Chansons de route/Jean-Sac-au-dos
JEAN-SAC-AU-DOS
— « Quel est donc ton nom, joyeux drille
Qui pars au « front » leste et dispos,
Rose et joli comme une fille ?
— Je n’ai plus de nom de famille ;
Je n’ai qu’un nom : Jean-Sac-au-dos ! »
— « Ayant du bleuet la nuance,
Au milieu des coquelicots
Tu sembles une fleur immense.
— Je suis fleur du Jardin de France ! »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !
— « Songeant à ta mère chérie
Tu dois avoir le cœur bien gros
Et l’âme tout endolorie ?
— Ma mère à moi, c’est la Patrie ! »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !
— « Je t’ai vu la tête baissée
Au milieu des joyeux propos,
Songeant à quelque délaissée ?…
— C’est Victoire ma fiancée, »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !
— « Guillaume nous nargue et nous jette
Des insultes dans ses journaux ;
Et sa voix est pointue et nette…
— Pas autant que ma baïonnette ! »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !
— « Certes, mon gâs, la France est Celle
Qu’il faut aimer sans nul repos :
Je veux vivre pour La voir belle !
— Moi, je voudrais mourir pour Elle ! »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !
- ↑ La musique d’accompagnement est éditée par G. Ondet, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.