Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5112

Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 310-311).

5112. — À M. DAMILAVILLE.
26 décembre.

Mon frère, renvoyez-moi, je vous prie, mon Moïse[1] et mon canevas de chapitre pour l’histoire, dûment revu par les frères.

Il me paraît que l’afTaire des Calas prend un bon tour dans les esprits. L’élargissement des demoiselles Calas prouve bien que le ministère ne croit point Calas coupable ; c’est beaucoup. Il me paraît impossible à présent que le conseil n’ordonne pas la révision : ce sera un grand coup porté au fanatisme. Ne pourrat-on pas en profiter ? Ne coupera-t-on pas à la fin les têtes de cette hydre ?

Je certifie toujours que je n’ai reçu de frère Thieriot qu’un petit billet du 1er de novembre. Je lui avais demandé la meilleure histoire du Languedoc[2] : car ce Languedoc est un peu le pays du fanatisme, et on pourrait y trouver de bons mémoires. Dieu merci, ce monstre fournit toujours des armes contre lui-même.

Mon cher frère voudrait-il me faire avoir presto, presto, un petit Dictionnaire des Conciles[3], qui a paru, je crois, l’année passée ? Cela cadrerait fort bien avec mon Dictionnaire d’Hérèsies[4]. La théologie m’amuse, la folie de l’esprit humain y est dans toute sa plénitude.

Je voudrais savoir ce que frère Thieriot a fait d’un sermon[5] dont il avait trois exemplaires ; il doit au moins avoir converti trois personnes.

Aimez-moi, mes chers frères ; écr. l’inf…

  1. Voyez lettre 5097.
  2. Lettre 5093.
  3. Le Dictionnaire portatif des Conciles (par Alletz), un volume in-8o, est de 1758.
  4. Ce titre avait été donné au Dictionnaire philosophique par d’Alembert, à la fin de sa lettre du 17 novembre, voyez n° 5088.
  5. Probablement le Sermon du rabbin Akib ; voyez tome XXIV, page 277.