LES
Grimaces du jour
filet
ALBUM
DE 60 CARICATURES
PAR
CHAM
— Ma chère, que veux-tu que j’y fasse ? Faut bien ; ce sont les enfants d’un de mes électeurs influents.
PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55
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— Qu’est-ce que vous faites, cher collègue ?
— Je fais semblant d’écrire pour agacer les journalistes qui sont là-haut, et auxquels il est défendu d’en faire autant.
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— Monsieur le député, vous êtes malade ; il faut que vous gardiez la chambre.
— Docteur, ce que je crains, c’est que ce soit la chambre qui ne me garde pas.
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Par ces temps de froid, les journalistes trouvant plus commode de vider leurs querelles dans la tribune que l’on vient de mettre à leur disposition.
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— Monsieur est journaliste ; mais ces deux messieurs ?
— Ce sont mes témoins.
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— Ah diable ! un instant ! Avant d’attaquer le budget, que je m’assure bien de quel côté sont mes appointements !
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— C’est drôle ! Ils ont fini leur temps et ils n’ont pas l’air content !
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— Faut-il qu’il soit bête ! Me faire boire pour le porter aux élections, et voilà que je ne peux plus me porter moi-même !
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— Jeanneton, il faut que votre mari me porte aux élections !
— Ah ! le pauvre cher homme ! Vous ne l’avez donc pas regardé ? Vous allez lui casser les reins !
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— Quand je vous dis que nous sommes des journalistes !
— Allons donc ! vous ne vous donneriez pas le bras !
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— Monsieur, avant d’entrer, il faut déposer votre plume au vestiaire.
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— Monsieur ne veut pas profiter de son billet de tribune ?
— Merci ! on discute sur les cimetières, et aujourd’hui justement je ne me sens pas très-bien.
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— Au lieu de lire les débats de la Chambre, travaille donc !
— Merci ! j’ose plus !
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— Voyons, monsieur, tous vos collègues sont partis ; faut vous décider.
— Je vous en prie, laissez-moi être député encore cinq minutes !
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AU CORPS LÉGISLATIF. — DISCUSSION DU CONTINGENT
— Allons-nous-en, mon ami, ce sera trop long !
— C’est l’appel nominal des députés.
— J’ai cru que c’était l’appel des cent mille hommes !
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— Monsieur le candidat, je vous en prie…
— Du tout, père Mathurin ; c’est moi qui aurai l’honneur de le moucher.
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— Ce couteau de bois ! le sabre de ton père ?
— Oui, il était député.
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— Voterez-vous pour moi ?
— Dame ! monsieur, il m’est bien difficile de me faire une opinion rien qu’avec deux bouteilles.
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Les remettant tous au moule.
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— Ah ! mon ami, renonce à ta candidature ! jamais tu ne tiendras là-dedans.
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— Grand Dieu ! êtes-vous devenus maigres tous les deux !
— Nous étions tellement préoccupés, que nous avons oublié de manger pendant tout le temps des élections.
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LE RÉSULTAT DES ÉLECTIONS.
— Voici le journal, je n’ose pas l’ouvrir !
— Ni moi non plus ! Ne le lisons que demain !
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— Catherine, vous avez mis mon couvert et pas celui de monsieur ?
— Monsieur vient d’être nommé député ; on m’a dit qu’il mangerait maintenant au budget !
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— Je voudrais un fiacre ; où sont les cochers ?
— Madame, ils sont allés voter ; mais vous pouvez attendre dans la voiture la fin des élections.
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— Le monsieur du second est nommé ! Je vais avoir un député dans ma maison ; c’est un prétexte pour augmenter tous mes locataires.
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— Qu’est-ce que vous me soufflez là ? Ce n’est pas dans la pièce !
— Je sais bien ! Je vous demande s’il y a des nouvelles des élections.
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— Pour qui avez-vous voté ?
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— Est-ce cocasse ! J’ai parlé, et je ne saurai que dans deux jours ce que j’ai dit !
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— Vous avez déjà voté pour votre candidat !
— Dame, oui ! Mais je n’ai pas envie d’être mal avec l’autre s’il allait l’emporter.
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— Garçon, aujourd’hui rien que de la chicorée dans la cafetière !
— Oui, madame, je sais ; ils ne pensent qu’aux élections : tout passe !
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— Ils ne s’apercevront de rien ! Je vais tâcher d’aller voter.
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— Connaissez-vous le résultat des élections ?
— Mais, oui, voilà !
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LA MÈRE. — Vilain polisson, veux-tu pas répondre à ton père comme ça.
L’ENFANT. — Qué que ça me fait, il n’est plus député ?
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Dernier tour de scrutin.
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— Malheureux ! vous ne pouvez donc pas faire autre chose ?
— Il n’y a pas de guerre, je ne peux pas voler à la frontière.
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Le pacha dramatique à deux queues.
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Le nabab très-humilié de voir la façon dont ces dames portent le turban.
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— Paraît qu’il est riche à des milliards de roupies !
— Tiens ! le voilà entrain de fabriquer de sa monnaie !
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Le quartier Bréda envahi par une légion de faux nababs.
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— Mon Dieu, monsieur, vous écouter dans ce moment-ci ! Il y a un nabab à Paris ! vous devez comprendre mes exigences…..
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Le nabab remettant sa carte avec tous ses noms.
Quand on en a tant que ça, on publie son nom par feuilletons.
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— Annoncez Muntazim-ool-Molknoohsun-ood-Doulàh-Tured-oom-Yah-Sind-Mun-Sour-Alt-Khan-Bahador…
— Monsieur, ayez pitié ! je suis asthmatique.
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Corneille et Voltaire se disputant Victorien Sardou.
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Monsieur, par ici ! trois sous seulement Patrie.
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Trop de souffle dans cette pièce pour les poumons de nos petits crevés.
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— C’est mon pain !
— C’est mon droit !
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Les directeurs consentent à payer le droit des pauvres à la condition que ces derniers joueront à la place des acteurs qu’ils ne peuvent plus payer.
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— Mon ami, comme ils ont l’air malheureux ! Mène-moi ce soir au théâtre pour augmenter leur droit.
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— Comment ! c’est toi ?
— Ne pouvant pas être un Dennery, je me suis mis pauvre pour toucher des droits au théâtre !
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Paris. — Imprimerie A.-E. Rochette, boulevard Montparnasse, 72-80