De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour/2

Editions du chat qui pelote (p. 33-58).

II

DE LA PÉDICATION

Où il est particulièrement question de ce que l’on nomme
aujourd’hui « pédérastie » tant active que passive.

Voilà ce que nous avions à dire de la futution. Nous allons maintenant faire l’exposé d’un baiser d’un autre genre, que la mentule opère avec l’aide du culus. Celui qui fait son affaire en introduisant sa mentule dans le culus, soit d’un homme, soit d’une femme, pédique. Celui qui pédique est dit pédiquant, pédicon, drauque ; celui qui est pédiqué, patient, cinède, chattemitte, mignon, efféminé ; le patient d’un certain âge ou qui a fait son temps de service est dit exolète.

Comme les femmes sont pédiquées plus rarement que les hommes, on a coutume d’appeler ce baiser « le baiser masculin ». Il se satisfait, soit activement — c’est le baiser des pédicons — soit passivement — c’est celui des patients. Il est facile de comprendre que le pédicon éprouve de la jouissance, puisque celle-ci dépend tout entière du frottement de la mentule ; mais comment se fait-il que le patient prenne du plaisir à l’introduction d’un membre roide dans ses propres entrailles ? Voilà qui me semble difficile à comprendre. Il est vrai que je suis affligé d’une certaine étroitesse d’esprit et que je suis totalement ignorant de pareils procédés, auxquels je reste étranger. Gardez-vous en effet de croire que la jouissance du patient n’est pas de première qualité, et qu’il ne se prostitue au pédicon que pour préluder au légitime jeu du baiser, dans lequel il pédiquera à son tour ; ne croyez pas davantage qu’il remédie, dans la mesure du possible, à l’inertie de sa propre mentule, en considérant la vigueur d’un autre nerf ou bien en se faisant chatouiller le podex. Antoni Beccadelli nous apprend que ce résultat peut être obtenu par l’introduction profonde du doigt dans l’anus.

« Ta mentule est roide, Quinctus, pour les femmes que tu n’aimes pas ; pour celle qui te plaît, tu ne peux bander. Celui qui veut pouvoir n’a qu’à s’introduire les doigts dans l’anus ; ainsi, dit-on, Pâris en usait avec Hélène. »

Pétrone nous raconte aussi qu’Enothée enfonça un pénis de cuir dans l’anus d’Eucolpe pour surexciter le nerf du garçon. Enothée, dit-il, exhibe un engin de cuir, aux contours enduits d’huile, de poivre en poudre, de graine d’ortie pilée, et me l’introduit peu à peu dans l’anus.

Mieux encore, Aloisia Sigéa recommande les coups de verges appliqués sur l’anus ;

« Il y a parmi nous un certain marquis Alphonse que les coups de fouet excitent à la lutte amoureuse, pour laquelle il reste, sans cela, inerte et impuissant. Il se fait meurtrir les fesses à coups de verges qu’il reçoit sans broncher : cependant sa femme s’étale sur le dos, prête au baiser. À mesure que les coups pleuvent, il bande, et plus ils sont violents, plus ardente est son érection. Dès qu’il voit son arme prête, il se jette sur sa femme couchée, lui imprime des mouvements désordonnés, la met en rut, l’arrose enfin des dons célestes de Vénus, et la comble de toutes les jouissances qui sont le privilège du baiser. »

Encore aujourd’hui, dans les lupanars de Londres, il ne manque pas d’individus chargés d’appliquer les verges à ceux qui le désirent, au témoignage de l’auteur de la « Gynéologie », ouvrage allemand.

C’est le même moyen qu’avait imaginé l’ingénieuse mentule de Rousseau le Génevois qui, tout enfant, criait sous les coups de fouet appliqués sur ses fesses par Mademoiselle Lambercier et qui, tout le reste de sa vie, souhaita éperdûment ce châtiment. Voici comment il raconte ce joyeux épisode, avec une élégance coutumière. Ces lignes sont extraites des « Confessions » :

« Comme Mademoiselle Lambercier avait pour nous l’affection d’une mère, elle en avait aussi l’autorité et la portait quelquefois jusqu’à nous infliger la punition des enfants, quand nous l’avions méritée. Assez longtemps elle s’en tint à la menace, et cette menace d’un châtiment tout nouveau pour moi me semblait très effrayante ; mais après l’exécution je le trouvai moins terrible à l’épreuve que l’attente ne l’avait été, et ce qu’il y a de plus bizarre est que ce châtiment m’affectionna davantage encore à celle qui me l’avait imposé. Il fallait même toute la vérité de cette affection et toute ma douceur naturelle pour m’empêcher de chercher le retour du même traitement en le méritant : car j’avais trouvé dans la douleur, dans la honte même, un mélange de sensualité qui m’avait laissé plus de désir que de crainte de l’éprouver derechef par la même main. Qui croirait que ce châtiment d’un enfant reçu à huit ans par la main d’une fille de trente, a décidé de mes goûts, de mes désirs, de mes passions, de moi, pour le reste de ma vie ? Tourmenté longtemps, sans savoir de quoi, je dévorais d’un œil ardent les belles personnes, mon imagination me les rappelait sans cesse, uniquement pour les mettre en œuvre à ma mode, et en faire autant de demoiselles Lambercier. N’imaginant que ce que j’avais senti, je ne savais porter mes désirs que vers l’espèce de volupté qui m’était connue. Dans mes sottes fantaisies, dans mes érotiques fureurs, dans les actes extravagants auxquels elles me portaient quelquefois, j’empruntais imaginairement le secours de l’autre sexe, sans penser jamais qu’il fut propre à nul autre usage qu’à celui que je brûlais d’en tirer. Mais quand enfin le progrès des ans m’eut fait homme, mon ancien goût d’enfant s’associa tellement à l’autre, que je ne pus jamais l’écarter des désirs allumés par mes sens, et cette folie, jointe à ma timidité naturelle, m’a toujours rendu très peu entreprenant près des femmes ; faute d’oser tout dire ou de pouvoir tout faire, l’espèce de jouissance dont l’autre n’était pour moi que le dernier terme, ne pouvant être usurpée par celui qui la désire, ni devinée par celle qui peut l’accorder. J’ai ainsi passé ma vie à convoiter et me taire auprès des personnes que j’aimais le plus. N’osant jamais déclarer mon goût, je l’amusais du moins par des rapports qui m’en conservaient l’idée. On peut juger de ce qu’ont pu me coûter de semblables aveux sur ce que, dans tout le cours de ma vie, emporté quelquefois près de celles que j’aimais par les fureurs d’une passion qui m’ôtait la facilité de voir, d’entendre, hors de sens, et saisi d’un tremblement convulsif dans tout mon corps, jamais je n’ai pu prendre sur moi de leur déclarer ma folie, et d’implorer d’elles dans la plus intime familiarité la seule faveur qui manquait aux autres. Cela ne m’est jamais arrivé qu’une fois dans l’enfance, avec une enfant de mon âge, encore fut-ce elle qui en fit la première proposition. »

