Librairie Hachette (p. 301-302).


ÉPILOGUE.


Les deux anges, Mizaël et Hélios, emportèrent sur leurs ailes blanches ces deux âmes presque aussi pures qu’elles et arrivèrent au pied du trône de Dieu, tenant entre leurs mains célestes le livre de vie.

Tous deux revenaient, fiers de leur mission, remettre au divin Créateur ce livre dont pas une tache ne souillait les pages.

« Je vous prie, Seigneur, dit Hélios, pour cette noble femme, prodigue de ses richesses jusqu’à son dernier jour, pour ce cœur, né dans les plus hauts rangs de la terre et qui jamais n’a connu l’orgueil et l’indifférence ; je vous prie pour cette pauvre mère expirant de douleur après la mort d’un fils adoré, dont l’âme n’a fait que s’ouvrir davantage à la charité après de si amères souffrances et qui, pour jamais malheureuse, est restée compatissante. Ne donnerez-vous pas, plutôt qu’à toute autre, l’éternel bonheur à Béatrice ?

— Je vous prie, Seigneur, dit Mizaël, pour une humble femme. La dureté des méchants, les pénibles luttes de la misère n’ont pu altérer sa bonté ni sa foi ; elle n’a pas prodigué son or, mais elle s’est prodiguée elle-même, en donnant ses soins, son amour, sa vie à sa famille et aux pauvres ; elle a pleuré et souffert ; elle n’a jamais douté de votre miséricorde ni de votre appui. Au nom de cet enfant qu’elle a fait son fils par tant de sacrifices et d’amour, et qui la pleure à présent, Seigneur, ouvrez votre ciel à Louise, plus que toutes elle en est digne.

— Elles sont égales devant moi, dit le Seigneur ; qu’elles passent toutes deux le seuil céleste ! Elles ont beaucoup souffert, beaucoup donné, beaucoup aimé ; la grandeur de l’une et la misère de l’autre sont sœurs ; leurs vertus différentes sont également précieuses à mes yeux. N’ont-elles pas espéré toutes deux avec la même foi et la même ardeur ? Par des sentiers séparés, elles ont pris la route du ciel. Que leur récompense ne leur soit pas ôtée : les béatitudes éternelles sont réservées pour des âmes telles que les leurs. »


FIN.