Cours d’agriculture (Rozier)/GUIDEAU


GUIDEAU, (Pêche.) L’on se sert rarement du guideau dans les rivières, et son usage devroit être interdit, même dans celles qui sont les plus poissonneuses. Les verveux sont employés plus généralement, et sont préférables en ce qu’ils ne nuisent pas autant à la multiplication et au commerce des poissons, en arrêtant et détruisant les plus petits, et en rendant les gros qui s’y prennent hors d’état d’être conservés ou transportés, parce qu’ils y meurent presque tous avant d’en être retirés.

Le guideau est un filet allongé en forme de chausse, dont l’embouchure, qui est fort évasée et tenue ouverte soit par un châssis d’assemblage, soit par des cerceaux, soit par un goulet, se présente à un courant qui la traverse. Les poissons entrent dans cette longue chausse et se pressent au fond, d’où il est rare qu’on les retire en vie ; les plus petits, froissés par les gros, poussés eux-mêmes par le courant, y sont quelquefois réduits en bouillie. Pour ôter ces poissons de la queue du boyau où ils s’amoncèlent, on délie une corde qui la tient fermée, ou bien on détache un panier d’osier qu’on y adapte. L’échantillon des mailles de ce grand et pernicieux filet, a de l’ampleur vers l’embouchure ; mais il diminue sensiblement en approchant de la pointe, jusqu’à ne plus présenter qu’un ouverture de trois à quatre lignes, en sorte que le frai et les poissons du premier âge ne peuvent en sortir.

Il est inutile d’avertir que les guideaux doivent être amarrés solidement par leur embouchure, à des pieux ou d’autres corps qui ne puissent être ébranlés, et tendus et arrêtés fortement dans leur longueur, afin que le courant ne puisse ni les entraîner, ni les rouler ou les replier (S.)