De l’éducation des femmes/Documents

Texte établi par Édouard ChampionLibrairie Léon Vanier, éditeur (p. 113-146).

DOCUMENTS
SUR CHODERLOS DE LACLOS[1]

Io

Section de La Montagne.
4e Région
L’an deuxième de la République Françoise et le quatorze du deuxième mois.

Par devant nous, Jean Lacoste, juge de Paix de la section de la Montagne, assisté de notre greffier ordinaire ;

Sont comparus les citoyens Pierre-Henry Caplain, Pierre Rivaux, membres du Comité Révolutionnaire de Saint-Cloud, y demeurant, et Serize, greffier du dit Comité.

Lesquelx nous ont présenté, pour être rendu à l’instant, un arretté du Comité de Sûreté générale de la Convention en datte du jour d’hier, signé : Vadier, Voulland, Louis de Bosrhis, Bayle, La Vicomterie et Jagot, portant que le nommé Laclos sera saisi partout où il se trouvera et mis sur-le-champ en état d’arrestation [dans la maison] dite de la Force ou tout autre maison de détention.

Que les autorités constituées et tout dépositaire de la force publique sont chargés de l’exécution du présent arretté.

Nous, en conséquence, lesdits citoyens sus-nommés, [requis] de nous transporter de suite Cour des Fontaines, Palet (sic) égalité, maison où loge ledit Laclos, a l’effet de tout ce que dessus, et encore d’apposer nos scellés sur les titres et papiers, ont signé avec nous, après lecture, signé : Caplain, Rivaux, Serize, Jean La Coste, juge de Paix, et Sarazin, secrétaire-greffier.

Nous, juge de Paix, susdit et soussigné, assisté de notre greffier ordinaire et accompagné comme dessus, nous nous sommes transporté cour des Fontaines, Palet égalité, maison où loge ledit Laclos, dans laquelle étant au deuxième sur ladite cour, nous y avons trouvé ce citoyen, son épouse, et d’autres citoyens. Avons exibé audit Laclos l’arretté susnommé du comité de Sûreté générale de la Convention. Il nous auroit dit qu’il n’empêchoit l’exécution du sus-dit arretté, mais seulement observé qu’il étoit étonné des motifs qui ont fait prendre cet arretté, que, en ce moment même, il se disposoit à aller au champ d’épreuve, butte Montmarte, où il devoit trouver le ministre de la Marine et deux membres du Comité de Salut Public pour une expérience de guerre fort importante ; qu’il étoit chargé, par le même ministre et avec l’agrément du comité du Salut Public, d’une série d’expérience de guerre également importantes, et qui ont également été retardés à l’époque où elles devoient comencer, par une première arrestation, par suite de laquelle il est encore en ce moment sous le cautionnement du citoyen représentant Laurent Guyot, de la Côte-d’Or, dont le patriotisme est bien connu ; nous a, au même instant, ledit Laclos, représenté son portefeuille, dont même présence que dessus, y avons trouvé onze pièces. Celle cottée neuf en datte du vingt neuf septembre dernier, signée Dalbarade, ministre de la Marine, portant ordre audit Laclos de rester à Paris pour la suite des expériences dont il étoit chargé, ledit ordre donné par le Comité de Salut Public. De cette pièce et des dix autres, par nous cottées paraphées, en avons composé une liasse qui sera déposée au Comité de Sûreté générale de la Convention ainsi que le présent procès verbal.

Ce fait, ledit Laclos nous a ouvert les meubles et placards fermans a clefs et étant dans ses appartements, et après vérification scrupuleusement faite et n’ayant trouvé aucun papier, si ce n’est dans son secrétaire, pratiqué dans les murs de son cabinet, sur lequel nous avons apposé nos scellés aux extrémités d’une bande de toille blanche, après l’avoir fermé avec la clef restée en nos mains ; desquels scellés nous avons etably gardienne a justice la citoyenne Marie-Margueritte-Julie Coquet[2](sic), femme de Jean-François Dupuis, cuisinier, elle, attachée au service de la citoyenne Laclos, et a la charge par elle de les représenter quant et à qui il appartiendra.

Fait et clos ledit jour, mois et an que dessus, onze heures du matin, et ont tous les susnommés et la gardienne, signé avec nous. Signé : Laclos, Caplain, Rivaux, Serize, Jean Lacoste, juge de paix, Coquet et Sarrazin, greffier, pour expédition conforme à la minute étant au greffe.

