoire, l’Enfer et le Paradis. Des théâtres étaient dressés de distance en distance ; on y jouait des scènes tirées de l’ancien et du nouveau Testament. Des chœurs de musique se faisaient entendre dans les intermèdes. — Froissard nous apprend qu’à l’entrée d’Isabelle de Bavière, il y avait à la Port-aux-Peintres rue Saint-Denis, « un ciel nué et étoilé très richement, et Dieu par figure séant en sa majesté le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et dans ce ciel, petits enfants de chœur chantoient moult doucement en forme d’anges et lorsque la reine passa dans sa litière découverte, sous la porte de ce paradis, deux anges descendirent d’en haut, tenant en leur main une très riche couronne d’or, garnie de pierres précieuses, et la mirent moult doucement sur le chef de la reine en chantant ces vers :

Dame enclose entre fleurs de lys,
Reine êtes-vous de Paradis ?
De France et de tout le pays,
Nous remontons en Paradis. »

À l’angle méridional formé par les rues Saint-Denis et des Lombards, était située la principale entrée de l’hôpital Sainte-Catherine. L’époque exacte de sa fondation est inconnue. Les premiers documents qui mentionnent cet établissement sont deux lettres de Maurice de Sully, écrite en 1188. Le pape Honoré III voulut placer en 1222 cet hôpital sous la protection spéciale du saint-siège. Cette maison porta d’abord le titre d’hôpital des pauvres de Sainte-Opportune puis le nom de Sainte-Catherine. Administré en premier lieu par des religieux et des sœurs, cet établissement, à partir du XVIe siècle, ne fut confié qu’à des religieuses de l’ordre de saint Augustin, sous l’autorité d’un supérieur ecclésiastique nommé par l’évêque. Des lettres patentes données à Versailles au mois de mars 1688, confirmèrent l’établissement de ces religieuses ; leurs principales fonctions consistaient à loger, à nourrir les femmes qui cherchaient à entrer en condition, à faire enterrer au cimetière des Saint-Innocents les personnes tuées par accident dans les rues de Paris. La porte de cet hôpital était décorée d’une statue de sainte Catherine, sculptée en 1704 par Thomas Renaudin ; le peuple aimait beaucoup ces religieuses et les appelait ses Catherinettes. Cet hôpital fut supprimé au commencement de la révolution.

Une loi du 10 thermidor an III porte : — « Article 14. Le local occupé par les ci-devant Catherinettes, section des Lombards, où se trouvent actuellement les aveugles-travailleurs, est définitivement affecté à cet institut, à la réserve des grands corps de logis qui règnent le long des rues des Lombards et Saint-Denis et de ce qui, dans l’intérieur, serait inutile à leurs logements et ateliers. » Ces bâtiments furent vendus les 24 avril, 15 mai et 3 juillet 1812, par l’administration des hospices ; leur emplacement est représenté aujourd’hui par les nos 39, 41, 43, 45, 47 et 49 de la rue des Lombards. — Une ordonnance royale du 24 décembre 1817, autorisa l’administration de l’institut des Jeunes-Aveugles à aliéner ce qui restait de l’ancienne maison de Sainte-Catherine, pour en affecter le produit à l’achat de l’ancien collége Saint-Firmin. Cette vente fut effectuée le 6 août 1818, moyennant la somme de 193 000 francs.

La maison no 277 a été construite sur l’emplacement de l’église Saint-Sauveur, dont nous traçons ici l’origine. C’était, dans le principe, un oratoire connu sous le nom de Chapelle de la Tour, en raison d’une tour carrée qui y était contiguë, et qui ne fut démolie qu’en 1778. Dès le commencement du XIIIe siècle, cette chapelle était une succursale de Saint-Germain-l’Auxerrois. Il est présumable qu’elle fut érigée en paroisse vers 1250. Les bâtiments de cette église, en partie reconstruits sous le règne de François Ier, ne furent jamais achevés. L’église Saint-Sauveur renfermait les sépultures de plusieurs comédiens célèbres, tels que Turlupin, Gaultier-Garguille, Gros-Guillaume, Guillot-Gorju et Raimond-Poisson. Cette église ayant été ébranlée, lors de la démolition de la tour dont nous avons parlé, on fut obligé de l’abattre en 1787. On la reconstruisait sur les dessins de M. Poyet, architecte, lorsque la révolution ordonna la suspension des travaux. Devenue alors propriété nationale, elle fut vendue le 13 pluviôse an VIII.

Denis-du-Saint-Sacrement (église Saint-).

Située dans la rue Saint-Louis, entre les nos 48 et 50. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

Sur l’emplacement occupé par cette église, s’élevait autrefois l’hôtel du vicomte de Turenne.

Le cardinal de Bouillon, neveu et héritier du vicomte, céda cette propriété à la duchesse d’Aiguillon qui, réunie à d’autres personnes pieuses, établit en cet endroit, vers 1684, les religieuses Bénédictines du Saint-Sacrement. Leur couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale. — En vertu d’une ordonnance royale du 29 mai 1822, la ville de Paris fit l’acquisition du domaine de l’État, des bâtiments de cette communauté, moyennant 115 000 francs. Le contrat est à la date du 21 mai 1823. Les anciennes constructions furent abattues vers 1826. Alors, sur ce terrain, M. Godde, architecte, fut chargé de construire une église qui a été livrée au culte le jour de Pâques 1835, sous le vocable de Saint-Denis-du-Saint-Sacrement.

Cette église a coûté 1 347 380 fr. 93 c.

Denis-Faubourg-Saint-Antoine (rue Saint-).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Antoine, nos 331 et 333 ; finit à la rue de Montreuil, nos 60 et 62. Pas de numéro. Sa longueur est de 170 m. — 8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Ce n’était qu’un chemin au milieu du XVIIIe siècle. On le désignait alors sous le nom de rue du Trône. Vers la fin du même siècle, on lui donna le nom de rue Saint-Denis. — Une ordonnance royale du 6 mai 1827 a fixé la largeur de cette voie publique à 13 m. La plus grande partie du côté gauche en entrant par la rue du Faubourg-Saint-Antoine, est à l’alignement. Les constructions du côté opposé sont soumises à un retranchement de 3 m. environ. — Conduite d’eau.

Députés (palais des).

