Cham - Albums du Charivari/Le Musée Campana

Journal le Charivari (5p. 353--).

LE
MUSÉE CAMPANA

CATALOGUÉ


par Cham
par Cham

— Je ne lui aurais rien confié à ce monsieur
Campana, il n'avait pas assez soin de ses affaires.


Paris
Paris
MAISON MARTINET
172, rue de rivoli, et rue vivienne, 41

— Je ne m’étonne plus que cette race-là se soit éteinte ! Les hommes devaient avoir joliment du mal à se marier avec des tournures pareilles !

— Papa, qu’est-ce que c’est que c’te bête-là ?

— Mon enfant, c’est un éléphant ; on leur faisait porter la trompe ainsi parce qu’on s’imaginait que cela les empêcherait de loucher.

— Voilà Achille et Ajax qui jouent au whist.

— Qu’est-ce qu’ils posent ?

— Ils jouent pique, tu vois bien !

— Tiens ! ils avaient déjà inventé les fausses nattes… mais ils ne savaient pas encore bien où ça se portait !

— Mon Dieu ! fallait-il que les hommes fussent bêtes à ces époques, pour être si cruches !

— Joséphine, tu pleures devant ce tombeau étrusque ?

— Mon ami, un monsieur vient de m’assurer que c’est Héloïse et Abeilard !

— Polisson d’enfant ! veux-tu bien descendre ! Chercher à s’introduire dans les vases étrusques !

— Je veux voir s’il y a des confitures, moi, na !

— Dis donc, papa, alors, dans ce temps-là, quand on voulait voir des images, on demandait le pot ?…

— Quelle horreur ! ma chère… les militaires de cette époque là qui n’avaient absolument que ça ! C’est pas moi qu’aurais jamais osé les regarder quand ils se promenaient aux Tuileries !

— Nom d’une pipe ! je vas aller trouver M. Campana… elle m’irait peut-être !

— Es-tu cornichon ! tu pleures ce monsieur Étrusque et tu ne le connaissais seulement pas ?…

— Tais-toi donc, imbécile ! c’est pour faire croire à papa que je suis fort en histoire !

— Cristi ! un casque en argent massif !

— Bah ! tu vois bien que l’argent ne fait pas le bonheur ! il n’était pas heureux en ménage, cet homme-là !

— C’te pauvre femme ! elle voudrait se moucher et elle n’a pas de quoi !… Faut-il qu’il y ait des statues qui manquent du nécessaire !

Ménage lacédémonien réveillé au milieu de la nuit par un coq et une poule qui se sont fait recevoir orphéonistes.
La ville d’Athènes ayant adjugé le soin de la voie publique à M. Mac-Adam. les Athéniens s’en tirent comme ils peuvent.
Guignol attendant son tailleur.
Deux Athéniens se disputent un pot de pommade du lion dont ils viennent de reconnaître les merveilleux effets à la suite d’un bain de siège qu’ils y ont pris.

— Moi, li bien content ! Ajax, Achille, grands hommes de l’antiquité, tous nègres !

Hôpital des statues invalides.
Ayant oublié son ombrelle, une Athénienne garantit son mari du soleil avec le premier objet qui lui tombe sous la main.
Filles d'auberge athéniennes cherchant à réveiller un voyageur qui va manquer le chemin de fer.
Crétin athénien rentrant chez lui avec des saucisses pour attacher son chien.
David prête la tête de Goliath à son coiffeur, qui lui a témoigné le désir de l’exposer dans sa vitrine. Auvergnat grec montant deux cheaux d’eau chez une pratique.
Musicien de la cavalerie athénienne entraîné par son instrument de Sax.
Ménélas, atteint de la petite vérole et grêlé, cherche à éviter Jean Hiroux, qui a l’habitude d’assassiner les personnes sous ce simple prétexte.
Athénien cherchant à monter à cochon, dans la prévision d’une taxe sur les chevaux.
Homme primitif dans l’ignorance la plus complète sur le véritable emploi du binocle, dont il se sert comme cornet acoustique.
L’Amour attend que la tête de sa mère soit revenue pour l’embrasser. Un ange croit être agréable à un capucin en lui jouant de la musique de M. Wagner.