Sarrazin, secrétaire-greffier.

IIo

Tableau à remplir par le comité de surveillance de la section de la Montagne sous sa responsabilité, dans le délai de huit jours, à compter du jour de sa réception.


Nom du détenu, son domicile avant sa détention, son âge, le nombre de ses enfants, leur âge ; où ils sont ; s’il est veuf, garçon ou marié.

Pierre-Amboise-François Chaderlos Laclos, ex-noble, demeurant cour des Fontaines, maison Égalité, no 1113 ;

Âgé de 52 ans ;

A deux enfants, l’un âgé de 9 à 10 ans et l’autre, de 5 à 6, tous deux demeurant chez lui avec leur mère, même maison, no 1110 ;

Est marié.

[2e colonne]

Le lieu où il est détenu ; depuis quand ; à quelle époque ; par quel ordre ; pourquoi.

À la maison d’arrêt de Picpus et précédemment à la Force ;

Depuis quatre mois et demi, arrêté le 14 brumaire par ordre du Comité de Sûreté générale, nous en ignorons le motif.

[3e colonne]

Sa profession avant et depuis la Révolution.

Officier d’artillerie depuis l’année 1760 jusqu’au 29 mai 1791, époque de sa démission ;

Secrétaire surnuméraire des commandements de d’Orléans, depuis le commencement de l’année 1789 jusqu’au 1er octobre 1792 ;

Commissaire du Pouvoir exécutif dans le courant d’août de la même année. Rentré au service dans le courant de septembre en qualité de chef de brigade, jusqu’au 21 septembre dernier, époque où il donna sa démission ; a depuis et jusqu’au moment de son arrestation été employé par le ministre de la Marine et le Comité de Salut public, à différentes expériences et nouveaux moyens de guerre ; à ce qu’il nous a assuré.

[4e colonne]

Son revenu avant et depuis la Révolution.

Se composait, avant la Révolution, de 1.800 l. de rentes provenant de la succession de son père, plus de 5 à 6.000 l. du chef de sa femme, plus ses appointemens de capitaine en 1er d’artillerie.

En 1789, il a eu, de plus, 6.000 l. d’appointemen de d’Orléans ; à datter de 1790, ils ont été réduits à 4000 l., ensuite à 3.000, puis supprimés au 1er octobre 1792 ;

Au 1er juin 1791, il a obtenu une pension de retraite de 1.800 l. ; en 1792, il hérita de sa mère d’environ 1.200 à 1.400 l. de rentes. Son revenu actuel est de 1.000 à 1.200 l., ayant vendu le reste dans le dessein d’acquérir un fond d’industrie qui le met à même de faire vivre sa famille. Tel est le résultat de son dire.

[5e colonne]

Ses relations, ses liaisons.

Avant la Révolution, il voyait beaucoup de nobles ; au commencement de la Révolution il fut de deux clubs qui étaient composés, en grande partie, de nobles ; les Lameth, les d’Orléans en fesaient partie ; ces deux clubs étaient, l’un, rue des Bons-Enfants, à la ci-devant chancelerie, sous le nom de Club des Patriotes, l’autre galerie du jardin de la Révolution, sous le nom de Club National. Dans ce tems-là ils jouissaient d’une assez bonne réputation, mais actuellement que les traîtres sont démasqués, il se trouve qu’il y a de ses membres qui sont émigrés, ou arrêtés, ou frappés de mort comme conspirateurs.

Depuis la dissolution de ces clubs, Laclos n’avait pour sa société que son épouse, ses enfants et son frère, lequel est aussi en état d’arrestation.

[6e colonne]

Le caractère et les opinions politiques qu’il a montrés dans les mois de mai, juillet et octobre 1789 ; au 10 août ; à la fuite et à la mort du tyran ; au 31 mai et dans les crises de la guerre ; s’il a signé des pétitions ou arrêtés liberticides.