Situé quai d’Orsay, en face du pont de la Concorde. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Ce palais a été commencé vers 1722, par Girardini, architecte italien, pour la duchesse de Bourbon. Il fut continué par Lassurance, et successivement augmenté par Gabriel Barreau, Charpentier et Bélisart. Aux constructions nouvelles, on réunit l’hôtel de Lassai, de manière à ne former qu’un ensemble de bâtiments dans lesquels les princes de la maison de Condé rassemblèrent ce que le luxe produisait de plus somptueux et de plus élégant. Malheureusement, l’extérieur de cette habitation ne répondait pas à la richesse des appartements. La façade qui regarde la Seine se composait de deux pavillons en longueur, symétriques par la dimension seulement, et formés chacun d’un simple rez-de-chaussée. Cette composition était sans grandeur, et devint plus mesquine encore, lorsque Louis XVI eut fait bâtir le pont qui porte aujourd’hui le nom de la Concorde. On avait été obligé d’exhausser le terrain, et la façade entière du palais se trouva masquée dans son soubassement et parut de loin comme enterrée. Le prince de Condé se proposait de faire disparaître ces défauts, lorsque la révolution mit la main sur son palais. — « Convention Nationale. Séance du 27 ventôse an II. — La Convention Nationale, après avoir entendu le rapport du comité de salut public, décrète : — Article 1er. Les citoyens Fleuriot-Lescaut, Dejean et Le Camus sont nommés pour remplir les fonctions de commissaires des travaux publics. — Art. 2. Le palais ci-devant de Bourbon, appelé Maison de la Révolution, est consacré à la commission des travaux publics. »

Ce palais devait subir de nouvelles transformations. Un Directoire exécutif, deux conseils, l’un des Anciens, l’autre des Cinq-Cents, avaient été créés par la constitution de l’an III. Le Directoire exécutif occupa l’hôtel du Petit-Luxembourg, le conseil des Anciens s’établit aux Tuileries dans la pièce où la Convention avait siégé, et le conseil des Cinq-Cents pris possession de la salle dite du Manège. Les Cinq-Cents quittèrent bientôt ce local et vinrent habiter le palais de Bourbon. La salle d’assemblée avait été construite par MM. Gisors et Lecomte. En 1807, on éleva sur les dessins de M. Poyet, le magnifique péristyle que nous voyons encore aujourd’hui.

Après 1814, le prince de Condé rentrait en possession de ses biens. Vers 1827, il vendit à l’État une partie de sa propriété du quai d’Orsay. En 1828, on commença la reconstruction de ce palais. Presque tous les planchers des voûtes, et principalement la coupole de la salle des séances, ont été établis en fer et en poteries creuses. Les couvertures sont en cuivre. Ces travaux ont occasionné une dépense de 4 420 000 fr. Enfin une loi du 30 juin 1843 approuva la vente faite par S. A. R. le duc d’Aumale au profit de l’État, moyennant le prix de 5 047 475 fr., de toutes les portions de l’ancien palais de Bourbon, appartenant au prince comme héritier du dernier des Condé. Il a été pourvu à cette dépense au moyen du prélèvement d’une somme égale, due au domaine de l’État par le duc d’Aumale, comme engagiste des forêts du Clermontois.

Dervilliers (rue).

Commence à la rue du Champ-de-l’Alouette, no 2 ; finit à la rue des Anglaises, nos 1 bis et 3. Pas de numéro. Sa longueur est de 39 m. 50 c. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

Quelques actes la désignent sous les dénominations de ruelle ou petite rue des Filles-Anglaises et de petite rue Saint-Jean-de-Latran. Elle a pris son nom actuel d’un propriétaire qui l’habitait en 1780. — Une décision ministérielle, à la date du 23 ventôse an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Les constructions du côté droit, en entrant par la rue du Champ-de-l’Alouette, sont alignées ; celles du côté opposé sont soumises à un retranchement de 2 m. 60 c. — Conduite d’eau.

Desaix (quai).

Commence au pont Notre-Dame, finit au Pont-au-Change. Pas de construction. Sa longueur est de 137 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Le premier document qui se rattache à cette voie publique se trouve dans le testament du président Turgot. Nous rapportons un extrait de cette pièce. — « 22 avril 1763. Je donne et lègue la somme de cent mille livres une fois payée à l’hôtel-de-ville de Paris, et je prie MM. les prévôt des marchands et échevins de l’employer à la construction du quai projeté par mon père, qui doit prendre au bout du quai de l’Horloge et aboutir au pont Notre-Dame, vis-à-vis Saint-Denis de la Chartre. Signé le président Turgot. » (Extrait du testament olographe). — Dans sa séance du 4 mars 1774, le bureau de la ville délibérant sur le legs fait par M. le président Turgot, fut d’avis de ne point l’accepter, « attendu qu’il paraissait peu convenable à la dignité du corps de ville de la capitale du royaume, d’accepter le d. legs sans l’employer sur-le-champ à l’objet désigné ; que le bureau ne pouvait se dissimuler qu’il lui serait impossible d’ici à un très grand nombre d’années, de s’occuper de la construction du quai projeté par M. Turgot, lorsqu’il était prévôt des marchands, attendu que cette construction exigeait une dépense très considérable, non seulement pour les ouvrages de construction, mais encore pour les acquisitions de terrains et des maisons nécessaires à la formation de ce quai ; que les affaires de la ville ne lui permettaient pas d’ici à très longtemps de faire une pareille dépense, et que d’ailleurs, lorsque les dettes exigibles seraient payées, il était d’une bonne administration de mettre à fin les ouvrages entrepris pour la décoration et la commodité de ses habitants, etc. »

« Septembre 1786. — Article 3e. Il sera procédé à la démolition des maisons de la rue de la Pelleterie, sur le bord de la rivière, à la place desquelles maisons il sera édifié un nouveau quai avec un parapet d’alignement à celui du quai de l’Horloge. » (Extrait de l’édit du roi.)

« 18 avril 1788. — Article 1er. La rue de la Pelleterie sera supprimée jusques près de l’angle de l’église Saint-Barthélémy, ainsi qu’il est indiqué sur le plan côté A, joint à la délibération des prévôt des marchands et échevins, et qui sera annexé à la minute du présent arrêt. La partie réservée de la d. rue sera nommée cul-de-sac Saint-Barthélemy. — Art. 2. Pour remplacer la d. rue de la Pelleterie, il sera établi un passage de vingt pieds de largeur dont l’alignement sera tiré sur une ligne droite de la rue Saint-Barthélemy à la rue de la Lanterne, etc. — Art. 9. Conformément à ce qui a été ordonné par l’art. 3 de l’édit du mois de septembre 1786, sur l’emplacement des maisons de la rue de la Pelleterie, du côté de la rivière, il sera établi un nouveau quai avec un parapet d’alignement à celui du quai de l’Horloge. — Art. 10. Le d. nouveau quai aura 44 pieds de largeur : l’architecture et la façade seront conformes au plan d’élévation du d. quai, qui sera pareillement annexé à la minute du présent arrêt, et il sera nommé quai de Breteuil. » (Extrait de l’arrêt du Conseil.) Cet arrêt ne fut point encore exécuté.

« 24 messidor an VIII. Le quai de la Pelleterie, dont la première pierre a été posée aujourd’hui par le ministre de l’intérieur, portera le nom de quai Desaix. » (Extrait du Moniteur du 25 messidor.) — Une décision ministérielle, du 13 brumaire an X, signée Chaptal, fixa la largeur de ce quai à 15 m. Cette voie publique fut exécutée lors de la formation du marché aux Fleurs. Le général Desaix de Voycoux (Louis-Charles-Antoine) naquit en 1768 à Saint-Hilaire d’Ayat en Auvergne, et fut tué à la bataille de Marengo, le 14 juin 1800.

Desaix (rue).