— Sapristi ! je n’aurais pas voulu aller chez un coiffeur lacédémonien ! ils poussaient l’amour de la raie beaucoup trop loin !

— Fallait-il qu’il fût cruel, ce monsieur Bernard Palissy, pour torturer de pauvres assiettes comme ça !

— Excusez !… En voilà des plats qui sont ragoûtants ! il n’y a pas de danger que j’accepte jamais à dîner chez M. Campana !

— Il faut faire attention à ce que nous disons à côté de lui… il ne me paraît pas aussi sourd qu’un pot devrait l’être !

— Une jolie invention de vase !… Faut avoir bien soin de le moucher chaque fois qu’on veut s’en servir !

Un couple privé de pouvoir connaître les douceurs du tête-à-tête.

— Tiens ! parait que Bastien c’était un Étrusque, voilà ses bottes !

Mur mitoyen plaidé par Démosthènes.
Guerrier Étrusque ayant eu l’idée de mettre sa tête sur le gril afin de mieux surveiller la cuisson de ses côtelettes. Inconvénient d’aller en voiture du temps où les moineaux étaient acrobates.
Du temps où l’impôt sur les chevaux n’était pas encore inventé ! Un entourage peu amusant.

— Cré nom ! il n’a pas eu de chance, ce pauvre troupier-la ! Être aussi abîmé et n’avoir pas la croix !

— Voulez-vous bien laisser cette casserole étrusque !

— Fouchtra ! je vais vous la rétamer pour rien ; cha fait que j’aurai peut-être la pratique du gouvernement.

— Sapristi ! ils sont superbes ces bijoux ! Dites donc, gardien, vous seriez bien gentil de remettre ma carte à M. Campana…

— Oh ! ce pauvre M. Étrusque ! Lui avoir pris son bougeoir pour l’apporter ici ! il a dû être joliment étonné quand il est venu le chercher chez son portier !

— Celui-ci dans son temps a bien sûr avalé une crinoline !

Hercule accompagnant sa cuisinière au marché pour l’empêcher de faire sauter l’anse du panier.
Ulysse reproche à Achille de jouer à la toupie d’Allemagne au lieu d’aller au siège de Troie. Achille lui répond : Zut ! Une dame rencontre un ange qui lui demande l’adresse de sa couturière.
Saint Pierre a la bonté de mettre une de ses clefs dans le dos d’un petit jeune homme qui saigne du nez. Deux saints ne croyant pas mal faire en assistant à une représentation de Guignol.

— En voilà un grossier personnage ! il me regarde, puis me cherche dans le catalogue du musée Campana ! Sapristi ! monsieur, c’est trop fort !

— Jamais on m’y rattrapera à aller au musée Campana avec mon parapluie ! ils me l’ont changé au vestiaire contre un riflard lacédémonien !

— Qu’est que c’est donc que c’te plante qu’il a derrière son équipement ?

— Parbleu ! c’est sa feuille de route ; le papier n’était pas encore inventé.

Avaient-ils du courage ces anciens Grecs ! ils avaient beau être détériorés, ils faisaient leur ouvrage tout de même.

— Madame, il est défendu de toucher.

— Merci ! avec cela que j’ai envie.

— Gardien ! vous avez des appointements ?

— C’te bétise ! mais certainement !

— Tiens ! j’ai cru qu’il était défendu de rien toucher !

Tiens ! c’est bien sûr une charcutière grecque qui s’est coiffée avec ses saucisses pour aller au bal.

— Ah ! monsieur ! excusez-le ! il n’en sait pas plus long, c’t’enfant ; la forme l’aura trompé.