Reprenons maintenant notre sujet au point où nous l’avons quitté. Si nous ne pouvons concevoir que la jouissance du patient, par l’intermédiaire du podex, aille à la mentule, nous devons plutôt nous résoudre à penser que les patients ressentent dans le podex même une démangeaison analogue à celle que d’autres éprouvent dans les parties sexuelles, et que dans l’anus se cache la source d’une jouissance spéciale, inconnue aux profanes. Martial porte un témoignage très net de l’existence de cette démangeaison dans le podex :

« Carinus n’a plus une seule trace de son podex fendu jusqu’au nombril, et pourtant il ressent des chatouillements jusqu’au nombril. De quelle rage est donc tourmenté ce misérable ! Il n’a plus de culus, et cependant il est cinède. »

Pour apaiser les chatouillements du podex, les habitants de Siphnos (Siphnos est une des Cyclades) avaient pris l’habitude d’enfoncer le doigt dans cet organe ; de là vient que les Grecs désignèrent par le mot siphnianiser ce nouveau genre de volupté. Suidas dit nettement : « Siphnianiser », chatouiller les fesses du doigt. »

C’est une démangeaison du même genre qui s’empara de Tullia, à en croire son propre récit ; dans les « Sigea » :

« Comme je ne réussissais pas à les convaincre, j’obéis à leur rage. Aloisius se penche sur mes fesses ; il approche son pieu de la porte de derrière, pousse, enfonce, et d’un dernier effort pénètre. Je fis entendre un gémissement. Mais aussitôt il retire son dard de la caverne pour le plonger dans ma vulve, et il arrose d’une semence épaisse le sillon lubrique du ventre. Dès qu’il a fait son affaire, Marius s’avance vers le même chemin. D’un mouvement prompt il lance sa pique et ne tarde pas à la plonger dans la place. Il opéra pendant un instant et, ce que je n’aurais pas cru, me causa une sorte de démangeaison, une jouissance enfiévrée qui me laisse croire que je n’aurais pas grand peine à m’accoutumer à la chose, si je le voulais. »

Cœlius Rhodiginus confirme encore l’existence de ce chatouillement du podex ; n’écrit-il pas dans ses « Lectures anciennes :

« Nous savons que les cinèdes ressentent une immense jouissance, pendant qu’ils se font ignoblement frotter. »

Il en donne même une raison — juste ou controuvée, aux médecins de le décider.

« Chez ceux dont les canaux (qui conduisent la semence génitale) ne sont pas en état normal, soit que ceux qui conduisent vers la verge soit obstrués, accident fréquent chez les eunuques et autres gens de cette espèce, soit encore pour d’autres raisons, le sperme afflue vers l’anus. Pour peu qu’ils secrètent en abondance de la semence génitale, il se produit à cet endroit un afflux considérable. Aussi lorsque leur désir de jouissance sexuelle est excité, cette partie du corps où s’amasse la sécrétion réclame un frottement énergique. Voilà pourquoi ceux chez qui le sperme se porte à l’anus aspirent uniquement à être des patients. »

Quoi qu’il en soit, rien n’est plus certain que la jouissance ressentie par les patients. Ceux de la Rome ancienne éprouvaient une telle volupté à se faire introduire une verge dans le derrière qu’il ne pouvaient apercevoir une grosse mentule sans avoir l’écume aux lèvres ; ils en arrivaient même à donner leur dernier sou pour jouir des faveurs des jeunes gens bien pourvus ; Juvénal, nous l’affirme, sans ambages :

« Les hommes sont le jouet de la fatalité, qui étend même son empire sur les parties les plus cachées. Si les astres vous sont contraires, vous perdrez votre temps à exhiber un nerf d’une longueur et d’une grosseur rares ; en vain Virron, l’écume aux lèvres, vous apercevra tout nu. »

De même, Martial :

« Vous demandez quels motifs j’ai de soupçonner un homme d’être efféminé. Nous nous baignons ensemble ; jamais ses yeux ne regardent en haut, mais il dévore des yeux les drauques, et il ne peut voir de mentule sans que ses lèvres travaillent. »

Et ailleurs aussi.