Commence à l’avenue de Suffren ; finit au chemin de ronde de la barrière de Grenelle. Le dernier impair est 7 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 402 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Elle est indiquée sur le plan de Verniquet comme une ruelle sans dénomination. — Une décision ministérielle, à la date du 7 fructidor an X signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 12 m. En vertu d’une autre décision du 14 du même mois, elle a reçu le nom de rue Desaix (voyez l’article qui précède). Les propriétés du côté droit devront, presque toutes, avancer sur leurs vestiges actuels.

Descartes (rue).

Commence à la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève finit aux rues des Fossés-Saint-Victor, no 38, et Fourcy, no 2. Le dernier impair est 53 ; le dernier pair, 52. Sa longueur est de 260 m. — 12e arrondissement. Les numéros impairs sont du quartier du Jardin-du-Roi ; les pairs, du quartier Saint-Jacques.

Cette voie publique, dont il est fait mention dès le milieu du XIIIe siècle, porta le nom de rue Bordet ou Bordeille, qu’elle devait à un propriétaire qui y demeurait. — Une décision ministérielle à la date du 8 nivôse an X, signée Laplace, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. — « Au palais des Tuileries le 7 février 1809, Napoléon, empereur, etc… La rue Bordet portera désormais le nom de rue Descartes. Signé Napoléon. » (Extrait.) Une ordonnance royale du 2 décembre 1829, a fixé la moindre largeur de la rue Descartes à 12 m. Les constructions depuis la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève jusqu’à l’impasse Clopin, ne sont pas soumises à retranchement. Les propriétés nos 21, 39, 41, 43 ; 34, 50 et 52 sont alignées. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

René Descartes, naquit le 31 mars 1596 à La Haye en Touraine, et mourut en Suède le 11 février 1650. Le chevalier de Torlon, ambassadeur de Louis XIV, fit exhumer le corps de Descartes qu’on avait déposé dans le cimetière du Nord-Malme à Stockolm. Les dépouilles mortelles du philosophe furent transportées en France, au commencement de janvier 1667, et déposées dans l’ancienne église Sainte-Geneviève. — « 2 octobre 1793. La Convention Nationale, après avoir entendu son comité d’instruction publique, décrète. — Article 1er. René Descartes a mérité les honneurs dus aux grands hommes. — Art. 2. Le corps de ce philosophe sera transféré au Panthéon français. — Art. 3. Sur le tombeau de Descartes seront gravés ces mots : Au nom du peuple français la Convention Nationale à René Descartes, l’an II de la république. » Le 3 vendémiaire an VIII les restes de Descartes furent portés au Musée des Monuments français. Une troisième exhumation eut lieu et les cendres du philosophe furent déposées en grande pompe, le 26 février 1819, dans l’église Saint-Germain-des-Prés.

La porte Bordet était située à l’extrémité de la rue de ce nom, près de l’endroit où la rue Descartes débouche dans la rue des Fossés-Saint-Victor. Cette porte se composait d’un édifice flanqué de tours. On y arrivait par un pont de bois et un pont-levis. Elle fut démolie en 1683.

Le collége de Boncourt était situé dans la rue Bordet. Il fut fondé en 1353 par Pierre Becoud, seigneur de Fléchinel, qui donna, avec quelques revenus, la maison qu’il possédait, pour l’entretien et l’enseignement de huit écoliers du diocèse de Thérouenne. Le nom de ce fondateur fut altéré, de Becoud on fit Beaucourt puis Boncourt. Au XVIe siècle on représenta dans ce collége des comédies et des tragédies. Étienne Jodelle, poète, après avoir fait jouer sa tragédie de Cléopâtre à l’hôtel de Reims, la fit représenter également au collége de Boncourt. En 1668 il reçut de nouveaux règlements. Pierre Galand en fit continuer les bâtiments où sont établis aujourd’hui les bureaux de l’École Polytechnique.

Le collége de Tournay, situé également dans la rue Bordet, était contigu au collége de Boncourt. Fondé en 1353 par un évêque de Tournay qui donna une maison pour cet établissement, ce collége fut réuni plus tard à celui de Navarre. Aujourd’hui les bâtiments de ces deux colléges dépendent de l’École Polytechnique.

Desèze (rue).

Commence au boulevart de la Madeleine, nos 64 et 66 ; finit à la place de la Madeleine, nos 22 et 24. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 135 m. — 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme.

Une ordonnance royale du 2 juin 1824 relative à la formation des abords de l’église de la Madeleine, porte qu’il sera ouvert dans le prolongement du côté septentrional de la place de la Madeleine et à droite, une rue qui portera le nom de rue Desèze et se terminera au boulevart à l’extrémité de la rue de Caumartin. En vertu d’une autre ordonnance du 6 septembre 1826, l’exécution de ce percement a été déclarée d’utilité publique. La nouvelle rue ne fut cependant pas formée jusqu’au boulevart ; elle débouche encore dans cette voie publique par un passage provisoire.

Un arrêté préfectoral du 24 mai 1843 a prescrit la publication du plan parcellaire des immeubles à exproprier pour compléter le percement de la rue Desèze.

Cette opération sera prochainement exécutée. — Conduite d’eau entre la rue Godot-de-Mauroy et la place. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Romain ou Raymond, comte Desèze, naquit à Bordeaux en 1750, fut premier président de la Cour de cassation, membre de l’Académie Française et de la Chambre des Pairs. Desèze eut l’insigne honneur de défendre Louis XVI devant la Convention. Il mourut à Paris le 2 mai 1828.

Désir (passage du).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Martin, no 89 ; finit à la rue du Faubourg-Saint-Denis, no 88. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 14. — 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

C’était autrefois le passage du Puits, en raison d’un puits public qui s’y trouvait. Il fut élargi en 1826. Ce passage est traversé par la rue Neuve-de-la-Fidélité.

Détenus (pénitencier des Jeunes).

Situé rue de la Roquette, à gauche, près de la rue Saint-Maur. — 8e arrondissement, quartier Popincourt.

Le couvent des hospitalières de la Roquette, supprimé vers 1790, devint propriété nationale. Il fit partie des biens qui furent donnés à l’administration des hospices par la loi du 16 vendémiaire an V (7 octobre 1796), et par l’arrêté du gouvernement du 27 prairial an IX (16 juin 1801).

Aux termes de deux actes des 10 novembre 1829 et 30 avril 1831, approuvés par ordonnances royales les 14 juillet 1830 et 1er août 1831, le département de la Seine a cédé, à titre d’échange, à l’administration des hospices, les terrains et bâtiments composant la prison de Bicêtre, moyennant le prix d’un million de francs. En contre-échange, l’administration des hospices a cède au département de la Seine :

1o un terrain de 34 830 m. de superficie, situé à Paris, à gauche de la rue de la Roquette en montant à la barrière, pour l’établissement d’une maison de correction de femmes, et pour l’ouverture d’une place au pourtour et des rues qui doivent l’en ceindre en trois sens, moyennant le prix principal de

450 000 fr.

