Chapelets de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la Sainte Vierge/Sur l’origine du Chapelet de Notre-Seigneur


SUR L’ORIGINE
DU CHAPELET
DE
NOTRE-SEIGNEUR.


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On nomme Chapelet de Notre-Seigneur, celui que l’on récite en l’honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, comme on appelle Chapelet de Notre-Dame, ou Chapelet tout simplement, celui que l’on dit pour honorer les mystères qui ont accompagné la vie de la très-sainte Vierge.

Le Chapelet de Notre-Seigneur se compose de trente-trois Pater, pour rappeler les souvenirs des trente-trois années que Notre-Seigneur a passées sur la terre, afin de nous racheter, nous, pauvres pécheurs, par les mérites infinis de sa passion sainte et de sa mort.

On ajoute aux trente-trois Pater, cinq Ave Maria, pour honorer les cinq plaies dont fut percé le sacré corps de Jésus crucifié.

On récite le Credo, à la fin du Chapelet, en l’honneur des saints apôtres qui ont composé ce symbole de notre foi, où se trouvent, en abrégé, la naissance, la vie et la mort de notre divin Rédempteur.

On a donné à ce Chapelet, le nom de Chapelet des Camaldules, parce qu’il tire son origine d’un célèbre monastère de Toscane, qui porte ce nom, et qui fut fondé par le saint patriarche Romuald. Les moines et les ermites qui l’ont habité depuis, n’ont jamais cessé de porter le nom de Camaldules. Le Chapelet dont nous parlons ne fut institué que 500 ans après la fondation du monastère, et il le fut de la manière que nous allons raconter.


Abrégé de la vie du bienheureux saint Michel, moine, ermite, et fondateur du Chapelet.

Le bienheureux saint Michel, de Florence, naquit vers l’an 1440. Il habitait depuis longtemps le couvent des Camaldules, où il se livrait aux exercices les plus rigoureux de la vie monastique. Il passa les premières années de sa jeunesse en qualité d’ échanson à la cour de Laurent de Médicis, mais son cœur ne tarda pas à être touché par la grâce ; il renonça au siècle et à ses vanités, prit l’habit monastique dans l’ordre de Saint-Romuald, et entra dans le couvent des Camaldules. Là, pénétré de l’Esprit saint et du désir d’atteindre à une plus haute perfection, il obtint de ses supérieurs, après avoir donné les plus grandes preuves, de se condamner à une retraite absolue, à l’exemple des moines les plus pieux et les plus fervents du monastère. Il persévéra pendant vingt années entières, comme le rapporte l’auteur de sa vie, dans l’exercice de ses devoirs, se livrant à toutes sortes de bonnes œuvres convenables à son état ; elles firent remarquer en lui une foule de vertus, et en particulier sa dévotion pour la sainte Vierge, qu’il honorait par la diversité des hommages qu’il se plaisait à lui rendre, des prières qu’il lui adressait, et notamment par la récitation de son Chapelet.

Un jour de l’année 1516, pendant qu’il le récitait avec sa ferveur accoutumée, devant une image de la très-sainte Vierge, il entendit une voix qui lui dit : « Michel, rappelle-toi de moi. » Le saint homme était accoutumé à entendre la voix divine qui se communiquait souvent à lui au milieu de ses plus hautes contemplations ; mais cette fois, il distingua clairement la voix de Jésus qui lui dit ce qu’il désirait. « J’approuve, ajouta-t-il, la touchante dévotion que tu as pour ma très-sainte mère, mais j'exige que les hommes me rendent un culte semblable, pour leur rappeler le souvenir des trente-trois années que j'ai passées vec eux.

Dès ce moment, le bienheureux Michel commença à réciter tous les jours son Chapelet en l'honneur de la vie et de la mort de Notre-Seigneur, de la même manière qu'il avait accoutumé de le dire, pour rendre hommage aux vertus de la très-sainte Vierge.