« Bien que souvent, Hyllus, il ne reste dans tes coffres qu’un denier, et plus usé encore que ton culus, ce ne sera pas au boulanger ni au cabaretier que tu le porteras, mais à quelque jeune homme pourvu d’une superbe verge. Ton pauvre ventre contemple les festins de ton culus : le premier est toujours à jeun, le second ne cesse de dévorer. »

Mais quoi ? Les établissements de bains résonnaient du bruit des applaudissements, quand il entrait des gens mieux membrés que le commun. Sur ce point les témoignages de Martial et de Juvénal ne laissent pas de place au doute.

« Quand tu entendras, Flaccus, des applaudissements dans un établissement de bains, sache qu’il vient de s’y montrer la mentule de Morion. »

« Dès qu’il entre dans les bains, c’est lui seul qu’on regarde, et tous l’admirent. »

Ce n’est point d’ailleurs sans quelques préparations que les patients remplissaient leurs fonctions. Leur doctrine se résumait en deux principaux préceptes : ils devaient d’abord s’épiler, et puis cevere (remuer les cuisses et les fesses).

Le premier soin des patients était donc de s’épiler sur tout le corps. Ils s’épilaient les lèvres, les bras, la poitrine, les jambes, les parties sexuelles, mais surtout ils débarrassaient de toute toison l’autel de leur volupté, le podex ; mais ils ne touchaient pas à leur chevelure qu’ils soignaient au contraire avec soin, parce qu’elle était considérée comme un motif de séduction.

Martial revient fréquemment sur cette épilation :

« En épilant ta poitrine, tes jambes, tes bras, en ne laissant croître autour de ta mentule que de rares poils, Labienus, tu donnes des gages à ta maîtresse, qui l’ignore ? Mais pour lui, Labienus, épiles-tu ton culus ? »

Et ailleurs :

« Chrestus, toi qui portes les bourses épilées, une mentule pareille au cou d’un vautour, toi dont la tête est plus chauve que le culus d’un mignon, dont les jambes n’ont plus un seul poil ; qui ébarbes à chaque instant avec des pinces tes lèvres glabres, tu parles comme les Curius, les Camille, les Quinctius, les Numa, les Ancus et tous les personnages barbus que nous connaissons, tu fais entendre de graves paroles menaçantes et tu fulmines contre les théâtres et le siècle. Mais sur ces entrefaites survient-il un drauque, tu lui fais un signe et tu l’emmènes. »

Ailleurs encore :

« Rien n’est plus usé que le manteau d’Hédylus. Et pourtant si, il est une chose plus usée que le manteau d’Hédylus, il en conviendra lui-même, c’est son culus. »

C’est dans le même sens que Martial encore parle du culus d’Hyllus, plus usé que le dernier denier d’un malheureux ; que Suétone parle du corps épilé d’Othon, un patient lui aussi ; et que Catulle dit de Vibennius le jeune.

« Tu ne peux vendre pour un sou tes fesses épilées. »

C’est encore pourquoi Galba pria Icelus de s’épiler avant qu’il ne l’emmenât avec lui ; Suétone ne nous le cache point :

« Il était très porté au baiser mâle, mais il préférait les patients robustes et même ayant fait un long service. On rapporte qu’en Espagne Icelus, un de ses anciens amants, étant venu lui apporter la nouvelle de la mort de Néron, non seulement il le reçut en l’embrassant à pleine bouche devant tous, mais il le pria de s’épiler sur le champ et l’emmena avec lui. »

Certains s’épilaient le podex, tout en ayant soin d’étaler un front hirsute et une barbe hérissée, pour singer la gravité des anciens philosophes ; Martial, Juvenal et Perse sont très nets à cet égard :

« Tu parles de Démocrite, de Zénon, de l’énigmatique Platon et de tous ceux qui sont représentés avec des barbes hirsutes, tout comme si tu étais le successeur et l’héritier de Pythagore. Tu portes bien au menton une barbe aussi touffue. Mais ce membre si lent à s’émouvoir chez les vieux boucs, si laid chez l’homme velu, tu aimes à le sentir bien roide dans ton anus d’efféminé. »

« On ne peut se fier au visage. Quel quartier en effet ne regorge de cynique à face grave ? Tu flagelles l’obscénité, toi, le plus infâme cloaque des cinèdes de la bande socratique. Tes membres se hérissent de poils, il est vrai, et tes bras couverts de crins durs annoncent une âme énergique ; mais à ton anus lisse, le médecin coupe en riant les excroissances enflées. »

« Tu peignes, tu parfumes ta barbe au menton. Pourquoi gardes-tu épilées tes parties sexuelles ? »

Voilà pourquoi Martial recommande à Charidemus d’épiler ses fesses, afin de ressembler à un patient plutôt qu’à un fellateur :

« Parce que tu as les jambes hérissées de poils et la poitrine velue, tu crois, Charidemus, donner le change à l’opinion. Crois-moi, arrache les poils de tout ton corps et prouve par témoins que tu épiles tes fesses. Pourquoi ? dis-tu. Tu sais que bien des gens jasent beaucoup sur ton compte. Fais en sorte, Charidemus, qu’ils te prennent pour un patient. »

Il n’y avait pas que les patients qui s’épilaient, mais encore tous ceux qui menaient une existence désœuvrée et efféminée ; Quintilien nous apporte dans son « Institution oratoire » :

« Bien que les manies de s’épiler, de se couper les cheveux par étages et de boire avec excès dans les établissements de bains aient gagné la ville, ce ne sont point à proprement parler des usages, car rien de tout cela n’est à l’abri du blâme. »

Du reste épiler les aisselles paraissait nécessaire aux soins du corps, et Senèque nous dit :