Homme de génie, très froid et très fin, auteur des Liaisons dangereuses[3], orateur : dans le cours de notre Révolution et dans ses époques les plus mémorables il s’est comporté, à Paris, d’une manière à plaire à tous ; ce qui lui a valu la confiance d’une grande partie de notre section ; cependant les vrais républicains ont à lui reprocher d’avoir été complaisant, de n’avoir point employé tout son talent à combattre la faction ennemie de la République qui existait alors dans notre section. Nommé commissaire à la Commune pour l’affaire du 10 août, il en a été rejetté par le scrutin épuratoire, motivé sur ce qu’il avait été un des auteurs de la scission de la Société des Jacobins, qu’il quitta pour se réunir aux Feuillans. Dans notre section, il fut un de ceux qui parla contre la Commune du 10 août. Nommé électeur, il n’accepta point ; ce fut dans ce temps qu’il fut appellé par le Conseil exécutif à une fonction militaire. Il nous a été assuré que c’est lui qui proposa aux Jacobins la pétition qui a dû être signée au Champ de Mars, le 17 juillet 1791 ; la motion ayant été adoptée, il en fut un des rédacteurs.

Paris, le 16 ventôse, l’an deux de la République.

Fait en notre Comité Révolutionnaire de la section de la Montagne, ce 1er prairial, l’an deux de la République une et indivisible.

Signé : Jobert ; Lemerlier, commissaire ; Freté, commissaire ; Jienck, commissaire ; Briant-Baillet, commissaire ; Simon, commissaire ; Boubon, président ; Mazurier, commissaire ; Jarlat, commissaire ; Mottet, commissaire ; Daoust-Danbauton, commissaire.

IIIo

1re Division.
ARTILLERIE[4]
Paris, le 13 brumaire, l’an 2e de la République une et indivisible.
L’adjoint de la Ire division du ministère de la Marine au citoyen Choderlos Laclos.

Le ministre auquel j’ai remis, citoyen, la lettre que vous m’avez adressée pour lui, a arrêté qu’il se rendrait demain, à midi, sur la butte Montmartre pour assister à l’expérience des culots ; que je l’accompagnerais et qu’il préviendrait lui-même les Représentants du Peuple.

Vous pouvez donc faire toutes les dispositions convenables.

Signé : Chappatte.

IVo

1re Division.
ARTILLERIE[5]
Paris, le 12me jour du 2me mois de la 2me année républicaine.
L’adjoint de la Ire division du ministère de la Marine au citoyen Choderlos Laclos, à Paris.

Je vous fais passer, citoyen, copie d’une lettre du citoyen Dupin au ministre. Vous y verrez que le commissaire Rolland a reçu ordre de mettre à votre disposition la bouche à feu et les attirails nécessaires pour soumettre à l’expérience les culots que vous avez fait fabriquer à l’arsenal. Vous voudrez donc bien vous concerter avec ce commissaire et arrêter le jour où l’expérience pourra avoir lieu.

Le Représentant du Peuple Treillard vient de demander au ministre, par la lettre d’hier, qu’il étoit prêt à remettre à la disposition de la Marine les château neuf et petit parc de Meudon. L’intention du ministre est en conséquence que vous vous transportiez sur les lieux avec le citoyen Mandard, demain entre neuf et dix heures du matin, pour prendre possession du local et en donner décharge à qui de droit.

Signé : Chappatte.

Vo

1re Division.
ARTILLERIE[6]
Paris, le 5 octobre 1793, l’an 2e de la République une et indivisible.
L’adjoint de la Ire division du ministère de la Marine au citoyen Choderlos Laclos, general de brigade, à Paris.

Le ministre a reçu, citoyen, la lettre par laquelle vous lui représentez que la méthode qu’on a adoptée pour charger les canons a boulets rouges sur les vaisseaux de la Republique, peut être susceptible d’inconvénient, et que vous pensez qu’il seroit possible de les éviter en employant des culots de bois et de tolle, dont l’usage a eu le plus grand succès à l’Isle d’Aix et à l’École de la Fère. Cette proposition ayant fixé toute l’attention du ministre, il me charge de vous autoriser a faire exécuter six des culots que vous vous proposez, afin qu’on puisse les soumettre à une nouvelle experience.

Je pense que si vous vous entendiez pour cet effet avec le commissaire ordonnateur de l’artillerie il pourrait vous procurer des facilités pour faire exécuter ces culots à l’arsenal de Paris.

Signé : Chappatte.

VIo

Copie de la lettre du citoyen Dupin[7], adjoint au ministre de la Guerre, au ministre de la Marine.
Paris, le 10e jour du 2e mois de l’an 2e de la République une et indivisible.