Telle a été l'origine du Chapelet de Jésus. La dévotion qu'ont eue pour lui, de tout temps, les moines et les ermites Camaldules, leur a valu la permission de les bénir, et le pouvoir de les répandre, tout en se conformant à l'opinion des souverains pontifes, qui ne les donnent qu'afin de raffermir les fidèles dans la foi et la dévotion à Jésus, comme nous le dirons ci-après.


Indulgences accordées par les souverains pontifes Léon X, Grégoire XIII et Benoit XIII, à ceux qui récitent le Chapelet de Notre-Seigneur.

Tous les moines et les ermites des Camaldules imitèrent bientôt l'exemple du bienheureux Michel. Comme lui ils firent des chapelets avec des morceaux de bois de sapin, très-commun aux environs du monastère des Camaldules et que l'on commença à planter à Florence, l'an 1516. On présenta un de ces Chapelets au souverain pontife Léon X. Ce pape, qui avait une très-haute opinion des vertus de Michel, qu'il avait eu occasion de voir dans sa retraite, reçut ce présent avec beaucoup de reconnaissance. Ayant appris, en même temps, comment le Chapelet avait été institué, et quelle en était l'origine, non-seulement il ne se contenta pas de l'approuver, mais pour faire passer cette dévotion parmi les fidèles, il ajouta, à la récitation du Chapelet, quelques indulgences qui furent confirmées dans la suite par les souverains pontifes Grégoire XIII et Sixte V.

L'an 1674, le pape Clément X, dans un bref spécial du 20 du mois de juillet qui commence par ces mots : De salute gregis dominici, confirme l'antique usage qu'avaient les pères ermites et moines Camaldules de bénir de leur autorité privée et de distribuer les Chapelets. Il donna son adhésion et renouvela de nouveau, et pour toujours, les indulgences que les autres souverains pontifes, ses prédécesseurs, avaient déjà accordées aux fidèles qui récitaient le Chapelet. Voici quelles sont ces indulgences :

Indulgence de deux cents ans à celui qui, véritablement contrit, s'étant confessé, ou du moins ayant formé un ferme propos de se confesser, et portant sur lui le Chapelet, le récitera.

Indulgence de cent cinquante ans à celui qui, étant confessé, et ayant communié, portera sur lui le Chapelet et le récitera, les lundis, les mercredis, les vendredis et les jours de fêtes commandées.

Indulgence plénière, avec la rémission de tous les péchés à l'article de la mort, à celui qui, s'étant bien repenti, invoquera du moins de cœur, s'il ne peut le faire de bouche, le saint nom de Jésus, pourvu que, en conservant l'intention de gagner cette indulgence, il ait récité une fois, dans le cours de sa maladie, le Chapelet de Jésus. De plus, indulgence de vingt ans à celui qui, portant avec lui un Chapelet, après avoir invoqué le saint nom de Jésus, examiné sa conscience, et fait un acte de contrition de ses péchés, récitera trois Pater et trois Ave pour l'état prospère de la sainte Église.

Pareillement une indulgence de vingt ans à celui qui, après s'être examiné et confessé, priera Dieu après sa confession, pour la propagation de la foi catholique, l'extirpation de l'hérésie, et l'exaltation de la sainte Église notre mère, etc.

Et une indulgence de dix ans pour celui qui, portant sur soi un Chapelet, récitera trois Pater et trois Ave, toutes les fois qu'il fera une œuvre spirituelle ou temporelle en l'honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ou de la bienheureuse vierge Marie, ou de quelque saint patron, ou au bénéfice du prochain. Celui en outre qui, gardant chez lui un de ces Chapelets, aura pris l'habitude de faire quelques actes de piété, comme on le pratique chez les religieux de quelque ordre approuvé que ce soit, participera à toutes les œuvres pies qui se feront dans cet ordre, pourvu qu'il ait l'intention d'y participer.

Le pape Clément X ajoute encore à toutes les indulgences contenues dans ce bref, une indulgence plénière, une fois par mois, à celui qui aura récité le Chapelet pendant un mois entier, et qui, après avoir fixé un jour selon son choix, se repentira de ses péchés, se confessera, communiera et priera le Seigneur, après sa communion, pour l'exaltation de l'Église notre sainte mère, etc.

