Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1293

Règne de Philippe IV le Bel (1285-1314)

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[1293]


Le comte d’Armagnac fut forcé de se battre en duel à Gisors, vers la Pentecôte, en présence du roi de France et de ses barons, contre Raimond Bernard, comte de Foix, qu’il avait appelé traître. Mais, à la prière de Robert, comte d’Artois, le roi prit sur lui leur affaire, et les fit retirer du combat qu’ils avaient déjà commencé. Edouard, roi d’Angleterre, cité plusieurs fois et solennellement à la cour du roi de France, au sujet des outrages et méfaits que ses gens avaient commis envers les sujets du roi de France, en Normandie et autres pays, dédaigna d’y comparaître. Son esprit artificieux conçut, pour combler ses iniquités, un dessein plus perfide ; car il manda, dit-on, au roi de France qu’il lui abandonnait tout ce qu’il tenait en fief de lui, pensant qu’il le reconquerrait avec beaucoup d’autres terres par la force des armes, et le posséderait à l’avenir sans être tenu à aucun hommage envers personne. Au mois de juillet, Noyon, ville de France, fut entièrement consumée par le feu, à l’exception des abbayes de Saint-Gilles et de Saint-Barthélémy.

Guillaume, évêque d’Auxerre, mourut, et eut pour successeur Pierre, évêque d’Orléans, auquel succéda dans l’église de cette ville Ferric, fils du duc de Lorraine, qui avait été élu en opposition avec lui à l’évéché d’Auxerre. Henri d’Espagne, que les rois de Sicile avaient retenu prisonnier pendant l’espace de vingt-six ans, s’échappa de prison, et se retira auprès de son neveu Sanche, roi d’Espagne.