Aussitôt votre lettre du 27 reçue, le ministre a fait passer des ordres au commissaire Rolland, à l’arsenal, pour qu’il ait à vous procurer, dans le plus court délai, la pièce de canon de 24 ou de 18 montée sur son affût avec les autres objets dont vous avez besoin pour l’expérience que vous désirez faire.

Signé : Chappatte.

VIIo

1re Division.
ARTILLERIE[8]
Paris, le 18e du 1er mois de la 2e [année] de la République française.
Copie d’une lettre écrite par le ministre de la Marine à celui de l’Intérieur.

Le citoyen Choderlos Laclos a reconnu, mon cher collègue, que le petit château de Meudon offroit toutes les facilites désirables pour l’exécution des expériences ordonnées par le Comité de Salut public. Je vous prie donc de vouloir donner des ordres pour que je puisse disposer de cette maison et de ses dépendances, tant que l’objet auquel elle sera destinée l’exigera.

Pour copie : Chappatte.

VIIIo

1re Division.
ARTILLERIE[9]
Paris, le 27e jour du 1er mois de la seconde année républicaine.
L’adjoint de la Ire division du ministère de la Marine au citoyen Choderlos Laclos.

Je vous donne avis, citoyen, que je viens d’écrire au ministre de la Guerre pour le prier de faire délivrer de l’arsenal le canon et les attirails d’artillerie qui vous sont nécessaires pour soumettre à l’expérience les culots dont vous avez proposé de faire usage dans le tir à boulets rouges.

Comme je pense que les ordres du ministre de la Guerre seront adressés au commissaire Roland, vous voudrez bien vous concerter avec lui et, lorsque vous aurez arrêté le jour de l’expérience, en prévenir le ministre afin qu’il puisse engager le comité de Salut public à nommer un de ses membres pour y assister.

Signé : Chappatte.

IXo

1re Division.
AFF. SECRÈTE[10]
Paris, le 28e jour du 1er mois de la 2e année républicaine.
L’adjoint de la Ire division du ministère de la Marine aux citoyens Choderlos Laclos et Bertholet.

Je vous donne avis, citoyens, que le ministre a donné les ordres nécessaires pour qu’il soit remis sur-le-champ, à la disposition du citoyen Laclos, une somme de 1.500 l. pour acquitter les menues dépenses aux quelles donneront lieu les opérations dont vous êtes chargés.

Je vous préviens aussi que le ministre autorise le citoyen Mandard, ingénieur, à suivre avec vous, les expériences dont il s’agit.

Signé : Chappatte.

Xo

1re Division.
ARTILLERIE[11]
Paris, le 28e jour du 1er mois de la seconde année républicaine.
L’adjoint de la Ire division du ministère de la Marine aux citoyens Choderlos Laclos et Bertholet.

Le citoyen Pinelly, ingénieur, propose, citoyens, de soumettre à l’experience, des boulets incendiaires de son invention. Le ministre ne voulant rejetter aucune des découvertes dont le but est d’augmenter les moyens de défense, sans être assuré qu’elle ne peut remplir son objet, se propose de procurer au citoyen Pinelly les moyens d’exécuter quelques-uns de ces boulets ; mais il désirerait avant que vous lui fissiez connaître si rien ne s’opposera à ce qu’ils soient soumis à l’épreuve dans l’établissement qui va se former à Meudon.

Signé : Chappatte.

XIo

1re Division.
MARINE[12]
Paris, le 4e jour du 2e mois de la République une et indivisible.
L’adjoint du ministre de la Marine au citoyen Choderlos Laclos.

Je vous adresse ci-jointe, citoyen, copie d’un arrêté du Comité de Salut public du 29 du mois dernier, en conformité duquel le ministre vous a désigné pour l’un des commissaires chargés de suivre les expériences qui ont été faites à la Fère, le 20 août 1793 (vieux stile), et qui doivent être continuées immédiatement au château de Meudon. J’écris au ministre de la Guerre pour qu’il donne ordre de vous fournir les objets qui vous seront nécessaires.

Vous voudrez bien vous conformer à ce que cet arrêté vous prescrit. L’agent dont il y est question sera nommé incessamment.

Signé : Chappatte.