« L’un se soigne, l’autre se néglige plus que de raison ; le premier s’épile jusqu’aux jambes, le second ne s’épile pas même les aisselles. »

Ce même Quintilien trouvait, par ailleurs, fort convenable le bain des femmes pris en commun avec des hommes ;

« Si c’est un signe d’adultère, écrit-il, pour une femme de se baigner en compagnie d’hommes complètement nus, c’en sera aussi que de manger avec des jeunes gens. Sans doute encore peut-on dire qu’un corps épilé, une allure nonchalante, une robe de femme sont chez un homme les signes d’une dépravation. »

Martial, à plusieurs reprises, constate sans les flétrir outre mesure, l’habitude que manifestent certains hommes à user de raffinements féminins ;

« Vois-tu, dit-il, cet homme au premier rang ; sa chevelure pommadée exhale l’odeur de toutes les essences que distille le parfumeur de ces dames, et, ses bras épilés luisent… Et cet autre bien frisé offre des jambes démunies de tout poil. »

Suétone relate que le puissant Jules César, amoureux de pareils procédés « était très exigeant pour les soins de son corps, qu’il se faisait tondre à la pince, raser et épiler.

La mode était du reste bien portée, car dans le mobilier de l’empereur Commode on « trouva des vases précieux, où l’on faisait fondre la résine et la poix destinées à épiler et à lisser la peau des mignons. »

Ces vases furent du reste vendus aux enchères publiques.

Les onguents destinés à l’épilation se nommaient le « dropax » ou le « psilothrum » ; et, provenaient de résines solubles dans l’huile : tous les manuels de médecine en fournissaient la formule, et, son application était si générale qu’à l’époque de Juvenal, toute la jeunesse se promenait comme « enduite de résine ».

L’opération n’était cependant pas toujours commode. Pirse raconta qu’il fallait quelquefois « cinq robustes gaillards pour épiler les parties sexuelles d’un homme, lui arracher toutes ces herbes, malaxer ses fesses bouillies avec une pince crochue, car cette forêt de poils était de force à résister à toute charrue. »

Les pinces se dénommaient aussi « forceps ». Quand aux « fesses bouillies » ainsi appelées parce qu’elles présentaient comme un aspect de viande cuite, cela était du à l’application du « dropax » ou onguent très chaud.

Ausone en parle aussi.

« Tu polis ton engin, explique-t-il, avec du « dropax » chaud parce qu’un membre épilé exute les louves sans poils. Mais de ton anus bouilli tu arraches les herbes, et, tu épiles avec de la pierre ponce, tes « clazomènes » travaillées au marteau. Allons, tu prétends au vice masculin, femme par derrière, homme par devant. »

On appelait ainsi « clazomènes » les fesses broyées, déchirées, lézardées, comme celles de ce pédéraste passif, Garinus, dont Martial signale le « podex » déchiré à la suite d’intrusions trop fréquentes.

Il y avait des pédérastes ingénieux qui employaient les femmes pour s’épiler, on donnait à ces complaisantes le nom « d’ustricules » c’est-à-dire qu’elles passaient comme au feu, au « dropax » chaud, les cuisses de l’homme et son cul.

Un de leurs clients célèbres ne fut autre que l’empereur Auguste, qui selon Suétone « se faisait brûler le poil des jambes avec de l’écorce de noix brûlante, afin de le faire pousser plus doux. »

Les femmes, du reste, s’épilaient aussi : les courtisanes, dans Aritosphane, présentent toujours un pubis bien net, et un cul sans duvet. Car cela fait bander les hommes.

Même au dire de Martial, « s’épilaient les putains de remparts à l’aide d’un vieux pot rempli d’une résine infecte. » Et, les femmes mariées considéraient, en Grèce, qu’un « cunnus » épilé est capable de faire bander même les maris.

Celles, déjà âgées, tentaient de retrouver une juvénile apparence en épilant leur « cunnus » aux poils trop hérissés. Vain effort, leur criait, Martial.

« À quoi bon, Ligella, épiler ton vieux cunnus ? À quoi bon tourmenter les cendres d’un foyer éteint ? De tels raffinements conviennent aux seules jeunes filles. Tu te trompes si tu t’imagines que ton cunnus puisse encore intéresser quelque mentule. »

Souvent, par réciprocité, les femmes confiaient aux hommes le soin de les épiler : aucun pubis ne reste secret, s’indignait Pline, et, l’empereur Dioclétien lui-même, aimait à épiler ses concubines, avant de s’en aller baigner au milieu des plus viles putains.

De même Héliogabale qui avait toujours des femmes dans ses bains. « Il leur faisait la toilette avec de l’onguent dit psilothrum, qu’il employait ensuite pour sa barbe, se servant naturellement du même dont il s’était déjà servi pour les femmes. Il faisait aussi de sa propre main la barbe aux parties viriles de ses mignons, et, avec le même rasoir il se rasait ensuite, » afin de ne rien perdre de l’odeur recueillie.

Tous les empereurs romains passent du reste pour avoir épilé leurs cinèdes : quelques-uns, par surcroît, leur frottaient la figure avec du pain mouillé pour leur procurer une peau d’un blanc plus brillant, ou éviter la poussée de la barbe.

Les femmes pour plaire usaient, aussi de ce procédé, et, d’autres bien plus coûteux.

Écoutons ce que Juvénal dit, d’une matrone : « En voyant cette face enduite et bassinée de tant de préparations diverses, couverte d’un cataplasme tout humide, on se demande si c’est un visage ou un ulcère. Elle découvre enfin la figure et enlève la première couche. Alors, elle se lotionne d’une telle quantité de lait qu’elle serait obligée de se faire suivre d’un troupeau d’ânesses, si jamais elle était exilée vers le pôle hyperboréen.