2o Une maison située à Paris, rue du Faubourg-Saint-Denis, no 113, pour l’agrandissement de la prison de femmes, dite de Saint-Lazare, moyennant le prix principal de

40 000

Ensemble

490 000

La construction de la prison de la rue de la Roquette fut aussitôt commencée sous la direction de M. H. Lebas. Cet établissement occupe une largeur de 136 mètres sur une longueur de 182. Sa figure est hexagone. À chacun des angles s’élève une tourelle. Au centre se trouve une rotonde sous laquelle la chapelle est placée. Aujourd’hui on enferme dans cette prison les jeunes garçons qui se sont rendus coupables de crimes ou délits.

Le conseil général du département de la Seine, dans sa séance du 27 octobre 1843, a délibéré : — « Article 1er. Il y a lieu de céder à l’État l’établissement connu sous le nom de Pénitencier des jeunes Détenus. — Art. 2. La vente de cet immeuble d’une contenance primitive de 34 830 m. et réduit aujourd’hui à 31 590 m. par suite de l’affectation de 3 240 m. à l’élargissement de la rue de la Roquette, sera faite moyennant le prix principal de 1 685 670 fr. dont 1 275 000 pour les constructions et 410 670 pour le terrain. »

En face de cet établissement, on voit une autre prison construite aussi sur un terrain provenant des religieuses de la Roquette. L’administration des hospices, propriétaire de cet emplacement, qui contenait 20 691 m. de superficie, le céda au département de la Seine, par acte du 14 août 1834, moyennant la somme de 125 000 fr., qui vint en déduction de celle de 510 000 fr. dont cette administration était restée débitrice. Voir l’article Condamnés (dépôt des).

Devarenne (rue).

Commence à la rue des Deux-Écus, nos 22 et 24 ; finit à la rue de Viarme, nos 1 et 2. Le seul impair est 1 ; le seul pair, 2. Sa longueur est de 15 m. — 4e arrondissement, quartier de la Banque.

Ouverte en avril 1765, sur l’emplacement de l’hôtel de Soissons, cette rue avait été autorisée par lettres patentes du 25 novembre 1762, registrées au parlement le 22 décembre suivant ; sa largeur, fixée à 24 pieds, a été maintenue par une décision ministérielle du 9 germinal an XIII, signée Champagny. — Éclairage au gaz (compos Anglaise).

Pierre Devarenne, écuyer, avocat au parlement, conseiller du roi, quartenier, fut échevin de la ville de Paris en 1762 et 1763, sous la prévôté de Camus de Pontcarré, seigneur de Viarme (voyez l’article de la Halle au Blé).

Diamants (rue des Cinq-).

Commence à la rue des Lombards, nos 16 et 18 ; finit à la rue Aubry-le-Boucher, nos 15 et 17. Le dernier impair est 29 ; le dernier pair, 28. Sa longueur est de 123 m. — 6e arrondissement, quartier des Lombards.

On la connaissait anciennement sous le nom de Courroierie, de la vieille Courroierie, en raison des corroyeurs qui l’habitaient. Depuis le XVIe siècle elle porte le nom des Cinq-Diamants, qu’elle doit à une enseigne. — Une décision ministérielle à la date du 21 prairial an X, signée Chaptal, avait fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Cette largeur a été portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 19 juillet 1840. Les constructions riveraines sont soumises à un fort retranchement. — Conduite d’eau entre les rues des Lombards et Ogniard. — Éclairage au gaz (compe Française).

Dominique (impasse Saint-).

Située dans la rue de ce nom, entre les nos 15 et 17. Le dernier numéro est 6. Sa longueur est de 84 m. — 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

Cette impasse existait en 1590. Elle porta d’abord le nom de cul-de-sac de la Madeleine, puis celui de Sainte-Catherine, dénomination également affectée à la rue qu’elle prolonge. Sa situation dans la rue Saint-Dominique lui adonné son nom actuel (voir l’article suivant). — Une décision ministérielle du 8 nivôse an XIII, signée Champagny, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Les constructions du côté gauche sont alignées ; celles du côté opposé sont soumises à un retranchement de 1 m. environ.

Dominique-d’Enfer (rue Saint-).

Commence à la rue Saint-Jacques, nos 202 et 204 ; finit à la rue d’Enfer, nos 13 et 15. Le dernier impair est 23 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 186 m. — Les numéros impairs sont du 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire ; les numéros pairs, du 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.

Cette rue a été bâtie sur un clos de vignes appartenant aux Dominicains dits Jacobins. Ces religieux avaient obtenu, le 18 mars 1546, des lettres-patentes de François Ier, qui leur permettaient d’aliéner ce terrain à la charge d’y bâtir. La rue qui nous occupe, commencée en 1550, ne fut entièrement construite qu’en 1586. — Une décision ministérielle du 8 nivôse an XIII, signée Champagny, a fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. La maison no 5 est alignée.

Dominique-Saint-Germain (rue Saint-).

Commence à la rue Saint-Dominique, nos 42 et 44 ; finit à l’avenue de La Bourdonnaye. Le dernier impair est 231 ; le dernier pair, 222. Sa longueur est de 2 429 m. — 10e arrondissement de 1 à 103, et de 2 à 92 quartier du Faubourg-Saint-Germain ; le surplus est du quartier des Invalides.

Ce n’était au commencement du XVIe siècle qu’un chemin nommé vers 1542 chemin aux Vaches ; plus tard il prit le nom de chemin de la Justice, parce que le siège de la juridiction de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés était établi à l’extrémité de ce chemin. En 1631, les Jacobins de l’ordre de Saint-Dominique se fixèrent en cet endroit ; ces religieux obtinrent la permission de l’abbé de Saint-Germain-des-Prés, de faire sceller aux deux extrémités de cette rue deux tables de marbre, sur lesquelles on sculpta en gros caractères l’inscription suivante rue Saint-Dominique jadis des Vaches.

Jusqu’en 1838, la communication qui nous occupe était divisée en deux parties séparées par l’esplanade des Invalides ; la première appelée rue Saint-Dominique-Saint-Germain, la seconde nommée rue Saint-Dominique au Gros-Caillou ; chaque portion de rue avait un numérotage particulier. En vertu d’un arrêté préfectoral du 31 août de cette année, ces deux parties ont été réunies. — Une décision ministérielle du 15 vendémiaire an IX, signée L. Bonaparte, et une ordonnance royale du 7 mars 1827, ont fixé à 10 m. la moindre largeur de la rue Saint-Dominique, depuis la rue des Saints-Pères jusqu’à l’esplanade des Invalides. Cette même largeur a été assignée au surplus de cette communication, par une décision ministérielle du 3 germinal an IX, signée Chaptal, et par ordonnance royale du 25 mai 1828. Les maisons ci-après ne sont pas soumises à retranchement 13, 35, 37, 79, 85, 87, 89, 91, 93, 95, 97, 99, 109, 111, 121, 123, 149, 151, 167, 169, 171, 173, 175, 177, 179, 181, 185, 187, 189, 191, 193, 195, 197, 199, 211, 213, 215, 217, 219, 221, 223, 225, 227, 229, 231 ; 2, 4, 26, 42, 58, 60, 62, encoignure droite de la rue de Bellechasse, 74, 76, 78, 80, 82, 84, 86, 88, 96, 98, 132, 134, 136, 138, 140, 142, 144, 146, 148, 154, 168, 176, 184, 186, 194, 218, et la propriété à l’encoignure de l’avenue de La Bourdonnaye. — Égout entre la place de Bellechasse et la rue de Bourgogne. — Conduite d’eau dans toute l’étendue. — Éclairage au gaz (compe Française).

