MON âme, éveille-toi du dangereux sommeil
Qui te pourrait conduire en des nuits éternelles,
Et chassant la vapeur qui couvre tes prunelles,
Ne prends plus désormais l’ombre pour le soleil.

Ne crois plus de tes sens le perfide conseil ;
C’est assez adorer des objets infidèles ;
Servons à l’avenir des beautés immortelles
Que l’on trouve toujours en un état pareil.

Aimons l’Auteur du monde : il est sans inconstance ;
La bonté pour nos vœux n’a point de résistance,
Nous pouvons en secret lui parler nuit et jour ;

Il connait notre ardeur et notre inquiétude,
Et ne reçoit jamais de traits de notre amour
Pour les récompenser de traits d’ingratitude.