Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4981


4981. — À M. AUDIBERT[1].
chez mm. tourton et baur, banquiers à paris.
Aux Délices, 26 juillet.

Je n’ai que le temps de vous remercier, monsieur, de toutes vos bontés ; je ne sais comment les reconnaître. Je vois que vous n’avez pas voulu faire à M. de Saint-Tropez la remise dont je vous avais fait l’arbitre. Vous voulez apparemment que cet argent serve pour les pauvres Calas, et vous avez raison. Je ne conçois pas comment on n’a point encore imprimé à Paris les lettres de la mère et du fils, qui montrent la vérité dans tout son jour[2]. Je me flatte qu’à la fin on permettra qu’elles soient publiées. Je passe les jours et les nuits à écrire à tous ceux qui peuvent se servir de leur crédit pour obtenir une justice qui intéresse le genre humain, et qui me parait nécessaire à l’honneur de la France.

Nous avons ici Pierre Calas ; je l’ai interrogé pendant quatre heures ; je frémis et je pleure ; mais il faut agir.

Je vous embrasse tendrement. Votre très-humble obéissant serviteur.

  1. Communiquée par M. Miel, sous-préfet à Ploermel. (B.)
  2. Voyez les Pièces originales, tome XXIV, page 365.