Cham - Albums du Charivari/Une once de bon sang

Journal le charivari (7p. 7--).

UNE ONCE DE BON SANG
filet
filet
ALBUM
DE 60 CARICATURES

PAR
CHAM
Les dames pouvant aujourd’hui se promener sur les
chemins de fer, sans avoir à redouter les effets des
coups de tampon.

PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55

— Un mobile ! mais je vous vaux bien !

— Toi ? un crapaud de collégien !

— J’ai pas d’épaulettes ni vous non plus.

— Un instant ! J’ai commandé portez armes, mais pas jusque chez vous ! Faut les laisser ici.

— Mon capitaine, j’ai trop chaud dans mon pantalon d’ordonnance.

— Mobile, madame, cela vous va-t-il ?

— Mabille, monsieur, a ma préférence.

Les soldats de la mobile croyant pouvoir reprendre leurs occupations journalières après la manœuvre.

Le repos du dimanche.

— Moi qui étais toujours si content quand je voyais arriver le dimanche !

— At-ten-tion ! mo-sieu le présiden-en-en-ent

— Que signifient ces intonations, monsieur l’avocat ?

— Excusez, je suis capitaine de la mobile, j’ai contracté l’intonation du commandement.

— Mon mari est dans la mobile.

— Très bien, madame, j’irai vous voir dimanche.

— C’est ennuyeux ! Je sors de là dedans, où l’on m’apprend à commander, pour rentrer chez moi, où ma femme m’apprend à obéir !

La course étant longue pour arriver au terrain de manœuvres, les mobiles obtiennent l’autorisation de faire l’exercice assis.

— Eh, bonjour cher vicomte. Vous ne me remettez pas ? Nous sommes de la même compagnie dans la mobile.

— Avant de commencer votre instruction, avez-vous déjà commandé ?

— J’ai commandé mon uniforme.

— Patience ! je ne sais pas encore vous commander.

— Qu’est-ce que ça fait, mon lieutenant ; commandez-moi un bock en attendant.

— Ne l’écoute donc pas ! Tu ne le fixeras jamais, c’est un mobile.

Ne pouvant comprendre qu’on ne soit pas ravi d’être prorogé.

— Qu’est-ce que tu as à causer avec ce paysan ?

— Nous faisons des émeutes à mon collège, je voudrais savoir si le pays est avec nous !

— Travaille donc un peu, tu ne sais que courir. À quoi seras-tu bon quand tu seras grand ?

— Parbleu ! je me ferai caissier.

RECOMMANDÉ AUX COLLÉGIENS PARESSEUX.

— Mais, maman, le chassepot fait partie de nos études.

— Eh bien, je t’en prie, ne travaille pas pendant les vacances !

— Mais petit malheureux, vous n’êtes encore qu’un enfant !

— Un enfant ! Sentez donc voir comme je sens le tabac !

— Voyons, conservons-nous ce ministre ?

— Mais, oui : jusqu’ici ses haricots sont passables.

EN VACANCES.

— Une barricade dans mon salon ? avec mon mobilier ?

— Maman, au collège j’ai pris l’habitude de faire des émeutes.

— M’sieu, retirez-moi mes cinq cents vers ou je fais appel au peuple !

Le bonnet phrygien prenant la forme d’un haricot pour la révolte dans les lycées.

— Tu désires me consulter !

— Oui, maman. Ma classe vient de se mettre en révolution ; on m’offre la dictature !

— Vous mangez quand je vous interroge ?

— Monsieur, au collége, on nous interroge au réfectoire ; je ne sais plus répondre si je n’ai pas la bouche pleine.

— C’est humiliant ! Nous nous sommes mis en révolte et notre uniforme ne produit aucun effet dans les faubourgs.

TROIS HEURES DU MATIN.

— Allons, réveillez-vous ! Que savez-vous sur les rois de la troisième race ?

— Monsieur, ils étaient tous couchés à c’te heure-ci.

— Que savez-vous sur le siège de Soissons ?

— Ils auraient pu se défendre avec nos haricots.