Aux nos 82, 84 et 86, était situé le couvent des Filles de Saint-Joseph ou de la Providence. Cette communauté de filles séculières devait son origine à Marie Delpech, connue sous le nom de mademoiselle de Létan ; leur établissement dans la rue Saint-Dominique date du 3 février 1640. Les Filles de la Providence instruisaient les pauvres orphelines, qui étaient reçues dans leur établissement dès l’âge de neuf ans. Supprimée en 1790, cette maison devint propriété nationale. Une partie fut vendue le 8 novembre 1806, à la mère de l’empereur Napoléon ; aujourd’hui les bureaux du ministère de la guerre occupent la totalité des anciens bâtiments des Filles de Saint-Joseph.

Dormesson (rue).

Commence à la rue du Val-Sainte-Catherine, no 3 ; finit à la rue Culture-Sainte-Catherine, nos 2 et 6. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 95 m. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

L’ouverture de cette voie publique fut définitivement autorisée par lettres-patentes du 15 février 1783, qui approuvèrent le plan du marché Sainte-Catherine. Formée en 1784, sur l’emplacement du prieuré royal de la Couture Sainte-Catherine, elle fut exécutée sur une largeur de 6 m. 80 c. environ. On lui donna la dénomination de rue Dormesson, en l’honneur de Louis-François-de-Paule Lefebvre Dormesson, alors contrôleur-général, qui, le 20 août 1783, avait posé la première pierre du marché Sainte-Catherine. — Dormesson naquit à Paris le 7 mai 1712, devint premier président du parlement en 1788, et mourut le 2 février 1789. — Une décision ministérielle du 22 juillet 1823, a fixé la largeur de la rue Dormesson à 10 m. Les constructions du côté des numéros impairs sont alignées ; celles du côté opposé devront subir un léger redressement, à l’exception de la propriété à l’angle de la rue Culture-Sainte-Catherine, dont le retranchement est de 2 m. 50 c. environ. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Double (pont au).

Situé entre les quais de l’Archevêché et de Montebello.

Il a été construit en 1634. Des lettres-patentes du roi, datées de Fontainebleau au mois de mai de la même année, ordonnent : « Que les gens de pied qui traverseraient ce pont, devront donner un double tournois. » — En 1835, les bâtiments qu’on voyait sur ce pont furent abattus.

Doyenné (impasse du).

Située dans la rue de ce nom, no 8. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 8. — 1er arrondissement, quartier des Tuileries.

C’était autrefois la rue du Doyenné. Elle avait été percée sur l’emplacement de la maison du Doyen de Saint-Thomas. — Cette impasse, qui n’est pas reconnue voie publique, sera confondue dans la place du Carrousel.

Doyenné (rue du).

Commence à l’impasse du Doyenné ; finit à la rue du Carrousel. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 12. — 1er arrondissement, quartier des Tuileries.

C’était anciennement le cul-de-sac Saint-Thomas, ainsi nommé en raison de sa proximité de l’église Saint-Thomas, appelée depuis Saint-Louis. Par suite de la formation de la rue du Carrousel, ce cul-de-sac fut converti en une rue à laquelle on donna la dénomination du Doyenné. Cette rue, qui n’est pas reconnue voie publique, doit être supprimée et le terrain réuni à la place du Carrousel.

Dragon (cour du).

Commence aux rues de l’Égout, no 2, et Saint-Benoit, no 42 ; finit à la rue du Dragon, no 7. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 10. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

Cette cour, qui est propriété particulière, doit son nom à un dragon sculpté sur l’une de ses portes.

Dragon (rue du).

Commence à la grande rue Taranne, nos 15 et 17 ; finit aux rues du Four, no 90 ; et de Grenelle, no 2. Le dernier impair est 37 ; le dernier pair, 44. Sa longueur est de 215 m. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

Elle porta d’abord le nom de rue du Sépulcre, en raison d’une propriété habitée au commencement du XVe siècle par des chanoines du Saint-Sépulcre. — Une décision ministérielle du 23 frimaire an IX, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. En 1808, les propriétaires riverains demandèrent le changement du nom de cette rue. L’autorité compétente accueillit cette réclamation, et la dénomination de rue du Sépulcre fut remplacée par celle de rue du Dragon (pour l’étymologie, voyez l’article qui précède). La largeur de cette voie publique a été fixée à 12 m. en vertu d’une ordonnance royale du 29 avril 1839. Les maisons nos 9 et 42 sont alignées ; celles nos 11, 13, 15, 17, et partie du no 19, devront avancer sur leurs vestiges actuels. Les propriétés nos 5, 7, 36 et 38 ne sont soumises qu’à un léger redressement. — Éclairage au gaz (compe Française).

Draperie (rue de la Vieille).

Commence à la rue de la Cité, nos 14 et 16 ; finit à la place du Palais-de-Justice, nos 1 et 2. Le dernier impair est 33 ; le dernier pair, 32. Sa longueur est de 127 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Cette rue doit sa dénomination aux drapiers qui vinrent s’y établir vers l’an 1183. Elle fut élargie en vertu des arrêts du conseil, en date des 2 octobre 1672 et 23 juillet 1693. La partie comprise entre la rue Saint-Éloi et la place du Palais-de-Justice, a été formée suivant arrêt du conseil du 3 juin 1787. Elle prendra prochainement le nom de rue de Constantine. (Voyez cet article.) — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Draps et Toiles (halle aux).

Située dans la rue de la Poterie-des-Halles. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Avant de nous occuper de la construction de cette halle, il nous parait utile d’écrire quelques lignes sur la corporation des drapiers et sur les marchands de toiles.

La communauté des drapiers était la première des six corps marchands de Paris. Philippe-Auguste, en 1183, céda aux drapiers, moyennant 100 livres parisis de cens, vingt-quatre maisons confisquées sur des juifs. Ce prince leur donna en outre la Halle aux Draps. Ils en nommaient le garde, ainsi que les vingt-quatre courtiers et auneurs de Paris. Le corps de la draperie était composé autrefois de deux communautés distinctes, l’une des drapiers proprement dits, l’autre des drapiers-chaussetiers. La vanité et l’intérêt firent naître de longues querelles entre ces deux corporations qui se réconcilièrent en 1633. Les deux confréries, qui jusqu’alors avaient été séparées, se réunirent dans l’église de Sainte-Marie-Égyptienne. Le bureau de la draperie était situé dans la rue des Déchargeurs. Suivant la concession de messire Christophe Sanguin, prévôt des marchands, en date du 27 juin 1629, la draperie avait pour armoirie un navire d’argent à la bannière de France, en champ d’azur, un œil en chef, avec cette légende non spécifiée dans la concession ut cœteros dirigat, pour donner à entendre que ce corps avait le pas sur tous les autres. On n’était admis dans le corps des drapiers qu’après avoir fait un apprentissage de trois ans et servi pendant deux années comme garçon. Le brevet coûtait 300 livres ; la maîtrise 2 500 livres.

