Description de la Chine (La Haye)/Du Che hiaï, ou cancre pétrifié

Scheuerlee (3p. 602-603).


DU
DU CHE HIAI
OU
CANCRE PÉTRIFIÉ.


Description tirée de divers auteurs.


Tchi dit : Le che hiaï, ou cancre pétrifié, se trouve dans la mer méridionale de la Chine. On dit ordinairement que c’est une espèce commune de cancres, qui, au bout d’un grand nombre d’années, se trouvent pétrifiés par le moyen de la boue, qui se mêle avec l’eau de la mer sur le rivage, et qui pénétrant avec elle dans leur corps, s’y arrête et s’y durcit peu à peu, et en forme une pierre : car les cancres à chaque marée sortent hors de la boue du rivage, où ils s’ensevelissent, lorsque la mer se retire. Il y en a encore une autre espèce qui se retire dans des trous, et se forme de la même manière. L’une et l’autre sorte étant broyée et réduite en poudre fort fine, entre dans la composition de toutes sortes de remèdes, et est d’un grand usage.

Song dit : Aujourd’hui on en trouve dans tous les endroits maritimes, dont la chair et le reste du corps est pétrifié, et qui sont tout semblables aux autres cancres : mais on trouve dessus, de la boue et de la pierre grossière.

Che tchin dit : On lit dans le livre intitulé Haï tsi lou : dans un village du district de Ngai tcheou, appelle Yu lin, on voit un ruisseau de la longueur d’une demi-lieue, où il y a une sorte de terre fort grasse et fort froide, laquelle ayant pénétré par le moyen de l’eau dans le corps des cancres, ne peut circuler avec les humeurs, et ainsi se durcit en pierre. Ceux qui en ont trouvé, les ont appelés cancres de pierre.

On lit dans le livre intitulé Y ngan, que ces cancres ont la vertu d’éclaircir la vue. Outre cela il y a des écrevisses de pierre, qui ressemblent aux écrevisses ordinaires, et qui se trouvent au bord de la mer. Il y a des poissons de pierre semblables aux véritables poissons, qu’on trouve dans le territoire de Siang chan hien, dans une montagne, appelée pour cet effet Che yu chang. Ces poissons, ni ces écrevisses, ne sont point d’usage dans la médecine.

Le livre intitulé Y tong chi, porte que dans le territoire de Fong siang fou, il y a une ville nommée Yen hiang hien, à l’occident de laquelle on voit une montagne, où il y a des poissons qu’on trouve en cassant des pierres, où ils étaient renfermés. On dit que ces poissons servent à guérir le venin que les chenilles laissent sur la peau en passant par-dessus.


Ses qualités.

Le cancre pétrifié a un goût salé, une qualité froide, et n’a rien de nuisible.


Ses effets.

Il guérit les maladies cutanées qui procèdent de la débauche, les clous, et les autres tumeurs semblables. Ceci est de Cai pao. C’est un contre-poison contre toutes sortes de venins. Il est bon aussi contre une sorte de vers venimeux, appelés cou tou, qui viennent dans le corps. On s’en sert avec succès dans les fièvres contagieuses. Il aide à enfanter heureusement. Il contribué au mouvement et à la circulation du sang. On le broie dans de l’eau chaude, et l’on le donne ainsi à prendre au malade. C’est le médecin Ta min qui a donné ces recettes.

On le broie dans du vinaigre, et on en frotte les gros ulcères et les tumeurs extraordinaires. On le broie dans de l’eau chaude, et l’on le donne ainsi à prendre au malade, et c’est comme un antidote contre le poison ou venin des métaux et des minéraux. Ces recettes ont Sou song pour auteur.


Recette pour la lassitude, pour la douleur, l’enflure, et tumeur de la gorge.

Il faut broyer le cancre pétrifié dans du vif argent, et en frotter la partie incommodée avec une plume.