Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5007


5007. — DE MADAME LA MARGRAVE DE BADE-DOURLACH.
À Carlsruhe, le 17 auguste.

Monsieur, votre souvenir est la chose du monde qui me flatte le plus. Vous pouvez ainsi juger avec quelle joie et reconnaissance je reçois les marques que vous voulez bien m’en donner. Le Mémoire[1] que vous m’envoyez, monsieur, ne serait pas sorti de votre plume s’il ne touchait et n’intéressait autant qu’il le fait. Ces infortunés sont heureux, dans leur malheur, que vous vouliez bien prendre leur défense. Personne n’est plus en état que vous, monsieur, de faire percer la vérité au travers des voiles dont la cabale et l’autorité chercheront à la couvrir. Il est bien louable à vous de donner sujet à votre cœur de se signaler autant que votre génie. L’un et l’autre est si parfait que non-seulement nous, mais la postérité la plus reculée ne cessera de vous chérir et de vous admirer. Conservez-moi votre amitié, je vous en conjure, monsieur ; j’ose y prétendre par l’estime très-distinguée avec laquelle j’ai l’honneur d’être, pour toute la vie, monsieur, votre, etc.


Caroline, margrave de Bade-Dourlach.

  1. Sans doute le Mémoire de Donat Calas pour son père, sa mère et son frère ; voyez tome XXIV, page 383.