Cours d’agriculture (Rozier)/LISERON DES CHAMPS

Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 293-295).


LISERON DES CHAMPS, ou LISET. (Planche VIII) Von Linné le nomme convolvulus arvensis, & le classe dans la pentandrie monogynie. Tournefort le place dans la troisième section de la première classe des herbes à fleurs, d’une seule pièce, en forme de cloche, dont le pistil se change en un fruit sec, & à capsules ; il l’appelle convolvulus arvensis minor, flore roseo.

Fleur. Formée par un tube court, évasé l’extrémité supérieure, à cinq divisions, variant beaucoup pour la couleur, quelquefois pourpre, & le plus souvent couleur de rose, quelquefois blanche. B représente les cinq étamines attachées au pétale, représenté ouvert en C. Le pistil D s’attache, au fond du calice E à cinq divisions.

Fruit. F Capsule à deux loges, représenté en G coupé transversalement, pour laisser voir de quelle manière les graines sphériques, anguleuses H, s’attachent au placenta I.

Feuilles. Lisses, en forme de fer de flèche, aigu de tous côtés ; les pétioles plus courts que les feuilles.

Recine. A. Longue, menue, rampante, peu fibreuse.

Lieu. Le bord des grands chemins, les champs, les jardins. Malheureusement la plante est vivace.

Port. Tiges grêles, foibles, couchées circulairement sur terre, si elles ne trouvent point de support ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles, & leur pédoncule est presque égal à la longueur des feuilles.

Propriétés. M. Tournefort la regarde comme un des meilleurs vulnéraires employés en médecine. Les gens de la campagne brisent les feuilles & les tiges entre deux cailloux, & les appliquent sur les plaies… La dénomination de convolvulus vient de convolere, c’est-à-dire entourer.

Les jardiniers disent que sa racine vient des enfers, parce qu’elle s’enfonce si profondément, qu’on ne peut en trouver le bout. Si on la divise en morceaux, en fouillant la terre, chaque morceau produit une nouvelle plante, & on la propage ainsi à l’infini. Le seul moyen de la détruire est de l’épuiser, en coupant sans cesse les tiges qu’elle pousse, & ce n’est qu’avec le temps & la patience qu’on en vient à bout. Cette plante fleurit pendant l’été, & bien avant encore dans l’automne ; ses graines germent par-tout, même dans les gersures des pierres. Outre que cette plante épuise la terre, elle détruit toutes les plantes de son voisinage ; elle s’entortille à elles par un mouvement opposé à la course du soleil, les serre, les étrangle, & les fait périr.


Le Grand Liseron, ou Liseron Des Haies. Convolvulus sepium. Lin. Il diffère du précédent par sa fleur blanche, & du double plus grande ; par ses feuilles en forme de fer de flèche, mais tronquées par derrière ; par les pédoncules des fleurs de la longueur des pétioles des fleurs ; par deux feuilles florales, en forme de cœur, & plus longues que le calice. On lui attribue les mêmes propriétés qu’au précédent ; la plante est vivace.

Est-ce à cette espèce qu’on doit rapporter le charmant liseron cultivé dans les jardins, & qui s’élève singulièrement haut, lorsqu’on lui donne des tuteurs ? Sa fleur est d’une belle couleur bleue, tirant par nuance sur le pourpre violet. On en forme des tonnelles qui sont bientôt couvertes, des colonnes, des portiques chargés de fleurs qui s’épanouissent le soir, & restent ouvertes jusqu’au lendemain vers les dix heures du matin, & pendant toute la journée si le temps est couvert. Plus le fonds de terre est riche, & plus la plante s’élève ; elle demande de fréquens arrosemens, & la première petite gelée la détruit.


Le Liseron Tricolor, ou À trois couleurs. Convolvulus tricolor. Lin. Ce liseron mérite d’être cultivé dans les jardins où on lui a donné le nom de Belle-de-Jour, parce que la fleur épanouit le matin & se ferme le soir. Ses fleurs ont trois couleurs, le fond en est bleu & blanc, avec des zones jaunes. Le tube de la fleur est alongé, il est seulement bleu à l’extérieur. La fleur est portée par un très-long pédoncule, qui s’élance des aisselles des feuilles ; ses tiges rampent sur terre ; ses feuilles ont la forme d’une spatule, & n’ont point de pétioles. La culture les fait souvent varier. La plante est annuelle & fleurit pendant l’été.

On la seme sur place, dans les premiers jours du printemps. Lorsque le sol est bien préparé, on met trois à quatre graines dans le même trou. Si toutes végètent, on n’en laisse qu’une ou deux, & elles fleurissent en juin & juillet. On peut également les semer en automne, alors la plante fleurit au printemps. Cette plante ne demande aucun soin particulier. La vivacité des couleurs de ses fleurs, offre un joli coup-d’œil. On peut en garnir des plates bandes entières. Cette plante est originaire d’Espagne, & elle est annuelle.


La Soldanelle est encore une espèce de liseron. (Voyez le mot Soldanelle) Il en est ainsi pour le liseron-Jalad, le liseron-Batate, le liseron-Scammoné. (Voyez ces mots.) De plus grands détails sur les liserons, nous meneroient trop loin ; car Von Linné en compte cinquante-trois espèces, dont la connoissance de la plupart est très-inutile aux cultivateurs, ou aux fleuristes, Il ne s’agit point ici d’un dictionnaire de botanique.