Chanson nouvelle d’un bon soldat, vrai et naturel Français


CHANSON NOUVELLE D’UN BON SOLDAT,
VRAI ET NATUREL FRANÇAIS

1590


Et se chante sur le chant :
En quel bois plus sauvage, etc.


Depuis quinze ans que j’ai suivi la guerre
Et du dieu Mars les superbes étendards,
J’ai recherché les plus braves soldats
Et plus hardis qui soient dessus la terre.

L’honneur français m’a fait prendre les armes
Pour mon vrai roi, mon honneur et ma foi ;
S’il s’en trouve un plus vigilant que moi
Pour cet effet à courir aux alarmes,

Si je n’y vais avec une assurance,
Si je n’y vais d’un courage parfait,
Si je n’y vais de bon cœur en effet,
N’ayez jamais de soldat souvenance.

La France a vu la fleur de mon jeune âge,
Et la vigueur de mon jeune printemps ;
Je suis Français, et pour ce je prétends
Faire service au Roi de bon courage.

Je ne suis point un tyran de Judée,
Je ne suis point soldat de l’union ;
Je suis vassal de Henry de Bourbon,
Et pour lui seul je porte mon épée.

J’ai dans mon cœur la fleur de lys gravée,
J’ai dans mon cœur gravé le nom français ;
J’aimerais mieux mourir cent mille fois
Que de quitter le Roi, ni son armée.


Ce grand Néron, que du Maine on appelle,
Qui veut venger de ses frères la mort,
Va l’Espagnol chercher pour son support,
   Il attend vengeance éternelle.

Lyon, tu es pour certain bien heureuse
D’avoir repris le parti de ton Roi
Et vaillamment déchassé loin de toi
Cette union et Ligue malheureuse.

Bâtards français, tyrans pleins de furie,
Reconnaissez votre Roi maintenant.
Ouvrez les yeux, vous verrez clairement
Que Dieu lui veut conserver sa patrie.

Sus donc, Français, prenons tretous les armes,
Et notre Roi suivons aux fiers combats,
Pour ces Ligueurs espagnols mettre à bas,
Suivons-le donc aux assauts et alarmes.

Que l’Espagnol et le Ligueur damnable
Sentent l’effroi des redoutés Français,
Et que vaincus ils soient à cette fois
Et déchassés comme peste exécrable.

Pour faire fin, crions tretous sans cesse :
Vive le Roi ! ce valeureux Bourbon,
Ce grand Roi, prince de grand renom,
Et lui chantons un hymne d’allégresse.

(Le Roux de Lincy. Chants historiques.)