On employait aussi des couches de craie : ainsi Pétrone parle d’un pédéraste, qui besognait depuis longtemps et en vain l’engin raccorni d’un camarade sans puissance. « Vois-le : sur son front baigné de sueur coulent des ruisseaux de fard : dans les rides de ses yeux il y a une couche si épaisse de craie qu’on dirait un mur décrépi rongé par la pluie. »

Et ne quittons pas l’épilation sans noter que parfois, l’épilation était employée comme supplice.

Ainsi aux hommes pris sur le fait d’adultère, on leur enfonçait dans le cul un radis noir ou un poisson, on le leur épilait, et, on l’arrosait ensuite de cendres chaudes.

Ce châtiment au moins, dans sa première partie, pouvait être considéré comme une agréable sensation, sinon par tous, du moins par beaucoup.

N’insistons pas trop, et, réfléchissons maintenant sur le deuxième point de la profession du pédéraste patient, qui est de savoir « cevere ». Cevere, c’est remuer les fesses, les agiter en se tortillant, dans l’action pour que le baiser soit plus doux à soi-même et au pédicon, en un mot, faire les mêmes mouvements que les femmes pour la futution. Savoir remuer les fesses tout est là. Aussi Pétrone compte-t-il parmi les qualités des patients la légèreté des cuisses et l’agilité des fesses.

« Accourez tous, cinèdes allongez les jambes, volez mignons à la cuisse souple, à la croupe mobile, aux mains lascives.

Et, un romain enculant un jeune garçon inexpérimenté lui crie : « Allons, remue les fesses. — Ainsi ferai-je, répond l’autre, si tu me le dis en un seul mot. — Et le premier de reprendre : « Eh ! bien Ceve. Je l’ai dit ce seul mot : maintenant remue-les.

Naturellement, on enculait aussi les femmes. Ainsi le raconte Apulée :

« Tandis que nous bavardons avec Fotis la courtisane, le désir s’empare de l’un et de l’autre et pénètre tout notre être ; nous rejetons vite tout voile, et, complètement nus nous nous enivrons du baiser. Mais comme je ressentais quelque lassitude Fotis de son propre mouvement, m’offrit le petit trou, qu’on demande aux garçons. » « Toute la nuit avoue Martial, j’ai possédé une jeune fille lascive que nulle ne peut surpasser en folies d’amour. Après m’être fatigué dans mille postures, je lui ai demandé de me servir de petit garçon ; avant même que j’aie eu le temps de l’en prier, et dès le premier mot, elle m’a satisfait. »

Et il reproche à sa femme de lui refuser l’enculage alors que « Junon consentait bien à servir de petit garçon à Jupiter. »

Du reste, de manière à peu près générale les femmes grecques suivant Ausone « se faisaient besogner par devant et par derrière. » Les grecs en effet, admirateurs des belles fesses, éprouvaient de grandes jouissances à entrer dans les femmes par la porte de derrière. Ils avaient même institué des concours publics sur la beauté des fesses. On raconte à ce propos la légende suivante. Un syracusain avait deux belles filles qui entre elles disputaient sur la valeur de leurs fesses. Un jour, elles se rendent sur la route et montrent leurs fesses à un jeune homme : celui-ci préfère les fesses de l’aînée. Mais le lendemain les fesses de la cadette, qui étaient aussi fort belles séduisent le propre frère du jeune homme. Et tout le monde fut heureux, et, les deux filles reçurent le nom de Kallipyges ou Belles Fesses ; et par reconnaissance elles firent élever un temple à Vénus, qui devint ainsi la déesse aux belles fesses.

Les grecques donc, au moins celles munies de belles fesses aimaient à servir de garçons aux hommes : une belle fille priée par le roi Demetrius de lui céder ses fesses pour un prix respectable accepta en disant : « Fils d’Agamemnon, c’est bien ton tour de voir des fesses, toi qui fais voir les tiennes. »

Une petite courtisane qu’un chaudronnier se vantait d’avoir cinq fois enculée répondit à son petit ami qui lui en faisait reproche répondit qu’elle « n’avait pas voulu que ce grossier dégoûtant de crasse et de suie lui touchât les seins et, que pour ce motif, elle avait imaginé de prendre cette posture dans laquelle elle subissait le plus insignifiant contact avec une toute petite partie de ce misérable. »

Les femmes, déjà à cette époque, disposaient d’ingénieuses explications.

Pourtant ce n’était pas sans quelque inconvénient que les femmes consentaient à se laisser enculer : sur ce point écoutons Aloisia, qui s’y connaît en voluptés.

« De fort cuisantes souffrances sont infligées au partenaire qui joue le rôle de patient, et, la plupart du temps, il est pénétré par un trop gros membre, les plus graves maladies peuvent survenir, que toute l’industrie d’Esculape lui-même ne saurait guérir. Les muscles sont déchirés au point que les excréments s’évacuent d’eux-mêmes, malgré le malade. Rien de plus ignoble. J’ai connu des femmes du meilleur rang couvertes d’ulcères pullulants et souffrant si atrocement que deux et même trois ans suffisaient à peine pour les rendre à la santé. Pour moi (c’est Tullia qui parle), les maudits embrassements d’Aloisius et de Fabricius ne m’ont pas laissée complètement indemne. Au début, tandis qu’ils enfonçaient leur pieu, j’ai ressenti une épouvantable douleur ; bientôt l’illusion d’un léger chatouillement soulagea ma peine. Mais dès que je fus rentrée chez moi, la plus violente douleur s’empara de nouveau de mon podex qu’ils avaient mis en lambeaux. Je brûlais d’un prurit ardent ; et tous les soins d’Ursina vinrent péniblement à bout de cette inflammation. Si j’eusse négligé ces blessures, je pouvais périr misérablement. »

Il est maintenant facile de comprendre pourquoi le poète Martial interroge avec malice le philosophe Pannicus :

« Toi qui connais les causes et les mobiles des sectes, dis-moi, Pannicus, se faire percer de part en part, quel dogme est-ce ?