Les marchands de toiles, appelés autrefois tisserands, faisaient partie du corps des merciers. Leurs premiers statuts datent de 1586 sous Henri III. Ils ont été confirmés sous Henri IV et Louis XIII. Dans l’acte constitutif ils sont qualifiés maîtres tisserands en toiles, canevas, linge, etc… Les maîtres qui n’avaient pas atteint 50 ans, ne pouvaient avoir que deux apprentis ; ceux qui avaient passé cet âge pouvaient en prendre trois. L’apprentissage était de quatre ans ainsi que le compagnonnage. Le brevet coûtait 30 livres ; la maîtrise, 300.

Le vaste bâtiment de la halle aux draps et toiles, d’après ce qui subsiste encore de son ancienne construction, parait remonter à une époque très reculée et avoir été affecté à un autre usage. Cette halle a 122 m. de longueur sur 17 de largeur. Elle contenait dans le principe un rez-de-chaussée et un grenier au-dessus. Ce rez-de-chaussée était divisé en deux nefs par un rang de piliers formant des travées de planchers supportés par des poutres, le tout couvert à pan droit très élevé avec pignon en pointe aux deux extrémités. Vers l’année 1780, la halle dont il est question fut restaurée ; MM. Legrand et Molinos, architectes distingués, ont donné à cet ancien bâtiment un caractère monumental, en conservant toutefois son ancienne disposition, c’est-à-dire les murs de face et les piliers soulageant la portée des poutres. Le comble a été entièrement détruit et remplacé par un comble cintré construit en planches, selon le système de Philibert Delorme. Des travaux de consolidation et d’amélioration ont été exécutés de 1837 à 1838 sous la direction de M. Lahure, architecte.

Droit (école de).

Située place du Panthéon, no 8. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Depuis longtemps la science du droit ecclésiastique et du droit canon était enseignée dans la capitale, lorsque deux savants, Gilbert et Philippe Ponce, obtinrent, en 1384, l’autorisation de créer pour cet enseignement une école spéciale qu’ils placèrent dans une maison de la rue Saint-Jean-de-Beauvais, où depuis le célèbre imprimeur Robert Estienne établit ses ateliers.

Cette première école était uniquement destinée à des cours de droit-canon. Le pape Honorius, dans une bulle de 1216, avait défendu, sous les peines les plus sévères, l’étude du droit civil. Au XIVe siècle, cette prohibition était encore en vigueur, et les écoliers, pour étudier le droit civil, étaient obligés d’aller en province. Cependant, vers 1563 et 1565, le parlement permit à plusieurs légistes de professer à Paris le droit civil ; mais cette autorisation dut expirer à l’année 1572. Alors la défense fut maintenue avec une nouvelle rigueur. L’article 59 de l’ordonnance rendue à Blois en 1576, « fait défense à ceux de l’Université d’élire ou graduer en droit civil. »

De nouveaux statuts pour la faculté du droit canon furent publiés en 1600, sous Henri IV. On comptait six professeurs. Les articles 34 et 35 de ces statuts réglaient le cérémonial et la réception des docteurs. Le candidat était revêtu d’une longue robe d’écarlate, qu’on disait avoir servi au fameux Cujas. On lui présentait ensuite un livre fermé que l’on ouvrait aussitôt : par là, on indiquait que le candidat par l’assiduité de son travail, avait acquis la connaissance des canons. Après quoi le bonnet de docteur était placé sur sa tête. On lui passait au doigt un anneau d’or, puis les docteurs venaient l’embrasser.

Louis XIV ordonna, en 1679, le rétablissement de la chaire de droit romain, et vers 1680, il plaça un professeur de droit français dans chaque université. Ce professeur était nommé par le chancelier et portait le titre de professeur royal. Les autres chaires de la Faculté se donnaient au concours. Outre le professeur de droit français, il y en avait deux pour l’explication des Institutes de Justinien, un pour les Décrétales de Grégoire IX, un pour le décret de Gratien et deux autres pour le Digeste.

L’étude du droit durait trois années et se comptait par douze trimestres. Au commencement de chaque trimestre, les étudiants devaient se faire inscrire sur les registres de la Faculté et payer chaque inscription. Ceux de la première année étaient admis à subir un examen dit de baccalauréat au commencement d’août. Dans l’intervalle du baccalauréat à la licence, ils étaient forcés d’assister aux thèses et d’y soutenir des discussions. On obtenait le grade de docteur une année après celui de licencié.

Pendant la révolution les écoles de droit furent suspendues ; cependant deux écoles particulières s’établirent, l’une dans la rue Vendôme, l’autre dans les bâtiments du collége d’Harcourt, rue de la Harpe. La première avait le titre d’Académie de Législation, la seconde portait le nom d’Université de Jurisprudence.

Un décret du 22 ventôse an XII (13 mars 1804), réorganisa l’école de droit. Depuis cette époque les études sont devenues plus vastes. L’enseignement comprenait, d’après le décret de 1804, le droit romain, le droit civil français, le droit commercial, la procédure et le droit criminel. En 1820, conformément au vœu exprimé par le décret du 22 ventôse an XII, on y ajouta des cours de droit naturel et des gens et de droit administratif. En 1834 fut créée une chaire d’Histoire du droit constitutionnel des Français ; enfin, une ordonnance du 22 mars 1840 autorisa les professeurs agrégés de la Faculté a ouvrir des cours supplémentaires non obligatoires pour les étudiants. — Les bâtiments de l’École de Droit n’ont rien de remarquable, quoiqu’ils soient l’ouvrage de Soufflot. En 1820, ils ne pouvaient plus contenir le nombre toujours croissant des élèves ; alors on transféra plusieurs cours à la Sorbonne, puis au collége du Plessis ; enfin, vers 1830, on augmenta l’École d’un vaste amphithéâtre, où se tiennent, outre les cours, les assemblées municipales du 12e arrondissement.

Ducolombier (rue).

Commence à la rue Saint-Antoine, nos 113 et 115 ; finit à la rue Dormesson, nos 9 et 11. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 41 m. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

Autorisée par lettres-patentes du 15 février 1783, cette rue a été ouverte en 1784 sur l’emplacement du prieuré royal de la Couture-Sainte-Catherine et d’après une largeur de 7 m. 80 c. On lui donna le nom de rue Ducolombier, en l’honneur de Marchand Ducolombier, avocat, conseiller du roi et assesseur de l’hôtel-de-ville d’Arras, qui avait fait l’acquisition d’une grande partie des terrains du prieuré de Sainte-Catherine. Les plaques portent par erreur rue Neuve-du-Colombier. — Une décision ministérielle du 22 juillet 1823 a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m.

