Cours d’agriculture (Rozier)/COLERET

Marchant (Tome onzièmep. 391-392).


COLERET, (Pêche,) espèce de petite senne que deux hommes traînent au bord de la mer, des lacs ou des étangs, ou par le travers des petites rivières. (Voyez Senne.)

Il y a de grands colerets qui se traînent avec des chevaux, des virevaux ou des bateaux à la rame, ou à la voile ; mais ils ne sont en usage que sur les rivages de la mer, ainsi leur description n’entre pas dans le plan de cet Ouvrage.

Le petit coleret est principalement employé pour la pêche des perches ; ses dimensions ordinaires sont huit à dix brasses de longueur, sur une brasse ou une brasse et demie de chute. Il y a même des colerets qui n’ont à leurs bouts que trois pieds, et même deux pieds et demi de haut, tandis qu’ils ont trois ou quatre brasses de chute dans leur milieu, afin d’y former une espèce de poche qui retienne le poisson. L’échantillon des mailles varie depuis dix jusqu’à quinze lignes ; mais il est presque toujours plus fort au milieu du filet qu’aux extrémités. Le coleret est plombé et flotté, c’est-à-dire qu’il est garni de morceaux de liège dans le haut, et de balles de plomb dans le bas, pour le faire couler bas et le tenir ouvert.

Le nom du coleret lui vient de la manière dont on le traîne ; les deux ralingues ou les deux cordes, qui le soutiennent haut et bas dans toute sa longueur, se rejoignent à quelque distance des extrémités et ne forment plus qu’une seule corde, au bout de laquelle les pêcheurs font une grande boucle ou bretelle qu’ils se passent au cou, pour tirer le coleret, de la même manière que l’on hale les petits bateaux, pour remonter les rivières. Entre les deux cordes, et à peu près au milieu de leur longueur mesurée jusqu’au point de jonction, l’on attache ordinairement un bâton qui les tient écartées.

Pour se servir du colerot, deux pêcheurs le portent dans l’eau, le plus avant qu’ils peuvent, en tenant les bâtons des extrémités le plus haut possible. Ils lui font décrire une portion de cercle, et, lorsqu’en continuant à se rapprocher l’un de l’autre, ils ont fermé le filet, ils le tirent sur la rive pour prendre les poissons qui y sont renfermés.

Chaque coup, ou chaque traînée du filet, se nomme un trait.

Quelquefois deux hommes aident à mettre cet engin dans l’eau, en le soulevant par le milieu, et lorsqu’il est placé, ils battent l’eau avec des perches, en marchant un peu à côté, mais toujours en avant de ceux qui traînent le coleret, afin d’y faire entrer le poisson. Il est aisé de juger que cette pêche ne peut avoir lieu que dans des eaux peu profondes.

Les anciennes ordonnances ont défendu l’usage du coleret ; cette pêche est en effet une des plus nuisibles, puisqu’elle détruit tout ce que le filet rencontre. (S.)