Ce philosophe efféminé, qui avait coutume de parler comme s’il était le successeur et l’héritier de Pythagore, devait en effet connaître les causes des déchirures de fesses et les mobiles des mentules. Il souffrait aussi de la maladie des patients, celui dont nous avons vu Ausone railler les Clazomènes (ou les fesses) travaillées au marteau.

On aimait mieux passer pour un pédicon que pour un patient ; c’est ce qu’explique cette spirituelle épigramme de Martial.

« Charisianus dit, Lupus, que depuis plusieurs jours il ne peut plus pédiquer. Comme ses amis lui en demandaient la raison, il répondit qu’il avait le ventre déchiré. »

L’enculage fut toujours à la mode chez les Grecs et les Romains : le peuple, les grands, les rois surtout brûlaient de cette ardeur spéciale qui les poussait au baiser mâle. Le roi de Macédoine. Philippe fut tué par Pausanias, un pédicon, qui dès les premiers ans de sa puberté avait été violenté et souillé par un Général nommé Allalus lequel l’avait en plus, à la fin d’un repas, livré comme une putain à tous les convives qui à tour de rôle, le possédèrent. Jules César, « qui se transformait en femme pour les hommes, » laissa en Bithynie la fleur de sa puberté aux agissements particuliers du roi Nicomède. L’empereur Auguste, enfant, se prostitua à plusieurs, même à son oncle, et, un grand chef, paya son pucelage, un pucelage simulé du reste, jusqu’à trois cent mille sesterces.

Tibère, assistant à un sacrifice fut séduit par la beauté du servant, et, il le souilla dans le temple même. Les empereurs épousaient même leurs pédicons préférés. Néron, au milieu de tout son troupeau de mignons, choisit un jour Pythagoras et l’épousa selon la mode d’un mariage régulier, même sur le lit nuptial dressé, les époux se possédèrent publiquement et Néron dans ces sortes d’accouplements se plaisait à pousser des cris et des plaintes comme le font les femmes. Il avait épousé également Sporus, un affranchi, dont, au préalable, les testicules avaient été coupés.

Trajan, le vertueux, lui-même, se faisait accompagner d’une troupe de jolis garçons dont il recevait nuit et jour les embrassements. Adrien pleura Antinoüs comme sa femme véritable, et, Héliogabale recevait des baisers dans toutes les cavités de son corps. Pour lui des émissaires recherchaient dans Rome les garçons membrés et les lui amenaient, alors cet empereur complètement, une main agitant son membre, s’agenouillait, et haussait son derrière pour le présenter à l’attaque de ses mignons. Il fut tellement amoureux d’Hicroclès qu’il lui lèchait les parties, et, s’accouplant avec lui, lui criait : « Enfonce ! Enfonce ! » Chez le Grec, Socrate le philosophe, était tellement pédéraste qu’il ordonnait que les jeunes femmes parussent toutes nues dans leurs danses, afin d’exciter davantage les jeunes garçons, non pour elles mais pour eux-mêmes. Le poète Pindare s’endormit dans un gymnase la tête entre les genoux d’un jeune garçon qu’il aimait ; quand on vint pour l’éveiller on s’aperçut qu’il était mort.

De nos temps, pareils évènements se produisent encore. En un mot, et selon Plaute, « on se courbait, beaucoup vers les petits trous ». Les patients s’offraient soit dans la position agenouillée soit dans la position accroupie. Aussi à cause de cette seconde position disait-on souvent, de ceux qui se faisaient enculer qu’ils chiaient : le patient peut, en effet, paraître chier le membre qui, dans un mouvement de va-et-vient, pénètre en lui et se retire. « Regarde-moi, voleur, s’exclame-t-on dans une Priapée et estime le poids de ce membre que tu dois chier. » Virgile est un pédéraste classique. Quant à Ovide il usa des deux amours préférant néanmoins le féminin, car il disait que seul celui-là, « brisait les deux partenaires en faisant décharger de part et d’autre. »

Du reste, il n’était pas difficile de concilier les deux manières.

C’est ainsi que les jeunes filles se voyant négligées de leurs amoureux et les épouses de leurs maris en se bornant à fournir le service du baiser féminin, se laissèrent aller à jouer le rôle de mignons. Les passions en arrivèrent à un tel point de démence que les nouvelles mariées, après les épouses, durent se plier à cette complaisance : alors on quittait un jeune garçon pour entreprendre une jeune fille, les deux sexes se trouvaient confondus en un seul et même corps. Dans les jeux poétiques des anciens, Priape menace tout voleur de légumes qui s’approchera de son pieu de lui prendre de force.

