Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1286

Règne de Philippe IV le Bel (1285-1314)

◄   1285 1286 1287   ►



[1286]


Alphonse, fils de Pierre roi d’Aragon, succéda au trône de son père ; et Jacques son frère, avec sa mère Constance, s’étant, malgré la défense et les ordres de l’Église romaine, emparé de la Sicile, s’en fit couronner roi. Le pape Honoré confirma par une bulle semblable et avec la même rigueur, contre Alphonse et Jacques, fils de Pierre, roi d’Aragon, et contre Constance, leur mère, la sentence portée contre ledit Pierre roi d’Aragon, par son prédécesseur Martin pontife de Rome. Edouard, roi d’Angleterre, appelé en France, fit hommage au roi de France pour le duché d’Aquitaine et tous les autres domaines qu’il possédait dans le royaume du roi de France. De là, s’étant rendu à Bordeaux, ville métropolitaine du pays de Gascogne, il y tint, le jour de la Nativité du Seigneur, un grand parlement. Ayant en cette ville reçu plusieurs envoyés du royaume d’Aragon, de Sicile et d’Espagne, on craignit qu’il ne méditât quelque entreprise contre le royaume et le roi de France. Cependant il s’efforça auprès d’Alphonse, roi d’Aragon, de faire délivrer le prince de Salerne son parent, pris par les Siciliens, que ledit Alphonse retenait en prison. Au mois de septembre, mourut Matthieu, abbé de Saint-Denis en France, conseiller principal du royaume de France. Il avait fait achever le monastère de sa maison, commencé depuis long-temps, et dont les merveilleux et somptueux travaux avaient été laissés presque à moitié. Il avait fait aussi réparer par de nouveaux murs et de belles constructions et avait enrichi par une grande augmentation dé revenus son abbaye, dont il avait trouvé les affaires et les bâtimens dans le dernier délabrement. Dans la suite, plusieurs moines de ce monastère, imbus de sa doctrine et de sa haute dévotion, furent établis abbés dans différens couvens. Le samedi, veille de Pâques, le pape Honoré étant mort, Nicolas IV, cent quatre-vingt-quinzième pape, gouverna l’Église de Rome.