XIIo

Paris, 29 septembre 1793, l’an 2e de la République une et indivisible[13].
Au citoyen Choderlos Laclos.
Citoyen,

Je suis autorisé, par le Comité de Salut public, à vous donner l’ordre de rester à Paris pour la suite des expériences dont vous êtes chargé.

Le ministre de la Marine et des Colonies,
Signé : Dalbarade.

XIIIo

5e Division.
MARINE[14]
Paris, le 6 septembre 1793, l’an 2 de la République.
L’adjoint de la 5e au citoyen Choderlos Laclos, général de brigade à Paris.

Je vous préviens, citoyen, que le ministre de la Marine m’a chargé de vous ordonner de vous tenir prêt à partir pour vous rendre à Rochefort et y continuer les expériences que vous avez commencées à La Fère, d’après l’autorisation du Comité de Salut public. Vous recevrez incessamment l’ordre du jour fixe de votre départ ; vous vous concerterez, pour l’exécution de cette expérience avec les citoyens Guiton-Morveau, représentant du Peuple, et Berthollet, commissaire des Monnaies, et pour le détail avec le citoyen Fabre, capitaine d’artillerie.

Signé : P.-A. Adet.

XIVo

Aux citoyens représentants composant le comité de Sûreté générale de la Convention nationale.

La maison dans laquelle j’occupe un appartement, cour des Fontaines, maison Égalité, a été vendue à la citoyenne Saint-Val, l’aînée. Mon mari n’a loué que jusqu’au 1er janvier (vieux stil), 10 nivos, notre très modique fortune ne nous permet point de garder un loyer tel qu’en veut aujourd’hui la citoyenne Saint-Val.

Je prie donc le Comité de vouloir bien ordonner au citoyen Lacoste, juge de paix de la section de la Montagne, qui a apposé les scellés chez mon mari, lors de son arrestation, de les lever, assisté de telles personnes que le Comité voudra désigner et en présence de mon mari détenu à Picpus.

Ordonner que les papiers suspects, s’il y en a aucuns, seront déposés, avec le procès-verbal, au Comité de Sûreté générale et par ce moyen, le Comité pourra examiner la conduite civique et politique de mon mari dans la Révolution.

Je ne vois pas, citoyens, qu’il puisse y avoir aucuns obstacles à m’accorder cette demande, je la renouvelle[15] n’ayant plus que quatre jours pour être à la fin de mon loyer.

Femme Laclos.
26 Xbre ou 6 nivos, l’an second, la République françoise une et indivisible, Paris, cour des Fontaines, maison Saint-Val, no 1113.

XVo

Section de la butte des moulins, Comité de surveillance.
Du  1793, l’an deuxième de la République françoise une et indivisible.
Convention nationale. Comité de Sûreté générale et de surveillance de la Convention nationale, du dix mai 1793, l’an second de la République françoise une et indivisible.

Le Comité, après avoir délibéré sur différentes pétitions du citoyen Choderlos, détenu à l’abbaye depuis le sept avril dernier, arrête que ce citoyen sortira de prison ; et qu’il sera reconduit chez lui en état d’arrestation, sous la surveillance d’un garde qu’il payera, et qui sera désigné par le Comité de surveillance de la section de la Butte des moulins que le Comité de Sûreté générale charge de mettre le présent arrêté à exécution.

Les membres du Comité de Sûreté générale de la Convention nationale. Signé : G. Basire Alquier, J.-F. Ravère. Pour copie conforme.

Signé : Azur, secrétaire.

Pour copie conforme de la copie étant au Comité de la section de la Butte des moulins.

Signé : Comminge, président ; Larade, secrétaire

XVIo

Du 11 frimaire l’an 3e.

Vu les pièces relatives au citoyen Pierre-Ambroise-François Choderlos Laclos, détenu dans la maison dite le Luxembourg, sur la considération d’une détention très longue aggravée par son état de misère et de maladie.

Le Comité arrête que ledit Choderlos Laclos sera, sur-le-champ, mis en liberté et les scellés levés s’ils ont été apposés.

Signe : Garnier, de l’Aube ; P. Barras, Bourdon, de l’Oise ; Clauzel, Laiguelot, Méaulle, Harmaine.

Collationné à l’original.

Reçu l’original : du Perré, femme Choderlos.

XVIIo

9 nivose an III. Levée des scellés.

Marguerite-Julie Poquet, femme de J.-F. Dupuis, cuisinier, quittant le service de Mme Laclos, requit de n’avoir plus la garde des scellés.