« Ce que, la première nuit de ses noces, la vierge accorde à l’ardeur de son époux, alors que la petite sotte redoute d’être blessée en l’autre fente. »

« Et comme ce fut de tout temps le privilège des poètes et des peintres d’avoir toutes les audaces, nous voyons Valère Martial expliquer que son épouse lui adresse des reproches, attestant qu’elle aussi a des fesses, et cherchant à le détourner de son amour insensé des garçons ? Elle dit que Junon sut plaire de ce côté à Jupiter ; mais le mari ne se laisse pas convaincre, prétendant que le mignon a son rôle, la femme le sien. Et il le lui signifie en ces termes :

« Tu m’adresses de bien durs reproches, ma femme, parce que tu m’as surpris sur un garçon ; et tu répètes que toi aussi tu as un culus. Que de fois Junon en a dit autant au voluptueux maître du tonnerre ! Et pourtant ce dernier n’en couchait pas moins avec l’aimable Ganymède ; et le Tirynthien (Hercule) déposait son arc pour courber l’échine à Hylas. Penses-tu donc que Mégara (femme d’Hercule) n’avait pas de fesses ? Apollon brûlait d’amour pour Daphné qui le fuyait ; cependant l’enfant d’Ebalie (Hyacinthe) lui fit oublier sa flamme. Quoique Briséis se couchât souvent en lui présentant les fesses le descendant d’Eaque (Achille) ne se laissait pas moins tenter par un jeune ami à la peau lisse. Garde-toi donc de donner aux détails de ta personne des noms qui ne conviennent qu’aux mâles ; et imagine-toi bien, ma femme, que tu as deux cunnus. »

« Quand la conduite et la fidélité de ton mari te sont connues ; quand aucune autre femme ne foule ton lit et n’aspire à le faire ; pourquoi être assez sotte pour te tourmenter, comme s’il s’agissait de concubines, d’esclaves avec lequel le baiser est court et passager ? Je pourrais te prouver que ces mignons sont plus utiles à toi qu’à ton mari ; grâce à eux, il n’a pas d’autre femme que toi. Ils lui donnent ce que toi, l’épouse, tu ne veux pas lui donner. — Je le donne aussi, dis-tu, de peur que son amour n’aille vagabonder hors du lit nuptial. — Ce n’est point la même chose : j’aime la figue de Chios, non celle de Marisque. Et pour que tu n’ignores pas ce qu’est la figue de Chios, sache que celle de Marisque est la tienne. Une femme, une matrone doit connaître les fins auxquelles elle sert : laisse aux mignons leurs fonctions, garde la tienne. »

Du reste dans les lupanars et les bouges, sous l’écriteau et sous la lampe on rencontrait des garçons aussi bien que des filles, les premiers ornés de vêtements féminins, et, les secondes arrangées en petits garçons. Parmi les putains nues les jeunes gens se promenaient, et raccrochaient. On prenait le premier cul venu, lorsque « l’engin brûlait, esclave ou servante, plutôt que de se laisser crever sous l’érection. » Horace l’affirme : « la première venue à la clarté d’une lanterne reçoit, toute nue les coups de ma queue en fureur. Orphée pour avoir trop prôné l’accouplement avec les garçons fut déchiré par les femmes furieuses et jalouses. Les amours de garçons florissaient partout en Asie, en Crète, de là en Grèce, même en Afrique. Pour commencer on pénétrait les fesses du doigt. Les Celtes bien que pourvus de fort jolies femmes préféraient les garçons au point de se coucher entre deux mignons. Aloisia en constatant que les Français punissaient ceux qui usaient du baiser par derrière explique pourquoi les peuples du midi leur dénient le goût de la volupté complète ;

« Nous excitons dit-elle, chez nos maris et nos amants le désir de chercher ailleurs un plaisir plus parfait qu’en nous. Les Italiennes et les Espagnoles ont les ouvertures plus larges que nous. Un homme bien membré ne croirait donc pas baiser, mais lancer un javelot dans une piste aussi vaste. Une coquille de Vénus qui laisse facilement pénétrer son hôte atténue la jouissance. La mentule se plaît à être pressée, à être sucée ; si elle se promène au large, elle n’a pas de plaisir. Or, dans la fente plus petite de derrière, elle se trouve plus agréablement. L’entrée en est difficile à la mentule qui veut pénétrer, et lorsqu’elle est entrée, non seulement elle remplit cette partie mais encore elle la déchire. Par suite la piste n’a que la dimension que lui donne le cavalier. La demeure s’accommode au visiteur, à mesure que les muscles se détendent, se relâchent. Au contraire, dès que le conduit d’amour a ouvert son immense fente, il n’y a point d’art, il n’y a point de posture ni de mouvement qui puisse diminuer l’ouverture de la profonde embouchure qui semble insulter dans l’accouplement, à la petitesse de la mentule. De là vient que chez nous il y a beaucoup d’amateurs de la jouissance masculine, tandis qu’il y en a peu chez les Français et les Germains. » — Depuis Aloisia, que les temps sont changés ! — « Car, vers le septentrion les femmes ont une ouverture moins large. Le froid resserre tous les tissus et durcit. Aussi les hommes trouvant, à besogner normalement les femmes, tous les éléments de la jouissance, pourquoi iraient-ils chercher ailleurs ce qu’ils obtiennent dans le sanctuaire. Certainement ceux qui ont chez nous le renom d’avoir un beau magasin d’amour, un gros membre, ne sont ni pedicons ni cinèdes. »

Mais l’habitude ne tarda pas à se répandre même chez les Bataves. De grands généraux y sacrifiaient avec plaisir. Ainsi Gonzalve de Cordoue qui ne pouvait satisfaire qu’avec des petits garçons les « envies violentes qu’il avait au penis. »

Citons avant de clore ce chapitre quelques épigrammes à ce sujet.