Le pape Benoît XIII , dans un décret émané, le 6 avril 1728, de la sainte Congrégation des indulgences, confirme non-seulement les indulgences rapportées plus haut, mais il accorde encore l'indulgence plénière et la rémission de tous les péchés à celui qui, tous les vendredis du mois de mars, se confessera, communiera, et, après avoir médité sur la passion de Jésus-Christ, récitera son Chapelet. Et le même pontife ajoute ailleurs, que toutes les indulgences ci-dessus mentionnées, et chaque indulgence en particulier peut être appliquée, par manière de suffrage, aux âmes du purgatoire. Il déclare, en outre, que ces Chapelets ne pourront être vendus ni prêtés dans l'intention de faire jouir d'autres personnes des indulgences qui y sont attachées ; mais on doit s'en tenir à ce qui est dit dans le décret du pape Alexandre VII, publié le 6 février 1657.

Pour gagner néanmoins les indulgences dont nous venons de parler, il est nécessaire que tous les Chapelets soient bénits par les révérends pères ermites Camaldules, ou par les personnes qui ont obtenu ce pouvoir du souverain pontife, dans les endroits où il n'y a pas de pères Camaldules. Il faut encore, pour mériter ces indulgences, penser, en récitant le Chapelet, aux mystères de la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ.


Privilége accordé par le pape Benoît XIII.

Le souverain pontife Benoît XIII, par un bref tout spécial, accorde au supérieur général de l'ordre des Camaldules la faculté de pouvoir communiquer aux religieux d'un autre ordre, et aux ecclésiastiques séculiers, partout, ubique gentium, où il n'y a pas de moines ou d'ermites Camaldules, les pouvoirs de bénir les chapelets de Notre-Seigneur, et d'ériger des compagnies du Chapelet, avec toutes les indulgences que l'on gagnerait si les chapelets étaient bénits, et les compagnies érigées par les révérends pères Camaldules.


Manière de réciter dévotement le Chapelet de Notre-Seigneur.

Le Chapelet de Notre-Seigneur, institué de la manière que nous avons racontée ci-dessus, est une dévotion des plus agréables à Dieu. Il se divise en quatre parties, qui sont la naissance, la prédication, la mort et la glorification de Jésus, Notre-Seigneur-Rédempteur.

Pour aider un peu l'esprit et le porter au recueillement nécessaire, l'on a assigné un mystère de la vie de Notre-Seigneur à méditer, pendant chaque Pater ou Ave que l'on doit réciter, ou du moins à lire immédiatement auparavant.

Et pour rendre cette prière plus agréable au Seigneur et plus profitable à notre âme, il convient de s'y préparer en faisant des actes de foi, d'espérance, de charité et de contrition qui partent du fond du cœur et non-seulement du bout des lèvres.

On doit remarquer surtout que, pour gagner des indulgences et pour que nos prières, nos vœux et nos soupirs soient entendus et soient agréables à Dieu, il faut être en état de grâce et avoir le cœur libre de toute affection déréglée, ne fût-elle qu'un péché véniel.

De cette manière, nous serons agréables aux yeux de Dieu, qui examinera nos prières, nous consolera et nous bénira. Nous ferons encore bien de réciter la prière : Ange du ciel, etc., à la fin du Chapelet, comme aussi à la fin de tout autre pieux exercice, en le mettant sous la protection de notre ange gardien, afin qu'il offre à Dieu en notre nom, et nous obtienne ce qu'il sait nous être le plus nécessaire au salut de notre âme.


Mais, pour rendre la pratique de ces instructions plus facile, on pourra commencer par la préparation suivante, et, si l'on récite le Chapelet en commun, le supérieur ou celui qui sera désigné pour cela lira la préparation et les mystères au nom de tous les assistants.

Et la fin de chaque pause ou dizaine, on dira le Gloria Patri, ou bien le Requiem æternam, si l'on applique le Chapelet en suffrage pour les fidèles trépassés.