« Déférant à la requisition qui précede, nous, juge de paix, susdit et soussigné, assisté de notre greffier ordinaire, nous sommes transportés palais Égalité, cour des Fontaines, maison et appartement dudit citoyen Laclos, dans lequel étant, nous y avons trouvé la citoyenne Marie Soulanges Duperré, son épouse, à laquelle nous avons déclaré le motif de notre transport. Elle nous auroit dit qu’elle ne s’opposoit nullement a ce que nous établissions une autre gardienne de nos scellés. » La garde des scellés fut alors confiée « à la citoyenne Marie-Anne Mantot, fille majeure, attachée, dès ce moment, a laditte citoyenne Laclos ». Le 28 décembre 1793, Marie Soulanges Duperré recevait un arrêté du Comité de Sûreté générale en vertu duquel Choderlos de Laclos, détenu à Picpus, serait extrait de la prison pour assister à la levée des scellés.

« Et le neuf nivose audit an, quatre heures de relevé, nous, juge de paix, susdit et soussigné, assisté de notre greffier ordinaire, en exécution de notre ordonnance rendue sur l’arrêté susdit, nous nous sommes transportés cour des Fontaines, maison et appartement dudit citoyen Laclos, dans lequel étant, nous y avons trouvé le citoyen Jean-Guillaume Yonck, membre du Comité Révolutionnaire de notre section, le citoyen Claude-Etienne Parnel, et le citoyen François-Joseph Devos, les deux derniers au service du Comité Révolutionnaire, aux quels susnommés nous avons déclaré le motif de notre transport et présenté l’arrété susdit au Comité de Sûreté générale de la Convention, ils nous auroient répondu qu’ils n’empechoient son exécution, en conséquence et sur la représentation qui nous a été faite par laditte citoyenne Marie-Anne Meantot, gardienne des scellés par nous apposés dans le cabinet du citoyen Laclos sur son secrétaire, nous les avons reconnus sains et entiers et levés en présence de tous les susdits comparants, nous avons ensuite fait l’ouverture du susdit secrétaire avec la clef qui étoit en nos mains et par ledit citoyen Yonck et nous, a été procédé a l’examen des papiers renfermés, dans lesquels il ne s’en est trouvé aucuns suspects, tous relatifs aux anciennes fonctions dont il étoit chargé. Mais sur la réquisition du citoyen Laclos avons décrit les pièces suivantes pour lui servir et valoir ce qu’il appartiendra.

La première est une lettre du citoyen Bouchotte, ministre de la Guerre, en datte du vingt-un septembre dernier, lequel annonce audit citoyen Laclos que sa démission du grade de général de brigade a été acceptée par le Conseil exécutif.

La seconde, signée Boncourt en l’absence de l’adjoint de la cinquième division du département de la Marine et des Colonies, est dattée du premier octobre dernier (vieux stile), laquelle est adressée audit citoyen Laclos et porte que sa démission de la place de gouverneur des Etablissements du Cap a été acceptée par le Conseil exécutif. Enfin, deux autres pièces qui sont extraites de diférentes délibérations de l’Assemblée générale de notre section qui ont apellé ledit citoyen Laclos a diférentes commissions depuis le dix aoust mil sept cent quatre-vingt-douze, lesquelles pièces cy-dessus décrites ont été à l’instant rendues à ce citoyen ainsi que la clef de son secrétaire, le tout ainsi qu’il le réclamoit.

Et attendu que par l’examen susdit nos opérations se trouvent terminées, avons déchargé laditte citoyenne Meantot de la garde de nos scellés, et fait remise de la personne dudit citoyen Laclos aux citoyens Yonck, Parnel et Devos pour la parfaite mention de l’arrêté du Comité de Sûreté générale et de surveillance de la Convention.

Pour tout ce que dessus il a été vacqué jusqu’à sept heures sonnées, et attendu qu’il ne s’est plus rien trouvé à décrire, dire ni déclarations a recevoir, nous avons clos le present lesdits jour, mois et an que dessus, heure susditte, et ont lesdits comparan signé avec nous après lecture et non la gardienne qui a persisté dans sa déclaration qu’elle ne sait signer, et ses honnoraires en sa ditte qualité fixés a vingt sols par jour du dix-huit brumaire jusque et compris ce jourd’hui, lesquels lui seront payés par ledit citoyen Laclos dans le cas où elle feroit la réclamation. Signé : Parnet, Yonck, P. Choderlos, Devos, Laclos, Jean Lacoste, juge de paix, et Sarasin, secrétaire-greffier.