« Si tu avais dans le dos autant de queues qu’en absorba ton anus, et, si tu pouvais les porter, tu serais plus fort qu’un bœuf. »

« Ô sentulus, tu es riche, tu possèdes tout, seul ton anus ne t’appartient pas, puisque ô efféminé, tu le donnes à tout le monde. »

Et cette apostrophe à un vieux pédéraste fort laid, nommé Quintus :

« Tu as un rictus semblable au cunnus d’une jument en été. Et ta bouche à la sentir, on croirait flairer un culus, et, un culus est encore plus propre. Si jamais on t’applique un baiser, on risque d’avoir son membre paralysé. Va-t-en donc, au loin, quintus, hideux et puant lupanar.

Qui pourra compter le nombre d’engins que ton podex avide absorba ? Tu supportes publiquement tout ce qu’on fait au sexe d’une femme, et, tu te prostitues dans la ville. Mais celui qui est capable de t’enculer supporterait assurément l’accouplement avec les membres raides des animaux. »

Et cette autre du même genre.

« Qu’il est laid celui que tu veux pédiquer ! En guise de beau nez, il a un tibia rubicond. Sur ses jambes et à l’anus, il porte une épaisse forêt de poils, où pourrait en sûreté se cacher un lièvre ; ses jambes sont sèches comme de la pierre ponce. Ton membre ne voit donc rien que tu prétendes t’accoupler avec ce circoncis. »

Enfin une épitaphe pour un pédéraste défunt : « Passant, si tu as quelque éphèbe à enculer fais-le sur ma tombe, et, plus que par l’encens tu apaiseras mes mânes par ce coït. »

Mais, en conclusion, celui qui encule ou qui suce ne peut plus désapprendre ces voluptés. Une fois qu’on a caressé un garçon, une fois qu’on s’est courbé sur des mâles on ne peut plus s’abstenir de cette opération. Aussi, les pédagogues la comptaient même parmi les premières formes de leur enseignement.

Sur ce point, renseignons-nous auprès de Pacificus Maximus :

« Seul, dit-il, fut cause de mes mœurs le maître lui-même auquel mon père et ma mère, me confièrent. C’était le roi des pédicons, nul de ses élèves n’échappait à ses mains, tellement il était habile, j’ai appris de lui bien des choses ; la plupart je les ai absorbées par le cul, un bon nombre par la bouche. »

Et ce billet de l’ancien élève : « ô mon maître, mon membre est bien plus considérable qu’autrefois ; à cette époque il avait sept pouces, maintenant il en a dix. »

La réponse du maître à Marcus : « Tu ne pouvais venir plus à propos, ni dans un endroit plus propice. Nous ferons ça sous les saules, au milieu des prés verdoyants, à l’abri sous l’épais feuillage d’un arbre. Viens ici, glisse-toi sur ma poitrine, ô toi que je désire jusqu’à la souffrance. »

Assistons à la réception d’un élève : « je t’amène ce garçon, maître, pour qu’il soit collé à ton flanc nuit et jour. Puissent les dieux faire que l’amour de cet enfant te possède si tu le pédiques il deviendra savant. — Sois tranquille, répond le maître, il absorbera bientôt toute ma doctrine. »

Et ayant ainsi parlé « le maître saisit le culus de l’enfant, et l’enfant saisit le membre du maître. »

Enfin, celle-ci, à propos d’un pédéraste dont le membre est resté petit :

« Ma mentule est si petite, je suis si peu favorisé en cette partie, que sans doute je n’en ai jamais eu, ou qu’elle m’est tombée. Je ne peux ni la toucher du doigt, ni l’apercevoir de l’œil, et le destin a été par trop avare de ce bien à mon égard. Je pourrais marcher à ta suite, Cybèle, sans me couper l’engin. Je n’ai pas besoin de tesson, j’étais depuis longtemps un Galle. Et pourtant, chose honteuse à dire, mais il faut dire la vérité, il n’y a pas sur terre un garçon pire que moi. Dès que je l’ai pu, je me suis exercé à desservir la Vénus infâme ; jusque-là la main des pédicons m’avait tiré d’affaire. Mille membres, et des beaux, me pénétrèrent les entrailles, et mon culus était foulé nuit et jour. Si me faire pédiquer eût pu profiter à ma mentule, roidie elle toucherait certainement ma tête ; molle, elle descendrait à mes pieds. Mais cela ne me profita en rien, ne me la fit pas grossir le moins du monde, et peut-être même l’usage excessif l’a-t-il fait dépérir. Tout jeune garçon a un seul désir, que sa mentule grossisse et remplisse bien sa main. Et l’on dit souvent que la tenir à la main lui profite ; c’est même la plus puissante cause du vilain vice. Mais chacun la gardera telle que la nature la lui aura donnée : Elle vous la fera longue ou courte, à son gré. Ne vous fiez pas à vos fesses ; ce sont là des fictions. Nous faisons ces contes, nous les mâles, pour trouver à pédiquer. Que nul de vous n’aille s’amuser à se faire monter dessus comme des bêtes ; et qu’il vous suffise de livrer vos bouches pour les baisers. Voilà ce qui cause les cuissons du culus, les déchirements avec les doigts ; les malheureuses fesses y gagnent des excroissances et des tumeurs. J’en ai vu un à la suite de pareilles pratiques, envahi d’une telle pâleur qu’on aurait cru qu’il avait barbouillé sa face de safran. Ajoutez que de là vient vite l’odeur infecte de bouc sous les aisselles, qu’une barbe fâcheuse fournit des poils extraordinaires, et que souvent en cent endroits la peau se déchire, au point qu’il est besoin de cautériser les fesses pour les réparer. C’est de la même façon que j’ai vu, sous une pluie excessive ou sous un soleil trop chaud, éclater dans leur écorce les pommes de Carthage. »

Mais en voilà assez sur l’enculage. Occupons-nous maintenant du suçage.