Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Arsenal (bibliothèque de l’)


Arsenal (bibliothèque de l’).

Située dans la rue de Sully. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Avant de parler de cette collection intéressante en documents historiques et en littérature étrangère, il n’est pas inutile de tracer ici quelques lignes sur l’ancien Arsenal. — La ville de Paris possédait autrefois un arsenal particulier. On comptait anciennement, outre son hôtel, plusieurs emplacements qui servaient de dépôts d’armes et de munitions de guerre. — Son établissement le plus vaste était situé derrière le couvent des Célestins, dans une partie de terrain connu anciennement sous le nom de Champ-au-Plâtre. Le surplus de cet emplacement fut possédé par la ville jusqu’en 1533. À cette époque, François Ier ayant résolu de faire fondre des canons, emprunta une des granges qu’on y avait élevées. — Le roi demanda quelque temps après une seconde grange. — La ville ne la céda cette fois qu’avec répugnance. En effet, François Ier n’accorda aucun dédommagement. — Henri II construisit sur ce terrain plusieurs logements pour les officiers de l’artillerie, sept moulins à poudre, deux grandes halles et plusieurs autres bâtiments. Toutes ces constructions furent ruinées le 28 janvier 1562, par l’explosion de vingt milliers de poudre. — Henri IV ayant fait l’acquisition d’un vaste terrain appartenant aux Célestins, augmenta l’étendue de l’Arsenal, l’embellit d’un jardin, et fit planter le long de la rivière un mail qui fut détruit vers le milieu du siècle dernier.

Louis XIII et Louis XIV ajoutèrent quelques embellissements à l’Arsenal.

En 1713 on détruisit une grande partie des anciens bâtiments. En 1718 on éleva de nouvelles constructions sous la direction de l’architecte Germain Boffrand. — Édit portant suppression de l’Arsenal, de son gouvernement et de sa juridiction. — « Louis par la grâce de Dieu, etc… Le dessein de procurer du soulagement à nos peuples en appliquant aux dépenses de l’État les revenus ou le produit d’anciens établissements devenus inutiles, nous a déterminé à supprimer l’Arsenal de Paris près de notre château de la Bastille, ainsi que les offices militaires et de justice qui y sont attachés. Cet établissement, essentiel dans son origine, a cessé d’être nécessaire au moyen des fonderies, des forges et des manufactures d’armes et de poudre établies dans différentes provinces de notre royaume. — Par la réunion à notre personne de la charge de grand-maître et capitaine général de l’artillerie, les fonctions des officiers militaires et de justice sont restées sans objet ou ne sont plus relatives à l’institution des offices, etc. — À ces causes etc. — Art. 1er. Nous avons supprimé et supprimons dès maintenant et à toujours le gouverneur et grand-maître de l’Arsenal, le gouvernement, la garde ordinaire, etc… — Art. 5. Il sera incessamment et sans délai à la diligence du procureur du roi et de la ville de Paris, fait un état des terrains bâtiments et logements qui sont renfermés dans l’enclos dudit Arsenal, et tous les terrains et bâtiments et celui des fossés qui le bordent, seront divisés par plusieurs rues de largeur suffisante, formées dans la direction la plus utile et la plus convenable, conformément aux plans qui nous seront présentés et qui seront par nous agréés. Donné à Versailles, l’an de grâce 1788, et de notre règne le 14e, signé Louis. » (Voir les articles Greniers de réserve, rue de Sully, etc.)

Bibliothèque de l’Arsenal. — Le marquis de Paulmy d’Argenson, riche et aimant les livres, forma cette bibliothèque. Pendant ses diverses ambassades il recueillit tout ce qu’il trouva d’intéressant, soit en monuments historiques, soit en littérature étrangère. Le comte d’Artois en fit l’acquisition en 1785 et en réserva l’usufruit au marquis de Paulmy, qui mourut peu de temps après. Cette bibliothèque fut alors déposée dans les bâtiments du grand Arsenal, et prit le nom de bibliothèque de Monsieur. En 1787 on joignit à cette collection la seconde partie de la bibliothèque du duc de La Vallière. Après la bibliothèque Royale, celle de l’Arsenal est la plus complète. Elle renferme 200 000 volumes et 10 000 manuscrits.

Ordonnance royale du 23 novembre 1830.

« Louis-Philippe, etc. Sur le compte qui nous a été rendu par notre ministre secrétaire d’État de l’intérieur ;

Voulant favoriser les recherches scientifiques dans les quatre bibliothèques de Paris ;

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

La bibliothèque du Roi, la bibliothèque Mazarine, celles de l’Arsenal et de Sainte-Geneviève, seront ouvertes tous les jours au public (les fêtes exceptées), depuis dix heures jusqu’à trois.

Signé Louis-Philippe. »