Contes, anecdotes et récits canadiens dans le langage du terroir/Le P’tit Taureau Croisé

LE P’TIT TAUREAU CROISÉ




UN brave cultivateur demeurant dans l’un des grands comtés de l’Est désirait, améliorer son stock de bétail qui était devenu fort dégénéré. Il s’en alla trouver un grand éleveur des environs. Celui-ci était un Anglais qui ne parlait pas le français ; Baptiste, lui, ne connaissait pas l’anglais. En revanche, tous les deux se comprenaient bien. À son arrivée, l’éleveur reçut Baptiste avec la plus grande cordialité, en lui demandant des nouvelles de sa famille, et en le félicitant sur sa bonne apparence et l’état merveilleux de sa santé.

Pour répondre à cette politesse, Baptiste se confondit en remerciements, et il finit par cette phrase :

— Ben, j’vas vous dire, j’su’ ben content de voir l’intérêt que vous m’portez, mais c’est pas ça qui m’amène.

Well, Baptiste, all right. Speak out and let me know what you want this morning.

— Ben, v’là c’que c’est, mon bétail est d’assez bonne race, mais depuis quelques années, il s’est détérioré, et j’voudrais ben l’ravigoter un peu. Pour ça, y’m’faudrait un p’tit taureau de bonne race.

That’s all you want ? Why, dear man alive, there’s nothing easier. There are plenty of them in the field yonder. You have only to pick out your choice.

— Ben, y en a un dans l’coin là-bas qui f’rait ben mon affaire, j’pense. Y m’a l’air fringant et il est ben faite.

No good for you.

— Pourquoi ça ?

When I tell you he is no good, I know what I say. I do not want to cheat you. That is why I tell you the beast is no good.

— Encore, ya p’têt’ ben moyen de savoir pourquoi.

Oh ! certainly. It is because the animal is crossed.

— Ah ben ! dans c’cas-là, j’en veux pas !


Écho d’élection :

Au cours d’une campagne électorale dans Montcalm, un orateur échevelé lance la phrase suivante :

« Oui, Messieurs, voilà huit ans que notre adversaire vous représente à Ottawa. Qu’a-t-il fait durant tout ce temps ? Rien du tout. Il n’a pas même été capable de faire poser une rivière navigable dans le comté. Si vous élisez, l’homme respectable que je représente ici ce soir, il en fera mettre trois dans le comté. »

(Applaudissements.)