Les constructions riveraines sont soumises à un retranchement de 1 m. 10 c. — Portion d’égout du côté de la rue Saint-Antoine. — Éclairage au gaz (compe Parisienne). — Voyez l’article du Marché Sainte-Catherine.

Duguay-Trouin (rue).

Commence à la rue de l’Ouest, nos 8 et 10 ; finit à la rue de Fleurus. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 150 m. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Cette rue a été ouverte en 1790, sur une partie du jardin du Luxembourg, dont la vente avait été faite par S. A. R. Monsieur (depuis Louis XVIII). — Une décision ministérielle du 12 juin 1818 a fixé la largeur de cette voie publique à 9 m. 74 c.

Les constructions du côté des numéros pairs sont alignées ; celles du côté opposé sont soumises à un léger redressement. — Conduite d’eau depuis la rue de l’Ouest jusqu’à la borne-fontaine.

Duguay-Trouin (René), dont le nom est si justement célèbre dans les fastes de la marine française, naquit à Saint-Malo le 10 juin 1673. À l’âge de vingt-et-un ans, il prit le commandement d’un vaisseau du roi, alla croiser sur les côtes d’Angleterre et d’Irlande, et s’empara de six bâtiments. Peu de temps après, Duguay-Trouin rencontrait une flotte marchande escortée par deux vaisseaux de guerre ; sans s’inquiéter de la supériorité de l’ennemi, l’intrépide marin attaque les deux vaisseaux et s’en rend maître.

Duguay-Trouin se distingua dans la guerre de la succession d’Espagne. En 1707, il fut nommé chevalier-de Saint-Louis et reçut en 1709 des lettres de noblesse. Le roi lui permit d’ajouter à ses armes deux fleurs-de-lys d’or, et d’y mettre au cimier pour devise :

dedit hæc insigna virtus.

Louis XIV aimait à entendre de la bouche de ses officiers le récit de leurs actions militaires. Un jour que Duguay-Trouin racontait un combat où se trouvait un vaisseau nommé la Gloire : « J’ordonnai, dit-il, à la Gloire de me suivre. — Elle vous fut fidèle, reprit le roi. »

L’expédition la plus brillante de Duguay-Trouin fut celle de Rio-Janeiro qui coûta aux Portugais plus de vingt-cinq millions.

Nommé le 1er mars 1728 commandeur de l’ordre de Saint-Louis, et le 27 du même mois lieutenant-général, Duguay-Trouin mourut le 27 septembre 1736.

Duguesclin (rue).

Commence à la rue de Bayard ; finit à la rue Dupleix. Pas de numéro. Sa longueur est de 69 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Cette communication existait dès 1789, mais elle n’était pas alors dénommée. — Une décision ministérielle du 31 août 1816 a fixé sa largeur à 10 m. et lui a donné le nom qu’elle porte. Les constructions du côté droit sont alignées ; les propriétés du côté opposé devront reculer de 3 m. environ.

Bertrand Duguesclin ou plutôt Du Guesclin, connétable de France et de Castille, naquit en Bretagne en 1311 et mourut devant Châteauneuf-de-Randon en 1380. « Ce grand capitaine (dit un historien du temps), avait une âme forte, nourrie dans le fer, pétrie sous des palmes, dans laquelle Mars fit école longtemps. La Bretagne en fut l’essai, l’Anglois son boute-hors, la Castille son chef-d’œuvre, dont les actions n’étoient que hérauts de sa gloire ; les défaveurs, théâtres élevés à sa constance, le cercueil, embrassement d’un immortel trophées. ».

Dupetit-Thouars (rue).

Commence à la place de la Rotonde-du-Temple ; finit à la rue du Temple, nos 86 et 88. La série des numéros dont le dernier est 39, commence par erreur à la rue du Temple. Sa longueur est de 184 m. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

Cette rue qui longe un des côtés de la halle au vieux linge, a été ouverte en 1809 sur une partie de l’enclos du Temple. (Voyez l’article de la Halle au vieux linge). — Une décision ministérielle du 9 septembre 1809, signée Fouché, avait fixé la largeur de cette voie publique à 9 m. En vertu d’une ordonnance royale du 16 mai 1833, cette largeur est portée à 13 m. en prenant l’élargissement sur le marché. La maison située sur le côté droit à l’angle de la rue du Temple est seule soumise à retranchement. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Aristide Dupetit-Thouars, capitaine de vaisseau, s’embarqua à Brest en 1792, pour aller à la recherche de Lapérouse ; ses efforts furent sans résultat. Plus tard il fit partie de l’expédition d’Égypte. Au combat naval d’Aboukir où la France perdit du sang, non de la gloire, Dupetit-Thouars commandait le vaisseau le Tonnant et reçut une mort sublime. Criblé de blessures, cet intrépide marin continue de son poste à diriger le combat. Au milieu de l’ouragan de fer qui foudroie son équipage, il reste calme et inébranlable : tout son corps est mutilé, ses deux bras sont coupés par les boulets, ses cuisses sont elles-mêmes emportées, et cet énergique capitaine semble survivre à lui-même pour veiller sur l’honneur de son vaisseau. Placé dans un baril de son, il parvient ainsi, en arrêtant la fuite de son sang, à prolonger de quelques instants sa vie. De cette couche héroïque, il fait promettre à son état-major de ne point rendre son vaisseau : « Et si l’ennemi, ajoute-t-il, tente enfin de l’enlever à l’abordage, jurez-moi, mes amis, de jeter à la mer notre pavillon et mon cadavre. » Ceux-ci ont juré, il expire !

Duphot (rue).

Commence à la rue Saint-Honoré, nos 382 et 384 ; finit au boulevart de la Madeleine, nos 11 et 13. Le dernier impair est 23 ; le dernier pair, 21. Sa longueur est de 190 m. — 1er arrond., quartier de la place Vendôme.

