Correspondance de Voltaire/1733/Lettre 325

Correspondance de Voltaire/1733
Correspondance : année 1733GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 334-335).
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325. — Á M. DE MONCRIF[1].
Paris, 15 avril 1733.

Il n’y a que vous au monde qui soyez capable de penser aux affaires des autres, au milieu de tant d’occupations ; comptez que j’en suis pénétré de reconnaissance. Hier l’opéra alla fort bien. J’allai sur la fin savoir comment les choses s’étaient passées, et j’appris de fort bonnes nouvelles. Le public s’attend aux changements du troisième acte. Mais il faudra une musique bien vive et bien saillante. Je ne dois avoir de crédit sur l’esprit de M. le chevalier de B***[2] que par mon tendre dévouement pour lui. Je ne suis point connaisseur en musique ; mais j’ai des oreilles, et je vois quel est le goût du public. J’oserai prier notre aimable chevalier, au nom de ce même public, de joindre un peu de vivacité et de fracas à la douceur, aux grâces, à la galanterie de sa musique. Si le troisième acte fait l’effet brillant qu’il doit faire, j’espère cinquante représentations. Ah ! quel plaisir, quand nous aurons confondu les sots et les malins ! Je suis, dans cette espérance, le plus zélé et le plus tendre de vos serviteurs.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. De Brassac.