Le jour de la distribution des prix les parents admis à juger du progrès des élèves en chassepot.

— Ah ! on vous arrache une dent ! vous allez tout de suite me dire ce que vous savez sur Louis X, dit le Hutin.

FAUSSE INTERPRÉTATION.

— Voilà l’ennemi, et vous remettez le sabre au fourreau ?

— Capitaine, il y a un règlement qui défend de couper un régiment en marche.

Les cochers à l’heure bénissant la défense de couper un régiment en marche.

C’est surtout au moment où l’on va manquer le chemin de fer, grâce à un régiment en marche qu’on voudrait une réduction dans l’armée.

— C’te pauvre bête ! a n’y manque que la parole.

— C’est encore heureux ! Elle qu’a horreur de la muselière !

Les pauvres poissons ayant cru à l’amnistie en matière de pêche.

— Oh ! je vous en supplie ! ne m’applaudissez pas tant que ça ! la salle n’est pas solide.

Les artistes de l’Opéra ne voulant plus chanter qu’à l’entrée des coulisses, depuis qu’un mauvais plaisant a fait courir le bruit que la salle n’est pas solide.

— Ça m’agace d’être venue voir la Chatte blanche. Toutes ces décorations ! quand je pense que mon mari n’a pas pu en obtenir une au 15 août.

— Tu n’achètes pas cette maison.

— Ma foi, non ! On est obligé de prendre le geôlier avec, il fait partie du lot.

L’heureux acquéreur de l’ancienne prison Clichy pouvant entrer immédiatement en jouissance de sa propriété.

Le commissaire-priseur s’endort comme la Belle au bois dormant dans la cour de la prison de Clichy en attendant qu’un acquéreur vienne le réveiller.

— Quelle fatalité d’avoir acheté cette maison ! Depuis que nous y sommes, on ne veut plus nous faire crédit nulle part.

AUX TUILERIES.

— Vos parents vont à Asnières ? les miens vont à Bade ! Mademoiselle, nous ne pouvons pas jouer ensemble !

— Je voudrais gagner de l’argent avec les courses.

— C’est bien simple ; mets-toi commissionnaire !

— Avec leurs satanés vélocipèdes ils n’usent plus de chaussures !

Les vélocipédistes considérés comme voitures et forcés de montrer leur numéro au besoin.

Les magasins accordant le dimanche à leurs employés à de certaines conditions.

LE NOUVEAU SINGE DU JARDIN D’ACCLIMATATION.

— Mais c’est un homme !

— Chut ! faut pas le lui dire, il voudrait être électeur !

Ayant une peur atroce qu’on ne le mette de la mobile !

— Mais c’est une horreur ! il m’a demandé la main de ma fille !

— (À part.) Ce ne serait rien si mon mari n’avait pas une tête comme celle-là ! Mais notre deuil qui coïncide avec la mort du chimpanzé ! C’est ennuyeux !

STATUE DU MARÉCHAL MONCEY.

Après avoir défendu Paris contre l’étranger, le brave maréchal Moncey regrette de ne pouvoir le défendre aujourd’hui contre les maçons.

HORREUR !

La furia de la danse qui se trouve dans le groupe de M. Carpeaux finissant par se communiquer aux passants.

— Ah ! ma fille, où as-tu vu danser comme cela !

— Mais dans la statue qui est devant l’Opéra.

MODES DU JOUR.

— Elle n’est pas jolie !

— Qué qu’ça fait ! Vous voyez bien aujourd’hui qu’elles ne s’occupent plus de leurs figures.

MODES DU JOUR.
Pauvre femme ! elle voudrait pourtant bien s’asseoir.

— Crétin ! Je trouve le merle blanc, et tu le passes à l’eau des fées de Mme Sarah Félix ! le voilà complètement noir.

— Pauvre enfant ! tu n’as plus de mère ! Je viens de me passer à l’eau des fées de Mme Sarah Félix. J’ai maintenant dix ans de moins que toi.

Les chevaux munis de patins pour les courses de Vincennes.


Paris. — Imprimerie A.-E. Rochette, boulevard Montparnasse, 72-80