Cette rue ayant été ouverte sur l’emplacement du couvent de la Conception, nous donnons ici l’historique de cette communauté religieuse. Le tiers-ordre de Saint-François avait formé plusieurs établissements en France. En 1635, madame Anne Petau, veuve du sieur Regnaut de Traversé, conseiller au parlement, donna au couvent de Toulouse une somme de 40 000 livres pour en obtenir treize religieuses du tiers-ordre. Au mois de septembre de la même année, ces religieuses furent installées dans l’hôtel de Nesmond ; elles firent bientôt construire une église et des bâtiments convenables. Ces dépenses inévitables, mais qui n’étaient point en rapport avec les revenus, devaient infailliblement entraîner la ruine des Filles de la Conception, si M. d’Argenson ne fut venu à leur secours. Sur sa demande, sa majesté accorda une loterie de 1 080 000 livres, dont le bénéfice servit à consolider cet établissement et à le maintenir dans un état prospère. Cette communauté fut supprimée en 1790. Les bâtiments et terrains qui la composaient devinrent propriétés nationales et furent vendus le 5 fructidor an IV. Ils contenaient en superficie 3 491 m. Une des clauses du contrat de vente est ainsi conçue : « L’acquéreur sera tenu de fournir les terrains nécessaires pour l’ouverture des deux nouvelles rues et ce sans prétendre d’indemnité de la république. » Au mois de prairial an VIII, le ministre de l’intérieur L. Bonaparte approuva le plan des percements à former sur cet emplacement : quatre rues devaient être ouvertes. — « Paris, 3 frimaire an XI. Le ministre de l’intérieur arrête ce qui suit : — Article 1er. Les deux rues à percer sur les terrains du ci-devant couvent de la Conception, et qui sont obligatoires aux termes du contrat d’acquisition du citoyen Dewinck, recevront leur exécution ; la première, sur la direction et la largeur de la rue Saint-Florentin, allant aboutir au boulevart ; la seconde, en ligne droite jusqu’au même boulevart, en suivant la direction du petit axe de la place Vendôme. — Art. 2. Il sera substitué aux deux autres rues qui n’étaient devenues obligatoires que par l’approbation donnée au plan, une seule rue diagonale qui prendra de la rue Saint-Honoré près de celle de Luxembourg, et aboutira perpendiculairement sur le boulevart de la Madeleine, etc… Signé Chaptal. » Dans sa séance du 11 du même mois le conseil des bâtiments civils détermina les alignements et les dénominations de ces trois voies publiques. La largeur de la rue Duphot fut fixée à 10 m. La largeur de la rue Richepance à 12 m. Enfin la dimension de la troisième qui devait être ouverte dans le prolongement du petit axe de la place Vendôme, était approuvée à 12 m. Ce percement, qui n’a point été exécuté, aurait pris la dénomination de rue Championnet. Le 19 septembre 1807, ces dispositions reçurent l’assentiment du ministre de l’intérieur, et les rues Duphot et Richepance furent immédiatement ouvertes. La rue Duphot est exécutée sur deux largeurs différentes. Depuis la rue Saint-Honoré jusqu’à celle Richepance, elle a 10 m. de largeur, et dans le surplus 12 m. 90 c. — Une ordonnance royale du 24 août 1833 maintenu les constructions actuelles qui sont établies d’après ces dimensions. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Le général Duphot naquit à Lyon. Il fut assassiné à Rome, dans une émeute, le 28 décembre 1797.

Dupleix (place).

Située dans la rue de ce nom. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 121 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

C’était autrefois la place de Grenelle. Cette dénomination lui venait du château de Grenelle qu’on voyait en cet endroit. Vers 1815, cette voie publique reçut le nom de place Dupleix (voyez pour l’étymologie l’article suivant). — Une décision ministérielle du 31 août 1816 a fixé la largeur de cette place à 74 m. Les constructions riveraines sont alignées.

Dupleix (rue).

Commence à la rue Kléber ; finit aux chemins de ronde des barrières de l’École-Militaire et de Grenelle. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 481 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Elle est indiquée sur le plan de Verniquet, mais sans dénomination. Vers 1815, elle reçut le nom de rue Dupleix. — Une décision ministérielle en date du 31 août 1816, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. — Conduite d’eau depuis la rue Kléber jusqu’aux deux bornes-fontaines.

Joseph-François Dupleix, gouverneur-général des établissements français dans l’Inde, fut nommé, en 1720, premier conseiller au conseil supérieur de Pondichéry et commissaire des guerres. En 1731, il obtint le titre de commandant à Chandernagor. En 1742, Dupleix fut nommé gouverneur de Pondichéry. Sa première pensée fut d’en rétablir les fortifications, mais il reçut l’ordre de suspendre les travaux. Dupleix désobéit, car il avait pressenti une prochaine collision entre la France et l’Angleterre. En effet, les hostilités commencèrent bientôt. La prise de Madras fut un des plus beaux faits d’armes de l’époque. Les Anglais voulurent se venger en s’emparant de Pondichéry, mais le léopard britannique fut obligé de fuir après une attaque sans succès. Convaincu par l’expérience que sans possessions dans l’Inde le commerce anglais se trouverait réduit à une complète nullité, Dupleix ménageait adroitement des alliances avec les princes indiens et en obtenait la cession de plusieurs provinces. Des succès aussi brillants portèrent ombrage à la compagnie anglaise, qui demanda et obtint le rappel de Dupleix. Cette honteuse faiblesse du gouvernement français, qui voulait la paix à tout prix, ruina notre crédit dans l’Inde. À son retour en France, Dupleix se vit en butte à mille tracasseries. On lui reprocha une fortune honorablement acquise. Il mourut de chagrin en 1763, avant d’avoir obtenu justice et dans un état voisin de la misère.

Dupleix (ruelle).

Commence à l’avenue de La Motte-Picquet, no 30 ; finit à la place Dupleix. Pas de numéro. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Elle a été formée, il y a quelques années, sur des terrains appartenant à divers particuliers, et n’est point reconnue voie publique.

Dupont (rue).

Commence à la rue Basse-Saint-Pierre ; finit à la rue de Chaillot, nos 10 et 12. Pas de numéro. Sa longueur est de 40 m. — 1er arrondissement, quartier des Champs-Élysées.

Le plan de Verniquet l’indique sous cette dénomination qu’elle doit sans doute à un propriétaire riverain. — Une décision ministérielle en date du 15 vendémiaire an IX, signée L. Bonaparte, a fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Les constructions riveraines sont soumises à un retranchement de 1 m. 30 c.

Dupuis (rue).

Commence à la rue Dupetit-Thouars, nos 37 et 38 ; finit à la rue Vendôme, nos 9 et 11. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 110 m. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

Elle a été percée en 1809, sur une partie de l’enclos du Temple (voir l’article de la Halle au vieux linge). — Une décision ministérielle du 9 septembre 1809, signée Fouché et une ordonnance royale du 16 mai 1833, ont fixé à 10 m. la largeur de cette rue qui est exécutée d’après cette dimension. — Conduite d’eau depuis la rue de la Petite-Corderie jusqu’à la rue Vendôme. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Charles-François Dupuis, membre de l’Institut, naquit le 26 octobre 1742. Il fut élu membre du conseil des Cinq-Cents, en l’an IV, et envoyé par le département de Seine-et-Oise au Corps Législatif, dont il devint président. Dupuis mourut le 29 septembre 1809.

Duras (rue de).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Honoré, nos 72 et 74 ; finit à la rue du Marché-Daguesseau, nos 13 et 15. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 84 m. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Elle a été ouverte en 1723 sur une partie de l’emplacement de l’hôtel de Duras. Ce percement fut effectué dans le but de faciliter les abords du marché Daguesseau, dont la formation en cet endroit avait été autorisée par lettres-patentes du 6 février 1723. — Une décision ministérielle du 29 thermidor an XI, signée Chaptal, maintint la largeur de 7 m. 80 c. ; dimension qui avait été donnée à cette rue, lors de son ouverture. Une ordonnance royale du 27 septembre 1836, a porté cette largeur à 10 m. Toutes les constructions du côté des numéros pairs sont alignées ; celles du côté opposé devront subir un retranchement de 2 m. 20 c. environ. — Conduite d’eau.

Janvier 1844.
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