Pour expédition conforme a la minute etant au greffe delivrée par nous, secrétaire-greffier de Paix, susdit et soussigné le treize nivose de l’an second de la Republique Françoise une et indivisible.

Sarrazin, secrétaire-greffier.

XVIIIo

Au quartier général de Tarente, 15 fructidor an XI.
Général, premier consul,

Je profite de quelques instants qui me restent encore à vivre pour dicter les derniers vœux de mon cœur. Je désire, Général, premier consul, qu’ils vous soient connus.

Le bonheur de ma patrie, le succès de vos armes, le sort de ma malheureuse famille, voilà ce qui m’occupe au moment où tout va finir pour moi.

La triste position de mon épouse et de mes trois enfants que je laisse absolument sans ressources, m’afflige ; mais l’espoir dans lequel je suis que vous les secourrez me fait mourir plus tranquille. Cette consolante idée, qui me ranime un instant, me donne encore la force de vous assurer de toute la sincérité du dévouement et de l’admiration que j’ai eus et que je conserverai pour vous jusqu’à mon dernier soupir.

J’ai l’honneur[16]

XIXo

Armes de la famille du général Choderlos de Laclos.

Chef. — Neuf guillettes d’argent sur un fond d’azur.

Écusson. — Sur un fond d’argent, deux lances de sable en sautoir. Les flammes de gueules.

Supports. — Deux sauvages appuyés sur leur lance.

Devise. — « Prodeo et rege ».

Le tout surmonté d’un casque (antique)[17].


  1. Archives Nationales, Ft 4686.
  2. Il faut lire Poquet ainsi qu’on peut le voir par la requête adressée par cette femme lorsqu’elle quitta le service de Mme Laclos (Cf. Doc., no XVIIo).
  3. Ces mots rejetés au bas de la 5e colonne.
  4. Première pièce de la liasse.
  5. Deuxième pièce de la liasse.
  6. Troisième pièce de la liasse.
  7. Quatrième pièce de la liasse.
  8. Cinquième pièce de la liasse.
  9. Cinquième pièce (bis) de la liasse. (Il y a eu erreur de numérotation par le greffier.)
  10. Sixième de la liasse.
  11. Septième de la liasse.
  12. Huitième de la liasse.
  13. Neuvième de la liasse.
  14. Dixième et dernière de la liasse.
  15. Une requête conçue dans les mêmes termes se trouve également dans ce dossier. Elle porte la date du 1er nivôse. Ces deux pièces sont de la main de Mme Laclos.
  16. Publiée par le capitaine d’artillerie Patrice Mahon dans un article de la Sabretache (no 100, 30 avril 1901). Les services de Choderlos de Laclos (1792-1803).
  17. Bibliothèque Nationale, Ms. Fr. 12.845.

    Ce manuscrit, formé de 143 feuillets, comprend en outre :

    Fol. 2. Poésies. Des beaux esprits je hais la vanité…

    Fol. 6. La procession.

    Fol. 10. Les désirs contrariés.

    Fol. 12 et passim. Correspondance entre Mme Riccoboni et Choderlos de Laclos. Lettre de M. Duchastellier.

    Fol. 18. Épître à Mme la marquise de Montalembert.

    Fol. 22. Épître à la Mort.

    Fol. 35. Manuscrit autographe des Liaisons dangereuses. [Ne paraît pas avoir servi pour l’impression et contient des variantes et quelques fragments inédits de peu d’importance]. Le traité pour l’édition avec Durand, libraire (1782), y est joint.

    Fol. 128. Lettre d’Alexandre Pieyre sur Laclos et son ouvrage.

    Fol. 130. Lettre de Mme Vve Laclos à M. Pieyre.

    Fol. 131. Lettres du fils Ch. de Laclos aux auteurs de la Biographie, sur Lacretelle [polémique relative au rôle de Laclos pendant la Révolution] et les Liaisons dangereuses.

    Fol. 139. « Notice sur le général de La Clos », par E. Pariset (Moniteur du 13 décembre 1803), etc…