N. S. Hardy, Libraire-éditeurs (p. 12-13).


SAINT HUBERT

LE PATRON DES CHASSEURS



…Monseigneur saint Hubert
Et saint Eustache qui fut veneur expert,
Et bien chassant firent à Dieu service

Gaston Phombus.


L’instinct du chasseur à existé chez l’homme, dès les premiers temps, comme nous l’avons dit, en parlant du Chasseur préhistorique.

Les premiers colons français au Canada étaient chasseurs, par nécessité ; s’il en eut été autrement, ils eussent sans doute cultivé la chasse comme amusement, par le seul fait de leur descendance ; les habitants des Gaules, étaient d’ardents veneurs : voici ce qu’en dit Blaze.

« Chasseurs intrépides, les Gaulois célébraient tous les ans la fête de Diane par des sacrifices suivis d’un grand repas. Arrien nous dit que la victime était une brebis, une chèvre, un veau. Nos ancêtres l’achetaient avec le produit d’une taxe qu’ils s’imposaient pendant l’année pour chaque pièce de gibier qu’ils tuaient : le lièvre coûtait deux oboles, au chasseur ; le renard, une drachme ; le cerf, la biche, le chevreuil quatre drachmes. Le père Dom Martin assure que, vers la fin du sixième siècle, les Gaulois célébraient encore les mystères de Diane, sur une montagne des Ardennes, en présence d’une idole colossale et d’un grand renom.

Le Saint diacre Vulfilaïc, semblable à saint Siméon Stylite, fit élever une colonne sur laquelle il demeura fort longtemps, sans autre nourriture qu’un peu de pain et d’eau ; plusieurs fois, il perdit ses ongles par suite du froid qu’il souffrit. Les habitants des Ardennes accoururent de tous côtés pour voir cet homme extraordinaire qui passait ainsi sa vie. Le saint profitait du moment pour les prêcher ; son éloquence porta ses fruits : les chasseurs des Ardennes furent convertis et renversèrent leur idole.[1] Yulfilaïc fit bâtir un monastère à sa place, et le mit sous l’invocation de saint Martin, qui dès lors devint le patron des chasseurs. Dans d’autres cantons, ce fut saint Germain, évêque d’Auxerre.

Saint Germain l’Auxerrois avait coutume de pendre sur un arbre, comme trophée de ses exploits, les têtes et les pattes des animaux qu’il tuait. Cette tradition s’est perpétuée, nous les clouons à nos portes.

Saint Martin et saint Germain avaient détrôné Diane, et saint Hubert les détrôna. Saint Hubert est resté paisible possesseur, et probablement il le restera jusqu’à la consommation des siècles. »

  1. Fleury. Histoire ecclésiastique, tome vii, pag. 53, édition in-4.